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ANECDOTES
DRAMATIQUES.
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ANECDOTES
DRAMATIQUES;
CONTENANT
9. Toutes les Piéces de Théâtre, Tragédies, Comédies f Pastoçales, Drames, Opéra, Opéra-comiques, Parades , Proverbes, qui ont été joués à Paris ou en Province , sur des Théâtres publics, ou dans des Sociétés particulières , depuis l'origine des Spectacles en France, jusqu'à l'année 1775, rangés par ordre Alphabétique.
,o. Tous les Ouvrages Dramatiques qui n'ont été représentés sur aucun Théâtre, mais qui font imprimés, ou conservés en manuscrit dans quelques Bibliothèques.
°. Un Rècueil de tout ce qu'on a pu rassembler d'Anecdotes imprimées , manuscrifes, verbales, connues ou peu connues ; d'Événemens singuliers , sérieux ou comiques; de Traits curieux, d'Epigrammes, de Plaisanteries, de Naïvetés & de Bons-mots, auxquels ont donnéjieu les Représentations de la plupart des Piéces de Théâtre , soit dans leur nouveauté, soit à leurs
reprises.
V*. Les noms de tous les Auteurs, Poètes ou Musiciens, qui ont travaillé pour tous nos Théâtres, de tous les Acteurs ou Aéhices célébrés, qui ont joué à tous nos Speéfcacles, avec un jugement de leurs Ouvrages ou de leurs Talens, un abrégé de leur vie & des Anecdotes
sur leurs personnes.
5°. Un tableau, accompagné d'Anecdotes, des Théâtres
de toutes les Nations.
TOME TROISIEMI,'
A PARIS.
Chez la Veuve DucHESNE , Libraire, rue St.a,
au Temple du Goût.
M. D C C. L X X V.
AVEC APPBOBATION Er PRIVILEGE DU Roi. ^
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A N E C D O TE S l DRAMATIQUES. :
; AUTEURS, ET ACTEURS. ]
ABA ABE >
ABANCOURT , (M. d* ) Auteur vivant, a donné le philosophe foi-dtsant ,L'Ecole des Epoujes , ELise & Charmus, Pieces jouées sur des Théâtres de société.
ABEILLE , ( Gaspard ) naquit à Riez en 1648. Il sortit fort jeune de sa Province, vint à Paris , & s'y fit rechercher par l'enjouement de son esprit. Le Maréchal de Luxembourg se l'attacha en qualité de Ion Secrétaire ; Sf le Poète sui vit le Héros dans ses campagnes. Le Maréchal lui donna sa confiance pendant sa vie ; & à sa mort il le recommanda à ses kéritiers , comme un homme estimable. M. le Prince de Conti & M. le Duc de Vendôme l'honorèrent de leur familiarité. Il leur plaisoit par sa converration vive & animée. Les bons-mots auroient été communs dans la bouche d'un autre, devenoient plaisans dans la tienne , par, se toUr qu'il sçavoit leur donner , & par les grimaces dont il les accompa-
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- ABE . - - - ABE
gnoit. Un visage fort laid & plein de rides , qu'il varioit à son gré , lui tenoit lieu de différens masques. Quand il lisoit un Conte ou une Comédie , il se servoit de cette physionomie mobile, pour faire distinguer les Personnages de la Piece qu'il récitoit. L'Abbé Abeille fut pourvu du Prieuré de NotreDame de la Mercy , & reçu à l'Académie Françoise. Nous avons de lui des Odes , des Epitres , & plusieurs Tragédies ; sçavoir , Argélie, Coriolan , Lincée & Soliman. On lui attribue encore Crispin Bel. £fprit, & les Tragédies d'Hercule, de Caton & de Silanus. Plusieurs de ses Pieces furent représentées & imprimées sous le nom du Comédien la Thuilerie ,* parce que l'Abbé Abeille n'osoit plus mettre son» nom à les ouvrages , depuis l'aventure qui fit tomber son Argélie. Voyez ARGÉLIE dans le premier volume. Cet Auteur est mort à Paris âgé de 7o ans ; on lui a fait cette Epitaphe :
Ci-gtt un Auteur peu fêté,
Qui crut aller tout droit à l'immortalité ;
Mais sa gloire & son corps n'ont qu'une même biere ;
î Et lorsqu'Abeille on nommera ,
Dame Postérité dira :
Ma foi, s'il m'en souvient , il ne m'en souvient guère.
On n'avoit pas attendu sa mort , pour faire des Épigrammes contre lui. En voici une , attribuée à Racine , qui n'avoit jamais été imprimée , lorsque M. l'Abbé Sabathier , à qui nous en sommes redevables,l'inséra dans ses Trois Siècles de notre Littérature:
Abeille , arrivant à Paris ,
D'abord , pour vivre, vous chantâtes
Quelques Messes à juste prix j
Puis au Théâtre vous latrâtes
Les sifIletS par vous renchéris. -
Quelque tems après fatiguâtes
De Mars l'un des grands Favoris , 5
< Chez qui pourtant vous engraissâtes;
. Enfin, digne aspirant entrâtes
^ Chez les quarante Beaux-Esprits \
Et sur eux-mêmes l'emportâtes
A forger-d'ennuyeux Ecriu.
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ABE ALA
ABEILLE , neveu du précédent, a. donne la Filto Valet. On le dit auai Auteur de Crispin jaloux , qui n'a point été représenté. Il eut une dUe qui débuts à la Comédie Fraçoise en 1742, par Cléanthis dans Démocrite, & Mathurine dans Colin-Maillard ; elle ne fut point ïeçue,
ABUNDANCS , { Jean d ) Notaire au Pont Saint. Esprit , a compose les Drames suivans : Moralité & Figure sur il Pasion dg notre Seigneur J. C. Le joyeux Mystere aes trois Rois. Qui secundùm legem debet mori. Le Couvert d'humanité. Le Monit qui tourné te Los i chacun. Plusieurs qui n'ont point de conscience ; Farce nouvelle * tris-bonne & trèa-joyeuse de la Cornette.
ACH ARD , ( M. ) Auteur vivant, a fait les Précautions inutiles y & 1 avec M. Quêtant > le Quartier gé- néral.
AIGUEBERRE , ( Ua» Dumas d') Conseiller au Parlement de Toulouse , où il est mort en 1755 , a fait trois"Pieces de Tliéâtre , qui sont les Trois Spectacles , le Prince de Noisy & Colinette. Il ne jugea pas à propos de poursuivre la carriere dramatique, à laquelle il s'étoit livré pendant sa jeunesse. Les dispositions heureuses qu'on remarque dans quelques-unes de ses Comédies , font regretter qu'il ait abandonné ce genre. Il y a toute apparence , qu'avec un peu de culture , ses talens lui auroient fait un nom parmi les Auteurs du Théâtre. Sa Piece des Trois Spectacles annonce vraiment un esprit propre à occuper la Scène , & à y recueillir des applaudirÍemeJs.
ALAIN , ( Robert ) étoït de Paris, & fils d'un Sellier. Il avoît fait de bonnes études » & se destinoit à l'état Ecclésiastique ; mais- il changea d'idée , se fit recevoir Sellier , rani cesser d'aimer les Lettre»
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ALA ALE
Une complexion délicate & beaucoup d'amour dis plaisir abrégèrent sa carriere. Il mourut en' 172-0, âgé de quarante ans. Il fit, en société avec le Grand > la Comédie de l'Epreuve Réciproque.
ALAINVILLE , ( d' ) Aaeur du Théâtre François , y débuta par le rôle d'Arviane, dans Mélanide , en .1758, & quitta deux ans après.
ALLAIS , ( Jèan ) voulut avoir sa sépulture dans le ruisseau de la rue Montmartre , auprès d'une des portes de l'Eglise de Saint-Eustache , en expiation d'un denier d'Oftroi, qu'il avoit obtenu sur chaque panier de poisson. Il étoit maître & chef des Joueurs de Moralités & de Farces ; il en avoit même composé plutieurs.
• Alarius , Joueur de Viole , a. fait la Musique du Ballet des Tuileries , en 1718.
ALBARET ,( d') Censeur Royal, Auteur de l'Opéra de Scylla & Glaucus.
ALENçoN , ( d' ) étoit fils d'un Huissier au Parlement de Paris , & avoit été reçu dans la même Charge. Il étoit bossu & dévoré de la manie de passer pour homme despris , quoiqu'il n'en eût que médiocrement ; aussi l'Abbé de Pons , autre bossu qui avoit beaucoup de mérite , disoit de lui avec une espèce d'indignation : « Cet animal-là déshono3) re le corps des Bossus ». Il ne reste de lui que la Vengeance Comique & le Mariage par Lettre de Change. Outre ces deux Pieces de Théâtre , il a donné une édition complette des Œuvres de Dufrény f de celles de l'Abbé Bruéys , & des Pieces fugitives que l'Abbé de Pons avoit fait insérer dans différens Mercures. Il est mort au mois d'Août i 744.,
ALEXANDRE , (M. ) connu pour le Violoncelley-
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ALI ALL
a fait la Musique des Pieces intitulées Georgei 6* Gtorgette, le Petit Maître en Province , l'Esprit du jour.
ALIB RAI > ( Charles Vion d' ) fils d'un Auditeur des Comptes de Paris, & frère de l'illustre Madame de Sainftot , qui a eu tant de part aux Lettres de -Voiture. Il aimoit la table & le plaisir, & ne s'occupoit que du présent. Il mourut en 1655, & avoit composé pour le Théâtre , Aminte , la Pompe funèbre , la Réforme du Royaume d'Amour, le Torismond Se Soliman. Il s'est peint lui-même comme un buveur dans les vers suivans
Je me rendrai du moins fameux au cabaret.
On parlera de moi , comme on fait de Faret. Qu'importe-t-il , ami , d'où nous vienne la gloire ?
Je la puis acquérir sans beaucoup de tourment;
Çar , graces à Bacchus, déjà je sçais bien boire ;
- Et je bois tous les jours avecque Saint-Amant.
ALLAINV AL,( L'Abbé Léonor-)ean-Chrïfline Soulas d' ) né à. Chartres y étoit un Philosophe peu à. son aise. Il commença à travailler pour le Théâtre en 1715 , & et donné successivement l'Embarras des Ri. chefies, le Tour de Carnaval > la Fausse Comtesse , l'Ecole des Bourgeois , le Mari curieux, l'Hyver & la Fée Marotte. Il mourut le z- Mai 1753 , & est connu par plusieurs ouvrages de différens genres. Il y a d'excellentes choses dans sa Comédie de l'Embarras des
Richesses , dont il n'a pas dû prendre l'idée d'après sa propre expérience, On voit reparoître de tems en tems au Théâtre François son Ecole des Bourgeois, avec d'autant plus de plaisir, qu'elle ess pleine de ce bon Comique qui caraétérise les ouvrages de Moliere.
ALLARD , ( Marcellin ) a donné le Ballet en langage Foréfien.
ALLEAU a fait imprimer en 1718, dans ses Œuvres mêlées , une Pastgrale intitulée la Fête de t'Amour & de l'Hymen.
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ALL AND
AlEIiOT > n'a donné que le Muet par Amour.
AMBLAINVILLE ; ( Bajire Gervais ci') a laissé Lr" toris , ou rh eureux Berger ; la Princesse, ou l'Heureuse Bergers; ~Arttz > Fable Boccagere.,
AMBOISE ,( Adrien d.) Grand-Maître du Collège de Navarre , Rêveur de l'Université de Paris, Curé de Saint André-des-Arts , & enfin Evèque de Tréguier , mort en 1616 , a fait , selon la Croix du Maine Jo plusieurs Pièces de Théâtre , entr'autres la Tragédie d'Holopherne.
AMBOISE , ( François d') Frere du précédent. Il fut Avocat au Parlement de Paris, & sui vit Henri III en Pologne. La seule Piece que l'on connoisse de lui, est une Comédie très-facétieuse, intitulée les Napolitaines.
A'NCHERES , ( Daniel) Gentilhomme , ré à Verclun , & vivant au commencement du dix-septieme siècle. On croit qu'il étoit attaché à Jacques I, Roi d'Angleterre. Il a fait la Tragédie de Tyr 6* bidon*
A NTRÉ ,( Charles) Perruquier demeurant à Paris, fié à ~l'argl èsen en 1722, a fair imprrrer le Tremblement de terre de Lisbonne , Tragédie. L'auteur rend compte dans sa Préface , de son éducation , de son mariage , & de ses talens pour tps vers. On l'avoit mis au Collège ; rrais , dit-il avec une simplicité tout-à-fait originale , « ayant malheureusement » été créé sans bien , rai été contraint de quitter 31 mes études » & d'embraser J'état de la perru3) que , qui étoit celui , diroit-on , qui me conve-, In noit le mieux... Je m'appliquons dans ma jeunesse » à Faire de petites rimes satyriques & des chan» fons , qui n'ont pas laissé de m'attirer quelques. y> bons coups de bâton ; ce qui ne m'a pas empêché
» de continuer toujours à composer quelques petite
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AND AND
» ouvrages ; mais moins satyriques , mais qui n'ont » pas paru....
» Comme je suis assez pensif de ,mon naturel , » il me venoit souvent des idées qui me faisoient tenir le fer à friser d'une main & la plume de » l'autre. M'étant trouvé plusieurs fois à accommo» der des personnes de goût & d'esprit, & me voyant » penser , ils m'ont si fort questionné , qu'ils m'ont » forcé à leur avouer que je pensois toujours à » composer quelques vers ; leur ayant fait voir quel>, qu'un de mes petits ouvrages , ils m'ont persuadé que j'avois des talens pour le genre poétique ;
M ce qui m'a déterminé à composer une Tragédie
Les occupations journalieres de M. André ne lui permettoient point de travailler à sa Piece ; il défespéroit de la pouvoir finir ; « mais ayant été , dit- » il, interrompu , sur la fin de Septembre , pen» dant deux nuits consécutives par ces sortes de » gens qui > par leurs odeurs , sont capables d'em» pestiférer tout le genre humain , j'ai tâché de dis» siper leurs odorats , en m'appliquant d'un grand » zèle à ma Tragédie. C'est ce qui m'a occasionné , 3) mon cher Lesteur , à vous la mettre plutôt au » jour ».
M. André porta l'ouvrage aux Comédiens François , qui fuient enchantés de cette lecture, tant elle leur parut singuliere. Ils témoignèrent à l'Auteur à quel point ils étoient fâchés de ne pouvoir joner sa Piece que. malheureusement elle les en.traîneroit dans trop. de dépenses , & qu'il en coûteroit prodigieusemeot » sur-tout pour que leur Théâtre pût s'abîmer , 8c pour faire trembler toute la Salle du Speftacle. M. André se rendit à de si bonnes raisons , & se contenta de rendre sa Tra gédie publique par la voie de l'impression. Elle eut tout le succès qu'il devoit en attendre; l'édition fut bientôt épuisée ; M. André la vendit luimême , & jouit de la plus grande célébrité. Cinquante carrosses étoient tous les jours à sa porte ;
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ANE- ANS tout Paris voulut se procurer des exemplaires de ce chef-d'œuvre de ridicule,&la satisfa&ion d'en connoî- tre personnellement l'Auteur inimitable. Il reçut dans sa boutique ces visites & ces- complimens avec une modestie pleine de noblelle & de gravité. On lui adressa de tous côtés des lettres-de félicitation ; un
Anglois lui écrivit pour le prier de lui envoyer sa Piece , afin qu'il la traduisit dans sa langue , & quil la fit jouer à Londres. M. André a fait imprimer cette Lettre honorable à la tête de sa Tragédie ; il y a placé aussi une Epitre Dédicatoire à lillustre & célèbre Poète M, de Voltaire, qu'il appelle sou cher Copfrere.
~ ANEAU , ( Barthelemi ) Auteur du Myjlere de la Nativité par Personn âge s , fut d'abord Professeur de Rhétorique, Scerisuite Principal au Collège de Lyon en 1541. Il fit un mauvais ul-age de la confiance qu'on lui donna. Il -s'en prévalut pour accréditer l'hérésie , 8r pour infe&er la Jeunesse qu'il inssruisoit. On ne Fut pas long-tems sans s'en appercevoir ; l'on se contenta-d'abord d'en murmurer : mais un accident arrivé lé jour de la Fête du Saint Sa. crement de l'an 156s , mit fin à. la sédu&ion ,. en terminant sa vie d'une maniéré tragique.
Ce jour , qui étoit le zi de Juin , comme la Procession passoit vers le Collége , on lança avec roideuiy d'une des fenêtres, une grosse pierre sur le Saint Sa-crement , & sur le:: Prêtre qui le portoit. Soit que ce coup vint d'Aneau , ou d'un autre , le Peuple entra en foule dans le Collège , & massacra Aneau qu'il crut auteur de cet attentat.
ANSART , ( M. Jean-Baptisse-François ) ancien Gendarme , a fait les Reports amoureux d'Arlequin.
■ ANSEAUME, , ( MI) né à Paris , Secrétaire , Répétiteur de là Comédie Italienne , est un des principaux Auteurs de ce Théâtre y & auparavant de
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ANS ANS
celui de l'Opéra-Comique. Il embrassa d'abord une profession bien opposée à ce genre de travail. Nos goûts font nos de (lins, dit un Poète qui se trouvoit Jui-même dans une circonstance à-peu-près semblable. M. Anseaume quitta les Prêtres de la Doctrine .Chrétienne , & prit un autre établissement , auquel il renonça de même ; il put alors se livrer sansréserve à son goût dominant. L'Opéra-Comique attiroit beaucoup de Spectateurs : ce fut sur ce Théâtre, que M. Anseaume exposa ses premiers Essais : il débuta par un Prologue intitule : la Vengeance de Melpomène, & donna ensuiteje Chinois poli en France , le Monde renversé , les Amans trompés , la Fausse Aventuriere , le Peintre amoureux de son modèle , le Dotleur Sangrado, le Médecin de' l'Amour, Cendrillon y 1 Ivrogne corrigé , les Epreuves de F Amour , le Maître £ ecole , le Procès des Arrettes 6' des Vaudevilles , le .Soldat Magicien ; & à la Comédie Italienne , l' Isle des Foux , MaZet , le Milicien, les deux Chasseurs & la Laitiere , l'Ecole de la Jeunesse , la Clochette , le Tableau parlant, la Coquette de Village , la Ressource Comique y & a fait tous les Complimens de clôture au Théâtre Italien.
Outre les ouvrages dont on vient de parler , M. Anfeaume a eu part à quelques autres , tels que Berthold à la ville , le Dépit généreux , la Nouvelle Troupe , 8cc. Il ne s'attribue même qu'en partie plusieurs des Pieces que nous avons nommées. C'est .ce qu'il a toujours eu soin de déclarer ; mais les Pieces imprimées sous son seul nom , n'appartiennent -qu'à lui seul ; & ce sont, à coup sûr , les meilleures. ^Pourquoi disputer à un Auteur des ouvrages qu'il assûre être de lui, & que nul autre Ecrivain ne reclame ? Cette manie est des plus communes dans notre siècle ; en est-elle moins injure ? Elle vise à décourager les talens , & trop souvent elle y réusiit. Mais revenons à ceux de M. Anseaume ; le genre .auquel il s'est particulièrement livré , celui des Pieces mêlées d'Ariettes, n'est pas celui de la vraie Comé-
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ANS ANT
die ; cependant il a ses difficultés : il exige de la légerete , de la combinaison ; une coupe relative à cette espèce de Drame ; l'art de ménager au Mulicien ses avantages, sans lui sacrifier ceux du Poète. M. Anseaume a connu ces principes, & s'en eÍt rarement écarté , sur-tout lorsqu'il a travaillé seul. Il connoît l'effet théâtral d'une Scène , & ne met en chant, que ce qui est susceptible d'expression ou d'image. On remarque dans ion Dialogue , & de l'aisance 3c de la justesse. Il l'étend ou le restreint avec une égale facilité. En un mot , ses ouvrages sont, en général, marqués au coin du talent diririgé par le goût , & éclairé par la, réflexion. Le Peintre amoureux de son modèle , le Médecin de mour & l'Ecole de la Jeunesse , trois Pieces que personne ne lui dispute , peuvent aller de pair avec certaines Comédies restées au Théâtre François , & qu'on y revoit toujours avec applaudissement. L'Ecole de la JeuneiTe, sur-tout, est , aux Ariettes près, une Comédie du meilleur genre. Que manque-t-iî donc à son Auteur pour tenir un rang plus disiingué parmi nos Poètes Dramatiques ? Un autre Théâtre.
' ANTIER , ( Marie ) Lyonnoise , vint à Paris en 1711 , & fut reçue à l'Opéra pour la grandeur &- la beauté de sa voix. Elle joignoit, à cette voix admirable , une riche taille , une physionomie noble , fière, imposante , convenable dans les rôles de Magicienne, de Princesse & de Divinité. La Demoifelle Rochois prit plaisir à la former ; & elle a été pendant 2.9 ans au Théâtre avec succès. La Reine, à son mariage , lui fit présent d'une tabatiere d'or , avec le Portrait de Sa Majesté. M. & Madame de Toulouse la gratifièrent de plusieurs bijoux de prix & de vaisselle d'argent pour les voyages qu'elle fit , à Rambouillet : elle eut l'honneur de représenter tes premiers rôles dans les Ballets dansés par Sa Majesté : elle quitta le Théâtre en 1741 , avec une:
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ARA ^ ARM yension de 1500 liv. de l'Opéra, & mourut quelques années après.
A RAIGNON , ( M. ) Avocat au Parlement de Paris , a donné le Siége de Beauvais , le Vrai Philosophe, & avec M. Clément, le Prix de CAmour,
ARDENE , ( Esprit Jean de Rome d' ) né à Marseille en 1684 , mort dans la même ville en 1748 , a composé la Comédie du Nouvellifle.
ARMAND , ( François Huguet ) plus connu sous le nom seul d'Armand , naquit à Richelieu en 1699, d'une honnête Bourgeoise du Poitou. Il eut l'honneur d'être tenu sur les fonts de Baptême , au nom de M. le Duc, aujourd'hui Maréchal de Richelieu , gui n'étoit alors guère plus âgé que son Filleul. L'enfant fut élevé sous le nom d'Armand , qu'il a porté toute sa vie , par un sentiment de respedt pour Ion Parrein. L'Abbé Nadal, Poitevin comme lui, le plaça chez un Notaire à Paris ; mais un penchant pour les plaisirs & pour le Théâtre , lui fit abandon.. ner la chicane. Après diverses aventures dignes de Gilb1as de Santillane, il joua la Comédie en Languedoc , & revint ensuite à Paris , où il débuta - sur le Théâtre de la Comédie Françoise en 172-3 y par le rôle de Pasquin , dans l'Homme à bonnes fortunes. La nature lui avoit donné le masque le plus propre à caraétériser les talens d'un Valet adroit Ss fourbe ; c'est principalement dans ce rôle qu'il excelloit. On le grava dans le Personnage de Carondas, au moment où, à l'exemple du Valet de Zenon , il voloit le Philosophe son Maître, par un mal-entendu de Philosophie. Ce rôle, dans la Comédie des Philojoph s, celui de Fabrice dans l'Ecossoire % & celui du Garçon Libraire dans la Présomption à la mode , furent les derniers qu'il représenta dans les Pieces nouvelles. Ce Comédien mourut à Paris en x765. Il s'étoit retiré du Théâtre peu de tems,
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ARM ARM
avant sa mort, avec une pension du Roi, après quarante-deux ans de service. Il étoit le Doyen des Comédiens François.
Le caractère de cet excellent Acteur étoit de
Toir tout gaiement ; & dans les affaires les plus sérieuses , il ne, pouvoit se refuser une plaisanterie. Il narroit d'une façon à faire distinguer les différens Interlocuteurs qu'il mettoit en action dans ses récits; il imitait leur voix , leurs moindres gefles ; on eut dit que Scarron l'avoit deviné dans le Personnage de la Rancune. On a conservé un discours que cet Acteur avoit composé étant Clerc de Notaire , & qu'il débita dans une Comédie Bourgeoise, dont il s'étoit chargé de faire le Prologue.
« Meilleurs , mon dessein n'est pas, dans ce jour qui » renouvelle l'année , de vous jetter de la poudre 3) aux yeux , ni de vous faire croire que des vessies » font des lanternes. Je sçais trop que, Marchand 5» d'oignons doit se connoitre en ciboules , & que « vous êtes des éveillés de Poissy , à qui l'on ne » feroit pas passer des chats pour des lievres ; parce « que vous en avez bien vu d'autres, & qu'on ne 3» sçauroit vous en donner à garder. Je n'ignore pas ?) qu'un discours bien garni de fleurs de rhétorique y « viendroit ici juste comme de cire , ou si vous voulez , comme Mars, en Carême , & que ce ne » seroit point tirer ma poudre aux moineaux , ni » semer des marguerites devant des pourceaux. Mais il n'y en a pas de plus embarrassé , que celui qui V tient la queue de la poêle : à petit Mercier, pe« tit panier , & à bon entendeur demi-mot. Si nous » ne remplirons pas nos rôles comme les grands » A&eurs que vous avez journellement sous les » yeux , c'est qu'il n'est pas permis à tout le monde » d'aller à Corinthe , & que qui est apprentif n'est % f pas maître. Loin de nous en faire accroire , nous avouons de bonne foi, que, si nous comptions moins 3) sur votre indulgeace , nous ne sçaurions tous sur quel pied danser. Mais si vous daignez nous mettre
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ARM ARM
» le cœur au ventre , nous ne vous promettons pas poires molles , ni plus de beurre que de pain ; >» & nous irons de cul & de tête , comme des Cor:» neilles qui abattent des noix. Ainsi , Messieurs , » sans tourner si long-tems autour du pot, ni chercher midi à quatorze heures , d'autant plus que » vous n'ignorez pas que trop gratter cuit, & trop parler nuit , je me contenterai de vous prier de » ne pas nous recevoir comme des chiens dans un jeu de quilles , en vous assurant que notre recon» noissance ne sera. pas entre le ziste & le zeste , » ni moitié figue , moitié raisin ; & que lorsqu'il » s'agira de vous faire épànouir la ràte , on ne nous 3) verra jamais n'y aller que d'une fesie, &c ».
Cette harangue fut extrêmement applaudie ; l'Abbé Nadalne putse contenir ; il se leva , monta sur le Théâtre , courut embrasser son jeune protégé, & lui promit une amitié qu'il lui conserva toujours.
Armand ne fut point, à la vérité , du nombre de ces Afteurs doublement célèbres, par le jeu & par la composition. Son mérite se bornoit au talent de la représentation dans les Personnages comiques ; mais il sera regretté long-tems par ceux qui sçavent combien le naturel est rare , 8c combien peu il est aisé de faire rire une Nation éclairée & polie, devenue d'autant plus difficile , qu'elle a eu sous les yeux un plus grand nombre d'excellens modèles ; qu'elle a sacrifié à de tristes bienséances une partie de ses grâces ; & qu'enfin l'ancienne gaieté Françoise a presque disparu sous la froide manie du raisônnement.
L'Aéteur dont nous parlons a créé plusieurs rôles ; & il fut le Rettaurateur de ceux de Falaise , dans la Réconciliation Normande , & de Glacignac, dans le Mariage fait &> rompu. Le rôle du Commandeur de la Rocaille dans le Prologue de YIn-promptu de la Folie, étoit de son invention ou plutôt c'étoit une copie parfaite d'ua original qu'il' avoit cofmu.
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Il joua celui de Pantalon dans la Françoije Italienne > petite Comédie tirée du même Divertissement ; &c il contrefit avec tant de vérité le Pantalon des Italiens , que celui-ci disoit en le voyant : « Si je ne, :» me sentois au Parterre , je me croirois sur le :» Théâtre ».
Quand il établit le rôle 'de Pirante dans l'Etour- derie, Fagan , l'Auteur de cette Piece , prit d'abord sa maniere de le rendre pour une charge donc il ne put s'empêcher de rire ; mais , aux dernieres répétitions, il lui dit sérieusement, qu'il n'entroit point du tout, dans le cara&ère de son Personnage.
Armand s'obstina à le rendre comme il l'a voit con-
çu ; & ce rôle contribua au succès de l'ouvrage.
Son humeur gaie & facétieuse ne le quitta jamais. Le commencement de la fortune fut même l'effet de sa plaisanterie. Il avoit l'habitude , en allant se promener avec ses amis , de parier y ou la dépense du moment , ou des billets de Loterie , au premier Bofifu que le hazard lui faisoit rencontrer sur son chemin ; & rarement ces billets étoient malheureux. Un jour, au sortir de la Comédie, il rencontra ( ce qu'il regardoit comme un présage très-favorable ) un Bossu , dont la physionomie le frappa plaisamment. Dans l'accès de sa gaieté , il ~ alla prendre , sur le champ , quelques billets de Lotterie à la devise du Bossu. Un de ces billets lui rapporta huit mille livres : c'étoit , disoit-il quelquefois , le plus beau des Bossus.
Etant à Lyon à se divertir avec des amis , survint un, fâcheux , qui , après avoir soupé à leurs dépens , leur demanda encore à coucher pour cette nuit. Chacun s'en défendit en faisant retraite. Armand reflé seul , connoissant l'humeur du Personnage , & voulant éviter une affaire , lui promit de „ partager son lit. C'étoit une belle nuit d'été ; Armand conduit le fâcheux à la promenade , met son épée..en bandouliere , ses souliers dans sa poche,
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ARM ARN grimpe au haut d'un arbre, & s'y établit aussi tranquillement que dans l'appartement le plus commode. cc Que faites-vous donc , dit l'Importun que ce ma-. 33 nége commençoit à impatienter ? Je loge ici , » reprit Armand ; & je vous invite à faire de même ».
ARMAND , ( le sieur ) Privilégié du Roi pour les Spectacles de Fontainebleau , & fils du célebre Acteur de ce nom , est Auteur de plusieurs Pieces de Théâtre , jouées en Province ou dans des Sociétés particulières. Ces Pieces sont Falaise J'auvée, la Foire aux Complimens , le Retour des Comédiens , les Etrennes allégoriques d'Arlequin , l'Heureux Evénement ou le bien venu, le Petit Maître raisonnable ou les Coquettes dupées , l'Amour vainqueur & désarmé , la Pupille de Fagan mise en Vaudevilles , les Effets de la Vengeance , le Dépit amoureux de Moliere , réduit à un A été , Arlequin Poète extravagant, l'Heureuse Union, le Retour du Commerce , l'Honnête-homme , les Proverbes , le Cri de la Nature, le Moyen d'être heureux ou les Bienfaisans , le Repas allégorique , D'une mauvaise paye on tire ce qu'on peut y & Ventre affamé n'a point d'oreilles , Proverbes.
ARNAUD , Provençal , Agamemnon, Tragédie imprimée en i64z.
« ARNAUD, (M. François-Thomas-Marie de Baculard d') né à Paris , & originaire du Comtat d'Avignon , est Auteur de plusieurs Drames de la touche la plus lugubre. Si on les considere du côté de la chaleur , du sentiment & du pathétique, on trouvera qu'aucun des Poètes de nos jours ne le surpasse à cet égard. Le Comte de Comminges , Euphémie , Fayel, ~Mérinvat seront toujours regardées comme des Pieces , où la sensibilité respire presque à chaque Scène , avec une force & une énergie capable d'attendrir l'âme la plus froide. Ses autres Prames sont Coligni & le Mauvais Riche.
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ARN AST
ARNOULD , ( Mademoiselle ) excellente Actrice de l'Opéra, où elle joue les rôles tendres avec le plus grand succès.
ARNOULD , (M. François Muffbt) de Besançon ; le Savetier dupé , l' Heureux Jaloux , la petite Meuniere , le Compliment interrompu, du nouvel an , le Testament de PolichineL , polichinel de retour de l'autre Monde > la Fontaine merveilleuse , les Audiences de Cythere , Monnoye fait tout, ou la Réconciliation intéressée , le Dénicheur de Merles , le Répertoire , la Veillée Villageoife f Robinson Crusoé , l'Arbre de Cracovie , le Ma.. riage assorti , le Compliment de la Clôture , le ScuLpteur ou les Manequins , le Chat botté , le Villageois clairvoyant , Alcefle ou la Force de l'Amour & de l'Amitié 9 l'Aslrologue , Alcimatendre , la Fête de Colette f le Braconnier. ,
ARTAUD,(M.Jean-Baptiste) né à Montpellierle 16 Décembre 17, Censeur Royal, Bibliothécaire de M. le Duc de Duras , Auteur d'une brochure intitulée la Petite Posse dévalisée , a composé la Comédie de la Centenaire.
ARTHUS , ( le Pere ) Jésuite , Auteur de la Tragédie de Benjamin.
ARTIGUES ; ( Hébert d' ) le Médiateur, Comédie; une Nuit de Paris , Comédie.
A ssouct , ( Charles Coipeau d') naquit à Paris en 1604. Il essuya beaucoup de traverses , eut beaucoup d'aventures qu'il a écrites lui-même d'un style presque bouffon , & mourut peu riche en 1679. C'est de lui que parle Chapelle dans son voyage. Son seul ouvrage Dramatique est intitulé les Amours. d'Apollon & de Daphné.
AstRAUDI , ( Rosalie )qui avoit débuté en 1744, par
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AUB AUB
le rôle de Florine datis l'Isle des Taiens , fut reçue & continua de remplir avec succès ceux d'Ajmûureqse &: de Soubrette, tant dans les Comédies Françoises qui se jouoient aux Italiens , que dans les Parodies. Elle quitta le Théâtre à la çlôture de 1755, & est morte depuis , après avoir épousé ,le Comte de.... Elle avoit une iceur qui jouoit aussi sur le même Théâtre ; & l'on trouve dans l'Almanach des Spe&acles , ce Quatrain qui fut fait sur ces deux sœurs :
Que d'attraits & de gentillesse
Brillent dans les sœurs Astrau^is !
On croit voir Flore & la jeuneïïe
Des grâces disputer le prix.
AUBERT , ( Jacques ) a été Intendant de la Musique de feu M. le Duc, & a fait celle de l'Opéra de la Reine des Périr. Il est mort au village de Belleville, près Paris, le 19 Mai 1753. - r
AuBERT ,( l'Abbé Jean-Louis ) fils du précédent » Chapelain de l'Eglise de Paris , né à Paris le 1$ Février 1731 , Auteur d'un volume de Fables , de la Tragédie de la Mort d'Abel , & des petites Affiches.
AUBIGNAC , ( François Hédelin , Abbé d ) d'abord Avocat, ensuite Ecclésiastique , naquit à Paris en 1604. Le Cardinal de Richelieu lui coïifià l'éducation du Duc de Fronsac , son neveu , & récompensa ses soins par deux Abbayes. La prote&ion de ce Ministre , Ion propre mérite , lui firent jouer un rôle dans le monde & dans la République des Lettres. Il fut, tour-à-tour, Grammairien , Humaniste, Poète , Antiquaire Prédicateur & Romancier. Il avoit beaucoup, de feu dans l'imagination , mais encore plus dans- Je cara&ère. Hautain , présomp,tueux, difficile , bizarre , il se brouilla avec une -partie des gens de Lettres. Ses quenelles avec Corneille, Ménage.j Mademoiselle de Scudéry & Ri-
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AUB . AUF chelet, sont cettés qui ont le p!us éclaté. Il rompit avec te premier > parce qu'il n'a voit pas cité sa Pratique du Théâtre dans l'examen de ses Tragédies; avec le second , parce qu'il n'estimoit pas assez TéTence ; avec Mademoiselle de Scudéry , parce qu'elle se plaignoit que l'Abbé , dans son Royaume de Coquetterie , n'avoit fait que copier & étendre les idées de sa Carte, de Tendre ; enfin avec Richelet , parce qu'il n'avoit pas assez loué son insipide Roman de Macarise. Richelet lui fit cette réponse.
. Hédelin c'est à tort que tu te plains de moi ;
N'ai-je pas loué ton ouvrage ?
Pouvois-je plus faire pour toi ,
Que de rendre un faux témoignage ?
L'Abbé d'Aubignac mourut à Nemours en 1676 , âgé de 71 ans. Outre les ouvrages déjà cités , on a de lui Térence justifié , livre plein de recherches sur le Théâtre ancien. Ses Tragédies sont la Pucelle d'Orléans , Zénobie , & Sainte-Catherine. On lui attribue aussi celles de Palene & d'Erixene.
AuBRY , ( Jean-Baptiste ) Maître Paveur , avoit épousé Génevieve Bayart, veuve du sieur Villeaubrun , Comédienne de la Troupe du Palais Royal, dont il n'eut point d'enfans. Il se remaria , & mourut en 1692. On a de lui Démêtrius & Agathocle.
AuDiERNE ,( M.) Maitre de Mathématique, a donné la Suivante désintéressée , la Méprise , le Marié égaré & les Trois Bojus.
AuDiNOT , ancien Aéteur de l'Opéra-Comique, aujourd'hui Dire&eur du Speétacle qui porte soa nom, est réputé l'Auteur duTonnelier.
AUFFRAY , ( Francois ) Gentilhomme Breton, conau pour l'Auteur d'une Piece intitulée ~Zo
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AUG AVI
AuGE , ( Jean-Baptiste ) fit imprimer à Dijon sa
Pastorale de Doris.
AVISSE , { Etienne ) Auteur du Divorce , de la Réunion forcée , de la Gouvernante , du Valet tmbar.. ras'é , des Petits Maîtres , & des Vieillards intéressés p est mort en 1747.
AUNILLON, , ( l'Abbé Pierre-Charles Fabio ) mort en 1760 , âgé de 76 ans. On lui attribue les Amans déguisés t Comédie, & quelques Romans.
AUTREAU ( Jacques ) joignoit le talent de I4 Poësie à celui de la Peinture. Parmi plusieurs Tableaux , il en reste deux allez estimés : le premier représente, dans une Salle, Messieurs de Fontenelle. Lamothe & Danchet , se disputant sur un ouvrage <iont on a fait la levure ; le second est Diogene cherchant un homme, la lanterne à la main, & l'ayant trouvé dans la personne du Cardinal de Fleury , -dont il montre le Portrait dans un médaillon , au bas duquel est cette inscription: Quem fruflrà que-, fivit Cynicus olim , ecce inventas adefi.
Cet Auteur, Peintre par besoin , & Poète par goût , mourut dans la pauvreté , presque toujours attaché à ces deux proférions, à Paris sa patrie y à l'Hôpital des Incurables , en 1745 . Quoique d'un caraétère sombre & mélancolique , il a composé des Comédies qui ont fait rire , & qui amusent encore. Ï1 avoit près de soixante ans , lorsqu'il s'adonna au Théâtre , qui demande toute l'imagination & la vivacité de la jeunesse. Ces Pieces sont le Port-àV Anglois, Démocrite prétendu fou ,1e Chevalier Bayard, la Magie de 1" Amoiir, l' Amante Romanesque, les Amours ignorans, Panurge à marier, la Fille inquiète, Rhodape , les Faux Amis , Panurge dans les espaçes imaginaires , les Fêtes de Corinthe , le Galant Corsaire . Mercure & Dry ope.
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AUT AUV
Telles sont les productions Dramatiques d'un Auteur , qui, non content de manier , tour-à-tour , ta plume &le pinceau , eut encore le double avantage d'introduire notre langue sur le Théâtre Italien, & de ramener sui la Scène Françoise un genre de Comique presque oublié. Son nom , qui fait époque sur les deux Théâtres, doit donc être également cher aux deux Troupes. Sous un air simple & modelte , Autreau cachoit un esprit fin , délicat & facile. Le ton de gaieté qui regne dans ses ouvrages , est d'autant plus surprenant , qu'il avoit dans l'ame un fond de tristesse & de mélancolie causées par sa mauvaise sortune, qui alloit quelquefois jusqu'à la misanthropie. Sa facilité , qui ie rendoit propre à tous les genres , se manifeste principalement par la simplicité de sa composition , une expression naturelle , &le style le plus convenable au sujet. Il rapportoit tout à ce dernier objet r & lui sacrifioit souvent une certaine noblesse , & quelquefois la bienséancè. Il réussissoit principalement à peindre les ridicules ; mais l'on sent qu'il auroit pu avoir le même succès en adoptant le haut Comique , si la singularité de son cara&ère & la médiocrité de sa fortune , ne l'eussent pas éloigné du grand monde. Les dénouemens de ses Comédies ne sont point heureux, & ne causent aucune surprise , parce que l'intrigue en est si simple , qu'on en prévoit d'abord toutes les fuites. Je crois pourtant que cet Auteur , qui, sans doute , ne doit être placé que parmi les Comiques du second ordre , eût pu occuper les premiers rangs, s'il n'eût pas fait usage si tard de ses talens pour le genre Dramatique.
AUVERGNE, ( M. d')Surintendant de la Musique du Roi , Auteurde celle des Amours de Tempé , des Fêtes d'Euterpe , de la Venitienne , des Troqueurs , d'Enée 6* Lavinie , de Canente , d'Hercule mourant, de .Polixene , du Prix de la Valeur , de la Coquette trompée , du Retour du Printems , de la Tour enchan-
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AUV AUV
tée , de Sérniramis , par Roy , de la Mort d'Orphéé £ par M. Marmontel, Tragédies qui n'ont pas été représentées , de Linus en société ; & de tous ses changemens faits dans l'Opéra de Callirhoi , des Fêtes Grecques é» Romaines , notamment dans l'Aéte de Tibulle , dont il a refait les airs de Ballets & les Chœurs.
AUVILLIERS , ( le fleur d' ) Comédien de l'Electeur de Baviere , a fait jouer à Munich une Comédie de sa façon , intitulée le Faucon , ou la Conr- tance. *
AuvRAY , ( Jean ) naquit en 15 go ; il se fit Avocat au Parlement de' Normandie , & mourut en 16H. Il a donné l'innocence découverte , Madonte & la Dorinde.
AzÉMAR, ( M. d') a donné les Deux Miliciens.
BAC BAC
BAcCELLI. Les Comédiens Italiens pour réparer les pertes que leur avoient causé la retraite de Madame Vezian , connue sous le nom de Piccinelli t & la mort de Madame Savi, chargèrent, au mois d'avril de l'année 1766 ,1e sieur Colalto , qui joue les rôles de Pantalon, d'aller en Italie chercher deux Attrices pour les rôles de premiere & de seconde Amoureuse. Les Signora Sanareni & Baccelli , mere & fille , qu'il ramena , débutèrent le 2.2. Août dans les Amours d' Arlequin, Comédie en trois Aétes de M. Goldoni. Ceux qui possedent la langue Italienne, applaudirent beaucoup à la maniere de dialoguer de la mere ; mais comme ce talent n'est pas à la portée de tous les Spectateurs François, elle n'eut pas tout
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le succès qu'elle pouvoit: espérer ; l'une & l'autre furent cependant reçues à persson , & continuèrent de rempli , la mere l'emploi de premiere Amoureule, & la site celui de Soubrette.
BACO , ( M. Jean-Baptisse-Pierre )Avocat, né à Paris, a composé la Mahonoise , petite Piece dont les Scènes ne sont qu'ébauchées.
BADON , ( Isaac-Jean ) Jé suite } né dans le Diocèse de Montpellier en 1719 , Professeur de Rhétorique à Toulouse , y lit jouer la Tragédie de Sinoris.
BAÏF , ( Lazare ) né en Anjou , proche la Flèche > Abbé , Conseiller au Parlement, & Maître des Requêtes , fut envoyé Ambassadeur à Venise en 1 f 3a r & chargé en suite de diverses commissions importantes. Il avoir cultivé les Lettres , & s'y étoit distangué. Il reste de lui deux Tragédies intitulées. ~Èletire ~litcuba..
BAÏF ) ( Jean-Antoine ) fils naturel du précédent & d'une Demoiselle Vénitienne y que son Pere avoit connue dans le te m s de son Ambassade , naquit à Venise en 1532. Il fit ses études avec Ronsard ; & ils s'adonnèrent l'un & l'autre à la Poësie Françoise ; mais ils la défigurèrent par un mélange barbare de mots tirés du grec & du latin. Baïf étoit un bon homme , suivant le Cardinal du Perron , mais uq mauvais Poète. Sa versification est dure , incorre&e
& rempante. Comme la plupart des Poètes , il fut maltraité de l'amour & de la fortune , & se plaignit dans ses vers des rigueurs de l'un & de l'au-. tre. Il voulue introduire en notre langue l'usage d'une Poëlie mesurée à la maniere des vers Grecs
& latins : mais le Poète Rapin, dans une OdeadrefTée à Sainte-Marthe , se fait gloire de cette ridicule invention. Voici le. commencement de cette Ode :•
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BAI BAL
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Sainte-Marthe , enfin je me suis avancé
Sur le train des vieux , & premier commencé
l'ar nouveaux sentiers , m'approchent de feien près
Au mode des Grecs.
A cet amour pour la Poésie mesurée, Baïf joignit celui de la Musique , qui lui fit naître la pensée d'établir à Paris une Académie , où l'on cultiverait l'une & l'autre : il en obtint les Lettres-patentes; &: cet établissement se fit dans une maiibn qu'il avoit au Fauxbourg Saint-Marceau. C'elt la premiere idée qu'on ait eue d'une Académie de Musique en France. On y faisoit des Concerts qui 1. attiroient les personnes de la plus grande diftin&ionj^ Charles IX & Henri III y affilièrent quelquefois £ mais les guerres civiles & la mort de notre Poète arrivée en 1591, mirent en déroute cette Société académique , dont le but étoit de prendre la me-' sure , les nombres & la cadence des vers des anciens , pour en faire en françois à leur imitation. Les ouvrages de Théâtre du Poète Baïf sont l'funuque , le Brave, Antigone , outre la traduét:ion de quelques Pieces de Sophocle, d'Euripide , d'A;iflophane & de Térence, qui ne nous est parvenue qu'en manuserit*
BAILLE RE , ( M. ) né à Paris, Auteur de Dell.. talion & Pyrrha, du Rossignol , du Retour du Printcms 9 de Zèphire & Flore , & de la Guirlande. ' J
BAILLY , ( Jacques ) né VVersailles en 1701 » Garde des Tableaux du Roi, a fait la Parodie d'Armidet Bolan , Afo mu s Çenseur des Théâtres , le Triomphe de l'Hymen, lé Temple du Dcjlin , le Bouquet , l'Accident imprévu , les Viftoires de l'Amour , Ph 11, 9 Omphale , Titonet , les Fêtes de la Paix.
BALETTI , ( Joseph) dit MARIO , né k Munich , & mort en 1762. Il fut un des Acteurs Italiens que Riccoboni amena à Paris en 1716 , lorsque M. le Duc d'Orléans , Régent, voulut rétablir la Comédie Italienne dans cette Capitale ; & il y joua tes
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BAL BAL
rôles d'Amoureux. En 17*0 , il épousa Jeanne-Rose Benozzi, siconnue depuis sous le nom de Silvia , une des plus parfaites Aéfcrices qui aient paru sur aucun Theâtre. Les vers suivans font connoître ce qu'on jsejifoit des t,al,ens,-& du caractère de son mari.,
Mario , que chacun renomme /
.. Pour un Assour ingénieux,
; ' rôle que tu fais le mieux , î; . . C'est le rôle d'un galant-homme.
^ .-ÈALF,TTl , ( Giaiietta-Rofci Beno^i ) dite SLLVIA ,, ijie à Toulouse .de Parens Italiens , .& venue fore, jeune à Pa.ris*,én 1716 , où elle épousa Joseph Ba-. tettfï;,, dit Mario* Elle a joué, pendant quarante-deux qns, les rôles d'Amoureuses avec des applaudiiïemens.
: vin succès.. toujours soutenus ôc elle est morte regréjté.e d-u Public en i75.
- Toi, qtoe les Graces ont for-Énée
Sois fûre aimable SU via , ; ;
... Que. tu seras toujours aimée, ; r .
Tant que le bon goût durera..
BALEtTl. , ( Louis ) fils des précédens , débuta à la Comédie Italienne dans le Petit Maître amoureux y fit le rôle qui donne le titre à cette. Piece , & fut çeçu, quelques années.après , pour la déclamation 62 pour la danse, dans laquelle il a excellé. Le jour de îqu début, la Demoiselle Silvia, sa mere , avoit favorablement disposé le Parterre par le compliment Suivant :
cf Meflleurs , pardonnez à l'inquiétude qui m'ameD3 ne ici ; il n'appartient qu'à vous de la calme ; elle est si naturelle , que vous en serez peut-être; » touchés. Vous allez décider du sort du nouvel
A&eur qui va paroîrtë; sa fortune est entre vos 3) mains ; c'est une mere encore plus tremblante que -?î (on fils, qui vient -sq!kiciter pour lui votre indulgence. ••• .1 ..
..«JU n'a pas tçnu, à moi,,,qii'il n'ait renoncé au. parti
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BAL BAL
» qu'il embrasse ; j'y ai fait mes efforts ; mais ni » mes peines, ni mes représentations n'ont pu l'en détourner. En vain lui en ai-je montré toutes les difficultés ; en vain en lui parlant des talens qui lui sont nécessaires pour mériter vos suffrages , 3) l'ai-je humilié , peut-être plus qu'il ne méritoit ; » rien ne m'a réu(ti. J'y ai perdu jusqu'à mes lar3) mes ; & ce qui redouble en ce moment ma crainte , c'est que c'est à moi que j'accuse de l'inutilité de mes y> efforts oui, Messieurs , c'est à moi que je m'en » prends. Il est si doux de vous plaire , ou seur » lement d'imaginer qu'on vous a plu ; & dans » les occasions où vous avez bien voulu récompenser mon zèle par quelques applaudissemens , j'y ai paru si sensible , j'en ai laissé éclater devant lui une joie si imprudente , qu'elle est de)0 venue aujourd'hui l'attrait invincible qui le détermine , & qu'enfin l'espérance d'avoir quelque 3, jour un peu dè part à cette joie si délicieuse , ne » lui permet plus de voir à quel prix vous la don. nez. Ainsi , Messieurs, ce sont les bontés que vous ■» avez eues pour moi , qui l'exposent aujourd'hui » au danger qu'il va courir ; & j'ai recours à là même bonté pour l'en tirer ». - Ce discours fut fort applaudi ;le jeune Aâeur , auquel on trouva beaucoup de dispositions , ne le fut pas moins. Il fut reçu avec le sieur Carlin au. mois d'Août de l'année suivante.
Ba!etti, lorsque je te vois,
: J'entends aussi-tôt le Parterre
Se récrier tout d'une voix:
Son talent est héréditaire.
BALTCOURT , ( Marguerite-Thérèsc de ) débuta aux -François en 1717, par le rôle de Cléopâtre dans Ro- dogune , & fut reçue dans la même année. Elle remplisfoit les rôles de Reines & de Meres , & quitta le Théâtre en 1738 , avec la pension de 1000 livres > dont elle a joui jusqu'à sa mort * arrivée en. 1743.*
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BAL BAR
BALOT DE SOVOT , mort en 1761, a retouché l'Opéra de Pygmalion de la Motte. <
BAMBINI , ( M. )efl l'Auteur de la Musique des
Amans du Village , & des Ariettes de Nicaise.
BANZY n'est connu que par le Ballet de Villeneuve-
Saint-George,
BARAGUÉ , né à Rouen , & mort en 1755 , a laissé au Théâtre la Comédie à'Apkos. *
BARAN , ( Henri de ) adonné l'Homme Juflifié par la Foi. ' "*
i
BARANTE , ( Claude-Ignace Brugiere de ) Avocat à Riom en Auvergne , a donné Arlequin défenjeur du beaufexe , la Fontaine de Sc.pience , la Faujje Coquette , le Tombeau de Maître André , la Thlfe des. Dames, & Arlequin Misanthrope. ^
BARBIER. ( Marie-Anne ) Est-il vrai que Mlle. Barbier , née à. Orléans , & morte à Paris en 1745 > r/ait servi que de prête-nom à l'Abbé Pellegrin & que celui-ci lui ait fait le sacrifice de ses écrits & de sa gloire ? Cet Abbé étoit pauvre , j'en conviens ; mais il n'a jamais pafsé pour très-galant ; & Mademoiselle Barbier n'étant ni riche , ni jolie , quelle marque pouvoit-elle lui donner de sareconnoiflance ? Il ess vrai que l'état de l'Abbé Pellegrin l'obligeant à des bienséances qui ne lui permettoient pas de travailler ouvertement pour le Théâtre , ce Poète auroit pu se cacher sous le nom de la Demoiselle ; mais n'a-t-il pas donné , sous le sien propre , des Opéra , des Tragédies & des Pieces Comiques ? Je n'aurois donc pas de peine à croire que Mademoiselle Barbier fût véritablement Au" teur des Pieces , qui forment aujourd'hui ce qu'on appelle son Théâtre ; mais elles ont pu être diri-
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BAR BAR
gées par les conseils de l'Abbé Pellegrin. Ces Pieces sont Aru (y Petus , CorneÚe , Tomyris , la Mort de Cé.s-r . le Faucon , les Fêtes d'été , le Jugement de Pâ- ris , les Plaisirs de la Campagne.
