Armetzar ou les amis ennemis. Tragi-comédie
ARMETZAR, ou LES AMIS ENNEMIS. TRAGI-COMÉDIE §
A MONSIEUR SNOECKAERT de SCHAUNBURGH, etc. §
Monsieur,
Il est tres rare de voir l’amitié et la haine compatir ensemble, et deux personnes se déclarer la guerre au moment qu’ils se declarent de l’affection*. C’est une avanture si peu commune, que l’amour seul peut la rendre vraysemblable, et elle passera sans doute pour le plus merveilleux de ses prodiges, et la plus haute marque de son pouvoir. Aussy, Mon- {p. VI}-sieur, n’aurois-je pas osé vous offrir que quelque chose de merveilleux, et je vous considere trop pour avoir pris la liberté de mettre vôtre nom à la teste de cet ouvrage, si les plus critiques mémes n’en avoient treuvé l’intrigue hors du commun. D’ailleurs, Monsieur, vous estes d’une condition et d’un âge à vous rendre compagnon de la fortune de mes deux Princes, et à faire comme eux des actions héroïques ; et soit pour le beau sexe, ou pour la Patrie, vous tascherez encore de l’encherir sur leur passion. Je prevoy, Monsieur, que vous en aurez une tres forte pour le service* de cette Patrie, et qu’imitant vos ancêtres qui luy en ont rendu de si utiles, vous luy donnerez bien-tost dedans et dehors toutes vos pensées et tous vos soins. Sans vous porter plus loin, il vous doit souvenir d’un Albert Jaochimi vôtre aïeul, qui {p. VII}s’aquitta avec tant de gloire* de ses ambassades chez les Anglois, les Suedois et les Moscovites, et penser que vous estes né aux mémes honneurs et aux mémes charges, puisque vous vous treuvez heritier de ses vertus comme de ses biens. Vous avez eu un des meilleurs peres, qui s’est vû long temps cheri d’un des meilleurs Roys, et l’un des plus proches de Sa personne ; et il se découvre enfin en vous méme dequoy egaler le Pere et l’Ayeul. C’est, Monsieur, cette puissante inclination que vous avez à les suivre, et à les passer méme, tant que vous vous treuverez un beau chemin à la gloire*. La France où vous avez dêja paru avec tant d’estime, s’attend de vous revoir un jour chez elle avec plus d’eclat* ; l’Angleterre qui a joui de douze de vos années, ne s’en promet pas moins dans la suitte ; La Hollande qui {p. VIII} vous a vû naître, et qui sur toutes les Provinces du Monde sçait faire le choix des personnes de vertu, aura bien-tost lieu d’honorer la vôtre ; et si vous vous montrez à l’Allemagne, où tout un pays soûpire apres vous pour vous rendre les hommages qu’il vous doit, vous n’en sortirez point sans emporter avec vous les cœurs de ses peuples. Je le juge aisement, Monsieur, apres l’honneur que j’ay eu plusieurs fois de vôtre entretien, où j’ay decouvert toutes les marques d’une ame veritablement genereuse*, et qui aspire à quelque chose de grand. J’ose pourtant avoüer que j’aspire aussy haut que vous, puisque je porte tous mes souhaits à la gloire* de vous appartenir, et de me dire avec beaucoup de respect,
MONSIEUR,
Votre tres-humble et tres-obeïssant serviteur
CHAPPUZEAU.
ARGUMENT §
Armetzar Prince des Tartares, et Vanlie Prince des Chinois, épris d’amour pour la sœur l’un de l’autre, les armées de Tamerlan et de Zinton prêtes à combattre, plûtost que de s’armer contre leurs maîtresses, aiment mieux se tourner contre leurs peres et contre eux mémes, et passent en effet, Armetzar dans le camp Chinoy, et Vanlie dans le camp Tartare, chacun soûs un faux nom et une qualité empruntée. Cependant Armetzar rend des services* tres signalez à Zinton, Tamerlan reçoit de méme des assistances tres considerables de Vanlie, sans que leurs Illustres actions puissent toucher leurs Maîtresses, dont la noble ambition méprise quiconque n’a pas le titre de Roy. Ladice portée par Zinton son pere, à recevoir Phocate pour époux (c’est le nom que prend Armetzar chez les Chinois, de méme que Vanlie chez les Tartares) et croyant que ce soit à sa sollicitation, l’aborde en colere, et luy defend pour jamais {p. X} sa vûe. Armetzar obeït, et conçoit dans son desespoir une haute entreprise qui lui réüssit, et qui engage encore plus