Régulus. Tragédie
REGULUS, TRAGEDIE. §
A MADAME LA DAUPHINE §
MADAME,
Souffrez* que Regulus paroisse à vos yeux sur le papier, aprés avoir parû sur le Theatreavec assez de bon- {p. IV ã iij}heur. Le caractere de ce fameux Romain ne pouvoit pas manquer de fraper une ame comme la vostre, dont les sentimens sont si grands & si nobles : Mais, MADAME, sans vous repeter icy ce que toute la France admire en vostre auguste Personne, c’est à vous a qui la Tragedie doit uniquement ses beautez ; c’est par le goust exquis que vous en avez, par ces lumieres* penetrantes à quirien n’échape, que vous animez encore ceux qui sont capables de faire de ces sortes d’Ouvrages, à en produire de nouveaux ; C’est, MADAME, ce qui va me faire redoubler mes soins*, pour me rendre un peu moins indigne de l’honneur de vos applaudisemens, & sans vous fatiguer de la lecture d’une plus longue Epistre en Prose, permettez- [V] moy d’en ajoûter une en Vers, que j’ay eu l’honneur de vous presenter, & de me dire avec le plus profond respect,
MADAME,
Vostre tres-humble & tres-obeïssant serviteur,
PRADON.
A MADAMELA DAUPHINE EPISTRE. §
PREFACE §
Le succés de Regulus a esté si grand, que son titre seul pouroit servir d’Apologie & de Préface pour répondre à quelques Critiques. Cependant* sans me prévaloir des beautez que ce sujet m’a fournies, & des larmes que le public y a répanduës, j’ose dire que je me sçais un peu de gré d’avoir trouvé une route que plusieurs Auteurs avoient vainement cherchée. J’ay changé quelques circonstances à l’histoire, & j’ay mis la Scene dans le Camp des Romains devant Cartage, & non pas dans Rome, pour conserver l’unité du temps & du lieu. Mais il eût esté bien fascheux de laisser dans un eternel oubly, la plus grande action qui se soit faite dans l’ancienne Rome, faute d’un peu d’invention. J’ay donc renvoyé Regulus dans le Camp des Romains, pour les porter à la guerre, qu’il va payer de sa vie, plutost qu’à la paix ; & cela a produit un si grand effet, que je voudrois faire souvent de pareilles fau- {p. XI }e] tes. On m’a reproché qu’il n’y avoit pas assez d’action dans mon second Acte. J’avoüe qu’il ne fait que preparer aux trois derniers, sur qui tombe toute l’action & tous les interests de la piece ; mais les Peintures que fait Fulvie du triomphe de son Amant*, ont paru assez belles, & mesme les plus fins connoisseurs m’ont applaudy d’avoir pû faire cinq Actes complets d’un sujet aussi simple qu’est celuy-cy. J’ay tâché de conserver ce caractere de grandeur & de fermeté dans le plus austere Romain qui ait jamais parû, & l’on me flate de l’avoir fait voir dans toute son étenduë. Je n’ay rien imité ny emprunté de personne dans un sujet tout neuf, que les anciens & les modernes ont également respecté. J’avoüe qu’il y a peu d’amour, mais je n’y en pouvois mettre davantage avec bien-sceance : Et j’ay fait cette reflection dans les representations de Regulus, que la grandeur d’ame frappe plus que la tendresse, & que le spectateur est touché plus vivement par une grande action qui l’enleve, que par un fade amour qui languit, & qui fatigue & l’Auditeur & l’Acteur. Quelques uns ont trouvé à redire que j’ay mis un enfant sur la Scene, mais j’ay suivy mot à mot l’histoire, & ce qu’en dit le fameux Horace,
Fertur pudicæ conjugis osculum {p. XII}Parvosque natos, ut capitis minorA se removisse, & virilemTorvus humi posuisse vultum .