Le Théâtre de Mademoiselle Barbier n'a rien de remarquable , rien qui le distingue particulièrement. On sent qu'en général l'Auteur s'y proposoit la gloire de son sexe , en choisissant des sujetsquien étoient comme le triomphe ; mais rien de plus commun que sa maniere de les traiter. Il est cependant vrai de dire , que la conduite de ses Tragédies est auez réguliere , & l'enchainement des Scènes allez bien lie ; parce qu'il ne faut , pour cela , que de cette espèce de bon sens, dont Mademoiselle Barbier n'étoit pas dépourvue. Il y regne même une sorte de sublime manqué , d'où résultent mille défauts d'éxécution. A force de vouloir rendre ses Héroïnes grandes & généreuses , les Héros même les plus connus , deviennent tremblans & timides ; elle ne montre par-tout que de grandes femmes & de petits hommes , des Géants & des Pigmées. Tandis qu'elle suit , avec l'exaétitude la plus scrupuleuse , des détails minutieux , les plus grands événemens sont à peine indiqués ; & l'on sent la foiblesse d'un pinceau timide , qui n'ose entreprendre de peindre en grand , que ce qui devoit être représenté en petit ; aussi de tous ces foibles incidens , il ne réluite que de médiocres intérêts. La gradation des sentimens sans celle interrompue , ne fait qu'effleurer l'ame , au-lieu de la pénétrer. On trouve , néanmoins , quelques situations touchantes, & une versification aisée , naturelle , élégante. Un peu trop de facilité la rend quelquefois lâche, diffuse ? prolaïque.
BARBIER , a donné , au commencement de ce siècle , !a Vengeance de Colombine , les Eaux de mille Fleurs y l'Opéra interrompu , la Fille à la mode Y Heu-, ftux Naufrage , ÔC les Soirées d'£té.. 4 -
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BAR BAR
BARBIER , ( M. ) né à Vitri-le-François, connu par des Pensées diverses ou Réflexions sur FEsprit , a fait une Tragédie intitulée Cyaxare.
BARDON , Auteur de la Tragédie de Saint-Jacques.
On trouve ces quatre vers au commencement de cette Tragédie : '
Cess'iinage esi veue du Lesteur ;
Mais Saint-Jacques voit ccfi'image
Ailleurs miiè'en plus bel ouvrage :
; Où ? Ses Pèlerins eont au cœur.
BARET , ( M. ) est l'Auteur de f Amant supposé > de Zéiide, des Colifichets , &de l'lfle de la Frivolité,
BARNET , ( Jean ) Conseiller & Secrétaire du Duc de Lorraine , a publié une Tragédie de la. Pucelle d'Orléans , qui étoit de Fronton du Duc.
BARO , ( Balthasar ) né à Valence en Dauphiné en 1600 , fut Secrétaire d'Honoré Durfé. Ce dernier étant mort comme il achevoit la quatrieme Partie d'AJhée , laissa ses Mémoires à Baro , qui continua cet ouvrage. Il fut depuis Gentilhomme de Mademoiselle de Montpensier , ensuite de F Académie Françoise ; & sur la fin de sa vie , il obtint l'Office de Procureur du Roi au Présidial de Valence, &: la Charge de Trésorier de France à Montpellier. II mourut en 16so , âgé d'environ cinquante ansLes Pieces qu'il nous a laissées, sont Cclinde , Clo- ri.tfe , Clorefle , Saint Eu.flache , Clarinzonde , P arthenie , le Prince fugitif, Carifle , ou les Charmes de la Beauté , Rosemonde & F amante vindicative.
BARON , ( Michel ) Fils d'un Marchand d'Issoudun , qui s'étoit fait Comédien , entra dans la Troupe de la Raisin, & quelque tems après dans celle de Moliere. Baron quitta le Théâtre en 1691 , avec une Pension du Roi dç mille écus. Il y remonta en
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BAR BAR
J 7 2.0 , âgé de 68 ans ; &: il fut aussi applaudi, malgré son âge , que dans sa premiere jeunesse,. On l'appella , d'une commune voix , le Roscius de son tiède. Il disoit lui-même, dans ses enthousiasmes d'amourpropre , que tous les cent ans on voyoit un César ; mais qu'il en falloit deux-mille pour produire un Baron. Un jour son Cocher & son Laquais furent battus par ceux du Marquis de Biron , avec lequel Baron vivoit dans cette familiarité , que la plupart des jeunes Seigneurs permettent aux Comédiens. « M. le Marquis , lui dit-il, vos gens ont maltraite » les miens ; je vous en demande justice ». Il revint plusieurs fois à la charge , se servant toujours du même terme de vos gens & des miens. M. de Biron , choqué du parallele , lui répondit : <c Mon » pauvre Baron , que veux-tu que je te dise ; pour» quoi as-tu des gens » ? Baron étoit né avec tous les dons de ln. nature ; & il les avo.it perfectionnés par l'art figure noble, , voix sonore , gestes naturels , intelligence supérieure. Ainsi que les. grands Peintres & les grands Poètes , Baron sentoit bien que les regles de l'art n'étoient pas faites pour rendre le génie esclave ». Les regles , disoit cet Asseur su5> blime, défendent d'élever les bras au-dessus de » la tête ; mais si la passion les y porte , ils seront » bien. La passion en sçait plus que les regles ». Rousseau a dit de cet Acteur, qu'if donnoit un nouveau lustre aux beautés de Racine , & un voile aux défauts de Pradon. Il mourut en 1729, âgé de 77 ans.
J.,e Pere de ce célebre Adteur avoit aufisi, dans un dégré supérieur , le talent de la déclamation. Sa mere , également Comédienne , étoit la plus belle personne de son tems. On rapporte que lorsqu'elle se présentoit pour avoir l'honneur de paroitre à la toilette de la Reine mere , Sa Majesté disoit à toutes les Dames : voilà la Baron ; 8c elles prenoient la fuite.
Cette Aétrice étoit dans le foyer -de la Comédie-,
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BAR BAR lorsqu'un Amant, qui l'avoit quittée , vint se réconcilier avec elle. La paix se fit ; & l'Amant demanda à l'Actrice la clef de son appartement, pour aller , disoit-il , se reposer , & attendre la fin de la Piece ; mais le misérable abusant de la confiance qu'on avoit en lui, prit l'argent avec tous les meubles de prix & se sauva. Mademoiselle Baron étoit dans une situation critique : cette nouvelle, causant chez elle une révolution subite , lui donna la mort.
Le grand Baron avoit épousé Charlotte le Noir , sœur de la Thorilliere &: de la Demoiselle Dancourt. De ce mariage il eut Etienne Baron , qui mourut au mois de Décembre 1711 , dans la fleur de son âge. C'étoit un jeune Comédien , beau , bien fait , & dont les talens commençoient à se perfectionner ; mais un amour trop ardent pour le plaisir en priva le Public. Il fut marié avec Catherine Voudrebeck , fille de la Maurice , Directrice des Spectacles de la Foire , dont il a laissé un fils 6c deux filles 5 l'une nommée Mademoiselle de la Traverse , qui débuta au Théâtre en 1730 , par le rôle de Phcdre , fut reçue en 1731 , se retira en Juillet 17 i 5 , & épousa M. Bachelier , l'un des Valets de chambre du Roi dont elle est: veuve ; & l'autre , nommée Mademoiselle Deroroffes , .ne fit que paroître au Théâtre. Le fils se nomme François Baron ; il a été reçu aux François en 1741, y a joué pendant quatorze ou quinze ans , &: s'est retiré avec une Pension de mille livres. On fit sur lui les vers sui vans , qui font connoitre de quels rôles il se chargeoit ordinairement :
Baron , je te jure ma foi,
Qu'au gré des Juges du Parterre ,
Nul Asseur ne sçait mieux que toi,
Jouer les rôles de Notaire.
Pour revenir à son ayeul, Michel Baron a laissé plusieurs Pieces dont on a formé un recueil, telles -1 que L' H,omrne à bonnes fortunes , le Rendez-vous des
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Tuileries , les Enlevemcns , la Coquette , le Jaloux r l'Andrienne , I'Lcôle des Peres , ou les A.Ielphes. Si on lui disputa principalement les deux dernieres , c'est, sans doute , parce qu'on supposoit plus d'affinité entre le Pere de la Rue & Térence , qu'entre Baron & le Poète latin : mais ce n'en:, tout au plus , qu'une conjecture. Il vaut mieux laitier jouir Baron d'un bien que personne ne reclame, que de risquer de le dépouiller du sien propre. Elevé sous les yeux de Moliere , il étoit difficile qu'il ne puisàt pas dans les discours de ce grand Maître , d'excellens préceptes ; l'intelligence théâtrale , qui regne dans plusieurs de ses Comédies , en ett une preuve. Le dialogue en est vif, les Scènes en sont variées. Rarement elles offrent de grands Tableaux ; mais l'Auteur scait copier , d'après nature , certains originaux au!G importuns dans la société , qu'amusans sur la Scène. On voit enfin , qu'il avoit étudié le monde autant que le Théâtre. Pourquoi donc estil si rarement cité comme Auteur ? C'est que le 'Public partage difficilement son attention en faveur du même homme. Dans Moliere il oublie l'A&eur médiocre , pour ne s'occuper que du grand Poète. Dans Baron , il n'envisage que le grand Aé1:eur , & perd de vue le Poète médiocre. Il a été , en effet, le plus grand Comédien qui ait peut-être existé. Il embrassoit tous les rôles , & les rendoit également bien tous. Lorsqu'il remonta sur 1er Théâtre , on lui vit jouer successivement Néron. & Burrhus , le Menteur , rôle d'un homme de vingt ans , le Pere dans 1' Andrienne , Rodrigue dans le Cid , & le rôle de Mithridate. Il sçavoit donner des nuances différentes aux différens cara&ères ; il jouoit le Misantbrope du ton d'un homme de la Cour ; &: celui d'Arnolphe dans VEcole des Femmes , d'une maniere bourgeoise , mais qui tenoit toujours, un air de noblesse. Dans ce dernier rôle, il ne se mettoit point en habit de vieille Guipure ; il avoit un habit de velours & des bas noirs , une
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veRe d'étoiFe , une perruque qui n'avoit rien de ridicule , & Ion chapeau sur la tête. Loin d'outrer ce rôle , 'il en diminuait la charge, que Moliere lui a donnée , autant qu'il lui étoit possible. Dufresne jouant le rôle d'Horace , dans l' Ecole des Femmes , & Baron celui d'Aïnolphe , attirèrent tout Paris à cette représentation.
Baron n'entroit jamais sur la Scène , qu'après s'être mis dans l'esprit &: dans le mouvement de son rôle. Il y avoit telle Piece où > au fond du Théâtre , & derriere les coulisses, il se battoir, pour ainii dire , les flancs, pour se passionner. Il apofh'ophoit , avec aigreur & injurieusement, tout ce qui se trou voit sous sa main , de Valets & même de camarades de l'un & de l'autre sexe , jus qu'à ne point ménager les termes ; & il appelloit cela lejpecler le Parurre. Il ne se montroir en effet à lui , qu'avec je ne sçais quelle altération de ses traits , &avec ces expressions muettes, qui étoient comme l'ébauche du caraébère de ses diss'éreiis Personnages.
On reprochoit à Baron, que , déclamant sur le Théâtre , il tournoit quelquefois le dos au Parterre ; mais cela ne lui arrivoit que lorsqu'il entendoit parler haut derriere lui : alors il se tournoit vers les personnes, leur déc!amoit les vers qu'il avoit à dire , & par-là leur imposoit iilence. Lorsqu'iJ voulait faire honneur à des gens de dinstinccion ou de mérite, il choilifloit un des plus beaux endroits de la Piece, & le déclamait en les regardant.
Dans le Diable Boiteux , Roman de le Sage , il j a un trait contre ce fameux Comédien , qui estimoit sa profession plus qu'elle ne vaut. Le Sage fait dire au démon : cc J'apperçois un Hittrion qui » goûte, dans un profond lommeil, la douceur d'un 33 i'onge qui le flatte qgréa-b-ement. Cet Acteur est ,> si vieux qu'il n'y: a têts d'homme à Madrid qui ■» puisse
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» puisse dire l'avoir vu débuter. Il y a si long-tems » qu'il paroit sur le Théâtre, qu'il est , pour ainli » dire, théâtrifié. Il a du talent ; & il en est si fier & si vain , qu'il s'imagine qu'un Personnage tel ), que lui est au-dessus d'un homme.. Sçavez-vous y> ce que fait ce superbe Héros de coulisse ? Il rêve 3) qu'il se meurt , & qu'il voit toutes les divinités >* de l'Olympe assemblées pour décider de ce qu'elles 3) doivent faire d'un mortel de son importance. Il 'il entend Mercure qui expose au Conseil des Dieux , que ce fameux Comédien, après avoit eu l'hon>J neur de représenter si souvent,sur la Scène, Jupiter -& les autres principaux immortels , ne doit pas » être assujetti au sort commun à tous les humains, » & qu'il mérite d'être reçu dans la Troupe céleste. » Momus applaudit au sentiment de Mercure; mais quelques autres Dieux & quelques Déesses se ré» voltent contre la proposition d'une apothéose si a) nouvelle ; & Jupiter , pour les mettre tous d'ac» cord , change le vieux Comédien en une figure » de décoration ),.
Le Portrait de Baron a été gravé ; & voici quatre vers que le grand Roufleaufit pour être misaubas :
Du vrai, du pathétique il a fixé le ton.
De son art enchanteur Tillusion divine ... ' Prêtoit un nouveau lustre aux beautés de Racine ,
Un voile aux défauts de Pradon.
B ARRAN , ( Henri de ) a donné l'Homme jujlifiêpar la FIJi., Tragi-Comédie.
BARTHE , ( M. ) né à Marseille , de l'Académie des Belles-Lettres de la même ville , connu par pluiieurs ouvrages- de Poeiie fort estimés , & par trois Comédies , qui sont l' Amateur, les Faujjes Infidélités , & la Mere jalouse , où l'on trouve de l'esprit, de la gaieté , des Scè nes d'un bon Comique , avec beaucoup de facilité & de précision dans le Dialogue.
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BAS SE COUR, ( Claude ) natif de Ham en Haï- nault , a fait une Tragi-Comédie Pastorale, intitulée Mi Las.
BASTIDE , ( Jean-Francois de) né à Marseille en 17*4 > petit neveu de l'Abbé Pellegrin , connu par beaucoup de Romans , a tait pour le Théâtre le DéJènchal1tement inejpéri , le Jeune homme, les Deux talens, l' Epreuve de la probité , les Caraflères de la Mufique y les Etrennes , Gésoncour 6* Clémentine.
BATISTIN, ( Jean-Baptiste Stux ) Musicien , Allemand d'origine , né à Florence , a fait les Opéra Ze Méléagre 9 de Manto la Fée & de Polydore.
BAUGE , ( Daniel-Paul Chapu.reau de ) né à Lyon 9 étoit fils d'un Ministre de la Religion prétendue ¡-éformee , & avoit même été Protestant. En ab-, jurant les erreurs de Calvin , il prit le petit collet, dans l'espérance d'obtenir quelque bénéfice ; mais cette route lui paroissant longue êc incertaine, il abandonna l'habit Ecclésiastique & les Muses , se maria ; & par le crédit de la famille de sa femme, il fut admis dans plusieurs sous-Fermes , qui lui produisirent une fortune assez considérable , pour lui faciliter l'acquiiition d'une Charge de Secrétaire du Roi. Il est Auteur de l'Opéra de Coronis , & mourut vers l'an 1759.
BAURANS , né à Toulouse, mort en 1764, âgé d'environ 54 ans, a composé sur des airs Italiens , la Servante Maitresse & le Maître de Musique.
BA U SSAIS , ( le Chevalier de ) a l!onné la Cydipe.
' BAUVIN , ( M. Jean-Grégoire) Avocat , ancien Professeur à l'Ecole Royale Militaire , de la Société Littéraire d'Arras, sa Patrie , né en 1714, a travaillé à X'Observateur avec M. Marmontel , au
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Mercure , &c. Il n'a fait, pour le Théâtre > que la Tragédie des Ckérusques» v — ■»>»
BEAUBOURG , ( M. Pierre Tronchon de ) avoit épousé là fille de la Demoiselle Beauval , grande Comédienne. T1 succéda à Baron , quand celui-ci se retira en 169 1 , & fut goûté du Public, qU9ique' sujet à confondre les plus beaux endroits d'une Piece avec les moindres , qu'il déclamait avec un égal enthousiasme : ce qu'il corrigeoit cependant par beaucoup d'ame. Il quitta le Théâtre en 1718 , f!;¿ mourut à Paris, âgé de soixante-trois ans, dans de grands sentimens de piété. Sa femme , qui s'étoit retirée dans le même tems que lui , jouoit les •Confidentes Tragiques.
BEAUBltEUIL , ( Jean de ) étoit Avocat au Prétidial de Limoges, & a fait des Poélies Latines
& Françoises. Nous avons aussi de lui une Tragédie de Régulus. .
BEAUCHAMP , ( Pierre-François-Godard de ) né" à Paris , mourut dans cette ville ,en 1761 , âgé de 72. ans. On a de lui les Amours d'Isméne & lf/mnias , traduction libre du Roman grec d'Eullatius, excellent Grammairien , & Auteur des fameux Commentaires grecs sur Homere. Dans ses Recherches sur les Théâtres de France , Beauchamp ne s'est pas borné à compiler les titres des Pieces ; il y a. jbint des particularités sur la vie de quelques Comédiens François ; mais il a oublié plusieurs Anecdotes intéressantes, dont il aurait pu orner son ou- 1 vrage. On auroit souhaité qu'il eût développé le goût dè nos ancêtres pour les Speéfcacles , l'art & les progrès des Théâtres Tragique & Comique depuis Jodelle ; le génie de nos Poètes & leurs manieres d'imiter les anciens. Ses Pieces de Théâtre sont le
Parvenu , la Soubrette , Arlequin amoureux par enchantement, le Jaloux « le Pomait, les Effets du dépit.
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les Amans réunis le Braffèlet , la Mere rivàle 9 II Fausse inconflance , le Ballet des Tuileries.
BF,AUCH,L TEAU , ancien Comédien de l'Hôtel de Bourgogne , entendant un jour la MetTe à NotreDame , vit une femme toute en pleurs auprès d'un pilier de l'Eglise. Il lui demanda le sujet de son chagrin ; elle fit d'abord quelques difficultés de lui répondre ; mais sur les instances du Comédien, elle lui apprit qu'elle étoit venue à Paris pour le jugement d'un procès qui avoit duré beaucoup plus de tems qu'elle ne 1 avoit prévu , & que ne pouvant avoir des nouvelles de son pays y il ne lui ressoit aucune ressource ; qu'elle n'osoit retourner dans la. chambre qu'elle avoit louée , parce qu'il lui étoit impossible de payer le terme qu'elle devoit. Beauchâteau, touché de ce récit , la retira dans sa maison , lui donna un lit & sa table. Un pareil traitement engagea cette femme à se faire connoître de plus en plus à son bienfaiteur. Elle dit , entr'autres choses , qu'elle avoit eu une sœur qui étoit morte dans un Couvent, où elle avoit expié > par une pénitence austére , le malheur de s'être rendue à la passion d'un Président ; qu'elle en avoit eu une fille ; mais qu'on ne sçavoit ce que cet enfant étoit devenu. La femme de Beauchâteau , qui étoit présente , se sentit toute émue à ce discours ; ses yeux se remplirent de larmes ; & cédant aux mouvemens de sa tendresse , elle se jetta aux pieds de cette personne , & l'appella cent fois sa chere tante. En effet, la Demoiselle Beauchâteau étoit cette fille , le fruit de la s,-duftion du Président & de la foiblesse de celle dont on venoit de parler.
Beauchâteau, Asseur de la Troupe de l'Hôtel de Bourgogne , eut un fils qui, dès l'âge de huit ans , se rendit célébré par différentes petites Pieces de vers qu'il composa pour plulleurs personnes de la. Cour , & pour d'autres , qu'on rassembla en un volume in-40. sous le titre suivant : La Muse naijjante
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du jeune Beauchâteau , ou la Lyre du jeune Apollon. Le jeune Beauchâteau , à l'âge de quatorze ans > quitta ses parens , & patTa en Angleterre , où il abjura la Religion Catholique ; ensuite il s'embarqua pour aller en Perte ; & depuis on n'a pas eu
de les nouvelles.
BEAUJOYEULX , ( Balthasar de )"Valet de chambre -du Roi Henri III & de la Reine sa mere , composa les paroles du Ballet Comique de la Reine.
BEAUMANOIR , ( le Pere de ) Jésuite , Professeur de Rhétorique au Collège d'Aix en Provence , est Auteur d'une Piece intitulée le Génie tutélaire.
BEAUMARCHAIS , ( M. Carron de ) né à Paris, a composé trois Comédies , dont deux seulement , sçavoir Eugénie & les Deux Amis , ont été représensées ; la troisieme , intitulée le Barbier de SéviLle, ne l'a point été pour les raisons qu'on peut lire dans les Mémoires curieux que cet homme , infiniment célébré , a faits lui-même pour son procès singulier avec Madame Goezman. Nous rapporterons ici le jugement porté par M. Palissot sur cet Auteur f comme Poète dramatique.
cc On n'a encore que deux Drames de cet Auyy teur ; ils 'sont écrits en prose, guindée , & parta» gés en cinq Ad:es. M. de Beaumarchais , persua» dé que la perfeftion est l'ouvrage du tems , & « qu'à bien des égards, notre art dramatique est « encore dans l'enfance , paroît s'occuper unique» ment de ses progrès, & des moyens de plaire > » que Moliere a eu , selon lui y le malheur de né» g,,Zer.
» Il a surpassé M. Diderot , par l'attention scru» puleuse, avec laquelle il décrit le lieu de la Scène, » & jusqu'à\ l'ameublement dont il convient de le >\ décorer. lia la bonté de noter, avec le même soin , >5 les différentes inflexions de voix , les gestes , les
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BEA BEA prositions réciproques & les habillemens de fe$
» Personnages....
» Pour facritier davantage au naturel , M. de • aï Beaumarchais a imagine d'introduire , dans la Co» médie des Deux Amis, un Valet bien bête, ce 3) qui est d'une commodité admirable pour les Au- » teurs qui voudront se dispenser d'avoir de l'es>1 prit. Mais une découverte plus, singuliere , plus 3>heureufe, , & dont toute -la; gloire appartient à i» M. de Beaumarchais, c'est le projet qu'il a déve- » loppé dans la Préface de son Drame d'Eiig,-nie , 3) pour désennuyer les Spe&ateurs pendant les en.i,) tre-Aâçs ; il voudroit qu'alors le Théâtre , au lieu de demeurer vuide , fût rempli par des Per., sonnages Pantomimes & muets , tels que des Va» Jets, par exemple, qui. frotter oient un apparte» ment, balaieroient une chambre j battroient de» habits , ou régleroient une pendule: ce qui n'em» pêcherait pas l'accompagnement ordinaire des vio... )) Ions de l'Orchestre ».
BEAUMA VIELLE fut un des premiers Musiciens que Lully fit venir du Languedoc , lors dé rérabliflement de son Opéra en 167Z : il avoit une BafTe--tai1!e des plus parfaites ; & étoit d'ailleurs le: premier Acteur de son tems.
BE A U MEN ARD , ( Mademoiselle ) Aéhice de la-, Comédie Françoise , pour les rôles de Soubrette , avoit paru à l'Opéra-Comique avec beaucoup de succès. En-1744 elle quitta ce Spe&acle , & s'engagea dans différentes Troupes dei Province. E1!e débuta ensuite à là Cour en 1749 , par Finette dans les Menechmes , & à Paris par Dorinc , dans le Tartuffe. Elle fut reçue la même année , quitta le Théâ-tre, y remonta , & épousa le sieur Bellecour.
Toi 9,,ui fais si Hen la Suivante 3
Je ii'ge à ton tendre regard ,
Qu'on te prendroit bien , Beaumenard ,
Four une MaitrelTe charmante.
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BEAUPRÉ , ( Mademoiselle ) est une' des premieres 'A'ârices qui aient joué en femme sur le Théâtre ; car auparavant il n'y avoit que des hommes. Elle d.isoit de Corneille : « Il nous a fait grand tort : nous avions ci-devant des Pieces de Théâtre pour trois » écus , que l'on nous faisoit en une nuit : on y etoit accoutumé ; & nous gagnions beaucoup. Prcsentement les Pièces de M. Corneille nous i,) coûtent bien de l'argent ; & nous gagnons peu de chose. Il est vrai que ces vieilles Pieces étoient misérables; mais les Comédiens étoient excellens;
3) & ils les faisoient valoir par la représentation.
BEAUREGARD , Auteur du Dateur extravarant,
BEA uv AI. , ( la Demoiselle ) Epouse d'un Comé- médien de ce nom , se maria d'une maniéré singu... liere. Son pere formant opposition à son mariage » elle fit cacher son Amant sous la chaire du Curé ; & à la fin du Prône elle déclara devant Dieu & les hommes , qu'elle prenoit Beauval pour son Epoux. Beauval sortit de dessous la chaire & en dit autant; ainsi ils se virent mariés , sinon par le Curé v du moins sous ses yeux. jprf«f f ij ^ ]jo<j
BEDENE , ( Vital ) natif de Pézenasyfit imprimer en 1610 , une espèce de Farce intitulée Secret de ne payer jamais. 1 r
BEHOURT, ( Jean ) 'Régent au Collége des BonsEnfans de Rouen , y a fait jou*r Polixene 9 ,,,Hypft- er atée Se Esaii.
BÉJART y ( Armande-Gresinde-Claire-Elisébeth ) épousa en première nôces Moliere , en secondes Guerin Défriché : elle étoit très-aimable , jouoit supérieurement dans le comique noble , ebantoit avec des grâces & un goût qui lui ont attiré , dams ion tems , autant d'adoreurs que d'applaudisse.,.
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mens. Elle quitta le Théâtre le 14 Octobre 1694 y & mourut le 3 Novembre 1700. La- Demoiselle Béjart sà mere , qui avoit épousé en secret le sieur de Modene , étoit aussi Comédienne , jouoit les Soubrettes & les rôles ridicules , & mourut en t67&..
BEI.IARD , ( Guillaume ) né à Blois, Secrétaire de la Reine de Navarre , n'est connu comme Auteur dramatique , que par une Tragédie de Cléopâtre , & une Aminte.,
BELIARD, ( François ) Horloger à Paris, a fàit de petits ouvrages de différens genres , parmi lesqirete est une Comédie intitulée la. Nouvelle fausse Suivante.
BELTN > natif de Marseille , Secrétaire & Bibliothécaire de la Duchesse de Bouillon , nous a laiflfc trois Tragédies, la Mort d'Othon , Voneneç , Mufiapka & Zéangir. Il est mort à Paris vers l'an 1699»
BEris-LE , a fait une Comédie intitulée le Mariait de la Reine du Monomotapa , en 168*..
BELLAUD , ( Jean-Bartifle ) Provençal, est Auteur de la Bergerie Tragique de Phaéton.
v BELLAVOINE a travaillé pour les Théâtres de la Foire , où il a donné , au commencement de ce siècle , plusieurs Pieces, dont on n.e connoît que Sancho'P arlça.
BELLEAU , ( Remi ) naquit à Nogent-Ie-Rotrou , dans le Perche , en 152.8. Le Marquis d'Elbeuf, Général des Galeres de France , le chargea de veiller à l'éducation de son fils. Il mourut à Paris. en 1577* Ses Pastorales furent eflimées par ses Contemporains :Roniard l'appelloit le Peintre de la nature. Il sut un des sept Poètes de la Pléïade
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BEL BEL
Françoise. Son Poëme de la Nature & de la diversiêé des pierres précieuses , passoit alors pour un bon ouvrage. Il n'a donné au Théâtre qu'une Comédie intitulée la Reconnue.
BELLE-COUR, ( M. Colson , dit ) avoit appris à peindre , & étoit Eleve de M. Carle Wanloo. Son goût pour le Théâtre lui fit quitter ce premier talent : il débuta à la Comédie Françoise le zi Décembre 1750 , par le rôle d'Achille dans Iphigénie , & fut reçu le 24 Janvier 1751. Il joue prélèntement , avec beaucoup de succès , les premiers rôles dans le Comique. Il est l'Auteur d'une Piece intitulée les Fausses apparences»
BELLE-FoREST , ( François de ) Gentilhomme du Comté de Cominges , mort à Paris en 1^83 , a laide plusieurs ouvrages sur l'Histoire de France , & une Pastorale intitulée P y rénie.
BELLE-ROSE se nommoit Pierre le Meffier, & étoit déjà à l'Hôtel de Bourgogne en 16x9. Il eu devint ensuite le chef, brilloit dans les premiers rôles tragiques & comiques , & jouoit d'original ceux de la plus grande partie des Pieces de Corneille. Il quitta le Théâtre en 1643 , & mourut longtems après..
BELLONE , ( Etienne ) Auteur des Amours d'Alcméon , étoit de la Touraine.
BELLOY ( M. de ) a donné à tous nos Poètes dramatiques l'exemple de puiser leurs sujets dans l'Histoire de la nation , & de consacrer leurs veilles àL la gloire de leur Patrie. Cet amour de l'héroisme François suppose nécessairement une ame élevée , qui donnera toujours à ce Poète un caraftère diftingué même aux yeux de ses Contemporains.
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BEN BEN
Ses Tragédies sont Titus , Zelmire , le Siège de Calais , Gabrielle de Vergi, Gaslon & Bayard, Pierre le Cruel.
BENEZÏÎT , Auteur de la Pastorale de Lucianet
&: d'une Piece intitulée Aminte.
BENOÎT , ( Madame Françoise-Albine de la Martiniere ) née à Lyon , veuve de M. Benoît, Dessinateur , outre pluiieurs Romans estimés, a composé pour le Théâtre le Triomphe de la probité , & la Supercherie réciproque. i i
BENOZZI , ( Bonaventure ) frere de la célèbre Silvia , débuta par les rôles de Scaramouche dans Colombine , Avocat pour & contre ^ canevas de l'ancien Théâtre , & fut reçu au Théâtre Italien , sur le-
quel il joua depuis le rôle de DoEleur.
«■>
Le fameux Doreur Benozzi
Nous instruit en nous faisant rire;
C'esi la bonne façon d'initruire ;
Mais elle n'appartient qu'à lui.
BENSERADE , ( Isaac de ) de l'Académie Françoise , né en 1612 à Lyons près de Rouen , d'une famille noble de Normandie , fut d'abord destiné à l'état Ecclésiastique ; mais son amour pour la Comédienne Belle-Rose , lui fit , dit-on , changer de dessein. Il fit fortune à la Cour sur le pied de BelEsprit. Les libéralités de la Reine , du Cardinal Mazarin , & de plusieurs Seigneurs , le mirent en un état d'abondance , qui l'accompagna jusqu'à la fin de ses jours. De son tems la Cour étoit fort dans le goût des Ballets. Comme il se trouva un talent particulier pour la composition des vers qui s'y récitoient, il en fut chargé presque seul , pendant plus de 20 ans. Il esi: vrai qu'il avait pris un tour nouveau. Avant . lui, les paroles ne regardoient que les Personrçages
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fui y étoient représentés , sans faire la moindre al. lusson à ceux qui les représentoient. Benserade trouva le secret de confondre adroitement le
çara&ère des personnes avec celui des Personnages ; & par ce moyen , de se faire un© réputation qu'il n'avoit pu s'acquérir au Théâtre.
Sur la fin de sa vie , il se retira à sa maison de campagne de Gentilly , pour y goûter les douceurs d'une vie paisible. Les douleurs de la pierre viii- rent l'y attaquer. Malgré son grand âge , il prit la résolution de se faire tailler ; mais sa constance ne fut pas mise à cette épreuve ; car un Chirurgien , en voulant lui faire une saignée de précaution , lui
{)iqua l'artère ; & au lieu de travailler à étancher e sang , il prit la fuite. On n'eut que le tems d'ap- peller le Pere Commire , Jésuite , son Confesseur * qui arriva assez à propos, pour lé voir mourir, avec?une fermeté très-édifiante à 80 ans.
On connoît ces vers heureux que Sénecé. a mis au bas du Portrait de Benserade. ov~
$ "5
Ce Bel-Esprit eut trois talens divers,
Qui trouveront l'avenir peu crédule.
De plaisanter les Grands il. ne fit point scrupule,
Sans qu'ils le prirent de travers... ;
Il fut vieux & galant , sans être ridicule » - f* Et s'enrichit à composer des vers.. r >
Outre les Métamorphoses d'Ovide en rondeaux, Benserade a Jaissé vingt-un Ballets & six Tragédies , sçavoir , Cléopâtre, Iphis & Vante , la Mort d' Achille Guflave , Méléagre & la Pucelle d'Orléans.
BERNARD, ( Catherine) née à Rouen en r6tz de parens Protestans , a trouvé, dans sa famille des modèles qui lui ont inspiré le desir de les imiter. Parente de MM. Corneille & Fontenelle, elle s'est crue comme obligée de se faire aussi un nom. dans l'Empire Littéraire ; & pour y parvenir , elle,. a écrit en prose des Romans agréables > & en vers,
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des ouvrages de Théâtre & d'autres Poésies. A-prè!Í avoir abjuré la Religion Prote Hante , elle vint à Paris , où elle s'acquit de la réputation par quan-t tité de jolies Pieces fugitives : elle remporta même des prix à différentes Académies ; & c'est ce qui acheva de lui donner une sorte de célébrité. On prétend que M. de Fontenelle , que les liens de l'amitié , plus encore que ceux de la parenté , attachaient à Mademoiselle Bernard , contribua par ses conseils & ses secours , au succès de ses ouvrages. Quoi qu'il en soit, des personnes de distinction desirèrent de la connoître ; & plusieurs se firent unplailir de l'avoir pour amie. L'Académie des Ricovrati de Padoue la reçut parmi ses membres. Madame de Pont-Chartrain lui fit une pension : Mademoiselle Bernard en eut au ssi une du Roi , de six-cents livres , qu'elle a conservée jusqu'à sa mort, arrivée en 1711. Il y avoit déjà quelque tems , que f par les conseils de Madame de Pont-Chartrain , elle avoit renoncé à travailler pour le Théâtre y où elle avoit donné les Tragédies de Brutus & de LcodaTnle. '
BERNARD, (M. ) né en Dauphiné , Secrétaire Général des Dragons , & Garde des livres du Cabinet du Roi, à Choisy , est célebre par plusieurs Poésies pleines d'agrément , & par les Opéra de Caflor & Pollux , des Surpriscs de l'Ainour , & d'A. nacréon.
L'Opéra de Castor est un modèle de Poésie ingeTIleuse & tendre , aussi propre à s'allier avec la Mu- sique , qu'à lui fournir les moyens de déployer toutes ses richesses. Le plan en est finement conçu r l'intérêt vif ; les Scènes sont bien distribuées , les airs bien amenés , les sentimens aussi variés que naturels. Le Poète a sçu y mettre en jeu , & toujours à proposées diflférens ressorts du Théâtre pour0 lequel il travailloit. Il seroit à souhaiter que le génie de Rameau eût toujours été aussi heureusement
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BER BER ^ fecondé par tous les ouvrage qu'il a honorer de, sa Mulique. les ^
BERNIER , ( François ) rieur de la Brousse , né dans le Poitou , vers le milieu du seizième siècle , cst connu par des Bergeries 6c par deux Pieces intitulées l'Embrion Romain & l'Heureux infortuné*
BERNOWLL y , ( M. ) n'est connu que par une Piece en trois A&es, en vers , jouée & imprimée à Bordeaux en 176 1 , & intitulée le PhiloJ'ophe Joidisant.
BERTAUD étoit frere ou neveu de Madame de Motteville , & l'Auteur d'une Comédie intitulé©' le Jugement de Job &0 d'Ui-atiie.
BERTIN , ( Filbert ) AuOEonnois , & Do&eur en Médecine , a traduit en François la Tragédie de" PoJagrie) imprimée en 1582..
BERTIN , Maître de Clavessin des Princesses d'Orléans , a fait la Musique de l'Opéra de CaJJ'andrc avec Bouvard ; & celle de Diomede , d'Ajax , du Jugement de Paris , 8z des Plaisirs de la Campagne, seul. Il est mort il y a environ trente ans. r
BERTON , ( M. le ) Maître de la Murique du Roi, & l'un des Directeurs de l'Académie Royale de Musique , a raccommodé en entier l'Opéra d'lpkigénie % de même que celui de Camille. Il a fait l'Opéra de Silvie en société avec Trial , de Théonis avec Trial. & Grenier , celui d'Erofine seul, Deucalion 8c Pyrrha avec M. Giraud ; plusieurs morceaux dans les Fêtes Vénitiennes. Il a raccommodé en entier l'Adre de Tibulle dans les Fêtes Grecques & Romaines , ainsi,... que l'Aste du Feu 8c celui de Vertu/nne & Pomone dans les Elérnens. Il a fait dans Zaïs , le monologue , Couler, mes pleurs , 8cc , & d'autres chan-
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BER ^ BEY gemens ; i! a raccommodé plusieurs endroits dans Nais, Il a fait dans Dardanus une Scène entièrement: neuve, & d'autres changemens ; dans Zaïde , plu- , sieurs airs ; & le rôle d'Almançor , qui étoit originairement composé pour une Haute-contre, il l'a remis en Basse-taille. Il a raccommodé en partie les Opéra de Phaéton & d'Isé, que des circonltances ont empêché de mettre au Théâtre. Il a fait en société l'Opéra de Linus ; dans Hyppolyte & AriCie , plusieurs endroits retouchés , ainli que dans Zoroastre , & dans l'Acte de Coronis des Amours des Dieux. Indépendamment de ces ouvrages épars dans divers Opéra , il s'en est peu donné depuis quinze ans, à l'exception des nouveaux, où il n'ait travaillé , soit pour les coupures ou augmentations jugées néceslaires ; soit pour ajouter aux effets de l'Orchestre , comme dans Castor &: Pollux., & autres ouvrages de Rameau, qui 1 en avoit chargé. Il y a de lui plusieurs morceaux de Musique fort connus , tels que sa Chaconne , sa marche , ses Ariettes. Il a refait, en société avec M. de la Borde , tout l'Opéra d'Amadis de Gaule , avec le Prologue , à l'exception .du récitatif; Adèle de Ponthieu, en société avec le même ; il a fait toute la Musique nouvelle de l'Opéra de Bellerophon , & a retouché les divertissemens de l'Opéra d'Issé.
BERTRAND (François) d'Orléans, a fait imprimer à Rouen la Tragédie de Priam, en 1605.
BÉTHISI ,( M.) né à Paris le premier Noveml>re 1702 , a composé les paroles de l'Enlcvement d'Europe , donné au concert de la Reine en 1739-
BEYS ( Charles ) commença à travailler pour le Théâtre en 1635. Louis XIII lui ordonna de composer un Poëme épique sur ses campagnes ; ce qu'il exécuta. Il fut soupçonné d'avoir écrit contre le .' Gouvernement , & mis à la Bastille ; mais son in^
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BEZ BIL ' noeence ayant été reconnue , il en sortit bientôt. Il mourut à Paris le 26 Septembre 16^9 , après avoir donné au Théâtre l'Hôpital des Foux , le Jaloux sans sujet, Celime ou les Freres Rivaux , l'Amant libéral, & les Foux illujlres. On lui /attribue, encore une Comédie des Chansons..
BEZE , ( Théodore de ) Auteur de la Tragédie d'A. braham sacrifiant , & l'une des principales colonnes de la Religion prétendue réformée , est mort à Genève en 16oS , âgé de plus de 86 ans.
BIANCOLLELI , ( Mademoiselle Thérèse ) ci-devant Aétrice de la Comédie Italienne , sur laquelle on a fait ces quatre vers :
Dans tes traits que de dignité ,
Et dans ton jeu que de noblesse !
Thérèse 5 en toi tout intéresse , „
Et tes talens & ta beauté,
\
BIBIENA;{ Jean ) Italien, connu par plusieurs petits Romans écrits en François , a fait aussi une Piece de Théâtre intitulée la Nouvelle Italie.
BTDARD donna à Lille la Tragédie d'Hippolyte.
BIDOT , ( M. ) Avocat au Parlement de Paris, a donné l'Amant déguisé.
BIELFELD , ( U Baron de ) Allemand distingué par son mérite, a composé en François le Tableau de la Cour , la Matrone ? Emilie ou le Triomphe. du mérite , & le Mariage. •<
BiENVENU , ( Jacques ) Auteur Protestant, est connu par la Tragédie du Triomphe de Jésus-Christ,
BILLARD , ( Claude sieur de Courgenay ) du Bourbonjnois, avoit été Page de la Duchesse de Retz,
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BIL ^ BIS
au commencement de l'autre siècle , 8c a laisse les Tragédies de Gaslon de Foix , de Méroué , de Po.. lixcne , de Panthée , de SaiiL , d'Alban , de Gcnevre & de la Mort d'Henri IF.
Cet Auteur, qui se ressent plus qu'aucun autre de l'enfance du Théâtre , n'entend ni l'art de nouer une intrigue , ni celui de filer un dialogue. Les Actes ne sont presque composés que de monologues éternels, dont la lecture est cependant quelquefois agréable. Des pensées naïves , exprimées d'un style ampoulé & hyperbolique , forment un mélange réjouissant ; mais ce plaisir est celui que donne une Farce. Sans chercher dans les Histoires anciennes les Héros de ses Tragédies,-il a choiii dans nos annales des exemples qui nous touchent de plus près , & ne s'est pas borné à peindre les vertus de nos Héros ; il a retracé sur la Scène les crimes & les malheurs de nos Rois. Il a même osé toucher à la
Religion , & traiter un point si délicat, avec une liberté qui seroit réprimée de nos jours. 11 ne craignit point de s'élever , en plein Théâtre , contre un Pontife qui, oubliant qu'il étoit ministre de paix , portoit dans la même main l'encensoir & le glaive.
BILLARD , ( M. ) né à Nanci, avoit composé une Comédie du Suborneur, dont nous avons parlé dans le Supplément, Tome II, à l'article du Comte d'Essex.
BINET , ( Claude ) Auteur du seizieme siècle , a composé une Tragédie de Médée.
BISSON. , (Jeanne) de la Coudraye , a fait imprimer une Tragédie de Saint J e an-B aptifte.
BISSONI , ( Jean ) qui remplissoit le rôle de Scapin , & avoit été amené par Lélio en 1716 , naquit à Bologne , ville d'Italie. Vers l'âge de ii ans, il s'étoit engagé avec un Opérateur , & l'avoit suivi de ville en ville , débitant ses drogues & jouant de
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de petits rôles clans les Farces que cet Opérateur donnoit au Public. Au bout de quelque tems , Bit- soni , aussi sçavant que son Maitre , devint son aiTo- cié & bientôt son rival dans sa profession ; l'alrercation qui survint entr'eux les separà. Scapin passa à Milan ; mais il y trouva un autre Opérateur trèsaccrédité ; de sorte qu'il n'étrenna pas. Point de débit , point d'argent , pas même de quoi fournir à la dépense de l'a nourriture. Le pauvre Scapin sentit vivement tout le malheur de sa fituation ; mais loin de s'en laisser abattre , il eut recours à un stratagême qui lui réunit. Il s'étala dans une place voisine de celle de l'Opérateur qui étoit en vogue ; & après avoir vanté, avec tout l'emphase nécessaire, l'excellence de ses remedes, il ajouta qu'ils étoient trop connus pour en faire le détail , puisque les fiens & ceux de l'Opérateur son voîiin, étoient les mêmes , étant lui-même le fils de cet' Opérateur ; mais qu'ayant eu le malheur de tomber dans sa disgrace par quelques espiégleries de jeunesse , ce pere l'avoit chassé de chez lui, & avoit la dureté de le méconnoitre. Ce dis£ours fut d'abord rapporté à l'Opérateur ; & Bissoni profitant de la premiere impression qu'il avoit faite sur le peuple , courut d'un air repentant , & le visage baigné de larmes , se jetter aux genoux de l'Opérateur , en l'appellant son pere, & lui demandant pardon de ses fautes passées.
Il est facile de croire que l'Opérateur soutint le caraétère que Biffoni lui avoit donné. Il traita celuici de fourbe & de coquin , Se protefla que, bien loin d'être son fils, il ne le connoissoit même pas. Plus l'Opérateur marquoit de co!ere & d'indignation contre BifToni, plus le peuple s'intéressoit en sa faveur. l,a plus grande partie des Spectateurs fut même si touchée , qu'après avoir acheté ses drogues , elle lui fit encore des présens. Bissoni, content du succès de sa fourberie , & craignant des êclaircissemens qui n'auroient pas été à son avan-
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BLA BLA tage, se hâta de quitter Milan. Soit par caprice ou par raison , Bifloni abandonna peu de tems après le métier d'Opérateur , & entra dans une Troupe de Comédiens pour le Personnage de Scapin ; enfuite il passa , en qualité de Maitre-d'Hôtel, au fervice de M. Albergotti , fit un voyage en France avec lui , retourna en Italie , & en fut ramené par Lélio, qui avoit été chargé de former la Troupe des Comédiens Italiens de M. le Duc d'Orléans , avec laquelle il revint à Paris en 1716 , où son talent fut peu goûté. Il continua cependant de remplir son emplo'i jusqu'à sa mort, qui arriva le 9 Mai 1723. Il n'étoit âge que de 45 ans. Après avoir renoncé à sa profession , il fit un teHament, par lequel il laissa tous ses effets à Riccoboni pere , dont il avoit reçu beaucoup de ser vices , tant en France qu'en Italie.
BLAINVILLE le sieur Fromentin , dit) né à Gonefle , près Paris , étoit Maître de Pension dans cette ville , lorsqn'il débuta , au Théâtre François , par le rôle d'c Grand-Prêtre dans Athalie, &: con-. tinua par Palanude dans EU tire , & Lusignan dans Zaïre. Il fut reçu en 1758 , joua les rôles de pere, & quitta le Théâtre plusieurs années après.
BLAISE , Symphonifle pour le Basson dans l'Orchestre de la Comédie Italienne , a composé jusqu'à sa mort, arrivée il y a peu d'années , beaucoup de Musique, vocale & instrumentale pour ce Théâtre, & en particulier celle d'Isabelle 6* Gertrude.
BLAISEBÓIS , Auteur d'une Tragédie de Sainte-
Reine.
BLAMBOUSAULT , né dans le seizieme siècle , est Auteur de l'Instabilité des Félicités amoureuses , Tragédie Pastorale , 8c de la Goutte , Tragédie imitée de Lucien.
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BLA BLA
BLAMONT , ( François Colin de) né à Versailles 'en 1690 , de l'Ordre de Saint-Michel, Surintendant de la Mulique du Roi , &: Maître de celle de sa Chambre , mérita ces distin&ions par ses talens. C'est lui qui a mis en Musique les Fêtes Grecques a Romaines , Endymion, la Fête de Diane , les Caractères de V Amour, le Caprice d'Erato) les Amours du Printems , Zéphine (T flore , Jes Fêtes de Thétis, & Jupiter vainqueur des Titans '> ce dernier avec M. eury son neveu. Colin de Blâmont eil mort en 1760*
BLANCHET , ( Pierre ) né à Poitiers en 1459 , sujvit le Palais dans jeunesse , reçut l'ordre 4e Prêtrise , & mourut à Poitiers en lgî qui est l'Auteur de 1' Avocat Patelin.
BLAVET , célabre Milicien , né à Besancon, en 1700 , excelloit à jouer de la flûte traversiere. L'enbouchure la mieux nourrie & la plus nette , jes sons les mieux filés , un égal succès' dans le tendre & dans te voluptueux : voilà ce que les connoisfeurs admiroient en lui, lorsque M. le Duc de Létrip l'amena à Paris, en 172-1. Il entra à l'Opéra. , & y fit les délices des oreilles sensibles. Le Prince de
Carignan fut le premier qui se l'attacha , en lui accordant un logement & une pension. Il passa enfuite au service du Comte de Clermont , Prince du Sang ; & il fut , jusqu'à sa mort , Surintendant de la Mu{jque de ce Prince. Cèt illustrp Mulicien réunissoit la pratique & la théorie de sop art. On a de lui plusieurs morceaux de Musique vocale & instrumentale , très-bien accueillis des connoisseurs. Il mit en Musique les Jeux Olympiques , le Jaloux corrigé , & la Fête de Cythere. Blavet illustra ses talens par ses vertus : ses mœurs étoient honnêtes , son carad;ère tranquille , sa probité scrupu- )euCe. Il a été pendant plus de trente ans Ordinaire de la Musique du Roi, & est mort en 1768. ON lit dans le Poëme de M. Dulard . intitulé la Gran-
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BLI BOI
deur de Dieu dans les mervdlles de, la nature } les vers suivans à l'honneur de ce Mulicien :
0 toi qui , mieux qu'Orphée , eus fléchi Proserpine ,
Blavet 3 de tes concerts telle est donc l'origine;
De-là naissent ces sons qui charment tout Paris , Toujours redemandés & toujours applaudis.
Pan, ce Dieu fabuleux, ne sit jamais entendre
Dts accords si touchans , une plainte aussi tendre , Quand Ion cœur regrettoit, encor plu; enflammé ,
L'objet de sen amour en roseau transformé.
BLIN DE SAINMORE, (M. Adrien-Michel-Hyacinthe) né à Paris , Auteur de plusieurs Héroïdes , & de la. Tragédie d'Orfhanis. Il a eu part aux Commentaites sur Racine , publiés par M. Luneau de BoisGermain.
BLONDY , l'un des plus grands Danseurs qui aient paru à l'Opéra , étoit neveu & éleve du fameux Beauchamps , Compol1teur des Ballets de Louis XIV. Il succéda à Pécourt , pour la composition des Ballets de l'Opéra , & s'en est acquitté avec applaudissement jusqu'en 1747 , qu'il mourut le 13 Août, âgé d'environ 70 ans.
]BoiNDIN , ( Nicolas ) né à Paris en 1676, d'un Procureur du .Roi au Bureau des Finances , entra dans les Mousquetaires en 1696. La foiblesse de son tempérament ne pouvant résister à la satigue du service, il quitta les armes , pour goûter le repos du cabinet ; il fut reçu en 1706 de l'Académie des Inscriptions & Belles-Lettres, & l'auroit été de l'Académie Françoise , si la profession publique qu'il faisoit d'une espèce d'Athéïsme , ne lui eût donné l'exclusion Il fut incommodé sur la fin de ses jours d'une fistule qui l'emporta le 3o Novembre 17^1, à l'âge de 7 5 ans. On lui refusa les honneurs de 'la sépulture. Il fut enterré le lendemain pompe , à trois heures du matin. Un Bel-esprit s lui si, cette Epitaphe épigrammatique:
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BOI BOI
Sans murmurer contre la Parque
Dont il connoissoit le pouvoir ,
Boindin vient de passer la Barque »
Et nous a dit à tous bon foir.
Il l'a fait sans cérémonie :
On sçait qu'en ses derniers momens
On fuit volontiers son génie ;
Il n'aimoit pas les complimens.
Parfait, l'aîné , héritier des ouvrages de Boindin , les donna au public en 175 j , en 2. volumes. On trouve , dans le premier, quatre Comédies enprose; sçavoir, les Trois gascons, composée avec la Motte , le Bal d'Auteuil , le Port de mer avec la Motte , le Petit-Maître de Robe. On a encore de lui un Mémoire très-circonrtancié & très-calomnieux , dans lequel il accuse , après 40 ans , la Motte , Saurin , & Malaffaire , Négociant, d'avoir comploté la manœuvre qui fit condamner le célebre & malheureux Rousseau.
Voici comme on peint Boindin dans le Temple du goût.
Un raisonneur , avec un fausset aigre t
Crioit : Messieurs , je suis ce Juge intègre ,
Qui toujours parle , argue & contredit.
Je viens siffler tout ce qu'on applaudit.
Lors la Critique apparut , & lui dit :
Ami Boindin , vous êtes un grand Maitre ;
Mais n'entrerez en cet aimable lieu.
Vous y venez pour.fronder notre Dieu ; Contentez-vous de ne pas le connoître.
Les mœurs de Boindin étoient ausï! pures , que peuvent l'être celles d'un Athée. Son cœur étoit généreux ; mais il joignit à ces vertus la préfomption & l'opiniâtreté qui. en est la suite > une humeur bizarre & un caradtère insociable. Cependant il se plaisoit à donner de bons avis aux jeunes Auteurs, les aidoit à mettre leurs ouvrages en état de paroî, tre , leur gardoit le secret, & les dispensoit de la reconnoissance , liberté dont plusieurs profitoient volontiers. On peut se rappeller de l'avoir vu, durant
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BOI BOI
bien des années , fréquenter journellement certain; Càffé très-connu. Son goût , son érudition , loirsqu'il parloit Littérature ou Science x se faisoient ai-* sément remarquer. Mais les jeunes gens , contre lesquels il disputoit plus aisément encore , avoient , selon leui1 méthode , peu d'égards pour son âge ; & lui-même l'oublioit quelquefois. Il eut , comme M. de Fontenelle , une enfance infirme , & une vieillette robuste.
Les ouvragés de Boindin ne font ni assez nombreux , tii allez étendus , ni sur-tout assez supérieurs x pour lui mériter xin rang distingué parmi nos bons Comiques. On préiume , toutefois , qu'il eût pu s'avancer plus loin dâns cette carrière , si luimême n'eût volontairement interrompu sa course. SÀ petite Comédie dû Bal d'Auteuil, qui est entièrement à lui, offre beaucoup d'enjouement & dé vivacité. Elle est dans le genre de Dancourt ; Se Boindin imite julqu'a sa maniere de dialoguer. Oii trouvé dans te's Trois Gascons , ét dans le Port de mer , des finesses que Dancourt n'y eût peut-être pas mises ; mais OU sçait que la Motte avoit mis la main «à ëes deux Pieces ) & que cet sortes de traits caractérisent Ordinairement les Tiennes.
Enfin , pour apprécier en peu de mots le mérite littéraire de Boindin ) c'est moins un homme de talent , qu'un horntrié d'esprit , qui remplace par l'étude & le travail, les dispositions que la natura lui a refusées. 11 eût renoncé moins facilement à la passion décrire > si un penchant décidé , marque essentielle du génie * t'eût entraîné dans la carrière des Lettres. Corneille ayant quitté > pour Quelque tems > le genre dramatique y Hait en vert le Livre de t'Imitàtion.