puissamment Zinton à l’aimer. Artaban poussé par Zarimene sa mere, seconde femme de Zinton, qui tâche de faire entrer son fils dans la famille Royale, devient rival d’Armetzar : mais Ladice ayant découvert la naissance de celuy-cy, bien loin d’en tirer de nouveaux motifs de haine pour le fils de l’ennemy des Chinois, elle en conçoit une plus haute estime et beaucoup d’amour, que malgré la defense tacite de son pere elle se sent obligé de luy témoigner, après le severe commandement qu’elle luy avoit fait de se bannir de sa vue. Mais s’il la recouvre, il n’en jouït pas long-temps, et les armées étant sur le point de s’approcher, il la quitte pour aller joindre Zinton, qui apres un combat opiniâtre se treuve enveloppé d’un gros* de Tartares, et emmené prisonnier. Armetzar voyant tout desesperé quitte le desordre pour venir au secours de Ladice, et tacher de se sauver avec elle : mais il s’en treuve tres mal receu sur un faux rapport qu’on luy a fait (et avec beaucoup d’apparence) qu’Armetzar avoit repris le party de Tamerlan. Tandis qu’il fait ses efforts pour la tirer d’erreur, et qu’il en essuye quelques reproches, le Grand {p. XI}Cham* arrive, accompagné de Vanlie et de tous ses Généraux ; ce qui les oblige tous deux à prendre la fuite. Mais ayant été bien-tost saisis par quelques soldats, Armetzar est enfin mené captif avec Zinton devant Tamerlan. L’etonnement* des deux peres fut étrange* ; de Tamerlan voyant son fils parmy les Chinois, et de Zinton voyant le sien parmy les Tartares, lequel avoit usé de tous artifices envers le Vainqueur pour eviter cet abord, et cet evenement engendre des transports merveilleux de part et d’autre. Mais enfin la surprise et la colere cedant à l’amour et à la raison, Artaban tué au combat, et Zarimene morte en suitte de douleur, Armetzar et Vanlie obtiennent de leurs peres ce qu’ils souhaitent, et Tamerlan remet le Roy de la Chine dans ses Etats.
Si j’ay tiré le sujet de cette piece, d’un Roman qui court depuis quelques années soûs le nom de Ladice, ou des Victoires du Grand Tamerlan ; soit qu’il t’ayt plû, ou qu’il t’ayt mal diverti, Je veux bien que tu sçaches que je ne puis apprehender de poursuitte pour ce larcin, si je ne me rens partie contre moy méme.
PERSONNAGES §
- TAMERLAN, Empereur des Tartares.
- ARMETZAR, Fils de Tamerlan, soûs le nom de Phocate.
- ORGANTE, Confident d’Armetzar.
- ODMAR,
- AXALLA, Chefs des armées de l’Empereur.
- ZINTON, Roy de la Chine.
- VANLIE, Fils de Zinton, soûs le nom de Phocate.
- ARTABAN, Prince de Cocinchine.
- MENNON, Suivant de Vanlie.
- ZARIMENE, Reine de la Chine.
- LADICE, Sœur de Vanlie.
- ILIANE, Suivante de Ladice.
- ULANIE, Suivante de Zarimene.
- GARDES de Tamerlan et de Zinton.
ACTE PREMIER.
ARMETZAR, ou LES AMIS ENNEMIS. TRAGI-COMEDIE. §
SCENE I. §
ORGANTE.
ARMETZAR.
ORGANTE.
ARMETZAR.
ORGANTE.
ARMETZAR.
ORGANTE.
ARMETZAR.
ORGANTE.
ARMETZAR.
ORGANTE.
ARMETZAR.
ORGANTE.
ARMETZAR.
ORGANTE.
ARMETZAR.
ORGANTE.
SCENE II. §
ZINTON.
SCENE III. §
LE GARDE.
ZINTON.
ARMETZAR.
ORGANTE.
ARMETZAR.
ORGANTE.
SCENE IV. §
ZINTON. Embrassant son Fils.
VANLIE.
ZINTON. Luy montrant Armetzar.
VANLIE. Vanlie entend cecy des complices de
Sanga, et Armetzar le prenant pour soy, entre dans un grand trouble.
ARMETZAR. Bas.
VANLIE.
ZINTON.
VANLIE.
ZINTON.
ARMETZAR. Bas, tandis que le Roy s’en va.
SCENE V. §
{p. 27}VANLIE.
ARMETZAR.
VANLIE.
ARMETZAR.
VANLIE.
ARMTEZAR. Il tire une boîte de portrait, sans que Vanlie se montre curieux de la voir.
VANLIE.
ARMETZAR.
VANLIE.
ACTE SECOND. §
SCENE I. §
ILIANE.
LADICE.
ILIANE.
LADICE.
ILIANE.
LADICE.
ILIANE.
LADICE.
ILIANE.
LADICE.
ILIANE.
LADICE.
ILIANE.
LADICE.
SCENE II §
ZARIMENE.
LADICE.
ZARIMENE.
LADICE.
ZARIMENE.
LADICE.
ZARIMENE.
LADICE.
ZARIMENE.
ZARIMENE.
LADICE.
ZARIMENE.
LADICE.
ZARIMENE. Bas.
SCENE III. §
ZINTON.
ARMETZAR.
ZARIMENE. D’un ton qui témoigne qu’elle le prend d’un autre biais.
ARTABAN. Du méme ton.
VANLIE.
LADICE.
ARMETZAR.
ZINTON.
ARMETZAR.
ZINTON.
ARMETZAR.
ZINTON.
SCENE IV. §
ZINTON.
ZARIMENE.
ZINTON.
LADICE.
