Pirame et Thisbé. Tragédie
PIRAME ET THISBÉ
TRAGÉDIE §
A MONSEIGNEUR
LE DUC
DE MONTAUSIER,
PAIR DE FRANCE, &c.
Gouverneur de Monseigneur
LE DAUPHIN. §
MONSEIGNEUR,
Plus d’une raison indispensable m’oblige à vous dédier cet Ouvrage : il est né dans une Province où les Muses font gloire d’être de votre Gouvernement, aussi bien que ses Peuples ; & d’ailleurs, MONSEIGNEUR, vous l’avez trop honoré de votre protection à la Cour, pour paroître sous un autre Nom que le vôtre. Je ne prétens point icy faire votre Eloge ; le plus Grand Monarque du Monde l’a fait luy-mesme, en vous confiant la conduite d’un jeune Prince, qui est déja l’admiration de toute l’Europe ; & il justifie assez par les augustes qualitez qui brillent en sa Personne, le choix que sa Majesté a fait de la vostre pour les cultiver. En effet, MONSEIGNEUR, quelle gloire pour vous de partager avec un si grand Monarque, le soin de l’éducation de ce jeune Heros ? Cette sagesse, cette valeur, & cette prudence consommée qui ont paru dans toutes vos Actions à la gloire de la France, lui servent de regles pour sa conduite, lors que les Actions héroïques de l’Invincible LOUIS lui servent d’exemples pour l’animer. Enfin, MONSEIGNEUR, il apprend de Vous dans le Cabinet à gouverner les Peuples, lors qu’il apprend encore de son Auguste Pere, l’art de les vaincre & de se rendre, comme luy, par son propre merite, autant au-dessus des autres Roys, qu’il est par sa naissance au dessus du reste des Hommes. C’est le seul & le plus parfait modelle que vous luy proposez, MONSEIGNEUR ; & sans luy mettre devant les yeux les Alexandres, ny les Cesars,
Pour effacer un jour tous leurs faits inoüis ;Qu’il suivi seulement les traces de LOUIS ;L’Antiquité n’a point de si parfait Modelle,Ta gloire est de l’en rendre une image fidelle ;Un exemple si grand suffit à l’exciter,Et pour les passer tous, il n’a qu’à l’imiter.
Je n’ay pû m’empescher, MONSEIGNEUR, de repeter icy ces Vers, que j’eus l’honneur de vous presenter il y a quelques années ; Vous les reçeûtes si favorablement, que j’espere un pareil traitement pour Pirame & Thisbé. C’est un coup d’essay pour le Theatre, que vous avez eu la bonté d’approuver ; Ne luy refusez pas la mesme protection sur le papier. C’est donc, MONSEIGNEUR, la continuation de cette mesme bonté que vous demande avec empressement celuy qui est, & qui sera toute sa vie avec son profond respect,
MONSEIGNEUR,
Vostre tres-humble & tres-
Obeïssant Serviteur,
PRADON.
PREFACE. §
Apres que le Public est venu en foule à cette Piece, & l’a honnorée assez long-temps de son assiduité, je ne devrois point répondre aux scrupules de quelques Particuliers ; c’est plutost un remerciment qu’une justification que je luy dois aujourd’huy. Cependant sans me prévaloir d’une réüssite qui a bien passé mes esperances ; je diray d’abord ingenuëment, que je ne prétens pas que ce coup d’essay pour le Theatre soit un chef-d’œuvre ; il y a sans doute bien des choses qui pourroient estre mieux tournées ; mais quoy qu’il en soit, elle a eü le bonheur de plaire, & c’est la premiere Regle du Theatre, & celle à qui l’on doit plutost s’attacher, qu’à toutes les Regles de la Poëtique d’Aristote. Je ne me repens donc point d’avoir traité un Sujet où Théophile avait réüssy ; On voit bien que je ne luy ay rien emprunté, que les Noms de Pirame & Thisbé, que le Galant Ovide