SCENE PREMIERE. §
TORQUATUS, OMPHALE, PHENICE.
OMPHALE.
Quoy* donc, Seigneur vostre ame est elle inexorable ?
Faut-il laisser mourir cét illustre* coupable ?
1290 Fait-on pour le sauver des
efforts* superflus ?
TORQUATUS.
Consultez-vous, Madame & ne m’en parlez plus :
Vous sçavez mieux que moy, quelle est sa destinée
Et puis qu’à vostre choix elle est abandonnée,
Si Manlius perit, ne m’en accusez pas,
1295 C’est de vous que dépendent sa vie & son trépas.
OMPHALE.
De moy, Seigneur, hé ! Dieux, une triste Princesse,
Qui de son propre sort ne peut estre maistresse,
Doit-elle se
flatter de tenir dans ses mains
La vie ou le trépas de quelqu’un des Romains ?
1300 Depuis quand, juste Ciel, une foible captive
Donne t’elle des loix qu’il faut que Rome suive ?
TORQUATUS.
[F, p. 61]
Depuis que de vos yeux le pouvoir souverain
Est reconnu pour tel par un Consul Romain,
Ouy, Madame, vos traits en touchant un seul homme,
1305 Ont soûmis à leurs loix & le Senat & Rome ;
Et de ce mesme Arrest, de qui dépend mon sort,
Dépend de Manlius ou la vie ou la mort.
OMPHALE.
Hé, de grace, Seigneur, revenez à vous mesme ;
Parler ainsi de Rome, est sans doute un blasphéme :
1310 Ce n’est pas sur mon choix, que l’Auguste Senat
Il sçait mieux observer l’ordre de la justice,
Et ne
consulte pas sur ce point mon caprice.
Si le Senat se plaint, qui seroit assez
vain*,
1315 Pour
croire en triompher dans l’ame d’un Romain ?
Non, s’il faut à l’estat cette grande Victime,
Manlius doit perir, sa mort est legitime ;
Mais, Seigneur, si l’effet d’un merite puissant
Obligeoit le Senat à le
croire innocent,
1320 Vostre cœur pourroit-il luy refuser sa grace ?
Vous seul blâmeriez-vous l’effect de son
audace* ?
Pour ne voir que son Pere à sa perte obstiné ?
Hé qu’un peu de pitié s’empare de vostre ame !
1325 Songez….
TORQUATUS.
Songez…. Donnez m’en donc un exemple, Madame,
Montrez moy que je dois adoucir ma rigueur,
En laissant par l’amour adoucir vostre cœur.
Par pitié pour mon fils paroissez-luy cruelle*
Par un excés d’amour, devenez infidelle,
1330 Et par un prompt Hymen* desarmez mon courroux.
{p. 62}
OMPHALE.
La
foy* que vous m’offrez ne dépend pas de vous ;
Vous sçavez bien, Seigneur, qu’une regle
severe*
Vous deffend l’alliance avec une estrangere ;
Et je croy qu’il faut plus que mon cœur & ma main,
1335 Pour vous faire oublier que vous estes Romain.
TORQUATUS.
Je l’oubliois pourtant, ingrate, & pour vous plaire,
Dont le Conseil de guerre a resolu la mort ;
Mais, par ces derniers mots, vous terminez son sort :
1340 Je sens que je commence à rentrer en moy-mesme,
C’en est fait, je me rends à cette loy supréme.
Hola, Gardes.
SCENE II. §
TORQUATUS, OMPHALE, PHENICE, PISON.
PISON.
Hola, Gardes. Seigneur.
TORQUATUS.
Hola, Gardes. Seigneur. Qu’on aille promptement
Executer…
OMPHALE.
Executer… Helas ! differez un moment.
Gardes, retirez-vous, je veux… mais, quoy ! mon ame,
1345 Quoy ? voudrois-tu trahir Manlius & ta
flâme* ?
TORQUATUS.
Que voulez-vous ?
OMPHALE.
