SCENE PREMIERE. §
RALEG, COBAN.
RALEG.
Vous estant recusé par pure politique
880 Vous vous sauvez ainsi de la haine publique.
Le Comte est condamné par la rigueur des loix.
Nostre
brigue* a plus fait que n’eût fait vostre voix :
En apprenant l’Arrest la Reine s’est émeuë
Et n’a pû dérober son desordre à ma veuë.
COBAN.
885 Cette inégalité d’une amante en courroux
Luy peut rendre bien-tôt des sentimens plus doux ;
Le Comte condamné peut toucher sa tendresse.
Je connois son amour et je sçay sa foiblesse.
Clarence est auprés d’elle observant les momens
890 Où l’amour fait agir ses tendres mouvemens.
Que ne puis-je, Raleg, dans le cœur de la Reine,
Verser tout mon chagrin avec toute ma haine,
Ou pour haster mes vœux et remplir mon espoir
Avec tant de fureur que n’ay-je son pouvoir !
[p. 44]
RALEG.
895 Quoy qu’il en soit il faut que le Comte perisse.
Coban nostre salut dépend de son supplice.
Si la Reine a pour luy des vœux trop inconstans,
L’amour parle à son tour, mais la haine a son tems.
Un moment favorable et c’est fait de sa teste,
900 La main qui doit l’abattre est déja toute preste.
Pour irriter la Reine il la faut allarmer.
La revolte est icy facile à s’allumer.
COBAN.
Elle ne l’est que trop. Le frere de Clarence
Peut beaucoup dans la Ville et je crains sa puissance.
RALEG.
905 S’il osoit de la Reine irriter la fierté....
COBAN.
Elle vient. Sonde un peuple à demy revolté.
RALEG.
Je sçay ce qu’il faut faire et j’en rendray bon compte.
SCENE II. §
LA REINE, COBAN.
LA REINE.
Je vous faisois chercher, Coban : enfin le Comte
Ne nous bravera plus, vostre fidelité
910 Nous vange heureusement de sa temerité.
Je me devois enfin un si grand sacrifice,
Et je dois à vos soins cét important service.
COBAN.
[p. 45]
Madame, quand on sert et sa Reine et l’Etat....
LA REINE.
Je veux bien l’avoüer, la mort de cét ingrat
915 Seroit pour ma Couronne une horrible disgrace
Si je n’avois en vous dequoy remplir sa place.
LA REINE.
Moy, Madame ? Le Ciel vous fit pour ces emplois,
Et vos pareils sont nés pour la gloire des Roys.
COBAN.
Si le zele et la foy peuvent seuls y suffire,
920 Nul ne peut mieux servir sa Reine et son Empire.
Mais je me sçay connoistre et borner mes desirs.
LA REINE.
Je vous connois Coban, et mesme des soupirs
Qui par trop de respect n’osent se faire entendre,
Et qu’on a pris le soin de me faire comprendre....
LA REINE.
O Ciel ! Vous vous troublez, et ce trouble à mes yeux
Offre ce qu’on m’a dit et me l’explique mieux.
COBAN.
Quoy ! d’un foible sujet l’audace ambitieuse....
LA REINE.
L’audace est noble et belle alors qu’elle est heureuse.
Remettez-vous, Coban, des sujets comme vous,
930 Meslant à leurs respects un peu d’amour pour nous,
En servent mieux leur Reine ; il n’est respect ny zele,
Qui vaille les ardeurs d’un amour bien fidelle.
L’amour fait les Heros, et le plus genereux
Ne sert jamais si bien qu’un sujet amoureux.
935 L’amour de vos pareils ne peut jamais déplaire.
[p. 46]
COBAN.
L’amour de mes pareils est toûjours temeraire.
LA REINE.