BOISFRANC Î Auteur de la Comédie intitulée leg:
Bàifis de la Porte Saint-Bernard.
BOISMORTIER , co*nu par un grand nombre de
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Symphonies, a mis en Musique les Voyages de l'Amour , Don-Quickotte , Daphnis & Chloé.
BoiSROBERT , ( François le Métel de ) né à Caën en 1592 , fils d'un Procureur de la Cour des Aides. de Rouen , frere de Douville , étoit Abbé de Châtillon-sur-Seine , fut Conseiller d'Etat, & l'un des quarante de l'Académie Françoise. Il se poussa par Ion esprit , &: la faveur du Cardinal de Richelieu , auque il avoit eu l'art de plaire par son génie naturellement tourné à la plaisanterie. Il mourut à Paris le 3o Mars 1661 , âgé de soixante-dix ans. Il a donné diverses Poésïes, des chansons, des lettres, & une vingtaine de Pieces de Théâtre ; sçavoir, Pirande & Lisimene, les Rivaux amis , Alphedre, les Deux AI-' candres , P aie ne sacrifiée , le Couronnement de Darie , Didon l'Inconnue , la Jalouse d'elle-même , la Folle gageure , les Trois Orontes , Cassandre , la Belle Plaideuse , Jés Généreux Ennemis , la Belle invisible 9 les Coups d'amour 6* de fortune , Théodore , l'Amant ridicule , & les Apparences trompeuses. On lui attribue Don Bernard de Cabrere , Périandre & la Vérité men.- teuse.
BOIS SIN , ( jean ) de Gattardon. composa d'abord des Pieces Saintes , telles que le Martyre de SainteCatherine , de Saint-Eufiache, de Saint-Vincent ; ensuite il fit Andromede, Méléagre & les Urnes vivantes.
Ce Poète est un des plus barbares dont nous ayons encore parlé. Ses Pieces sont, à proprement parler, l'enfance de l'art ; elles n'offrent qu'un Spedfcacle bizarre & monstrueux : tout y est détaché & sens liaison ; on n'y trouve pas même l'apparence d'unité. Persée , Andromède , Méléagre , & les autres Héros de la Fable , y citent l'autorité de Démosihène, dé'Ciceron > de Pline, &c. Ses Pieces sur le martyre de Saint-Vincent & de Sainte-Catherine r sont affreuses &. dégoûtantes ; &: il est étonnant qu'on
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ait jamais pu prendre plaisir à ces horreurs, qui n'ont pas même le plaisant de la Farce.
Boissy , (Louis de ) naquit à Vic en Auvergner en 1694. Après avoir porté quelque tems le petit collet, il s'adonna au Théâtre. L'Académie Françoise se l'associa en 1751. Quatre ans après , il eut le Privilège du Mercure de France ; & il mourut en, X758. Il a donné au Théâtre François la Rivale d' elle-même , V Impatient , le Babillard , la Mort d'Alceste , Alcejle & Admele , le François à Londres , l'Impertineni malgré lui , ou les Amours mal assortis , le Badinage , ou le Dernier jour de l'abîence , la Considente d'elle-même j ou les Deux nieces , le Pouvoir de. la Sympathie , les Dehors trompeurs , ou l'Homme du. jour , l' Homm-e indépendant , \ 'Embarras du choix , la. Fête d'Auteuil, l'Epoux par supercherie , le Médecin par occasion , la Folie du jour, le Sage étourdi, le Duc de Surrey^ la Péruvienne.
Au Théâtre Italien , Metpomene vengée , le Triomphe de l'intérêt, le Je ne sçais quoi , la Critique , la Vie ejl un Jonge , les Etrennes , ou la Bagatelle, la Surprise de la haine , l'Apologie du siècle , ou Momus corrigé , les Billets doux , les Amours anonymes , le Comte de Neuilly , la *** , le Rival favorable , les Ta.lens à la mode , le Mari garçon , Paméla en France , ou la Vertu mieux éprouvée , le Plagiaire , les Valets Maîr tres , le Retour de la paix , la Comete, le Prix du silence , la Frivolité.
A lOpéra-Comique , la France galante, le Triomphe de l'ignorance , Zéphire & la Lune , Margeon &0 Kalifé , ou le Muet par amouir , le Droit du Seigneur. On lui a attribué; Dort Ramire & Zaïde , avec M. de la Chazette-.
On ne peut sans injustice refuser à Boissy un, esprit brillant, une imagination vive une verfrication légère, un coloris gracieux-, un talent rare pour le dialogue , &: une connoissance parfaite des,
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BOI BON ridicules du iiècle ; mais on ne trouve pas toujours dans ses Comédies un plan bien imaginé , ni une intrigue bien conduite ; il sçavoit composer une Scène , & non une Piece enaere ; femb!able à cet Artisse d'Horace , qui rendoit parfaitement avec le ciseau toutes les parties isolées du corps humain , & ne sçavoit pas faire une Statue. Tous ses Drames ne doivent cependant pas être compris dans cette. critique générale. Quelques Pieces que nous avons de lui , prouvent qu'il observoit quelquefois les regles du Théâtre ; ses cara&ères ont communément peu de naturel & de vérité ; parce qu'il ne les peignoit que d'après son imagination , &. qu'elle ne lui présentoit que des êtres chimériques. On seroit ten-r té de croire qu'il ne se sentoit pas assez de force pour traiter certains sujets importans , & dignes de la censure théâtrale ; car ses moralités ne roulent ordinairement que sur les ridicules des Abbés, des gens nobles , des Financiers, des PetitsMaîtres , des Gascons , &c. Pour remplir le vuide d'un Acte ou d'une Scène , il avoit recours à des Portraits qui plaisent , à la vérité , par le ton & la vivacité des couleurs ; mais dont l'assemblage ne peut jamais former un grand tableau. Son esprit lui eût fourni les moyens de remplir plus glorieusement sa carriere , s'il se fût donné la peine d'étudier les hommes , & d'approfondir les principes de son art : il auroit fortifié ses talens naturels ; & en étendant les bornes de son génie , il ne se serôit pas vu réduit à la foible ressource du portrait & de la nouvelle du jour , qui font la base de toutes ses Œuvres dramatiques. On peut donc dire qu'il a travaillé trente ans pour le Thcâtre sans le connoître ; qu'il a composé de jolis ouvrages, & n'a laisse aucun chef-d'œuvre. «
BorsTEL D'UVELLES , ( Jean-Baptiste - Robert ) de l'Académie d'Amiens sa Patrie , & Trcsorier de France de la même ville 2 est Auteur d'une Tragé-
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BOI BON
die à! Antoine & Çléopdtre > de celle d'Irène,
BOIVIN ( scan ) a traduit en prose, en 1717 , la
Tragédie de Sophocle , avec les Intermèdes.
BOMPART DE SAINT - VICTOR , de la Société Littéraire de Clermont en Auvergne , Auteur du Départ du Guerrier Amant. Il mourut en 17 5 ç.
Il est parlé d'un autre Bompart , ou Bonpart de Saint-Vi&or , qui adonné , en 1667 , une Pastorale intitulée ALcimene.
BONFONS est un de nos plus anciens Auteurs dramatiques. Il reste de lui une Piece connue sous le t.itre de Griselidis , de l'année 1395..
BONNEL DU V ALQUIER ( M. ) a traduit Paméla.
& la Veuve rusée , Pieces de M.Goldoni.
: BONNET DE CHE MILl , mort vers l'an 1765, avoit donné la Comédie de l'Etranger, & la traduction Françoise de quelques Opéra de l'Abbé Métaflasio...
BONNEVAL , ( Michel de ) ancien Intendant des menus plaisirs du Roi, est mort en 1766. Nous avons de lui l'Opéra de Romans , les Amours du Printems> & Jupiter vainqueur des Titans.
BONNEVAL , ( M. ) retiréen 1773 de la Comédie Françoise, y avoit débuté le 9 Juillet 1741 , par le rôle d'Orgon dans le Tartuffe. Il fut recu le 8 Janvier suivant. Ses rôles étoient ceux. de caraétère & à manteau, tels que l'Avare , &c-- & ceux de peres.
Dis-nous , cher Bonneval , par quel art & comment
Un homme tel que toi , doux , complaisant , affable ..
Peut d'un Vhiilatd bourru , difficile , intraitable *
Meus rendre les défauts si naturellement?
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BON BOO
R BONVALET DES BROSSES , (iAbbé Paul-François) de l'Académie de la Rochelle , a donné la Pastorale de Jésus naissant > & un Drame lyrique intitulé les fêtes de la France , pour les Demoiselles de l'enfant Jésus.
BooN , ( Gertrude ) qu'on appelloit dans le monde, la Belle Tourneuse , parut avec un succès étonnant sur le Théâtre de la Dame Baron. Tout aidoït aux louanges qu'elle s'attiroit des Speétateurs. Elle étoit jeune , belle > avoit des graces toutes particulières en faisant ses exercices. Sa grande sagesse , vertu peu commune aux personnes de son état, la faisoit admirer de tout le monde. Tant de qualités réunies dans la personne de la Demoiseiîe Boon , la rendirent l'objet des vœux d'un grand nombre de Sou-* pirans. Le sieur Gervais, qui avoit fait une fortune très-considérable au jeu , parut le plus empressé ; & pour prouver à cette vertueuse fille , qu'il lui rendoit la justice qu'elle méritoit , il ajouta à l'offre de son coeur , celle de sa main & de sa fortune. La proposition fut acceptée ; mais avec toute la bienséànce d'un personne qui se rend plutôt aux sentimens qu'elle inspire , qu'aux appas d'une fortune brillante. Ce mariage , qui sembloit promettre aux époux un bonheur complet , devint bientôt pour eux une chaîne pesante & insupportable. Gervais voulut faire rompre son mariage ; mais la validité en f ut confirmée par un Arrêt de la Grand'-Chambre.
Ce qui avoit fait donner à Gertrude Boon la' notn de la Belle tourneuse , c'est qu'après s'être piquée trois épées dans le coin de chaque ceil , où elle les fàisoit tenir aussi droites que si elles eussent été piquées dans un poteau > elle prenait son mouvement de la cadence des violons qui jouoient un air qui sembloit exciter les vents ; & elle tournoit d'une vîtesse si surprenante , pendant un quart-d'heure , que tous ceux qui la regardoient attentivement, eu demeuraient étourdis.,
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BOR BOR
BoRDELON , ( Laurent ) né à Bourges en 1, mourut à Paris en 1750 , chez le Prétident de Lubert, dont il avoit été Précepteur. Il étoit Do&eur en Théologie de Bourges; il n'en travailla pas moins pour le 1 héâtre (;e Paris. On a de lui plusieurs Pieces entièrement oubliées, telles que Misogyne , ou la Lomé ale sans femme , Mr. de Mort en Troujje , la. Bagiutte , la Loterie , Arlequin Molière , Poisson aux Champs Elijées. Le Théâtre convenant peu à son état, il se jetta dans la morale , & la traita comme' il avoit traité la Comédie , écrivant d'un style plat & bizarre , des choses extraordinaires. De tous ses ouvrages on ne connoit plus ni son Mitai , ni son Voyage forc et de Bécajort hypocondriaque , ni son Gomgam ou l'Homme prodigieux transporté en l'air , sur la terre & sur Les eaux ; ni son Titetutesnofy , ni le Supplément de Tasse-Roussi Friou-Titai e ; &c. Il ne relle plus que son Histoire des Imaginations extravagantes de M. Ouffie , servant de préservatif contre la levure dec Livres qui traitent de la magie, des Démoniaques , des Sorciers, &c.
BORDES , ( M. ) de la ville de Lyon , est Auteur d'un Divertissement intitulé, le Soleil vainqueur des nuages. r
BORÉE , qu'on croit né en Savoye , vers la fin du seiziemè siècle , a composé Clorise, Achille vie torieux , Bevalde , la Justice d'amour , Rhodes subjuguée & Tomyris. Parmi les Auteurs que la barbarie a comme en., sévelis dans la poussiere , Borée est un de ceux dont la lecture est la moins supportable. Les extravagances de ces anciens Poètes peuvent divertir quelquefois : au milieu de leurs idées burlesques & de leurs hyperboles ridicules , on trouve des traits réjouiflans & uniques ; mais Borée n'offre point cette ressource au LeSteur ; il est toujours froid & ennuyeux dans son style & dans ses idées. On ne peut
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BOU BOU pourtant pas s'empêcher de convenir qu'il n'ait quelques qualités qui le distinguent : il n'a point cette en.. flure choquante , qu'on remarque dans les écrits de > ses Contemporains. Son style est plus net, & moins inféré de ces jeux de mots, si communs de son tems. Il n'occupe pas des A&es entiers par de poiiipeuses déclamations. Ses Scènes sont passablement dialoguées ; & il y a ordinairement assez d'avion dans ses Pieces. Il est vrai que c'est aux dépens de la vraisemblance , & que, pour fournir à son sujet , il met à contribution les quatre parties du monde. Mais c'est un défaut si commun à son siècle , qu'on n'y fait presque pas d'attention.
BosQuiER , ( F. Philippe ) Religieux Minime de Saint-Omer, & Professeur de Théologie à Ath, a fait le Petit Rasoir des ornement mondains , Tragédie imprimée en 1589.
BOUCHER n'est connu que par sa Comédie de
Champagne Coiffeur.
BoucHER , Officier de Marine, a donné au Théâtre Italien les Magots de la Chine.
BOUCHET , sieur d'Ambillou , exerçoit une petite Charge de Judicature en Province, vers le commencement du dix-septieme siècle. Il esi Auteur de la Pastourelle intitulée Sidere.
BOUCHET > ( Jean ) dit le Traverseur des voies périlleuses , Procureur à Poitiers , est l'Auteur d'une Piece à huit Personnages , intitulée Sottie, & d'une Moralité dont les vers sui vans forment le titre :
Le nouveau monde , avec FEstrif
Du Pourveu & de l'Eleftif,
• De l'Ordinaire du nommé,
C'est un Livre bien renommé,
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BOU BOU
En fqivant la forme authentique ... ■ Ordonnée par la Pragmatique.
Cette Piece fiait allusion aux disputes , qui, sous le regne de Louis XII, divisoient la Françe au sujet de la Pragmatique.
BO UCHETEL > Auteur d'une Tragédie d'Hecvba*
BOUCIQU AULT , ( Don Louis le Maingrede ) Chevalier , Colonel de Dragons au service ctu Roi d'Espagne , a donné > en 17 )0 , les Amazones révoltées , Roman moderne en forme de Parodie , sur l'Histoire universelle & la Fable , avec des notes politiques , en cinq Aâes , en proie.
BOUDIN , ( M. Pierre) de Paris , Auteur de Ma. dame Engueule , espèce de Parade.
BOUGEANT , ( Guillaume-Hyacinthe ) né à Quitn-4 per en 1690 , Jésuite en 1706, mourut à Paris en 1743. Après avoir professé les Humanités à Caën, à Nevers , il vint au Collège de Louis le Grand à Paris , & n'en sortit que dans son court exil à la Flèche -, occalionné par son Amusement philosophi- 'que sur le langage des bêtes. Ce Livre , adressé à une .femme, est plein de grâces, de saillies , & même de galanteries. Le Pere Bougeant fut autant recherché pour l'enjouement de son caraétère , que pour ses talens. On a de lui pluiieurs ouvrages qui ont rendu sa mémoire illustre. L'Histoire des guerres & des négociations qui précédèrent le Traité de WeJlphahe , est remplie de faits curieux , & écrite avec élégance & légèreté. La sagesse , la dignité , les recherches profondes & intéressantes , le développement des caractères & des ruses des Négociateurs , l'élégante précilion du style , pur sans afse&ation , & agréable sans antithèse , lui ont fait donner un rang distingué parmi nos meilleures Histoires. Le Pere Bougeant a aussi publié trois
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Comédies en prose , sçavoir , la Femme Docteur, le Saint déniché , les Quakres François , ou les Nouveaux trembleurs. On y remarque un sel & une-gaieté trèspropres à faire sentir le ridicule des travers qu'il attaque. Il est facile de concevoir, par ces Pieces, que ce Jésuite eût pu se distinguer dans le genre dramatique, si son état lui eût permis de s'y exercer.
BOULANGER DE CHALUSSAY , Contemporain de Moliere , a fait deux Pieces de Théâtre, Elomire éypocondre , & l'Abjuration du M ar qui sat.
1 BOULLANGER , ( Claude-François-Félix ) Seigneur de Rivery , Membre de l'Académie d'Amiens , sa Patrie, 8c Lieutenant civil au Bailliage de cette ville , naquit en 1714. Il exerça, pendant quelque tems , la profession d'Avocat à Paris ; mais sa passion dominante étoit l'étude des Belles-Lettres 6c de la Philosophie. Il ne put les cultiver long-tems : la mort l'enleva en 1758,à 34 ans. Ses principaux ouvrages sont un Traité sur la cause & les phénomènes de l'Eleftricité , des Recherches histosiques & critiques , sur quelques anciens Spe8:acles , & particulièrement sur les Mimes & les Pantomimes ; des Fables & Contes en vers , dont quelquesuns sont de son invention ; & les autres sont empruntés de Phèdre , de Gai & de Gellert. Il n'a iait, dans le genre dramatique , qu'une Comédie imprimée sous le titre de Momus Philosophe , Se la. Pastorale de Dahpnis & Amathée.
BOUNIN , ( Gabriel)Lieutenant-Général de Châteauroux en Berry , Maître des Requêtes de son Altesse Royale le Duc d'Alençon , & ensuit e de l'Hôtel du Roi, a publié vers le milieu du seizieme siècle la Pastorale, la Sultane , la Défaite de la Piaffe-, & Alectriomachie.
BOURGEOIS a doliné en 1 545 une Piece intitulée
Ieî Amours d'Erostrate.
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BOURGEOIS, Musicien né dans le Hainault , Se mort à Paris au mois de Janvier. 1750, , âgé d'environ 75 ans ,-avoit une Haute-contre très-agréable, qui le fit recevoir à l'Opéra , pour lequel il composa la Musique du Ballet des Amours déguisés , & celle des Piaifirs de la Paix. Il a donné aussî un Livre de Cantates, & mis en Mulique un Ballet pour le divertissement de M. le Duc de Bourbon , étant Surintendant de sa Musique.
BOURGOUIN , ( Simon ) Valet de Chambre de' Louis XII, est.l'Auteur d'une Moralité qui a pour titre l'Homme jufle & l' Homme mondain.
BOURLIER a fait paroître , en 1566 , une traduction en prose de six Comédies de Térence.
BOURGNEUF,( M. l'Abbé) autrefois Jésuite, puis Vicaire de, la Paroisse de Saint-Laurent à Paris , & aujourd'hui Curé de Villejuif , a fait jouer à Tours une Pastoiale intitulée Daphnis.
BOURSAL , ( de ) Auteur de J'Esclave couronné , Tragi - Comédie du commencement du dix-septieme siècle.
BouRSAULT , ( Èdme ) né à Mussi-l'Evêque en Bourgogne , en 1638 , est mort à Paris en 170'. Il ne fit point d'études , &ne sçut jamais le latin. Il ne parloit que le Patois Bourguignon , lorsqu'il vint à Paris en 16JI. La lecture cles bons Livres, & ses dispositions heureuses, le mirent bientôt en état de parler & d'écrire élégamment en François. Ayant fait, par ordre de Louis XIV , un Livre intitulé: De la véritable Etude des Souverains, le Roi en fut si content, qu'il l'auroit nommé sous-Précepteur de Monseigneur, li Boursault eût possédé la langue latine. La Duchesse d'Angoulême , veuve d'un fils naturel du Roi Charles IX , l'ayant pris pour son Secrétaire , on l'engagea à faire en vers, tous les huit
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huit jours.,, une Gazette qui lui mérita une pellsion de deux-mille livres. Louis XI& sa Cour s'en amusoient beaucoup ; mais ayant lâché quelque trait de satyre contre les Franciscains en général, Se les Capucins en particulier , on lui imposa silence. Le Confesseur de la Reine , Cordelier Espagnol , fit supprimer la Gazette & la pension , -& l'auroit fait mettre à la Bastille , sans le crédit de ses Protecteurs. Boursault mourut à Montluçon en 1701, laissant pluiieurs Pieces de Théâtre , & d'autres ouvrages. Les principales sont Esope à la Cour, Esope à la Ville , le Mercure galant ,ou la Comédie sans titre y le Médecin galant , le Mort vivant , le Portrait die Peintre , les Cadenats, les Yeux de Philis changes ert Astres les Nicandres , Germanicus , Marie Stuard y Phaéton , les Mots à, la mode , Méléagre , la Fête de lec Seine. 1- On a encore de lui quelques Romans , le Marquis 'de Chavigny , le Prince de Condé , qui ne mandent pas de chaleur ; Ârtemise & Policante ; Ne pas croire c,e qu'on voit. On a des Lettres de resped:, d'obligation 8c d'amour , connues tous le nom de. Lettres à Babet ; de nouvelles Lettres, accompagnées de-Fables , de Contes , d'Epigrammes, de Remarques , de bons-mots.
Pour se former une idée juste du génie Diama-. tique de Boursault , il' faut' oublier les premieres saillies d'un jeune fyomme , qui commence à donner des Comédies dans un âge, où l'on sçait à peine qu'il y a des réglés du Theâtre. On se contentera de remarquer dans ces foibles essais , quelques étincelles d'un esprit facile , mais qui ignore presque jusqu'à la langue dans laquelle il veut écrire. Tout le monde sçait que Boursault devoit tout à la nature , & presque rien à l'éducation. On s'en éçoit tenu à lui apprendre à lire dans son enfance; il arriva à Paris, sans avoir aucune connoissance des Lettres , ne parlant même que le Patois de son pays. Bientôt il imita » sans les connoitre , sans les
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BOU BOU entendre , les Auteurs grecs & latins. La nature fut son premier .Maître ; elle lui apprit à parler san langage , le même que parloient les Ecrivains célèbres de la Grèce & de Rome. Ce génie heureux se plioit à tous les genres ; & chaque genre en particulier lui valut des succès. Ses Tragédies decelent une ame ferme , élevée & capable de manier les plus grandes passions. Ses Comédies sont une critique agréable des ridicules propres de tous les états, de tous les rangs , de tous les âges , de tous les tems ; il les saisit dans le vrai, & les représente avec toutes leurs nuances, 8c sous toutes leurs faces. Il va du sérieux au comique , du comique à la morale , & de la morale il revient à la plaisanterie, sans s'éloigner des regles du goût. Je parle ici de ses bonnes Pieces ; car, dans les autres, il joue souvent sur le mot ; mais sans faire tort à la penfée, qui est toujours exprimée avec force , ou avetf un naturel élégant & badin. Ses vers sont , en général , nombreux & bien cadencés. Son style , analogue au sujet, & d'une corred:ion qui va presque jusqu'au scrupule , mais sans affeftation , annonce un des Législateurs de notre langue.
BOUSSU, ( Pierre de) né à Tournai, & Auteur
4'une Tragédie de Méléagre.
BOUTEILLER ( M. ) n'a travaillé que pour les Théâtres forains , les Boulevards & la Province. Ses Pieces, qui sont en très-grand nombre , ont pour titre : Acanthe &: Cidippe , la Toilette , le Sellier d'Am-, boise , le Savetier & le Financier, le Pâté d'anguille , le Goût dit Siècle ; Julien & Babet , ou le Magiflersup. posé ; Céphise & Lindor , ou le Tonnerre ; Zirphis & Mélida , ou le Premier Marin ; les Bossus , Alain & Rosette , les Trois Gascons , Alexis & Louison i le Tresor 5 ou l'Avare corrigé ; l'Isle de la Raison , le Laboureur devenu Gentilhomme, Prologue pour une Fête donnée à Issy »Elise f ou 1 'Ami comme il y en a peu.
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BouvARD , né à Paris 8c originaire de Lyon , entra très-jeune à l'Opéra pour remplir les rôles de dessus. Il avoit alors la voix si étendue, qu'on allure que jamais on n'en a ouï de pareille : mais elle mua lotsqu'il eut atteint l'âge de seize ans, 8e il fut obligé de quitter l'Opéra. Depuis ce tems-là , ses rôles n'ont été chantés que par des femmes. -Bouvard passa quelque tems k Rome, pour se perfectionner dans la Musique, &a donné , à sun retour , * celle de l'Opéra de Médus , & une partie de celui de Cassandre.
BOUVOT , ( Antoine Girard ) né à Langres vers le commencement du dix-septieme iiècle , a laissé une Tragédie de Judith , ou l'Amour de la. Patrie.
• BoYER , ( M. ) est Auteur de la Musique des Etrennes de l'Amour.
BoYER > ( Claude ) Prêtre, natif d'Alby, vint assez jeune à Paris , dans l'intention de s'adonner à l'éloquence ; mais ayant prêché dans Cette ville avec peu de succès , il sej livra à la Poéiie ; & ce fut celle du Théâtre qui l'occupa presque uniquement. Il y travailla pendant 50 ans, sans que jamais la médiocrité du succès l'ait rebuté , toujours content de luimême 1 & rarement du Public. Cet Auteur avoit beaucoup d'esprit , & ses différens ouvrages sont arrimés d'un feu qui ne fut point affoibli par l'âge; mais il n'avoit aucune connoisisance du fond de l'art qu'il pratiquoit ; & manquoit également de goût & de sens ; son style est presque toujours enflé , son langage peu correct , & tes vers ordinairement très-durs.
En 1666, l'Abbé Boyer fut reçu à l'Académie Françoise : le discours qu'il y prononça est médiocre ; il mourut le 22 Juillet 1698. L'aimable vivacité de sa Province ne s'etl: point démentie en lui jusqu'à. l'âge de quatre-vingts ans. Si de jeunes Auteurs
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alloient pour le consulter , ils le trou voient toujours prêt à leur donner ses avis , la seule chose qu'il eut à donner.
. L'Abbé Boyer étoit malheureux ; mais il sçavoit s'en dédommager par son amour-propre. On ne sçait lequel des deux doit le plus surprendre , ou ion aveuglement sur les défauts essentiels de ses ouvrages , ou l'acharnement ridicule de Racine & de Boi- . leau contre cet Auteur. Cette persécution , ii peu convenable à ces grands hommes , n'avançoit que de quelques jours la chûte des Pieces de leur adversaire ; tandis que celui-ci, qui s'en saisoit honneur , & se persuadoit que cette brigue étoit cause de ses disgraces , demeuroit opiniâtrement dans ? l'erreur. On ne peut néanmoins lui refuser de l'imagination ; mais il en faisoit mauvais usage. II choilîssoit des plans bizarrement compliqués & des Personnages équivoques, qui n'a voient aucun caractère , cherchant le sublime où il ne falloit que du naturel : aussi est il tombé dans un galimathias inintelligible peut être à lui-même , & dans des discours bas , si fréquemment répétés > qu'on est tenté de croire que c'est le'hazard qui a jetté dans ses Poë- , mes quelques vers heureux qu'on y rencontre. Les plus connus sont Porcie , Ariflodème, la Sœur généruse , Porus , UlyjJ'e dans L'Isle de Circé , Tiridate , Clotilde , Frédéric , la Mort de Démétrius , Polycrite , Oropafle » Alexandre , les Amours de Jupiter & de Semelé , la Fête de Vénus , le Jeune Marius , Celimene , Polycrate , Athalante , le Fils supposé , Lifimene , le Comte d'Essex , Démarate , Agamemnon ^ rtaxerxe , Jephté , Judith , l'Opéra de Méduje. *
BRAck ( Pierre de ) n'est connu que par une Pastorale d,4 minte.
BRASSAC , ( le Chevalier de ) ancien Ecuyer de M. le Prince de Dombes , Colonel d'une Brigade de Carabiniers , & Brigadier de Cavalerie , ensuite Maréchal-de-Camp, mort depuis peu d'années, étoit
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Auteur de la Musqué de Y Empire de L'Amour, de Léandre & Héro , & de l'Acte de Linus.
BRÉCOURT, ( Guillaume Marcoureau, sieur de ) em. brassa , de très-bonne heure , le parti de la. Comédie , & la joua quelques années en Province dans différentes Troupes , & enfin dans celle de Moliere. Il suivit ce dernier à Paris , lorsqu'il s'y vint établir en 1658 ; mais Brécourt, ayant eu le malheur de tuer un Cocher sur la route de Fontainebleau , fut obligé de se sauver ; & il se retira en Hollande , où il s'engagea dans une troupe Françoise , qui appartenoit au Prince d'Orange. Pendant le séjour de Brécourt en ce pays , le hazard voulut que la Cour de France, pour certaines raisons d'Etat, vouloit faire enlever un particulier qui s'étoit réfugié en Hollande. Brécourt , qui ne cherchoit que les occaiions qui pouvoient lui faciliter son retour dans sa Patrie , s'offrit, & promit d'exécuter ce qu'on lui demandoit. Mais cette entreprise ayant manqué , Brécourt jugea bien que sa vie n'étoit pas en sûtête ; & sur le champ il revint en France. Le Roi, informé de la bonne volonté dont il avoit donné des preuves, lui accorda sa grace , & lui permit de rentrer dans la Troupe de Moliere.
Brécourt avoit beaucoup de valeur : on en rapporte un trait qui mérite d'être cité. En l'année 1658 , ce Comédien étant à la chaise du Roi à Fontainebleau , joua une assez longue Scène avec un Sanglier qui l'atteignit à la botte , & la tint longtems : mais lui ayant enfoncé son épée jusqu'à la garde , il mit ce furieux animal hors d'état de se taire craindre. Le Roi e.ut la bonté de lui demander s'il n'étoit point blessé , & de lui dire qu'il n'avoit jamais vu donner un li vigoureux coup d'épée.
Auteur & Aéteur du Théâtre François , Brécourt representoit avec plus de succès qu'il ne composoit. Il excelloit dans les rôles de Roi & de Héros dans
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les Tragédies , & dans ceux, k manteau dans les Pieces Comiques. Son jeu étoit tellement animé , qu'il se rompit une veine en jouant dans sa Comédie de Timon , qu'il vouloit faire réussir au moins par l'action. Il mourut de cet accident en 1685. Ses autres Pieces dramatiques sont l'Ombre de Moliere , l'Infante Salicoqut, , la Feinte Mort de Jodelet, la Noce de Village , les Régals des Cousins &> Cousines , le Jaloux invisible. Il y a quelques traits comiques dans ces Pieces ; mais ces traits , semés de loin en loin , ne raçhetent pas le défaut d'invention , & la grossiereté des plaisanteries.
Brécourt, qui, comme nous l'avons dit, étoit également grand A&eur dans le Tragique & dans le Comique, après avoir joué dans Bérénice, représentoit Colin. dans sa petiteComédie de la1 Noce du Village. Indépendamment de ces rôles , il jouoit supérieurement ceux de PAvare,de Pource augnac, &c ; mais cet homme,consommé dans la représentation,l'étoit peu dans la composition. Nous n'avons de lui que de petites Corné" dies , dont la vérification est très-foible. La plupart de ses sujets sont mal conduits. On ne remarque aucun caractère ; ce qu'il peut y avoir de passable , ne doit être attribué qu'à la connoissance qu'il a voit du Théâtre , & à son habitude journalière. En un tnot , ce Comédien excellent ne fut jamais qu'un mauvais Auteur.
BRET , ( M. ) né à Dijon , fils d'un célèbre Avocat de cette ville , a donné au Théâtre François Y Ecole amoureuse , le Concert, la Double extravagance , le Jaloux , le Faux généreux , la Fausse confiance l'Epreuve indijçrette , le Mariage par dépit , les Deux Sœurs ; & en société avec MM. Godard d'Aucourt & Villavet, le Quartier d'hyvcr. Il a fait jouer aussi à la Comédie Italienne , l'Entêté ; les Deux Amis , ou le Vieux Coquet ; Se à l'Opéra-Comique , le Déguisement Pafloral & le Parnasse moderne.
Ses Comédies, en général, sont écrites avec une élégante facilité, dialoguées avec beaucoup de na-
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turel & de justesse ; & la liaison , la progression des Scènes annoncent une grande connoissance de l'art dramatique. ll sçait, avec esprit, faire sortir d'une situation , des traits de plaisanterie , des peintures de moeurs ; il fçaitumuser , intéresser dans des Scènes entieres, par des Portraits vrais , des attitudes ridicules , des touches de pinceau agréables & variées.
Nous croyons que nos Lecteurs verront ici volontiers le jugement que M. Palissot , très-bon Juge en cette partie de notre Littérature, a porté de cet Auteur , dans ses Mémoires Littéraires , relativement au Théâtre.
« Il seroit à souhaiter , dit-il , que M. Bret ne se fùt jamais écarté , par complaisance pour le goût » du siècle , des vrais principes qu'il a sui1 son art. 3) La Double extravagance , Piece d'intrigue , & l'un ,, de ses premiers ouvrages , étoit dans le bon genre 3) comique ; mais depuis il semble que cet Auteur ait cru devoir faire violence à ses propres talens , en faveur du genre sérieux , qui prenoit de jour :u en jour plus de crcdit sur nos Théâtres. Ce n'est îï pas que M. Bret soit tombé dans les excès mons3j trueux où nous avons vu se précipiter quelques Dramatiques modernes. Si l'on trouve dans son 3j Faux généreux des situations pathétiques , elles ne 3) produisent que cette émotion naturelle & douce y 3) que les Maîtres de l'art se sont quelquefois permis d'exciter dans leurs meilleures Comédies.
3, Mais en général, M. Bret est devenu , dans la plu» part de ses Pieces , trop rcservé sur le Comique ; » comme s'il eût craint qu'il ne fût plus possible de ramener la nation, au bon goût. On pourroit ausri lui reprocher de n'avoir pas toujours assez travaillé ses vers ; mais cette négligence se fait moins « sentir dans le style familier de la Comédie, que » dans tout autre genre de Poésie ».
BRETOG * ( Jean) rieur de Saint'Sauveur, né à Di-
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gne , n'est connu parmi les Auteurs dramatiques y. que par une Piece intitulée l' Amour d'un Serviteur envers ja Maitresse , imprimée çn 2561.
BRIDARD , Auteur de la Pastorale d'Uranie'.
BRIE t (de) Auteur peu connu , quoiqu'il ait traduit quelques Odes d'Horace , & que Rousseau ait fait quatre Epigrammes contre lui. Il étoit fils d'un Chapelier de Paris , & mourut en 1713 , laisfant une Tragédie des Héraclides , &: une Comédie du Lourdaut. .
BRILLANT , ( Mademoiselle Marie le Maignan ) Epouse du sieur Buro de l'Orchestre de l'Opéra , a débuté au Théâtre François le 16 Juillet 1750* par Lucinde dans l' Homme à bannes fortunes , & Agathe dans les Folies amoureuses , & fut reçue à la fin de la même année. Elle avoit paru à l'Opéra-Comique avec beaucoup d'applaudissemens. Il y a déjà plusieurs années qu'elle a quitté le Théâtre,
Brillant brille autant par son jeu ,
Que par ses graces & ses charmes j
Qui la voit, lui résiste peu ;
Et qui l'entend , lui rend l'es armes.
BRINON , ( Pierre \ Conseiller au Parlement de Normandie , n'est connu que par deux Pieces, l'Ephésienne , & Baptisse , ou la Calomnie. Il vivoit au commencement du siècle dernier ; & on lui a encore attribué une Tragédie de Jepthê x donnée en 161 j.
BRISSET , ( Roland) sieur du Sauvage , Avocat, né à Tours dans 4e seizieme siècle , est Auteur desTragédies de Thyefle, de Baptisse , d'Agamemnon , d'Hercule furieux, & d'Octavie. On lui attribue encore la Diaomene & les Traverfs d'Amour.
Le jugement qu'on doit porter de cet Auteur %
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fie peut guères regarder que son style : n'ayant rien produit de lui-même , il s'est borné à traduire les-' Piecesd'autrui ; encore n'a-t-il pas choisi les meilleures ; car sans parler de Buchanan , Sénèque vautil donc la peine d'être traduit ? Il y a des morceaux dont quelques-uns de nos bons Poètes ont habilement profite ; mais rien de plus défectueux: qu'une Pièce entiere de sa façon. Quoi qu'il en soit, on peut dire que le Traducteur a bien pris l'esprit Vie son Auteur , &: que sa version est, pour le moins, aussi ampoulée que l'original.
BRIZÉ , ( Blondcl de ) a fait les Combats -de l'Amour & de 1 Amitié.
BRONAU , ( M. ) est Auteur d'un Opéra non représenté , intitulé de Zélie.
BROSSE. (de) Quelques-uns ont prétendu que deux hommes de ce nom avoient travaillé pour le Théâtre vers le milieu du dernier siècle , & les ont dirtingués par l'aîné & le cadet. D'autres croient que c'est la même personne , seul Auteur de Stratohice ou le Mariage d'amour , des Innocens coupables, des Songes des hommes éveillés , du Curieux impertinent, du Turne de Virgile , & de l'Aveugle clairvoyant.
De Brosse n'avoit aucun talent pour la Tragédie : dans la Comédie il étoit supportable. Il a sur-tout plus de décence que ses prédécesseurs. Aussi nous apprend-il, que la Comédie devenait plus belle en vieillant ; que la licence & l'infamie étoient , de son tems , l'objet de ses censures , & le Théâtre tellement éouré , qu'une fille pou voit y aller avec moins de scandale , qu'elle n'eût parlé à un Capucin à la porte du Couvent.
BRUEYS , ( Claude) Auteur de deux volumes de Pièces en langage Provençal , dont la plupart n'ont point d'autre titre , que celui de Comédie à onze > à
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sept, à quatre Personnages. Ce Recueil est intitulé Jardin des Muses Provençales.
BRUEYS , ( David-Augustin ) naquit à Aix en Provence en 1640, Il fut élevé dans le calvinisme & dans la controverse. Ayant écrit contre l'Expofitiort de la Foi par Bossuet , ce Prélat ne lui répondit qu'en le convertissànt. Brueys , devenu Catholique y combattit contre les Ministres Protestans ; mais son génie enjoué se pliant difficilement aux ouvrageso sérieux , il quitta la Théologie pour le Théâtre > & composa plusieurs Comédies pleines d'esprit & de gaieté , conjointement avec Palaprat son ami, qui y eut pourtant la moindre part. L'envie d'avoir son entrée à la Comédie , unit leurs talens , & procura au Théâtre François d'excellentes Pieces. Celles qu'on joue & qu'on lit avec le plus de plaisir, font le Grondeur , petite Piece supérieure à la plupart des Farces de Moliere , pour l'intrigue , l'enjouement & la bonne plaisanterie ; le Muet, imité de l' Eunuque de Térence , mais mieux conduite & écrite avec plus de chaleur que son modèle ; l'important de Cour y qui, sans manquer de feu & de comique , pèche par le caractère principal : c'est moins un Important qu'un pitoyable Provincial , qui veut prendre les airs de la Cour sans la connoître ; l'Avocat Patelin , Piece ancienne , à laquelle il donna lés charmes de la nouveauté : Brueys rajeunit ce monument de la naïveté Gauloise , sans lui faire perdre la simplicité qui en fait le mérite ; la Force du sangy l'Opiniâtre , les Empyriques , les Quiproquo , les Embarras du derriere du Théâtre, où il y a quelques endroits qui plaisent. La Comédie de l'Opiniâtre est versifiée comme les Pieces de nos mauvais Auteurs , sechement & durement ; s'il y a de la chaleur dans l'aétion , il n'y en a point dans le Comique. Le carad:ère de l'Opiniâtre n'y est que crayonné.
Les autres Pieces sont les Tragédies de Brueys , qui ont beaucoup moins illustré la Scène, que
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Comédies. Sa Gabinie offre des tableaux bien peints & des situations attendrissantes ; maison ne la comptera jamais parmi nos chef-d'œuvres. Son AJba , Piece romanesque , dans laquelle un scélérat poignarde son fils , 8c se livre lui-même à la Justice pour subir le châtiment de ses crimes, est assez bien imaginée , mais mal exécutée. Lyfimachus, Piece vraiment tragique, fondée sur le véritable héroïsme , a de tems en tems quelques beautés ; mais le plan en est mauvais , & les vers encore plus.
Ces diverses productions des deux Auteurs associés annoncent peu de différence dans le tour de leur génie. Il est cependant vrai que les meilleures Pieces sont celles où l'Abbé de Brueys a eu le plus de part , celles où il a tenu la plume : témoin le Grondeur , le Muet , l'Avocat Patelin , &c. Rien de plus foible que ses vers Tragiques ; mais dans le style de la Comédie , sa proie peut servir de modèle. Il sçait animer le dialogue & égayer l'Auditeur dès l'exposition du sujet ; souvent même il fait oublier que c'est une simple exposition. Il a d'ailleurs prouvé qu'il entendoit la marche thèâtrale ; il disoit qu'avec du travail & du génie , on placerait les Tours de Notre-Dame sur le Théâtre.
A l'égard de Palaprat , il a long-tems joui de la gloire due aux travaux de son associé ; & la plus grande partie du public les lui attribue encore. Il a eu quelquefois la générosité de s'en défendre, effort sublime de modestie ou de vanité. Cet Auteur avdit l'imagination vive ; il saississoit bien un plan ; & quelques morceaux de sa Prude du tems prouvent qu'il pouvoit écrire même en vers ; cependant aucune des Pieces qu'il a données pour son compte , n'est restée au Théâtre. A l'égard de celles qu'il a faites en société , on peut dire qu'il avoit le plus souvent le mérite du projet 3 &: son con:frere celui de l'exécution.
II est rare de voir deux Auteurs courir la même carriere , partager les mêmes lauriers, se les dis-
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puter quelquefois , & refler amis. Une pareille société ressemble beaucoup à celle de deux jolies femmes , que des vues sur le même Amant , ou quelque préférence choquante pour l'une des deux , peut rompre d'une minute à l'autre. C'est toutefois ce qui: n'est point arrivé à Brueys & à Palaprat : ils ont composé ensemble un grand nombre de Pieceg plus ou moins applaudies ; & leur séparation , quoiJ que tardive, n'a pas même été volontaire. Ces deux hommes sympathisoient presque en tout , même tour de génie ,même façon de voir les choses , de les sentir, de les rendre, à quelque différence près. Toutes ces raisons étoient plus que suffisantes pour ne faire qu'une même Édition de leurs ouvrages. Palaprat , attaché à M. de Vendôme , le suivit en Italie ; & Brueys se retira à Montpellier, où il mourut en 1713.
Cet Auteur , & son associe Palaprat , avoient tous deux la vue si basse , qu'ils ne pouvoient pas voir si l'eau qu'ils faisoient chauffer, étoit assez chaude pour y mettre le thé qu'ils prenoient tous les matins ; & ils se trou voient réduits à attendre que quelqu'un passât sur l'escalier pour le leur dire.
Brueys mangeoit avec des lunettes ; Louis XIV, qui l'aimoit , lui demanda comment il se trouvoit de ses yeux. « Sire, répondit Brueys , Sidobre mon 3) neveu dit que je vois un peu mieux n.
Brueys disoit que Baron & la Champmêlé avoient fait paffer plus de mauvaises Pieces , que tous les • faux Monnoyeurs du royaume.
BRUMor , ( Pierre ) né à Rouen le z6 d'Août '1688 , entra au Noviciat des Jésuites de Paris en 1704 , & fit profession solemnelle des quatre vœux en 17 iz. Dans ce tems il fut chargé de l'éducation .du Prince de Talmont , 6c travailla avec le plus
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grand succès au Journal de Trévoux. L'Histoire de Tamerlan , composée par le Pere Margat , ion confrere , &: dont il avoit fait l'Edition , l'obligea de sortir de Paris pour quelque tems. Il y revint avec plus de gloire , & continua l' hifloire de l'Eglise Gallicane des Peres de Longueval & de Fontenay. Nous avons de lui , outre ses Pieces dramatiques , un Poëme de douze chants sur les Passions, un autre de quatre sur Y Art de la Verrerie , & le Théâtre des Grecs estimé de tous ceux qui ont le bon goût de la Littérature. Il se diltingua encore plus par les qualités de son coeur , que par la beauté de son esprit. M. Titon-du-Tillet, son ancien ami, lui a donné une place dans le Supplément de ion Parnasse François; & les Mémoires de Trévoux de l'année 172.4 resentissent de ses éloges. Il mourut le 17 d'Avril de la même année. Ses Œuvres dramatiques sont les Tragédies d'isaac , de Jonathas , du Couronnement dit jeune David, & les Comédies de la Boète de Pandore & de Plutus ; toutes Pieces , dit M. de Voltaire , qui font voir qu'il est plus aisé de traduire les anciens, que de les imiter. En effet , son Théâ- " tre des Grecs lui a fait beaucoup plus d'honneur, que ses Poésies dramatiques. On y trouve cependant des beautés, & plusieurs imitations de Racine fort lieureuses. L'Auteur y a peint son caractère doux & aimable : David , Jonathas, Isaac ne débitent que ses propres sentimens. Il excelle à peindre les passions douces & tendres ; mais sa versitication est lâche & foible ; il ne s'éleve jamais ; &
il regne par-tout une certaine froideur, qui laisse l'ame dans l'indifférence. Ses petites Comédies sont ses moindres ouvrages ; les traits de mœurs qu'on y trouve , sont \ vagues & usés. En général , quoique les Tragédies de Collége soient rarement bonnes , elles valent toujours beaucoup mieux que les Comédies, par-là raisora qu'un homme de Collège ne connoît pas assez le monde , pour en peindre les moeurs.
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BRUNET, ( Pierre-Nicolas ) né à Paris en 17 3 3 , & mort, dans la même ville, d'une esquinancie, en 17 71> s'annonça , à l'âge de23 ans, par un Poëmeen c nq chants , intitulé Minorque conquise , & donna aux François en 1758 les Noms changés , ou 1" Indifférent corrigé. Cette Piece , sans avoir un grand succès, y fut entendue sept fois de suite ; & il eit rare que le couprd'essai d'un jeune Auteur ait un accueil plus heureux. L'envie de se produire sur tous les Théâtres le porta ensuite à la Comédie Italienne , où , associé avec le tieur Sticotti, un des Aéteurs de ce Spectacle , il fit jouer les Faux Devins & la Rentrée des Théâtres. M. Brunet voulut aussi se montrer sur les tréteaux de la Foire , où il donna. la Fausse Turque , qui n'a point été imprimée. Il ne manquoit plus à la muse errante de notre Auteur , que de se faire voir sur la Scène lyrique. Il fut chargé par tes Directeurs ,de ce Théâtre , de faire des changemens dans l'Opéra de Scanderberg & dans celui d'Alphée & Aréthuse. Il fit ensuite l'entrée du Rival favorable, qu'on ajouta aux Fétes (FEuterpe , & l'Opéra d 'Hippomène & Athalante. Il a même laitié dans ce genre , auquel il paroissoit se vouloir fixer , une Tragédie-Ballet, en cinq A ctes, de Théagène & Chariclée , & un Aéte d'Apollon & Daphné, qui peut-être paraîtront quelque jour.
BRUNET , ( M. Claude ) né à Dijon , employé à l'Extraordinaire des guerres, a fait jouer à Caën , en 1765, une Pastorale en un Atte , en prose, intitulée la Couronne de Fleurs , mêlée d'Ariettes, Mulique de M. M
BRUSCAMBILLE , ( Des Lauriers , dit ) célèbre Farceur, qui a joué pendant près de trente ans , vers le commencement du siècle dernier, à l'Hôtel de Bourgogne.
BRUTE ( M. ) a donné les Ennemis réconciliés.
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BRUTEL DE CHAMP-LE-VARD , a donné l'A- mour vainqueur, ou l'Heureux stratagême.
BUFFIER , ( Claude ) Jésuite , né en Pologne de Parens François , en 1661 , élevé à Rouen , & mort à Paris en 1737 , est Auteur d'une Piece de Théâtre intitulée Damocle.
BURSAY ( M. ) a imité l'Artaxerxe de l'Abbé Métastasio , dont il a fait une Tragédie en trois Astes, jouée à Marseille en 1765.
BURY , ( M. ) Ordinaire de la Musique du Roi y & depuis Maître de la Chambre de Sa Majesté , a composé les Opéra des Caractères de la Folie , de Titon & l'Aurore , de la Parque vaincue , seul ; & Jupiter vainqueur des Titans , avec Colin de Blamont, son oncle.
Bussi RABUTIN ( le Comte de ) a composé en quatre Attes, en vers, une Piece très-libre , intitulée Comédie galante , ou la Comtesse d'Olonne.
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C^ADET. ( Louis ) On ne sçait autre chose de cet Auteur , Gnon qu'il vivoit au milieu du dix-septieme , siècle , & qu'il a donné au Théâtre, en 1651, la Tragédie d'Oromase , Prince de Perse.
CAHUSAC , ( Louis d* ) Ecuyer, né d'une famille noble à Montauban , où son pere étoit Avocat ,
commença ses études dans cette ville , &: les acheva à Toulouse , où il prit aussi le grade d'Avocat. De retour à Montauban , il obtint la commission de Secrétaire de l'Intendance ; & ce fut pendant qu'il exerçoit cet emploi, en 1736 > qu'il composa sa
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Tragédie de Pharamond , dans laquelle il a blessé la vérité historique , sans rendre son su jet théâtral. L'amour des Lettres lui fit quitter la Province pour venir à Paris , où le Comte de Clermont l'honora du titre de Secrétaire de l'es Commandemens. Ce fut en cette qualité, qu'il fit la campagne de 174 J avec ce Prince , qu'il quitta ensuite , pour se livrer uniquement à la Littérature. L\ opéra l 'occupa principalement. Tous ses ouvrages furent honorés de la Muiique de Rameau ; & il eut le bonheur de ne point éprouver de chute dans cette carriere , dans laquelle il parut s'ouvrir une route nouvelle. L'art dé lier les divertissemens à l'avion, de les en faire naître , de les varier , de les rendre animés, sembloit lui être réservé. Il a rappellé sur la Scène lyrique la grande machine il négligée depuis Quinault, &. ti nécessaire à ce Théâtre. Cet Auteur mourut à Paris au mois de Juin 1759 , d'une maladie qui l'avolt d'abord conduit à Charenton. Il étoit d'un caractère inquiet, vif, & trop exigeant de ses amis , fort délicat sur la réputation , & d'une sensibilité qui abrégea ses jours. L'éloge &c la satyre excitoient également sa vivacité. Un Journaliste ayant beauCoup loué l'Opéra de Zoroastre , Cahusac lui dit en l'embrassant : « Ah L que je vous ai d'obligation ! « Vous êtes le seul homme en France , qui ait eu le courage de dire du bien de moi ». On a de lui Grigri, petit Roman , fort joliment écrit, & l'Histoire de la danse ancienne & moderne , que les Sçavans ont bien accueillie. Outre Pharamond, il a encore donné au Théâtre François le Comte de Warwick , & l'Algérien ; à l'Opéra, les Fêtes de Polymnie, les Fêtes de l'Hymen , Zaïs , NaÏs , Zoroaflre , la Naissance d'Osiris , Anacréon , les Amours de Tempe, Il a mis en vers la petite Comédie de Zénéïde , dont M. Vatelet avoit fourni le plan & les Scènes en prose. Cahusac a aussi laissé , en manuscrit , une Tragédie de Manlius , avec deux Comédies , le Mal adroit par sinesse , & la Dupe de soi-même.
CAILHAVA ,
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CAILHAVA , ( M. Jean-François de ) né à Tonîouse,a travaillé à Paris pour les deux Théâtres de la Comédie Françoise. & Italienne. La premiere a de lui la Présomption à la inode, le Tuteur dupé, les Eprennes de l'Amour, 6c le Mariage interrompu. Il adonné aux Italiens Arlequin Comédien & Mahomet, ou le Cabriolet volant j la Suite du Cabriolet volant ; le Nouveau Marié , ou les Importuns ; Arlequin cru fou , Sultan , Mahomet • Ja Bonne Fille , traduite de la Buona figliola ; & pluiieurs canevas pour des Pieces Italiennes. La plupat de ces Pieces contiennent une infinité de traits qui annoncent de vrais talens. Il y regne de la gaieté , du comique de situation, du naturel & de la vivaçité dans le dialogue. L'intrigue en est bien conduite , & le style éloigné de toute affeaation. Quand cet Auteur n'auroit eu que le courage de résister 4u goût dominant du siècle pour les Comédies langoureuses, larmoyantes, ou philosophiques, de mépriser le genre bâtard , quoique plus facile & plus applaudi par la multitude , & de s'être uniquement attaché aux bons modèles , cette preuve de jugement suffiroit seule pour lui mériter des applaudissemens. M. de Cailbava .vient de publier une espèce de ppètique de la Comédie , à laquelle on reproche des citations trop longues & trop fréquentes. Il travailla à une Comédie de l'Egoïste.
CAILLEAU , ( André-Chailes ) Libraire à Paris a fait imprimer une foule de petits Drames , dont aucun n'étoit dessiné pour le Théâtre , tels que les Philosophes manques ; les Originaux, ou les Fourbes punis ; les Tragédies de M. de Voltaire , ou Tancrè de jugé par ses sœurs ; Ofauréiv , ou le Nouvel Âbaillard; la Tragédie de Zulime, Petite Piece nouvelle d'un grand Auteur l' Espiéglerie amoureuse , ou l' Amour- matois ; les FripponS' faux Sçavans , ou le Bitn. reflitué ; la Bonne Fille ^ ou'le Mort viyatit. Aucune de ces Pièces n'a été jouée. 3b
.. CAiLLET , ( Béniogne) dont on ne scait autre çho-
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se, sinon qu'il a fait imprimer en 17°0 une Tragédie intitulée les Saints Amans.
