Tamerlan ou la Mort de Bajazet. Tragédie
TAMERLAN,
OU LA MORT
DE BAJAZET,
TRAGEDIE. §
A MONSIEUR DESMARETZ,
CONSEILLER DU ROY EN TOUS SES CONSEILS*,
Et Maistre des Requestes ordinaire de son Hostel. §
MONSIEUR,
Vous m’avez trop fait connoistre* que vous estiez ennemy des loüanges, pour vous en donner ; ainsi n’ayez plus de crainte d’une Epistre Dédicatoire. Je supprime dans celle-cy (puis que vous le voulez) jusques aux moindres choses qui pourroient allarmer vostre modestie. Cependant prenez garde, que pour éviter une affaire avec elle, vous ne m’en fassiez une avec la Verité. Mais, MONSIEUR, vous en répondrez et pour elle et pour moy ; j’aime mieux la condamner au silence, que de luy servir d’un foible Interprete : D’ailleurs vous faites assez connoistre* ce que vous valez, sans avoir besoin qu’un autre que vostre mérite en parle pour vous. Tout le monde sçait avec quelle assiduité vous vous acquitez des Emplois qui vous attachent incessamment aupres de MONSEIGNEUR vostre Oncle, et que vous donnez tout au travail et rien au plaisir, lors* que vous estes dans le plus bel âge de le prendre ; Mais, MONSIEUR, je voy que cecy pouroit encore vous déplaire, et j’aime mieux vous offrir TAMERLAN, qui vous épargnera la fatigue d’une Epistre plus longue. J’espere* que malgré le grand nombre d’Affaires qui vous environnent, vous donnerez quelques momens à la lecture de cet Ouvrage, et que vous me ferez la grace de le recevoir comme une marque du respect avec lequel je suis,
MONSIEUR,
Vostre tres-humble et tres-obeïssant Serviteur,
PRADON.
AU LECTEUR. §
Je ne feray point icy l’Apologie de cette Piece ; Il suffit pour luy servir de sauvegarde contre la Critique la plus envenimée, qu’elle ait eu l’honneur de plaire au plus Grand Roy du Monde, et à la plus galante* et la plus spirituelle Cour de l’Europe ; Apres cela, je dois estre plus que content*, et me mettre fort peu en peine, lors* qu’elle a esté universellement approuvée de tous les honnestes* Gens, de la malice* et du chagrin* de quelques Particuliers : Ceux-cy ont fait tout leur possible, ou par eux, ou par leurs organes*, pour la décrier et pour la perdre*. A la vérité je ne croyois pas estre encor digne d’un si grand déchaînement, mais l’envie* m’a trop fait d’honneur, et m’a traité en plus grand Auteur que je ne suis. Si Thisbé n’avoit pas esté si loin, peut-estre qu’on eut laissé un libre cours à Tamerlan, et qu’on ne l’eût pas étoufé (comme on a fait) dans le plus fort de son succez. C’est le jugement que tous les Gens des-interessez, et qui n’agissent point par les ressorts de la Cabale*, ont fait de cette injustice, qui m’a esté plus glorieuse* dans le monde, qu’un plus ample succez. Cependant je ne doute pas qu’il n’y ait plusieurs fautes dans cet Ouvrage, je ne prétens pas estre infaillible ; et si nos Maistres du Theatre, qui y regnent avec tant d’empire* et de justice, sont exposez eux-mesmes à des Critiques qui leur ont donné tant d’émotion, pourquoy un jeune Auteur qui commence, et qui n’est encor qu’à sa seconde Piece, en seroit-il plus exempt qu’eux ? Il seroit seulement à souhaiter que ces Messieurs tinssent le mesme langage qu’ils font tenir à leurs Héros, qu’en faisant admirer leurs Ouvrages, ils fissent admirer en mesme temps leur procedé*, et que les sentimens de leur cœur fussent aussi genereux* et aussi grands que ceux de leur esprit : Ils ne s’abaisseroient point à crier quand on leur imite une syllabe sur des choses qui ne sont point de beauté, qui n’ont aucun brillant particulier, et dont tout le monde auroit esté contraint* de se servir necessairement, dans des Incidens* tirez des entrailles d’un Sujet, comme des 24. Lettres de l’Alphabet, qui doivent estre communes à tous ceux qui se meslent* d’écrire. D’ailleurs s’ils faisoient refléxion sur plusieurs de leurs Pieces, ils verroient, qu’ils sont eux-mesmes encor moins scrupuleux sur des imitations plus fortes, et on pourroit leur faire connoistre* qu’ils se souviennent aussi-bien des Modernes que des Anciens, et qu’ils possedent avec autant d’avantage les beautez de Tristan, de Mairet et de Rotrou, que celles d’Homere, de Sophocle et d’Euripide.
