La Mort d’Agrippine
, veuve de germanicus, tragédie.
publié par Paul FIEVRE, décembre 2010.
M. DC. LIV. AVEC PRIVILÈGE DU ROI.
PAR Mr DE CYRANO DE BERGERAC
PRIVILÈGE DU ROI §
Ce Privilège daté du 16 décembre 1653, d’une durée de neuf années, signé Galongé dans l’édition originale de 1654 est accordé au sieur de Bergerac pour La Mort d’Agrippine, et un volume de Lettres. L’Enregistrement sur le livre de la Communauté des Libraires n’est pas mentionné ; le sieur de Bergerac le rétrocède au libraire Charles de Sercy.
Présentation de FRÉDÉRIC LACHÈVRE (1846) §
La Mort d’Agrippine a été portée à la scène, sur la demande du duc d’Arpajon, dans les derniers mois de 1653 ou au début de 1654, probablement à l’Hôtel de Bourgogne. Elle n’a dû avoir que quelques représentations. Le public s’est ému, suivant les Menagiana, non des passages admirables et vraiment osés qu’elle renferme, mais de certains mots qu’il a mal interprétés, tels que celui d’hostie :
... Les badauds, avertis qu’il y avait des endroits dangereux, les avaient tous ouïs sans émotion, lorsque Séjan résolu à faire périr Tibère, qu’il regardait déjà comme sa victime, vint dire à la fin de la scène IV. du quatrième acte :
Ils ne manquèrent pas de s’écrier :
Ah ! Le méchant ! Ah ! L’athée ! Comme il parle du Saint-Sacrement.
L’avocat Gabriel Guéret affirme que cette pièce a été interdite, il n’en existe cependant aucune preuve à notre connaissance. Peut-être est-ce grâce à cette interdiction que la première édition in-quarto a été rapidement épuisée : « Sercy qui l’imprima, dit à Boisrobert qu’il avait vendu l’impression en moins de rien. Je m’en étonne, dit Boisrobert. Ah ! Monsieur, reprit le libraire, il y a de belles impiétés... »
Inutile de donner ici l’analyse de cette tragédie qui s’apparente à celles de P. Corneille : Horace, Cinna, La Mort de Pompée; de Tristan L’Hermite : La Mort de Sénèque, etc., etc. Cyrano a pris il en avait le droit de grandes libertés avec l’histoire.
Comme Le Pédant joué, La Mort d’Agrippine a eu une unique représentation au XIXe siècle, non aux Etats-Unis, mais en France, au théâtre de la Gaîté, le 10 novembre 1872. Le conférencier Auguste Vita, obtint un vif succès, en la présentant au public :
Le public tout entier l’écouta avec des sentiments très divers, qui variaient de la surprise à l’admiration. Si la pièce parut imparfaite au point de vue scénique, elle a des scènes d’une grande beauté et des suites de vers où l’on sent le souffle d’un grand poète... M. Monval a gardé le souvenir de l’immense effet produit par la tragique brièveté de la scène dernière sur des spectateurs Habitués au grand récit final des tragédies. Tous étaient d’avis et c’est l’opinion de M. Mounet-Sully que Cyrano méritait, à son époque, comme auteur tragique, une place d’honneur à côté de Corneille et que la reprise d’une pièce de n’importe lequel de ses contemporains n’aurait obtenu pareil succès (Le Figaro).