Non, non, souvenez-vous qu’après la mort du Roy,
En me couronnant Reine on m’imposa la loy
D’en faire un sans sortir des lieux de ma naissance :
940 Vous, meritez mon choix par vostre obeissance.
Vous vous tairez toûjours en courtisan discret,
Moins encor l’arracher d’un cœur comme le vostre.
Je ne vous presse plus ; mais dittes m’en un autre.
945 Le Comte est condamné, rien ne le peut sauver,
Sa perte est resoluë, il la faut achever.
On dresse un Echaffaut dans la place publique.
C’est icy qu’avec vous il faut que je m’explique.
Vous avez sçû du Comte éclaircir l’attentat,
950 Et sans doute en rival ou d’amour ou d’Etat :
Dans ces occasions la politique adroitte,
Mesle dans les ressors d’une intrigue secrette,
Quelque artifice heureux, quelque fausse clarté,
Des couleurs dont on sçait farder la verité.
COBAN.
955 Ce discours me surprend, que me voulez-vous dire ?
LA REINE.
Ne vous emportez pas, l’air qu’icy l’on respire,
Cét esprit qu’en naissant nous prîmes vous et moy,
Est trop incompatible avec la bonne foy :
Cette sincerité scrupuleuse et sauvage
960 Dans la cour, entre nous n’est plus guere en usage.
Je vous connois, Coban, ouvrez-moy vostre cœur,
Vous enviez au Comte une injuste faveur :
Vous devez le haïr, et vous m’avez servie
D’ajoûter au pouvoir que j’avois sur sa vie,
[p. 47]
965 Le droit de le punir en criminel d’Etat,
Et de m’avoir presté l’ombre d’un attentat.
On me vante par tout l’innocence du Comte,
Vous avez trouvé l’art de le perdre sans honte,
D’employer la Justice à servir mon courroux,
970 Ma haine avoit besoin d’un homme comme vous.
Que ne vous dois-je point d’avoir fait un coupable,
D’un sujet dont l’orgueil m’estoit insuportable !
Des crimes deguisez avec quelque couleur.....
COBAN.
Qu’entens-je ? Je suis donc, Madame, un imposteur.
LA REINE.
975 Donnez un autre nom à ce fameux service.
Vostre crime me sert, je suis vostre complice,
Et pour dire encor plus vostre crime est le mien :
Parlez on m’a tout dit, ne me deguisez rien.
COBAN.
Et que vous a-t’on dit ? quelle imposture horrible.
LA REINE.
980 Vous le sçavez, Coban, un orgueil inflexible
Perd le Comte : craignez l’exemple, obeissez,
Parlez.
COBAN.
Parlez. Vous m’ordonnez de parler, c’est assez.
J’avoüray que
flatté* d’un espoir favorable,
En voyant dans le Comte un rebelle, un coupable,
985 J’ay jusques sur son rang osé porter les yeux.
S’il faut justifier des voeux ambitieux,
Si ce n’est pas assez pour meriter sa place,
Ecoutez et voyez jusqu’où va son audace.
Clarence aime le Comte, et le Comte charmé
990 Aime cette perfide autant qu’il est aimé.
LA REINE.
[p. 48]
Ciel ! mais quel interest.....
COBAN.
Veulent vous enlever la supréme puissance.
LA REINE.
N’est-ce point un éclat de vos inimitiez ?
COBAN.
J’ay vû plus d’une fois son Amant à ses pieds.
995 Mais ne m’en croyez pas, faites parler Clarence.
La Jeunesse et l’amour gardent mal le silence ;
Et d’ailleurs les secrets que l’on cache le mieux,
Madame, rarement échapent à vos yeux.
LA REINE.
Croiray-je ce raport, avanture funeste ?
1000 Tous deux me trahiront ?
COBAN.
Tous deux me trahiront ? Ha, Madame ! J’atteste....
LA REINE.
Laissez-moy, je n’ay plus besoin de vos sermens.
SCENE IV. §
LA REINE, CLARENCE.
CLARENCE.