Au reste, je n’entreray point dans le détail de cet Ouvrage, je l’expose au Public afin qu’il en juge luy-mesme, sans tascher de le prévenir* inutilement. J’ay fait un honneste Homme de Tamerlan, contre l’opinion de certaines Gens, qui vouloient qu’il fut tout-à-fait brutal, et qu’il fit mourir jusques aux Gardes. J’ay tasché d’apporter un tempérament* à sa ferocité naturelle, et d’y mesler un caractere de grandeur et de genérosité*, qui est fondé dans l’Histoire, puis qu’il refusa l’Empire* des Grecs, et qu’il a esté un des plus grands Hommes du Monde : Cela se peut voir dans Calchondile, et sur tout dans une Traduction d’un Auteur Arabe, où la Vie de Tamerlan et ses grandes actions sont écrites tout au long. J’ay intitulé la Piece,Tamerlan, ou la Mort de Bajazet, puis que c’est la mort de Bajazet qui en fait la catastrophe*. Je ne diray rien de son caractere, l’Histoire nous marque assez que ce Prince fut intrépide, et méprisa Tamerlan et la vie, jusqu’au dernier soûpir. Voila tout ce que j’avois à dire sur cette Tragedie, peut-estre vivra-t-elle autant sur le papier; que certains Ouvrages qui ne tirent leur succez que de la Déclamation, dont les Auteurs sont les Maistres, et qui ne reüssit que pour eux. Je souhaite que si celuy-cy m’a attiré leurs mauvaises intentions, je me rende encor plus digne à l’avenir de leur chagrin*.
Le lecteur me fera assez de justice, pour ne me pas imputer quelques fautes qui se sont coulées dans l’Impression, et que j’ay marquées à la fin de la Piece.
ACTEURS. §
- TAMERLAN, Empereur des Tartares.
- BAJAZET, Empereur des Turcs.
- ASTERIE, Fille de Bajazet.
- ANDRONIC, Prince Grec, refugié à la Cour de Tamerlan.
- LEON, Confident d’Andronic.
- TAMUR, Capitaine des Gardes de Tamerlan.
- ZAIDE, Confidente d’Astérie.
- SUITE DE GARDES.
ACTE I. §
SCENE PREMIERE. §
ANDRONIC.
LEON.
ANDRONIC.
LEON.
ANDRONIC.
LEON.
{p. 5}ANDRONIC.
LEON.
ANDRONIC.
SCENE II. §
BAJAZET.
ANDRONIC.
BAJAZET.
{p. 7}ANDRONIC.
BAJAZET.
ANDRONIC.
BAJAZET.
SCENE III. §
ANDRONIC.
SCENE IV. §
TAMERLAN.
ANDRONIC.
TAMERLAN.
ANDRONIC.
TAMERLAN.
ANDRONIC.
{p. 11}TAMERLAN.
ANDRONIC.
TAMERLAN.
ANDRONIC.
TAMERLAN.
ANDRONIC.
TAMERLAN.
SCENE V. §
ANDRONIC.
Fin du Premier Acte.
ACTE II. §
SCENE PREMIERE. §
ASTERIE.
ZAIDE.
ASTERIE.
ZAIDE.
ASTERIE.
ZAIDE.
ASTERIE.
ZAIDE.
ASTERIE.
ZAIDE.
ASTERIE.
ZAIDE.
SCENE II. §
TAMERLAN.
ASTERIE.
TAMERLAN.
TAMERLAN.
{p. 19}ASTERIE.
TAMERLAN.
ASTERIE à part.
TAMERLAN.
ASTERIE.
TAMERLAN.
ASTERIE.
TAMERLAN.
ASTERIE.
TAMERLAN.
SCENE III §
ASTERIE.
SCENE IV. §
ASTERIE.
ANDRONIC.
ASTERIE.
ANDRONIC.
ASTERIE.
ANDRONIC.
ASTERIE.
{p. 25, C}ANDRONIC.
ASTERIE.
ANDRONIC.
ASTERIE.
SCENE V. §
LEON.
ASTERIE.
Fin du Second Acte.
ACTE III. §
SCENE PREMIERE. §
BAJAZET en entrant.
BAJAZET.
ANDRONIC.
BAJAZET.
Non, ç’en est fait, je ne veux rienANDRONIC.
BAJAZET.
ANDRONIC.
BAJAZET.
ANDRONIC.
BAJAZET.
ANDRONIC.