Ces Vers me doivent fort justifier de cette nouveauté, qui a produit un si grand effet, & qui a fait dire des choses si touchantes à Regulus, qu’elles font toute la beauté du cinquiéme Acte. Le caractere de Mannius est fondé dans l’histoire ; & Florus, dans lequel j’ay pris mon sujet, nous apprend la revolte de ce Tribun qui fis soulever tout le Camp des Romains contre Regulus. Je luy ay donné un interest d’amour & de jalousie qui sert à mon action principale. J’avoüe que le caractere de Fulvie est entierement de mon invention, & qu’elle fait l’epizode de ma Piece, on l’y trouve amenée avec bien sceance, & elle a des sentimens assez dignes d’une Romaine, pour ne pas faire rougir Regulus du dessein qu’il a de l’épouser aprés la prise de Cartage. Enfin sans faire une plus longue discution, je puis dire que cét Ouvrage a frapé si vivement tout le public, & les Acteurs en ont remply si dignement les caracteres, que cela me doit encourager à l’avenir à travailler avec plus d’ap- {p. XIII} plication que jamais, & à chercher des sujets dont la grandeur soutienne celuy de Regulus, qui a trompé les Satyriques, puisqu’il a eu un sort* à Paris moins cruel que celuy qu’il eut à Cartage.
ACTEURS §
{p. XIV}- REGULUS ATTILIUS Consul, Commandant l’armée des Romains devant Cartage.
- METELLUS, Proconsul de l’Afrique, pere de Fulvie.
- FULVIE, fille de Metellus, promise à Regulus.
- Le jeune ATTILIUS, fils de Regulus, amené dans le Camp par son pere.
- PRISCUS, Chef de deux Legions envoyé à Regulus par le Senat.
- MANNIUS, Tribun militaire, ennemy caché de Regulus, & son rival.
- LEPIDE, Gouverneur du jeune Attilius.
- FAUSTINE, Confidente de Fulvie.
- MARCELLE, autre Femme de la suite de Fulvie.
ACTE PREMIER. §
SCENE PREMIERE. §
METELLUS.
PRISCUS
{p. 2}METELLUS.
PRISCUS
METELLUS
PRISCUS
METELLUS.
SCENE II. §
PRISCUS à Regulus.
REGULUS.
PRISCUS.
REGULUS.
METELLUS.
REGULUS.
METELLUS.
REGULUS.
SCENE III. §
REGULUS.
REGULUS.
METELLUS.
REGULUS.
METELLUS.
REGULUS.
METELLUS.
REGULUS.
SCENE IV. §
MANNIUS.
REGULUS.
MANNIUS.
REGULUS.
SCENE V. §
MANNIUS.
ACTE II §
SCENE PREMIERE. §
FULVIE.
FAUSTINE.
FULVIE.
FAUSTINE.
FULVIE.
FAUSTINE.
FULVIE.
SCENE II §
REGULUS.
FULVIE.
REGULUS.
FULVIE.
REGULUS.
FULVIE.
REGULUS.
FULVIE.
REGULUS.
FULVIE.
REGULUS.
FULVIE.
SCENE III. §
REGULUS.
METELLUS.
REGULUS.
SCENE IV. §
METELLUS.
FULVIE.
METELLUS.
FULVIE.
METELLUS.
FULVIE.
METELLUS.
FULVIE.
METELLUS.
SCENE V. §
FULVIE.
SCENE VI. §
MANNIUS.
FULVIE
SCENE VII. §
MANNIUS.
Fin du second Acte.
ACTE III. §
SCENE PREMIERE. §
METELLUS.
PRISCUS.
METELLUS.
PRISCUS.
METELLUS.
PRISCUS.
SCENE II. §
FULVIE.
METELLUS.
METELLUS.
{p. 35}FULVIE.
METELLUS.
FULVIE.
METELLUS.
{p. 36}SCENE III. §
FULVIE.
FAUSTINE.
{p. 37 D}FULVIE.
SCENE IV. §
MANNIUS.
FULVIE.
FULVIE.
MANNIUS.
FULVIE.
MANNIUS.
FULVIE.
MANNIUS.
{p. 39 D ij}FULVIE.
MANNIUS.
FULVIE.
MANNIUS.
SCENE V. §
FULVIE.
SCENE VI. §
LEPIDE.
FULVIE.
