SCÈNE II. Théandre, Cléagénor. §
THÉANDRE.
Que je dois à mon sort un bien inestimable,
Ô vue inespérée ! Ô rencontre agréable ;
Je vois Cléagénor. Mais quel sujet de pleurs
Peut obliger ses yeux d’en arroser ces fleurs.
CLÉAGÉNOR.
25 Théandre permets-moi d’accuser ma fortune,
Et de nommer ici ta rencontre importune,
Je ne puis que blâmer le sort injurieux
Qui rend ma lâcheté si visible à tes yeux.
THÉANDRE.
Quel est cet accident ?
CLÉAGÉNOR.
Quel est cet accident ? Juge de mon martyre,
30 Et que l’amour doit être dans un coeur qui soupire.
THÉANDRE.
Comment, Cléagénor est de ces amoureux,
Qu’Amour rend à son gré content et malheureux ;
Il verrait à ses voeux quelque borne prescrite,
Et ne pourrait pas tout avec tant de mérite.
CLÉAGÉNOR.
35 Je ne me défends point en l’état où je suis.
Me plaindre et soupirer est tout ce que je puis,
Exerce en ma faveur cette bouche éloquente,
Peins-moi comme il te plaît, fais ce qui te contente :
Mais crois que sans regret je ne puis voir le jour,
40 Comme le plus chétif des esclaves d’Amour.
THÉANDRE.
Que j’apprenne en deux mots ton servage et tes peines.
CLÉAGÉNOR.
Ce déplorable état où mes jours sont réduits,
Mais combien ce discours accroîtra mes ennuis :
Si tu me veux laisser la force qui me reste,
45 Ami, dispense-moi d’un rapport si funeste
Écoute toutefois.
THÉANDRE.
Écoute toutefois. Non, non n’achève pas.
CLÉAGÉNOR.
J’aimerai ce discours, s’il cause mon trépas,
Écoute, et si jamais ton âme fut atteinte :
Crois que ton jugement approuvera ma plainte
50 J’aime, et les plus beaux yeux que je pouvais aimer
Ont enfin, cher ami, l’honneur de m’enflammer.
Doristée est l’objet dont les aimables charmes.
THÉANDRE.
Et tu n’achèves point.
CLÉAGÉNOR.
Et tu n’achèves point. Laisse couler mes larmes,
C’est celle que je sers.
THÉANDRE.
C’est celle que je sers. Je ne la connais pas.
CLÉAGÉNOR.
55 Florence a vu briller et naître ses appas :
C’est là que cet objet dont toute âme est ravie
A tenu ma raison sous ses lois asservie,
Et que cette beauté par des voeux mutuels
Rendit comme les siens mes voeux continuels.
60 Nous flattions à l’envi notre commun martyre,
Et l’amour eut sur nous un si paisible empire,
Que nous n’avons jamais dû penser seulement
Tous deux, ni murmuré ni plaint notre tourment :
Nos parents approuvaient notre amitié commune,
65 En ce temps j’eusse osé défier la fortune :
Et parmi ces douceurs nous semblions à la Cour
Être moins les captifs que les maîtres d’amour.
Les plus heureux Amants ne pouvaient sans envie
Comparer leur repos au bien de notre vie.
THÉANDRE.
70 Donc quel revers du sort te rend si mécontent,
Je ne vois point encore de quoi t’affliger tant.
CLÉAGÉNOR.
Je n’adorais pas seul cette rare merveille,
Pour elle un Cavalier eut une ardeur pareille,
Mais il fit sur son coeur d’inutiles efforts,
75 Et ne la trouva point sensible à ses transports :
Il tâche à traverser notre commune joie ;
Mais tout rit à mes voeux quelque effort qu’il emploie :
Et le Soleil enfin nous amenait le jour,
Qu’hymen nous préparait le fruit de notre amour
80 Juge de quels transports je me sentais atteindre.
THÉANDRE.
