Camma, reine de Galatie. Tragédie
CAMMA
REINE DE GALATIE
TRAGEDIE §
Espitre §
A SON ALTESSE SERENISSIME MONSEIGNEUR LE DUC.
MONSEIGNEUR,
J’offre à VOSTRE ALTESSE SERENISSIME le portrait d’une reine dont le temps ne sçauroit trop respecter la memoire. Sa beauté causa le crime qui luy fit pleurer la perte de son Mary, et sa vertu la soûmit avec tant de fermeté à la rigueur du devoir qui luy en fit jurer la vangeance, qu’elle ne refusa pas de l’acheter au dépens même de sa vie ; mais quoy qu’il semble que cette gloire ait esté la seule qui l’ait pû toucher, elle ne peut revivre aujourd’hui sans se montrer sensible à une autre, et celle de vous avoir plû luy est si prétieuse, qu’elle n’en croiroit jouir qu’imparfaitement si vous ne lui permettiez de la publier. C’est, MONSEIGNEUR, pour obtenir cette grâce de V.A que me faisant précipiter le respectueux hommage que je vous rends, elle ne me souffre* point d’examiner si le zéle ardent qui me porte à cette entreprise a quelque chose d’assez fort pour vous en faire excuser la temerité. On m’en accusera sans doute, mais j’aime mieux me voir exposé à ce péril, que de demeurer plus long-temps dans une admiration muette de tant de hautes qualitez qui estonnent* d’autant plus, qu’on peut dire qu’elles sont moins des dons de la Nature, que l’ouvrage de vos propres soins. Vous ne vous en êtes épargné aucun, et il ne vous a pas suffi de trouver en vous un Grand Prince si tôt que vous vous êtes connu ; vous n’avez songé qu’à vous estudier assidûment pour vous rendre digne de l’estre, et vous ne vous estes point souffert de repos que vous n’ayez empesché la Fortune d’entrer en partage avec votre vertu, du vif éclat qu’un si glorieux titre répand sur vous. L’estude est belle, MONSEIGNEUR, mais comme elle demande les lumieres les plus profondes, et les plus penetrantes de l’esprit, il en est peu qui s’y puissent appliquer avec succez. En effet, il est rare d’en trouver une de la force et de l’etenduë de celui de V.A et c’est un sujet de surprise pour tous ceux qui ont l’honneur de vous approcher, que dans l’âge qui semble moins le permettre, vous joigniez à cette brillante vivacité qu’il inspire, la solidité du plus sublime raisonnement. Mais on a tort de s’en estonner, * puisque c’est une des moindres merveilles que le Ciel nous ait promises de vous ; il ne vous a fait voir le jour que pour vous en faire, et il vous en offre les moyens à puiser dans une source qui en est si seconde, que pour estre en pouvoir de produire les plus incroyables, votre naissance estoit le seul secours que vous aviez à souhaiter. Je ne dis pas, MONSEIGNEUR, cette naissance illustre qui par l’élevation du rang que vous tenez, vous donne droit aux Couronnes ; j’entens cet avantage particulier que vous avez d’estre né d’un HEROS qui n’a besoin que de vous communiquer un rayon de sa vertu* pour vous mettre en estat de les meriter. Je le puis dire, MONSEIGNEUR, et je suis asseuré que V.A ne m’en desadvouëra pas. Cet avantage est d’un prix si relevé, que quand vous auriez pû naître ce que vous auriez voulu choisir, vous eussiez préferé ce que vous estes à tout ce que l’indiscrete ambition pourroit présumer au dessus. Vous y trouvez ce qui fait la véritable grandeur, et celle qui tient les peuples soûmis ne vous flateroit* point tant que l’honneur d’estre Fils de celuy qui a obscurcy le nom des Cesars, et qui ne souffrant rien qui puisse aller au de-là des Grandes Actions qu’on luy a veu faire, ne laisse qu’à ceux de son sang le privilege de les pouvoir égaler. Jouissez-en , MONSEIGNEUR, et repassant en vous-mesme ces Prodiges inconcevables qu’il a fait paroistre de valeur, de prudence et de conduite, applaudissez-vous en secret des Miracles continuels où votre vie est destinée. Chaque Laurier qu’il a cueilly dans le champ de Mars, est une asseurance de ceux que La Victoire y a semez pour vous. Il n’a point pris de Villes, il n’a point gagné de Batailles qui ne vous soient autant de garands des Triomphes qui vous attendent, et l’Image présente de tant d’inimitables exploits vous doit faire goûter par advance le fruit de ceux qui vous sont reservez. Il me semble, MONSEIGNEUR, que je vois V.A se perdre agreablement dans ces hautes et pompeuses* idées, et que la secrète joye qu’elles vous donnent, redouble cette noble fierté qui accompagne toûjours les personnes de votre rang. On n’en peut ressentir de plus parfaite, et si elle étoit capable de recevoir quelque legere alteration, ce ne pourroit être que de ce loüable chagrin* qui fit autrefois soûpirer Alexandre des conquestes de Philippe. Mais il vous seroit aisé de le dissiper par la certitude où vous devez être, que quoy que le Grand CONDE ne doive qu’à luy seul ce qui luy asseure l’Immortalité, vous ne laisserez pas d’y contribuer quelque chose. L’histoire ne s’en taira point, MONSEIGNEUR, et quand elle aura fortement exageré ce qui le met au dessus des plus fameux Conquerants que l’Antiquité nous vante, elle n’oubliera pas de marquer pour l’achevement de sa gloire, celle qu’il aura euë d’avoir donné à la France un Fils digne d’elle et de luy. Il ne pouvoit luy faire un présent qui luy fust plus cher, et si dans le foible talent que j’ay, il m’estoit permis de former quelque ambitieux desir, ce seroit que vous daignassiez advouër un jour de publier les grandes choses qu’elle vous verra executer ; mais c’est une grace qu’il n’est pas juste que j’espere, ce dessein demande des forces que je ne sçaurois jamais acquerir, puisqu’il faudroit qu’elles fussent égales à l’ardeur toute soûmise avec laquelle je suis,
MONSEIGNEUR,
De V.A SERENISSIME,
Le tres-humble, tres-obeïssant et tres-fidelle Serviteur,
T. CORNEILLE.
Extrait du Privilege du Roy §
Par Lettres Patentes du Roy données à Paris le 14 Février 1661. Signées, CONRART : il est permis à AUGUSTIN COURBE, Marchand libraire en la Ville de Paris, de faire imprimer, vendre et debiter en tous lieux de l’obeïssance de sa Majesté, une Tragédie composée par le Sieur THOMAS CORNEILLE, intitulée Camma, Reine de Galatie, Tragédie, en telles marges, & tels caracteres, en un ou plusieurs volumes, et autant de fois qu’il voudra, durant sept ans entiers, à compter du jour, que ladite Tragédie sera achevée d’imprimer pour la première fois. Avec defferences à toutes personnes de quelque qualité et condition qu’elles soient, de l’imprimer, vendre et debiter, sous quelque pretexte que ce soit, pendant ledit temps, sans consentement dudit COURBE, ou de ceux qui auront son droit, à peine de deux mil livres d’amende, de confiscation des Exemplaires contrefaits, et de tous dépens, dommages et interests, comme il est porté plus au long par lesdites Lettres Patentes, à l’Extrait, et aux Copies collationnées auxquelles sa Majesté veut que foy soit adjoûtée comme à l’Original. Et scellées du Grand sceau de cire jaune sur simple queuë.
Et ledit Courbé a associé, pour moitié, au présent Privilège Guillaume de Luyne, aussi Marchand libraire, suivant l’accord fait entr’eux.
Achevé d’imprimer pour la première fois le 24 Mars 1661, à ROUEN par LAURENS MAURRY.