CAILLOT , ( Joseph ) né à Paris en 17^2 , étoit un des bons Acteurs du Théâtre Italien , où il fut reçu en 1760 , après avoir débuté par le rôle de Colas dans Ninette à la C oui-, & joué dans la nouvelle Troupe. Il a quitté le Théâtre au grand regret du public , qui àimoit sa voix , ses talens & son jeu.
CAMARGO ( Marie-Anne Cupis 'de ) naquit à Bruxelles le 15 Avril 1710 , d'une famille noble , originaîre de Rome , qui a donné , à ce qu'on assure , plulieurs Cardinaux à l'Eglise , & entr'autres JeanDominique de Cupis de Camargo , Evêque d'Oitie , Doyen du Sacré Collège.
L'ayeul de Mademoiselle Camargo , tué au service de l'Empereur, laissa un fils au berceau & trèspeu de bien ; ce qui obligea la mere de cet enfant de lui faire acquérir des talens , tels que la Muiique & la Danse , qui pussent suppléer à ce qui lui manquoit du côté de la fortune. Il épousa dans la suite une Demoiselle sans bien ; & c'est de ce mariage > que naquit notre célèbre Danseuse. Elle reçut, en naissant , ces dons heureux que l'art perfectionne , mais qu'il ne donne pas ; & l'on dit qu'étant dans les hras de sa nourrice , entendant son pere jouer du violon, elle fut animée par des mouvemens si vifs,li gais , si mesurés, qu'on augura dès-lors qu'elle seroit un jour une des plus grandes Danseuses de l'Europe.
Lorsqu'elle eut atteint l'âge de dix ans , la. PrinCesse de Ligne & d'autres Dames de la Cour de Bruxelles firent les frais de l'envoyer à Paris avec son pere , pour y recevoir des. leçons de danse de Mademoiselle Prévôt, dont les grâces , la vivacité > la légèreté , la cadence charmoient la Cour & la Ville, Elle profita si rapidement de ses.leçons, qu'en moins de trois mois, elle retourna à Bruxelles pour être ia premiere Danseuse ^e l'Opéra de cette Ville.
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Le sieur Pelissier , Entrepreneur de celui de Rouen , sur la réputation de cette jeune personne > offrit à son pere des avantages si considérables > qu'il l'engagea , avec sa fille , pour son Speâracle 5 mais cet Opéra ne pouvant se soutenir, le Directeur fat obligé de l'abandonner ; & ses débris en- xic-hirent celui de Paris de trois grands l'ujets , sçavoir des Demoiselles Pelissier , Petit-Pas & Camapgo. Celle-ci > présentée par Mademoiselle Prévôt y -débuta la premiere par les Caractères de la Danse, Jamais Spe&acle ne retentit d'autant d'applaudie semens qu'en reçut la débutante. Il ne fut plus question , pendant la vivacité de l'enthousiasme du Public , de parler d'autre chose dans les sociétés, que de la jeune Camargo ; toutes les modes nouvelles portèrent son nom ; & un jour Madame la Maréchale de Villars vint à elle auprès du bassin dés Tuileries y avec tant de bonté , que tout ce qui étoit à la promenade, s'attroupa autour d'elles , remplit le Jardin du bruit des battemens de mains des applaudissemens. Des succès si distingués déplurent à la Demoiselle Prévôt, qui voulut humilier son Eleve en l'obligeant d'entrer dans les Ballets ; ce qui occasionna l'aventure suivante* La jeune Eleve > figurant dans une danse de démons , Dumoulin , surnommé le Diable , qui devoit y danser seul , ne s'y trouva pas , lorsqu'on vint à exécuter son air. La jeune Danseuse , toute hors d'elle-même , voyant que cette Entrée n'étoit pas remplie , s'élança de Ion rang , dansa de caprice, & transporta les Spectateurs d'admiration. Ce trait acheva de la brouiller avec Mademoiselle Prévôt, qui refusa de lui faire danser une Entrée que Madame la Duchesse avoit fait demander. Le célèbre Blondi, la voyant en pleurs de ce refus , lui dit : « Quittez , Mademoiselle , 3» quittez cette dure & jalouse Maitresse , qui vous m lait éprouveront de mortifications. Je veux être
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3) votre Maître : je ferai l'Entrée que Madame la » Duchesse demande ; & vous la danserez Mardi prochain ». Les progrès de Mademoiselle Camargo répondirent aux soins de ce grand Danseur.
Elle réunit bientôt , par les leçons de son nouveau Maître , la noblesse & le feu de l'exécution y aux grâces, à la légèreté , & à la séduisante gaieté qu'elle avoit sur le Théâtre. Ce dernier caraétère y paroissoit si naturel , qu'elle l'inspiroit aux plus melancoliques. C'est ainsi que la représenta le célèbre Lancret, dans le beau portrait qui a comblé de gloire ce grand Peintre , & .au bas duquel M. de la Faye à mis ce quatrain :
Fidelle aux loix de la cadence ,
Je forme au gré de l'art les pas les plus hardis.
Originale dans ma danse ,
Je peux le disputer aux Balons , aux Blondis.
En 1734, Mlle Camargo quitta l'Opéra y rentra six ans après,& dansa dans les Fêtes Grecques & Romaines, ouvrage imaginé pour la faire paroître dans tout son éclat. Le Public, qui la retrouva toujours la même, la revit aussi avec la même admiration, les mêmes applaudissemens. Elle eut la Pension du Roi, qu'avoit eu Mademoiselle Prévôt ; & en 1751, qu'elle renonça au Théâtre, jusqu'à sa mort arrivée en 1770 , elle a vécu en honnête & bonne Citoyenne , regrettée de toutes les personnes de son voisinage , comme un exemple de modestie , de charité ; & de bonne conduite.
Sa conformation étoit , sans contredit , la plus favorable à son grand talent ; ses pieds , ses jambes, sa taille, ses bras & ses mains étoient de la fàrme la plus parfaite. Son Cordonnier fit la plus grande fortune dans son état , par la vogue que lui donna notre Danseuse ; toutes les femmes vouloient être chaufsées à la Camargo.
Sa danse y perfectionnée par le fond de l'art, étoit
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le résultat des principes qu'elle avoit reçus de Mademoiselle Prevôt, & des Pécour , Blondi & Dupré. De leurs manieres différentes, elle s'en étoit faite une propre à elle ; aussi exécuta-t-elle tous les genres possibles de la danse noble, les menuets , les passe-pieds, mieux que Mademoiselle Prévôt ; & elle y conserva ce je ne sçais quoi de piquant , qu'elle avoit pris de sa Maitresse , ainsi que dans les Entrées de pures grâces. Les Gavottes , les Rigau- ' dons, les Tambourins , les Loures , tout ce qu'on appelle les grands airs , étoient rendus dans leur carattère , par la variété des pas qui y étoient propres ; car elle les avoit tous dans la jambe. On connoît les vers de M. de Voltaire sur Mademoiselle
Sallé & Mademoiselle Camargo.
Ah ! Camargo , que vous êtes brillante !
Mais que Sallé, grands Dieux , est ravissante !
Que vos pas sont légers ! & que les riens sont doux !
Elle est inimitable ; & vous êtes nouvelle ;
Les Nymphes sautent comme vous ;
Mais les Graces dansent comme elle.
CAMBERT , Organise de l'Eglise de Saint-Honoré , à Paris , 8c Surintendant de la Musique de la Reine mere, Anne d'Autriche., donna le premier des Opéra en France , conjointement avec l'Abbé Perrin, qui l'associa au privilége que le Roi lui avoit donné pour ce Spettacle. Lully, qui l'éclipsa, ayant obtenu ce même privilége , Cambert passa en Angleterre , où Charles II le fit Surintendant de sa Musique 10 charge qu'il exerça jusqu'à sa mort arrivée en 1677. On a de lui la Paflorale de l'Abbé Perrin , Ariane , Pomone , les Peines & les Plaisirs de l'Amour.
CAMILLE , ( Jacoma-Antonia Vèronèse ) plus connue sous le seul nom de Camille, née à Venise en. 1735 , vint en France en 1744, avec la Demoiselle Coraline sa sœur > & leur pere Carlo Véronèse , qui a long-tems joué les rôles de Pantalon sur le Théa*
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tre Italien, & s'y éfl: distingué par un grand nonibre de Pieces , dont la plupart eurent un grand succès.
A peine âgée de neuf ans , Camille débuta pour la danse le 21 Mai 1744 > dans un Dîvertissement de Coralline Esprit joie t. Cette ènfcint mit, dans sa danse,. des graces fort au-dessus de son âge. Après avoir , dans un grand nombre de Ballets , attiré tout Paris au Théâtre Italien , Camille y débuta pour la Comédie le premier Juillet 1747, à l'âge de douze ans % dans le Canevas intitulé les Deux Soeurs rivales , que son pere avoit composé exprès pour son début.
Digne El;ve de Terpficore x
Digne Rivale .de ta sœur ,
Camille , est-il un Speftareur
Qui ne t'admire & ne t'adore ?
Un volume suffiroit à peine pour recueillir tous; les vers qui Rirent inspirés par les graces de la jeune Camille. Elle mérita la réputation d'A&rice du premier ordre après sa retraite de sa sœur, dans l Ensant e Arlequin perdu 6* retrouvé. Quoique le Spectateur fût instruit du sort de cet enfant, il étoit impossible de ne pas prendre part aux craintes,aux allarmes de la mere, lorsqu'à travers les flammes, elle aî!oit le chercher , & revenoit saris l'avoir trouvé. Sa voix étoit le cri de la nature , sa douleur l'expressïon du sentiment ; ses sanglots suffoquoient le Spectateur attendri , que des larmes abondantes soulageoient à peine.
Camille avoit le gesse du ientiment , qui ne s'apprend point devant un miroir, & le ton de la nature, que l'art ne peut donner, mais que le cœur donne, quand il est pénétré. Son caractère se peignoit sur sa figure , & l'on y voyoit la noblesse & la franchise , l'esprit & la gaieté. Nulle femme de sort état ne porta plus loin le désintéressement ; & l'ingratitude ne la dégoûta point de la bienfaisance. Une personne dont elle avoit à se plaindre, &. qui
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sans doute la connoissoit, ne balança point à la prier d'oublier leurs petites altercations passées, & de la servir du crédit de ses amis , dans une affaire importante , lui promettant des assurances de sa reconnoissance. Voici la réponse qu'elle lui fit :
« Votre Lettre m'a fait de la peine, & du plaisir * » de la peine, parce qu'elle m'a rappellé nos diffé» rends que j'avois oubliés ; du plaisir , parce qu'elle D3 m'offre l'occation de vous être utile dans une affaire qui me paroit juste ; mais je n'accepte que •» la moitié de votre proposition. Je demanderai ce » que vous deiirez ; & j'espere l'obtenir. Quant à -ii votre reconnoissance , je n'en veux aucune preu» ve ; je n'en doute point ; car j'aurai trop de plaisir » à vous rendre ce léger service , pour que vous 1) n'en ayez pas un peu à le recevoir ».
CAMPISTRON ou CAPISTRON , ( Jean Galbertdc ) de l'Académie Françoise , Chevalier de l'Ordre de Saint-Jacques, Commandeur de Chimenes , Marquis de Pénango , naquit à Toulouse en 16S6, avec des dispositions heureuses , qu'une bonne éducation fit fructifier. Son goût pour la Poélie & pour les Belles-Lettres l'amenèrent à Paris. Racine fut son guide dans la carriere dramatique. Campistron imita ce grand homme; mais s'il approcha de lui dans la conduite de ses Pièces, il en fut toujours éloigné dans ses beautés de détail , &dans sa vérification enchanteresse.Racine,en formant Campistron du côté du Théâtre,n'oubliapas la fortune du jeune Poète.L'ayant proposé au Duc de Vendôme , pour la composition de la Pastorale héroïque d'Acis, qu'il devoit faire représenter dans son Château d'Anet, ce Prince, aussi satisfait de ses talens que de son caractère , le fit Secrétaire de ses Commandemens > ensuite Secrétaire Général des Galères.
Le Poète, devenu nécessaire au Prince par l'enjouement de son imagination , l'avoit suivi dans sés différentes campagnes. Il se retira ensuite dans sa
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Patrie , où il épousa Mademoiselle de Maniban » & y mourut d'apoplexie en 1713. Son Théâtre est un de ceux qui ont été le plus souvent réimprimés , après les ouvrages dramatiques de Corneille , de ' Racine, de Crébillon & de Voltaire. On y trouve les Tragédies de Virginie , d'Arminius , d' Andronic , d'Alcibiade , de Ph-raate , de Phocion , d'Adrien , de Tiriiaie , d'Aétius , de Pompeia 3 & les Comédies du Jaloux désabusé, de l* amante Amant; ses Opéra d'Acis & Galatée , d'Achille & Polixene , & d Alcide.
Dans l'intervalle que lui donnoient les maux dont il étoit accablé sur la fin dè sa vie , Campistron se mit à composer une Tragédie intitulée Juba , dont il ne reste que deux vers. -C'est Juba qui parle d'un secours que Caton lui de volt amener.
Tu verras.que Caton , loin Je nous secourir , /
l Toujours sur , toujours dur * ne sçaura que mourir.
Les. Tragédies de Campistron ont les beautés les défauts qui se trouvent ordinairement dans les productions rapides & précipitées d'un homme; de beaucoup d'esprit : des peintures brillantes , des traits frappans , des situations intéressantes , des incidens heureux ; mais en même tenis,des longueurs., des inégalités , des écarts qui énervent la force de$ caractères, refroidissent la chaleur des sentimens,, jralentisTent la marche de l'aCtion. Chez lui ce n'est .point le génie qui dispose 6c conduit les évènemens ; l'esprit seul préside à ces opérations : l'art fait mille efforts, où la nature seule devroit agir. Avec beaucoup de facilité & un grand usage du monde , Campistron manquoit de cette véhémence , de ce pathétique qui transporte le Spetrateur au lieu de la Scène , l'intéresse au sort des A&eurs , Se le passionne , si je puis parler ainsi , pour chaque Personnage. -Je peins le génie des Grecs , de Corneille &; de Racine ; au-lieu que celui de notre Poète le portoit sur-tout aux descriptions * aux
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CAM CAM peintures de moeurs , aux détails de caractères Se de traits historiques , aux monologues 8c aux ha-r rangues ; talent dont il abuse quelquefois , & qui peut bien produire d'excellentes tirades , mais rarement de bonnes Tragédies. Ainsi que la plupart de ceux qui se sont ditlingués dans ce genre , Campistron a eu des Censeurs & des Panégyristes outrés ; les uns ont poufsé la critique jusqu'à trouver des défauts dans les endroits les plus applaudis ; les autres ont porté la flatterie jusqu'à lui prêter le mérite d'avoir consolé la Cour & la Ville de la retraite de Racine. C'étoit avoir bientôt perdu de vue les chef-d'oeuvres immortels de ce grand homme. Je le répète ; quoique dans un rang inférieur , Campirtron n'en est pas moins un Auteur estimable , qui a long-tems occupé la Scène avec distinction.
CAMPRA , ( André ) Musicien célèbre , né à 'Aix en 1660 , mort à Versailles, en 1744 , Maître de la Chapelle du Roi,se fit d'abord connoître par des Motets exécutés dans les Eglises & dans des Concerts la particuliers. Ces petites productions lui procurèrent a place de Maître de Musique de la maison Professe des Jésuites à Paris , 8c ensuite la maitrise de la Métropole. Son génie, trop resserré dans les Motets , s'exerça sur les Opéra. Il remplit heureusement cette nouvelle carriere , marcha sur les pas de Lully , & l'atteignit de fort près. Son Europe galante , son Carnaval de Vénise , ses Fêtes Vénitiennes , son Ballet des âges , Tes Fragmens de Lully , Hefionne , Alcine , Télephe , Camille , Tancrède , parurent avec beaucoup d'éclat , & se maintiennent encore aujourd'hui. On aime la variété , les graces , la vivacité de sa Musique , & sur tout cet art si rare , d'exprimer avec justesse le sens des paroles. Ses autres ouvrages sont Aréthuse , les Muses , Té-, lémaque 1 les Fragmens modernes t Hippodamie , ldo-
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mence , les Amours de Mars fr de Vénus, Achille &. Déidamie , & les Nôces de Fénus. *
CARCAvi , ( l'Abbé ) fils d'un sous-Bibliothécaire du Roi , & élevé auprès du Duc d'Orléans , Régent. Il s'avisa , sur la fin de sa vie , de donner deux Pieces de Théâtre , qui sont le ParnaJJe Bouffoiz , & la Cointe Je de Follenville , & mourut en 1723 , âgé d'environ 58 ans. *
CARDIN , Auteur du seizieme siècle , qui fit imprimer, en 15 5 7 une Tragédie intitulée le Champ de Martel. - ...
CARLIN , ( Bertinazzi) né à Turin , A&eur du Théâtre Italien pour le rôle d'Arlequin , qu'il rem. p1it au gré de tous !es Spectateurs , fut ainsi annoncé à son début par l'Auteur du Mercure.
« Le Jeudi 10 Avril 1*41 , les Com'édiens Ita. » liens firent l'ouverture de leur Théâtre par une 3-> Piece Italienne , en prose & en trois Astes , intiV tulée Arlequin muet par crainte , dans laquelle le fleur Carlo Bertinazzi, né à Turin > âgé de près 5> de 28 ans , joua , pour la premiere fois , avec ap» plaudissement, le rôle d'Arlequin , qui est le principal Personnage de la Piece. Le lieur Ro- chard , qui avoit fait le compliment au Public à la clôture du Théâtre , fit aussi celui de l'ouverture ; & s'exprima en ces termes : « Messieurs , ce jour qui renouveHe nos soins &. nos hommages > devoit être marqué par une nouveauté que nous, vous avions préparée ; mais l'A&eur qui va avoir >, l'honneur de paroitre devant vous pour la premiere fois , avoit trop d'intérêt & d'impatience d'apprendre son sort , pour nous permettre de reculer son début H. Si votre nouveauté tombe
55 a-t-il dit , j'apprendrai comme le Public siffle ; & » c'est ce que je ne veux point sçavoir ; si elle réussît » je sçauras comme on applaudit, & ferai peut-être:
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une funeste comparaison de sa réception à la. i) mienne ». Pour ne donner à ce nouvel Atteur aucun lieu de reproche , nous nous sommes entière-
ment conformés à ses desirs. Il sçait, Messieurs, non-seulement ce qu'il a à craindre en paroissant 3> devant vous ; mais en y paroissant après l'excellent Acteur que nous avons perdu ( Tho» massin ) dont il va jouer le même rôle. Les sujets » d'une il juste crainte seroient balancés dans son esprit, s'il connoissoit les ressources qu'il doit trouver dans votre indulgence ; mais c'est en vain que nous avons essayé de le rassurer ; il ne peut ' être convaincu de cette vérité que par vous-mêmes; » & nous espérons , Meilleurs , que vous voudrez 3) bien souscrire aux promesses que nous lui avons faites de votre part. Elles sont fondées sur une 3) si longue & si heureuse expérience , que nous » sommes aussi sûrs de vos bontés , que vous devez » l'être de notre zèle 8c de notre profond respedfc ».
Ce compliment disposa les Spectateurs à un .accueil favorable pour le lieur Carlin ; & cet Acteur surpassa les espérances qu'on avoit de ses talens dans le genre qu'il avoit adopté. Le sieur Bertinazzi continua de jouer toujours avec le même succès ; de sorte qu'il fut reçu dans la Troupe au mois d'Août 1742.
La vérité n'est point flattée :
Oui, Carlin paroît à no.< yeux,
Ce que Momus est dans les Cieux »
- - Ce que chez Neptune est Prothée.
~ CAR MONTEL , (M. de) Lecteur de Monseigneur le Duc de Chartres , si connu par le talent singulier de rendre parfaitement , avec le crayon ou le pinceau , la ressemblance &: jusqu'aux attitudes des personnes qu'il représente , a composé divers recueils de Proverbes dramatiques & d'autres Pieces de Théâtres , dont plusieurs sont imprimés ; &plusteurs sont prêts à l'être.
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s On sçait que les Proverbes dramatiques sont des espèces de petites Comédies fort en usage aujour d'hui dans les sociétés à Paris & à la campagne. On prend un Proverbe , sur lequel on arrange une action , & quelques Scènes qui servent à la développer. Ces bagatelles in-promptu amusent beaucoup les A&eurs, ainsi que la société qui les écoute , &: qui est convenue de n'être pas difficile. Tout. le monde n'a pas le degré d'imagination nécessaire pour arranger ces petits Drames , ni la gaieté dont ils ont besoin. M. de Carmontel a fait les siens , pour en épargner la peine à ceux qui voudront se procurer cet amusement. Ils pourront choisir; il a mis des titres particuliers à la tête de chaque Drame ; & le Proverbe n'est qu'à la fin , pour laisser au Lecteur la satisfa&ion de le deviner , comme une énigme. En voici les titres & le mot.
Le Maîtres de Ballets , ou selon les gens, l'Encens ; les Deux Anglois , ou il ne faut pas jetter le manche après la coignée ; le Poulet, ou les Battus paient l'amende ; le Sourd, ou le premier venu engraine ; le Suisse malade , ou l'entente est au diseur ; l'Après-dînée , ou un clou chasse l'autre ; les Faux indifferens , ou le feu est caché sous la çendre ; le Portrait, ou après la pluie le beau tems ; les Deux Amis , ou les deux font la paire ; Almenorade , Tragédie , ou soussier n'est pas jouer ; la Sortie de la Comédie Françoise , ou la moitié du monde se moque de l'autre ; le Seigneur Auteur, cu un peu d'aide fait grand bien ; le Mari absent, ou abondance de bien ne nuit pas ; les Foux , ou tous les Foux ne sont pas aux petites maisons ; l'important , ou belle montre & peu de rapport ; l'Enragé , ou plus de peur que de mal ; l e' Diamant, ou les Battus paient l'amende; les Secondes Loges de l'Opéra , ou il ne sort du sac que ce qu'il y a dedans ; les Deux Chapeaux, ou le feu ne va point sans fumée ; la Statue , ou il ne faut pas condamner les gens sans les entendre ; le Chapon au gros sel 7 ou qui mange chapon, chapon lui
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vient ; l' Abbé de court dîner, ou qui s'attend à l'é- > cuelle d'autrui, dîne souvent par coeur ; les Joueurs & le Chasseur , ou la Balle va au Joueur ; l' Avocat Chansonnier , ou il fait bon battre les glorieux Y Hijloire, ou promettre &: tenir sont deux ; le Bal ou il donne des verges pour le fouetter ; le Peintre en cul-de-sac , ou nécessité n'a point de Loi ; la Veste brodée , ou il ne faut pas toujours croire ce que l'on voit ; le Boiteux , ou l'occasion fait le larron ; le Bavard , ou trop parler nuit ; le Chien de la Foire , ou promettre & tenir sont deux ; le Veuf, ou il n'y a point d'éternelles douleurs ; le Diflrait, ou l'on, ne sçauroit penser à tout ; les' Pleurs d'Homere , ouqui le sent morveux se mouche ; le Petit-Maître par Phtlojàphie , ou que chacun fasse son métier ,& les vaches seront bien gardées ; le Chanteur Italien , ou à l'impossible nul n'est tenu, le Petit Poucet, ou ce que Dieu garde est bien gardé ; l' Auteur avantageux , ou il ne faut pas petter plus haut que le cul ; le Boudoir , ou il bat les buissons , & les autres prennent les oiseaux ; le Pari, ou l'on ne sçauroit tirer de, l'huile d'un mur ; la Médaille d'Othon , ou ce qui est , bon à prendre , est bon à rendre ; l' Homine qui craint, d'aimer , ou chat échaudé craint l'eau froide ; la Rose rouge , ou qui dit ce qu'il sçait , qui donne ce qu'il a , qui fait ce qu'il peut , n'est pas obligé à davantage ; l' Auteur & l'Amateur , ou plus de bruit que de besogne ; la Veuve avare , ou à trompeur trompeur & demi ; la Permission de chasse , ou à. laver la tête d'un Maure , on perd sa lessive ; les Epoux malheureux , ou le diable n'est pas toujours à la porte d'un pauvre homme ; Y Ecrivain des Charniers , ou il se sert de la patte du chat pour tirer les marrons du feu ; le Sui1le de porte 6» le Portrait, ou face d'homme porte vertu ; Y Etranger , ou l'entente est au diseur ; le Lievre , ou il faut gratter les gens ou il leur demange ; les Bons , ou aux derniers les bons ; l' Avocat conjiLltant, ou un bon averti en vaut deux ; les Désespérés de l'Opéra, ou beaucoup
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CAR CAR
de paroles & peu d'effets; le Bon mari , ou entrd deux Telles le cul à terre ; la Corbeille de mariage y ou Dame touchée , Dame jouée ; l'Officier du gobela y ou Dieu vous garde d'un homme qui n'a qu'une affaire ; la Recommandation , ou avec les honnêtes gens il n'y a rien à perdre ; le Faux Empoijonnement, ou plus de peur que de mal ; l'importun, ou à quelque chose malheur est bon ; le Chien de Jupiter, ou il esi plus heureux que sage ; l'Ambassadeur, ouCharbonnier doit être maitre chez lui ; le Prince Woursb urg , ou gros Jean qui remontre à son Curé ; le Bossu, ou il ne faut point dire : fontaine , je ne boirai pas de ton eau ; la Robe de chambre , ou elle est comme l'anguille de Melun ; le Sut & les Frippons, ou il ne faut pas se confesser au Renard ; la bonnette , ou plus de bruit que de besogne ; le Trompeur favorable f ou la tricherie revient à son maître ; la Guinguette , ou tout chemin mene à Rome ; 1'Amateur du Tragique , ou il faut battre le fer tandis qu'il est chaud ; le Médecin, gourmand , ou qui se fait brebis le loup le mange ; le Seigneur amoureux , ou il vaut mieux tard que jamais ; la Marchande k de Cerises, ou il faut amadouer la poule pour avoir les poussins ; la Dent, ou qui mal veut, mal lui arrive ; l'Ane dans le potager , ou il faut qu'une porte soit ouverte ou fermée ; le Marchand de Bijoux, ou avec les frippons il n'y a rien à gagner ; le Mari
ou qui se rent morveux se mouche ; la Perruque , ou il faut ménager la chevre & les choux ; l'Habit neuf , ou on fait par force ce qu'on ne fait pas par amitié ; le Sot aint , ou mieux vaut un ennemi , qu'un sot ami ; l'Amant malgré lui , ou il ne faut pas badiner avec le feu ; le Comédien bourgeois , ou a beau prêcher, qui n'a cceur de bien faire ; la Maladie IuppoJée , ou faute de parler , on meurt sans confession ; le Patagon , ou c'est la montagne qui enfante une souris ; le Petit-Maïtre , eu tout flatteur vit aux dépens de celui qui l'écoute; Toujours tout 4$ même , ou quand on est bien , il faut s'y tenir j
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CAR CAR
les Cont etems, ou ce que femme veut, Dieu le veut $, les Amans indiscrets , ou trop parler nuit j les Compe.. res , ou on ne sçait pas toujours ce qu'on refuse 5 le Sac d'avoine, ou tant de tués que de blessés , il n'y a personne de mort 5 la Chanson , ou pour réussir tous moyens sont bons ; le Chat perdu , ou enfermer le loup dans la bergerie ; l'Attestation , ou avec la persévérance, on iroit au bout du monde 3 la Plainte ridicule , ou j la Comédie sans ABeurs , ou qui compte sans son hôte compte deux rois j les. Braconniers , ou fin contre fin n'est pas bon à faire doublure 5l'Aubergijle, ou ce n'est pas pour ldi que le four chauffe 3 les Ennuis de la Campagne , ou pour s'amuser , il ne faut pas être difficile ; les Auteurs Tragiques , ou il ne taut pas condamner les gens sans les entendre ; la Dévote, ou qui refuse mure ; le Curé , ou se servir de la patte du chat, pour tirer les marrons du feu j le Frere Côme , ou il ne faut pas vendre la peau de l'Ours avant qu'il soit mort.
Les autres Pieces de société , faites par M. de Carmontel, imprimées ou non imprimées , sont le Mari Médecin , les Liaisons du jour t les Hommes à ltt. mode , le Billet perdu , les Faux inconflans ; le Souper , ou le Mariage à la mode ; les Aéleurs de société , les Bonnes amies , le Chat perdu & retrouvé , l'Amant embarrassé , le Roman, le Prisonnier, le Novice , l'Heu. reux déguisement, XIn-promptu de Nanterre , les Billets de Bal, les Bonnes sens , le Petit Don Quichotte, le Bal de Province , les Bossus , les Jours gras , Gille Peintre en papier noir , Gille l[abeUe 6» revenant, Gille. antique , Gille amateur , le Fat de village , Dibutade , le Bouquet enchanté , le Sculpteur , le Bailli avare, la Jambe cassée , la Reine de Navarre, l'Entêté , l'Amante de son mari , X Amant Prédicateur f la Courtisanne amoit- reuse , Hirzée , Albert & Cécile , le Testament singulier, la Veuve singuliere , le Trésor, la Deviner esse, Jupiter , Bœuf gras , l' Infidélité supposée.
Il y a dans les Proverbes de M. de Carmontel ( où
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CAR a CAR
il joue parfaitement lui-même les rôles principaux ) des ridicules bien saisis, beaucoup d'eiprit , d'imagination, de vérité, d'enjouement, de morale même 5 ce sont des plaisanteries de société très-agréable , & dont quelques-unes pourroient être jouées avec succès sur le Théâtre.
»
CAROLET , fils d'un Procureur à la Chambre des Comptes, & mort vers 1740, a donné aux Italiens, les Aventures de la rue Quincampoix , la Parodie de Médée & Jason, 8c beaucoup d'Opéra faits seuls ou en société , tels que le Médecin malgré Lui, l'Allure , Tirésias aux Quinze-Vingts, les Petites Maisons , l'Isle du mariage , les audiences de Tkahe , le Pcre rival % le Rival de lui-même , le Racoleur, les Amours des Indes , le Déguisement postiche , les François au Sérail > le Mariage en l'air, Pierrot ~;*'- ailizas , le Palais de la. fortune , la Cendre chaude , la Noce interrompue , la. Fontaine de Jouvence , la Guittare enchantée , l'Ouvrage d* une minute, \' Entêtement de s Speilacles, Brioché vengeur de Tirésias , Inès & Mariane aux Champs Elisées , les Eaux de Pàjfy, le Réveil de L'Opéra-Comique , la Lanterne véridique , le Parterre merveilleux, la. Mere jalouse , le Cheveu , le Retour de L'Opéra-Comique au Fauxbourg Saint-Germain , le Quartier d'hyver , la Mie Margot , le Quiproquo , l'intrigue inutile , l'Amour paysan , la Fée Brochure , Momus Oculijle , la Princesse de Golconde , les Amans embarrassés , &c.
CARVILLE , ( la Demoiselle ) Danseuse célèbre de l'Opéra pour la danse grave , morte il y a quelques années, a mérité les vers suivans :
i
Que Carville fait bien connoître
Par sa grace & ses_ pas charmans;
Ju[qu'à quel point vont les talens., .
Avec les leçons d'un grand , „
(14, Dupré. ) '
CASTERA , ( Leuis-Adrien du Perron de.). Résident du
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CAS CAZ
du Roi à Varsovie, mort en 1751, dans sa quarantecinquieme année , a composé beaucoup d'ouvrages, dont nous ne citerons que ceux qu'il a faits pour le Théâtre ; sçavoir, le Phénix , ou la Fidélité mise à l'épreuve , & les Stratagêmes de l'Amour.
CASTRES, (Af.) a donné le divertissement de la Fête de la Paix , & les Surprises , ou le Rival confident.
CATINON , Foulquier, dite) aujourd'hui Madame Riviere , débuta à la Comédie Italienne par le rôle d'Angélique , dans la Mere considente ; ensuite par celui de Silvia de la double inconflance , dans lequel elle n'eut pas un succès moins complet & moins mérité par la décence de son maintien, & les graces naturelles de sa déclamation : elle joignoit à ce talent celui de la danse , qu'elle possedoit dans un degré supérieur.
CAVAILLON, (Seriianis de) Conseiller i Aumônier du Roi, Doreur de Paris , Chanoine Théologal delà Sainte Eglise d'Aix , a fait imprimer dans cette Ville une Tragédie sacrée , intitulée : Théophile , ou la victoire de l'Amour divin sur l'Amour prophane.
CAUX , ( Gillet de Montlebert de ) Ecuyer, naquit à Ligneris, Village de la Généralité d'Alençon; il descendoit de Pierre Corneille par sa mere. Après avoir fait ses études dans sa Province, il vint à Paris, où il fut Contrôleur Général des Fermes du Roi; & mourut subitement, âgé d'environ cinquante ans, en 1735. Il n'a fait que les deux Tragédies de Marius, & de Lisimachus ; encore cette derniere a-t-elle été achevée & mise au Théâtre par son fils.
CAZANOOT^^^J^1 donné au Théâtre en 17^2 , en sociét/^i^^di^feavôt, les ThelTaUennes.
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Tom V£ - "A
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CER CHA
CÉRIZIERS, connu au Théâtre, par une Tragédie intitulée : Genevieve.
CÉROU, ( M. le Chevalier de ) Auteur des Comédies de l'Am4nt auteur'& valet, & du Pere désabusé.
CHAB ANON , ( M. de ) Américain, de l'Académie des Belles-Lettres , a donné Eponine , Priam aU Camp d'Achille, & l'Opéra de Sabinus , dont le fond est toujours Eponine. Il a lu aux Comédiens une Tragédie de Virginie.
CHABROL , connu par une Piece intitulée Orizelle. On lit à la tête de cette Piece , qui esi imprimée , une Piece de vers adressée au Maréchal de Bassompierre , qui esiun chef-d'œuvre de mauvais goût.
CHALIGNY , ( François de) sieur des Plaines 9 mort en 1723 -, n'a fait que la Tragédie de Coriolan.
CHAMPFORT , ( M. de ) dans la Jeune indienne , & le Marchand de Smyrne, a le mérite d'une versification facile & élégante. Il est encore Auteur d'une petite Piece, jouée en société , intitulée Fanni.
CHAMPMESLÉ, ( Charles Chevillet, dit) Comédien, mourut en sortant des Cordeliers , d'où il venoit de faire dire deux MetTes de Requiem , l'une pour sa mere , & l'autre pour sa femme. Ayant donné une piece de trente sols au Sacristain pour le payement des deux Messes, le Moine voulut lui en rendre dix ; Champmêlé, lui dit > la troisieme sera pour moi ; je vais r ente-ndre. Au sortir de l'Eglise , il alla s'asseoir sur un banc de la porte de l'Alliance, Cabaret proche la Comédie , où il causa quelque tems avec ses Camarades ; &en disant à l'un, c( nous dinerons ensemble aujourd'hui, » il mourut.
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CHA CHA
Quelques Auteurs , par crainte ou par modestie , ne voulant point faire paraître leurs Pieces sous leur propre nom, les mettoient sous celui de ce Comédien , fils d'un Marchand de Paris. On asfûre néanmoins qu'il en a fait plusieurs ; mais il y en a quelques autres insérées dans le Recueil de ses Œuvres, dont on prétend qu'il n'a été que le prête-nom. La Pastorale de Délie eit inconteflablement de Visé. La
Coupe enchantée , & Je vous prends sans verd, sont attribuées à la Fontaine ; mais il paroit que Champmêlé y a eu aussi un peu de part ; les autres Pieces qui forment, ce qu'on appelle son Théâtre, sont les Grisettes, ou Crispin ~ChMdiicr, les Fragmens de Moliere, Y Heure du Berger, le Parisien , la Rue Saint-Denys.
Si, parmi les Auteurs dramatiques , Champmêlé n'occupe qu'un rang médiocre , c'est qu'il s'arrêtoit .aisément à ses premieres idées, & se livroit trop à cette facilité que donne , à un homme d'esprit, uo long exercice du Théâtre. Son talent principal consistoit à peindre , d'après nature , les ridicules des petites sociétés bourgeoises. Cependant son essai, dans le genre pastoral, annonce de la délicatesse, & prouve, qu'avec plus d'application, il auroit réussi dans un genre plus élevé. Sa méthode ordinaire étoit d'introduire secrettement sur la scène le persornage le plus intéressé dans l'intrigue ; & les choses dont il le rend témoin, lui servent pour amener le dénouement. Ces petites ressources décèlent la paresse ou le peu de fécondité d'un Auteur. Champmêlé réparoit ces défauts par des situations neuves & intéressantes ; par des incidens heureux &: plaisans; par un style badin & enjoué, & sur. tout, par cette connoissance du Théâtre, qu'il devoit moins à une étude réfléchie, qu'à un exercice journalier, qui perfeftionne les talens.
CHAMPMESLE , ( Marie Desmarets, femme de.
Charles Chevillet , sieur de ) naquit à Rouen en
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CHA CHA
1644, fut Comédienne de Province, & débuta à Paris, au Théâtre du Marais, en 1669, avec un succès peu commun. Elle passa à celui de Bourgogne , avec son mari, à la rentrée de Pâques 1670 ; elle le suivit en 1679, au Théâtre de Guénégaud ; & fut conservée à la réunion en 1680. Cette A&rice mourut en 1698 , âgée de 54 ans. Marie Champmêlé , élève de Racine , dont elle étoit lamaitresse, suivant quelques Mémoires , remplissoit les premiers rôles tragiques avec un applaudissement général. Racine la forma à la déclamation , en la faisant entrer dans le sens des vers qu'elle avoit à réciter, en lui montrant les gestes , en lui distant les tons , & en les lui notant même quelqufois. Elle profita si bien de ses leçons , qu'elle effaça toutes ses rivales. Son époux réussissoit mieux qu'elle dans le comique. Il jouoit assez bien le rôle des Rois dans la Tragédie. '
Mlle Champmêlé n'étoit pas douée d'un esprit supérieur ; mais un grand ulage du monde, beaucoup de douceur dans la conversation , & une certaine naïveté aimable dans sa façon de s'exprimer , lui tenoient lieu d'un génie plus brillant. Sa maison étoit le rendez-vous de pluiieurs personnes de distinftion de la Cour & de la Ville , aussi bien que celui des plus célèbres Auteurs de son tems, tels que Despréaux , Racine , la Chapelle, Valincour, &c. La Fontaine , admirateur des talens de cette AArice , & peut-être aussi des graces de sa personne , lui adressa le Conte de Belphégor.
Il n'étoit pas nécessaire de dire à Mlle. Champ. mêlé avec Despréaux :
V Il faut, dans la douleur que vous vous abaissiez ;
Pour m'arracher des rieurs, il faut que vous pleuriez.
Elle s'en acquittoit si bien , qu'on étoit forcé de verser des larmes, quelque force d'esprit qu'on eût >
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CHA CHA
& quelque violence qu'on se fit sur soi-même. C'étoit jun plaisir de voir les femmes soupirer , & s'essuyer les yeux ; & les hommes s'en moquer , tandis qu'eux-mêmes faisoient tous leurs effors pour ne point pleurer.
Mlle. Champmêlé avoit la voix belle & des plus sonores , lorsqu'elle de"clamoit ; si l'on avoit ouvert la Loge du fond de la Salle , sa voix auroit été entendue dans le Caffé de Procope.
Racine aima la Champmêlé , qui lui fut infidelle £ &. il s'en vengea par un bon-mot, qu'il adressa à son mari , & que Boileau a rimé dans cette épigramme.
De six Amans contens & non jaloux ,
Qui tour-à-tour servoient Madame Claude »
Le moins volage étoit Jean son époux :
Un jour pourtant d'humeur un peu trop chaude, [ Serroit de près sa servante aux yeux doux , Ï Lorscju'un des six lui dit, que faites-vous?
Le jeu n'est sûr avec cette Ribaude ;
Ah ! voulez-vous , Jean , Jean , nous gâter tous ?
Despréaux ne lisoit cette épigramme qu'à ses meilleurs amis. Voici ce qu'en dit Rousseau dans une lettre à Brossette.
«Je connoissôis & je savois par cœur la petite )} épigramme de M. Despréaux , que vous avez eu « la bonté de m'envoyer. On prétend que c'efl: un » bon-mot de M. Racine au Comédien Champmêlé , » dans le tems qu'il fréquentoit la maison de celuici. M. Despréaux ne l'a point donnée au Public , 3) pour ne pas donner phise aux Censeurs trop scru« puleux : parce que, me disoit-il, un ouvrage sévere peut bien plaire aux libertins ; mais un ouvrage trop libre , ne plaira jamais aux personnes séveres. » C'est une maxime excellente , qu'il m'a apprise.. )t trop tard , & que je me repens fort de n'avoir pas 3> toujours pratiquée îi.
La Champmitf^ iaerïfîa Racine au Comte de
G iij
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CHA CHA
Clermont - Tonnerre. On fit la dessus le Quatrain suivant. "
A la plus tendre amour elle fut destinée ,
Qui prit long-tems Racine dans son coeur ;
Mais par un insigne malheur,
Le Tonnerre est venu , qui l'a déracinée.
La Demoiselle Champmêlé étoit petite fille d'un Président au Parlement de Rouen , qui avoit déshérité son fils , parte qu'il avoit fait un mariage opposé à sa volonté. Elle mourut au Village d'Auteuil, peu de tems après avoir quitté le Théâtre. Elle a été célébrée par Despréaux dans son Épitre à Racine , Jk par plusieurs beaux-esprits du tems.
CHAM-REPUS . ( Jacques ) Auteur d'une Tragédie d'UlyJJe.
CHANTE - LOUVE > ( François Groffombre de ) Gentilhomme Bordelois , vivoit dans le milieu du seizieme siècle, & a donné les Tragédies de Gafparcl de Coligny & de Pharaon.
CHANVILLE J ( le fleur Dubus de ) Asseur du' Théâtre Italien , retiré avec pension. Il remplissoit les rôles d'Amoureux, & sur-tout, les rôles chargés & parodiés. Le sieur Hyacinthe Dubus , trèsbon Danseur de l'Opéra , étoit un de ses freres , ainsi que le célèbre Préville.
CHAPOTON vivoit au commencement de l'autre siècle, & commença tard à travailler pour le Théâtre , ainsi qu'on l'apprend par le vers de Colletet.
J'aime le vol tardif de ta Muse naissante.
On a de lui les Tragédies de Coriolan, d'Orphée 6* Eurydice.
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CHA CHA
CHAPPUIS , ( François ) vivoit en 1580, temsoù il donna l'Avare cornu , le Monde des cornus.
CHÀPUISEAU,( Samuel) étoit né à Genève, dans la Religion prétendue Réformée, & fort pauvre. N'ayant pu faire fortune à Paris , il la chercha dans diverses Cours d'Allemagne, où il exerçoit la Médecine , & enseignoit les humanités. Il mourut à Zell, le 18 Août 1701. Il a donné au Théâtre Pythias , l'Académie des femmes > Colin-maillard , lai Dame d'intrigue , le Riche mécontent, les Eaux dct * Pirmont , & Armetçar»
Ce Poète n'est pas sans mérite du côté de l'in-r trigue & de l'invention ; mais sa vérification est pitoyable -3 on a peine à comprendre que dans le siècle le plus éclairé , il ait osé produire sa Poèsie sur le Théâtre. Ses vers sont obscurs , entortillés> & rempans. On lui est redevable d'une Histoire du Théâtre François; mais elle est mal dirigée , sans ordre , & sans exactitude.
CHARENTON vivoit dans le milieu du dernier siècle, & acomposé pour le Théâtre , les Tragédies de Balthasar &: de Ptolomée.
CHARNAIS , né au commencement du dix-septième siècle , n'est connu que par une Piece très-Gnguliere , intitulée les Boccages , Pastorale , dans lequel un Chevalier errant, prenant un socier pour ijne jolie femme, lui fait cette déclaration ; .
Vos grâces, vos attraits , vos appas & vos charmes, Exercent leur pouvoir jusqucs dessous mes armes ;
Vos charmes , vos attraits. vos grâces, vos appas,
Font naître à tout moment des fleurs dessous mes pas ;
Vos charmes , vos attraits , vos appas &. vos grâces,
Laissent dessus mon coeur leurs faverables traces.;
Vos graces , vos appas , vos charmes , vos attraits ,
Jettent dedans mon scin des invisibles traits ,
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CHA CHA
Qui me font desirer , sous l'amoureux empire ,
Ce que j'espere bien, mais que je n'ose dire.
On sçait bien que je suis le premier des guerriers ,
Mais votre belle main va ravir mes lauriers.
'■* Faites-moi la faveur, que 3 pour ma bien venue, ^
Je touche d'un baiser votre face chenue.
CHARPENTIER, (François ) naquit à Paris J'an 1620, & y mourut en 170Z , Doyen de l'Académie Françoise , où il avoit été reçu en 16 çi , & de l'Académie des Inscriptions. Il a traduit trois Comédies d'Aristophane, & a fait une Piece intitulée la Résolution pernicieuse.
CHARPENTIER , (Marc- Antoine) Auteur de la Musique de l'Opéra de Médée , étoit né à Paris en 1634. A l'âge de quinze ans , il alla à Rome , dans le dessein d'étudier en Peinture. Comme il avoit quelque commencement de musique , en arrivant en Italie-, il entra dans une Eglise , où il entendit un Motet de la composition du célèbre Carrissimi. Dès ce moment, notre jeune homme abjura la peinture, pour se faire Musicien. Il fut élève de ce même Carrisïimi ,qui, trouvant en lui toute la disposition qu'il falloit pour s'attacher à un tel sujet , le mit en peu de tems en état d'être le plus habile de son liècle. Charpentier fit plusieurs morceaux en Italie, qui lui acquirent une grande réputation ; ce qui obligea les Italiens , par la suite des tems, de l'appeller le Phœnix de la France. Revenu d'Italie , le Roi le fit Maitre de la Chapelle de Monseigneur ; mais Lully , jaloux de tous ceux qui pouvoient l'égaler , fit si bien , que le Roi révoqua sa place , & la joignit à celle de Maître de la Chapelle de Sa Majesté , & de celle de la Reine que Lully avoit aussi extorquée au Signor Larenzani. Charpentier entra chez Madame de Guise pour être Maître de sa Musique , & coniposa des morceaux d'un goût excellent ; mais en-
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suite, piqué contre Lui y, il changea son goût de musique naturelle , pour ne point lui ressembler. Il ne s'attacha qu'à faire de la musqué très-difficile ^ mais en même tems d'une harmonie & d'une science jusques alors inconnue aux François ; ce qui lui attira, par les ignorans , le titre de Compoliteur dur & barbare. M. le Régent qui avoit du goût pour toutes les sciences, le choisit pour être son Maître. Charpentier abandonna entièrement le François , pour composer en Latin ; il fut Maître de la musique des Jésuites de la rue Saint-Antoine ; & l'on peut dire que les Amateurs du beau & du sçavant , alloient en foule pour l'entendre. Il devint ensuite Maître de la musique de la Sainte-Chapelle, où il est mort âgé de 78 ans , ayant professe pendant 60 ans. Il avoit coutume de dire qu'il ne connoissoit pour son égal , que M. de la Louette , Maître de la musique de Notre-Dame. Quand un homme vouloir devenir Compoliteur , il disoit : « allez en Italie; » c'est la véritable source. Cependant je ne désespere » pas que quelques jours les Italiens ne viennent ap» prendre chez nous ; mais je n'y serai plus ». Outre Médée , Charpentier avoit mis en musique J'Opéra de Philomèle , qui fut représenté trois fois au Palais Royal. On connoît encore de lui plulieurs divertissemens , & autres petits ouvrages de ipusique.
CHARPENTIER , un des premiers Commis de feu M. Hérault , mort vers 1730 > avoit composé , pour le Théâtre de la Foire, depuis 1715 , les Aventures de Cythere , Qui dort dîne , & Jupiter amoureux d'Io.
CHARVILLE : ( Du Bruit de ) cet Auteur a fait jouer & imprimer à Toulouse , sa Patrie, en 1719 , les Deux sœurs rivales & l'Equivoque.
CHASSÉ, (M.de) célèbre Basse-taille de l'Opéra,
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& excellent A&eur, débuta au mois d'Août 1711. Il remplissoit encore ses rôles avec feu & au gré du Public , quoique d'un âge avancée , quand il se retira en 1757 , avec la peniion de 15oo liv.
; , Chassée, quand je te vois paroîtrc sur la scène ,
Je crois voir arriver une Divinité ;
Que dis-je ? non , les Dieux , sous une forme humaine, N'auraient ni tant d'éclat s ni tant de dignité.
CHATEAU-BRUN , ( M. Jean-Baptisse Vivien de ) Maître d'Hôtel ordinaire de Monseigneur le Duc d'Oléans. Cet Auteur a été reçu de l'Académie Françoise en 1753 , à l'âge de soixante-douze ans: il donna , au mois de N ovembre 1714 > une Tragédie de Mahomet 11, & composa quelques années après les Troyennes ; mais cette séconde Piece , ne fut jouée qu'en 1754* Il auct Auteur des Tragédies de Phiioftète & d'Astianax.
Il n'a tenu qu'à M. de Château-Brun de faire la Plus grande fortune ; il l'a toujours dédaignée. Il a rempli avec honneur , pendant quarante ans , de: portes qui en auroient enrichi d'autres moins indifférens que lui sur les biens de ce' bas monde. De mœurs douces &: irréprochables , M. de Château Brun , livré pendant sa jeunesse aux affaires & à se: devoirs , ne s'en délassoit que par l'étude des Poète; Grecs & Latins, dont il s'étoit nourri, & dont i a porté le goût exquis dans ses dernieres Tragédies Philosophe pratique, il a été assez sage , a eu asses d'empire sur lui-même, pour garder pendant 4° ans les Pieces qu'il avoir faites, sans les faire jouer Mahomet second > sa premiere Tragédie, fut re. présentée en 1714 ; ses Troyennes ne l'ont étc qu'en 1754- Le Poste qu'il occupoit, & la craintE de déplaire à un Prince pieux ( feu Monseigneur Ic Duc d'Orléans ) dont il étoit connu , & auquel i étoit attaché, turent les motifs qui l'arrêtèrent:.
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CHA ^ CHE
M. de Château-Brun avoit encore composé deux autres Tragédies, Antigone & Ajax, qui ont été malheur eu sement perdues. Il les avoit mises dans un tiroir qui ne fermoit point, & les avoit oubliées pendant un an ou deux ; après les avoir cherchées, par-tout inutilement, il demanda par hasard à son Laquais s'il n'avoit pas vu deux gros cahiers de papier, qu'il croyoit avcir laissés dans le tiroir ouvert qu'il lui montra : Oui, Monsieur, lui répondit le Laquais , je me suis servi de ces vieilles paperasses ; il y a plus d'un an que je prends ce papier inutile , pour en envelopper les Côtelettes de Veau que je vous donne ; & que vous aimeç tant comme cela. Loin de se mettre en coleré , M. de Château-Brun ne fit que rire de la naïveté de son Valet. .
CHATEAU-NEUF , ( A. P. P. de) qu'on croit avoir été Comédien de M. le Prince , est Auteujy de la Sainte mort de Pancrace ^ en 166Ja
CHATEAU-VIEUX , ( Come de la Gambe , dit ) étoit Valet-de-chambre de Henri III, & de M. le Duc de Nemours; il récita plusieurs Comédies de sa composition devant les Rois Charles 1 X 8c Henri III. Ses Pieces étoient intitulées Jodès , Roméo , Edouard, &c. tirées de Baridel ; & le Capitaine Boudoufle & Alaigre.
CHAULMET , ( Charles) Auteur d'une Tragédie de Pompée , en 1638.
CHAZETTE , ( M. de la ) Auteur d'une Tragédie de Dom Ramire , en 1728.
CHEFFAUT ( François de) étoit Prêtre habituéde la Paroisse de Saint-Gervais à Paris : il donna une Tragédie de Saini-Geiiais , en 1670,
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CHE CHE
CHENEVIERRES , ( M. de ) premier Commis du Bu reau de la Guerre, a donné, en 1756, l'Opéra de Célimen.
CHÉZIER , Avocat, vivoit au commencement du siècle dernier. On lui attribue la Piece intitulée les Barons , ou les Copieux Fléchois.
CHEVALET, (Antoine) Gentilhomme du Dauphiné, Auteur de la Tragédie de Saint - Christophe en 1530.
CHEVALIER, Auteur, presque inconnu, d'une
Tragédie de Philis , en 1609.
CHEVALIER, Comédien du Marais, avoit débuté en 1645 , & commença à composer des Pieces de Théâtre huit ans après. Il mourut avant 167 3 > ses Pieces sont : l'intrigue des Carrosses à cinq sols , le Cartel de GuiLlot, la Désolation des siloux , la DiJgrace des Domefliques , les Barbons amoureux , les Galans ridicules , les Amours de Calotin , le Pédagogue amoureux , & les Aventures de nuit. On lui attribue aussi le Soldat poltron ; mais il n'est pas de lui.
CHEV ALIER , ( M. ) né à Bar-sur-Aube en Champagne , abonné en société avec Mde. Favart, la Fête d'Amour.
CHEVALIER , ( Mlle. ) A&rice retirée de l'Opéra , où elle remplit long-tems les premiers rôles avec beaucoup de succès; son genre étoit le grand, les fureurs, &c.
Chevalier , quelles fûres armes
Pour mettre un Amant Ious vos loix !
Vous séduisez par votre voix ,
Les cceurs échappés à vos charmes.
CHEviLLARD , Prêtre d'Orléans, àcomposé, en 1670 , une Piece intitulée Théandre.
CHEVREAU : ( François ) on croit qu'il étoit
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CHE CHE
Prêtre de Saint-Gervais ; &il a fait une Tragédie du martyre de ce Saint, en 1657.