ZARIMENE.
VANLIE.
LADICE.
VANLIE.
ZARIMENE.
VANLIE.
ZARIMENE.
LADICE.
VANLIE.
ZINTON.
VANLIE.
SCENE V. §
LADICE.
ILIANE.
LADICE.
ILIANE.
LADICE.
SCENE VI. §
ARMETZAR.
LADICE.
ARMETZAR. Bas.
LADICE.
ARMETZAR.
LADICE.
ARMETZAR.
LADICE. Ces deux vers bas.
ARMETZAR.
LADICE.
ARMETZAR.
LADICE.
SCENE VIII. §
ARMETZAR.
ACTE TROISIEME. §
SCENE I. §
ARMETZAR.
SCENE II. §
ORGANTE.
ARMETZAR.
ORGANTE.
ARMETZAR.
SCENE III. §
VANLIE.
ARMETZAR.
VANLIE.
ARMETZAR.
VANLIE.
ARMETZAR.
VANLIE.
ARMETZAR.
VANLIE.
ARMETZAR.
VANLIE.
ARMETZAR.
VANLIE.
ARMETZAR.
VANLIE.
ARMETZAR.
VANLIE.
SCENE IV. §
ARMETZAR.
ORGANTE.
ARMETZAR.
ORGANTE.
ARMETZAR.
ORGANTE.
ARMETZAR.
ORGANTE.
ARMETZAR.
ORGANTE.
SCENE V. §
LADICE.
ILIANE.
LADICE.
ILIANE.
LADICE.
SCENE VI. §
ARTABAN.
LADICE.
ARTABAN.
LADICE.
ARTABAN.
LADICE.
SCENE VII. §
ARTABAN.
SCENE VIII. §
ZARIMENE.
ARTABAN.
{p. 63}ZARIMENE.
ARTABAN.
ZARIMENE.
ARTABAN.
ZARIMENE.
ARTABAN.
ULANIE.
ZARIMENE.
ACTE QUATRIEME. §
SCENE I. §
ZINTON.
ARTABAN.
Sire, d’une ameZINTON.
{p. 66}SCENE II. §
LE GARDE.
ZINTON.
SCENE III. §
ARMETZAR.
ZINTON.
ARTABAN.
ARMETZAR.
ZINTON.
ARMETZAR.
ZINTON.
ARMETZAR.
ZINTON.
SCENE IV. §
ARTABAN.
SCENE V. §
LADICE. Elle entre tenant une lettre ouverte en la main.
LADICE. La princesse continue, apres que la confidente a leu.
ILIANE.
LADICE.
ILIANE.
SCENE VI. §
LADICE. Armetzar qui ne croyoit pas que Ladice le connust encore, parest fort surpris.
ARMETZAR.
LADICE.
ARMETZAR.
LADICE.
ARMETZAR.
LADICE.
ACTE CINQUIEME. §
SCENE I. §
ZARIMENE.
LADICE.
ZARIMENE.
ULANIE.
ZARIMENE.
SCENE II. §
LE GARDE.
ZARIMENE.
LADICE.
ZARIMENE.
LE GARDE.
LADICE. Comme pasmée.
LE GARDE.
ZARIMENE.
LADICE.
LE GARDE.
ZARIMENE.
LE GARDE.
ZARIMENE.
ULANIE. La Reîne s’evanouit, et on l’emporte.
ZARIMENE.
{p. 81}SCENE III. §
LADICE.
LE GARDE.
LADICE.
ILIANE.
LADICE.
SCENE IV. §
ARMETZAR. Il entre l’epée nue à la main, comme hors d’haleine, et sortant de la meslée.
LADICE.
ARMETZAR.
LADICE.
ARMETZAR.
LE GARDE.
ARMETZAR.
LADICE. Ils prennent la fuitte au bruit des trompettes qui precedent l’arrivée de Tamerlan.
ARMETZAR.
SCENE V. §
TAMERLAN.
ODMAR.
AXALLA.
VANLIE.
TAMERLAN.
VANLIE.
TAMERLAN. Bas.
VANLIE. Bas.
TAMERLAN.
VANLIE.
{p. 88}TAMERLAN.
VANLIE.
TAMERLAN.
VANLIE.
TAMERLAN.
UN GARDE.
SCENE VI. §
TAMERLAN.
ZINTON.
TAMERLAN.
ZINTON.
ZINTON.
TAMERLAN.
ARMETZAR.
VANLIE.
ZINTON.
TAMERLAN.
ZINTON.
TAMERLAN.
TAMERLAN.
ZINTON.
TAMERLAN.
ZINTON.
ZINTON.
TAMERLAN.
VANLIE.
TAMERLAN.
VANLIE.
TAMERLAN.
VANLIE.
TAMERLAN.
VANLIE.
TAMERLAN.
VANLIE.
TAMERLAN.
ARMETZAR.
VANLIE.
ZINTON.
VANLIE.
ZINTON.
TAMERLAN.
ZINTON.
{p. 101}TAMERLAN.
ZINTON.
ARMETZAR.
TAMERLAN.
VANLIE.
TAMERLAN.
{p. 102}