Alexandre le grand
, tragédie.
publié par Paul FIEVRE, mai 2006, revu mai 2011, revu octobre 2015
M. DC. LXVI. AVEC PRIVILÈGE DU ROI.
Extrait du privilège du Roi. §
Par Grâce et privilège du Roi, donné à Paris le 30 jour de Décembre 1665, signé par le roi en son conseil, DEMALON : il est permis à Jean RACINE, de faire imprimer, vendre et débiter, par tel libraire ou imprimeur qu’il voudra choisir une pièce de théâtre de sa composition, intitulée, Alexandre le Grand, tragédie, et ce durant le temps et espace de cinq années entières et accomplies, à commencer du jour que la dite pièce sera achevée d’imprimer pour la première fois : et défenses sont faites à tous autres libraires et imprimeurs, de l’imprimer, faire imprimer, vendre et débiter, sans le consentement de l’exposant, ou de ceux qui auront droit de lui, à peine aux contrevenants de trois mille livres d’amende, confiscation des exemplaires contrefaits, et de tous dépens, dommages et intérêts, ainsi que plus au long il est porté par le dit privilège.
Registré sur le livre de la communauté, suivant l’arrêt de la cour de parlement. Fait à Paris le 7 janvier 1666, signé S. PIGET, syndic.
Le dit Sieur RACINE a fait transport de son privilège à Pierre Trabouillet et Thédore Girard, pour en jouir suivant l’accord fait entre eux.
Achevé d’imprimer §
Achevé d’imprimer pour la première fois le 13 janvier 1666
SIRE, §
Voici une seconde entreprise qui n’est pas moins hardie que la première. Je ne me contente pas d’avoir mis à la tête de mon ouvrage le nom d’Alexandre, j’y ajoute encore celui de VOTRE MAJESTÉ, c’est-à-dire que j’assemble tout ce que le siècle présent et les siècles passés nous peuvent fournir de plus grand. Mais, SIRE, j’espère que VOTRE MAJESTÉ ne condamnera pas cette seconde hardiesse, comme elle n’a pas désapprouvé la première. Quelques efforts que l’on eût faits pour lui défigurer mon héros, il n’a pas plutôt paru devant elle, qu’elle l’a reconnu pour Alexandre. Et à qui s’en rapportera-t-on, qu’à un roi dont la gloire est répandue aussi loin que celle de ce conquérant, et devant qui l’on peut dire que tous les peuples du monde se taisent comme l’Écriture l’a dit d’Alexandre ? Je sais bien que ce silence est un silence d’étonnement et d’admiration, que jusques ici la force de vos armes ne leur a pas tant imposé que celle de vos vertus. Mais, SIRE, votre réputation n’en est pas moins éclatante, pour n’être point établie sur les embrasements et sur les ruines ; et déjà VOTRE MAJESTÉ est arrivée au comble de la gloire par un chemin plus nouveau et plus difficile que celui par où Alexandre y est monté. Il n’est pas extraordinaire de voir un jeune homme gagner des batailles, de le voir mettre le feu par toute la terre. Il n’est pas impossible que la jeunesse et la fortune l’emportent victorieux jusqu’au fond des Indes. L’histoire est pleine de jeunes conquérants ; et l’on sait avec quelle ardeur VOTRE MAJESTÉ elle-même a cherché les occasions de se signaler dans un âge où Alexandre ne faisait encore que pleurer sur les victoires de son père. Mais elle me permettra de lui dire que devant elle, on n’a point vu de roi qui, à l’âge d’Alexandre, ait fait paraître la conduite d’Auguste ; qui, sans s’éloigner presque du centre de son royaume, ait répandu sa lumière jusqu’au bout du