1025 Le Comte est condamné tout innocent qu’il est.
Pourrez-vous avoüer un si sanglant Arrest ?
Coban l’emporte enfin sur nous et sur vous-mesme.
Le traistre impunément nous trahit et vous aime.
Lâche rival du Comte et jaloux de son sort....
LA REINE.
1030 Ce n’est pas luy, c’est vous qui luy donnez la mort.
J’allois tout oublier ; vostre ardeur mutuelle
Fait l’horreur de son crime, et luy sera mortelle.
Je ne fiois qu’à vous le nom de mon vainqueur,
A vostre seule foy j’abandonnois mon cœur,
[p. 50]
1035 Je vous fis le témoin de toute ma foiblesse,
Et vous trompiez tous deux ma credule tendresse.
La force du remords, l’horreur de cet affront,
Vous fait baisser les yeux, fait pâlir vostre front.
CLARENCE.
De quoy m’accusez-vous ?
LA REINE.
De quoy m’accusez-vous ? Vantez vostre innocence,
1040 Au crime de vos feux ajoûtez l’impudence,
Perfide, je sçay tout, et Coban m’a tout dit.
CLARENCE.
Je pourrois démentir celuy qui me trahit,
Mais je n’imite point un imposteur infame.
Il peut nier son crime, et j’avoüray ma flame.
1045 Je vois vostre couroux tout prest à s’emporter,
Faites-vous quelque effort et daignez m’écouter.
Dés mes plus tendres ans ayant aimé le Comte,
Bien loin que mon amour me fasse quelque honte,
Et qu’il doive attirer sur moy vostre couroux,
1050 Apprenez, admirez ce qu’il a fait pour vous.
Cét amour s’élevant au dessus de tout autre,
Ce trop fidelle amour fut si fidelle au vostre,
Que voyant que le Comte honoré de vos feux,
Craignoit dans cet amour un bien trop dangereux,
1055 Mon amour malgré luy, luy fist garder sa place,
Je voulus tout risquer plûtost que sa disgrace.
Pour rompre son dessein que ne tentay-je pas !
Je l’enchaînay moy-mesme au soin de vos Etats,
Aux pieges, aux perils d’une Cour infidelle,
1060 Au funeste embarras d’une grandeur nouvelle.
Ah ! si vous aviez vû ce combat entre nous,
De son amour pour moy, de mon zele pour vous,
Mon amour à vos yeux ne seroit pas coupable.
Ce que le Comte a fait, son zele infatigable,
[p. 51]
1065 Pour le bien de l’Etat tant d’illustres projets,
Une paix glorieuse acquise à vos sujets,
Le bruit de vostre nom augmenté par sa gloire,
Ses travaux, ses exploits d’éternelle memoire ;
Mon amour a tout fait, cet amour genereux
1070 Rend vostre rêgne illustre et vos peuples heureux :
Mais j’ay plus fait encor : je vous fis la maîtresse
Du sort de vostre amant, de toute sa tendresse,
Je vous ay tout cedé, son cœur, sa liberté,
Tout son sang, tous ses jours, l’amour seul m’est resté.
1075 Si je brûlois pour luy d’une ardeur insensée,
D’une inutile flame, injuste, interessée,
J’aurois gardé le Comte éloigné de la Cour,
Seul avec sa vertu, seul avec son amour,
Comparez maintenant les crimes de ma flame,
1080 A celle que Coban vous garde dans son ame.
Je vous donne le Comte, il veut vous l’enlever ;
Son amour l’a perdu, le mien le veut sauver ;
Pour vous et pour l’Etat je cede ce que j’aime,
Coban perd tout l’Empire et vous perdra vous-même.
LA REINE.
1085 Dites, dites plutost que vostre passion,
Secondant les fureurs de son ambition,
L’attacha prés de moy sous le masque infidelle.
Sous le brillant dehors d’un veritable zele.
Vous vous aimez tous deux, il ne m’aima jamais.