Les Exemplaires ont esté fournis, ainsi qu’il est porté par ledit Privilege.
Registré sur le livre de la Communauté, le 23. Février 1661, conformément à l’Arrest du Parlement du 9. Avril 1653. Signé, Josse, Syndic.
ACTEURS. §
- CAMMA, Vefve de Sinatus, Roy de Galatie.
- SINORIX, Roy de Galatie, ayant usurpé la Couronne sur Sinatus.
- HESIONE, Fille de Sinatus.
- SOSTRATE, Prince de Galatie, Favory de Sinatus.
- PHAEDIME, Confident de Sinorix.
- SOSIME, Capitaine des Gardes de Sinorix
- PHENICE, Confidente de Camma.
CAMMA REINE DE GALATIE, TRAGEDIE. §
[A ; 1]ACTE I. §
SCENE PREMIERE. §
SINORIX.
PHAEDIME.
SINORIX.
PHAEDIME.
SINORIX.
PHAEDIME.
SINORIX.
PHAEDIME.
SINORIX.
{p. 5}SCENE II. §
SINORIX.
CAMMA
SINORIX.
CAMMA.
SINORIX.
CAMMA.
SINORIX.
CAMMA.
SINORIX
CAMMA.
SINORIX.
CAMMA.
SYNORIX.
SCENE III. §
CAMMA.
PHENICE.
CAMMA.
PHENICE.
CAMMA.
PHENICE.
CAMMA.
{p. 11}PHENICE.
CAMMA.
PHENICE.
CAMMA.
SCENE IV. §
HESIONE.
CAMMA.
HESIONE.
CAMMA.
HESIONE.
CAMMA.
HESIONE.
CAMMA.
HESIONE.
CAMMA.
HESIONE.
CAMMA.
CAMMA.
HESIONE.
CAMMA.
HESIONE.
CAMMA.
HESIONE.
CAMMA.
SCENE V. §
HESIONE.
SOSTRATE.
HESIONE.
HESIONE.
SOSTRATE.
HESIONE.
SOSTRATE.
HESIONE.
Ne réplique point ; quand ce grand coup t’SOSTRATE seul.
Fin du premier Acte.
ACTE II §
SCENE PREMIERE. §
SINORIX.
HESIONE.
SINORIX.
HESIONE.
SINORIX.
HESIONE.
SINORIX.
HESIONE.
SCENE II. §
PHAEDIME.
SINORIX.
SCENE III. §
SINORIX.
SOSTRATE.
SINORIX.
SINORIX.
PHAEDIME.
SINORIX.
SCENE IV. §
SINORIX.
CAMMA.
SINORIX.
CAMMA.
SINORIX.
CAMMA.
SINORIX.
CAMMA.
SINORIX.
SCENE V. §
CAMMA.
SOSTRATE.
CAMMA.
SOSTRATE.
CAMMA.
SOSTRATE.
CAMMA.
SOSTRATE.
CAMMA.
SOSTRATE.
CAMMA.
SOSTRATE.
CAMMA.
SOSTRATE.
SOSTRATE.
CAMMA.
Fin du second Acte.
ACTE III. §
SCENE PREMIERE. §
PHAEDIME.
SINORIX.
PHAEDIME.
SINORIX.
PHAEDIME.
SINORIX.
PHAEDIME.
SINORIX.
PHAEDIME.
SINORIX.
PHAEDIME.
SCENE II. §
{p. 36}SINORIX.
SCENE III. §
CAMMA paroissant à un des costez du Theatre,
SINORIX.
SOSTRATE paroissant à l’autre costé du theatre, et voyant Camma qui s’advance vers Sinorix un poignard à la main.
CAMMA.
SOSTRATE.
Que faites-vous, Madame ?SINORIX se détournant et se saisissant du poignard.
SOSIME entrant avec des Gardes.
SINORIX.
CAMMA.
SINORIX.