monde ; et qui ait commencé sa carrière par où les plus grands princes ont tâché d’achever la leur. On a disputé chez les anciens si la fortune n’avait point eu plus de part que la vertu dans les conquêtes d’Alexandre. Mais quelle part la fortune peut-elle prétendre aux actions d’un roi qui ne doit qu’à ses seuls conseils l’état florissant de son royaume, et qui n’a besoin que de lui-même, pour se rendre redoutable à toute l’Europe ? Mais, SIRE, je ne songe pas qu’en voulant louer VOTRE MAJESTÉ je m’engage dans une carrière trop vaste et trop difficile. Il faut auparavant m’essayer encore sur quelques autres héros de l’antiquité ; et je prévois qu’à mesure que je prendrai de nouvelles forces, VOTRE MAJESTÉ se couvrira elle-même d’une gloire toute nouvelle ; que nous la reverrons peut-être, à la tête d’une armée, achever la comparaison qu’on peut faire d’elle et d’Alexandre, et ajouter le titre de conquérant à celui du plus sage roi de la terre. Ce sera alors que vos sujets devront consacrer toutes leurs veilles au récit de tant de grandes actions, et ne pas souffrir que VOTRE MAJESTÉ ait lieu de se plaindre, comme Alexandre, qu’elle n’a eu personne de son temps qui pût laisser à la postérité la mémoire de ses vertus. Je n’espère pas être assez heureux pour me distinguer par le mérite de mes ouvrages, mais je sais bien que je me signalerai au moins par le zèle et la profonde vénération avec laquelle je suis,
SIRE
DE VOTRE MAJESTÉ, Le très humble, très obéissant, et très fidèle serviteur et sujet,
PRÉFACE §
Je ne rapporterai point ici ce que l’histoire dit de Porus, il faudrait copier tout le huitième livre de Quinte-Curce ; et je m’engagerai moins encore à faire une exacte apologie de tous les endroits qu’on a voulu combattre dans ma pièce. Je n’ai pas prétendu donner au public un ouvrage parfait : je me fais trop justice pour avoir osé me flatter de cette espérance. Avec quelque succès qu’on ait représenté mon Alexandre, et quoique les premières personnes de la terre et les Alexandres de notre siècle se soient hautement déclarés pour lui, je ne me laisse point éblouir par ces illustres approbations. Je veux croire qu’ils ont voulu encourager un jeune homme, et m’exciter à faire encore mieux dans la suite ; mais j’avoue que, quelque défiance que j’eusse de moi-même, je n’ai pu m’empêcher de concevoir quelque opinion de ma tragédie, quand j’ai vu la peine que se sont donnée certaines gens pour la décrier. On ne fait point tant de brigues contre un ouvrage qu’on n’estime pas ; on se contente de ne plus le voir quand on l’a vu une fois, et on le laisse tomber de lui-même, sans daigner seulement contribuer à sa chute. Ce n’est pas, comme j’ai déjà dit, que je croie ma pièce sans défauts. On sait avec quelle déférence j’ai écouté les avis sincères de mes véritables amis, et l’on verra même que j’ai profité en quelques endroits des conseils que j’en ai reçus. Mais je n’aurais jamais fait si je m’arrêtais aux subtilités de quelques critiques, qui prétendent assujettir le goût du public aux dégoûts d’un esprit malade, qui vont au théâtre avec un ferme dessein de n’y point prendre de plaisir, et qui croient prouver à tous les spectateurs, par un branlement de tête et par des grimaces affectées, qu’ils ont étudié à fond la Poétique d’Aristote.
