M. DC. LXVIII. AVEC PRIVILÈGE DU ROI.
Représenté la première fois 17 novembre 1667, dans l’Appartement de la Reine, et sans doute reprise le 18 novembre 1667 (selon Georges Forestier) au Théâtre de l’Hôtel de Bourgogne.
PRIVILÈGE DU ROI §
[Ce privilège est celui de l’exemplaire Rés. Yf-3206 de la BnF].
Louis par la Grâce de Dieu, Roi de France et de Navarre ; à nos âmes et féaux Conseillers les gens tenants nos Cours de Parlement ; maîtres de requêtes ordinaires de notre hôtel, Prévôt de Paris, Baillifs, Sénéchaux, leurs lieutenants civils, et autres nos justiciers, et officiers qu’il appartiendra, Salut. Notre bien aimé Jean RACINE, prieur de l’Epinay, nous a fait remontrer qu’il a composé une pièce de théâtre, qu’il désirerait faire imprimer, et donner au public, sous le titre de « l’Andromaque », mais il craint qu’ayant fait la dépense de l’impression de ce livre, d’autres n’entreprissent de l’imprimer à son préjudice, s’il n’avait pour ce nos lettres de privilège, qu’il nous a très humblement fait supplier de lui accorder. À ces causes voulant favorablement traiter l’exposant, Nous lui avons permis et accordé, permettons et accordons par ces présentes, de faire imprimer ledit livre, qui a pour titre « l’Andromaque », par tel libraire ou imprimeur qu’il voudra choisir de ceux par Nous réservés, en tel volume, marge caractères, et autant de fois que bon lui semblera, pendant le temps de cinq années, à commencer du jour qu’il sera achevé d’imprimer, et le vendre et distribuer partout notre royaume. Faisons défenses à tous libraires, imprimeurs, ou autres, d’imprimer, faire imprimer, vendre, et distribuer ledit livre sous quelque prétexte que ce soit, même d’impression étrangère, et autrement, sans le consentement de l’exposant, ou de ses ayants cause, sur peine de confiscation des exemplaires contrefaits, quinze cent livres d’amende, dépens, dommages et intérêts, à la charge d’en mettre deux exemplaires en Notre bibliothèque publique, un autre en notre cabinet des livres en notre château du Louvre, et un autre en la bibliothèque de notre très cher, et féal chevalier, Chancelier de France le sieur Séguier, à peine de nullité des présentes, du contenu desquelles Nous vous mandons, et enjoignons de faire jouir l’exposant, et ses ayants cause, pleinement et paisiblement, cessant, et faisant cesser tous troubles et empêchements au contraire. Voulons qu’en mettant au commencement, où à la fin de chacun des livres l’extrait des présentes, elles soient tenues pour dûment signifiées, et qu’aux copies collationnées par l’un de vos âmes, et féaux conseillers et secrétaires, foi soit ajoutée comme à l’original Mandons au premier huissier ou sergent faire pour l’exécution des présentes, toutes significations, défenses, saisies, et autres actes requis et nécessaires, sans demander autre permission : car tel est notre plaisir. Donné à Paris le vingt-huitième jour de décembre l’an de grâce mille six cent soixante-sept, et de notre règne le vingt-cinquième, par le Roi en son conseil ; Signé DEMALON.
Et le dit sieur Racine a cédé son droit de Privilège à Théodore Girard, marchand libraire à Paris, suivant l’accord fait entre eux.
Et le dit Girard a associé au dit privilège Thomas Jolly, et Claude Barbin, aussi marchands libraires.
Registré sur le livre de la communauté.
Achevé d’imprimé seconde quinzaine de janvier 1668.
À Paris, Chez Théodore Girard, dans la Grand’ Salle du Palais, du côté de la cour de Aides, à l’Envie.