CHEVREAU , ( Urbin) étoit fils d'un Avocat, & naquit à Loudun, en Poitou, le zo Avril 1613. Il cultiva , avec beaucoup de progrès, les Belles- , Lettres dans sa jeunesse , & apprit l'Hébreu , le Grec, le Latin , l'Arabe ,'l'Italien , l'Espagnol, & plusieurs autres Langues Européennes ; il employa une partie de sa vie à voyager. La Reine Christine le retint quelque tems à Stockholm, & le rît Secrétaire de ses Commandemens -, le Roi de Danemarck & plusieurs Princes d'Allemagne l'ont arrêté aussi dans leur Cour, & en faisoient grand cas. A son retour à Paris , il fut choili pour être Précepteur de feu M. le Duc du Maine , & a été Secrétaire de ses Commandemens. Il se retira ensuite à Loudun, où il mourut le 15 Février 1701. Il a donné au Théâtre l' Amant ou Y Avocat dupé , Lucrece , la Suite du Cid, Coriolan , les Deux Amis, les Véritables Freres rivaux , 8t Hydafpe. On lui a attribué aussi l' Innocent exilé. Chevreau a beaucoup travaillé dans différens genres; car , outre son Histoire du monde, on a de lui des Lettres, des Romans, des Ouvrages de philosophie & de morale & des OEuvres mêlées de prose & de vers, dans lesquelles on trouve les fragmens des Ballets des Libéralités des Dieux , & de la Félicité , dansés à Stockholm.
CHEVRIER , {François-Antoine de ) né à Nancy; d'un Secrétaire du Roi, montra dès sa jeunesse beaucoup d'esprit & de méchanceté. Après avoir parcouru divers pays , tantôt riche, tantôt pauvre, consacré tour-à-tour à l'intrigue & aux lettres , il alla mourir en Hollande en 1761, ou 1764. Cet Auteur avoit du talent, de l'eiprit & de l'imagination , & sur-tout, beaucoup de facilité ; mais il en abusoit ; & il n'a rien laissé de véritablement estima-
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CHI CHR
ble. Il est Auteur de quelques Comédies, telles que la Revue des Théâtres , le Retour du goût, la Campagne , l'Epouse suivante , les Fêtes Parisiennes , & la Petite Maison. On a encore de lui divers Ouvrages en prose , dont plusieurs sont très-satyriques. On lui attribue Carguia, Parodie de Catilina ; & il a mis en vers la Fête d'Amour.
CHILIAC, ( Thimoihéede) Auteur d'une TragiComédie , donnée en 1640, sous le titre de l'Ombre du Comte de- Gormas, ou la' Mort du Cid ; & de la Comédie des Chansons ; d'autres disent des Souffleurs , & attribuent la Comédie des Chansons à Beys.
CHIMENES , ( M. Augufle-Louis Marquis de ) né à Paris le 28 Février 17z6 , a composé les Tragédies d'Amalazonte , 8z de Dom-Carlos.
CHOCQUET , (Louis) vivoit vers le milieu du ' seizieme liècle ; il est Auteur des Pieces des Attes des Apôtres , de l' Apocalypse, de Saint-Jean Zébédée 9 & de plusieurs autres Mysteres.
CHOLLET J Auteur de la Comédie intitulée l' Art
& la Nature.
CHOPIN, (M.Jean-Baptiste-Ckarles )né au Havrede-Grace , est Auteur de la Tragédie de la Mort de Scjan.
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CHRETIEN , ( Florent) naquit à Orléans en 1J 413 & étoit fils de Guillaume Chrétien, Médecin de François I. Sa science le fit choisir pour être le Gouverneur de Henri IV , dent il fut ensuite le Bibliothécaire. Il étoit de la Religion Protestante ; mais il abjura quelques années avant sa mort, arrivée en Q&obre 1599, à Vendôme, où il s'étoit retiré. Il
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CHR CLA
a fàit le Poëme Dramatique du Jugement de Pâris , qui fut joué à Enghyen, à la naillance du fils du Prince de Condé, & un Cartel avec des stances & sonnets pour les Tournois, qui furent faits à Valery en 1567. On a aussi de lui une Tragédie de Jephté.
CHRÉTIEN, ( Nicolas ) né à Argentan en Normandie , a donné vers 1600, les Portugais infortunés , le Ravissement de Céphale , Alboin , Amnon & Thamar , & les Amantes.
Cet Auteur prouve bien dans quel état pitoyable étoit le Théâtre François dans sa naissance. On ne peut rien imaginer de plus ridicule que les sujets que l'on traitoit alors. Ces Pieces n'ont aucun .caraétere, sont sans goût, sans arrangement ; les personnages Chrétiens parlent en Payens ; & la Fable est confondue avec le Christianisme.
CIAVARELLI , mort en 1773 , a joué long-tems le rôle de Scapin à la Comédie Italienne , qu'il quitta quelques années avant sa mort. Il étoit Napolitain , & avoit débuté en 1739, par le rôle qu'il avoit adopté. On fit dans le tems 3, sur cet Acteur, les vers suivans : -
Ciavarelli met tant- de grâces ,
Quand il repréleme Scapin ;
Qu'à ses lazzis , à ses grimaces ,
On le prendroit pour Arlequin,
CIFOLELLI, Auteur de laMusique de l'Indienne*
CIZERON RIVAL , ( M. ) Auteur de la Répétition.
CLAIR-FONTAINE , ( M. Pélou de) né à Paris, Associé de l'Académie des Belles-Lettres de Marseille, est Auteur d'une Tragédie d'Hector.
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CLA CLA j CLAIREMBAULT: ( Nicolas ) ce Musicien, j connu par sa sçavante manÍere de toucher l'Orgue ^ & par les excellentes Cantates qu'il a composées , s eH né à Paris, où il est-mort le z6 Od:obre 1749 , âgé de 72 ans. Il n'a fait pour l'Opéra qu'un DivertiiTement allégorique, intitulé le Soleil vainqueur des nuages. Il étoit Organiste du Roi, de Saint Cyr, & de Saint Sulpice.
CLAIRON , ( la Dlle Claire de la Tude, dite) après x avoir joué en Province , vint en 1736 , débuter à la Comédie Italienne par un rôle de suivante , dans la Piece de l'Isle des Esclaves. Elle parut ensuite en 1743 , sur le Théâtre de l'Opéra; enfin ayant débuté sur celui des François dans la- même année par le rôle de Phèdre, dans la Piece de ce nom, elle fut reçue avec applaudissemens, 8c les a toujours mérités depuis, dans les rôles de force , &c. qu'elle rend supérieurement.
Clairon réunit les sulïrages
Des plug habiles connoisseurs ;
Et son Jeu des meilleurs Auteurs,
Fait encor valoir les Ouvrages.
CLAIR VAL, , ( le sieur,, remplissoit avec succès les premiers rôles d'Amans à l'Opéra-Comique , lorsque ce Spectacle fut réuni à la Comédie Italienne. Il fut conservé & incorporé dans cette Troupe , où il chante avec goût, & joue avec intelligence.
** CLAVAREAU , ( AuguJlin.) débuta au Théâtre François en 17 iz , fut reçu la même année , se retira en 1715, avec une pension de foo Jiv. & mourut long-tems après. Sa femme a aussi débuté à ce Théâtre.
CLAUDET : Emilie , ou le Triomphe des Arts.
CLAVEL, (P. F. D.) Volontaire au Régiment des
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CLA COL
des Mineurs de leurs Hautes-Puissances, la Mort de Nadir, ou de Thamas-kouli-kan, Tragédie imprimée en 1752.
CLAVERET , ( Jean) naquit à Orléans, & étoit Avocat. Il osa se mettre en parallele avec le grand Corneille , dont il avoit été ami , & qu'il décria. ensuite, après s'être brouillé avec lui. Il a donné au Théâtre l'Esprit fort, le Roman du Marais , la Place Royale , l' Ecuyer , la Visite différée , les Eaux de Forges , & le Ravissement de Proserpine.
CLEMENT , ( Pierre ) né à Genève en 1707, & mort à Paris , âgé de 60 ans, a fait pour le Théâtre les Francs-Maçons , Mérope & le Marchand de Londres. Il a été long-tems en Angleterre , où il a publié des Feuilles périodiques , sous le titre de Nouvelles Littéraires de France , &c.
CLEMENT , ( M. ) Auteur du Journal de Clavessin , a donné la Pipée, & le Prix de l'Amour.
CLEVES > ( Henriette de ) fille de François de Cleves, Duc de Nevers, & femme de Louis de Gonzague, Prince de Mantoue, a traduit l'Aminte du Tasse.
CLOPINEL , ( Jean ) dit de Meun , ainsi nommé, parce qu'il boitait & qu'il étoit né à Meun sur Loire , est réputé l'Auteur d'une Piece intitulée la Destruction de Troye.
COIGNAC , ( Joachim ) Auteur de la Tragédie de Goliath.
COIGNÉE , Auteur d'une Pastorale d'Iris.
COL ALTo , A&eur delà Comédie Italienne > où il
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COL COL * joue le rôle de Pantalon > a donné au Théâtre . V Pantalon Avare ,\Pantalon rajeuni , la Famille en dijcorde /Pantalon pere severe , le Retour d'Argentine , ^ Pantalon jaloux f Arlequin Gentilhomme par hasard -, -les Noces d'Arlequin , le Turban enchanté , les Intrigues d'Arlequin , le Mariage par magie , le Gondolier Vénitien , leVieillard amoureux , la Cantatrice , les Perdrix , le Monstre Marin , les Trois Jumeaux Vénitiens.
f su
COLARDEAU, (M. ) né à Janville, dans l'Orléanois , est Auteur d'AJlarbé, & de Caliste , dont on estime la versification.
CoLASSE > ( Paschal ) Maître de Musique de la Chapelle du Roi, naquit à Paris en 1636 , & mourut à Versailles en 1709. Il fut l'Elève de Lully, qu'il prit pour modèle dans toutes ses compositions ; maii il l'imita trop servilement :
Colasse de Lully craignit de s'écarter j *■ Il le pilla, dit-on, cherchant à l'imiter.
Qu'il le copiât ou non, son Opéra de Thetis Se Pelée sera toujours regardé comme un bon morceau. Ses autres productions sont Achille & Polixene , Enée & Lavinie , Astrêe , les Saisons , Jason , la Naissance de Vénus , Canente , Polixene 6* Pyrrhus , le Ballet de Villeneuve - Saint -Georges , & plusieurs Motets. Ce Musicien avoit la manie de la pierre Philosophale, passion qui ruina sa santé & sa bourse.
. COLLÉ > ( M. ) Le&eur de Monseigneur le Duc d'Orléans > a donné le Jaloux corrigé , Daphnis & Eglé , Dupuis & Desronais , la Veuve , l'Isle Jonante , la Partie de Chasse de Henri IV, le RoJJignol, le Galant escroc , Tançai & Néadarné , Joconde, Nicaise , la-Vérité dans le Vin , Madame Prologue , Cocatrix , Tragiflasque ; les Accidens , ou les Abbés ; la Tête à
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COL COL
Perruque, ALphonse l'impuissant, &c. Il a retouché les Comédies du Menteur , de la Mere Coquette, de l'Andrienne, & du Jaloux honteux ; & a mis cette <lerniere en trois Attes.
La plupart de ces Pieces sont renfermées dans un Recueil imprimé en pluiieurs volumes, chez Gueffier, sous le titre de Theâtre de Société. M. Collé les avoit composées pour l'amusement de Mgr. le Duc d'Orléans, auquel il est attaché. La Pa. tïe de d, Henri IV fait partie de ce Recueil, comme ayant été représentée plusieurs fois chez ce Prince , pour -qui M. Collé avoit fait cette Comédie. Cet Auteur a ouvert un vaste champ , par ces Pieces de Société, à ceux qui voudroient travailler dans ce goût. L'oa v a , dans cette espece de Comédie , une liberté qui est interdite aux autres Pieces qui sont représentées sur un Théàtre réglé. Mais il faut que cette liberté ne dégénéré pas en licence ; & , tout le monde eli convenu que M. Collé n'avoit point passé le but. Il y regne une gaieté, qui adoucit &. fait palsec ce qu'il prend de liberté.
COLET, (M. ) Médecin, Auteur du Bacha de
Smyrne.
COLLET , ( M. ) l'Isle déjètte.
COLLETET , ( Guillaume ) Avocat au Conseil , l'un des quarante de l'Académie Françoise, naquit à Paris en 1598 , & mourut dans cette Ville en 1659 , ne laissant pas de quoi se faire enterrer. Le Cardinal de Richelieu le mit du nombre des cinq Auteurs qu'il avoit choilis, pour la composition des Pieces de Théâtre.
Est—il croyable que le Cardinal de Richelieu , qui avoit tant de goût pour les ouvrages Dramatiques, ait été l'inventeur de pareils sujets, & que ces Pieces soiçnt l'ouvrage de cinq Auteurs? Il faut
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COL COL avouer qu'ils gagnoient leurs pensions fort à leur aise , & qu'ils ne travailloient guères pour la gloire de leur bienfaiteur. Mais comment s'imaginer que le grand Corneille, occupé dans ce tems à tracer le portrait de Cinna , & à peindre la valeur des Horaces, ait pu travailler à ces misérables productions, qui ne pou voient pas faire honneur à l'Auteur même le plus médiocre ?
Colletet lisoit ses Pieces de Théâtre au Cardinal, & n'étoit pas toujours de l'avis de son Éminence. Un flatteur , dit un jour à ce Ministre , que rien ne pouvoit lui résister : « Vous vous trompez , reprit Richelieu ; & je trouve dans Paris même des per3) sonnes qui me résistent. Colletet, qui avoit combat« tu hier avec moi sur un mot, ne se rend pas encore; » & voilà une grande lettre qu'il vient de m'en 3) écrire ». L'unique Ouvrage que Colletet ait composé seul pour le Théâtre, est la Tragédie de Cyminde.
CoLLETET , ( Francois ) fils du précédent, Auteur de la Chasse d'Ardennes , églogue à huit personnages.
CoLOMBiNE ; l'Actrice qui jouoit ce rôle sur l'ancien Théâtre Italien, se nommoit Catherine Biancolelli, & elle étoit femme de la Thorilliere , Comédien François , & fille du célèbre Dominique.
COLONIA , ( le Pere Dominique ) naquit à Aix en Provence, en 1660. Il entra chez les Jésuites en 1.67 j, enseigna long-tems avec distinction au Collège de Lyon, & fut un des principaux Membres de l'Académie des Sciences & Belles-Lettres de cette Ville, où il mourut en 1741. II a donné la Foire d'Augsbourg, Germanicus j Juba , Jovien , Annibal, ÔC le Prélude de la Paix.
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COL CON
COLOT D'HERBOIS, Lucie , ou les Parens imprudens , Clémence & Monjair. ?
r *
CONELL , ( Marguerite - Louise Da/on) fille de Hugues Daton , Ecuyer T naquit à Paris en 1714 , & débuta favorablement au Théâtre François en ' 1734 , par Inès , & par le rôle de Junie dans Biitannicus , & celui $ Agathe , dans les. Folies amoureuses. Elle fut reçue pour les rôles de confidentes tragiques, & ceux de secondes Amourcuses Comiques , & traitée ensuite par le Public avec beaucoup de rigueur. Elle mourut en 1750 , âgée de trente-hx ans. r .,
CONSTANTINI , ( Angelo ) anciqn Atteur du Théâtre Italien , eut des aventures singulieres. Il étoit de Vérone , prit fort jeune le parti de la Comédie, & joua avec succès le rôle d'Arlequin sur différens Théâtres d'Italie. Il vint en France en
1681 , où il fut reçu pour doubler Dominique dans le rôle d'Arlequin. Mais celui-ci quittant peu sou emploi, & Constantini craignant d'être à charge à ses camarades , prit pour lui différens rôles d'intriguant , sous le nom de Meçetin. Dominique étant mort, Mezetin le remplaça , après avoir reçu des mains de Colombine le masque & l'habit d'Arlequin dans une scène qui avoit été faite à cette occasion.. Le Public habitué à le voir jouer à visage découvert, l'engagea à quitter le masque, ce qu'il fit, lorsque Gherardi succéda à Dominique dans l'emploi d'Arlequin. Constantini reprit alors son premier ca- raébere, qu'il continua à visage découvert, jusqu'à la suppression du Théâtre Italien , arrivée en 1690.
Cet événement obligea Angelo Constantini de passer à Brunswick, où il forma une Troupe pour le service du Roi de Pologne Auguste. Ce Prince fut „ si content de son Comédien , qu'il l'ennoblit, & lui donna la charge de Trésorier de ses Menus Plailirs* yCet A&eur eut l'audace d'adresser ses vœux. à une
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CON COQ maitresse du Roi Augure ; & il accompagna sa déclaration de quelques discours peu mesurés sur ce Monarque.. La Dame, outrée de l'insolence de Mezetin , s'en plaignit au Roi ; & elle engagea ce Prince à se placer dans ut}. endroit de son appartement, d'où il pourroit tout entendre, sans être vu. Auguste sortit le sabre à la main dans le dessein de lui abbattre la tête; il se retint > & se contenta de le faire enfermer. Constantini relia vingt ans en prison ; & aussi-tôt qu'il eût sa liberté , il revint a Paris, où les nouveaux Comédiens Italiens le reçurent dans leur Troupe. Il y eut aux premieres représentations où il parut, un concours si extraordinaire de monde , que la Sasse de la Comédie ne put contenir la moitié des personnes qui se prélenterent. Malgré cet empressement du Public, cet Atteur n'eut pas autant de succès a cette reprise, qu'il en avoit eu avant la suppression. de l'ancien Théâtre : aussi ne joua-t-il pas long-tems ; car dans la même année 1729 , il partit pour Vérone , où il mourut peu de mois après son arrivée. > v*
CONTANT D'ORVILLE , ( M. ) a composé pour les Théâtres de Province , le Paysan parvenu , ou les Coups de l'Amour ,l'Opéra aux Enfers > la Surprise > ou les Rendez-vous , Balthéfie , Y Essai des, talens, ou les Rèjouissances de la Paix , le Médecin par amour , le Plaisir & la Reconnoissance. Il a fait aussi deschangemens au Baron de la Crasse de Poisson, 8c au Je -ne sçais quoi de Boilîy. Il a eu part à la Famille, kl'Amour Censeur des Théâtres , à la Fête infernale 9 & à quelques autres Pieces du Théâtre Italien.
t COPPIER, (M.) Auteur du Bal de l'Arche-Marion.
CoQUiLLARD, ( Guillaume ) Official de Reims, en 1532, a composé le Plaidoyer d'entre la Simple & la Rusée , &d'Enquête d'entre la Simple &0 la Ru sée.,
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COR COR
qu'on peut mettre au rang des Pif ces dramatiques.
CoRALINE, ( Anne - Véronese , dite ) fille de Carlo Véronese , débuta au Théâtre Italien le 6
Mai 1744, pour les Soubrettes, avec son pere pour les rôles de Pantalon. Tous deux parurent dans la même Piece, intitulée le Double mariage d'Arlequin, canevas Italien de l'ancien Théâtre. Tous les deux sont originaires de Venise ; le pere étoit âgé d'environ quarante-deux ans ; & la fille en avoit à peine quatorze; ils firent le plus grand pJaisir, & furent également applaudis; mais les talens, ainsi que la beauté de la jeune débutante , n'ayant fait qu'augmenter chaque jour , elle se vit long-tems sans rivale sur ce Théâtre , où elle fut reçue , ainsi que son pere, peu de tems après leur début. Ses talens sa beauté ont inspiré ces vers à M. Marmontel.
A
Oui, Lucinde , je t'aime ; & mon ame ravie , ^ A puisé dans tes yeux une nouvelle vie ;
Volage dans mes goûts, & froid dans mes desirs ,
Je ne trouvois par-tout que l'ombre des plaisirs :
Je t'ai vue , & mon cœur a reconnu son Maitre.
Surpris de ses transports , il s'est senti renaître j
Et pareil à l'Aiglon de sun œuf échappé,
Sous l'aîle de l'Amour , il s'est développé.
Ce feu que je puifois dan" le sein de Voltaire >
N'est plus dans ton Amant que l'ardeur de te plaire ; *• L'Amour est mon génie > & dicte mes écrits.
Comme il en est la source , en sera-t-il le pria ?
Heureux ! si sur les pas de Tibulle & d'Ovide ,
Cuei:lant pour toi les fleurs du Parnasse & de Gnide , Je pouvois voir ta main mêler , à mon retour ,
Aux rameaux d'Apollon les myrthes de l'Amour !
La Lyre de Tyrtée a gagné des batailles.
Aux accens d'Amphion Thèbes dut ses murailles. Orphée a sçu toucher , par ses tendres accords ,
Les Montres de la Thrace , & le Tyran des mans.
Ovide , abandonné sur des rives proscrites «
Des traits de la pitié perça l'ame des Scythes.
Je n'en suis point jaloux ; & ce talent vainqueur
Aura plus fait pour uaoi > s'il enchaîne ton cœur.
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COR .. COR
Ce climat vif & pur, ces lieux plus beaux encore,
Depuis qu'ils t'ont vu naître & mille Amours éclore; j Ce pays des Héros, des graces , des talens ,
Avoir produit Cynthie aux yeux étincelans , Délie au doux sourire , au séduisant langage ,
Corine au teint de Rose, au cœur tendre & volage ; Mais crois-moi , ma Lucinde , en ces tems si vantés ,
4 Si l'on t'eût _vu paroître auprès de ces Beautés,
Avec cette fraîcheur , cet éclat, ce sourire ,
Cette bouche appellant le plaisir qu'elle inspire ;
Ce corsage arrondi, tel que l'avoit Psyché,
Quand l'Amour , comme un lierre, y sembloit attaché; Ce fein ferme & poli, qui, repoussant la toile,
De son bouton de rose enfle & rougit le voile ;
Cette main que l'Amour baisoit en la formant ,
Et qui ranimeroit la cendre d'un Amant :
Crois-moi , dis-je, Properce , Ovide , ni Tibulle , N'auroient brûlé jamais que des feux dont je brûle $
Et le nom des Beautés célèbres dans leurs vers
N'auroit jamais reçu i'encens de l'Univers.
Avant les vers de M. Marmontel, quelqu'un avoit dit, en parlant de cette célèbre Aftrice :
'Coraline toujours nouvelle
• Dans chaque rôle où je la vois »
Fait que je fuis , tout à la fois ,
Amant inconstant & fidèle.
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CoRAS , étoit ami de le Clerc, auquel il disputa la Tragédie d'Iphigénie.
CORDIER, (M.) a donné la Tragédie de Zaruckma.
CORIOT , ( le Pere) de l'Oratoire, & Professeur de Rhétorique à Marseille , connu par plusieurs
Poësies, est Auteur du Jugement d'Apollon sur les Anciens & les Modernes.
CORMEIL, Auteur du dix-septieme siècle , qui a donné Célidore , outre Flçrise ravie , ou le Ravinement de Florife 1 qu'on lui attribue encore.
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COR COR
CORNEILLE , ( Pierre ) naquit à Rouen le z6 Juin 1606. Il fut Avocat Général de la Table de Marbre de cette Ville , l'un des quarante de l'Académie Françoise , & le Restaurateur de notre Théâtre , pour lequel il commença à travailler en 1625 , à l'âge de dix-neuf ans, & mourut à Paris le premier Octobre 1684. Comme plu lieurs Sçavans ont fait ion éloge, nous nous contenterons de rapporter le titre de ses trente-trois Pieces, dans l'ordre qu'il les a composées ; sçavoir, Melite , Clitandre , la Veuve , la Gallerie dIt -Palais , la Suivante , la Place Royale, Médée , l'Illusion, le Cid, les Horaces , Cinna, Polieufle, Pompée , le Menteur , la Suite du Menteur , Rodogune , Théodore , Héraclius , Andromede, Dom Sanche d"Arragon , Nicomede > Pertharite , OEdipe , la Toison d'Or, Sertorius, Sophonisbe , O thon, Agé silas , Attila, Tite & Bérénice , une partie de Psyché , Pulchérie & Suréna.
Si Corneille erra d'abord avec la foule des Poètes
Tragiques , bientôt il reconnut que la foule & lui s'égaroient. Ce fut sur les pas des Anciens qu'il entra dans la véritable carrière Dramatique ; mais il y découvroit des sentiers qu'ils n'avoient point apperçus , 8c passa de bien loin ses guides. Ce qu'il avoit fait, apprit à sa Nation ce qu'elle pouvoit foire. Il parvint à lui élever le génie, & donna le signal aux Orateurs, aux Philosophes , aux Artistes , &c. Peut-être que , si Corneille n'eût été qu'un homme ordinaire , BoiTuet & tant d'autres n'eussent pas été de si grands hommes. C'est à regret qu'on desire , dans les Ouvrages de ce pere du Théâtre , un style moins inégal , une diction plus épurée. Corneille, si excellent Logicien , ne put jamais s'assujettir aux regles d'une Grammaire exacte ; on trouve ce défaut jusques dans ses chef-d'ceuvres. C'est joindre à la plus noble Archite&ure des morceaux de Sculpture gothique ; mais ce défaut mis
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à part, que de beautés ses Ouvrages nous présentent ! que de variété dans les plans ! que de force dans les caractères ! que d'élévation dans les idées ! Malheur à qui ne scait pas supporter un vieux mot en faveur d'une vérité neuve & utile ! De trentedeux Poëmes Dramatiques , dont Corneille est l'Auteur , aucun sur-tout ne ressemble à ceux d'autrui : si tous ne sont pas d'une égale force, du moins ils offrent tous des traits qui décèlent la main dont ils partent. C'est le même génie qui dispose , mais qui n'agit pas toujours avec la même vigueur. Du reste , nul Poëte , dont la chaleur soit plus soutenue , plus communicative ; elle agite les Lecteurs les plus engourdis ; elle embrase ceux qui ont en eux quelques étincelles du feu de la Poësie ; c'est le trépied de la sybille ; on n'en peut approcher sans éprouver un soudain enthousiasme. ,
Corneiile , après avoir pris un grànd essor , ne se soutint pas avec la même gloire'dans les ouvrages de sa vieillesse.Le Duc de Montausier, qui étoit un franc Misanthrope , lui dit : « Monsieur Corneille , quand j'étois jeune, je faisois de jolis vers; à présent que je suis vieux , mon génie est éteint ; croyezmoi, laissons faire des vers à la Jeunesse ».
Entre plusieurs époques glorieuses pour le grand Corneille, en voici une que l'on peut citer comme unique. Étant venu un jour à la Comédie , où il n'avoit point paru depuis deux ans, les A&eurs s'interrompirent d'eux-mêmes ; le Grand Condé, le Prince de Conti , &: généralement tous ceux qui étoient sur le Théâtre , se leverent ; les Loges suivirent leurs exemples; le Parterre se signala par des battemens de mains, & par des acclamations, qui recommencerent à tous les entr'A&es. Des marques d'une diflinftion si flatteuse pour l'amour-propre, devoient être bien embarrassantes pour un
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COR COR homme, dont la modestie alloit de pair avec le mérite.
Le grand Corneille avoit coutume de dire qu'il devoit plus à Lucain qu'à Virgile , non qu'il fùt allez peu équitable , ou qu'il eût assez peu de goût $ comme Boileau a voulu le faire entendre ) pour estimer le sécond moins que le premier ; mais un Auteur qui met des Héros sur la Scène , n'a pas besoin de fi&ions épiques. Il trouve mieux ion compte dans les pensées mâles & énergiques de la Pharsale, que dans l'élégante narration & la conduite judicieuse de l'Enéïde.
Corneille , si élevé , si sublime dans ses écrits , D'étoit plus le même dans la conversation ; il s'énon. çoit au contraire d'une maniere si seche , si embarraflee , qu'une grande Princesse qui avoit desiré de le voir & de l'entretenir , disoit qu'il ne falloit point l'écouter ailleurs qu'à l'Hôtel de Bourgogne, qui étoit l'Hôtel des Comédiens.
Lorsqu'il récitoit ses vers , il fatiguoit tous ceux qui l'écoutoient ; aussi Boisrobert, à qui Corneille reprochoit d'avoir mal parlé d'une de ses Pieces , étant sur le Théâtre , lui dit: « Comment pourrois» je avoir blâmé vos vers sur le Théâtre , les ayant trouvé admirables dans le tems que vous les bar-
» bouilliez en ma présence ».
Corneille se négligeoit beaucoup pour son extérieur. Quand tes amis , qui auroient souhaité de le voir parfait en tout, lui faisoient remarquer ces léger? défauts, il sourioit, &: disoit: « Je n'en suis pas 3) moins, pour cela ? Pierre Corneille». Il s'est peint lui-même par ces six vers qu'on trouve dans un billet adressé à Pélifl'on.
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COR COR
En matiere (l'Amour , je suis fort inégal
, J'en écris ajfef bien, & le fais assez mal.
~ J'ai la plume féconde , & la bouche stérile ;
Bon galant au Théâtre ,& fort mauvais en Ville ;
Et l'on peut rarement m'écouter sans ennui *
Que quand je me produis par la bouche d'autrui. *
Ces vers furent faits vingt ans avant la date de ce billet. C'est Corneille qui le dit, voici ses propres mots. « Voilà, Monsieur, une petite peinture que » je fis de moi-même , il y a plus de vingt ans. Je ne. » vaux guères mieux à présent ». ■*
Comme c'est une loi à l'Académie Françoise, que le Directeur fasse les honneurs d'un Service pour ceux qui meurent sous son Directorat, il y eut une conteflation de générosité entre Racine & M. l'Abbé de Lavau , à qui feroit le Service de Corneille ; parce qu'il paroissoit incertain sous le Direaorat duquel il étoit mort. La chose ayant été remise au jugement de la Compagnie, M. l'Abbé de Lavau l'emporta : & Benseradedit à Racine ; cc Si quelqu'un 1" pouvoit prétendre à enterrer Corneille, c'étoit » vous. Vous ne l'avez pourtant pas fait n.
CORNEILLE, ( Thomas) frere du grand Corneille, de l'Académie Françoise , & de celle des Inscriptions, naquit à Rouen en 1625 , & mourut à Andely en 1709. Il courut la même carrière que son frere , mais avec moins de succès , quoiqu'il observât mieux les regles du Théâtre. Despréaux avoit raison de l'appeller un Cadet de Normandie , en le comparant à son aîné 3 mais il avoit tort d'ajouter , qu'il n'avoit jamais pu rien faire de raisonnable. Le Satyrique avoit oublié apparemment un grand nombre de Pieces, dont la plupart ont été conservées au Théâtre, & qui, outre le mérite de l'intrigue , offrent quelques bons morceaux de versification. Ces Pieces sont Ariane > le Comte d'Essex x le Geôlier.
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COR COR
Je soi-même , le Baron d'Albikrac, la Comtesse d'Orgueil, le Fejlin de Pierre, l'Inconnu. Thomas Corneille avoit une facilité prodigieuse dans ce travail. Ariane ne lui coûta que dix-sept jours , & le Comte d'Efflx fut fini dans quarante. Cet Auteur avoit une mémoire si heureuse , que lorsqu'il étoit prié de lire une de ses Pieces, il la récitoit tout de suite sans héiiter, & mieux qu'un Comédien n'auroit pu faire. Ses autres Ouvrages dramatiques sont : les Engagemens du hasard , le Feint Aflrologue , Dom Bertrand de Cigaral, l'Amour à la mode le Berger extravagant, le Charme de la voix , les llluflres ennemis , Timocrate > Bérénice, Commode ,-Darius , le Galant doublé , Sti-, licon, Camma, Pyrrhus, Maximien , Persée & Démétrius, Antiochus, Laodice Annibal, Théodat, Achille, Dom Céjar d'Avalos , Circé , Bradamante , la Devinexessc , & les Opéra de Psyché & de Médée.
Les succès de l'aîné des Corneille étoient un grand obstacle à la réputation du plus jeune : il avouoit lui-même son infériorité , & ne désignoit son aîné, que par l'épithete du grand Corneille. Celui-ci, de son côté, désiroit avoir fait plusieurs des Ouvrages de son frere ; aveu qui eût pu flatter l'Auteur le moins modeste, & qui n'étoit pas un pur effet de générosité. Thomas Corneille posséda supérieurement l'art de conduire une Piece, d'amener les situations, de les varier, en un mot, la partie Théâtrale. Delà ses succès réitérés ; mais ies Tableaux, qui ne péchent guères par le dessin, manquent presque toujours par le coloris. Sa diftion est inexaéte & foible ; elle nous confirme la facilité avec laquelle on dit qu'il travailloit : facilité toujours dangereuse pour qui s'y livre ; parce qu'elle conduit rarement au-delà du médiocre.
Despréaux & Racine qui avoient fait tous leurs efforts pour décrier Quinault, engageront Thomas
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COR COS
Corneille à composer des Opéra, afin de supplanter leur ennemi. Corneille se lailla persuader ; mais il ne réussit point. Pierre Corneille, ion frere, avoit aussi voulu s'elTayer dans le même genre , & n'avoit pas eu un plus grand succès. On a remarqué que les deux freres avoient épousé les deux sœurs , en qui il se trouvoit la même différence d 'âge qui étoit entr'eux. Il y avoit des entans de part & d'autre , en pareil nombre. Ce n'étoit qu'une même maison, qu'un même domestique. Enfin après plus de vingtcinq ans de mariage , les deux freres n'avoient pas encore songé à faire le partage des biens de leurs femmes.
Despréaux disoit de Thomas Corneille : cc C'est 55 un homme emporté de l'enthousiasme d'autrui, & qui n'a jamais pu rien faire de raisonnable. Vous diriez qu'il ne s'est étudié qu'à copier les défauts. de son frere ».
Gacon fit l'in-promptu suivant , sur le Portrait de
Thomas Corneille.
^ Voyant le Portrait de Corneille :
^ Gardez-vous de crier merveille ;
•; Et dans vos transports n'allez pas,
r Prendre ici Pierre pour Thomas.
CORNEILLE DE BLESSEBOIS , (Pierre) vivoit encore en 1680 , & a fait trois Pieces, qui sont : Mademoiselle de Sçai , Eugénie f & la Corneille de Mademoiselle de Sçai.
COSNARD , ( Mademoiselle ) née à Paris , fit paroître en 1650, les Chasles Martyrs.
COSTARD, Libraire à Paris, a fait imprimer des amusemens dramatiques , composés de trois Pieces; sçavoir ^ les Orphelins 1 Zélide 1 & Lucile,
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COS COY
COSTE , ( de ) on lui attribue la Pastorale de
Lisimene.
COTIN , ( Charles ) né à Paris, où il est mort en 1682. , étoit Chanoine de Bayeux, Aumônier du
Roi, & l'un des quarante de l'Académie Françoise : il est plus connu par les Satyres de Boileau , que par ses Ouvrages, dont çependant quelques-uns sont assez bien écrits. Il a fait la Pastorale Sacrée.
COTTIGNON , ( Pierre ) sieur de la Chesnaye ,
Auteur d'une Tragédie de Madame.
COUPÉ, ( Mlie. ) jolie Actrice , retirée de l'OV péra depuis plusieurs années.
Coupé 3 mille Amours sur vos traces »
Viennent entendre vos chansons j
Vous les attirez par vos fons ,
Et les retenez par vos grâces.
COURTIAL, (M.) a fait imprimer un Drame, intitulé la Piété siliale.
COURTIN, ( Jacques) sieur de l'Isle, a fait en
1584 , une Piece intitulée Bergerie.
COUSIN, ( Gilbert ) né en Franche-Comté , l'an 1505, fut, à ce qu'on croit, Domestique d'Erasme. Outre un très-grand nombre d'écrits , il a fait la Tragédie de l'Homme affligé.
CoYPEL , ( Charles ) mort à Paris esi âgé de 58 ans, étoit né d'une famille fertile en grands Peintres, & étoit lui-même très-sçavant dans cet Art. Les places de premier Peintre du Roi &: de M. le Duc d'Orléans , & de Directeur de l'Académie Royale de Peinture & de Sculpture , qu'il a remplies avec honneur jusqu'à sa mort, en sont la.
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COY ' CKÉ preuve. Il avoit beaucoup d'esprit, & écrivait d'ailleurs très-bien. Outre divers discours Académiques, - il a composé plusieurs Pieces de Théâtre , dont quelques-unes ont été jouées à la Cour ; les autres, . sur des Théâtres de Société. Celles qui sont parvenues à notre connoissance sont : les Amours à la.
Chasse , les Folies de Cardénio, le Triomphe de la. raison, l'Ecole des peres , la Capricieuse , le Danger des richesses, les Boas procédés , les Désordres du Jeu , Sigismond, l'Auteur, la Force de L'exemple , les Tantes t les Trois Freres , les Captifs , la Soupçonneuse , la Vengeance honnête , les Jugemens téméraires , l le Défiant, ALcefie , l'indocile f la Poésie & la Peinture , & la Répétitîon. V
CREBILLON , ( Prosper Jolyot de) né à Dijon en 1674 , de Melchior Jolyot, Greffier en chef de la Chambre des Comptes de cette Ville, & d'une ancienne famille de Bourgogne , ennoblie en 1441, commença à travailler pour le Théâtre en 1705, fut reçu à l'Académie Françoise en 11731 , & fit ion compliment en vers. Il étoit aussi des Académies de Dijon & de Rouen. Ses Pieces sont Idoménée t Atrée & Thyefle , Eleare , Rhadarnifle & Zénobie , Xerxès., Sémiramis, Pyrrhus, Catilina , le Triumvirat. On lui attribue une Tragédie de la Mort de Cromwel , sous le nom de la Mort d'Agis, qui n'a été ni représentée , ni imprimée, ni même achevée. Il mourut à Paris en 1762. , fut inhumé à Saint-Gervais, où le Roi vouloit lui faire élever un Mausolée.
Borné , peut-être volontairement, à suivre .une seule carrière , Crébillon y trouva encore bien des obstacles. Corneille & Racine l'avoient devancé ; ils avoient enlevé tous les suffrages ; & c'étoit beaucoup , que d'oser suivre leurs traces ; ma-is ce n'étoit point allez pour lui ; il vouloit marcher de pair avec eux. Peut-être même agit-il moins par choix
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CRÉ CRE choix, que par impulsion ? Le génie balance peu ; il décide ; il projette moins qu'il n'exécute. Crébillon tappella sur la Scène tout le Tragique d'Eschyle , avec une régularité de plans qu'Eschyle ne connut jamais. Son Hyle nerveux n'a ni l'élévation de Corneille , ni l'élégance de celui de Racine ; il préféré les pensées aux images. Ses vers ont plus de force que d'harmonie ; & ion pinceau mâle ne peint presque jamais que des objets terribles : en un mot, Ion génie nous asservit ; mais c'est en Tyran, à force de nous faire trembler , & d'étaler à nos yeux le carnage & l'horreur.
Crébillon avoit une façon singuliere de compofer. Jamais il n'a fait par écrit le plan d'aucune de les Tragédies, si l'on excepte Xerxès , qui n'est assurément pas la mieux conduite de toutes les siennes. Il ne falloit pas d'entraves à son génie ; & plus de méthode qu'il n'en admettoit, l'auroitgêné. Il n'écrivoit même jamais ses Pieces , que quand il falloit les donner au Théâtre; On étoit à l'Assemblée , dans laquelle il récita Catilina aux Comédiens ; & l'on est témoin qu'il le leur dit tout de mémoire. Quand, selon son usage, il récitoit à ses amis quelque chose de la Piece .qu'il composoit, si quelqu'un d'entreux lui faisoit une critique qu'il crût devoir adopter, l'endroit qu'en conscquence il supprimoit, s'effaçait totalement de sa tête ; & il n'y restoit plus que ce qu'il y avoit substitué.
On demandoit un jour à Crébillon , dont on ^ a attribué les Tragédies à un Chartreux , quel étoit son meilleur Ouvrage ? « Je ne sçais , répon» dit-il, quel est le meilleur; mais je ,suis sûr , en » montrant son fils , que voil'à le plus mauvais. C'est , » repliqua celui-ci, qu'il n'èst pas du Chartreux ».
- On croit ne devoir pas omettre que le Mardi 6
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CUE CUR
Juillet, les Comédiens François firent célébrer, dans l'Eglise de Saint-Jean-de-Latran , un pompeux Service comme une preuve de leur reconnoHTance pour ce grand Poète , & un monument de leur respeét pour les Lettres. Tout ce qu'il y avoit de plus ditlingué par la naissance & par le rang, ou par le goût & l'amour'des Lettres, tous les Membres des Académies & de tous les Corps littéraires, ainsi que tous les autres gens de Lettres, les Artistes & les. gens de talens célèbres y avoient été invités par. des billets imprimés , de la part ides Comédiens. Il s'y rendit un lî grand nombre de personnes, qu'à peine le vaisseau pouvoit-il les contenir : cependant cela n'occasionna pas le moindre tumulte , par l'ordre exa&-qui fut observé., & par le sentiment de respect qu'inspiroit, à tous les assistans, l'objet de cette cérémonie.
GRESSIN , ( Jacques ) Auteur Protestant , a publié en 1584 , une Comédie intitulée le Marchand Converti.
CROISILLES , ( Jean-Baptiste) Abbé de SaintOuen Auteur d'une Piece intitulée la Chafieté invincible , est mort en 1.651, dans une extrême pauvreté.
CROQUET , nous ne sçavons autre chose de cet Auteur , sinon qu'on lui attribue les Saturnales Françoises, imprimées en 17 ;6, où se trouvent quatre Pieces dramatiques, intitulées le Médisans, les Effets de la prévention , le Triomphe de l'amitié & l'Inégal.
CROS NIER , n'est connu que par une Piece inti-
tulée l'Ombre de [on Rival.
CURI, (de ) Intendant d es -M e nuî- P,Iai sir s du Rai#
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CUV CYR
est Auteur des paroles de Zélie , & a retouché tarante.
CUVILLIER , Asseur de l'Opéra , dopt on a dit;
Ta voix , ton geste & ta figure , En tpi , tout plaît aux Spectateurs ; L'Art , d'accord avec la Nature, A formé le Chantre & l'Asseur»
CYRANO , ( Savien ) né à Bergerac, en Périgord , l'an i6zo, avec un caractère bouillant & singulier , entra, en qualité de Cadet, au Régiment des Gardes. Il fut bientôt connu comme la terreur des braves de son tems. Il n'y avoit presque point de jour, qu'il ne se battît en duel, non pas pour lui, mais pour les amis. Cent hommes s'étant attroupés un jour sur Je Fossé de la Porte de Nesle, pour insulter un homme de sa connoissance , il dispersa lui seul toute cette troupe , après en avoir tué deux & bleue sept. On lui donna d'une commune voix le nom d'Intrépide. Deux blessures qu'il reçut, l'une au Siège de Mouzon, l'autre au Siège d'Arras , & son amour pour les Lettres lui firent abandonner le métier de la
Guerre. Il étudia sous le célèbre Philosophe Gassendi, avec Chapelle, Moliere & Bernier. Son ima- " gination pleine de feu , & inépuisable pour la plaisanterie , lui procura quelques amis puissans, enH'autres le Maréchal de Gassion, qui aimoit les gens d'esprit & de coeur ; mais son humeur libre & indépendante, l'empêcha de profiter de leur protection. Il mourut en 165 5, à trente-cinq ans, d'un coup à la tête , qu'il avoit reçu quinze mois auparavant. Parmi les Ouvrages de cet Auteur, on ne compte que deux Pieces de Théâtre , le Pédant joué , & la Mort d'Agrippine.
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DAI DAN
D AIGALIERS , { Pierre de Laudun) né à Uzès, dans le seizieme siècle, est réputé l'Auteur des Tragédies des Horaces & de Diocietian.
DAMPIERRE , ( M. ) Munitionnaire du Roi, le
Bienfait rendu, ou le Négociant.
- DANCHET , ( Antoine ) né à Riom en 1671, fit, n'étant encore qu'en Rhétorique , une Piece de vers Latins sur la prise de Nice & de Mons , qu'on jugea digne de voir le jour. Après avoir occupé pendant quelque tems , avec beaucoup de réputation , la. Chaire de Rhétorique de Chartres , il produiiit ses talens sur un plus grand Théâtre ; il eut une place à la Bibliothèque du Roi, à l'Académie des Infcriptions, & à l'Académie Françoise; & il justifia ces differens choix par plu lieurs Pieces de Poësies, & sur-tout, par des Drames lyriques. Il mourut à Paris en 1748, où il s'étoit fait aimer autant par sou caractère , qu'estimer par son esprit. Ami géné. reux , sincere , désintéressé , exadt à ses devoirs , & assidu au travail , il eut toutes les qualités d'un homme de Lettres, sans en avoir les défauts. Il ne se permit jamais un seul vers satyrique , quoique Poète outragé. Un de ses Rivaux l'ayant insulté dans une satyre sanglante , il fit en réponse une épigramme très-piquante , l'envoya à Ion ennemi, en lui déclarant que personne ne la verroit, & qu'il vouloit seulement lui montrer combien il étoit facile & honteux d'employer les armes de la satyre.
Danchet possédoit les talens propres des deux Académies, dont il étoit Membre , à-peu-près au même degré que }' Art dramatique. Content de mettre dans les Poèmes une marche réguliere, des
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DAN DAN incidens analogues au fond des sujets, des sentimens honnêtes & vertueux , il s'appliquoit peu à faire agir ces grands ressorts de la Tragédie , qui émeuvent les passions , & produisent des chef-d'œuvres. Il plaisoit à l'esprit, & ne touchoit le cœur que foiblement. Il intéresse pourtant quelquefois ; mais c'est d'une nianiere douce, uniforme, presque imperceptible. Aussi n'avoit-il de talent bien décidé , que pour le genre lyrique , dans lequel il n'a eu de supérieur que Quinault , & d'égal que la. Motte, ou peut-être le Poète Roy. La Tragédie demande plus d'élévation, plus d'étendue de génie : l'Opéra, plus d'esprit, plus de nature; & ce genre n'excédoit point les forces de notre Poète. Il animoit & varioit le Spedtacle avec aisance, plaçoit dans ses Poëmes des iituations intéressantes , les enrichissoit de tours neufs , y répandoit des traita nobles, hardis , tendres & touchans. Il n'y a donc point d'injustice , si , après avoir mis Danchet au sécond rang sur la Scène lyrique , on le place beaucoup plus bas sur la Scène Françoise. Le Public , qui revoit ses Opéra avec plaisir, applaudit particuliérement à Hésiode , à Tancrede , à Aréthuse, aux Fêtes Vénitiennnes , à Idoménée. Les autres moins connus, sont les Fragmens de Luliy , Alcine , les Muses , Télémaque , les Amours de Mars & de Vénus , Télephe , Camille , Achille & Déidamie , &c. La Fable , l'Hiftoire , le Colhime y sont ménagés autant qu'ils, peuvent l'être dans des Ouvrages de ce genre.
Danchet fut un jour consulté par un jeune Poète sur une petite Piece qui commençoit ainsi :
Maison qui renfermez mon aimable Maitresse.
Danchet interrompit le Poète , & lui dit : le mot de Maison est bas. Mettez Palais: l'Auteur recommença son vers de la même façon. Je vous ai déja dit, reprit Danchet, de mettre Palais. « Eh! Mori-
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DAN DAN sieur, répliqua le jeune homme , vous voulez que » je mette Palais, tandis qu'elle est à l'Hôpital ».
Danchet a été inhumé à Saint-Germain-l'Auxerrôis. Son Portrait a été gravé avec ces vers:
Si l'honneur de briller au Théâtre lyrique ,
Si des succès heureux sur la Scène tragique , Danchet, affranchifroient de l'éternelle nuit >
On te verrait jouir encore de la vie 9
Et joindre le bon cœur avec le bel esprit,
Qui ne se trouvent pas toujours de compagnie.
DANCOURT , ( Florent Carton , sieur ) naquit à Fontainebleau en 1661 , le même jour que le Grand Dauphin. Le Pere de la Rue , Jésuite , sous lequel if fit ses études, voulut procurer à la Société un jeune homme , dont la vivacité & la pénétration promettoient beaucoup ; mais l'éloignement du difCi le pour le Cloître, rendit inutiles tous les soins du Maître : Dancourt , aima mieux se livrer au Barreau , qu'il abandonna bientôt pour le Théâtre. Il fut non-seulement grand Aéteur , sur-tout dans les rôles de Jaloux, de Financier, d'Hypocrite, de Misanthrope , mais encore Auteur distingué. te Ce que Regnard étoit à l'égard de Moliere dans la haute Comédie, dit un homme d'esprit, le « Comédien Dancourt l'étoit dans la Farce ». Plusieurs de ses Pieces attirent encore un grand concours. Le Dialogue en est léger , vif, rapide , plein de gaieté & de saillies. La facilité qu'il avoit dans ses Ouvrages, il la portoit dans la Société. Il étoit recherché de ce qu'il y avoit de plus distingué & de plus aimable. Ses Œuvres, recueillis en plusieurs Volumes, sont le Notaire obligeant, ou les Fonds perdus ; le Chevalier à la moie , la Maison de campagne , la Folle encore , l' Été des coquettes , la Parisienne , la Femme d'intrigue , les Bourgeoises à la mode, la Galette , l'Opéra de Village, l' ln-promptu de Garnison , les Vendanges , le Tuteur, la Foire _ de Bedons , les
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DAN DAN
Vendanges de Suresne , la Foire Saint-Germain' , !e Moulin de Javelle, les Eaux de Bourbon , les Vacances » Renaud &0 Armide , la Lot-rie, le Charivari , le Rctcut des Officiers , les Curieux de Compiegne, le Mari retrouvé , les Fies , les Ensans de Paris , ou la Famille à la mode ; ta Fête de Village , ou les Bourgeoises de qualité ; les Trois Cou fine s , Colin maillard, l'Opérateur Barry , lesinouveaux Divertissemens des Comédies de l'Inconnu , des Amans m'1gnisiques & de Circé ; le Galant Jardinier , l' ln-promptu de Livry , le Divertissement de Sceaux , les Deux. DiabLes boiteux , la Trakison punie, Madame, Artus, les Agioleurs, la Comêdje des Comédiens, ou l'Amour Charlatan; Céphale &~Procris , Sancha Pança, l' ln-promptu de Suresne les du Cours , le Yert Galant, lé ' Prix de ~fAi-qiteb-u[C , la Mètamorphose , la Déroute da Pharaon , & la Désolation des Joueuses. Il a encore 'donné la Dame à La mode , Merlin dèserteur . le Carnaval de Venise , le Médecin de C'haufray , la.. Belle-Mere , & X Eclipse , qui n'ont point été imprimées, outre les Nouvellifles , Angélique & Médor , & la Mort dyAlcide, qu'on lui attribue, avec quelques autres Pieces de Théâtre qu'il a laissées ap#s la mort , & des Ouvrages de Piété.
Dancourt n'a qu'un petit cercle, autour duquel il revient sans cesse ; presque par-tout ce sont des Financiers, des Procureurs ou des Villageois, qui forment la base de ses Comédies. Il est même plus: souvent au Village qu'à la Ville , & aussi souvent au Moulin , qu'au Village. Le talent smgulier qu'il eût, pour faire parler les Paysans, les lui fit souvent mettre en jeu ; il les peint toujours d'une maniere agréable & naturelle ; il les fait parler de même : nul' Auteur, avant lui, n'avoitosé composer une Piece toute en style Villageois. Dancourt en a fait plusieurs; & toutes ont réussi ; la plupart même sont restées au Théâtre. C'est donc un nouveau, genre * dont la Scène Françoise lui est redevable.
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DAN DAN
Borné aux petites peintures, il entreprit rarement, de grands Tableaux ; & lorsqu'il voulut le tenter , il choisir mal ses sujets : j'en excepte le Chevalier à la mode-, Piece d'intrigue. Dancourt a sçu y jetter des caractères plaisans & bien soutenus ; mais ce qui paroit l'avoir principalement occupé , c'est le soin d'ajuster au Théâtre l'Histoire & le Vaudeville du Jour, Une Aventure, une Mode, un Proverbe, la plus légere circonstance, lui fournissoient l'idée d'une Comédie ; & souvent la Piece a sur vécu aux circonstances qui l'avoient fait naître. Plus d'une raison bornoit Dancourt à ce genre de production, outre le desir d'être utile à sa Troupe ; on sent qu'il avoit peu lu les Anciens & les Modernes ; il avoue lui-même n'avoir eu d'autre connoissance du Théâtre, que celle que donnent le bon sens & l'usage. Ce n'en étoit point assez pour suivre de près Moliere & Regnard : l'Auteur du Galant Jardinier fit donc sagement , de se frayer une route moins épineuse ; il est certain , à cela près, que ce défaut d'étude ne nuit point à la conduite de ses Drames : elle est communément réguliere , ingénieuse, adroitement ménagée j il sçait amener une situation plaisante , & en tirer parti. Jamais l'exposition du sujet ne l'embarasse ; & il entend l'art du dénouement ; il excelle, sur-tout à faire agir les intriguans & les valets; son dialogue est vif, naturel, ingénieux, précis ; on peut donner sa prose pour un modele d'agrément & de légereté : mais il s'en faut de beaucoup , que ses vers y répondent ; c'est de la p;ose froidement compassée , rimée avec peine , &' à qui cette contrainte a fait perdre toute sa vivacité. Il est cependant vrai, qu'il manie assez bien le Vaudeville , & qu'il réussit dans les Divertissemens. Ceux qu'il a joints à ses Comédies , sont liés avec art au sujet, & souvent même en font partie. Il résulte de toutes ces choses , que Dancourt est un des Auteurs à qui le Théâtre a le plus d'obligation , par le nombre de Pieces qu'il a fait représenter, &
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qui y sont restées. On les sçait par coeur ; ce qui fait qu'on les applaudit peu ; mais on les écoute volontiers ; & c'est beaucoup. Enfin , qu'on me pasle la comparaison ; Dancourt occupera parmi nos Auteurs dramatiques, le rang que tiennent parmi les Minières & les Généraux , ceux qui ont fait plusieurs avions utiles , sans en avoir jamais fait de grandes , ni d'héroïques. %
Les talens d'A8:eur & d'Auteur avoient mis
Dancourt à la tête d,e la Comédie Françoise. Les jeunes gens qui s'essayoient dans le genre dramatique , s'adrefloient à lui pour être joués. Il se faidit laisser les Manuscrits , les copioit ; & huit jours après , il les rendoit, en disant toujours que la. Piece n'étoit pas jouable. L'année d'ensuite , il faisoit paroître cette même Piece , dont il avoit déguisé le fond de son mieux , & de laquelle il avoit écrit les détails. C'est ce que d'honnêtes gens de Lettres, ses Contemporains , ont assuré lui être arrivé fréquemment.