En effet, que répondrais-je à ces critiques qui condamnent jusques au titre de ma tragédie, et qui ne veulent pas que je l’appelle Alexandre, quoique Alexandre en fasse la principale action, et que le véritable sujet de la pièce ne soit autre chose que la générosité de ce conquérant ? Ils disent que je fais Porus plus grand qu’Alexandre. Et en quoi paraît-il plus grand ? Alexandre, n’est-il pas toujours le vainqueur ? Il ne se contente pas de vaincre Porus par la force de ses armes, il triomphe de sa fierté même par la générosité qu’il fait paraître en lui rendant ses États. Ils trouvent étrange qu’Alexandre, après avoir gagné la bataille, ne retourne pas à la tête de son armée, et qu’il s’entretienne avec sa maîtresse, au lieu d’aller combattre un petit nombre de désespérés qui ne cherchent qu’à périr. Cependant, si l’on en croit un des plus grands capitaines de ce temps, Éphestion n’a pas dû s’y trouver lui-même. Je ne réponds rien à ceux qui blâment Alexandre de rétablir Porus en présence de Cléofile. C’est assez pour moi que ce qui passe pour une faute auprès de ces esprits qui n’ont lu l’histoire que dans les romans, et qui croient qu’un héros ne doit jamais faire un pas sans la permission de sa maîtresse, a reçu des louanges de ceux qui, étant eux-mêmes de grands héros, ont droit de juger de la vertu de leurs pareils. Enfin la plus grande objection que l’on me fasse, c’est que mon sujet est trop simple et trop stérile.
Je ne représente point à ces critiques le goût de l’antiquité. Mais de quoi se plaignent-ils, si toutes mes scènes sont bien remplies, si elles sont bien liées nécessairement les unes aux autres, si tous mes acteurs ne viennent point sur le théâtre que l’on ne sache la raison qui les y fait venir et si, avec peu d’incidents et peu de matière, j’ai été assez heureux pour faire une pièce qui les a peut-être attachés malgré eux depuis le commencement jusqu’à la fin ? Mais ce qui me console, c’est de voir mes censeurs s’accorder si mal ensemble : les uns disent que Taxile n’est point assez honnête homme, les autres, qu’il ne mérite point sa perte ; les uns soutiennent qu’Alexandre n’est point assez amoureux, les autres, qu’il ne vient sur le théâtre que pour parler d’amour. Ainsi je n’ai pas besoin que mes amis se mettent en peine de me justifier, je n’ai qu’à renvoyer mes ennemis à mes ennemis, et je me repose sur eux de la défense d’une pièce qu’ils attaquent en si mauvaise intelligence, et avec des sentiments si opposés.
ACTEURS §
- ALEXANDRE.
- PORUS, Roi dans les Indes.
- TAXILE, Roi dans les Indes.
- AXIANE, Reine d’une autre partie des Indes.
- CLÉOFILE, soeur de Taxile.
- ÉPHESTION.
- SUITE D’ALEXANDRE
ACTE I §
SCÈNE PREMIÈRE. Taxile, Cléofile. §
CLÉOFILE.
TAXILE.
CLÉOFILE.
TAXILE.
CLÉOFILE.
TAXILE.
CLÉOFILE.
TAXILE.
CLÉOFILE.
TAXILE.
CLÉOFILE.
TAXILE.
CLÉOFILE.
SCÈNE II. Porus, Taxile. §
PORUS.
TAXILE.
PORUS.
TAXILE.
PORUS.
TAXILE.
PORUS.
TAXILE.
PORUS.
TAXILE.
PORUS.
TAXILE.
PORUS.
TAXILE.
PORUS.
TAXILE.
PORUS.
TAXILE.
PORUS.
TAXILE.
PORUS.
TAXILE.
PORUS.
TAXILE.
PORUS.
TAXILE.
SCÈNE III. Porus, Axiane. §
AXIANE.
PORUS.
AXIANE.
PORUS.
AXIANE.
PORUS.
AXIANE.
PORUS.
AXIANE.
PORUS.
AXIANE.
PORUS.
ACTE II §
SCÈNE PREMIÈRE. Cléofile, Éphestion. §
ÉPHESTION.
CLÉOFILE.
ÉPHESTION.
CLÉOFILE.
ÉPHESTION.
CLÉOFILE.
ÉPHESTION.
CLÉOFILE.
SCÈNE II. Porus, Taxile, Éphestion. §
ÉPHESTION.