Jusqu’ici tout va bien et tu n’es point à plaindre.
CLÉAGÉNOR.
Aussi te figurant ce plaisir sans égal,
Je veux que par mon bien tu juges de mon mal :
La veille de ce jour qui rendait ma fortune
85 À nul autre pareille, avec nulle commune,
Attendant un festin dressé superbement
À deux pas de mon parc elle et moi seulement
Car nous célébrions là cet heureux hyménée,
Nous parlions à l’envi de notre destinée.
90 Et par mille baisers et donnés et rendus,
Je cueillais les premiers des fruits qui m’étaient dûs
Quand trois hommes armés, extrême violence,
Le poignard sur le sein m’imposent le silence :
Et trois dedans le char qui les avait portés,
95 Jettent cet abrégé de toutes les beautés :
Le cocher aussitôt touche avec tant d’adresse,
Que rien de ses chevaux n’égale la vitesse :
Et ceux qui me tenaient montant d’un saut léger
Des coursiers de grand prix criaient pour m’affliger.
100 La Victoire est à nous Menandre a Doristée,
Et moi, l’âme à ces mots de fureur agitée :
Je suis, mais vainement leur course que le pas
Des chevaux du Soleil même n’égale pas.
Enfin le coeur saisi de l’ennui qui me presse ;
105 Je tombe en les suivant, mon courage me laisse :
Je sens clore mes yeux, je perds tout sentiment,
Et je reste en ce lieu froid et sans mouvement.
THÉANDRE.
Ô sensible malheur !
CLÉAGÉNOR.
Ô sensible malheur ! Juge si l’assemblée,
Pour notre éloignement se voit longtemps troublée.
110 On nous chercha partout dans le parc, dans le bois,
Et l’on me trouve enfin en l’état où j’étais,
On me crut mort longtemps, et tous en soupirèrent :
Mais je revis le jour, leurs pleurs me ramenèrent
Et je leur racontai cet accident fatal,
115 Qui faisait de mon bien triompher mon rival,
On mène au logis, où tout le monde en armes
Se dispose à chercher cet Auteur de mes larmes,
Mais las ! depuis trois mois on poursuit vainement
Ce traître usurpateur d’un trésor si charmant,
120 On court sur la solide, et sur l’humide plaine,
Et dessus toutes deux mon espérance est vaine
On visite sans fruit l’un et l’autre élément :
Je ne dois plus chercher que la mort seulement.
THÉANDRE.
Ami ta peine est grande, il faut que je l’avoue ;
125 Ainsi de notre espoir la fortune se joue :
Ainsi les plus heureux ont un frêle destin
Et tel n’est pas le soir ce qu’il fut le matin
Suivrai-je avec toi cette route incertaine
N’épargne ni mon temps, ni mes pas, ni ma peine
130 Je t’offre tous mes soins.
CLÉAGÉNOR.
Je t’offre tous mes soins. Ils seraient superflus,
Mon malheur est extrême car je n’espère plus,
Je n’attends que la mort, à Dieu.
THÉANDRE.
Je n’attends que la mort, à Dieu. Quoi de la sorte ?
CLÉAGÉNOR.
On mène devant moi le cheval qui me porte,
Et j’étais descendu pour prendre un peu de l’eau
135 Qui m’a paru si belle au fond de ce ruisseau :
Mais j’ai beaucoup tardé.
THÉANDRE.
Mais j’ai beaucoup tardé. Qu’au moins la complaisance,
Un jour ou deux chez nous captive ta présence,
La maison n’est pas loin.
CLÉAGÉNOR.
La maison n’est pas loin. Un célèbre serment
De ne me reposer jour, heure, ni moment,
140 Qu’après quelques nouvelles apprises de ma perte
Me défend d’accepter cette franchise offerte
Et m’oblige à chercher Menandre, ou le trépas.
À Dieu.
THÉANDRE.