Me voler lâchement toute ma confiance,
S’armer de mes faveurs, usurper ma puissance,
Et sur tout, quel malheur est comparable au mien !
1095 C’est une trahison et si noire et si pleine....
Jamais traistre ne fut digne de tant de haîne.
Aussi jamais courroux ne fut si bien servy.
Je le verray bien-tost pleinement assouvy.
[p. 52]
Je vous verray gemir et trembler l’un pour l’autre ;
1100 Je
soûleray* mes yeux de son sang et du vostre,
De vostre Amant, l’Etat me va faire raison,
Et je me la feray de vostre trahison.
CLARENCE.
Sur moy seule tournez cette fureur extrême.
Perdre le Comte, helas ! c’est vous perdre vous-mesme.
1105 Craignez que vostre cœur ne se laisse trahir :
On aime quelquefois quand on pense haïr,
Et l’amour irrité qui tonne et qui menace,
Souvent au fond du cœur tremble et demande grace.
Mourra-t’il ce sujet si cher, si pretieux ?
1110 O Ciel ! je vois des pleurs qui tombent de vos yeux.
LA REINE.
Oüy, j’en donne, cruelle aux malheurs de ma vie,
Au mortel souvenir de vostre perfidie.
De l’air dont vous flattiez mes timides appas,
Je me croyois aimée et je ne l’estois pas.
1115 Peut-estre que sans vous l’ingrat m’auroit aimée.
CLARENCE.
Madame, il vous adore et son ame charmée,
Vous gardera toûjours ce qu’il vous a promis.
LA REINE.
Ah ! c’est le plus cruel de tous mes ennemis.
Il n’en faut plus douter, vous l’aimez il vous aime :
1120 Cependant vous voulez, quelle injustice extréme !
Vous voulez que je sauve un sujet revolté,
Et que ce soit pour vous qui me l’avez osté.
En vain vous pretendez me flechir par vos larmes.
Plus vous montrez pour luy de troubles et d’alarmes,
1125 Plus vous montrez d’ardeur, plus je sens que je doy
Faire perir ce traistre et pour vous et pour moy.
CLARENCE.
[p. 53 Eiij]
S’il vivoit pour vous seule en vous devant la vie,
Pourriez-vous conserver cette cruelle envie ?
Si je le ramenois soûmis à vos genoux,
1130 Si sauvé par vous seule il estoit tout pour vous....
LA REINE.
Eh, n’a-t’il pas bravé vos prieres, vos larmes ?
Mais vous esperez tout du pouvoir de vos charmes,
Je voy combien l’ingrat est soûmis à vos loix,
N’importe, parlez-luy pour la derniere fois.
1135 Qu’on le fasse venir ! lâche et foible Princesse !
Cruelle vous voyez jusqu’où va ma foiblesse.
Vous perirez tous deux si le Comte aujourd’huy
Ne me demande grace et pour vous et pour luy.
CLARENCE. seule
Faut-il pour augmenter ta disgrace cruelle,
1140 Cher Amant, t’accabler d’une douleur nouvelle ?
SCENE V. §
LE C. D’ESSEX, CLARENCE.
LE C. D’ESSEX.
Madame, on me permet encore de vous voir.
Est-ce grace ou rigueur quand je n’ay plus d’espoir ?
CLARENCE.
Il faut vous confier mes dernieres allarmes,
Et repandre à vos yeux le reste de mes larmes,
1145 J’ay pleuré vostre mort, j’ay pleuré nos malheurs,
Je dois vous annoncer d’autres sujets de pleurs.
Le sort plus loin encor pousse son injustice.
[p. 54]
Coban nous a trahis et je suis sa complice.
N’imputant qu’à luy seul l’Arrest de vostre mort
1150 Le cœur plein de douleur par un soudain transport,
Je n’ay pû m’empescher d’expliquer à la Reine,
Ce qui donne à Coban contre vous tant de haine.