Monseigneur, quoi qu’Agrippine soit sortie du sang de ces Princes qui naissaient seulement pour commander aux hommes, et qui ne mouraient que pour être appelés au rang des Dieux, ses disgrâces l’ont rendue encore plus célèbre que la gloire de son berceau. Il semble qu’elle n’ait eu le grand Auguste pour aïeul qu’afin de sentir avec plus d’affront le regret de se voir dérober l’Empire, son légitime patrimoine : César ne l’avait honorée de l’alliance de Tibère, que pour l’attacher de plus près à son tyran, et ne lui avait donné pour mari le plus grand héros de son siècle, que pour en faire la plus affligée et la plus inconsolable de toutes les veuves ; de sorte qu’ayant toujours vécu dans la douleur et la persécution, il est certain qu’elle préférerait le repos du tombeau à cette seconde vie que je lui donne si, voulant l’exposer au jour, je lui cherchais un moindre protecteur que celui qui, dans la conservation de Malte, l’a été de toute l’Europe. Quelque maligne que soit la planète qui domine au sort de mon héroïne, je ne crois pas qu’elle puisse lui susciter des ennemis qu’impuissants, quand elle aura le secours de Votre Grandeur : Vous, Monseigneur, que l’Univers regarde comme le Chef d’un Corps qui n’est composé que de parties nobles, qui avez fait trembler jusques dans Constantinople le Tyran d’une moitié de la Terre, et qui avez empêché que son Croissant, dont il se vantait d’enfermer le reste du Globe, ne partageât la souveraineté de la Mer avec celui de la Lune : mais tant de glorieux succès ne sont point des miracles pour une personne dont la profonde sagesse éblouit les plus grands génies, et en faveur de qui Dieu semble avoir dit par la bouche de ses Prophètes, que le sage aurait droit de commander aux astres. Agrippine, Monseigneur, qui pendant le cours de sa vie les a sans relâche expérimentés contraires, effarouchée encore aujourd’hui delà cruauté des Empereurs qui ont poursuivi son ombre jusques chez les morts : Entre les bras de qui se pouvait-elle jeter avec plus de confiance, qu’entre ceux d’un redoutable Capitaine, dont le seul bruit des armes a garanti et rassuré Venise, cette puissante République, où la liberté Romaine s’est conservée jusqu’en nos jours. Recevez-là donc, s’il vous plaît, Monseigneur, favorablement ; accordez un asile à cette Princesse, qu’elle n’a pu trouver dans un Empire qui lui appartenait. Je sais que faisant profession d’une inviolable fidélité pour notre Monarque, vous la blâmerez peut-être d’avoir conspiré contre son Souverain, quoi qu’elle n’ait poursuivi la mort de Tibère que pour venger celle de Germanicus, et n’ait été infidèle Sujette, que pour être fidèle à son époux : mais en faveur de sa vertu, elle espère cette grâce de votre bonté, dont elle ne sera pas ingrate ; car elle m’a promis que sa reconnaissance publiera par tout les merveilleux éloges de votre vertu, qui donne plus d’éclat à votre sang qu’elle n’en a reçu de lui, encore que la source en soit Royale : Ceux de votre prudence dans les négociations les plus importantes de l’État, que l’on nous propose comme un portrait achevé de la Sagesse ; Ceux de votre valeur dans les combats dont elle règle les événements, au préjudice du pouvoir absolu que la Fortune s’en est réservé ; et ceux enfin, Monseigneur, de votre courage qui n’a jamais vu de péril qu’au dessous de lui. Ces considérations me font espérer que la généreuse Agrippine ayant été présente à toutes les victoires de son héros, elle n’ignore pas en quels termes elle doit parler des vôtres, et je suis même certain qu’elle leur rendra justice, sans qu’on l’accuse de flatterie ; car si vous êtes d’un mérite à ne pouvoir être flatté, elle est aussi d’un rang à ne pouvoir flatter. Mais, Monseigneur, que pourrait-elle dire qui ne soit connu de toute la Terre ; vous l’avez vue presqu’entière en victorieux, et par un prodige inouï votre visage même n’y est guère moins connu que son nom. Souffrez donc que je vous offre cette Princesse, sans vous rien promettre d’elle que cet aveu public qu’elle vient vous faire, qu’enfin elle a trouvé un Héros plus grand que Germanicus.
Au reste, elle cessera de déplorer ses malheurs, si par le tableau de sa pitoyable aventure, elle vous donne au moins quelque estime de sa constance, et moi je me croirai trop bien récompensé du présent que je lui fais de cette seconde vie si, n’étant plus que mémoire, elle vous fait souvenir que je suis, Monseigneur, votre très humble, très obéissant et très passionné serviteur,
DE CYRANO DE BERGERAC
LES ACTEURS. §
- TIBÈRE, empereur de Rome.
- SÉJANUS, favori de Tibère.
- NERVA, sénateur, confident de l’Empereur.
- TÉRENTIUS, confident de Séjanus.
- AGRIPPINE, veuve de Germanicus.
- CORNÉLIE, sa confidente.
- LIVILLA, soeur de Germanicus et bru de l’Empereur.
- FURNIE, sa confidente.
- Troupe de Gardes.
ACTE I §
SCÈNE PREMIÈRE. Agrippine, Cornélie. §
AGRIPPINE.
CORNÉLIE.
AGRIPPINE.
CORNÉLIE.
AGRIPPINE.
CORNÉLIE.