MADAME, §
Ce n’est pas sans sujet que je mets votre illustre Nom à la tête de cet Ouvrage. Et de quel autre nom pourrais-je éblouir les yeux de mes Lecteurs, que de celui dont mes Spectateurs ont été si heureusement éblouis ? On savait que VOTRE ALTESSE ROYALE avait daigné prendre soin de la conduite de ma Tragédie. On savait que vous m’aviez prêté quelques-unes de vos lumières, pour y ajouter de nouveaux ornements. On savait enfin que vous l’aviez honorée de quelques larmes, dès la première lecture que je vous en fis. Pardonnez-moi, MADAME, si j’ose me vanter de cet heureux commencement de sa destinée. Il me console bien glorieusement de la dureté de ceux qui ne voudraient pas s’en laisser toucher. Je leur permets de condamner l’Andromaque tant qu’ils voudront, pourvu qu’il me soit permis d’appeler de toutes les subtilités de leur esprit, au coeur de V.A.R.
Mais, MADAME, ce n’est pas seulement du coeur que vous jugez de la bonté d’un Ouvrage, c’est avec une intelligence, qu’aucune fausse lueur ne saurait tromper. Pouvons-nous mettre sur la Scène une Histoire que vous ne possédiez aussi bien que nous ? Pouvons-nous faire jouer une intrigue, dont vous ne pénétriez tous les ressorts ? Et pouvons-nous concevoir des sentiments si nobles et si délicats, qui ne soient infiniment au-dessous de la noblesse et de la délicatesse de vos pensées ?
On sait, MADAME, et V.A.R. a beau s’en cacher, que dans ce haut degré de gloire où la Nature et la Fortune ont pris plaisir de vous élever, Vous ne dédaignez pas cette gloire obscure que les gens de lettres s’étaient réservée. Et il semble que vous ayez voulu avoir autant d’avantage sur notre sexe par les connaissances et par la solidité de votre esprit, que vous excellez dans le vôtre par toutes les grâces qui vous environnent. La Cour vous regarde comme l’Arbitre de tout ce qui se fait d’agréable. Et nous qui travaillons pour plaire au public, nous n’avons plus que faire de demander aux Savants si nous travaillons selon les Règles. La Règle souveraine, est de plaire à V.A.R
Voilà sans doute la moindre de vos excellentes qualités. Mais, MADAME, c’est la seule dont j’ai pu parler avec quelque connaissance ; les autres sont trop élevées au-dessus de moi. Je n’en puis parler sans les rabaisser par la faiblesse de mes pensées, et sans sortir de la profonde vénération avec laquelle je suis,
MADAME,
DE VOTRE ALTESSE ROYALE,
Le très humble, très obéissant, et très fidèle serviteur,
PRÉFACE §
VIRGILE AU TROISIÈME LIVRE DE L’ÉNÉIDE.
C’est Enée qui parle.
Voilà, en peu de vers, tout le sujet de cette tragédie. Voilà le lieu de la scène, l’action qui s’y passe, les quatre principaux acteurs, et même leurs caractères, excepté celui d’Hermione dont la jalousie et les emportements sont assez marqués dans l’Andromaque d’Euripide.
Mais véritablement mes personnages sont si fameux dans l’antiquité, que, pour peu qu’on la connaisse, on verra fort bien que je les ai rendus tels que les anciens poètes nous les ont donnés. Aussi n’ai-je pas pensé qu’il me fût permis de rien changer à leurs moeurs. Toute la liberté que j’ai prise, ç’a été d’adoucir un peu la férocité de Pyrrhus, que Sénèque, dans sa Troade, et Virgile, dans le second [livre] de l’Enéide, ont poussée beaucoup plus loin que je n’ai cru le devoir faire.
Encore s’est-il trouvé des gens qui se sont plaints qu’il s’emportât contre Andromaque, et qu’il voulût épouser une captive à quelque prix que ce fût. J’avoue qu’il n’est pas assez résigné à la volonté de sa maîtresse, et que Céladon a mieux connu que lui le parfait amour. Mais que faire ? Pyrrhus n’avait pas lu nos romans. Il était violent de son naturel, et tous les héros ne sont pas faits pour être des Céladons.