Dancourt étoit d'une moyenne grandeur & avoit la taille bien prise , avant que l'âge lui eût donné de l'embonpoint. Il avoit les cheveux & les sourcils bruns, de beaux yeux, le visage agréable, & la physionomie noble & spirituelle. Son principal talent pour le Théâtre , étoit les rôles de haut Comique , à manteau , & raisonné. A l'égard du Tragique, il y étoit ssoid & monotone ; aussi jouoit-il le moins qu'il pouvoit dans ce dernier genre. Au reste , il possédoit l'art de lire au mieux , non-seulement ses Ouvrages , mais aussi ceux des Auteurs qui lui confiaient leurs productions , & cependant sans s'y préparer par aucune le&ure, lorsqu'il apportoit l'Ouvrage à l'Assemblée :
On disoit de Dancourt, qu'il jouoit noblement
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dans la Comédie , & bourgeoisement dans le Tragique.
Racine ayant entendu le Libraire Brunet , qui crioit : « Meilleurs, voilà le Théâtre de M. Dan» court : dis son échaffaud , lui dit-il ; dis son échaffaud ».
Louis XIV honoroit Dancourt d'une bienveillance particulière. Ce Comédien alloit lui lire ses ouvrages dans son Cabinet. On raconte qu'un jour s'y étant trouvé mal , à cause du grand feu qu'il y avoit, le Roi prit lui-même la peine d'aller ouvrir une fenêtre pour lui faire prendre l'air. Une autrefois Dancourt ayant l'honneur de lui parler, comme il sortoit de la Messe, pour quelques affaires qui regardoient la Troupe des Comédiens François; &: marchant toujours à reculons jusqu'au bord d'un escalier qu'il ne voyoit pas > le Roi le retint par le bras, en lui disant : (c Prenez-garde , Dancourt ; vous allez tomber & se retournant ensuite vers les Seigneurs qui l'environnoient : « Il faut convenir , *> leur dit-il, que cet homme parle bien » ; & il lui accorda ce qu'il demandoit.
Lorsque Dancourt se sentit malade , & proche • de sa fin. il fit faire son tombeau , & l'alla voir avec la même tranquillité , que s'il eût été destiné pour un autre.
Ce Comédien avoit été chargé , par ses Confreres, de porter aux Administrateurs de l'Hôpital, le quart des pauvres. Il s'acquitta de cette co mmission , & fit aux Administrateursun très-beau discours. L'Archevêque de Paris & le PréÚdent de Harlai étoient à la tête du Bureau. Dancourt s'efforça de prouver que les Comédiens , par les secours qu'ils procuraient à l'Hôpital , méritoient d'être à l'abri de l'excommunication. Son éloquence ne fut pas heu-
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reuse. M. de Harlai lui répondit : « Dancourt, nous avons des oreilles pour vous entendre , des mains pour recevoir les aumônes que vous faites aux paui) vres ; mais nous n'avons pas de langue pour vous » répondre ».
Le Pere de la Rue , sermonant son ancien disciple , sur ce qu'il avoit embrassé la profession de Comédien : « Ma foi , mon Pere , lui dit Dancourt, je ne vois point que vous deviez tant » blâmer l'état que j'ai pris. Je suis Comédien du » Roi ; vous êtes Comédien du Pape. Il n'y a pas tant de différence de votre état au mien ».
DANCOURT , nom d'un Comédien de Province, qui a donné à la Comédie Italienne les Deux amis,, le Mariage par récapitulation , & Esope à Cythere. Ce Comédien esi hé à Paris, & a pris le nom de Dancourt.
DANGEVTLLE, ( Charles Botot , dit) oncle de la célèbre A&rice de ce nom , étoit né à Paris, & a joué les rôles simples & niais à la Comédie Françoise , d'où il s'est retiré Doyen de la Troupe , en 17 4 3 .
DA NGEVILLE, neveu du précédent, & Qui a joué les mêmes rôles, a quitté le Théâtre.
Si , pour un rôle d'imbécille ,
Il faut avoir beaucoup d'esprit,
Personne n'a , sans contredit »
Autant d'esprit que Dangeville.
DANGEVILLE, ( Marie- Anne Botot, ) sœur de l'Aéteur précédent, avoit débuté en 1733 , par le rôle de Lisette dans la Comédie du Médisant, & a quitté le Théâtre depuis plusieurs années. Pendant plus de quarante ans , tous les Journaux , toutes les Histoires du Théâtre , toutes les Annales dramati-
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DAN DAU
ques, ont retenti des éloges de cette Actrice ce-' - lèbre , la plus parfaite qui ait jamais paru sur la Scène Françoise, non-seulement pour les rôles de Soubrette , mais pour une infinité d'autres rôles de caradbère , qu'elle rendoit dans la derniere perfection. De tous les vers faits à sa louange , & qui formeroient d'immenses Volumes, nous nous contenterons des quatre suivans.
Que Dangeville a de génie,
D'art, de finesse & d'enjouement !
Rivale aimable de Thalie ,
Elle en a l'air & le talent.
DA.Rcis , fils, Auteur de la Musique du Bal masqué , & de la Fausse peur.
DAVAUX , nom sous lequel a paru l'Homme
Marin.
DAUCOUR , ( M. Godard ) né à Langres , & à présent Fermier-Général, a donné seul la Déroute des Pamela , & 1* Amour second j & avec Mrs. Bret & Villaret, le Quartier d'hyver.
DAVESNE , ( Francois ) né dans le Bas-Armagnac, espece de Fanatique , qui a composé le tombât d'une ame avec laquelle t'Epoux est en divorce , & la. Tragédie Sainte.
DAVESNE , ( Bertin ) né à Dinant , & mort à l'âge de 28 à 3o.ans , en 1742, a donné seul Arlequin apprenti Philosophe, & , avec Romagnésy , le Frere ingrat.
DAVESNE : ( M. ) les Jardiniers, Perrin &> Lucette.
DAVOST , ( Jérôme ) né à Laval, a fait les Deux
Courtijannes.
DAURR- , ( Francois ) Prêtre & Auteur de deux
Tragédies morales, Dipne & Genevieve.
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DE H DEN
DE HESSE , dit Deshayes , ( Jean-Baptiste ) né en Hollande , débuta à Fontainebleau en 1734:' par le rôle de Valet , dans la Comédie du Pvtic Maître amoureux , à la Comédie Italienne , & y reçut beaucoup d'applaudissemens, qu'il a longtems mérités dans cet emploi, ainil que par son talent pour la composition les Ballets , dont il est encore aujourd'hui le Directeur , & pour lesquels il a été gratifié d'une pension de la Cour.
De Heflc est un Auteur parfait,
Pour le récit & pour la danse.
Notre Grand Roi le récompense :
C'est dire tout; reloge eit fait.
DE HESSE , ( Catherine Vicentini ) épouse du préçédent, & fille de Thomassin, ancien Arlequin, a voit été fort applaudie étant encore toute jeune, dans plusieurs petits rôles dont on l'avoit chargée. Elle fut reçue en 1717 , pour les rôles d'Amoureuses & de Soubrettes. Elle chantoit aussi dans les Parodies , & dansoit dans les Ballets ; elle a quitté le Théâtre depuis plusieurs années.
Fille & femme de grands Acteurs,
De Hesse , qui dès l'on bas âge,
Du Public obtint le suffr age,
Charme toujours les Spectateurs.
DENIS , ( Jacques ) Avocat au Parlement , a composé les Plaintes du Palais , ou la Chicanne des Plaideurs.
DENIS. On trouve qu'un Auteur de ce nom a donné en 1696 , les Travaux divertiyàns d'Arlequin , & le Salmigondis comique.
DENNETIERES , ( Jean ) Chevalier , sieur de
Beaumé , a donné en 1645, Sainte Aldégonde.
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DEN DES
DENON , ( M. ) Gentilhomme ordinaire , Auteur de Julie.
DESA UDRA , Auteur du Cuvier.
DES AUTELS , ( Guillaume ) Gentilhomme Charolois, né à Montcenis en Bourgogne, l'an 1529, a composé des Dialogues Moraux, à plusieurs personnages.
DESBIEZ , ( Louis ) Avocat, né à Dole, est Au- teur du Faux Marquis.
DESBOULMIERS. C'est le nom sous lequel cet Auteur s'efi fait connoître dans le monde , & qu'il préféra à celui de l'on pere. Il entra dans les Troupes Légeres ; & , n'y ayant pas feit fortune, il se tourna du côté des Lettres. Il débuta par quelques Romans , donna ensuite quelques Opéra-Comiques, & compila, en neuf Volumes, l'Histoire de la Comédie Italienne & de la Foire. Ses Opéra-Comiques sont le Bon Seigneur , & Toinon & Toinette. 11 a laide un troisième Ouvrage de cette espèce, reçu à la Comédie Italienne , & dont un homme de Lettres , de les amis, s'efl- chargé de prendre soin. La Fable de l' Enfant corrigé de M. l'Abbé le Monnier , a servi de fonds à cet Intermede , intitulé <la Tourterelle, ou la Famille Village oise. Desboulmiers est mort d'une maladie de poitrine, en 1771* âgé d'environ quarante ans.
DESBROSSES , ( la Demoiselle ) avoit débuté aux François en 1684, y fut reçue , se retira en 17 18 , & mourut en 172.2. Elle rendoit parfaitement les rôles Ridicules, & sur-tout les Vieilles Coquettes.
DESBROSSES , ( Robert ) né à Bonn en Allemagne, Musicien & A&eur , reçu à pension au Théâtre Italien depuis 174s, a fait la Musique des Saurs
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DES DES
Rivales , du Bon Seigneur, & celle de plusieurs autres petites Pieces dans le même genre.
DESCAZEAUX DES GRANGES, ( M. ) a traduit de l'Anglois la Prétendue Veuve , & composé la Femme jalouj'e. Pour donner une idée de cet homme , qui vit,à Londres , voici ce qu'en dit un Auteur ( M. Grosley ) qui l'avoit vu en Angleterre.
Les Anglois le nomment le Poète François ; & lui - même se donne ce titre à la tête des écrits qu'il fait imprimer , & qu'il répand en feuilles volantes. Il m'a fait l'honneur de me gratifier de quatre de ces Feuilles : elles méritent que j'en donne une idée , en y joignant quelques vers fidèlement copiés. La premiere , du z8 Août 1764, intitulée: In-promptu fait à Loisir, pour le triomphe des Muses , Candides , quoique non trop jimpies , sous iétendart irréprochable de graces très. amicale ment conjugales , est une Feuille in-folio que remplirent seize vers , suivis des conditions d'une souscription ouverte par l'Auteur , pour une Tragédie de sa façon , sous ce titre : la Magnanimité à'Alexandre le Grand, après la Bataille d'Arbelles -, d'une Liste des Lords > Ladys & Seigneurs, qui chacun ont donné à l'Auteur une ou deux Guinées à compte sur la souscription ; enfin , de l'annonce d'une autre souscription pour ses Tragédies de lurnus & des Danaïdest Les vers débutent ainii :
LA BIENFAITRICE .. ( en .or ) .. D'ALEXANDRE LE GUANO , ( Qui fut trèsgénéreux ) a , de bonté, garant ;
My-Lady d'Harrington est plus féconde & belle
Que Vénus : Defcazeaux la compare à Cybelle.
FINIS C-OROVÀT OPUS. Fait à Londres , dans ma tète ( 6' non hors de mon cœur ) au Parc-Rqyal dt Saint-James , Dimanche au soir le 2,6 , 4- perfectionné
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DES DES
dans ma chambre , le 28 Août 1764; toujours y avec l'optimisme , candeur innocente & non dupe.
La seconde Piece, du 28 Janvier 1765 , est intititulée :
EX TEMPO RE OÇPORTUNO;
D'In-promptu fait à loisir , en forme subflancielle de réponse Laconique au Diélionnnaire nouveau , trop portatif , & prétendu Philosophique.
La Philosophie efl seulement philosophâtre , lorsqu'au plus inquiéte 9 & au moins téméraire.
D ESC A Z E A U ZI AN A.
Arrouet ( dit voltaire ) illustre est devenu » .. Dictionnariseur , non Chrétien ingénu , ....
Je ne le blâme pas d'être do&e & faillible ,
Il - par me croire > - peur - ( foit ) faire , avec
Dieux, paix
Tel estle ton des vers qui remplissent la seconde
Feuille.
La troisième réunit deux Pieces , dont la première , intitulée Portrait inconteflable , offre l'éloge de M. le Duc de Choiseul, & de l'Ambassadeur de
France. Le Poète dit du premier :
Le Duc de Choiseul cst premier Minisire en homme ,
« Par primitif mérite , & non un Favori •
Car il a cœur d'Amboise & tête de Sully ,
Pour Louis quinzième , & des Lys le Royaume :
Voilà son Portrait, peint par Mi-Lord Desca^eaux.
La seconde , qui indique la Patrie de l'Auteur, a pour objet le recouvrement de son bien, qu'il dit lui avoir été enlevé par sa famille : ...
Perdrai-je — ( par procès ? hélis ! sempiternel , )
Les deux tiers de mon pain , dans ma famille , à Nantes > En face du Soleil, & des Loix gouvernantes ï
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DES DES
Il Invoque ensuite le Roi, M. de Maupeou, M. de Beaumont, Avocat j & enfin,
Le Duc Mécénatique & grand de Nivernois.
Mon Pégase ( aimé ) n'a besoin que d'un harnois.
J'ai vaincu pa.r travaux l'envie 6r le grimoire.
FINIS CORONAT OPUS.
DESCHAMPS ,( François-Michel Chrétien ) Gentilhomme Champenois, né en 1688 , eut d'abord le petit-collet , entra ensuite au Service , le. quitta, prit un Emploi dans le Dixieme , se maria > & mourut en 1747* Il avoit commencé à travailler pour le Théâtre en 1715 , & y a donné succeflive-, ment Caton d'Utique, Antiochus & Cléopâtre , Artaxèrce & Médus.
DESCHAMPS , A&eur excellent dans les rôles de -
Valet, qu'il jouoit avec autant de finesse que de naturel , débuta au Théâtre François en 1741, par Heâîor dans le Joueur , fut reçu la même année , & mourut en 1754 , fort regretté.
Pour bien rendre les personnages
D'un Valet adroit , d'un Gascon ,
De Deschamps imitez le ton
Et vous aurez tous les suffrages.
DESCHAMPS , ( la Dlle. ) étoit depuis plusieurs, années, une des meilleures Adtrices de l'Opéra-Comique, pour les rôles de caractère & de mere e* lorsque ce Spe&acle fut réuni à la Comédie Italienne en 1761. ; elle fut admise à ce Théâtre, où on la voit encore avec plaisir. Elle a épousé depuis, quelques années le sieur Bérard.
DESESSARTS libérateur , avec
Mentelle. - ~
"'- DESFONTAINES commença à travailler dans le
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DES DES
genre dramatique , en 1657 , & a donné Eurymédon, Bélisfaire , Orphyse, la Suite du Cid , Sémiramis , Hermogène, Alcidiane , les Galantes vertueuses , SaintEustache f Perside , Saint-Alexis , Saint-Genejî , ou l'Illustre Comédien, & Bellisante, On lui attribue aussi une Sainte-Catherine.
Desfontaines n'a voit reçu de la Nature ni goût, ni talent pour le Théâtre i & cependant toutes» ses Pieces ont eu des succès; marqués. Deux principales causes concoururent à cette réussite ; le goût naturel de ta nation pour le Spe&acle dramatique, & les talens des Aéteurs. Leur jeu , quoique un peu forcé , & soutenu d'une déclamation ampoulée , tnais pleine d'art , donnoit de l'éclat à des Pieces médiocres. Cette espèce de prestige alloit même jusqu'à faire trouver beaux , des vers remplis d'images basses , & de jeux de mots.
DESFONTAINES , ( M. ) a donné le Philosophe prétendu , Y Aveugle de Palmire , la Bergere des Alpes 9 a Cinquantaine , Isménor , Colette & Mathurin9 le Billet de mariage , Jeannot (y Colig,
DESFORGES , le même qui a été long-tems enfermé au Mont-Saint-Michel pour des vers satyriques. On lui attribue le Riv.U Secrétaire. Il est mort depuis quelques années.
DESGLANDS , ( Eulalie ) née à Rennes, joua d'abord à l'Opéra-Comique, & fut admise à la Comédie Italienne, lors de la réunion de ces deux Spectacles. si *
DESGRANGES , "'né à Carcassonne , A&eur Se
Auteur Forain, donna en 1717 , le Fourbe sincere.
DESHAYES , Maître des Ballets de la Comédie
Françoise, a eu part & la eagatelle.
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DES DES
DESHOULIERES , ( Antoinette) fille de Melchior du Ligier , Seigneur de la Garde, & Chevalier de l'Ordre du Roi, naquit à Paris vers l'an 1633. De la beauté , .une taille au-dessus de la médiocre , des manieres nobles & prévenantes , quelquefois un enjouement plein de vivacité , quelquefois du penchant à cette mélancolie, douce, qui n'est pas ennemie des plaisirs, telles étoient les qualités que Madame Deshoulieres avoit reçues de la nature. Étant très-jeune , elle apprit le Latin , l'Italien » l'Espagnol ; & son inclination pour la Poësie se manifesta de très-bonne-heure.
En 1651, elle épousa Guillaume de la Fon de BoisGuérin , Seigneur Deshoulieres , Gentilhomme de Poitou. Le Prince de Condé n'ayant voulu se prêter à aucune conciliation , durant les troubles qui arriverent dans la Province de Guyenne , se retira avec ses Troupes ssir la Frontiete de Champagne ; & M. Deshoulieres, qui étoit attaché à ce Prince 9 fut obligé de l'y joindre , & de quitter sa femme peu de tems après son mariage. M. le Prince ayant pris Rocroi au nom du Roi d'Espagne , la majorité en fut donnée à M. Deshoulieres; & sa femme alla s'y établir. Cependant son mari étoit obligé par état , à des dépenses considérables : ses biens en France étoient saisis ; & ses paiemens étoient retenus à Bruxelles. Madame Deshoulieres présenta plusieurs Requêtes, auxquelles on ne répondit point. Elle s'en plaignit j on lui fit un crime de ses plaintes j elle fut arrêtée & conduite , comme prifonniere d'État , au Château de Vilverden , à deux lieues de Bruxelles. M. Deshoulieres, alors absent, se rendit dans cette derniere Ville , pour solliciter la liberté de sa femme ; & , voyant qu'il n'étoit point écouté , il alj; à Vilverden avec quelques Soldats, s'introduiht dans la Forteresse, délivra sa femme, & prit avec elle la route de France , où le Roi offrait une Amnistie : ils en profitèrent.
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.M. Deshoulieres chercha de l'emploi dans le Service ; & Madame Deshoulieres suivit son goût pour la Poësie. Elle a fait des Apothéoses , des Balades, des Caprices, des Chansons, des Déclarations , des Dialogues, des Églogues , des Élégies , des Épigrammes , des Epitres , des Lettres, des Billets , des Idylles , des Invitations , des Madrigaux , des Odes, des Portraits, des Réflexions, des Rondeaux, des Songes , des Sonnets, des Stances, & des Tragédies, sçavoir, Genseric & la Mort de Cochon,
DESJARDINS a traduit de l'Italien en François une Piece intitulée les Aveugles.
DEs-IsLEs , ( le Bas ) Gentilhomme Normand e a composé une Tragédie d'herménégilde, & la Mort ~burLsquc du mauvais riche.
DES-LONGSCHAMPS , mort allez jeune, avoit mis en vers la Piece de Unie de feu Madame de Grafigny.
DESMAHIS >( Joseph-François-Edouardde Corf^mbleu ) né à Sully-sui--Loire , en 1712., mort le 2.6 Février 1764, dans la trente-deuxième année de son âge. Il donna , dès sa plus tendre jeunesse, des preuves de la délicatesse de son esprit , & sçut mêler aux plaisirs l'étude & la Philosophie. On a de lui la Comédie du Billet perdu , ou de Y Impertinent, qui fut applaudie. Ce n'est pas, à la vérité , le ton de Moliere ; mais on y trouve de jolis portraits, des saillies heureuses , des pensées fines ; & le caractère principal esi asiez bien peint.
DESMARES , ( NiColas ) pere de la célèbre Actrice de ce nom , a joué supérieurement les rôles de Paysan au Théâtre François> & est mort en 1712.
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DES DES
DESMARES,( Charlotte-Antoinette ) fut reçue au Théâtre François pour les rôles de Mlle. de Champmêlé , sa tante. Personne n'ignore avec quelle noblesle & quelles graces elle a rempli, pendant plus de vingt ans, les personnages. de Reine & de Prin. cesse dans le Tragique , & ceux de Soubrette dans le Comique. Elle quitta le Théâtre en 172.1 , & se retira à Saint-Germain-en-Laye ; où elle est morte.
DESMARETS DE SAINT - SORLIN , ( Jean ) laborieux Écrivain, né à Paris en 1 595 , passa d'abord pour l'un des beaux-esprits du dix-septième siècle , & fut fort aimé du Cardinal de Richelieu , qui le fit Contrôleur Général de l'extraordinaire des Guerres, & Secrétaire Général de la Marine du Levant. Il fut l'un des premiers Membres de l'Académie Françoise , & composa , à la sollicitation du même Cardinal , plulieurs Pieces de Théâtre, qui furent applaudies de cette Éminence, sur-tout la Comédie qui a pour titre les Visionnaires. Les autres sont intitulées : Aspasie , Scipion, Miramc , Roxane , Etigone , Europe , le Charmeur charmé , le Sourd, Annibal, dont quelques-unes ont été attribuées au Cardinal de Richelieu.
Desmarets avoit beaucoup d'esprit & d'imagination , mais une imagination déréglée , qui n'enfantoit que des chimères. On a dit de lui, qu'il étoit le plus bel-esprit de tous les Viiionnaires, & le plus Visionnaire de tous les beaux-esprits. Son penchant ne le portoit point à la Poësie ; il ne s'y attacha que pour complaire au Cardinal de Richelieu , qui l'y engageoit par ses caresses , Se qui voulut bien entrer dans la compolition de ses Ouvrages. On sçait que le Sonnet qui sert d'Inscription à la Statue équestre de Louis XIII , qui est au milieu de la Place Royale , est de lui. Il a eu aussi part à la fameuse Guirlande de Julie ; & il composa les quatre vers sui vans > sur la Violette.
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DES DES
t Modeste en ma couleur, modeste en mon séjour ,
j; Franche d'ambition, je me cache sous l'herbe i •
Mais si .sur votre front je me puis voir un jour , T~
La ulus humble des fleurs fera a plus superbe.
DESMARETS , (Henri) Parisien , né en 1661 , Surintendant de la Musique du Roi d'Espagne, 8c ensuite du Duc de Lorraine , avoit été Page de la Mulique du Roi. A l'âge de vingt-ans , il concourut en 1683 pour une des quatre places de Maître de la Musique de la Chapelle ; & son âge seul l'empêcha de l'obtenir. Il faisoit secrettement la besogne de l'Abbé Goupillet , un de ces quatre Maîtres ; ce qui donna lieu à cette aventure. Desmarets étant un sÓir à la Chapelle , pour y entendre un nouveau Motet qu'il avoit donné secrettement à l'Abbé Goupillet, un Seigneur, qui vouloit passer dans l'esprit du Roi pour connoisseur en musique, pria Desmarets, qu'il ne croyoit pas Auteur de ce Motet, de se mettre à côté de lui, & de lui marcher sur le' pied, à tous les endroits qu'il trouverait de son goût. Desmarets le fit , & si souvent , que ce Sei- * gneur ne put y tenir , & lui dit : (t Oh! parbleu, » vous m'en apprenez trop pour la premiere fois ; ÏJ je n'en veq,x pas sçavoir davantage ».
Desmarets ayant épousé à Senlis la fille d'un Président de l'Election , sans le consentement du pere de cette Demoiselle , celui-ci le poursuivit en Justice , comme ayant séduit & enlevé sa fille. Desmarets , condamné à mort, fut obligé de quitter la France & de se sauver en Espagne , ensuite en Lorraine. Pendant son absence , Matho , son ami, fit exécuter à Rambouillet , devant Louis XIV , des Motets de Desmarets, sans en avertir Sa Majesté. Quoiqu'il y eût près de vingt ans que ce Prince ne les eût entendus , il les reconnut, & en fit l'éloge. Les Princes & Seigneurs saisirent cette occasion pour demander au Roi la grace de Desmarets. Il leur répondit, que personne n'y perdoit plus que
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* DES DES
lui ; mais qu'il avoit juré de ne point accorder de grâce , pour le crime dont il s'agissoit, & les refusa. Dans la suite on examina au Parlement l'aflàire qui avoit obligé le Muticien de quitter le Royaume ;
il y gagna son Procès ; &: son mariage fut déclaré valable.
Ce Musicien a donné sur le Théâtre Lyrique , les Opéra de Didon , Circé , Théagènc 6* Chariclée ; les Amours de Momus , Venus & Adonis , les Fêtes Galantes , Ivhigénie ; Renaud , ou la Suite £ Armide.
Il mourut a Luneville en 1741 > âgé de près de quatre-vingts ans.
DESMARRES , Trésorier de M. le Prince, monrut en 1716, dans un âge très-avancé, après avoir donné au Théâtre RoxJane 6c Merlin. Dragon,
DESORMFS , Comédien du Roi de Prusse , Se ensuite de l'Electeur Palatin , fit quelques Brochures, & une Piece de Théâtre intitulée Y Amour réfugié, Il est mort depuis quelques années. Il avoit débuté à la Comédie Françoise pour les rôles à Manteau.
DESMAZURES , ( Louis ) né à Tournay , a co-,nposé vers l'an 1566 , Josias , David combattant % David fugitif y & David tiiomphant. Il fut Capitaine d'une Troupe de Cavalerie, dans le tems des Guerres de Henri II, & de Charles- Quint.
DESŒILLETS , (Mlle. ) excellente Comédienne , quia rempli , pendant plusieurs années, les premiers rôles à l'Hôtel de Bourgogne ; & l'on prétend . qu'elle a joué d'original celui d'Hermione dans l ' Andremaque de Racine , que la Champmêle joua ensuite en concurrence. Sur quoi on fait dire à Louis XIV , que , pour remplir ce rôle parfaitement, il faudroit que la Desœillets jouât les deux premiers A âes, &
la Champmêlé les deux autres ; voulant faire en-
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DES DES
tendre par-là , que celle-ci avoit plus de feu pour rendre les emportemens qui se trouvent dans les derniers Astes de cette Piece, & l'autre plus de .délicatesse & de finesse. '
DESPANA Y , ( Jean le Saulx ) n'est connu que par une Piece intitulée Adamantine.
DESPERIERS , ( Eonaventure ) a traduit l'An-
-driennc en 1537. 'v
DESPORTES , ( Claude-Francois ) né & mort à Paris , étoit Peintre de l'Académie , & Auteur de la Veuve Coquette
DESROCHES , ( les Dames ) nées à Poitiers, se firent connoitre vers 1170, par des Pieces de Théâtre intitulées Panthée & Tobie. Magdeleine & Catherine Neveu étoient les noms de ces deux femmes.
La premiere avoit épousé André Fradonnet , lieur Desroches. Catherine sa fille ne voulut point se marier, pour ne pas se séparer de sa mere. Elles moururent à Poitiers toutes deux de la peste le même jour, en if87.
D ESROCHES, qu'on croit avoir été parent des précédentes , est Auteur, des Amours d'Angélique 6* 4c Médor.- ~
DESTIVAL, (Jean) Auteur de la Pastorale du Boccage d'Amour.
DESTOUCHES, ( Philippe Néricault ) né à Tours, après avoir achevé ses études à Paris, où il marqua beaucoup de goût & de disposition pour la Poësie , prit le parti des armes, &: se trouva au Siège de Barcelonne, où il manqua de périr par l'effet d'une mine. Son Régiment pass'ant par Soleure, il se fit connoître du Marquis de Puiiieux , Ambailadeur de France , qui le goûta, & l'engagea à se livrer à l'étude des négociations. Destouches s'y appliqua avec tant de succès , que, peu de tems
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après , il fut nommé Secrétaire d'Ambassade. Il composa en Suisse sa premiere Comédie , intitulée le Curieux impertinent , sujet tiré de Dom-Guichotte , qu'il nt ensuite jouer à Paris avec applaudiiTement. M. le Duc d'Orléans, Régent, l'envoya en 1717 en Angleterre, où il fut chargé , pendant sept ans , des Affaires de Fiance , & où il se maria avec une jeune Angloise. Après la mort de ce Prince , qui le destinoit au département des Affaires Étrangères, Destouches se retira dans une Terre , qu'il acheta près de Melun. C'est dans cette solitude', qu'il composa toutes les P ieces qu'il a données depuis le Fhilosophe marié. Il venoit de tems en tems à Paris apporter une Piece aux Comédiens, & repartoit pour sa Campagne , la veille de la premiere représentation. Plein de candeur & de franchise, il se fit estimer de tout le monde , par son exaéte probité. Il étoit bon citoyen , bon mari, bon pere , bon ami. Il mourut dans sa Terre en 1754 , à soixante-quatorze ans. Il avoit été reçu de l'Académie Françoise en 172;- Le Recueil de ses (Euvres a été imprimé à l'Imprimerie Royale; Outre les deux Pieces qu'on vient de nommer/ Destouches a fait l'Ingrat , Y irrésolu, le Médisant, le T, iple mariage , l'Obstacle imprévu , l'Envieux , les Philosophes amoureux, le Glorieux , la Fausse Agnes , le Tambour Nocturne , le Difjipatcur, Y Ambitieux 6* l'Indiscrette , la Belle orgueilLeuse , l' Amour usé , les A meurs de R agonie , l'Homme singulier , la Force du naturel , le Jeune homme à l'épreut e , la Fausse veuve , le Trésor caché , & pluiieurs Divertissemens &: Scènes; détachées. t v
La justesse du Dialogue, une versification facile abondante , un comique noble , une richesse im-1 mense de morale , un jugement le fruit du génie,' cette élégante simplicité que l'on admire dans Térence , cette attention à fuir tout ce qui ient le faux bel-esprit, le précieux , le recherché , le
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DES DES contourné ; par-tout, la nature, le vrai & l'honnête, voilà ce qui doit placer Destouches entre Moliere 8c Regnard: il n'a pas la force comique, vis comica , du premier, ni la gaieté vive du sécond ; mais il réunit, à un certain degré, les qualités essentielles de l'un & de l'autre. Plus adroit, plus heureux dans ses dénouemens, que Moliere ; plus moral , pius décent que Regnard, il ne perd jamais de vue cette sage maxime de la bonne Comédie , « corriger les iï hommes en les amusant ». Ce qu'on peut lui reprocher , c'est de la monotonie dans la coupe de ses Pieces , & dans les contraires ; un style quelquefois diffus & peu soigné ; trop de sagesse & de régularité. La raison demande des embellissemens ; elle a besoin d'être excitée par des saillies. Ces saillies, à les juger rigoureusement, sont , pour l'ordinaire , frivoles & déplacées ; mais elles réveillent l'attention, & ramenent avec plus de plaisir à la vérité.
DESTOUCHES , ( André-Cardinal) l'un des meil. leurs Musiciens François , qui aient paru sous le regne de Louis XIV, fut nommé Surintendant de la Musique du Roi , & Inspe&eur Général de l'Académie Royale de Musique, avec une peniion de 4000 liv. Il dut cette fortune & sa réputation à son Opéra d'hje , qui parut, pour la premiere fois à Trianon, & dont Louis XIV fut si content , qu'il dit à Destouches, qu'il étoit le seul qui ne lui eût point fait: regretter Lully. Ce qu'il y a ici de singulier, c'est que Destouches ignorait la composition , lorsqu'il fit cette belle Pièce , & qu'il fut obligé d'avoir recours à des Musiciens pour ses Basfes , & pour écrire ses Chants ; mais il apprit les regles dans la suite. Outre l'Opéra d'Issé , qui est son chef-d'œuvre , on a encore de lui neuf autres Opéra ; sçavoir, Amadis de Grèce , Marthésie, Om- fhale , le Carnaval &, la. Folle , Callirhoé , Télémaque > Sémtramis, le,) Elémens , avec Lalande > 8c les Strata>
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DEZ DOM
gêmes de l'Amour. Ce Musicien est mort à Paris en 749 t âgée de 75 ans. ^
DÉZAIDES , Auteur de la Musique de Julie , de l' Erreur d'un moment, & du Stratagème découvert.
DIDEROT , ( M. Denis ) né à Langres, Auteur du Fils naturel, & du Perc de famille. -
DIEUDÉ , (M. Honoré) Avocat, la Fausse préVentlon. v
DIJON a fait le Valet des deux Maîtres.
DISCRET. Ali^on fleurie , les Noces de Vaugirard.
DISSON, ( M. ) né à Dijon , l'Amante ingénieuse , 1" Héritier généreux , la Magie inutile , les Fêtes de Grenade.
I
DOMINIQUE, (Pierre-François Biancolelli) plus connu sous le premier nom , & fils du célèbre Dominique , famèux Arlequin de l'ancienne Troupe Italienne , naquit à Paris en 1681. M. Barbeau, Avocat au Parlement, son Parrein , prit soin de son éducation, 8c lui fit faire ses études au Collège des Jésuites. Au sortir de ses Classes, il se lia. avec Pascariel, A6beur de l'ancienne Troupe Italienne, & qui couroit les Provinces avec une Trouoe. Dominique, ( car c'est toujours sous ce nom , qu'il a été connu , ) suivit Pascariel à Toulouse , '*& débuta dans cette Ville par le rôle d'Arlequin , où il fut très-applaudi. De Toulouse , Dominique vint a Montpellier, où il épousa la fille de Pascariel, dont il étoit devenu amoureux à Paris, & pour laquelle i,l avoit embrassé la profession de Comédien.
Au bout de quelque tems , Dominique quitta Pascariel ; &, suivi de sa femme , il passa en Italie >
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DOM DOM
où il joua dans les principales Villes. comme Venise, Milan, Parme , Mantoue , Gènes, &c ; ensuite il revint en France, & se mit dans une Troupe qui étoit établie à Marseille. De-là il passa à Lyon , 6c y joua jusqu'en 1710, qu'il fut appelle à Paris par le Sieur & la Dame Saint-Edme y qui avoient le nouveau Bail de l'Opéra-Comique. Il brilla beaucoup dans ce Spectacle , & y joua de Foire en Foire, jusqu'en 171 ; , qu'il retourna en Province & parcouru successivement les Villes de Marseille Se d'Avignon. De retour à Paris, il enrra à l'OpéraComique , jusques après la Foire Saint-Laurent en 1717; & il débuta enfin sur le Théâtre des nouveaux Comédiens Italiens , où il fut reçu par ordre de M. le Duc d'Orléans , Régenté
Les Pieces que Dominique a composées seut, ou en société avec Romagnéfy, Riccoboni pere 8c fils, le Grand 8c autres, sont la Femme sidelle , Y École galante , le Prince généreux , Arlequin gentilhomme par hasard , la Fausse beile-mere , les Salinités , le Procés des Comédiens , Œdipe travefli ; le Triomphe d'Arlequin , ou le Pèlerinage de la Fuire , les Amours de Vincennes , Aitémire , les Etrennes , Arlequin Romulus , Arlequin, Soldat, le Bois de Boulogne , le Triomphe de La folie, la Dijpute je Melpomene & de Thalie , le Mariage d'Arlequin & de Silvia , le R-tour de Fontainebleau, la Folle raisonnable , Arlequin Tancrede , les Quatre sembLabLes , la Métempsicose dArlequin , le Jugement de Pdris , la Désolution des deux Comédies , le Procès des Théâtres, la Foire renaissante , Agnès de Chaillot, le Départ des Camé die ns Italiens , le Mauvais ménage, le Cahos , les Comédiens esclaves , la Parodie de Pi rame & Tkisbé , celle de Médée 6' Jason , l' IJle de la Folie , l' Amant à la mode, les Enfans-Trouvés , Arlequin RoLand, Arlequin Hulla , la Revue des Théâtres , Arlequin Bclierophon , la Bonne femme , la Parodie d' Alcefle , les Paysans de qualité , les Débuts , Dom-Micco & Lesbine } le Feu
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DON DOR d'artifice , la Parodie d'Hérione , la Foin des Poètes9 l'Isle du divorce , la Siiphzde, Bo'us , Adequin Phaé9-n , Ailequin Amadis , la Corné de du VULge , la Méchante semme. Il y a de plus de Dominique quelques Opéra-Comiques, & quatre ou cinq Pieces qui n'ont pas été imprimées, telles que Pasqu:n 6* Marforio , médecins des mœurs , les Terres A u(lr ait s 9 les Etrennes , &c.
DONEA U : ( François ) la Cocue imaginaire.
DORAT, ( Claude-Jojeph ) né à Paris, a donné la Comédie de la Feinte par Amnur , & les Tragédiesde Zulica , de Théagene & Chariclée , de Régulus, & d' A de laïde de Hongrie , qui avoit paru imprimée en prose , sous le titre des Deux Reines.
DORIMOND , Comédien de la Troupe du Marais, étoit Auteur & Asseur. Les Pieces qu'il a composées , sont l e Fejlin de Pierre, l'Amant de sa femme , les Amours de TripoLin, l'Écule des Cocus , la Femme industrieuse , l'Inconfiance punie , Roselie , & l'Avare dupé. On lui attribue encore la Dame d'intrigue , & le Médecin dérobé.
DORNEV AL , né à Paris , où il est mort peu riche en 1766 , dans un âge très-avancé , s'occupant de la découverte de la Pierre philosophale, s'étoit appliqué pendant sa jeunesse à un autre genre de travail, à des Opéra-Comiques. Il a donné seul , ou en société avec le Sage & Fuzelier, Arlequin Traitant,, le Jugement de Pâris , Arlequin Gentilhomme malgré lui , Arlequin Roi des Ogres , la Queue de vérité , les Arréts dAmour , la Pénélope Françoise , Achmet & Almanzinc, les Pèlerins de la. Mecque, les Trois Commeres. Il ell de plus Auteur des Comédies du Jeune Vieillard , de la Force de L'Amour , & de la Foire des Fées , avec le Sage.
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DOR DOU
DOROUVIERE. Panthée , OU l'Amour conjugal.
DOUIN ,( M. Firmin ) de Caen , le More de
Venise.
DOURXIGNÉ , ( Garon) né en Bretagne : Alzate.
DOUVILLE, ( Antoine le Metel ) frere de l'Abbé de Boisrobert, est plus connu dans le monde par un Recueil, de Contes qui porte son nom , que par ses Ouvrages dramatiques. L'Abbé de Marolles , dans son dénombrement des Auteurs , s'explique en ces termes : « Le lïeur Douville a fait aussi des
Comédies , mais non pas tant, ni si bonnes que son frere. On a prétendu, mal-à-propos, qu'il n'avoit fait que prêter ion nom à son frere , pour les Contes & les Pieces de Théâtre. L'Abbé de
3, Boisrobert passoit pour l'homme de son tems, qui » débitoit le mieux un Conte ; & rien n'est moins bien écrit, que les Contes du sieur Douville. A l'égard de ses Pieces de Théâtre , quand on les compare avec celles de l'Abbé de Boisrobert, on si y trouve une différence marquée. Douville versi. 3) fioit encore plus mal que son frere ; mais il entendoit mieux la marche du Théâtre , & répandoit plus de Comique dans son Dialogue *>. Joignez à cela l'uniformité des sujets de ses Pieces , & des principaux personnages. On ignore absolument le tems de sa naissance , & celui de sa mort. Tout ce que nous sçavons de lui, c'est qu'il fut Ingénieur & Géographe du Roi. Ses Ouvrages dramatiques sont intitulés : les Trahisons d'Arbiran , la Dame invisible , les Fausses vérités , l'Absent de che^_ soi , Aimer sans sçavoir qui , la Dame suivante , les Morts vivans , Jodelet A flrologue , la Coeffeuse à ta mode , les Soupçons sur les apparences.
Lorsqu'on a lu une Piece de Douville , on connoit presque tous les sujets de ses Comédies. Ce sont
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DRO ^ DRO toujours des rencontres inopinées, de trompeuses apparences , des brouilleries & des raccommodemens. Des personnes qui se trouvent les unes chez les autres, sans sçavoir pourquoi, donnent le titre d'une de ses Comédies. C'est annoncer une Piece , dont l'intrigue eit extrêmement embrouillée , pleine' de travestissemens , de suppositions & d'enlevemens, & où les femmes font toutes les avances. De pareils Ouvrages semblent prouver, dans l'Auteur , une imagination-féconde , prodigieuse ; mais Douville trouvoit les plans de ses Pieces dans les Auteurs Espagnols ou Italiens , & n'avoit d'autre peine que de les traduire, & souvent de les défigurer en voulant les rendre à sa maniere. Peu riche de son propre fonds , il étoit obligé de recourir à dçs trésors étrangers. Paré de cesrichefles > il se présentoit au Public, & éblouitloit ses yeux par la multiplicité , la variété des couleurs. Si oj3 venoit à le dépouiller , il perdoit tout son prix.
F DROUHET , (Jean) Apothicaire à Saint-Maixent, la Mi/aille à T auni) Comédie Poitevine.
DROUIN , ( M. ) A&eur retiré de la Comédie Françoise , avec unepenfion du Roi, est Auteur de la Meuniere de qualité. On a dit de lui > comme Acteur :
Drouin, tout le monde publie ,
Que, pour les rôles d'Amoureux »
Par-tout , comme à la Comédie ,
Aucun Asseur ne les fait mieux.
DROUIN , ( Mlle. Gauthier ) A&rice de la Corné. die Françoise , épouse du précédent.
DROUTN , ( Mlle. ) aujourd'hui Madame Préville, seeur de M. Drouin.
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DUB DUB
Du BERRY , Comédien , & Auteur de VIsse des femmes, & des Rivaux indij'crtts.
Du BoccAGE , ( Mde Marie-Anne le Page ) née à Rouen, connue par plusieurs Ouvrages de Poèsie , a donné au Théâtre les Amazones.
Du BOCCAGE , ( Pierre Fiquet ) époux de la précédente , dont elle est restée veuve, & né en Normandie , comme elle, a traduit de l'Anglois Onoroko , & V Orphclint.
Du Bois, Médecin Picard, a donné le Jaloux trompé.
DUBOIS , Avocat, a, fait, en société, avec M.
Valois d-'Orville , les Souhaits pour le Roi.
DUBOIS, (le sieur) Comédien retiré du Théâtre, où il jouoit les rôles de Valet &: de Confident y a. mérité les vers suivans :
Bon Valet , discret Confident,
Chez Thalie & chez Melpomène ,
Dubois , tu rends parfaitement
Hector , ainsi que Théramène.
Voyei une des Anecdotes du Siège de Calais.
DUBOIS , fille du précédent, a joué avec succès les rôles de Princesse à la Comédie Françoise. Elle a quitté le Théâtre » & jouit de la peniion de 1000 liv.
Du BouLAY , ( Michel) né à Paris , Secrétaire de M. de Vendôme , a composé les paroles des Opéra d'Orphée & de Zephyre & Flore. Il esi mort à Rome , au commencement de ce siècie.
Du Boys , ( Jacques ) né à Péronne , a comparé en 15 5 9 la Comédie & Réjouissance de Paris.
DUBREUIL
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, DUB DUC
DuBREUiL , (Pierre Guichon) né à Paris, & mort en 1758 , à Saint-Germain-en-Laye , après ,avoir quitté le Théâtre. Il a joué long-tems à la Comédie Françoise les rôles de Raisonneur.
Dubreuil > je te jure ma foi,
Qu'au gré du Public équitable ,
Personne ne fait mieux que toi
Les rôles d'homme raisonnable,'
Du CASTRE D'AUPIGNY , mort en 1174J >avoit fait un Drame, intitulé Tragédie en prose.
DucERCEAU , ( le Je an-Antoine) J ésuite; né à Paris en 1670 , & mort à Veret en 1730 , a donné les Incommodités de la grandeur, l'Enfant Proldigue , la Philosophe à la mode , Euloge , ou le Danger des richesses , l'Ecole dits peres , ÉJope au Collége , le'. Point d'Honneur , le Riche imaginaire , la Défaite du Solécisme.
DUCHAT, ( François ) sieur de Saint - Aventin,
Agamemnon , & Susanne.
DUCHÉ DE VANCY, ( Joseph-François ) né à Paris en 1668 , d'an Gentilhomme ordinaire de la Chambre du Roi. Son pere le fit élever avec soin mais ce fut tout son héritage. La médiocrité de sa fortune , le fit Poète. La Marquise de Maintenon, ayant vu quelques-uns de ses essais , le choisit pour fournir des Poësies sacrées à ses Élèves de SaintCyr. Cette Dame le recommanda si fortement à M. de Pontchartrain , Secrétaire d'État , que le Minière , prenant le Poète pour un homme confidérable , alla lui rendre visite. Duché , voyant entrer chez lui un Secrétaire d'État, crut qu'on alloit le conduire à la Bastille ; mais il fut bientôt rassuré par les politesses du Ministre. Duché les méritoit : ilavoit autant de douceur dans le caractère, que
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DUC DUC d'agrément dans l'esprit. Rousseau & lui faisoient ensemble les charmes des sociétés où ils se trouvoient ; mais l'impression que faisoit Duché , quoique moins vive d'abord , étoit plus durable. L'Académie des Inscriptions & des Belles-Lettres se fit un plaitir de l'admettre dans son Corps. Elle le perdit en 1704, dans la trente-septieme année de ion âge. Duché donna au Théâtre trois Tragédies, Jonathas , Absalon & Débora, & les Opéra des Fêtes galantes, des Amours de Momus, de Théagène Chariclée , de Céphale & Procris , de Scylla , d Iphigénie. Ce dernier Opéra est son premier Ouvrage ; il est dans le grand goût ; & quoique ce ne soit qu'un Opéra , il retrace ce que les Tragédies Grecques a voient de meilleur.
Duché avoit le talent de déclamer parfaitement, & toutes les dispositions nécessaires pour devenir un excellent Adeur. Plusieurs personnes ont assuré qu'il n'y avoit rien de comparable à la façon dont il rendoit plusieurs rôles des Pieces de Moliere , qu'ils lui ont vu jouer chez quelques Particuliers avec son ami le grand Rousseau, qui possédoit le même talent.
DUCHEMIN, excellent Asseur de la Comédie Françoise pour les rôles de Financier, mort en 17 54-
DUCHESNE, ( Joseph ) sieur de la Violette, né à Genève , eit l'Auteur d'une Tragi-Comédie en trois Astes, en vers , avec des chœurs, intitulée: l'Ombre de Garnier Stoffacher, imprimée en 1584, & d'une Pastorale à cinq personnages, en un Aéte , en vers, avec un Prologue & un Épilogue.
DUCIS. Amélise, Hamlet , Roméo b Juliette.
DUCLAIRON , ( Antoine Maillet ) né en Bourgogne , Censeur Royal, Commissaire de la Marine & du Commerce de France en Hollande, Auteur des Tragédies de Cromwel & de Gustave Fasa,
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DUC DUC
DUCLOS , ( Marie-Anne de Château-Neuf, dite ) célèbre Aftrice de la Comédie Françoise, où elle a joué , pendant plus de quarante ans , les rôles de Princesse & de Reine ; elle étoit de Paris, & a pris le nom de Duclos , qu'avoit porté son grandpere, Asseur de l'Hôtel de Bourgogne. Elle s'étoit mariée avec Duchemin , fils, Comédien, & plaida en cassation de mariage.
On disoit à Mlle. Duclos : « Je parie, Mademoiselle , que vous ne sçavez pas votre Credo, « Ah ! ah ! dit-elle , je ne sçais'pas mon Credo ! Je 31 vais vous le réciter : Pater nofler, qui Aidez» moi; je ne me souviens plus du reste».
DUCLOS , ( Charles Peneau ) Historiographe de France, Censeur Royal, Secrétaire perpétuel de l'Académie Françoise , & Vétéran de celle des Inscriptions & Belles-Lettres , de la Société Royale de Londres , & de l'Académie de Berlin , né à. Dinant , en Bretagne, a composé pour l'Opéra , les Caractères de la Folie. Duclos est mort en 177z,
DUCROIS-Y , ( Philibert GaJJaud) Gentilhomme du Pays de Beauce , étoit avec distin&ion, à la tête d'une Troupe de Comédiens de Province , lorsqu'il se joignit à celle de Moliere, qui, \ peu de tems après , vint à Paris. Ducroisy fut un des meilleurs A&eurs de la Troupe du Palais Royal; & ce fut pour lui que Moliere composa le rôle du Tartafe , que Ducroisy joua au gré de l'Auteur 6c des Spectateurs. Plusieurs années après la mort de Molière , Ducroisy, étant goutteux , se retira à Conflans-Sainte-Honorine , qui est un Bourg près de Paris , où il avoit une Maison. Ses amis l'y alloient voir ; & il y vécut en fort honnête homme , se faisant estimer de tout le monde, & entr'autres de son Curé , qui le regardoit comme un de ses meilleurs Parouliens. Il y mourut ; & le Curé en fut
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DUC DUF si fort touché > que , n'ayant pas le courage de l'enterrer , il pria un Prêtre de ses amis de faire la cérémonie à sa place.
DUCROS , ( Simon ) Auteur d'une Philis de Scyre.
Du DOYER , ( M. ) a donné le 2. Juillet 1774 > au Théâtre François, le Vindicatif, Drame en cinq A&es , en vers libres.
DUFAUT , Auteur de la Comédie de l'Indécis.
DUFAYOT J ( L.) Auteur de la Nouvelle Stratonice.
DUFOUR, Libraire de Paris , a donné les Ru ses. de l'Amour , & les Deux Rivaux,
DUFRESNE , ( Abraham Alexis Quinault ) est né d'une famille attachée au Théâtre depuis long tems , 6c qui a fourni d'excellents sujets à la Scène Françoise. Son pere avoit débuté avec succès en 1695 , & s'étoit retiré en 1717. Dufresne étoit extrêmement jeune , quand il parut, pour la premiere fois , sur le Théâtre. Il débuta le 7 Octobre 1711, par le rôle d'Orefle , dans cette admirable Piece d'Electre , où Crébillon a déployé son génie véritablement tragique. Une taille noble & haute , des yeux éloquans , un organe enchanteur, n'étoient pas les seuls avantages qui contribuerent aux succès & à la gloire de Dufresne ; les leçons de Ponteuil, & sa propre intelligence, acheverent de perfectionner en lui ce que la Nature avoit commencé. Depuis la retraite du célèbre Baron, le vrai goût de la déclamation s'étoit absolument perdu ; ce Comédien , homme de génie , avoit frayé une route qui fut abandonnée par ses successeurs ; soit qu'ils désespérassent d'imiter la noble & touchante simplicité de son jeu , soit que, dans presque tous les genres » il y ait des hommes dont les yeux foibles & facilement trom-
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DUF DUF
pés, ne sçavent pas distinguer les colifichets de'" l'art des beautés de la Nature. C'étoit à ces beautés, sans affeétation, que Beaubourg 8c quelques autres avoient substitue une déclamation boursouffiée; ils prenoient, pour la chaleur du sentiment, des convulsions emphatiques. Baron s'étoit contenté de faire gémir Melpomene 5 ils s'attachoient , pour ainsi dire, à la taire hurler. Le seul Ponteuil , ayant senti le ridicule d'une déclamation si peu naturelle , s'étoit opposé au torrent ; ce fut lui qui préserva le jeune Dufresne d'un défaut, que l'expérience de l'âge auroit pu lui faire contracter. • L'Élève surpassa son Maître ; c'étoit avoir bien profité de ses leçons. 4
Dufresne disoit modestement, en parlant de lui: ec on me croit heureux : erreur populaire. Je préfererois à mon état celui d'un Gentilhomme qui mangeroit tranquillement douze - mille livres de s» rente dans son vieux Château )J.
Dufresne étoit si glorieux , qu'il parloit à peine à ses Domestiques ; & lorsqu'il étoit question de payer un Fiacre ou un Porteur de Chaise , il se contentoit de faire un signe , ou de dire d'un air dédaigneux : Qu'on paye ce malheureux.
On dit que Dufresne avoit gardé trois ans, sur le ciel de son lit, la Comédie du Glorieux , sans vouloir
, apprendre ce chef - d'oeuvre de l'Auteur ; & que - Deitouches fut obligé de changer le dénouement , parce qu'auparavant, le caradère principal ne se corrigeant point , l'Ad:eur sentoit une juste répugnance à le jouer de cette façon. Ce n'est pas la premiere ,fois que le Comédien a rectifié l'ouvrage du Poète.