AGRIPPINE.
CORNÉLIE.
AGRIPPINE.
CORNÉLIE.
AGRIPPINE.
CORNÉLIE.
AGRIPPINE.
SCÈNE II. Séjanus, Agrippine, Cornélie. §
SÉJANUS.
AGRIPPINE.
SÉJANUS.
AGRIPPINE.
SCÈNE III. Agrippine, Cornélie. §
AGRIPPINE.
CORNÉLIE.
AGRIPPINE.
SCÈNE IV. Livilla, Séjanus, Térentius. §
LIVILLA.
SÉJANUS.
LIVILLA.
SÉJANUS.
LIVILLA.
SÉJANUS.
LIVILLA.
SÉJANUS.
LIVILLA.
SÉJANUS.
LIVILLA.
SÉJANUS.
LIVILLA.
SÉJANUS.
LIVILLA.
SÉJANUS.
LIVILLA.
SCÈNE V. Séjanus, Térentius. §
TÉRENTIUS.
SÉJANUS.
TÉRENTIUS.
SÉJANUS.
TÉRENTIUS.
SÉJANUS.
ACTE II §
SCÈNE PREMIÈRE. Tibère, Nerva. §
TIBÈRE.
NERVA.
TIBÈRE.
NERVA.
TIBÈRE.
NERVA.
TIBÈRE.
NERVA.
TIBÈRE.
NERVA.
TIBÈRE.
NERVA.
TIBÈRE.
NERVA.
TIBÈRE.
NERVA.
TIBÈRE.
NERVA.
TIBÈRE.
SCÈNE II. Tibère, Agrippine, Séjanus, Nerva, Térentius. §
AGRIPPINE.
TIBÈRE, bas à Nerva.
AGRIPPINE.
TIBÈRE.
AGRIPPINE.
TIBÈRE.
AGRIPPINE.
TIBÈRE.
AGRIPPINE.
TIBÈRE.
AGRIPPINE.
TIBÈRE.
AGRIPPINE.
TIBÈRE.
AGRIPPINE.
TIBÈRE.
AGRIPPINE.
TIBÈRE.
SCÈNE III. Séjanus, Agrippine, Térentius. §
SÉJANUS.
AGRIPPINE.
SCÈNE IV. Séjanus, Térentius §
TÉRENTIUS.
SÉJANUS.
TÉRENTIUS.
SÉJANUS.
TÉRENTIUS.
SÉJANUS.
TÉRENTIUS.
SÉJANUS.
TÉRENTIUS.
SÉJANUS.
TÉRENTIUS.
SÉJANUS.
TÉRENTIUS.
SÉJANUS.
TÉRENTIUS.
SÉJANUS.
TÉRENTIUS.
SÉJANUS.
TÉRENTIUS.
SÉJANUS.
SCÈNE V. Séjanus, Térentius, Livilla. §
LIVILLA.
SÉJANUS.
LIVILLA.
SÉJANUS.
LIVILLA.
SÉJANUS.
LIVILLA.
SÉJANUS.
LIVILLA.
SÉJANUS.
LIVILLA.
SÉJANUS.
LIVILLA.
ACTE III §
SCÈNE PREMIÈRE. Agrippine, Cornélie. §
AGRIPPINE.
CORNÉLIE.
AGRIPPINE.
CORNÉLIE.
AGRIPPINE.
CORNÉLIE.
AGRIPPINE.
CORNÉLIE.
AGRIPPINE.
SCÈNE II. Tibère, Agrippine, Cornélie, Troupe de gardes. §
TIBÈRE, la surprenant.
AGRIPPINE.
TIBÈRE.
AGRIPPINE.
TIBÈRE.
AGRIPPINE.
TIBÈRE.
AGRIPPINE.
SCÈNE III. Tibère, Agrippine, Séjanus. §
AGRIPPINE continue sans voir Séjanus.
SÉJANUS, bas.
AGRIPPINE.
SÉJANUS, bas à Agrippine en se jetant aux pieds de l’Empereur.
TIBÈRE.
AGRIPPINE.
SÉJANUS, bas.
TIBÈRE.
SÉJANUS.
TIBÈRE.
SÉJANUS.
TIBÈRE.
SÉJANUS.
TIBÈRE.
SÉJANUS.
SCÈNE IV. Séjanus, Agrippine, Cornélie. §
SÉJANUS.
AGRIPPINE.
SÉJANUS.