nous a donnez à tous deux. J'y ay fait un Episode d’Amestris & de Belus, qui quoy que fondez dans l’Histoire, sont des caracteres de mon invention, aussi bien que celuy d’Arsace. Quelques-uns ont voulu dire que cet Episode l’emportoit sur le Sujet principal ; mais si l’on veut prendre la peine d’examiner leurs interests, on verra qu’ils sont si bien meslez avec ceux de Pirame & Thisbé, que toutes les démarches de ces trois Personnes ne tendent qu’à rompre l’intelligence qui est entre ces deux Amans, pour l’interest particulier de leur amour, & qu’enfin Pirame & Thisbé sont le terme & le point fondamental où aboutissent toutes les lignes de ma Pièce, comme à leur centre. Si Belus conserve ses droits contre la violence d’Amestris, & si Amestris par sa politique & par son adresse le veut détourner du Gouvernement de l’Estat, Pirame est l’objet qu’elle regarde, & Thisbé celuy de Belus, & c’est par leurs différents qu’ils causent les cruels embarras de ces Amans malheureux, qui attachent & qui intéressent toûjours le Spectateur jusqu’à la fin de la catastrophe ; la Critique mesme la plus severe y a trouvé assez de conduite pour le Theatre, & les Ames tendres y peuvent voir des sentimens de leur caractere. On a encore trouvé à redire qu’Arsace fit le recit luy-mesme de la mort de son Fils, & de celle de Thisbé ; quelques-uns ont dit que ce recit estoit trop pathetique dans la bouche d’un Pere, & que les grandes douleurs estoient muettes. Je pourrois répondre que j’en ay des exemples & chez les Anciens & chez les Modernes ; Mais enfin quand mesme ce seroit une faute de jugement dans mon Ouvrage, je puis dire que je l’ay faite avec jugement & reflexion, & ce recit a tiré tant de larmes & a fait un si grand effet, que s’il échape à ma Plume une seconde Piece de Theatre, je souhaite de tout mon cœur, qu’elle soit remplie de fautes de cette nature.
Fautes d’Impression.
Page 18. sembla le fendre, lisez sembla se fendre. Page 21. Ce Palais où j’estois noury dans les allarmes, lisez loin des allarmes. Page 50. perplexitez, lisez extremitez. Page 69. mes pleurs vous font assez connoistre mon ennuy, lisez enuie.
Il y a plusieurs autres fautes dans la ponctuation, où le Lecteur supléera, s’il luy plaist.
ACTEURS. §
- AMESTRIS, Reine de Babylone.
- BELUS, son Fils.
- THISBÉ.
- PIRAME.
- ARSACE, Père de Pirame.
- LICAS, Confident d’Arsace.
- HIRCUS, Capitaine des Gardes de Belus.
- ISMENE, Confidente de Thisbé.
- BARSINE, Confidente d’Amestris.
- GARDE. Suite de Gardes.
ACTE PREMIER. §
SCENE PREMIERE. §
ARSACE.
LICAS.
ARSACE.
LICAS.
ARSACE.
SCENE II. §
PIRAME.
ARSACE.
PIRAME.
ARSACE.
PIRAME.
ARSACE.
LICAS.
SCENE III. §
PIRAME.
AMESTRIS.
SCENE IV. §
AMESTRIS.
ARSACE.
AMESTRIS.
ARSACE.
AMESTRIS.
ARSACE.
AMESTRIS.
ARSACE.
AMESTRIS.
ARSACE.
AMESTRIS.
AMESTRIS.
ARSACE.
AMESTRIS.
ARSACE.
SCENE V. §
AMESTRIS.
BARSINE.
AMESTRIS.
SCENE VI. §
PIRAME.
Ah Madame ! auriez-vousAMESTRIS.
PIRAME.
AMESTRIS.
PIRAME.
AMESTRIS.
PIRAME.
AMESTRIS.
PIRAME.
AMESTRIS.
PIRAME.
AMESTRIStout bas.
SCENE VII. §
AMESTRIS.
Ah Dieux ! quel coupFin du Premier Acte.
ACTE II. §
SCENE PREMIERE. §
THISBÉ.
ISMENE.
THISBÉ.
ISMENE.
SCENE II. §
BELUS à Hircus.
THISBÉ.
BELUS.
THISBÉ.
BELUS.
THISBÉ.
BELUS.
THISBÉ.
BELUS.
THISBÉ.
BELUS.
THISBÉ.
BELUS.
THISBÉ.
BELUS.
SCENE III. §
THISBÉ.
He bien, que m’a-t-il fait entendre ?ISMENE.
SCENE IV. §
PIRAME.