LEPIDE.
FULVIE.
SCENE VII. §
METELLUS.
FULVIE.
METELLUS.
FULVIE.
METELLUS à Lepide.
SCENE VIII. §
METELLUS.
PRISCUS.
METELLUS.
PRISCUS.
METELLUS.
SCENE IX. §
LEPIDE.
METELLUS.
Fin du troisième Acte.
ACTE IV. §
SCENE PREMIERE. §
MANNIUS.
SCENE II. §
LEPIDE.
MANNIUS.
LEPIDE.
MANNIUS.
LEPIDE.
MANNIUS.
LEPIDE.
MANNIUS.
LEPIDE.
MANNIUS.
SCENE III. §
REGULUS.
METELLUS.
REGULUS.
METELLUS.
REGULUS.
PRISCUS.
{p. 53 E iij}REGULUS.
REGULUS.
PRISCUS.
REGULUS.
{p. 54}METELLUS.
REGULUS.
METELLUS.
REGULUS.
LEPIDE.
REGULUS.
MANNIUS.
REGULUS.
REGULUS.
Mannius, soyez un peu moinsMANNIUS.
REGULUS.
SCENE IV. §
REGULUS.
METELLUS.
REGULUS.
METELLUS.
REGULUS.
{p. 59}SCENE V. §
FULVIE.
METELLUS.
FULVIE.
METELLUS.
FULVIE.
METELLUS.
METELLUS.
SCENE VI. §
FULVIE.
SCENE VII. §
PRISCUS.
FULVIE.
PRISCUS.
FULVIE.
Fin du quatrième Acte.
ACTE V. §
SCENE PREMIERE. §
REGULUS.
LEPIDE.
{p. 63 F iij}REGULUS.
SCENE II. §
PRISCUS.
REGULUS.
PRISCUS.
REGULUS.
SCENE III. §
FULVIE.
REGULUS.
FULVIE.
REGULUS.
FULVIE.
REGULUS.
SCENE IV. §
Le jeune ATTILIUS.
REGULUS.
FULVIE.
SCENE V. §
REGULUS.
METELLUS.
REGULUS.
FULVIE.
REGULUS.
Le jeune ATTILIUS.
METELLUS.
SCENE VI. §
FULVIE.
Le jeune ATTILIUS.
LEPIDE.
Le jeune ATTILIUS.
LEPIDE.
SCENE VII. §
FULVIE.
FAUSTINE.
SCENE VIII. §
MARCELLE.
FULVIE.
MARCELLE.
FULVIE.
SCENE DERNIERE. §
PRISCUS.
FULVIE.
PRISCUS.
{p. 77}FULVIE.
FIN.
EXTRAIT DV PRIVILEGE du Roy. §
Par Grace & Privilege du Roy, donné à le jour de 1688. Signé Par le Roy en son Conseil, Du Gono. Il est permis au Sieur Pradon, de faire imprimer, vendre & debiter par tel Imprimeur ou Libraire qu’il voudra choisir, une Piece de Theatre de sa composition, intitulée Regulus, Tragedie, pendant le temps de six années, à compter du jour que ladite Piece sera achevée d’imprimer pour la premiere fois : Pendant lequel temps faisons tres-expresse inhibition* & deffense à toute personnes , de quelque qualité & condition qu’elles soient, de faire imprimer, vendre & debiter par tous les lieux de nostre obeïssance d’autre Edition que celle du Sieur Pradon, ou de ceux qui auront droit de luy, à peine de trois mil livres d’amende payables sans deport par chacun des contrevenans, confiscation des Exemplaires contrefaits, & autres peines plus au long contenuës dans lesdites Lettres.
Registré sur le Livre de la Communauté des Imprimeurs & Libraires de Paris, le 1688. suivant l’Arrest du Parlement du 8. avril 1653. celuy du Conseil Privé du Roy, du 17. Fevrier 1665. & l’Edit de la sa Majesté donné à Versailles au mois d’Aoust 1686.
I. B. COIGNARD, Syndic.
Achevé d’imprimer pour la premiere fois le 3. Mars 1688.