Que voulez-vous ? Je veux…
TORQUATUS.
Que voulez-vous ? Je veux… Achevez.
OMPHALE.
Que voulez-vous ? Je veux… Achevez. Le sauver.
OMPHALE.
Et du reste ? Seigneur, je voudrois y
réver*.
TORQUATUS.
{p. 64}
Ha ! c’est trop écouter tant de discours
frivoles*,
Je ne me repais point de ces
vaines* paroles.
1350 Hola, Gardes.
OMPHALE.
Hola, Gardes. Seigneur, ne precipitez rien ;
Fallut-il pour son sang vous donner tout le mien,
Si Manlius le veut, j’y consens avec joye :
Mais, pour m’en informer,
souffrez* que je le voye ;
Que je puisse un moment luy parler sans témoins,
1355 Et j’atteste les Dieux d’employer tous mes
soins
Pour contenter, Seigneur, vostre pressante* envie,
Quand avecque ma main il vous faudroit ma vie.
TORQUATUS.
Je puis donc me
flatter d’obtenir vostre cœur :
OMPHALE.
Je ne sçay, mais au moins, je diray, ouy, Seigneur.
1360 Ne m’en demandez pas aujourd’huy davantage :
Il n’appartient qu’au temps d’achever cét ouvrage.
TORQUATUS.
Ha ! Princesse, mon cœur à vos ordres soûmis…
OMPHALE.
Et de grace, Seigneur, songeons à vostre fils ;
Avec plus de loisir nous parlerons du reste,
1365 Revoquez seulement un Arrest si
funeste*.
Qu’on cherche Manlius, qu’on le fasse venir :
Nous aurons trop de temps pour nous entretenir.
TORQUATUS.
Hola, quelqu’un, courez dans la tente prochaine
Où l’on garde mon fils, dire qu’on me l’ameine.
1370 Princesse, s’il consent aux plus doux de mes vœux,
Mon bon-heur…
OMPHALE.
{p. 65}
Mon bon-heur… He, Seigneur, se peut-on
croire heureux,
Quand on doit la douceur d’un aveu favorable,
A la necessité de sauver un coupable ?
Ha, non non, pour gouster de solides plaisirs,
1375 Il faut devoir un cœur à ses propres desirs ;
Et sa possession nous donne peu de joye,
Lors que, pour l’obtenir, on prend une autre voye.
Quand on prononce un ouy que le cœur ne dit pas,
Ce mot si desiré perd bien de ses
appas* ;
1380 La liberté du choix d’elle mesme est si chere,
Que si sur un tel point je conseillois un frere,
Je luy dirois, perdez la lumiere du jour,
Plustost que d’usurper le pouvoir de l’amour.
Mais voicy Manlius, permettez-moy de grace…
TORQUATUS.
1385 Je vous entens Madame, & luy cede la place.
Gardes, retirez-vous.
OMPHALE.
Gardes, retirez-vous. Ciel, soyez mon secours.
TORQUATUS.
Tâchons sans estre veu, d’écouter leurs discours.
SCENE III. §
{p. 66}
OMPHALE, MANLIUS, PHENICE, [TORQUATUS, PISON].
OMPHALE.
Que de trouble je sens ! ah ! Seigneur.
MANLIUS.
Que de trouble je sens ! ah ! Seigneur. Ha ! Madame.
OMPHALE.
Helas ! en quel estat reduisez-vous mon ame :
Qu’on peut craindre de voir l’
objet* de son amour !
MANLIUS.
Quoy, Princesse, ma veuë est-elle si
fatale*,
OMPHALE.