THISBÉ.
[PIRAME.]
THISBÉ.
PIRAME.
THISBÉ.
PIRAME.
THISBÉ.
PIRAME.
THISBÉ.
PIRAME.
THISBÉ.
PIRAME.
THISBÉ.
PIRAME.
SCENE V. §
ARSACE.
THISBÉ.
ARSACE.
THISBÉ.
PIRAME.
ARSACE.
PIRAME.
ARSACE.
PIRAME.
ARSACE.
PIRAME.
ARSACE.
PIRAME.
ARSACE.
PIRAME.
SCENE VI. §
PIRAME.
LICAS.
PIRAME.
Fin du Second Acte.
ACTE III. §
SCENE PREMIERE. §
ARSACE.
LICAS.
ARSACE.
SCENE II. §
AMESTRIS.
J'ay veu le Prince vostre Fils ;ARSACE.
AMESTRIS.
ARSACE.
AMESTRIS.
SCENE III. §
AMESTRIS.
SCENE IV. §
BELUS.
AMESTRIS.
BELUS.
AMESTRIS.
BELUS.
AMESTRIS.
BELUS.
AMESTRIS.
SCENE V. §
BELUS.
SCENE VI. §
THISBÉ.
BELUS.
THISBÉ.
J'yBELUS.
THISBÉ.
BELUS.
THISBÉ.
SCENE VII. §
UN GARDE à Belus.
BELUS.
GARDE.
Que la Reine a tout mis enBELUS à Thisbé.
SCENE VIII. §
THISBÉ.
ISMENE.
THISBÉ.
Fin du Troisiéme Acte.
ACTE IV. §
SCENE PREMIERE. §
THISBÉ.
ISMENE.
THISBÉ.
ISMENE.
THISBÉ.
ISMENE.
THISBÉ.
ISMENE.
SCENE II. §
BELUS.
THISBÉ.
BELUS.
THISBÉ.
BELUS.
THISBÉ.
BELUS.
THISBÉ.
BELUS.
THISBÉ.
BELUS.
THISBÉ.
BELUS.
SCENE III. §
THISBÉ.
ISMENE.
SCENE IV. §
THISBÉ.
PIRAME.
THISBÉ.
PIRAME.
THISBÉ.
PIRAME.
THISBÉ.
PIRAME.
THISBÉ.
PIRAME.
THISBÉ.
Fin du Quatriéme Acte.
ACTE V. §
SCENE PREMIERE. §
HIRCUS.
BELUS.
Helas !HIRCUS.
BELUS.
SCENE II. §
AMESTRIS.
BELUS.
AMESTRIS.
BELUS.
SCENE III. §
GARDE.
SCENE IV. §
HIRCUS.
BELUS.
HIRCUS.
BELUS.
HIRCUS.
BELUS.
AMESTRIS.
SCENE V. §
HIRCUS.
ARSACE à Amestris.
BELUS.
ARSACE.
AMESTRIS.
ARSACE.
BELUS.
SCENE DERNIERE. §
HIRCUS.
BELUS.
ARSACE.
FIN.
Extrait du Privilege du Roy. §
Par Grace & privilege du Roy, donné à Versailles le 22. jour de Fevrier 1674. Signé, Par le Roy en son Conseil, DES VIEUX : il est permis au Sieur Pradon, de faire imprimer, vendre & debiter par tel Imprimeur ou Libraire qu’il voudra choisir, une Tragedie intitulée, PIRAME & THISBÉ, de sa composition, & ce durant le temps & espace de six années entieres, à compter du jour que la dite Tragedie sera achevée d’imprimer pour la premiere fois : Et defenses sont faites à toutes Personnes de quelque qualité & condition qu’elles soient, de l’imprimer, ou faire imprimer, vendre & debiter pendant ledit temps, sans le consentement de l’Exposant, ou de ceux qui auront droit de luy, à peine aux contrevenans de trois mille livres d’amende, confiscation des Exemplaires contrefaits, &de tous despens, dommages & interests, ainsi qu’il est porté plus au long par ledit Privilege.
Registré sur le Livre de la Communauté, suivant l’Arrest de la Cour de Parlement.
Signé, Thierry, Syndic.
Achevé d’imprimer pour la premiere fois
le 1. Mars 1674.