DUFRESNY , ( Charles Riviere ) mort en 172.4 , est Auteur del'Opéra de Campagne , de l'Union des deux Opéra , des Adieux des Officiers , des Mal- aortis , du Départ des Comédiens Italiens , d'Attert-
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DUF DUF dez-moi-sous-l'Orme, , des Chinois, de la Baquette dt Vulcain, de la Foire Saint-Germain , des _Momies d'Egypte, de Pasquin & Marforio , Médecins des mœurs; des Fées , ou des Contes de ma mere l'Oye ; du Né' gligent , du Chevalier joueur , de la Noce interrompue , de la Malade sans maladie ; de l' Esprit de contradiéiion, ou le Double veuvage ; du Faux honnête-homme , du Faux instinct, du Jaloux honteux , de la Joueuse , du Lot supposé ,de la Réconciliation Normande, du Dédit, du Mariage fait & rompu , du Faux sincere, du Bailli Marquis , des Dominos , du Portrait , de SanchoPanca , & de Y Amant maj'qué. On a brûlé , à sa mort, Y Epreuve , le Superflitieux , lç Valet Maître , & les
Vapeurs.
Les Ouvrages dramatiques de Dufresny se ressentent de la liberté qui régnoit sur le Théâtre , où elles furent représentées. Les regles n'y sont admises , qu'autant qu'elles ne gênent ni l'Auteur, ni la variété du Spedtacle. Les succès de notre Poète au Théâtre, furent beaucoup plus rares que ses tentatives. L'Esprit de contradiction , & le Lot supposé sont presque les seules Pieces qu'il aicvu reussir de son vivant. Quelques autres ont repris faveur après sa mort, & sont encore applaudies de nos jours ; mais toutes » en général , offrent un Dialogue vif, ingénieux & naturel ; de l'esprit sans affeftation , & qui ne paroît rien coûter à l'Auteur ; enfin du comique dans la chose, plus que dans les mots. Sa prose a toute la vivacité des vers ; ses vers ont quelquefois tout le naturel de la prose. Il met dans son style & dans le choix de ses sujets , une décence d'autant plus louable, que, jusqu'alors, elle avoit été négligée par les plus grands modèles. Original dans ses tours d'expression, & le plus souvent dans ses idées , il sçait jetter dans ses Pieces des cara&ères saillans , neufs & d'intrigue ; on voit même, qu'il pouvoit réussir dans celles qui exigent un caractère dominant. D'un autre côté y presque toutes ses
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Çomédies offrent plus d'invention, que de conduite ; des plans peu réguliers , des dénouemens trop brusqués. Contemporain de l'émule de Moliere , il n'imite ni Moliere , ni Regnard ; mais il ne doit être comparé ni à l'un, ni à l'autre ; il a même été surpasse par quelques-uns de ses successeurs. Ainsi , en le plaçant dans la Classe de ces derniers , il faut laisser , entr'eux & lui, la distance que le plus ou le moins de travail met entre ceux qui naissent avec des talens égaux.
On connoît Dufresny comme Auteur Comique. Il faut faire connoître sa naissànce & son cara&ère.
Son grand - pere étoit fils d'une Jardiniere d'Anet , que l'on nommoit la Belle Jardiniere. C'est celle-là. même qui avoit eu l'honneur de plaire à Henri IV. Dufresny , aussi peu ambitieux que son pere & son ayeul, ne s'est jamais prévalu de l'avantage de son origine. Louis XIV ne l'ignoroit pas ; & c'étoit un des motifs de la bienveillance que ce Monarque a toujours conservée pour lui.
Dufresny avoit reçu de la. Nature beaucoup de goût pour tous les Arts , Peinture , Sculpture , Archite&ure , Jardinage. Il avoit un talent naturel & particulier pour la musique & pour le dessin. Les airs de ses Chansons de caractère , qui sont gravés à la fin du Recueil de ses Œuvres, sont de sa composition. Cependant il n'eut jamais de principe de musique; & il étoit obligé, lorsqu'il avoit com-
- posé un air , de le venir chanter à Grandval, qui avoit la bonté de le lui noter. Il est fâcheux qu'il nous en reste si peu de sa façon, puisqu'il convient:, dans un de ses Mercures, d'en avoir fait plus de cent.
Il n'étoit pas moins surprenant du côté du dessin. Il n'avoit, il est vrai, aucune pratique du crayon % du pinceau, ni de la plume ; mais il s'étoit fait à. lui-même un équivalent de tout cela , en prenant ,
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dans différentes Estampes, des parties d'hommes -, d'animaux, de plantes, ou d'arbres qu'il découpoit, & dont il formoit un sujet dessiné seulement dans son . imagination. Il les colloit, les unes auprès des autres , selon que le sujet le demandoit ; il lui arrivait même de. changer l'expressîon des têtes qui tie convenoient pas à son idée , en supprimant les yeux, la bouche, le nez, & les autres parties du visage , & en y ajoutant d'autres qui étoient propres à exprimer la passion qu'il vouloit peindre , tant il étoit sûr du jeu de ses parties , pour l'effet qu'il en attendoit. Ce qu'il y a d'étonnant, c'est que cet ail emblage de Pieces , rapportées, en apparence, au hasard , & sans esquisse , formoit un tout agréable , dont l'incorreftion de dessin n'étoit ^ sensible qu'à des yeux connoisseurs.
Dufresny avoit, sur-tout, pour l'art de construire les Jardins ,un génie singulier , mais nullement susceptible de compàraison avec celui des grands-hommes que nous avons eus , & que nous avons encore dans ce genre. Il rie travailloit, avec plaisir , que sur un terrein irrégulier & inégal. Il lui falloit des obstacles . à vaincre ; & quand la Nature ne lui en fournissoit pas, il s'en donnoit à lui-même , c'ell-à-dire, que d'un emplacement régulier & d'un terrein plat, il en faisoit un montueux , afin, disoit-il, de varier les objets en les multipliant, & se garantir des vues voiiines, en leur opposant des élévations de terre qui servoient en. même tems de Belveders. Tels , étoient, dit-on, les Jardins de Mignaux , près de Poissy ; tels sont encore ceux qu'il a faits dans le Fauxbourg Saint-Antoine , pendant les dix dernieres années de sa vie , dont l'un est connu sous le nom du Moulin, & l'autre qu'il appelloit le Chemin Creux. On connoît aussi la Maison & les Jardins de feu M. l'Abbé Pajot, près de Vincennes ; & par ces différens morceaux, on peut, juger du goût & du génie de Dufresny dans ce genre. Louis
XIV ayant pris la résolution de faire faire à Ver-
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DUF DUF
Jàilles des Jardins, dont la grandeur &: la magnincence surpassassent tout ce qu'on auroit vu , & même imaginé jusqu'alors , lui demanda des Dessins. Dufresny en fit deux difiérens. Ce Prince les examina , & les compara avec ceux qu'on lui avoit présentés : il en parut content , &: ne les refusa que par l'excessive dépensc dans laquelle l'exécution auroit engagé. Ce Monarque, qui aimoit les Arts, & qui les avoit portés à leur plus haut degré de perfe&ion , par les récompenses dont il prévenoit ceux qui s'y distinguoient , accorda à Dufresny un Brevet de. Contrôleur de ses Jardins.
M. de Voltaire a dit de Dufresny:
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Et Dufresny , plus sage , & moins dissipateur , t Ne fût pas mort ds faim , digne mort d'un Auteur.
Il esl vrai que , loin d'avoir jamais rien amassé par avarice ou autrement, ses dépenses alloient toujours au-delà de ce qu'il possédoit. Louis XIV l'a-' 'voit comblé de grâces; Dufresny en obtint encore le Privilége d'une nouvelle Manufacture de grandes Glaces , dont le succès a été prodigieux. Dufresny c'éda ce Privilége pour une somme assez modique. Le tems du Privilége des Glaces étant expiré , Sa Majesté ordonna aux nouveaux Entrepreneurs de cette Manufacture de donner à Dufresny 3000 liv. de pension viagere ; mais sa prodigalité n'ayant point de bornes, il s'accommoda avec ceux qui lui payoient cette rente , &: s'en dépouilla de maniere à n'y plus revenir. Le Roi, ayant appris ce dernier trait de DuFresny , ne put s'empêcher de dire , qu'il ne se croyoit pas assez PuHsant pour l'enrichir.
Voici un trait qui peint au naturel le génie de Dufresny. Le Sage , conte cette aventure fingutiere , dans le dixieme Chapitre de son Diable
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DUG DUJ
Boiteux. Il s'agit de marquer à différens personnages des places aux Petites-Maisons.
« J'y veux envoyer aussi dit le Diable, un vieux » garçon de bonne famille , lequel n'a pas plutôt un » Ducat, qu'il le dépense, & qui, ne pouvant se passer d'especes y est capable de tout faire pour en :» avoir. Il y a quinze jours, que sa Blanchisseuse, à « qui il devoit trente Pistoles, vint les lui demander, » en disant qu'elle en avoit besoin pour se marier 3, à un Valet-de-chambre qui la recherchoit. Tu as » donc d'autre argent, lui dit-il ; car où diable est le Valet-de-chambre qui voudra devenir ton mari 3) pour trente Pistoles ? Hé ! mais , répondit elle , ÏÎ j'ai encore, outre cela, deux-cents Ducats. Deux» cents Ducats , répliqua-t-il avec émotion : mal» peUe ! tu n'as qu'à me les donner à moi ; je t'é» pouse ; & nous voilà quitte à quitte ; & la Blanchiiseuse est devenue sa femme ».
DUGUÉ a composé conjointement avec un Anonyme , la Musique d'un divertissement de Fuzelier , intitulé Jupiter & Europe.
DuHAMEL , (Jacques ) Avocat à Rouen, est Auteur de Sichern ravisseur , d'Acoubar & de Lucdle.
Duhamel avoit quelque talent pour le genre Dramatique ; & l'on peut assurer que ce fut le meilleur de tous les Poètes de ce genre 9 qui parurent depuis Garnier, jusqu'à Hardy. Mais personne n'ôsoit alors combattre le goût d'un siècle , où l'on sortoit rarement de la médiocrité.
DUHAMEL: {Mlle.) Agnès, divertissement.
DUJARDIN: ( Roland ) le Repentir amoureux.
DUJARDIN: le Mariage de la raisort avec l'esprit.
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DUL DUM
Du LAURENT : (Charles) Britannicus.
DUMAR vivoit vers l'an 1686 , & a fait le Cocu en herbe &0 en gerbe, Comédie en cinq Actes) envers.
DUMAS , Auteur d'une Pastorale de Lydie.
DUMENI , étoit le nom d'un Asseur de l'Opéra, mort en 1715 : il étoit Cuisinier de son métier; Lully l'ayant entendu chanter , fut si content de sa voix , qu'il le demanda à son Maître , & lui fit apprendre la Musique, qu'il n'a cependant jamais sçue parfaitement. Il a passé pour Haute-contre ; mais ce n'étoit qu'une taille des plus hautes. Il étoit un des plus parfaits Afteurs qui aient jamais paru dans son genre. Les rôles d'Atys , de Médor , de Phaéton, de Renaud , d'Arnadis } &:c , ont beaucoup perdu à sa mort. Mais il lui falloit, pendant chaque représentation , six bouteilles du meilleur Vin de Champagne ; ce qui l'animoit de maniere , qu'il étoit au troisieme Ad:e , au-dessus du Duméni du premier Acte. Il étoit sur le Théâtre , de la plus noble représentation ; & dans la Ville , il avoit l'air d'un manant. La Rochois & lui ne pouvoient se passer l'un de l'autre ; & lorsqu'ils étoient ensemble sur le Théâtre , ils se disoient mille injures. Il avoit la coutume de piller toutes les filles de l'Opéra ; dès qu'elles a voient un bijou , c'étoit autant de pris. Aux'vacances du Théâtre , il al!oit en Angleterre ; & il en rapportoit toujours mille Pistoles. Mais au dernier voyage qu'il y fit, il en revint avec une extind:ion de voix, qu'il a conservée jusqu'à sa mort.
DuMESNiL , ( Mlle. Marie ) née à Paris , y débuta en 17 3 7 , après avoir joué la Comédie en Province. Les rôles de Clytemnestre , de Phèdre &d'Elisabeth , furent ceux qu'elle choiiit à son début.
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DUM DUM
Dans son brillant essai , qu'applaudit sout Paris *
le suprême talent le développe en elle ;
Et, prenant un essor dont les yeux sont surpris *
Elle ne suit personne , & promet un modèle.
Mlle.. Dumesnil avoit joué deux ans à Strasbourg , avant que de venir faire J'ornement de notre Théâtre , dans les rôles de fureur, de Reine, & de Mere. Elle fut recue la même année.
'
Quand Dumesnil vient sur la Scène ,
Au gré des connoisseurs parfaits ,
On croit entendre Melpomêne
Réciter les vers qu'elle a faits.
Mlle. Dumesnil , dans le rôle de Cléopâtre , au cinquième Aste , Iorsqu'après toutes ses horribles imprécations , & prête à expirer dans sa rage , elle dit :
Je maudirois les Dieux, s'ils me rendoient le jour.
se sentit frappée d'un grand coup de poing dans le - dos par un vieux Militaire , qui étoit dans les Balcons du Théâtre , précisement derriere elle ; & cela , en lui disant, à haute & intelligible voix : « Va , chienne , à tous les Diables ». Ce trait de délire , qui interrompit & le Spectacle & l'Actrice, n'empêcha pas celle-ci de remercier l'Officier après la Piece , comme de l'éloge le plus flatteur qu'elle eût pu jamais recevoir, dans ce rôle ; tant elle avoit fait illusion par la vérité de son jeu.
Du MONIN, (Jean Edouard) Auteur de deux Pieces, la Peste de la peste , & Orbêche , naquit en 1559a Gys, & mourut assassiné à l'âge de vingt-sept ans. ,
Du MORET , ( le Pere ) de la Doctrine Chrétienne , & Professeur au Collège de Toulouse , a. donné anciennement le Sacrisice d'Abraham.
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DUM DUP
DUMOULIN. Trois freres de ce nom, ont dansé long-tems, avec distin&ion , sur le Théâtre de l'Opéra. François Dumoulin débuta en 1700 , & se retira en 1748 ; il avoit adopté le caractère d'Arlequin : Pierre Dumoulin , parut en 1705 , & se retira aussi en 1748. Il exécutoit les danses de Polichinel, de Pierrot, & autres de caraétère. David Dumoulin , le plus jeune , débuta en 1705 , & quitta après Pâques de l'année 17515 il remplissoit avec applaudissement les premieres Entrées, & les danses graves & sérieuses. ,
DUNI , ( M. ) Sujet du Duc de Parme , & son Musicien, a mis en Musique , soit pour l'Opéra-Comique , soit pour la Comédie Italienne , dont il est pensionnaire , le Peintre amoureux de son modele , la: Veuve inaécise) l'Isle des Foux, MaZet, le Procès , le Milicien, les Deux Chasseurs & la Laitiere , le Rendez-vous , l'Ecole de la jeunesse , la Fée Urb-ele , la Clochette , les Moissonneurs, les Sabots, & Thé mire.
DUPARC , (dit Gros-René ) suivit Moliere en Province ; & joua depuis, à Paris, dans sa Troupe. Il faisoit le Valet dans les Farces, & succéda à Jodelet. Le rôle de Gros-René, qu'il remplissoit très-bien, étoit une espece de diseur de bons-mots, dont le caractère étoit d'être toujours Bouffon. Cet Acteur mourut vers l'année 1673; femme, qui remplissoit les premieres rôles avec beaucoup de succès, étoit morte avant lui.
Du PERCHE, Avocat, a composé 1" Ambassadeur d'Afrique , & les Intrigues de la Vieille-TOUT de Rouen.
Du PERCHIER, né à Paris , a donné, sous le nom de René-Barry , la Comédie de la Comédie , ÔÇ l'Amphithéâtre , ou le- Théâtre renversé.
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DUP DUR
DUPLEI X f Auteur de Charles de Bourgogne.
DUPLESSIS , Auteur de la Musique des Fêtes
Nouvelles.
Du PR9 , célèbre Danseur & Compositeur des Ballets de l'Opéra, a quitté le Théâtre avec la penlion. 4
Ah ! je vois Dupré qui s'avance :
Comme il développe ses bras !
Que de graces dans tous ses pas !
C'est ma foi le Dieu de la Danse.
■ DUPUIS. (le Présidcnt) On lui attribuer la Tragédie de Tibere.
DUPUY , Auteur d'une Tragédie de Varron.
Dupuy , ( Guillaume-Adrien ) né à Paris > mort en 174t , âgé de quarante-huit ans , n'a travaillé que pour l'Opéra-Comique , où il a donné Arlequin & Pierrot favoris des Dieux, le Triomphe de Plutus , la Guitarre enchantée , & la Fontaine de Jouvence.
DUPUY D'EMPORTÉS, ( M. Jean-Bapùjle) le
Printems.
Du PUY , ( M. ) de l'Académie des Inscriptions 9 a traduit les Tragédies de Sophocle.
DURAND , ( Mde. Catherine Bedacier ) morte en 1756 , dans un âge avancé, est connue par beaucoup de Romans , & onze Comédies en un Acte , qui ont toutes pour sujet un Proverbe ; en voici les titres. A bon chat bon rat ; A laver la tête d'un âne, on y perd sa lessive ; Bonne renommée vaut mieux que ceinture dorée ; Il n'ejl point de belles prisons ni de laide% Amours ; Les jours J'c suivent & ne je ressemblent pas ; N'aille au bois qui a peur des feuilles ; Oisiveté
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DUR DUR
est mere de tout vice ; On ne reconnoît pas le yin au cercle ; Pour un plaisir > mille douleur ; Qui court deust lievres n'en prend point ; Tel Maître, tel ralet.
DURFÉ , ( Honoré ) fils d'un Gentilhomme du Forez, naquit à Marseille en 1567. Il est Auteur des quatre premieres parties du Roman d'Aslrée , qui a fourni le sujet de tant de Pieces dramatiques. IF a fait aussi la Bergerie de Silvanire , & est mort en 161.5 , en Piémont, où il s'étoit retiré. - - T
DURIVET, (le P. Nicolas-Gabriel) Jésuite,né à Paris, en 17 16 , a fait le Dissipateur, & l'Ecole des jeunes Militaires.
i
Du RocHER , a composé l'Indienne amoureure ,
& Méli^e.
Il paroît que du tems de cet Auteur , le goût misérable des Romans régnoit déjà sur le Théàtre. Ses deux Pieces en sont inférées ; des plaintes lamentables sur la perte des maitresses, de fades expressions sur la fidélité , des incidens puériles qui révoltent le bon sens, un enchaînement continuel de jeux de mots & d'antithèses pitoyables. faisoient alors tout le succès des Pieces de Théâtre : & voilà ce qu'on trouve dans Durocher. Sa PoéGe , pénible & fatiguante, trébuche à chaque pas ; & ses vers , mal conçus » sont quelquefois très-diH1ciles à entendre.
DUROLLEY , ( M. le Bailli ) ancien Officier aux Gardes, a fait les Effets du caraflère, & a mis en Opéra l'Iphigénie de Racine, dont M. le Chevalier Gluck a fait la Mulique.
DUR VAL, ( J. C.) a composé les Travaux d'Ulyjse , Agarithe, & Panthée,
DURYER x (Isaac) Auteur de la Vengeance des
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DUR DUR
Satyres , des Amours contraires , & du Mariage d'A-mour. Cet Auteur avoir été Secrétaire du Duc de
Bellegarde ; mais, ayant quitté ce Seigneur, il fut., réduit à prendre un Emploi de Commis au Port Saint-Paul, &: mourut dans l'indigence.. "
Du RYER, ( Pierre) né à Paris l'an 1605 , d'une famille noble, reçu à l'Académie Françoise en 1646, mort en 1656 , fut Secrétaire du Duc de Vendôme, & obtint, vers la fin de sa vie , le Brevet d'Historiographe de France , avec une pension sur le Sceau. Un mariage peu avantageux dérangea sa fortune ; & il voulut la réparer par son'esprit. Il travailloit à la hâte pour faire subsister sa famille , du produit de ses Ouvrages. On rapporte que son Libraire lui donnoit un écu par feuille de ses traductions , qui sont en grand nombre. Le cent des grands vers lui étoit payé quatre-francs , & le cent des petits, quarante sols: c'est ce qui fait qu'on a de lui un grand nombre d'ouvrages , mais tous négligés. Il a lailTé dix-neuf Pieces de Théâtre. Celles qui lui ont fait le plus d'honneur , sont les Tragédies d'Alcionée , de Saiil, & de Scévole. Celle-ci paroit présentement emporter le prix sur toutes les autres ; on la voit encore avec plailir. Ses autres Pieces de Théâtre sont , Argents & Polyarque , Lifandre 6* Calille , Alcimédon , Clèomédon , les Vendanges de Suresne, Lucrèce, Clarigène , Esther, Bérénice , Thémijlocle , Amarillis , D in am's, Ni te cri s , & Anaxandre. On lui attribue encore Arètaphile , Alexandre , Cléophon, Clytophon , Tarquin, & la Comédie des Captifs. Peut - être sont-elles d'isaac du Ryer , dont on croit qu'il étoit le fils.
On trouve beaucoup d'inégalité dans les ouvrages de Duryer. Qui croiroit que Scêvole 6c Lucrèce soient du même Auteurs ? Cependant on y reconroît toujours, à-peu-près, la même marche & le même ton. C'est toujours un dialogue raisonné , fort
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DUR * . DUR
fort & nerveux , des/Sentences souvent exprimées vivement & avec préciiion , une intrigue bien ménagée , & conduite avec art ; j'en excepte cependant l'Argénis. Il tire ordinairement de tous sea sujets, tout ce qu'on en peut tirer ; mais il est rarement heureux dans leur choix. Lucrèce, Bérénice r Anaxandre , sont des sujets ptutôt mal choisis , que mal traités. On ne peut refuser à cet Auteur de la force, & quelquefois du sublime dans les idées > de l'énergie dans l'expression , & un grand fond de raisonnement. Ses vers n'offrent pas feulement des mots pompeux, & des bagatelles harmonieùses ; mais ils donnent beaucoup à penser , & renferment un grand sens. Il faut avouer néanmoins qu'il n'a pu s'empêcher de payer le tribut au mauvais goût de son siècle. Jusques dans les plus beaux morceaux, on trouve des jeux de mots pitoyables , des antithèses puériles & affectées. On peut aussi accuser la fortune, qui-ne lui permettoit pas toujours d'employer le tems nécessaire à la perfeftion de ses ouvrages. Obligé de travailler pour vivre, il fit de mauvaises Pieces de Théâtre , comme de mauvasses traductions.
Duryer s'étoit retiré avec sa pauvre famille , dans un petit Village , auprès de Paris. oc Un beau jour 3) d'Ëté , dit Vigneul de Marville , nous allâmes , *> plusieurs ensemble , lui rendre visite. Il nous reçut 3) avec joie , nous parla de ses desseins, & nous montra ses ouvrages ; mais, ce qui nous toucha , c'est 3) que, ne craignant pas de nous laisser voir sa pau» vreté , il voulut nous donner la collation. Nous 3) nous rangeâmes sous un arbre ; on étendit une 3) nappe sur l'herbe ; sa femme nous apporta du lait, 3, & lui des cerises , de l'eau fraîche, & du pain 3> bis. Quoique ce régal nous semblât très-bon, nous 3) ne pûmes dire adieu à cet excellent homme, sans 3) pleurer de se voir si maltraité d& la fortune ».
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DUS DUV
DUSOUHAIT , Auteur du seizieme siècle , a laissé des Pieces intitulées : Beauté & Amour , les JLoix dAmour , Radegonde, & les Souhaits d'Amour.
DUSSIEUX , ( M. ) les Héros François , ou le Siège de Saint-Jean de-Lone , drame héroïque en trois A&es, en prose , imprimé en 1774.
Du TEMS, (M. Louis) né à Tours en 1730, ci-devant chargé des affaires du Roi d'Angleterre, à la Cour de Turin , est Auteur de deux Pieces de Théâtre; sçavoir, de la Comédie de l'Amour à la mode, & d'une Tragédie d'ULysse,
Du TERRAIL , ( le Marquis ) mort à Paris depuis quelques années , avoit, dans sa Maison d'Épinai, proche Saint-Denis, une Salle de Théâtre , appartenant aujourd'hui à M. de Montulé , où, entr'autres Pieces , le Marquis du Terrail fît jouer une Tragédie de sa façon intitulée Lagus, & Je Déguisement de l'Amour, Divertissement.
DuTHEiL ; il n'est connu que par une Piece intitulée l'Injustice punie.
DUTHEIL , ( M. ) Officier aux Gardes , & de l'Académie des Belles-Lettres, a traduit Orcjle , ou les Cœphores d'Eschyle.
DuvAL , ( Mlle.) ancienne Actrice de l'Opéra , & Sçavante dans la composition , a mis en Musique les Génies.
Du V AURE, , (M. ) né en Dauphiné , & Chevalier de Saint-Louis , a donné le Faux Sçavant.
Du VERDIER, ( Antoine ) sieur de Vauprivat, né à Montbrisson en Forez, en 1544* & mort en 1600 , fut Contrôleur Général des Finances de
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DUV DUV
Lyon , & Gentilhomme ordinaire de la Maison du Roi. Il a composé différens ouvrages, dont le plus considérable est sa Bibliothèque des Auteurs François. Nous n'en avons qu'un dans le genre dramatique % sa Tragédie de PoLixène, donnée en 1567.
Du VIGEON , ( Bernard ) né à Paris, & Peintre en miniature , a fait, avec Romagnésy, la Partit de Campagne. Il est mort en 1760, âgé de soixantedix-sept ans.
Du VIVIER, ( Gérard) ou Vivie, étoit né à Gand , & fut Maître de l'Ecole Françoise à Cologne. On lui attribue trois Pieces de Théâtre, qui font : Abraham & Agar, la Fidélité nuptiale e làcsée & Déjanire.
EMA ETI
F1 MAN VIL LE, Auteur du Capitan matamore.
ETIENNE , ( Charles) ancien Libraire de Paris, homme Sçavant, a traduit de l'Italien une Piece sous le titre des Désabusés, & du Latin, l' Andrienne.
F.G.B. FAB
F. G. B. Ce sont les Lettres initiales d'un Auteur , qui a donné , en 1656 , une Tragi-Comédie, intitulée Caj an, ou l'Idolâtre converti.
. FABRICE DE FOURN ARIS, , dit le Capitan Cocodrile, n'eH: connu que par une Piece intitulée, Angélique.
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FAG FAG
FAGAN, ( Chriflophe-Barthelemy ) naquit à Parig,;
& étoit sils du premier Commis au Bureau des Consignations. Il eut lui - même un emploi, dans ce Bureau , qui l'occupoit peu , & qui lui laissa la liberté de s'attacher aux Belles-Lettres.'Fagan avec une partie de l'ésprit de la Fontaine, avoit à-peuprès le même caraaère, la même indolence , la même aversion pour les affaires. Son extérieur néglig'é , son air distrait & timide n'annonçoient point tout ce qu'il étoit. Il avoit beaucoup de talent pour le Théâtre : il travailla tour-à-tour , seul & en société , pour les François les Italiens, & le Théâtre de la Foire. Il mourut à Paris en 1753, à. cinquante-trois ans, & a laissé les Pieces suivantes. Le Rendez-vous , la Grondeuses la Pupille, Lucas 6* Perrette, l'Amitié rivale , les Caraélères de Thalie , le Marié sans le sçavoir, la Jalousie imprévue , Joconde , la Ridicule supposée, l' IJIe des talens, l'Amante traveflie, la Fermiere , l'Heureux retour , le Sylphe supposé , les Éveillés de Poissy, les AEleurs Juges , le Musulman , le Marquis Auteur , l'Aflre favorable , les Almanachs ,
. Philonomé , la Servante justifiée , Cythère ajjiégéc.
Fagan, né avec des talens réels , sembla d'abord devoir augmenter le nombre de nos grands Comiques. Ses premiers pas le conduisirent assez loin dans cette carrière , aujourd'hui si peu fréquentée. Il fixa les regards du Public , & contracta avec lurun de ces engagemens difficiles à remplir , celui de faire mieux , après avoir bien fait, ou du moins , de ne pas décliner. Le Rendez-vous , & la Pupille, obtiendront toujours des suflrages. On doit, surtout, regarder la Pupille comme le chef-d'œuvre de cet Auteur. Si l'idée n'en est pas absolument neuve, elle le devient par la maniere dont elle est rendue. Fagan eut depuis d'autres succès; quelques autres de ses Comédies sont même restées au Théâtre ; mais rarement il est , dans ses Pieces , tout ce qu'il pouvoit être. Les unes pèchent par le sujet,
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FAR ^ FAV
les autres par l'exécution. Ses vers , & sur-tout les vers libres , sont très-inférieurs à sa prose, qui, elle-même , n'en: point sans défauts ; trop de né- r gligence la dépare. Son grand mérite et la simplicité -, & ceux qui écrivent, sçavent combien cette v élégante simplicité coûte à soutenir. D'un autre\, côté, l'Auteur n'examinoit pas toujours assez le. fond sur lequel il bâtiltoit une intrigue ; témoin , entr'autres Pieces , l'Amitié rivale \ c'est construire, sur un terrein mouvant, un vaste & pesant édifice ; ou si l'on veut, c'elt semer sur une terre aride stérile ; mais, il faut l'avouer , Fagan sçavoit quelquefois tirer parti d'un sujet vicieux. Il conduit sagement & vivement une intrigue ; il supplée aux détails par des situations piquantes & variées ; il remplace les mots par des choses , &: préféré les beautés naturelles du génie , aux faux brillans du bel-esprit. Le genre & l'étendue de ses productions permettent de le placer, tout au pins, parmi les Comiques du second rang j mais peut-être eût-il approché des Maîtres de l'Art , s'il les eût plus souvent consultés ; il l'étude & le travail eulïent en lui secondé la Nature.
FARDEAU : (M.) le Triomphe de /' amitié.
FATOUVILLE a composé pour l'ancien Théâtre Italien , Arlequin Mercure Galant, Arlequin Grapignan , Arlequin Lingere du Palais , Arlequin Prothée , Arlequin Empereur dans la Lune , Arlequin Jason , Arlequin Chevalier du Soleil, Colombine Avocat pour & contre , Colombine femme vengée , Ijabelle Médecin , la Précaution inutile , le Banqueroutier , le Marchand dupé , & la Fille sçavante.
FAvART , ( M. Charles-Simon ) né à Paris , est un de nos célèbres Auteurs dramatiques, par ses nombreux succès sur tous les Théâtres de la Capitale. Il a donné sur celui de l'Opéra, DomGuichotu, la
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FAV FAV
Coquette trompée. Aux François, l' Anglois à Bordeaux. Aux Italiens , Hypolite 6> Aricie , les Amans inquiets, les Indes dansants , les Amours champêtres, Tircis & Doriflée, B aïocco & Serpilla , Raton & Rosette , Ninette à la Cour, la Bohémienne , les Chinois , la Noce interrompue , la Fille mal gardée , Pétrine , la Soirée des Boulevards , Supplément à la soirée dcs Boulevards , une Scène dans la Nouvelle Troupe , Soliman II, le Procès des ariettes , les Fêtes de la paix , Isabelle & Gertrude , la Vrgelle , la Fête Château , les Moissonneurs , l'Amant déguisé , ou le Jardinier supposé , l'Amitié à répreuve, la Rosicre de Salency. A l'Opéra-Comique , les Jumelles , le Génie de l'Opéra-Comique , 1 ' Erdevement, le Nouveau Parnasse , la Dragone , le Bourgeois , Moulinet, les RéjouijJ'ances publiques , Harmonide , Pyrame & Thisbé , les Recrues de l'Opéra-Comique , les Jeunes màriês , les Fêtes Villageoises , la Chercheuse d'esprit, Farinetti , le Bacha d'Alger , les Bateliers de SaintCloud, les Nymphes de Diane , le de Village, Acajou , les Vendanges de Tempé , l' Amour impromptu , les Vendanges d'Argenteuil, Yljle d'Anticyre , la Folie Médecin de l'esprit, l' Aflroiogue de Village , le Mariage par efealade , le Retour de l'Opéra-Comique , le Départ de l'Opéra-Comique , & plusieurs prologues & complimens. En société avec Pannard : la Répétition interrompue , Mariamne , le Prince Nocturne , Dardanus ; avec M. Valois d'Orville , les Valets ; avec M. Rousseau de Toulouse, la Coquette sans le Je avoit- ; avec M. le Marquis de Paulmy , le Prix de Cythert ; avec M. de Verriere, l' Amour & l'Innnocence ; avec Fagan,la Servante juflifiée , Cythere ajiégée ; avec la Garde Ife le Sueur, les Amours Grivois, le Bal de Strasbourg Fêtes publiques ; avec Carolet, l'An;our Village ; avec MM. Laujon & Parvi, la Z1 art die de The/é^ ;& sur deux fonds préparés par M. Parmentier , les Époux , & la Fausse Duèguc. Le Vauc'eville des Portraits à la mode , l'arrangement des Ariettes, avec M. Anseaume ; avec M. Marcou-
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FAV FAV
ville, Fanfale ; avec M M. Pannard & Laujon, Zéphyre 6* Fleurette. Aux Petits appartements , avec la Garde , la Cour de Marbre. A Fontainebleau, seul , les nouveaux Intermedes & Divertissemens de l'Inconnue , la Belle Arselle. En Flandres , un Prologue sur les Vi8:oires du Roi , les Comédiens de Flandres.
Le Théâtre de M. Favart, si piquant par sa singularité , par la variété des comportions, & par les agrémens répandus dans toutes ses Pieces , réunit presque tous les genres, qui, depuis trente ans , ont fait l'objet de nos Spe8:acles. Opéra-Comiques , Parodies, Comédies lyriques, Pastorales, Pieces de sentimens , &c ; tout ce que le Théâtre Italien & celui de la Foire ont produit de plus ingénieux dans les nouveaux genres qui s'y sont introduits succeffivement, se trouve ici rasse mb lé'. Ainsi, ceux qui voudront connoître les divers génies de ces deux Théâtres , dans la durée du tems qu'embrasse la collection de ses Ouvrages , les y reconnoitront sans peine ; parce qu'il leur a souvent donné le ton , au-lieu de le prendre ; ce qui montre , dans cet agréable Écrivain , une supériorité de talent , qu'on ne met plus en question. L'Hin-oire des produétions de M. Favart, est donc, en quelque sorte , celle des deux Théâtres auxquels il s'est le plus attaché ; & l'on verra qu'aucun Auteur n'a mieux réussi à varier nos amusemens. Le seul trait que j'ajouterai aux éloges dus à ce charmant Écrivain , c'est qu'il a sçu réunir le sentiment & l'esprit, la gaieté & la décence. En un mot, il a sa maniéré propre , un pinceau qui lui appartient ; & dès ce moment, on peut le placer à côté des véritables beaux-el'prits , dont notre nation s'honore. Je ne parle pas de ses mœurs, qui le rendent cher à ses amis , & à la Société.
A Tongres , la veille de la Bataille de Rocoux, le Maréchal de Saxe donna ordre à M. Favart,
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FAV ï-AV
Directeur de sa Comédie , de faire un Couplet < Chanson pour annoncèr cet événement, comme u1 bagatelle, dont le succès n'étoit pas même do teux. Ce Couplet fut fait tout de suite ent les deux Pieces, & chanté par une Actrice f( aimable > sur l'air : De tous les Capucins du mond,
Demain nous donnerons relâche ,
Quoique le Directeur s'en fâche;
Vous voir combleroit nos desirs.
On doit céder tout à la gloire : ^
Nous ne songeons qu'à ves plaisirs ;
Vous ne songez qu'à la vidoire.
Ensuite on annonça pour le sur-lendemain , Prix de Cythere , & les Amours Grivois, qu'on rep sensa effectivement , comme un prélude des jouissances publiques. Ce qui fit dire , au Can que le Maréchal avoit préparé le Triomphe av la Via:oire.
FAVART , ( Madame Jufiine-Benotte du Roncert épouse de M.) naquit à Avignon en 172-7. 1 étoit fille d'André René du Ronceray , ancien M cien de la Chapelle de Sa Majesté , & depuis M cien du feu Roi Stanislas. Sa mere , Perrete-Claut Bied, étoit aussi Musicienne de la Chapelle du de Pologne. Ce Prince , qui s'intérefloit au b heur de tous ceux aui l'environnoient y eut la bc de contribuer lui-même à l'éducation de la petite
Ronceray , qui s'annonçoit déja par des talenspre turés. I.es plus habiles Maîtres la formerent pou Danse &: la Musique.
En 1744 > sa mere obtint un congé pour ven Paris, & y amena sa fille. Mlle. du Ronceray p; à l'Opéra-Comique de la Foire Saint - Germe; sous le nom de Mlle. Chantilly, premiere Dans( du feu Roi de Pologne , &: débuta par le rôle Laurence , qu'elle joua d'original , dans une P intitulée les Fêtes publiques, faite à l 'occasion premier mariage de feu M. le Dauphin. Elle
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FAV FAV beaucoup de succès, tant dans la Danse, que dans le Chant & le Dialogue.
Cette même année , l'Opéra-Comique fut entiérement supprimé ; parce que ses progrès allarmoient les autres Spectacles. M. Favart, qui étoit alors Directeur de ce Théâtre , pour le compte de 1 Académie Royale d? Muiique , obtint une permission de donner un Speftacle Pantomime à la Foire SaintLaurent , sous le nom de Mattheus, Danseur Anglois, toujours pour le compte du grand Opéra , afin de remplir les engagemens que l'on avoit pris avec les Auteurs de l'Opéra-Comique. Mlle. Chantilly , & Mlle. Gobé, aujourd'hui veuve de M. Trial, en firent la réussite , par la façon dont elles exécuterent une Pantomime , intitulée les Vendanges de
Sur la fin de la même année , au mois de Décembre , Mlle. Chantilly épousa M. Favart, qu elle suivit à Bruxelles ; parce qu'il etoit charge de a Direftion du Spettacle de cette Ville. Ce fut-là que ses talens se développèrent ; talens dangereux, qui lui attirèrent, ainsi qu'à son mari, les plus cruelles persécutions de la part de ceux qui devoient les protéger. Ils aimerent mieux , pour s y soustraire , sacrifier toute leur fortune ; ce qu ils exécuterent, après avoir satisfait à tous leurs engagemens , & payé les dettes de la Direftion.
Madame Favart vint donc à Paris , & débuta au Théâtre Italien. Il n'y a point eu d'exemple d un plus grand succès ; mais les persécutions se renou- vellerent, & l'empêcherent de continuer son débuta Enfin elle en triompha ; & l'année suivante, elle reparut sur le même Théâtre , avec encore p lus d'avantage. Une gaieté franche , naturelle , ren doi son jeu agréable & piquant ; elle n eut point e modele , & en servit. Propre à tous les caractères , elle les rendoit avec une vérité furpienante : Sou- brettes, Amoureuses , Paysannes, rôles naïfs, rô les de caractère ? tout lui devenoit propre ; en un mot f
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FAV FAV
elle Fe multiplioit à l'infini ; & l'on étoit étonné de lui voir jouer le même jour , dans quatre Pieces différentes, des rôles entiérement opposés.
La Servante Maîtreje , Baflien & Baflienne , Ninette à la Cour, les Sultanes , Annette & Lubin, la Fée Urgdle, les Moissonneurs , &c, ont prouvé qu'elle saisissoit toutes les nuances ; & que , n'étant jamais semblable à elle-même, elle se transformoit, & paroissoit tous les personnages qu'elle représentoit. Elle imitoit si parfaitement les différens idiômes 8c dialeaes, que les personnes dont elle empruntoit l'accent, la croyoient leur compatriote.
Au retour d'un voyage de Lorraine, Mde. Favart fut arrêtée aux Barrieres de Paris, vêtue d'une robe de Perse. On en trouva deux autres dans ses coffres ; ces étoffes étoient alors séverement prohibées ; on voulut les saisir ; mais elle eut la présence d'esprit de dire , dans un baragouin moitié François, moitié Allemand , qu'elle étoit étrangère ; qu'elle ne sçavoit pas les usages de France , & qu'elle s'habilloit à la façon de l'on pays. Elle persuada si bien, que le premier Commis de la Barriere , qui avoit resté plusieurs années en Allemagne , prit sa défense, la laissa paner , & lui fit beaucoup d'excuses.
Les talens qu'elle possédoit , n'étoient rien en comparaison des qualités de son coeur ; une ame sensible , une probité intad:e , une générosité peu commune , un fond de gaieté inaltérable , une rhilosophie douce constituoient son caractère. Elle s'occupoit que des moyens de rendre service ; elle en cherchoit toutes les occasions ; & quoiqu'elle 'fut souvent payée d'ingratitude , elle disoit : « on a » beau faire , on ne m'ôtera point la satisfaâion que » je sens à obliger ».
Au mois de Juin 1771 , la maladie dont elle est morte , se déclara ; sa fermeté n'en fut point ébranlée ; & quoiqu'elle connût que son état étoit
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FAV FAV désespéré, elle continua de jouer pour l'intérêt de les camarades, jusqu'à la fin de cette même année. Elle s alita le jour des Rois , envoya chercher des testament , qu'elle sir avec une présence d'esprit , une tranquilité d'ame , & un enjouement qui les étonnèrent. Ensuite elle demanda les secours de l'Eglise , qui lui furent administrés. Elle les les reçut, avec une entiere résignation , mais :tans rien perdre de son caraétère. Elle fit ellememe son épitaphe , qu'elle mit en musique , dans les intervalles des plus cruelles douleurs ; elle p!aisantoit sur son état, & consolois ceux qui l'approchoient. Elle s'occupa des soins de son ménage , & des détails les plus minutieux , jusqu'à la furveille de sa mort, qui arriva le 21 Avril 1772.
Dans le Recueil imprimé des OEuvres de M. Favart, le cinquième Tome a été mis sous le nom de sa femme. « On sent bien, dit l'Éditeur , qu'en la nom» mant, c est nommer son mari, dont il est aisé de re« connoitre le style ; mais entre époux de bonne in)) telligence , les talens & les agrémens de i'esprit ct doivent entrer dans la communauté. Madame
Favart, à portée de puiser à la source le goût des sentimens délicats , avec l'art de les exprimer, reunissoit le talent de la composition à ceux de 1 aftion. De-là les six Pieces qui remplirent ce » Volume x : Les Amours de Bastien &> Baflienne ; les Enjorceles , ou Jeannot & Jeannette , la Fille mal gardée , ou le Pédant amoureux ; la Fortune au Village * la Fête d'Amour , ou Lucas & Colinette : & ~Annetto &0 Lubin.
Madame Favart a eu effectivement part aux Pieces où l'on a mis son nom, tant pour les sujets qu elle indiquoit, les canevas qu'elle préparoit, Se les choix des airs , que par les pensées qu'elle fourniffoit, les couplets qu'elle composoit, & différens Vaudevilles dont elle faisoit la Musique. S011 mé-
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FAV FAV
rite en ce genre étoit peu connu ; parce que sa modestie l'empêchoit d'en tirer avantage. Isolée , retirée dans le sein de sa famille , elle ne cherchoit point à faire sa cour ; elle s'occupoit de sa profession.
Sa Harpe , son Clavessin , la levure étoient ses seuls amusemens : tout au plus cinq ou six personnes , recommandables par leurs moeurs , formoient sa. société. Telle fut Madame Favart , cette A&rice charmante , que le Public chérissoit, que son mari &.son fils adoroient, & que ses amis ne cesseront jamais de regretter.
Voici des vers que l'on a faits pour être mis au bas de son Portrait.
Nature un jour épousa l'Art :
De leur Amour naquit Favart,
* Qui semble tenir de son pere
Tout ce qu'elle doit à sa mere.
1
Par M. Bauran, A^eur de la Servante. Maîtrefle.
AUTRES qui sont gravés au bas du Portrait de
Bajlienne.
L'Amour , sentant un jour l'impuissance de l'Art , De Bastienne emprunta les traits & la figure , Toujours simple , suivant pas à pas la Nature, Et semblant ne devoir ses talens qu'au hasard. On déméloit pourtant la mine d'un espiegle, Qui fait des tours 3 se cache, afin d'en rire à part; Qui séduit la ra-son , & qui la prend pour réglé. Vous voyez son Portrait fous les traits de Favart.
AUTRES.
Pour orner la raison , la gaieté l'a choisie > L'embellit de ses agrémens ;
Et comme autant de fleurs fit naître ses talens a
Pour en offrir un Bouquet à Thalie.
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FAV FAU
AUTRES, par Vadé.
Par les accords de Polymnie
Porter le charme dans les cœurs;
Par les agrémens de Thalie,
Plaire aux plus sombres Speftatcurs;
A tous ces talens joindre encore
Les pas légers de Terpficore ,
C'est mériter un triple encens :
Aussi vous avez l'avantage
De réunir le triple hommage
Du coeur , de l'esprit & des sens.
FAVRE, ( Antoine ) Premier Président du Parlement de Chambéry , & pere de Vaugelas, est Auteur d'une Tragédie des Gordians & Maximins , ou l'Ambition, où l'on trouve ces deux vers.
Lépide fut détruit : Antoine , sans combattre, Lui-même se vainquit > vaincu par Cléopâtre.
FAUCHARD DE GRANDMENIL : ( M. ) le Savetier joyeux.
F AU RE , Autèur d'une Tragédie de Manlius
Torquatus.
FEAU, ( le Pere Charles ) Oratorien de Marseille , un des Auteurs du Jardin des Muses Proven-
çales , dont Claude Brueys a donné les deux premiers Tomes, & Feau le troisieme. Feau avoit un génie particulier pour la Poësie Provençale. On connoît encore de lui une Comédie intitulée, Brusquet.
FEL , ( Mlle.) une des meilleures A&rices de l'Opéra pour les rôles tendres & légers, & l'une des plus agréables Chanteuses du Concert Spirituel, a quitté l'un & l'autre, & vit dans une société d'amis dist ingués, dont elle en chérie & estimée.
Quelle voix légere & sônore !
Ah ! que vous inspirez de feux !.
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V FÉN FER
DeFel, vos doux accens rendent plus tendre encore
L'Amour qui brille dans nos yeux.
FENELON , ( M. de) Chevalier de Saint-Louis, a composé une Tragédie à'Alexandre,
FENOUILLOT DE FALBAIRE : ( M. ) le Fabriquant de Londres , les Deux Avares, l'Honnête Criminel f Zemire & Mélide.
FERMELHUIS , fils d'un Médecin de Paris, pasfe pour l'Auteur de l'Opéra de Pyrrhus.
FERRAND , Fermier Général , Auteur de la musique de Zélie.
FERRI , ( Paul ) Messin , adonné vers l'an 1610, Isabelle , ou le Dédain de i'Amour , Pastorale en iix Attes , & en vers.
FILLEUL, (Nicolas) né à Rouen , Auteur de trois Pieces de Théâtre , Achille , Lucrèce , & les
Ombi-es. *
FERRIER , ( Louis ) né à Avignon en 165-0 , fut mis à l'Inquisition de cette Ville pour ce vers y
L'Amour pour les mortels est le souverain bien.
qui se trouve dans ses Préceptes Galans. Ce Poète ayant été absous par le Saint Office , à la priere de ses amis , se retira à Paris , 6c devint Précepteur des fils du Duc de Saint-Agnan. Il mourut en 172-1 » en Normandie , où il avoit acheté la Terre de la Martiniere. Outre ses Préceptes Galans , on a de lui d'autre morceaux qui ne manquent ni d'esprit , ni de naturel; mais sa versification est foible, & son style incorred: ; ces défauts se font sentir > sur-.
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FIO F1U
tout, dans ses Tragédies d'Anne de Bretagne , d'Adastre , & de Monté zume.
FlOT : (.A. H. H.) l'Amour fantasque , ou le Juge de soi-même.
FIURILLI, ( Tiberio ) Aéteur de l'ancienne Troupe de la Comédie Italienne pour le rôle de Scaramouche , & dont on raconte le trait suivant. ' 11 étoit venu en France sous le regne de Louis XIII ; & la Reine se plaisoit beaucoup à lui voir faire des grimaces. Un jour qu'il étoit avec cette Princesse dans l'appartement du Dauphin , (depuis Louis XIV) ce Prince , qui avoit alors environ deux ans, étoit de si mauvaise humeur, que rien ne pouvoit appaiser ses cris. Scaramouche dit à la Reine, que, ii Sa Majesté vouloit lui permettre de" prendre M. le Dauphin entre ses bras , il le flattoit de le calmer. La Reine le permit ; & Fiuril1i fit au petit Prince les mines & les figures les plus plaisantes. Cette scène donna à M. le Dauphin , une si grande envie de rire, qu'il satisfit un besoin , qu'il eut dans le moment , sur les mains & sur l'habit de Scaramouche. Depuis ce jour-là , Fiuril1i eut ordre de se rendre tous, les soirs à la Cour , pour amuser le jeune Prince. Bien des années apres, Louis XIV prenoit plai11r à rappeller à Scaramouche cette scène, & rioit beaucoup aux grimaces que le Comédien faisoit, en racontant cette aventure.
Fiurilli quitta le Théâtre cinq ans avant sa mort; & libre de l'occupation que son talent lui avoic " donnée, il s'en fit une autre , dont on s'acquitte encore plus difficilement à son âge. Il devint amoureux d'une jeune personne qu'il épousa , & qu'il accusa, au bout de quelques mois, d'infidélité conjugale. Il demanda qu'elle fût rasée & enfermée dans un Couvent ; mais il mourut avant la fin de ce procès.
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FLA 4 FLO
Tiberio Fiurilli joua la Comédie jusqu'à 1 âge de quatre-vingt-trois ans ; & il a voit encore tant d'agilité , que , dans quelques Scènes pantomimes, il donnoit un soufflet avec le pied. Il mourut à Paris, âgé de plus de quatre-vingt-huit ans. On lit ces vers au bas de son Portrait.
Cet illustre Comédien
De son Arc traça la carrière;
. Il fut le Maître de Moliere i ^
Et la Nature fut le lien.
FLACÉ , ( René ) Auteur de la Tragédie d'Elips.
FLEURY , né à Lyon , e< mort en 1746 , a composé les paroles des Opéra de Biblis , 8c des Génies.
FLEURY, ( M. Jacques) Avocat au Parlement de Paris 1 est Auteur d'un Recueil de Poësies&de plusieurs Opéra-Comiques , tels que le Retour favorable , le Temple de Momus, le Rogignol en société avec M. deL... Il a retouché le Miroir magique , &c.
« FLOQUET ,, ( M. ) Auteur de la Musique de l'Opéra intitulé , l'Union de l'Amour & des Arts.
FLORIDOR ( Josias de Soulas, dit) né Gentilhomme , quitta une place d'Enseigne dans un Régiment, pour se faire Comédien de Province. Il joua ensuite à Paris en 1643 , & s'acquitta parfaitemeut des premiers rôles Tragiques & Comiques. Il se retira en 1672. , & mourut la même année, âgé de soixante quatre ans. Ce fut à Ion occation, que Louis XIV rendit l'Arrêt qui déclare que la prosession de Comédien n'ell; pas incompatible avec la qualité de Gentilhomme.
Floridor avoit beaucoup de noblesse dans l'air &: dans les manieres , & étoit fort aimé à la Cour, dont il avoit reçu plusieurs graces pour lui en particulier ,
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FOL FON ticulier, & pour la Troupe en général. Il remplissoit l'emploi des premiers rôles, d'une façon si noble & si naturelle, qu'il fit oublier tous les grands Acteurs qui avoient joué avant lui. Il avoit beaucoup d'esprit, & , ce qui est encore plus à priser , une probité & une conduite exemplaire. Aussi s'étoitil attiré l'approbation & l'estime de tout le Public ; & soit qu'il jouât un rôle, ou qu'il prononçât un compliment, les Sped:ateurs gardoient un profond silence, qui n'étoit interrompu que par des acclamatiÓns générales. On dit que les complimens de Floridor étoient ordinairement courts, mais bien tournés ; faisant souvent autant & plus de plaisir que la Piece qij'on venoit de jouer.
FoLLARD, ( le pere Melchior de ) frere du Chevalier de Follard , si connu par seq excellens Commentaires sur Polybe, & plusieurs Ouvrages sur l'art Militaire ,naquit à Avignon en 1688, & entra chez les Jésuites à l'âge de leize ans. Après avoir professé plusieurs années, avec le plus grand succès, la Réthorique au Collège de Lyon , il fut reçu à l'Académie des Sciences & Belles-Lettres de cette Ville.
Il avoit un goût décidé pour le genre dramatique ; & l'on doit regretter qu'il n'aît pas mis la derniere main à ses Pieces de Théâtre, Agrippa , Œdipe & Thémiflocle. Le pere de Follard est mort à Avignon en 1739, dans la cinquante - sixieme année de l'on âge..
FONTAINE. ( M. ) Argiblan , ou le Fanatisme des Croisades.
FONTANELLE , (Jean-Gaspard de) né à Grenoble en 1737, travaille aujourd'hui à la Gazette de Deux-Ponts. Ses ouvrages dramatiques sont Pierre le Grand, Ericie ou la Vestale, & la Tragédie de Lorédan.
FONTENELLE , ( Bernard le Bouvier de) né à
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FON FON
Rouen en 1657 , étoit neveu des Corneille , l'un des quarante de l'Académie Françoise, Membre de celle des Belles - Lettres , ancien Secrétaire perpétuel de celle des Sciences , & Associé de celle de Prusse. Toute l'Europe connoît ses ouvrages dans différens genres ; & il a soutenu sa réputation avec éclat jusqu'à sa mort, arrivée à Paris en 1757. Ses ouvrages dramatiques sont Abdolonyme , Henriette , Idalie , Lysianasse , Macate , le Testament , le Tyran , le Retour de Climene , Enone , Pigmqlion , & h. Cornette ; on lui attribue encore Afpar, & le Comte de Gabalis. Ses Opéra sont Thétis & Pelée , Enée 6* Lavinie , Endymion , BeLlerophon , & PJyché.