Quoi qu’il en soit, le public m’a été trop favorable pour m’embarrasser du chagrin particulier de deux ou trois personnes qui voudraient qu’on réformât tous les héros de l’antiquité pour en faire des héros parfaits. Je trouve leur intention fort bonne de vouloir qu’on ne mette sur la scène que des hommes impeccables mais je les prie de se souvenir que ce n’est point à moi de changer les règles du théâtre. Horace nous recommande de peindre Achille farouche, inexorable, violent, tel qu’il était, et tel qu’on dépeint son fils. Aristote, bien éloigné de nous demander des héros parfaits, veut au contraire que les personnages tragiques, c’est-à-dire ceux dont le malheur fait la catastrophe de la tragédie, ne soient ni tout à fait bons, ni tout à fait méchants. Il ne veut pas qu’ils soient extrêmement bons, parce que la punition d’un homme de bien exciterait plus l’indignation que la pitié du spectateur ; ni qu’ils soient méchants avec excès, parce qu’on n’a point pitié d’un scélérat. Il faut donc qu’ils aient une bonté médiocre, c’est-à-dire une vertu capable de faiblesse, et qu’ils tombent dans le malheur par quelque faute qui les fasse plaindre sans les faire détester.
ACTEURS §
- ANDROMAQUE, veuve d’Hector, captive de Pyrrhus.
- PYRRHUS, fils d’Achille roi d’Épire.
- ORESTE, fils d’Agamemnon.
- HERMIONE, fille d’Hélène, accordée avec Pyrrhus.
- PYLADE, ami d’Oreste.
- CLÉONE, confidente d’Hermione.
- CÉPHISE, confidente d’Andromaque.
- PHOENIX , gouverneur d’Achille, et ensuite de Pyrrhus.
- Suite d’Oreste.
ACTE I §
SCÈNE PREMIÈRE. Oreste, Pylade. §
ORESTE.
PYLADE.
ORESTE.
PYLADE.
ORESTE.
PYLADE.
ORESTE.
PYLADE.
ORESTE.
PYLADE.
ORESTE.
SCÈNE II. Pyrrhus, Oreste, Phœnix. §
ORESTE.
PYRRHUS.
ORESTE.
PYRRHUS.
ORESTE.
PYRRHUS.
ORESTE.
PYRRHUS.
SCÈNE III. Pyrrhus, Phœnix. §
PHŒNIX.
PYRRHUS.
PHŒNIX.
PYRRHUS.
PHŒNIX.
PYRRHUS.
SCÈNE IV. Pyrrhus, Andromque, Céphise. §
PYRRHUS.
ANDROMAQUE.
PYRRHUS.
ANDROMAQUE.
PYRRHUS.
ANDROMAQUE.
PYRRHUS.
ANDROMAQUE.
PYRRHUS.
ANDROMAQUE.
PYRRHUS.
ANDROMAQUE.
PYRRHUS.
ANDROMAQUE.
PYRRHUS.
ANDROMAQUE.
PYRRHUS.
ACTE II §
SCÈNE PREMIÈRE. Hermione, Cléone. §
HERMIONE.
CLÉONE.
HERMIONE.
CLÉONE.
HERMIONE.
CLÉONE.
HERMIONE.
CLÉONE.
HERMIONE.
CLÉONE.
HERMIONE.
CLÉONE.
HERMIONE.
CLÉONE.
HERMIONE.
SCÈNE II. Hermione, Oreste, Cléone. §
HERMIONE.
ORESTE.
HERMIONE.
ORESTE.
HERMIONE.
ORESTE.
HERMIONE.
ORESTE.
HERMIONE.
ORESTE.
HERMIONE.
ORESTE.
HERMIONE.
ORESTE.
HERMIONE.
ORESTE.
HERMIONE.
ORESTE.
HERMIONE.
ORESTE.
HERMIONE.
SCÈNE III. §
ORESTE.
SCÈNE IV. Pyrrhus, Oreste, Phœnix. §
PYRRHUS.
ORESTE.
PYRRHUS.
ORESTE.
SCÈNE V. Pyrrhus, Phœnix. §
PYRRHUS.
PHŒNIX.
PYRRHUS.
PHŒNIX.
PYRRHUS.
PHŒNIX.
PYRRHUS.
PHŒNIX.
PYRRHUS.
PHŒNIX.
PYRRHUS.
PHŒNIX.
PYRRHUS.
PHŒNIX.
PYRRHUS.
PHŒNIX.
PYRRHUS.
PHŒNIX.
PYRRHUS.
ACTE III §
SCÈNE PREMIÈRE. Oreste, Pylade. §
PYLADE.
ORESTE.
PYLADE.
ORESTE.
PYLADE.
ORESTE.
PYLADE.
ORESTE.
PYLADE.