À Dieu. Je plains ton mal, le Ciel guide tes pas.
CLÉAGÉNOR Il s’en va seul.
Si de son châtiment ma mort était suivie
145 Je perdrais sans regret la lumière et la vie
Son mal soulagerait mon tourment infini :
Mais il faut que je meure, et qu’il soit impuni,
Mon trépas avancé dissipera sa crainte
Il retiendra mon bien avecque moins de crainte
150 Et je ne puis mourir qu’avec ce déplaisir,
De rendre son repos égal à son désir.
SCÈNE III. Ozanor, Doristée, Cléagénor. §
DORISTÉE sous des habits de page dans le bois avec Ozanor qui la veut forcer.
Je suis morte, au secours.
CLÉAGÉNOR.
Je suis morte, au secours. Quelle plainte effroyable
Arrive à mon oreille.
OZANOR.
Arrive à mon oreille. Ingrate, impitoyable
Fais cesser mes efforts, et sois-moi par douceur,
155 Ce qu’un juste butin est à son possesseur.
CLÉAGÉNOR.
L’ombre et l’éloignement les cache de ma vue,
Avançons dans le bois.
DORISTÉE.
Avançons dans le bois. Ô Ciel je suis perdue !
Ô Dieux ! quel accident obtient votre secours
Si ma plainte équitable ici vous trouve sourd,
160 Frappe, j’attends le coup ma gorge s’est offerte ?
Pourquoi diffères-tu le moment de ma perte,
Crois-tu que mon honneur se rende à tes efforts,
Et posséder vivant ce misérable corps.
CLÉAGÉNOR.
Ô Dieux qu’ai-je entendu.
OZANOR.
Ô Dieux qu’ai-je entendu. Qu’une vaine chimère
165 Rende ainsi ton humeur à toi-même contraire,
T’oblige à la tenir plus chère que le jour
Et préférer enfin la mort à mon amour,
Es-tu si simple encore.
DORISTÉE.
Es-tu si simple encore. Éprouve âme perfide,
Cette simplicité, par cet acte homicide :
170 Crois-tu que ta fureur m’épouvante beaucoup,
Et que mon bras timide en détourne le coup,
Non non, ce sein est prêt, suis ta brutale envie
Pour sauver mon honneur j’abandonne ma vie
Qu’en ce même moment le jour me soit ôté
175 Ta longueur inhumain accroît ta cruauté.
OZANOR.
Méprises-tu mes voeux après mon assistance,
Mes soins en ce refus ont-ils leur récompense :
Menandre aurait cent fois assouvi ses desseins
Si ma compassion t’eut laissé en ses mains.
CLÉAGÉNOR.
180 C’est elle.
OZANOR.
C’est elle. Et pour tout prix de t’en avoir sauvée,
Je n’ai que ta rigueur et ta haine éprouvée,
Tu me dois ton honneur.
DORISTÉE.
Tu me dois ton honneur. Il est vrai ? mais veux-tu,
Qu’un vice récompense un acte de vertu,
Et tu veux te payer d’un secours légitime
185 Contre son attenta par un semblable crime
Ton secours à ce prix m’était vendu trop cher,
Peut-être que mes pleurs auraient pu le toucher,
Depuis que mon honneur tomba sous sa puissance,
Il s’est entretenu par sa seule défense
190 Les soupirs et les pleurs ont des charmes si forts :
Qu’ils différaient toujours ses extrêmes efforts :
Et ton secours accroît la peur que j’ai soufferte,
En l’espoir du salut j’ai rencontré ma perte :
Ton esprit indulgent à tes sales désirs
195 Ne peut être touché de pleurs ni de soupirs.
OZANOR.
C’est trop de liberté, et ton ingratitude
Tiens mes timides sens sous une loi trop rude.
Inhumaine un mépris si sensible et si fort
Fait de la violence un légitime effort,
200 Je ne respecterai plaintes, soupirs, ni larmes
Leur pouvoir est moins fort que celui de tes charmes.