Ouy, Seigneur, aujourd’huy la mal-heureuse Omphale
Donneroit tout son sang, pour delivrer ses yeux
1395 De la necessité de vous voir dans ces lieux.
Car, enfin, puis qu’il plaist au sort inexorable,
J’y cause tous les maux dont le Ciel vous accable,
Et ce n’est point assez pour assouvir mon sort,
Que de vous voir
souffrir* une honteuse mort ;
1400 Il faut que le destin joigne à vostre supplice,
L’horible desespoir de m’en trouver complice,
Ouy, les Dieux ont permis, pour augmenter mes maux,
{p. 67}
Que mes traistres
appas* soient vos secrets bourreaux :
Mes yeux, Seigneur, mes yeux ont fait tout vostre crime ;
1405 Vous estes de leurs traits l’innocente victime ;
Vous n’aurez pas si tost détesté leur pouvoir,
Et fait ceder l’amour aux rigueurs du devoir,
Que vous recouvrerez toute vostre innocence :
Racheptez vostre sang par un peu d’inconstance :
1410 En vain les fiers destins paroissent irritez,
Vous estes innocent, si vous y consentez.
Conformez vos desirs à vostre destinée
Les fruits empoisonnez de mon
funeste* amour
1415 Ne vallent pas, Seigneur, la lumiere du jour.
MANLIUS.
Quoy ! vous aussi, Madame, avez juré ma perte !
De la part du destin mon ame l’eust soufferte*,
Avec tant de mepris, & si peu de terreur,
Qu’à mes propres Bourreaux ma confiance eût fait peur.
1420 J’ay défié le sort d’épouvanter mon ame
On fait pour m’accabler un impuissant
effort*,
Si ma Princesse m’aime à l’instant de ma mort,
Disois-je, & le destin en attaquant ma vie,
1425 Pour se bien assouvir, a manqué d’industrie* :
Ce n’est pas à ma mort qu’il doit borner ses coups,
S’il veut forcer mon cœur à craindre son courroux ;
Qu’il lance contre moy les traits de l’Enfer mesme,
Je brave son pouvoir, si ma Princesse m’aime :
Pourveu qu’il meure aimé, meurt tousjours trop heureux.
Et mon cœur abusé par cette confiance,
Remply de vostre
object* & de sa passion,
1435 Attendoit le trépas sans nulle émotion.
Mais ô Dieux ! j’ignorois la derniere injustice,
Qui veut faire changer de genre à mon supplice ;
Quoy ! mesme avant ma mort, mourir dans vostre cœur !
Attendre mon trépas des coups de ma douleur !
1440 Traîner languissament une vie importune !
Et
souffrir* mille morts pour en éviter une !
Princesse, helas ! qu’a fait ce miserable
amant*,
Pour estre condamné si vigoureusement ?
Par quel crime a-t’il pû meriter sa
disgrace* ?
1445 Ah, qu’un peu de pitié retrouve icy sa place ;
Aimez-moy, s’il se peut, au moins jusqu’à ma mort,
Et ne devancez pas le dernier coup du sort.
Je n’abuseray point de vostre complaisance ;
Du Consul irrité l’extreme impatience,
1450 Si j’en presume bien, ne vous lassera pas.
TORQUATUS.
Tu l’as dit, c’en est fait, qu’on le meine au trespas.
OMPHALE.
Quel Arrest ! ha ! Seigneur.
TORQUATUS.
Quel Arrest ! ha ! Seigneur. N’en parlons plus, Madame.
OMPHALE.
Helas, si la pitié toucha jamais vostre ame,
Ordonnez donc, Seigneur, que je suive son sort.
TORQUATUS.
{p. 69}
1455 Gardes, encore un coup, qu’on le traîne à la mort.
PISON.
Obeïssez, Seigneur, allons.
OMPHALE.
Obeïssez, Seigneur, allons. Arreste, infame,
Bourreau, qui veux m’oster la moitié de mon ame ;
Avant que d’arracher Manlius de ce lieu,
Cruel,
souffre* du moins que je luy dise adieu.
1460 Adieu donc pour jamais,
amant* si magnanime,
D’un detestable amour innocente victime,
Adieu, puis qu’on t’enleve à mes vœux impuissans :
Emporte chez les morts l’esperance
fatale*
1465 D’estre bien-tost suivy par ta
fidelle* Omphale :
Meurs du moins asseuré qu’elle court sur tes pas.