AGRIPPINE.
SÉJANUS.
AGRIPPINE.
SÉJANUS.
SCÈNE V. Agrippine, Cornélie, Livilla. §
LIVILLA.
AGRIPPINE.
LIVILLA.
AGRIPPINE.
LIVILLA.
AGRIPPINE.
LIVILLA.
AGRIPPINE.
LIVILLA.
AGRIPPINE.
LIVILLA.
AGRIPPINE.
LIVILLA.
AGRIPPINE.
LIVILLA.
AGRIPPINE.
LIVILLA.
AGRIPPINE.
LIVILLA.
AGRIPPINE.
SCÈNE VI. §
LIVILLA, seule.
ACTE IV §
SCÈNE PREMIÈRE. Tibère Séjanus. §
TIBÈRE.
SÉJANUS.
TIBÈRE.
SÉJANUS.
TIBÈRE.
SÉJANUS.
TIBÈRE.
SCÈNE II. Tibère, Séjanus, Agrippine, Cornélie. §
TIBÈRE.
AGRIPPINE.
TIBÈRE.
AGRIPPINE.
TIBÈRE.
SÉJANUS.
TIBÈRE.
AGRIPPINE.
TIBÈRE.
AGRIPPINE.
TIBÈRE.
AGRIPPINE.
TIBÈRE.
AGRIPPINE.
TIBÈRE.
AGRIPPINE.
TIBÈRE.
AGRIPPINE.
TIBÈRE.
AGRIPPINE.
TIBÈRE.
AGRIPPINE.
TIBÈRE.
AGRIPPINE.
TIBÈRE.
AGRIPPINE.
TIBÈRE.
AGRIPPINE.
TIBÈRE.
SCÈNE III. Agrippine, Séjanus, Cornélie. §
AGRIPPINE.
SÉJANUS.
AGRIPPINE.
SÉJANUS.
CORNÉLIE.
AGRIPPINE, à Séjanus.
SÉJANUS.
AGRIPPINE.
SÉJANUS.
AGRIPPINE.
SÉJANUS.
AGRIPPINE.
SÉJANUS.
AGRIPPINE.
SÉJANUS.
SCÈNE IV. Séjanus, Livilla. §
LIVILLA.
SÉJANUS.
LIVILLA.
SÉJANUS.
LIVILLA.
SÉJANUS.
SCÈNE V. §
LIVILLA.
ACTE V §
SCÈNE PREMIÈRE. Tibère, Livilla, Furnie. §
TIBÈRE.
LIVILLA.
TIBÈRE.
LIVILLA.
TIBÈRE.
LIVILLA.
TIBÈRE.
LIVILLA.
TIBÈRE.
SCÈNE II. Nerva, Tibère, Livilla. §
NERVA.
LIVILLA.
TIBÈRE.
SCÈNE III. Tibère, Livilla. §
LIVILLA.
TIBÈRE.
LIVILLA.
TIBÈRE.
LIVILLA.
TIBÈRE.
LIVILLA.
TIBÈRE.
LIVILLA.
TIBÈRE.
SCÈNE IV. Livilla, Furnie. §
LIVILLA.
SCÈNE V. Livilla, Séjanus, Nerva. §
LIVILLA.
SÉJANUS.
LIVILLA.
SÉJANUS.
LIVILLA.
SCÈNE VI. Agrippine, Séjanus, Nerva. §
AGRIPPINE.
SÉJANUS.
AGRIPPINE.
SÉJANUS.
AGRIPPINE.
SÉJANUS.
AGRIPPINE.
SÉJANUS.
AGRIPPINE.
SÉJANUS.
AGRIPPINE.
SÉJANUS.
AGRIPPINE.
SÉJANUS.
AGRIPPINE.
SÉJANUS.
AGRIPPINE.
SCÈNE VII. Tibère Agrippine. §
TIBÈRE.
AGRIPPINE.
TIBÈRE.
AGRIPPINE.
TIBÈRE.
AGRIPPINE.
TIBÈRE.
AGRIPPINE.
TIBÈRE.
AGRIPPINE.
TIBÈRE.
AGRIPPINE.
TIBÈRE.
AGRIPPINE.
SCÈNE VIII. §
TIBÈRE.
SCÈNE DERNIÈRE. Tibère, Nerva. §
NERVA.
TIBÈRE.
NERVA.
TIBÈRE.
NERVA.
TIBÈRE.