TAXILE.
PORUS.
ÉPHESTION.
PORUS.
ÉPHESTION, en se levant.
PORUS.
SCÈNE III. Porus, Taxile. §
TAXILE.
PORUS.
SCÈNE IV. Axiane, Porus, Taxile. §
AXIANE, à Taxile.
TAXILE.
AXIANE.
TAXILE.
SCÈNE V. Axiane, Porus. §
AXIANE.
PORUS.
AXIANE.
PORUS.
AXIANE.
PORUS.
AXIANE.
PORUS.
AXIANE.
ACTE III §
SCÈNE PREMIÈRE. Axiane, Cléofile. §
AXIANE.
CLÉOFILE.
AXIANE.
CLÉOFILE.
AXIANE.
CLÉOFILE.
AXIANE.
CLÉOFILE.
AXIANE.
CLÉOFILE.
AXIANE.
CLÉOFILE.
AXIANE.
SCÈNE II. Taxile, Axiane, Cléofile. §
TAXILE.
AXIANE.
TAXILE.
AXIANE.
TAXILE.
AXIANE.
TAXILE.
AXIANE.
SCÈNE III. Taxile, Cléofile. §
CLÉOFILE.
TAXILE.
CLÉOFILE.
TAXILE.
SCÈNE IV. Alexandre, Taxile, Cléofile, Éphestion, Suite d’Alexandre. §
ALEXANDRE.
SCÈNE V. Alexandre, Taxile, Cléofile. §
ALEXANDRE, à Taxile.
TAXILE.
ALEXANDRE.
SCÈNE VI. Alexandre, Cléofile. §
ALEXANDRE.
CLÉOFILE.
ALEXANDRE.
CLÉOFILE.
ALEXANDRE.
CLÉOFILE.
ALEXANDRE.
CLÉOFILE.
ALEXANDRE.
SCÈNE VII. Alexandre, Cléofile, Éphestion. §
ALEXANDRE.
ÉPHESTION.
ALEXANDRE.
ACTE IV §
SCÈNE PREMIÈRE. §
AXIANE, seule.
SCÈNE II. Alexandre, Axiane. §
AXIANE.
ALEXANDRE.
AXIANE.
ALEXANDRE.
AXIANE.
ALEXANDRE.
AXIANE.
ALEXANDRE.
AXIANE.
ALEXANDRE.
AXIANE.
ALEXANDRE.
SCÈNE III. Axiane, Taxile. §
AXIANE.
TAXILE.
AXIANE.
TAXILE.
AXIANE.
TAXILE.
AXIANE.
TAXILE.
SCÈNE IV. Taxile, Cléofile. §
CLÉOFILE.
TAXILE.
CLÉOFILE.
TAXILE.
CLÉOFILE.
SCÈNE V. §
TAXILE, seul.
ACTE V §
SCÈNE PREMIÈRE. Alexandre, Cléofile. §
ALEXANDRE.
CLÉOFILE.
ALEXANDRE.
CLÉOFILE.
ALEXANDRE.
CLÉOFILE.
ALEXANDRE.
CLÉOFILE.
SCÈNE II. Alexandre, Axiane, Cléofile. §
ALEXANDRE.
AXIANE.
ALEXANDRE.
AXIANE.
ALEXANDRE.
AXIANE.
ALEXANDRE.
AXIANE.
CLÉOFILE.
AXIANE.
ALEXANDRE.
SCÈNE III. Alexandre, Porus, Axiane, Cléofile, Éphestion, Gardes d’Alexandre. §
ALEXANDRE.
PORUS.
ALEXANDRE.
PORUS.
ALEXANDRE.
CLÉOFILE.
ÉPHESTION.
CLÉOFILE.
AXIANE.
PORUS.
ALEXANDRE.
PORUS.
ALEXANDRE.
AXIANE.
PORUS.
CLÉOFILE.
ALEXANDRE.