DORISTÉE.
Ô Ciel ! ô Dieux cruels !
OZANOR.
Ô Ciel ! ô Dieux cruels ! Rien ne peut divertir,
En l’état où je suis.
CLÉAGÉNOR allant à lui l’épée à la main.
En l’état où je suis. Ton juste repentir
Que les Dieux irrités.
OZANOR tombant mort.
Que les Dieux irrités. Ô sinistre aventure !
CLÉAGÉNOR.
205 T’envoient par ma main, horreur de la nature,
Et puisque son honneur dépend de ton trépas.
OZANOR.
Je meurs, et les Enfers s’ouvrent dessous mes pas,
Ô destins inhumains !
DORISTÉE.
Ô destins inhumains ! Ô rencontre propice,
Où le Ciel au besoin témoigne sa justice :
210 Généreux Cavalier. Dieux ! c’est Cléagénor.
CLÉAGÉNOR.
Beaux astres de mes jours, je vous revois encor,
Je revois Doristée.
DORISTÉE.
Je revois Doristée. Ô malheur salutaire,
Dont je tiens tout mon bien.
CLÉAGÉNOR.
Dont je tiens tout mon bien. Ô fortune prospère !
Exaltons à l’envi la justice des Dieux
215 Dont le soin provident m’a conduit en ces lieux :
Eclaircis mes soupçons, que je brûle d’entendre,
Comment on t’a sauvé des efforts de Menandre,
Et comment ce voleur a su te secourir,
Et me garder mon bien le voulant acquérir.
DORISTÉE.
220 Deux mots te l’apprendront, mais ma faiblesse extrême
M’empêche d’avancer, entends-le ici même,
Le chemin que j’ai fait, et la peur que j’avais
M’ont presque fait faillir l’usage de la voix :
Laisse-moi reposer sur cette humide couche,
225 Un instant seulement avant qu’ouvrir la bouche.
CLÉAGÉNOR.
Bannis toute contrainte, et pour reposer mieux
Souffre que le sommeil ici ferme tes yeux :
J’attendrai ton réveil, car j’aurai trop de joie
En ce nouveau bonheur, pourvu que je te voie.
DORISTÉE appuyée sur les genoux de Cléagénor.
230 Mes yeux sont trop ravis de revoir tes appas,
Et le plus doux sommeil ne les fermerait pas.
CLÉAGÉNOR.
T’obligeant à parler, je crains de te déplaire.
DORISTÉE.
Non, ma voix de retour t’offre à te satisfaire,
Écoute le succès de l’accident fatal,
235 Qui livra mon honneur aux mains de son rival.
Le cours précipité du char où je fus mise,
Où la vue un moment ne me fut pas permise,
Me rendit sur le soir en un fort écarté,
Tel que l’on nous figure un Palais enchanté,
240 Et dont j’imaginais les routes inconnues,
Comme d’un nouveau monde, ou tombante des nues,
Arrivé en ce lieu, caressant ses amis,
Par vous, leur dit Menandre, enfin tout m’est permis :
Par vous j’ai Doristée, à ce mot il s’avance,
245 Et croyant obtenir un baiser sans défense.
C’en est fait, me dit-il, mes vainqueurs sont vaincus,
Et j’ai sur eux enfin tous les droits qu’ils ont eus :
Je l’approche, et ma main sensible à cette injure,
Sur sa joue aussitôt imprime sa figure :
250 Tous demeurent confus, lui plus confus que tous :
J’espère un jour, dit-il, un traitement plus doux ;
Ou si vous demeurez à mes voeux si contraire,
La force m’obtiendra le plaisir que j’espère.