ORESTE.
PYLADE.
ORESTE.
PYLADE.
ORESTE.
PYLADE.
ORESTE.
PYLADE.
ORESTE.
SCÈNE II. Hermione, Oreste, Cléone. §
ORESTE.
HERMIONE.
ORESTE.
HERMIONE.
ORESTE.
HERMIONE.
ORESTE.
SCÈNE III. Hermione, Cléone. §
HERMIONE.
CLÉONE.
HERMIONE.
CLÉONE.
HERMIONE.
SCÈNE IV. Andromaque, Hermione, Cléone, Céphise. §
ANDROMAQUE.
HERMIONE.
SCÈNE V. Andromaque, Céphise. §
ANDROMAQUE.
CÉPHISE.
SCÈNE VI. Pyrrhus, Andromaque, Phœnix, Céphise. §
PYRRHUS, à Phœnix.
PHŒNIX.
ANDROMAQUE, à Céphise.
PYRRHUS.
ANDROMAQUE.
PHŒNIX.
CÉPHISE.
ANDROMAQUE.
CÉPHISE.
ANDROMAQUE.
PYRRHUS.
ANDROMAQUE.
PYRRHUS.
ANDROMAQUE.
PYRRHUS.
ANDROMAQUE.
PYRRHUS.
ANDROMAQUE.
PYRRHUS.
ANDROMAQUE.
CÉPHISE.
ANDROMAQUE.
PYRRHUS.
SCÈNE VII. Pyrrhus, Andromaque, Céphise. §
PYRRHUS, continue.
SCÈNE VIII. Andromaque, Céphise. §
CÉPHISE.
ANDROMAQUE.
CÉPHISE.
ANDROMAQUE.
CÉPHISE.
ANDROMAQUE.
CÉPHISE.
ANDROMAQUE.
CÉPHISE.
ANDROMAQUE.
CÉPHISE.
ANDROMAQUE.
CÉPHISE.
ANDROMAQUE.
CÉPHISE.
ANDROMAQUE.
ACTE IV §
SCÈNE PREMIÈRE. Andromaque, Céphise. §
CÉPHISE.
ANDROMAQUE.
CÉPHISE.
ANDROMAQUE.
CÉPHISE.
ANDROMAQUE.
CÉPHISE.
ANDROMAQUE.
CÉPHISE.
ANDROMAQUE.
SCÈNE II. Hermione, Cléone. §
CLÉONE.
HERMIONE.
CLÉONE.
SCÈNE III. Oreste, Hermione, Cléone. §
ORESTE.
HERMIONE.
ORESTE.
HERMIONE.
ORESTE.
HERMIONE.
ORESTE.
HERMIONE.
ORESTE.
HERMIONE.
ORESTE.
HERMIONE.
ORESTE.
HERMIONE.
ORESTE.
HERMIONE.
ORESTE.
HERMIONE.
SCÈNE IV. Hermione, Cléone. §
CLÉONE.
HERMIONE.
CLÉONE.
HERMIONE.
SCÈNE V. Pyrrhus, Hermione, Phœnix. §
PYRRHUS.
HERMIONE.
PYRRHUS.
HERMIONE.
SCÈNE VI. PYRRHUS, PHNIX. §
PHŒNIX.
PYRRHUS.
ACTE V §
SCÈNE PREMIÈRE. §
HERMIONE, seule.
SCÈNE II. Hermione, Cléone. §
HERMIONE.
CLÉONE.
HERMIONE.
CLÉONE.
HERMIONE.
CLÉONE.
HERMIONE.
CLÉONE.
HERMIONE.
CLÉONE.
HERMIONE.
SCÈNE III. Oreste, Andromaque, Hermione, Cléone, Céphise, Soldats d’Oreste. §
ORESTE.
HERMIONE.
ANDROMAQUE.
HERMIONE.
ORESTE.
HERMIONE.
ORESTE.
HERMIONE.
ORESTE.
HERMIONE.
SCÈNE IV. Oreste, Soldats d’Oreste. §
ORESTE.
SCÈNE V. Oreste, Pylade, Soldats d’Oreste. §
PYLADE.
ORESTE.
PYLADE.
ORESTE.
PYLADE.
ORESTE.
PYLADE.
ORESTE.
PYLADE.