SCENE II. §
BAJAZET.
Hé bien, viens-tu joüir de maTAMERLAN.
BAJAZET.
{p. 33}TAMERLAN.
BAJAZET.
TAMERLAN.
BAJAZET.
C’est ce que jeTAMERLAN.
BAJAZET en sortant.
SCENE III. §
{p. 35}ANDRONIC.
TAMERLAN.
ANDRONIC.
TAMERLAN.
ANDRONIC.
ANDRONIC.
TAMERLAN.
SCENE IV. §
ASTERIE.
TAMERLAN.
ASTERIE.
TAMERLAN.
SCENE V. §
ANDRONIC.
ASTERIE.
ANDRONIC.
ASTERIE.
{p. 39}ANDRONIC.
ASTERIE.
ANDRONIC.
SCENE VI. §
BAJAZET.
ASTERIE.
BAJAZET.
ASTERIE.
BAJAZET.
ASTERIE.
ASTERIE.
{p. 43}BAJAZET.
ASTERIE.
BAJAZET.
Fin du Troisiéme Acte.
ACTE IV. §
SCENE PREMIERE. §
LEON.
ANDRONIC.
SCENE II. §
ASTERIE.
ANDRONIC.
ASTERIE.
ANDRONIC.
ASTERIE.
ANDRONIC.
ASTERIE.
{p. 48}ASTERIE.
ANDRONIC.
ASTERIE.
ANDRONIC.
ASTERIE.
{p. 49, E}ANDRONIC.
ASTERIE.
ANDRONIC.
ASTERIE.
SCENE III. §
TAMERLAN.
ASTERIE.
TAMERLAN.
ANDRONIC.
TAMERLAN.
Vous prenez trop de soin de mesANDRONIC.
TAMERLAN.
ANDRONIC.
TAMERLAN à Astérie.
ASTERIE.
TAMERLAN.
ASTERIE.
{p. 53}ANDRONIC.
TAMERLAN.
ANDRONIC.
TAMERLAN.
ANDRONIC.
TAMERLAN.
ASTERIE. à Andronic.
ANDRONIC.
SCENE IV. §
TAMERLAN.
SCENE V. §
ASTERIE.
Fin du Quatriéme Acte.
ACTE V. §
SCENE PREMIERE. §
ASTERIE.
ZAIDE.
ASTERIE.
ZAIDE.
ASTERIE.
SCENE II. §
TAMERLAN.
TAMUR.
TAMERLAN.
TAMUR.
TAMERLAN.
TAMUR.
TAMERLAN.
SCENE III. §
TAMERLAN.
ASTERIE.
TAMERLAN.
TAMERLAN.
ASTERIE.
TAMERLAN.
ASTERIE.
TAMERLAN.
{p. 64}SCENE IV. §
ANDRONIC à Astérie.
TAMERLAN.
{p. 65}ANDRONIC.
ASTERIE.
SCENE V. §
BAJAZET.
ASTERIE.
BAJAZET.
Que je meTAMERLAN.
BAJAZET.
ASTERIE.
ASTERIE à Andronic.
ANDRONIC.
BAJAZET.
Vostre amitiéASTERIE.
TAMERLAN.
Quoy ? veux-tu me dérober laBAJAZET.
TAMERLAN.
ASTERIE.
TAMERLAN.
ASTERIE.
SCENE DERNIERE. §
TAMERLAN.
Extrait du Privilege du Roy. §
Par Grace et Privilege du Roy, donné à Saint Germain en Laye le 16. Janvier 1676. Signé, Par le Roy en son Conseil, Desvieux : Il est permis au Sieur PRADON de faire imprimer, vendre et debiter par tel Imprimeur ou Libraire qu’il voudra choisir, une Piece de Theatre de sa composition, intitulée Tamerlan, ou La Mort de Bajazet, pendant le temps et espace de huit années, à commencer du jour qu’elle sera achevée d’imprimer pour la premiere fois ; avec defenses à toutes Personnes, de quelque qualité et condition qu’elles soient, d’en imprimer, ou faire imprimer, vendre et distribuer, en tous les Lieux du Royaume et Terres de l’obeïssance, d’autre Edition que de celle dudit Sieur de Pradon, ou de ceux qui auront droit de luy, à peine de trois mille livres d’amende, payable sans déport par chacun des contrevenans, confiscation des Exemplaires contrefaits, et autres peines plus au long contenues dans lesdites Lettres.
Registré sur le Livre de la Communauté des Libraires et Imprimeurs, Signé THIERRY, Syndic.
Achevé d’imprimer pour la premiere fois le 30. Janvier 1676.