Depuis en ce beau lieu, tombeau de mon bonheur,
255 Il a de cent moyens assailli mon honneur.
Les offres, les serments, et quelquefois les larmes
En ce combat injuste étaient ses vaines armes :
Et quand il s’emportait aux extrêmes efforts,
Mes pleurs et mes soupirs demeuraient les plus forts.
260 J’attendrai, disait-il, la juste repentance,
Qui vous doit faire un jour couronner ma constance :
Tout cède, tout se rend à la suite des jours,
Et le temps a dompté des lions et des ours.
Enfin de la menace il passe à l’artifice,
265 Et comme Ozanor au détestable office,
De me faire agréer les desseins criminels.
CLÉAGÉNOR.
Ô Ciel ! que faisaient lors les foudres éternels.
DORISTÉE.
Le traître que je nomme est ce brutal infâme,
À qui pour mon secours ton bras vient d’ôter l’âme :
270 Il passa le dessein de sa commission,
Et du tourment d’un autre il fit sa passion.
Après les premiers jours qu’il parlait de Menandre,
Il ne me pressa plus de le voir, de l’entendre,
Et de son Confident devenu son Rival,
275 Au lieu du mal d’un autre, il parlait de son mal :
Les respects qu’il feignait, ses voeux, sa modestie,
Me firent écouter l’avis de sa sortie.
Je n’attends, disait-il, la fin de mon tourment
Que de votre dessein que je suis seulement :
280 Ma prière à ces mots presse ma délivrance ;
Je sens régir mes yeux, j’estimais ma présence :
Ma voix le refusant, mes yeux lui promettaient
Et le charmaient encore tous mouillés qu’ils étaient.
Ainsi croyant déjà sa victoire certaine
285 Sos ces faux vêtements il me tira de peine :
Mais bientôt ce brutal fit renaître mes soins :
Car sitôt qu’il se vit seul libre et sans témoins :
Ravi de son butin, l’oeil gai, l’âme contente,
Il me sollicita d’accomplir son attente :
290 J’ai tâché par mes pleurs d’éteindre ses désirs,
Mais son coeur indulgent à ses sales plaisirs,
A toujours conservé sa passion brutale,
Et ce bois secondait son attente fatale.
Quand le Ciel a permis que ta rare valeur,
295 Ait par son châtiment diverti ce malheur.
CLÉAGÉNOR.
Maintenant mon souci, craignant quelque poursuite,
Assurons notre amour par une prompte fuite :
Théandre, un Cavalier qui m’aime chèrement
M’a chez lui ce matin offert un logement,
300 Sa maison n’est pas loin, la route en est secrète,
Approchons, s’il se peut, cette heureuse retraite,
Où nos soins consommés, et nos tourments bannis
Nous laisseront goûter des tourments infinis.
DORISTÉE.
Mes pas en ce besoin forceront ma faiblesse ;
305 Mais je ne puis dompter une soif qui me presse
Mes discours ont accru cette soif tellement,
Qu’à peine je pourrai la souffrir un moment :
Qu’un peu d’eau, cher Amant, soulagerait ma peine,
Si mon bonheur ici t’offrait une fontaine.
CLÉAGÉNOR.
310 Attendez seulement, un ruisseau dans ce bois
En a fourni tantôt à la soif que j’avais.
Je reviens de ce pas.
DORISTÉE.
Je reviens de ce pas. Ma faiblesse est extrême,
Et ne me permet pas de m’y porter moi-même :
Ou l’apporteras-tu, cours tôt, si ce n’est loin.
CLÉAGÉNOR.
315 Mon chapeau me fera cet office au besoin.
DORISTÉE seule.
Arbitres des mortels, que l’humaine prudence
Est faible, comparée à votre providence :
Car ce pouvoir fatal de tout éprouvé,
Notre destin penchant est bientôt relevé.
320 Quelques efforts qu’emploie un damnable artifice,
Vous sauvez la vertu des injures du vice,
Et l’on voit tous les jours vos favorables soins,
Accorder plus de bien à qui l’attend le moins.