TORQUATUS.
Gardes, encor un coup, qu’on le traîne au trespas :
Voyez executer sa Sentence mortelle,
Et revenez, Pison, m’en dire la nouvelle.
MANLIUS.
1470 Adieu, vivez, Princesse, & songez qu’il m’est doux,
D’esperer en mourant de vivre encor en vous.
OMPHALE.
Tourne au moins tes regards encor sur ta Princesse :
Mais, ô Dieux, c’en est fait, on l’entraîne, il me laisse,
Je le perds pour jamais, je n’en puis plus : ô mort !
1475 Viens soulager les coups d’un si cruel
transport*.
Lâche & foible douleur, impuissante
furie*,
Vous faut-il du secours pour m’arracher la vie ?
TORQUATUS.
Madame, moderez…
OMPHALE.
{p. 70}
Madame, moderez… Monstre pernicieux,
Oses tu bien encor te monstrer à mes yeux ?
1480 Entens-je les accens de ta voix detestable :
Tigre affamé de sang, Barbare, inexorable,
Le Juste Ciel touché de mon cruel tourment
M’avoit fait par pitié t’oublier un moment,
1485 Avoit heureusement effacé ton image ;
Mais tu viens accabler mon triste souvenir
Barbare, & fier Tyran, dont l’injuste
furie*
M’enleve en Manlius la moitié de ma vie,
1490 Appren, qu’à quelque but que tendent tes souhaits,
Tu ne goûteras point le fruit de tes forfaits.
Il est des immortels, s’il me manque des hommes ;
Fallut-il au lieu d’une, abismer mille Romes,
Inventer des tourmens pour ta punition,
1495 Et confondre avec toy toute la nation,
Le sang de Manlius, ma peine, & ton offence,
Vont meriter, cruel, toute cette vengeance.
TORQUATUS.
Quand un peu de raison viendra vous secourir…
SCENE VI. §
[G, p. 73]
TORQUATUS, CAMILLE, OMPHALE, PHENICE, JUNIUS, PISON.
TORQUATUS.
Voicy Pison. Mon fils ?
CAMILLE.
Que vois-je ! juste Ciel, ha, Princesse !
PHENICE.
Que vois-je ! juste Ciel, ha, Princesse ! Ha ! Madame.
OMPHALE.
Pour suivre Manlius, pour assouvir son sort,
1515 Ce poignard…
PISON.
Ce poignard… Arrestez, Madame, il n’est pas mort.
TORQUATUS.
{p. 74}
A pû le dérober à ma juste colere ?
PISON.
Suivant l’ordre, Seigneur, que vous m’aviez donné,
Je le menois au lieu qu’on avoit destiné,
Lors qu’un gros de soldats fend la
presse* & m’arreste,
Et l’un d’eux s’avançant à la teste de tous,
Romains, nous a-t’il dit, Romains où courez-vous ?
Ces bras dont les exploits ont grossi nos histoires,
1525 Ces mesmes bras à qui l’Estat doit cent victoires,
Peuvent-ils s’employer à conduire aux bourreaux,
Le
chef victorieux du plus grand des heros ?
Ah ! rougissez Romains, rougissez de ce crime ;
Arrachons à la mort, ce vainqueur magnanime,
1530 Et deussions nous perir pour un crime si beau,
Mourons tous, ou sauvons Manlius du tombeau.
Alors, n’écoutant plus que l’
ardeur* qui l’emporte,
Il fond sur les soldats qui nous servoient d’escorte,
Qui, loing de s’opposer à l’
effort* de ses coups,
1535 Emeus de ce discours nous abandonnent tous.
En vain, pour reprimer cette insolente
audace*,
J’appelle du secours, parle, frappe, menasse,
Ils arrachent, Seigneur, Manlius de mes mains :
Ce fils obeïssant à vos ordres soûmis
Traitte ses deffenseurs comme ses ennemis ;
Mais un si rare effect d’une vertu sublime*,
1545 Augmente leur fureur augmentant leur estime,
Et plus pour son salut il fait voir de mespris,
Plus il semble augmenter le
soin qu’ils en ont pris.