L’audace de son feu vient de paroître au jour ;
Mais le traistre a fait voir par un cruel retour
1155 De nos feux mutuels le dangereux mistere.
LE C. D’ESSEX.
Ah ! vous estes perduë. O destin trop contraire !
Je pardonnois au sort sa derniere rigueur
Ses traits les plus mortels n’alloient pas jusqu’au cœur.
Je mourois innocent par les traits de l’envie,
1160 Fatigué de grandeurs, je méprisois la vie,
Pour me faire un grand nom j’avois assez vaincu,
Pour vivre après ma mort j’avois assez vêcu ;
En vivant plus long-temps mon ame embarrassée,
Avoit de quoy trembler pour ma gloire passée ;
1165 Je voy qu’un prompt trépas la met en seureté.
Mesme en perdant icy rang, espoir, liberté,
Je vous laissois auprés d’une auguste Princesse,
Le rang qui vous est dû, sa faveur, sa tendresse ;
Dans un autre moy-mesme heureux apres ma mort,
1170 Qu’avois-je à reprocher aux cruautez du sort ?
Mais hélas ! je vous perds, le coup qui vous menace,
M’oste tout ce qui peut consoler ma disgrace.
Une Reine abusée, une Amante en courroux...
Je prevois mille maux dont je tremble pour vous.
CLARENCE.
1175 Cependant vous pouvez obtenir de la Reine....
LE C. D’ESSEX.
Non, non, je la connois, nostre perte est certaine.
Dût-elle nous laisser la liberté, le jour,
Il faut briser le noeud qui joint mon sort au vostre,
1180 Il faut que nos deux cœurs s’arrachent l’un à l’autre,
Renoncer pour jamais aux douceurs de nous voir,
Ou vivre sans amour, ou vivre sans espoir.
La vie est à ce prix un suplice effroyable.
CLARENCE.
Hélas ! nous faites-vous un sort si déplorable ?
1185 La Reine a des bontez qui font tout esperer.
Vostre gloire, Seigneur, dût-elle en murmurer,
Faites-vous quelque effort pour appaiser la Reine,
Jettez-vous à ses pieds nostre grace est certaine.
Mais, las ! vostre grand cœur ne sçauroit consentir
1190 A tout ce qui paroist ou crime ou repentir,
Au soin de vostre gloire abandonnez ma vie :
Permettez seulement qu’en mourrant je vous die,
Vous pouviez d’un seul mot, cruel, me secourir,
Vostre orgueil s’en offence et me laisse mourir.
LE C. D’ESSEX.
1195 Ah ! vous ne mourrez point : si c’est trop de bassesse,
De prier pour ma grace une injuste Princesse,
Je puis avec honneur la demander pour vous :
Je puis mesme forcer sa haine et son courroux.
Le secret dont je vay vous faire confidence,
1200 Demanderoit sans doute un eternel silence ;
Mais quelque soit enfin cét important secret,
Quand on sert ce qu’on aime on peut estre indiscret.
La Reine dont j’ay craint la faveur inégale,
Voulut par le present d’une bague fatale,
1205 M’assurer pour jamais de sa fidelité,
Contre son changement me mettre en seureté,
Et me donner enfin une pleine esperance,
De tout ce que le Ciel a mis en sa puissance.
Je me suis jusqu’icy refusé ce secours,
[p. 56]
1210 J’ay ménagé ma gloire au peril de mes jours.
Mais quand il faut pour vous emporter la victoire,
Je prens soin de mes jours au peril de ma gloire.
C’est ce don pretieux....
CLARENCE.
C’est ce don pretieux.... Quel est vostre dessein ?
Vous-mesme rendez-luy ce present de sa main.
LE C. D’ESSEX.
1215 Menagez ce secours pour un autre moy-mesme,
C’est par là que je veux conserver ce que j’aime,
Sans cela point de grace....