SOSTRATE.
SINORIX.
SOSTRATE.
SINORIX.
CAMMA.
Ah, c’est trop meSINORIX.
SOSTRATE.
SINORIX.
CAMMA.
SINORIX.
SOSTRATE.
SINORIX.
SOSTRATE.
SINORIX.
SCENE IV. §
SINORIX.
HESIONE.
SINORIX à Sostrate.
SOSTRATE.
HESIONE.
SINORIX.
HESIONE.
CAMMA.
HESIONE.
CAMMA.
SCENE V. §
SINORIX.
HESIONE.
SINORIX.
HESIONE.
SOSTRATE.
HESIONE.
SOSTRATE.
HESIONE.
SINORIX.
HESIONE.
SINORIX.
SOSTRATE.
SINORIX.
HESIONE.
SINORIX.
HESIONE.
SOSTRATE.
SINORIX.
HESIONE.
Fin du troisiéme Acte
ACTE IV. §
SCENE PREMIERE. §
CAMMA.
PHENICE.
CAMMA.
PHENICE.
CAMMA.
PHENICE.
CAMMA.
PHENICE.
CAMMA.
PHENICE.
SCENE II. §
SINORIX.
CAMMA.
SINORIX.
CAMMA.
SINORIX.
CAMMA.
SINORIX.
CAMMA.
SINORIX.
CAMMA.
SINORIX.
CAMMA.
SINORIX.
CAMMA.
SINORIX.
SCENE III. §
{p. 56}SINORIX.
CAMMA.
SOSTRATE.
SINORIX.
SINORIX.
SCENE IV. §
{p. 58}CAMMA.
SOSTRATE.
CAMMA.
SOSTRATE.
CAMMA.
SOSTRATE.
CAMMA.
SOSTRATE.
CAMMA.
SOSTRATE.
CAMMA.
SOSTRATE.
SOSTRATE.
CAMMA.
SOSTRATE.
CAMMA.
SOSTRATE.
CAMMA.
SOSTRATE.
SCENE V. §
{p. 63}SOSTRATE.
HESIONE.
CAMMA.
HESIONE.
CAMMA.
SOSTRATE.
HESIONE.
CAMMA.
HESIONE.
CAMMA.
SCENE VI. §
{p. 65}SOSTRATE.
HESIONE.
SOSTRATE.
HESIONE.
SOSTRATE.
SOSIME.
SOSTRATE.
Fin du quatrième Acte.
ACTE V. §
SCENE PREMIERE. §
SOSTRATE.
SOSIME.
SOSTRATE.
SOSIME.
SOSTRATE.
SOSIME.
SOSTRATE.
SOSIME.
SOSTRATE.
SOSIME.
SOSTRATE.
SCENE II. §
SINORIX.
SOSTRATE.
SINORIX.
SOSTRATE.
SINORIX.
SCENE III. §
SINORIX.
CAMMA.
Je le sçay, mais, Sinorix, écoute,SINORIX.
CAMMA.
SINORIX.
CAMMA.
SINORIX.
CAMMA.
SINORIX.
SOSTRATE.
SINORIX.
CAMMA.
SINORIX.
CAMMA.
SINORIX.
CAMMA.
SINORIX.
CAMMA.
SINORIX.
SCENE IV. §
PHAEDIME.
CAMMA.
SINORIX.
CAMMA.
SINORIX.
SCENE V. §
CAMMA.
SOSTRATE.
CAMMA.
SOSTRATE.
CAMMA.
SCENE VI. §
SOSIME.
CAMMA.
SOSIME.
SOSTRATE.
SOSIME.
CAMMA.
SOSTRATE.
CAMMA.
SOSTRATE.
PHENICE.
SOSTRATE.
CAMMA.
Tu me fais injustice,SOSTRATE.
CAMMA.
SOSTRATE.
SOSIME luy retenant la main qu’il porte sur son épée.
SOSTRATE.
FIN.