TORQUATUS.
Quoy ! dans mon camp ! mes gens ! & presque en ma presence !
Ah ; tant de ce vil sang va laver cette offence,
1550 Que la punition de leur temerité,
Servira d’un exemple à la posterité.
Qu’on me suive.
SCENE VII. §
{p. 76}
TORQUATUS, CAMILLE, OMPHALE, MANLIUS, PHENICE, JUNIUS, PISON.
MANLIUS.
Qu’on me suive. Seigneur…..
OMPHALE.
Qu’on me suive. Seigneur….. Où viens-tu ? miserable.
MANLIUS.
Epargnez-vous des pas.
TORQUATUS.
Epargnez-vous des pas. Dieux !
MANLIUS.
Epargnez-vous des pas. Dieux ! Voicy ce coupable.
Je n’examine point quel crime, ou quel mal-heur,
1555 Vous fait dans mon trepas trouver quelque douceur ;
Je dois mourir, Seigneur, puis que ma triste vie
{p. 77}
A duré trop long-temps au gré de vostre envie :
Faites percer ce cœur, ordonnez qu’à vos yeux,
On verse tout ce sang qui vous est odieux ;
1560 Je n’en
murmure* point, ma mort est legitime,
Et déplaire à son pere est un assez grand crime ;
Mais si le triste effet de la rage du sort
Pouvoit heureusement se borner à ma mort,
J’oserois en mourant vous demander la grace
1565 De ces audacieux, dont j’ay causé l’
audace*.
Ordonnez donc, Seigneur…
JUNIUS.
Ordonnez donc, Seigneur… Qu’il paroist
interdit* :
TORQUATUS.
Le cœur pressé*, je sens…
OMPHALE.
Le cœur pressé*, je sens… Ô Dieux ! il s’attendrit.
TORQUATUS.
Je sens que dans mon ame il se forme un
murmure*.
JUNIUS.
Gardez vous d’étouffer la voix de la nature,
1570 Elle
presse*, elle parle, écoutez-la, Seigneur.
TORQUATUS.
Que de troubles divers s’élevent dans mon cœur !
Je veux, je ne veux pas : La nature tremblante
{p. 78}
Ose, craint, & se rend trop, ou trop peu pressante,
Dans ce cruel moment, mon fils, Rome, & l’Amour,
1575 Semblent tout déchirer mon ame tour à tour :
Je n’en puis plus, ô Dieux !
CAMILLE.
Je n’en puis plus, ô Dieux ! Ha, Seigneur, grace, grace :
Enfin vostre vertu va reprendre sa place.
MANLIUS.
Seigneur, je ne vaux pas le trouble où je vous voy.
Ordonnez qu’à vos pieds…
TORQUATUS.
Ordonnez qu’à vos pieds… Ha, mon fils, leve toy.
OMPHALE.
1580 Quoy, le sang sur l’amour emporte la victoire ?
TORQUATUS.
Elle n’a triomphé que trop tard pour ma
gloire ;
Mais, si pour reparer les crimes que j’ay faits,
Je puis vous élever au but de vos souhaits,
Ou je seray
deceu* dans ma juste esperance,
1585 Ou bien tost vostre Hymen* lavera mon offence.
MANLIUS.
{p. 79}
Ah, mon Pere, ah, Seigneur, ay-je bien entendu ?
TORQUATUS.
Ouy, mon fils, puis qu’enfin ton Pere t’est rendu.
Mais, vous qui m’écoutez, Romaine magnanime,
Me rendrez-vous aussi ce cœur & cette estime ?
CAMILLE.
1590 Puis que le Ciel vous rend la vertu d’un Romain,
Il vous redonne aussi mon estime & ma main.
TORQUATUS.
Allons donc rendre grace à la bonté supréme
De ce qu’elle a rendu Torquatus à luy-mesme.
FIN.