On prétend que la Tragédie de Brutus, représensée en 1690, sous le nom de Mademoiselle Bernard , est , à peu de chose près, l'ouvrage de Fontenelle; &, sur ce fondement, on l'a imprimée dans le dixieme Volume de ses Œuvres. Cette Piece eut un succès qu'elle dut à l'intérêt qui y regne, plus qu'à aucune beauté de détail. La plupart des autres Pieces , si on en excepte les Opéra , n'ont pas été représentées ; & elles paroissent plutôt faites pour être lues , que pour être jouées. L'Auteur a jetté dans la conduite de tous ses ouvrages, presque autant de finesse , que dans le style ; & il ne faut pas moins d'attention pour suivre l'une, que pour ne rien laisser échapper de l'autre. Par-tout il est ingénieux & séduisant, & fait desirer qu'il ait raison dans tout ce qu'il dit, uniquement par la maniere dont il le dit. C'est par-là que sa métaphysique persuade ; mérite que cette science n'a pas toujours, & le seul qu'elle puisse avoir. A ces talens réels , il a joint des défauts qui ne le sont pas moins ; l'affectation de ne jamais s'exprimer comme an autre ; celle de ramener les grandes choses à lui , au lieu de s'élever jusqu'à elles ; des agrémens, !orsqu'il faut de l'énergie ; une finesse qui ne porte souvent que sur -l'expression, &: laisse échapper la.
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FON FRA
pensée ; en un mot, une délicatesse, qui, quelquefois dégénere en précieux. C'est un Athlete qui se farde , qui se parfume , & que la mollesse affoiblit. Voilà ce que tout Le&eur judicieux remarquera , & ce que je n'ai pas dû taire. Les défauts d'un grand homme sont d'autant plus dangereux > qu'ils sont toujours imités > & que ce sont les seules choses de lui que l'on imite.
FONTE NI, ( Jacques de) ancien Confrere de la Passion , a donné le Beau Pasleur, la Chaste Bergere y & Galathée.
FoRCALQUiER , ( le Comte de ) mort depuis plusieurs années » a laissé quelques Comédies manuscrites , jouées en société vers l'an 1743 , telles que le Jaloux de lui-même, l'Homme diz bel-air, l'Heureux mensonge , la Fausse itinocente.
FOULQUIER , ( MUe. Catherine) dite Catinon, née à Toulouse , est la fille aînée de Jean-Baptisse Foulquier, né à Béziers , qui a joué long-tems de la Basfe dans l'orchestre de la Comédie Italienne , & a composé la musique de quelques Ballets. Elle débuta en 17 5 î , comme Aéhice, au même Théâtre, à l'âge d'environ quinze ans , par le rôle d'Angélique, dans la Mere considente , & fut reçue àpensionpour les rôles d'Amoureuse , & pour la Danse ; & ensuite reçue à part en 17-57. Elle s'est fait estimer par ses talens & ses mœurs, & a contracté un mariage honnête , qui l'a retirée du Théâtre. Sa sœur cadette , connue sous le nom de Sujette , née à Nantes > a aussi été reçue au même Spectacle pour la Danse , & a épousé, en 1761, le sieur Carlin,.Arlequin.
FRAMERY , ( Nicolas-Etienne ) né à Rouen en 745 , Nanette & Lucas , ou la Paysanne curieuses ; ■Nicaise de Vadé , remis avec des ariettes l' Indienne , -le Projet, Ylllufion ou le Diable amoureux.
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FRA FUZ
F RANCŒUR, ( M» François ) Chevalier de l'Ordre du Roi, Surintendant de sa Musique , n'a travaillé pour l'Opéra , qu'en société avec M. Rebel, avec lequel il a composé la musique des Opéra suivans : Pyrame & Thisbé > Tharfis &0 Zélie , Scanderberg, le Balkt de la paix , les Auguflales, la Félicité , Zélindor ou le Sylphe , le Trophée , le Prince de Noisy > Ismene , & les Génies tutélaires.
FRANCŒUR , ( M. ) le neveu , Auteur de la imusique de Lindor & Ismène,
FRANÇOIS , de Nismes, ( le Pere Jean) Récollet, Prédicateur, a donné une Tragédie de SainteCécile.
FRÉNICLE, Conseiller du Roi, & Lieutenant Général de la Cour des Monnoies, né en 1600 , mourut Doyen de cette Cour en 1661. Ses OEuvres dramatiques sont , la Fidelle Bergere , Palémon 9 Niobé.
FRIZIERI , ( M. ) a composé la musique des Deux
Miliciens.
FROMAGET , connu par quelques Historiettes > a fait pour l'Opéra-Comique , seul ou en société, les Vieillards rajeunis , le Neveu supposé , le Magasin des choses perdues, les Noms en blanc , & l'Epreuve dangereuse.
FRONTON DU Duc , ( le Pere ) Jésuite , Auteur de l'Histoire Tragique de la Pucelle de DomRemy.
FUZELIER , ( Louis ) né à Paris , mourut dans la même Ville en 1752, , âgé de quatre-vingts ans. Il eut le Privilege du Mercure de France , conjointement avec la Bruere, en récompense de ses tra-
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FUZ FUZ
vaux & de ses succès dramatiques. Il a travaillé « pour tous nos Théâtres : celui de l'Opéra a eu de lui , depuis 17 13 , les Amoursdéguisés , Arion , le Ballet des âges , les Fêtes Grecques & Romaines , la Reine des Péris, les Amours des Dieux, les Amours des Déesses , les ^lndes Galantes , l'Ecole des Amours ,
le Carnaval du Parnasse , les Amours de Tempé , Phaésuse , Jupiter &, Europe. Les Pieces jouées au Théâtre François , sont Cornélie vejlale, Momus fabuliste , les Amusemens de VAutomne, les Amazones modernes y. les Animaux raisonnables , & le Procés des ;¡ns.. Les Pieces du Théâtre Italien , sont l'Amour maître de Langue , le Mai , la Méridienne , la Mode , la : Rupture du Carnaval, le Faucon , Mélusine , Hercule silant, Arlequin Persée , le Vieux monde., les Noces de Gamache, le Serdeau des Théâtres , la Parodie , les Saturnales , le Débris des Saturnales , Amadis le , cadet , Momus exilé, la Bague magique., Enfin Fuzelier a fait seul ou en société avec le Sage , d'Or- neval & autres , pour l'Opéra-Comique , & les Marionnettes , Thcsée , Je Ravisiement d'Hélène , Arlequin grand Visir , la Matrone d'EpheJc , Arlequin, défenseur d'Homère, le Lendemain des noçes , Pierrot Roland , le Pharaon , le Réveillon des Dieux , la G ageure de Pierrot, la Reine du Monomotapa , le Camp des amours,, le Charretier du. Diable , le Lourdaut d'Inca, les Vacances du Théâtre , les Noeuds , le Qua- ... drille des Théâtres , les Dieux à la Foire , les Bains de Charenton , les Vendanges de Champagne , Pierrot & Pierrete , les Quatre Mariamnes , le Ravisseur de sz femme , Atys , l'Ambigu-Comique , les Songes, l e Saut de Leucade , l'Amant brutal , Pierrot Céladon , les Sinceres malgré eux, l'Eclipse favorable y le Jaloux de rien, l'Audience du tems , l' Amour & Bacchus ci la Foire , les Funérailles de la Foire , Arlequin Endymion , la Forêt de Dodone, la Faujfc Foire , la Boètc de Pandore, la Tête Noire , &c) &c , &c.
FUZILIER, Auteur d'une Comédie intitulée:
le Retour de tendresse. 1. N iij
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G K. GAR .
G K. les Eaux de JVifau.
GAILLAC : (de) l' Amoureux sans le sçavoir.
GAILLARD , ( Antoine ) sieur de la Porteneille , ancien laquais d'un Archevêque d'Auch , a fait la. Mort du Maréchal d' Ancre , & le Cartel.
Dans un avis au Ledeur , Gaillard dit naïvement , pour excuser les fautes de son ouvrage , « qu'il est bien difficile d'être tout ensemble bon Laquais & bon Auteur ». En ce cas, il auroit pu s'en tenir à la premiere de ces deux professions.
GALLET , mort depuis plusieurs années, adonné seul, ou en société avec Piron, Pannard, Pontau , à l'Opéra-Comique , le Double Tour , la Précaution Inutile , les Coffres , la Ramée f; Dondon, Marotte.
GALLOIS. Voyez la fin de l'article de GARNOT.
GANDIN, A&eur de la Comédie Italienne, débuta en 1745 , dans la Vengeance de Scaramouche ) & fut reçu pour ce rôle.
L'air , la mine , la gravité ,
Tout réjouit dans Scaramouche ;
Et chacun en est enchanté,
Même avant qu'il ouvre la bouche.
GARDEIN DE VILLEMAIRE , ( Antoine-JosephLouis ) né à Paris en 1716 , & mort depuis quelques années, a fait imprimer deux petites Pieces lyriques , le Retour du Printems , & le Triomphe d'AJlrée.
GARNIER, (RQhert) né à la Ferté-Bernard s
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GAR GAR
dans le Maine , en 54 , & mort au Mans en 1590 , fut Lieutenant Général au Siège Présidial de cette Ville, Se ensuite Conseiller au Grand-Conseil. Il a voit formé son goût sur Senèque le Tragique, qu'il affedta d'imiter. On dit que ses Domestiques résolurent de l'empoisonner , lui, sa femme & ses en sans , pour piller leur maison , pendant une peste cruelle ,
à laquelle ils vouloient imputer l'effet du poison. Ils donnerent d'abord un breuvage à la femme de Garnier; & les lignes du poison paroissant aussi-tôt > firent soupçonner ces scélérats, qui furent punis, après avoir avoué leur crime. Les Tragédies de Garnier, qui, faute d'autres , ont été long-tems les délices de la France , sont au nombre de huit ; scavoir , Cornélie, Hippolyte , Marc-Antoine , Potelé , la Troade , Antigone , Bradamante, & Sédécias ou les Juives.
Il ne faut pas chercher sur la bouche du Poète Garnier cette Abeille qui reposoit sur les levres d'Euripide. Il n'a rien non plus de cet air rnajeftueux qui se faisoit révérer dans les vers d'Eschyle. Le costume de Sophocle eût pu lui être ajusté , s'il ne se fût pas abaissé jusqu'à traduire Sénèque. Il tiendra cependant toujours, avec justice, un rang parmi les Poètes Tragiques ; & ses Tragédies sonc une source de différens genres de Poeiles. On rencontre , dans le cours des scènes, des traits familiers , qui seroient propres à l'Épître. Les Chœurs sont composés de lances dignes de l'Ode. Les comparaisons qu'il seme avec variété , tiennent de l'Épi- que, ou bien ont l'agrément Pastorale. Son style , souvent ampoulé , a pu passer pour sublime dans un tems où le bon goût n'avoit pas encore marqué ses limites. Garnier emploie des figures outrées, & étonne l'esprit par des idées singulieres & bifarres ; les termes ne lui manquent jamais ; & il sçait en créer dans le besoin. Son jargon François est quelquefois; du Latin tout pur. Un rebelle y est appelle Contu-v
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GAR GAR
max. Malgré ces défauts, on remarque, dans cet Auteur, un Poète ingénieux qu'on pourroit lire avec fruit, un Citoyen généreux, un Littérateur ardent & désintéressé. « Je veux, écrivoit-il à un » Amiral de France, vous remercier des bienfaits « que les Lettres reçoivent journellement de vous, comme si j'étois un des, mieux fortunés M. Ce Poète vivant sous un regne qui étoit celui d'une discorde fanatique & intestine, invitoit son siècle à profiter des crimes même de ses Héros.
Les actions de trois de ses Tragédies embrassent la plus intéressante partie de l'Histoire Romaine ; c'ett son époque la plus mémorable ; le hasard n'a pas conduit l'Auteur dans le choix de ces sujets. Il destine toutes ses couleurs à faire voir une puissance formidable à toute la terre , domptée enfin par ses propres forces. Il ne chante pas, sur un ton Collégial, une liberté étrangere à nos moeurs ; ses vues sont conformes aux circonstances. Il veut inspirer à la France une juste horreur pour ces dissensions doméstiques; & il lui montre ses malheurs dans ceux de Rome déchirée par ses mains propres. Il combat, avec force , l'orgueil, l'envie , la cruauté , l'inhumanité des hommes, pour me servir d'une de ses expressions. Une plume qui défend ainsi les droits de la société , seroit-elle moins respedtée que les Armes , qui servent trop souvent à les détruire ? Elle terrasse des monstres ; elle vaut la masse d'Hercule.
, Notre Poète se lafse de marcher sans appui dans la carrière ; il emprunte le secours des anciens. Nous sommes sortis du gothique de l'Architedture , en suivant la belle & simple antiquité : nous y rentrerions peut-être dans l'art Dramatique , par une scrupuleuse imitation des Grecs, & sur-tout des Romains. Du moins ., Garnier n'écrivit-il jamais d'un style plus dur, ni dans un goût plus barbare , que dans sa Tragédie d'Hippolyte , qu'il traça sur leur modèle. Hippolyte a une indifférence sans mena-
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GAR GAU
gement ; l'amour de Phèdre est sans pudeur. Ce qui épargne l'horreur dont on seroit saisî à la vue de ces personnages, c'est qu'on en fait des grotefques. Lorsque l'on met en même tems sous les yeux ces beaux traits que Racine sçut si bien peindre , on diroit que Garnier tenoit en main le burin de Calot. r
GARNOT , ( M.) a donné aux Boulevards la Fausse précaution ,1 Amant trompé , le Duc fleur a m-'. bulant, les Aventures du Waux-Hall, l'Ane perdu &0 retrouvé , le Mariage in-promptu , le Bailli dupé , le Compliment du jour de l'An , les Amours de Baba , la Bouquetiere , le Déménagement du Poète , les Auteurs culbutés ou la Réforme du Parnasse, le Rival puni ; chez Nicolet, dans des sociétés , ou en Province , la Prévention ridicule , Gogo ou la Fermiere de Vau-' girard , le Temple de la folie , la Mere rivale, Louïse , ou le Pouvoir de la Beauté ; en société avec M. Gallois , l'Aimable Vieillard , l'Ombre de Piron , Sans le vouloir, les Vendageurs de Chablis , On a beau faire , l'Agnès de la Courtille , & le Alarquis sans titrc.
GASPARINI : le Retour des Comédiens à Namur,
Piece Tragi-comi-lyrique.
GAUBIER, ( Edme - Sulpice ) Parisien, ancien Valet-de-chambre du Roi, mort en 1773 , a donné l'Origine des Marionnettes , & le Pot de chambre cassé.
GAUCHE : ( Jean)YAmour divin , Tragi-Comédie.
GAVINIÉS , ( M. ) dont les talens, chéris du Public , ont fait si long-tems le charme du Concert Spirituel, dont il est un des Directeurs depuis l'année 1773 , a composé la Musique du Préiendu.
GAULTIER, ( Albin ) Apothicaire à Avranches, est Auteur de l'Union d'Amour & de Chu (le te.
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GAU GAU
GAULTIER , (la Dlle.) Adtrice reçue au Théâtre François en 1716, , se retira dix ans après avec la. pennon , & se fit Carmelite à Lyon , où elle mourut en 17 57.
GAULTIER , mort depuis plusieurs années, a laissé Basile & Quitterie.
GAUMIN , ( Gilbert ) né à Moulins , Maître des Requêtes , puis Conseiller d'État, mort en 1667 , âgé de plus de quatre-vingts ans, avoit compo[6 une Tragédie d'lphigénie.
GAUSSIN ou GAUSSEM , ( Jeanne - Catherine ) 'Actrice célèbre de la Comédie Françoise, naquit à Paris en 1711 : elle étoit fille d'Antoine Gauj"em , & de Jeanne Collot, ouvreuse de Loges à la Comédie Françoise. Son goût & ses talens pour le Théâtre s'étoient manifestés de bonne-heure ; & par son jeu , ainsi que par sa beauté , elle avoit déjà fait les délices de la société de M. le Duc de Gêvres, qui donnoit des Comédies à Saint-Ouen, lorsqu'à l'âge d'environ dix-sept ans , elle partit pour Lille , où elle joua près de deux ans. Ses succès dans cette Ville la firent délirer à Paris, où elle débuta en 1731 , par les rôles de Junie , d ans Britannicu s; d'Aricie , dans Phedre; & d'Jphigénie. Nous ignorons les rôles Comiques dans lesquels elle parut alors ; mais dans ces deux genres, elle annonça de si heureuses dispositions , qu'elle fut reçue la même année, avec l'approbation générale. Ses succès furent extraordinaires ; elle réuflissoit , sur-tout , dans les rôles d'Amour.
Que de grâces , de sentimens ,
Que tu nous fais verser de larmes !
Gaussin , tout cede à tes talens ;
Et rien ne résiste à tes charmes.
Mlle. Gaussin sçavoit allier les talens qui sem-
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GAU GAU
blent les plus incompatibles. Lorsqu'elle vouloit bien déroger au genre noble , & aux graces pour lesquelles elle étoit née , elle faisoit encore le plus grand plaisir : on l'a vu , pour se prêter aux amusemens de quelques sociétés , jouer des personnages grotesques , tels que celui de Caffandrc dans plusieurs Parades , avec le plus lingulier succès.
Mlle. Gaussin épousa en 17*8, un Italien nommé Toalaigo, qui avoit été Danseur à l'Opéra ; cinq ans après, par un principe de Religion , elle quitta le Théâtre; & elle mourut en 1767.
VERS de Nivelle de la Chauffée à Mlle., Gaussin dans lesquels l'Auteur attribue tout le succès de sa Comédie à'Amour pour Amour, à cette Aétrice.
O toi, qui m'as prêté tes talens enchanteurs , Assemblage parfait des dons les plus flatteurs,
Elève & modele des grâces ,
Aimable & cher objet, que Thalie & ses sœurs
Ne peuvent couronner que de ces mêmes fleurs
Que tu fais naître sur tes traces !
Si je n'ai point encore essuyé de revers,
Je n'en dois ou'à toi seule un éternel hommage.
Tes charmes & ta voix sont l'ame de mes vers ;
Mais que dis-je ? ils sont ton ouvrage ;
Qui les inspira les a faits.
Qu'ils te soient consacrés par la reconnoissance ;
Tes yeux n'ont rien laissé de plus à ma puissance ;
Et je ne puis t'offrir que tes propres bienfaits.
GAUTHIER GARGUILLE , nom de Théâtre qu'avoit adopté Hugues Guérin ou Gueru , dit FLéchelles , célèbre Farceur , qui débuta dans la Troupe du Marais , vers l'an 1598 , & passa ensuite dans celle de l'Hôtel de Bourgogne. Il ne jouoit jamais sans masque , avec une grande barbe pointue, une calotte noire & plate , des escarpins noirs, des inanches de si-ise rouges , un pourpoint & des chausses de frise noires. Il représentoit toujours le
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GAU GEN
Vieillard de la farce , chantoit ordinairement une chanson ; &, quoique ^mauvaise le plus sou vent r plusieurs ne venoient au Spectacle que pour l'entendre. Cet homme , si ridicule à la farce , ne laissoit pas, quelquefois, de faire le Roi, & assez bien , dans les Pieces sérieuses , à l'aide du masque & de la robe de chambre que portoient alors tous les Rois de Théâtre.
GAUTHIER, ( Pierre ) Musicien , né à la Ciotat en Provence , étoit Directeur d'un Opéra qui séjournoit alternativement à Marseille, à Montpellier , & à Lyon. S'étant embarqué au Port de Cette , il périt avec le Vaisseau qui le portoit, en 1697, âgé de 5 j ans. Il y a de lui un Recueil de Duo & de Trio, estimé des connoisseurs. La Musique instrumentale étoit son principal talent. M. de Voltaire prétend, dans un Écrit satyrique contre J. J. Rousîeau, qu'on trouva la Musique charmante du Devin du Village , dans les papiers de Gauthier , & qu'elle fut ajustée aux paroles par le Citoyen de Genève ; mais cette anecdote n'a pas été adoptée.
GENEST, ( Charles-Clazide ) natif de Paris, Abbé <le Saint-Vilmer , Aumônier de Madame la Duchesse d'Orléans, Secrétaire des Commandemens de M. le Duc du Maine, & Membre de l'Académie Françoise, se distingua par son goût pour la Physique , pour la Poésie , & pour les Belles-Lettres , & mourut à Paris en 7 19 , à 84 ans. Le plus considérable de ses ouvrages eH: intitulé Principes de 'la Philosophie de Descartes, en vers François. On a aussi' de lui quatre Tragédies, dont celle qui eH: intitulée Pénélope , eut beaucoup de succès. Son Josepfi en eut bien plus encore chez Madame la Duchesse du Maine , qui ne dédaigna pas de prendre un rôle dans cette Piece. Les Seigneurs de la Cour , qui avoient le plus d'esprit & de goût, ae pouvoient , dit-on, la voir représenter 7 ou même l'entendre lire ,
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GEN GER
sans répandre des larmes. On raconte que M. le Duc, qu'aucune Tragédie n'avoit jamais fait pleurer , alla défier M. de Malezieu , de lui faire partager ce qu'il appelloit la foiblesse commune j mais à peine -eut-il entendu le premier Aste, que toute sa fermeté l'abandonna, & qu'il fut aussi foible que les autres. Cependant cette Piece , qui avoit eut tant <3e succès à Clagni, ne parut sur le Théâtre François que pour y mourir , sans espoir de renaître. Les autres Tragédies de l'Abbé Genest, sont Zéloïde, Princesse de Sparte , & Polymnejlor : il a eu aussi beaucoup de paçtau Recueil intitulé : les DivertiJJemens de Sceaux.
Si, dans le choix des sujets, l'Abbé Genest marque un grand amour pour la vertu , les autres parties qui constituent le genre dramatique , sont toiblement rendues dans ses ouvrages. Ses plans sont embrouillés , la marche du Théâtre mal arangée, ses personnages presque tous défectueux , &
sa versification dure & prosaïque. Malgré tous ces défauts, si l'Abbé Genest s'étoit entierement livré au genre dramatique, on prétend qu'il seroit devenu le Rival de Campistron ; & peut-être l'auroit-il surpasle.
GENET A Y, ( Octave-César) sieur de la Gilleberdiêre, Auteur-de \' Ethiopîde.
" GEOFFROY, ( le PereJcan - Baptisse) ci-devant , Jésuite , de l'Académie de Caen , ancien Professeur c, de Rhétorique au Collège de Louis le Grand, né à Charo!es , en Bourgogne , en 1706 , est Auteur de Basilide , & d'une Comédie du Misanihrope.
GERLAND , Gentilhomme de Bresse, Auteur d'u.ne Tragédie de Montgommery.
GERVAIS, Maître de la Musique de feu M. le Duc d'Orléans, Régent, èc ensuice de celle de la
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GHE GIL
Chapelle du Roi, mort à Paris en 1744 31 âgé d'environ 60 ans , a donné la musique des Opéra de Méduse , d'Hypermnejlre } & des simouis de Prothée.
GHERARDI , ( Evariste) un des Comédiens Italiens? très-connu dans le monde fous le nom d'Arlequin , ayant recueilli les plus belles Scènes des Comédies Italiennes , les fit imprimer. Dès qu'elles parurent, on les supprima ; ce qui excita tellement la curiosité du Public , qu'on en fit, en peu de tems, un nombre prodigieux d'Éditions à Paris, à Lyon, à Rouen , en Hollande , &c. La suppression n'a pas empêché qu'on n'ait joint, à ce premier Tome , un supplément qui fut encore suivi d'un troiiieme Volume : il y a lieu de croire que les Italiens auroient fourni matière à une longue suite de Pieces, s'ils n'a voient pas été renvoyés. On attribue particulièrement leur malheur à une Scène de la. Comédie d'Arlequin Misanthrope , dans laquelle ils jouoient , dit-on, le Premier Préiident : d'autres prétendent que c'ef!: la Faujje Prude , dans laquelle ils avoient en vue Madame de Maintenon. Gherardi eLl: mort en 1700, à la sleur de son âge, & n'a laissé de lui, que la Foire Je Bedons.
GiBERT , (M. ) a fait la Musique de la Sybille , du Carnaval d'Eté , de la Fortune au Village , de Soliman , d'Apelle & Campaspé, de Deucalion & Pyrrha,
GIBOIN, ( Gilbert) de Montargis, jouoit de la Harpe, & étoit grand Arithméticien. Ses ouvrages de Théâtre sont Alexandre , & les Amours de Philandre & de Marifee. '
GILBERT , ( Gabriel ) né à Paris , dans la Religion prétendue Réformée , fut, dans sa jeunesse , - Secrétaire de la Duchesse de Rohan ; & ensuite il le devint des Commandemens de Christine , Reine de Suéde, & son Résident en France. Les occu-
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GIL GIL
pations de cette Place n'interrompirent point le cours des productions du fertile Gilbert. Indépendamment des Pieces de Théâtre , tant Tragiques que Comiques, qui sont parvenues jusqu'à nous, il composa encore d'autres ouvrages, tant en vers qu'en prose. Cependant , avec un emploi , qui annonce des appointemens honorables , & malgré le nombre de ses ouvrages, qui eurent une sorte de succès dans leur tems , Gilbert n'en devint pas plus riche ; & , sur la fin de sa vie , il auroit passé de tristes jours, si Hervard , Protecteur des gens de Lettres , ne lui eût donné un asyle chez lui, où Gilbert mourut vraisemblablement vers l'an t675 ; car on ignore le tems précis de sa mort. On a de lui Marguerite de France , Téléphonie ; Hippolyte , ou le Garçon insensible ; Rodogune, Sémiramis, les Amours de Diane & d'Éndymion , Cresphonte, Arie & Pétus , les Amours d'Ovide , les Amours d'Angélique & de Médor, les Intrigues amoureuses f Léandre & Hero, les Peines & Les plaisirs de l'Amour. On lui attribue encore Théagène , & le Courtisan parsait.
Gilbert a eu le bonheur de choisir quelques sujets heureux; mais l'art de les employer avec goût lui a manqué. Cependant on ne peut nier y sans injullice, qu'il n'ait eu des talens ; ses Tragédies ne sont pas bonnes ; mais à travers les défauts dont elles sont remplies , on y découvre de certaines situations heureuses , & dans toutes une verlifîcation aisée. Ses Comédies ont des endroits payables, & quelquefois un bon ton Comique. Jamais il ne sort de la Nature ; son imagination , sage & réglée , ee produit point de chef-d'ceuvres ; mais elle lui fait éviter ces énormes défauts , qu'on reproche avec raison à ses prédécesseurs ; s'il eût paru de leur tems , peut-être les auroit-il surpassé's ; mais quel rang peuvent tenir ses ouvrages parmi les productions immortelles de Corneille & de Racine i
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GIL GLU
GILLET DE LA TESSONNERIE, né en 162.0, fut Conseiiler à la Cour des Monnoies, Se fit pour le Théâtre Quixaire , Policiite , Francion , le Triomphe des cinq PaJJlons ; l'Art de régner , ou le Sage Gouvernement ; Sigifttiond , le Déniai se, la Mort de Valentinien , 8c le Campagnard. On lui attribue encore Constantin , & Soliman.
Gillet est un des premiers qui ait composé des Pieces de caractère , tirées de son propre fond , sans les emprunter des Espagnols ou des Italiens, suivant l'exemple des Poètes de son tems. On peut, il est vrai, lui reprocher son peu de goût dans le choix des caractères, qu'il a exposés sans beaucoup detinesse. Cependant, il faut convenir qu'on n'a pas rendu alse2 de justice à cet Auteur presque inconnu, & auquel on est redevable d'une conduite plus sage dans l'art dramatique. Dès-lors, on ne prodigua plus les enlevemens & les reconnoilTances ; & si le Public crut encore pouvoir se prêter à ces sortes de ressources , il fallut, pour lui plaire , les présenter d'une façon plus raisonnable, c'est-à-dire, qu'elles fuIrent Comiques par le fond , & par la manière de les traiter. On peut donc dire , à la louange de Gillet, qu'il ouvrit le premier la carrière brillante , que Moliere courrut avec tapt de gloire. Ses Pieces, la plupart Comiques , sont une esquisse encore légere des défauts &des ridicules de la société. Elles sont semées de critiques & de traits de moeurs ; & personne , avant notre Poète , n'avoit si bien peint les coutumes &: les goûts de la Nation.
GIRAUD , ( Antoine ) Lyonnois, le Pasteur fidele.
GIRAUD, ( M. ) Musicien de l'Opéra 5 a composé la Musique de Deucalion & Pyrrha, Se de l'Opéra de société.
GLUCK, ( M. le Chevalier) Musicien Allemand , nouvellement
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GLU GLU
Nouvellement arrivé à Paris, est Auteur de la Mutique d'un Opéra d'Iphigé nie , que M. du Rolley a tiré de la Tragédie de Racine.
Jamais le Public n'a montré plus d'impatience pour une nouveauté ; les repétitions d'Iphigénie ont. été recherchées & suivies avec un empressement extraordinaire ; les Amateurs se diviserent ; &: la. chaleur prématurée des partis sembloit annoncer le renouvellement de la petite guerre musicale , que les Bouffons Italiens exciterent en 1751* Ces Guerres d'opinion peuvent bien avoir quelques côtés ridicules ; mais les effets en sont toujours favorables aux progrès des arts & du goût.
La réputation méritée de M. Gluck étoit bien faite pour justifier les espérances d'une partie du Public , & les craintes d'une autre ; & il est impossible que le nouveau genre de musique théâtrale qu'il se proposoit d'établir, réunît les suffrages des Partisans des divers genres de Musique.
Ce Composteur célèbre , après avoir donné, avec le plus grand succès, un grand nombre d'Opéra sur les différens Théâtres d'Italie , avoit cru s'appercevoir que la forme des Opéra Italiens étoit incompatible avec un intérêt continu , & que la Musique , en sacrifiant tout à l'oreille, s'éloignoit chaque jour , de plus en plus , du véritable objet de toute adtion dramatique. Un Poète Italien , pénétré des mêmes principes, M. Calsabigi, avoit composé , sur une forme nouvelle , des Poëmes sur lesquels M. Gluck avoit fait l'épreuve de ses idées de Musique dramatique. Ces Poëmes sont Alcefle, Orphée , Pâris & Hélene ; ils ont été exécutés sur tous les Théâtres d'Italie , ou, malgré la force de l'habitude &: les oppositions des Amateurs de l'an- cien genre, ils ont enlevé les suffrages du Peuple le plus sensible aux charmes de la Musique. L'Orpliée a eu , le Carnaval dernier, le succès le plus éclatant sur le Théâtre de Naples; 8c au mois d'Août 1774, sur celui de Paris.
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GOD GOL
M. Gluck a senti que la-forme & les accessoires de l'Opéra François étoient favorables à ses vues, & plus propres à produire de grands effets. Il n'a pas cru notre Langue incompatible avec la Musique la plus riche & la plus expressive , & nos oreilles incapables de l'entendre. M. du Rolley a cru trouver dans l' Iphigénie de Racine , une aârion intéressante , rapide &: variée , telle que M. Gluck la demandoit 3 il l'a dépouillée de l'Épisode d'Eriphile ; il a coupé les scènes & les vers de maniere à l'adapter à la Musique , &a mis le dénouement en tableau. Forcé de mutiler les vers du plus harmonieux de nos Poètes, il a laissé à M. Gluck le soin de substituer une autre mélodie à celle qu'il avoit fallu détruire.
GODARD , (Jean) né à Paris en 1564, fut Lieutenant-Général au Bailliage de Ribemont, & a laissé la Franciade , & les Déguisés.
Cet Auteur ne doit point être confondu parmi cette foule de Poètes médiocres, qui inonderent la Scène le siècle dernier. On peut néanmoins lui reprocher d'affeéter une richeise de rimes inutile, & des synonymes surperflus; mais aussi, quelle naïveté dans les Portraits ! quels charmes dans la simplicité de son élocution ! Qu'on lise, sur-tout, ses Chansons & ses Élégies; quel fond de Peintures riantes & de beautés naturelles ! Le printems lui prodigue ses fleurs , pour couvrir le iein de son Amante ; il les cueille , & les place avec soin ; mais il y mêle l'imposture du fard, & le prestige d'une couleur étrangère.
GOISEAU , Auteur d'une Tragédie d' Alexandre»
GoLDONi , ( Charles ) Avocat Vénitien , a donné à la Comédie Françoise , le Bourru bienfaisant ; & à la Comédie Italienne , l'Enfant d'Arlequin perdu 6* retrouvé , les Deux Freres rivaux , les Amours d'Arlequin & de Camille, la Jalousie d'Arlequin , Y Inquiétude
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GOL GOL
de Camille , Arlequin Valet de deux Maîtres , Arlequin héritier ridicule , la Famille en discorde , l'Eventail, le Portrait d'Arlequin., le Rendez-vous Noéturne , l'i/zimillé d' Arlequin b de Scapin , Arlequin complaisant, l' Amitié d'Arlequin & de Scapin ^ Camille Aubergifle , Ailequin dupe vengée , Arlequin philosophe , Arlequin & Camille esclaves en Barbarie , Arlequin Charbonnier , la Bague magique , les Cinq âges dArlequin , YEpou/'e Parisienne ; Pieces reçues & non représentées ; les Deux Italiennes ; l'Efilave généreuse , ou la GénéroJité de Camille ; les Marchands , Scapin jaloux , les. Ruses innocentes de Camille , le. Gondolier auzi d'Arlequin, le Bon & le mauvais génie.
Outre les Pieces qu'on vient de nommer, M. Goldoni a fait imprimer dans un grand nombre de Volumes , un Recueil de Comédies Italiennes , qui ont été jouées dansson Pays. Cet Auteur, qui vit aujourd'hui parmi nous, est né avec un penchant insurmontable, & un génie particulier pour la Poésie dramatique. Il a beaucoup voyagé dans son Pays; ce qui l'a mis à portée de connoitre les mœurs des différentes .Villes d'Italie. Son pere , qui étoit Médecin ambulant, étant mort, il prit, pour subsister le parti du Barreau , & y réussit ; mais entraîné par la violence de son goût, il s'est enfin livré au Théâtre. Il avoit formé le projet de relever la Scène Italienne , tombée dans l'opprobre, & d'introduire le ton de la bonne Comedie parmi ses Compatriotes. Sur ce dessein très-louable, M. Goldoni n'a étudié que deux Livres, le Monde & le Théâtre. Il s'est fait en conséquence des préceptes à sa guise. Il n'observe aucune des unités; il croit avoir trouvé le véritable esprit de la Comédie , & le seul moyen d'y réussir. Ceux qui ne l'adopteront pas , parce qu'il est contraire aux loix d'Aristote & d'Horace, paroissent à notre Poète aussi insensés que des Médecins, qui , dans la fiévre , ne voudroient pas employer le Quinquina, par la seule
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GOM GOM raison qu'Hippocrate & Galien ne l'ont point connu. Il regarde la Comédie comme l'imitation de la vie humaine ; il a raison : il prétend que l'on doit imiter toutes sortes d'actions, introduire toutes sortes de personnages, même les plus bas & les plus vicieux ; peut-être a-t-il tort.
GoMBAULT , ( Jean Ogier de ) Gentilhomme Calviniste , naquit a Saint - Just - de - Lussac, près de Brouage, en Saintonge. Après avoir fait ses études à Bordeaux , il vint vers l'an 1609 à Paris , où son esprit 8c ses talens lui procurerent plusieurs connoiflances utiles. Les vers qu'il fit à la mort de Henri IV, peuvent être comparés à ceux des meilleurs Poètes du tems. La Reine Marie de Médicis , mere de Louis XIII, lui fit une pension de douzecents écus , mais qui fut réduite & mal payée. Le Chancelier Séguier , pour l'aider à subsister , lui en donna une autre sur le Sceau. Gombault fut un des premiers de la petite assemblée des beauxesprits, qui se forma chez Conntrd , & donna lieu à rétablissement de l'Académie Francoise , dont il remplit une place. Sa frugalité l'auroit fait jouir d'une longue vie ; mais un accident malheureux la termina. Un jour qu'il se promenoit dans Ta chambre , le pied lui ayant tourné , il tomba , & se blessa de telle sorte à la hanche 3 qu'il fut obligé de garder presque toujours le lit , depuis ce malheur jusqu'à la fin de sa vie , qui arriva en 1666. Ses Pieces de Théâtre sont 9 Amarante , Aconce b Cydipe , & les Danaïdes.
GOMEZ, ( Magdeleine-Angélique Poisson de ) fille de Paul Poisson , soeur du dernier Comédien de ce nom , & veuve de Dom Gabriel de Gomez, Gentilhomme Espagnol , naquit à Paris en 1684 , & mourut à Saint-Germain-en-Laye en 11771. Outre les Romans qui ont fait la réputation de Madame de Gomez, on connoit encore ses Pieces de Théâ-
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GON GRA
tre , qui sont, Habis , Sémiramis, Cléarque , Marfidi: , & les Épreuves.
On ne peut nier que Madame de Gomez n'ait eu quelque talent pour le genre dramatique ; mais elle choiiisToit mal tes sujets. Sa plume, propre à peindre des passions délicates, étoit peut-être un peu trop foible, pour tracer le caractère des Héros, & inspirer la terreur. On l'admise, lorsqu'avec finesse elle fait arracher un secret par un Confident, & découvrir les mysteres de l'Amour ; mais s'il s'agit de décrire un combat, & de peindre une ame forte, son coloris, vif & riant par-tout ailleurs , s'affoiblit devant ces grands objets. On lui refuse l'art de' conduire bien une intrigue ; mais on lui accorde le mérite de l'exposition. Sa Poésie est aisée & naturelle , mais souvent foible négligée.
GONDOT , ( M. ) Commissaire des Guerres, Secrétaire des Maréchaux de France , des Gardes Fran-
çosses , & de M. le Maréchal de Biron , esi Auteur des Bergers de qualité , des Fêtes des environs de Paris , de la Parodie de Caflor & Pollux , & des Couronnes.
GOSSEC, ( M. ) l'un des Directeurs du Concert Spirituel en 1774, Auteur de la Musiqu^ du Faux Lord, des Pêcheuis , du Double déguisement, de Toinon & Toinette , d'Hylas 6' Sylvie , & de Sabinus. :
GOUGENOT, Dijonois , a donné la Comédie des Comédiens , & la Fidelle tromperie.
GOYSEAU , de Paris, a fait imprimer en 17*3 > une Tragédie d'Alexandre & Darius.
GRAFIGNY , ( Francoise d'Issembourg d'Happoncourt ) naquit à Nancy vers la fin du dernier siècle, d'un Major de la Gendarmerie du Duc de Lorraine, & d'une petite niéce du fameux Callot. Elle fut
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GRA A GRA
mariée, ou plutôt sacrifiée à François Hugot de Grasigny , Chambellan du Duc de Lorraine, homme emporté , avec lequel elle courut plusieurs fois risque de sa vie. Après bien des années d'une patience héroïque , elle en fut séparée juridiquement. Cet époux , indigne d'elle , finit ses jours dans une prison, où l'avoient fait renfermer son caraétère vio- j lent & sa mauvaise conduite. Madame de Grafigny , j libre de ses chaînes , vint à Paris avec Mlle de j Guise , destinée à M. le Maréchal de Richelieu. Elle ] ne prévoyoit pas la réputation qui l'attendoit dans la Capitale. Sa conversation n'annonçoit pas tout ^ son esprit. Les bons Juges de Paris découvrirent bientôt tout ce qu'elle étoit. Plusieurs gens d'esprit, réunis dans une société où elle avoit été admise,
la forcerent de fournir quelque chose pour le Recueil de ces Messieurs ; ce fut une Nouvelle Espagnole , intitulée : le Mauvais exemple produit autant de vertus que de vices. Cette bagatelle essuya des critiques Madame de Grafigny y prépara la meilleure de toutes les réponses ; ses Lettres d'une Péruvienne parurent & eurent le plus grand succès. Le Drame de Cénie est un de ces Romans , qu'on appelle Comédies larmoyantes. Il est écrit avec délicatesse , plein de traits finement rendus , & de choses bien senties. Après Mélanide, c'est la meilleure Piece que nous ayons dans le genre attendriîtànt, c'est-à-dire , dans le second genre. La Fille d'Ariflide , autre Piece dans le genre de Cénie, fut moins applaudie, & méritoit moins de l'être. L'Auteur mourut à Paris en 1758, à soixante-quatre ans. Un jugement solide , un esprit modelle & docile, un cœur sensible & bienfaisant, & un commerce doux , lui avoient fait des amis , long-tems avant qu'elle pensât à se faire des Lecteurs. Quoique modeste , elle avoit cet amour-propre louable , pere de tous les talens ; une critique, une épigramme , lui causoient un véritable chagrin 5 & elle l'avouoit de bonne - foi. L'Académie de Florence se l'étoit associée ; l'Em-
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GRA GRA
-péreur 8c l'Impératrice, qui l'honoroient d'une estime particuliere , lui faisoient souvent des présens. Les Lettres d'une Péruvienne & Cénie ont été traduites en
Italien. L'Auteur du Colporteur prétend que Madame de Grafigny n'est pas l'Auteur de ces deux Ouvrages. (l Elle acheta , dit-il , le premier d'un Ab» bé i &un autre Abbé , « plus généreux , lui donna » le fécond ». C'est une assertion qu'il seroit difficile de prouver. Zilia & Cénie sont deux soeurs qui se ressemblent trop, pour n'avoir pas été enfantées par la même mere. Mde. de Grafigny est encore l'Auteur d'un Drame intitulé Phasa.
GRANDCHAMp , Auteur d'une Tragédie d'Omphale.
GRANDVAL , ( Nicolas Racot) Musicienniste , &: Auteur du Poëme de Cartouche , étoit né à Paris en 1676 , y mourut en 1753- Ses Pieces de Th âtre sont le Quartier d'hyver , le Valet AJlrologue , Persissler , Agathe , le Camp de Porché-Fontaine.
GRANDVAL , ( Charles François ) fils du précédent , & célèbre Comédien , qui débuta en 17x9 au Théâtre François , par le rôle d'Andronic , &: par celui de Mêlicerte , dans Ino & Mélicerte. Il a rempli long-tems les premiers rôles ; & tout le monde a çonnu ses talens supérieurs pour ceux de Petit- Maître du bon ton. Il a quitté le Théâtre, y esi rentré , & l'a enfin quitté tout-à-fait. -
Prince, Ammt , Petit-Maître , on vous voir tour- à-tour. Grandval , des Spedateurs emporter les fuffr?ges;
Vous seul sçavez donner , sous ces trois personnages,
Des leçons de grandeur, de sagesse & d'amour.
M. Grandval a fait des Pieces polissonnes , intitulées: l'Eunuque, ou la Fidéle infidélité ; Agathe , ou la Chasle Princesse ; les Deux Biscuits , Léandre Nanette, Sirov-au-cul* le Tempérament.
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GRA GRE
GRAND VAL , ( Mde. Dupré ) épouse du précédent, fille d'un Horloger de la rue Dauphine , débuta à la Comédie Françoise, par le rôle d'Atalide dans Bajazel, & joua dans les principaux rôles Co^ miques avec les plus grands applaudissemens. Elle quitta le Théâtre en 1760.
Grandval, de plaire toujours sûre ,
Enchante par son seul regard j
Elle doit beaucoup à ton Artj
Mais plus encore à la Nature.
GRANGIER , ( Balthasar ) Conseiller & Aumônier du Roi, f & Abbé de Saint-Barthelemy de Noyon, a co'mposé les Comédies du Paradis, de VEnfer , & du Purgatoire, du Dante, mises en rimes Françoises.
GRAVE , ( M. le Vicomte de ) né à Narbonne, a,
1 donné la Tragédie de Varron.
• GRAVELLE : ( M. l'Evêque de ) l'Amant déguise.
GREBAN. ( Arnoul & Simon ) Ces deux Auteurs étcient de Compiegne , & freres. Arnoul fut Chanoine du Mans , & Simon, Secrétaire du Comte du Maine. Ce sont les premiers qui firent représenter des Mysteres ; celui des Actes de,) Apôtres; parut en 1450.
GRENAILLE , ( François ) sieur de Châteaunieres , né à Uzerche dans le Limosin ? en 1616 , Auteur de la Mort de Crispe , ou l'Innocent malheureux.
GRENET , Maître de Musique de l'Opéra , a fait celle du Triomphe de l'harmonie , d'Apollon Berger d'A dme te.
GRENIER , ( M. ) a eu part à la musique de
J'Aste de Théonis.
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GRE GRE
GRESSET , ( M. Jean-Baptisse-Louis ) né à Amiens , de l'Académie Françoise , & distingué dans le genre dramatique par ses Pieces d'Edouad III, de Sidney , & du Méchant.
On dit que les remords d'avoir travaillé pour le Théâtre, ont fait supprimer à M. G reflet, & livrer aux flammes plusieurs Pieces dont il auroit pu enrichir le recueil de ses OEuvres. On doit présumer qu'elles en étoient dignes , du moins, quant au style ; car je pense qu'il feroit difficile, à ce Poète, de mal verlifier. Il n'en est pas toujours ainsi du plan d'une Piece de Théâtre , de la marche , de l'effet qu'elle doit produire , du choix du sujet & du caractere ; en un mot, de ce qui conflitue le Poëme dramatique en général ; car , dans cette partie , M. Gresset me paroît n'avoir réussi que médiocrement ; il suffit, pour s'en convaincre , de relire ses trois Pieces. Mais dans tous ses ouvrages de Poésie , sa versification ell: naturelle , pleine d'harmonie , fertile en images, riche en épitèrhes, sans toutefois en être surchargée. L'Auteur connoit toute la force des termes, & leur vraie place ; il efl fécond sans être prolixe ; & chez lui, notre Langue a acquis de nouveaux tours, & notre Poésie un nouveau genre.
» GRÉTRY , ( M. ) Auteur de la musique du Huron de Lucile , du Tableau parlant , de Silvain , des Deux Avares, de Zémire 6' AZor , de 1 'Ami de la Maison , de l'Amitié à l'épreuve , du Magnifique , de la Rosiere , de Céphale & Procris, d'Isabelle & Gertrude.
GREviN, (Jacques) né à Clermont en Beau- voisis , en 1Ç38. Il fut Médecin de la Duchefle* die Savoie, & mourut à Turin en 1570.. Ses Pieces de Théâtre qui nous sont restées, font les Esbaïs & Cé(ar : on lui attribue encore la Maubertine.
Le Théâtre de Grevin n'est pas la partie la plus coniidérable de ses Ouvrages. Cet Auteur, s'est
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GRI GUE
exercé dans plus d'un genre ; il a , sur-tout , réussi dans les Poésies galantes ; c'est l'Anacréon de son sîècîe, mais plus propre à chanter les Amours , qu'à peindre les Héros , il a échoué , quand il a voulu chaufser le Cothurne. Sa Tragédie de César esi peu digne de lui ; on y remarque un goût d'antithèses & de jeux de mots détestables, des hyperboles extravagantes & ridicules. Son pinceau n'étoit | pas lui fait pour les grands Tableaux. Ses Comédies i uî font plus d'honneur : bien disférent de ces A u.teurs qui cherchent à surprendre , plutôt qu'à égayer le Spectateur par des intrigues espagnoles & des aventures romanesques , Grevin a peint les mœurs de tous les tems. La Scène de ses Pieces est à la Place Maubert, comme il nous l'apprend dans les Prologues. Pour la conduite , il a suivi pas à pas les Latins ; on ne connoissoit alors rien de mieux ; il a sur-tout saiu le goût de Plaute. On y trouve sa gaieté , sa fécondité d'expression , sa touche comique ; mais on deureroit qu'il eût aussï imité la vivacité de son Dialogue, & qu'il eût eu plus d'égard à l'honnêteté 8c à la décence : on ne peut assez s'étonner , que des Pieces aussi libres aient été
\ jouées dans des Collèges de l'Université.
GRIGNETTE , ( Bénigne ) Avocat , a donné en 1646, une Tragédie intitulée: la Mort de Germanicus.
GRINGOIRE : ( Pierre ) le Jeu du Prince des Sots.
GROSSEPIERRE , ancien Auteur d'une Tragédie cle la Franciade.
GRoucHy , ( Nicolas ) sieur de la Cour, Auteur d'une Piece intitulée Béatitude , &c.
GUERTN, ( Robert) connu au Théâtre sous le nom. de Gros-Guillaume, étoit un ancien Farceur de
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GRO GUÉ
l'Hôtel, de Bourgogne , & avoit été auparavant Boulanger. Il joua pendant cinquante ans. C'étoit un ivrogne , gros , gras & ventru , qui ne venoit sur la scène, que garotté de deux ceintures, l'une au-dessous du nombril, & l'autre auprès de la poitrine , qui le mettoient en tel état, qu'on l'eût pris pour un tonneau. Il ne portoit point de masque , contre l'usage de ce tems-là ; mais il se couvroit le visage de farine ; en sorte que , remuant un peu les lévres, il blanchissoit tout-d'un-coup ceux qui lui parloienr. La gravelle dont il étoit atteint , le venoit quelquefois attaquer si cruellement sur le Théâtre , qu'il en versoit des larmes ; & ces traits de douleurs imprimés sur ion visage , faisoient souvent partie de la Farce. Avec un si cruel mal, il ne laissa cependant pas que de vivre quatre-vingts ans.
GUÉRIN DE BOLISCAL , ( Gug-on ) Languedocien , fils d'un Notaire , fut Avocat au Conseil , mourut en 1657 ,& a laissé la Wort de Brutus , DoinQuichotte , Clcomene , la Suite de Dom-Quichotle , le Fils désavoué , Sancho-Panca , la Mort d'Agis > & l'Amant libéral.
On peut dire que Bouscal avoit du génie , de l'ame , & même de l'esprit ; trois qualités bien. rares dans un même sujet. Guérin n'en possédoit: aucune au suprême degré ; mais aussi étoit-il exempt de l'extravagance ridicule qu'on reproche aux meilleurs Auteurs de son tems. Il n'y a guère que deux ou trois de ses Pieces, où le bon goût soit sacrifié à celui du siècle.
GUÉR lN , ( Nicolas-Armani-Martial ) fils du Comédien Guerin Détriché , & de la veuve de Moliere , né en 1677 , & mort en 1707 , a lait Myrtil & Méliceite > la Psyché de ViLlage, & un Opéra de Mélicerte .
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GUE GUE
GUÉRIN DE FRÉMICOURT , ( M. ) Auteur des
Jumeaux , a eu part aux Enforcelés.
GuERSENS , ( Ch. Julien de ) né à Gisors en 1 s 43 , Avocat au Parlement de Bretagne, ensuite Sénéchal de Rennes, & mort en 1583, a composé une Églogue sous le titre de Bergerie , & plusieurs Pieces qui ont paru sous le nom de Mlle. Neveu , dont il étoit amoureux , entr'autres, celles de Panthée & de Tobie,
GUEULLETTE ( Thomas-Simon ) Avocat au Parlement , Conseiller du Roi, Substitut du Procureur de Sa Majesté. au Chârelet , né à Paris en 1683, mort en 1766 , étoit fils de Thomas Gueullette, mort en 1738 Doyen des Procureurs au Châtelet, à l'âge de quatre-vingt-neuf ans. Il commença ses études chez les Jésuites, & les finit au Collége de la Marche, où il fit de très-bonnes humanités. La vivacité de son esprit , & son penchant pour les Lettres , se développerent dès sa premiere jeunesse. Sans avoir eu, dans la Littérature, une exiltence trèsmarquée , on ne peut lui refuscr, sans injustice , de. le mettre au rang de ceux à qui les Lettres ont eu véritablement quelque obligation. Peu d'Auteurs ont donné plus d'ouvrages au Public , tels que les, Mille & un quart-d'heure, les Sultans de Guzarate , &c. Mais nous ne devons parler ici que de ce qu'il a fait pour le Théâtre , scavoir, les Comédiens par haJàrd, Arlequin Plutan, 'le Trèsor suppose , r Amour Précepteur , 1 'Horoscope accompli. Dans le Théâtre Italien de Louis Riccoboni, il y a plusieurs Pieces Italiennes traduites en François, à côté de l'Italien , par Gueullette , qui possédoit très-bien, & parloit facilement cette derniere Langue. Ces Pieces sont la Vie efl un songe , la Griselde , la Statue di l'honneur, &: beaucoup de canevas de Comédies Italiennes , pareillement traduits , que l'on distribuoit à la porte du Parterre. Gueullette a encore fourni aux freres Parfait, Auteurs de l'Hiltoire
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du Théâtre François , un très-grand nombre d'anecdotes , de matériaux & de faits singuliers , qu'il se proposoit de mettre lui-même en oeuvre , mais dont il crut faire un meilleur usage , en les abandonnanu à Hiflorien de nos Sped:acles.
GUIBERT, ( Madame ) né à Versailles en 1725. Parmi plusieurs petites Pieces de Poéiies diverses a fait imprimer les Drames suivans : la Coquette corrigée , le Rendez-vous , les Filles à marier.
GuiCHARD , (Henri) Contrôleur des Bâtimens du Roi, a fait l'Opéra d'Ulysse & Pénélope.
GUICHARD, ( M. Jean-Baptisse) Auteur des Apprêts de Noces , de l'Amant Statue , du Bûcheront & des Réunions ou le Bon pere de famille.
GUILLEMARD ,(M.) Secrétaire de l'Intendance de Marine en Bretagne , a traduit de l'Anglois Caton d'Utique.
GUIMONT DE LA TOUCHE , ( Claude ) né en 1719 , mort en 1760, étoit fils du Procureur du Roi à Château-Roux. Il a voit été Jésuite pendant quelques années, & s'y étoit nourri des Tragiques Grecs ; ce fut - là la seule vocation qu'il s'y sentit. Il se retira de cet Ordre, le plutôt qu'il lui fut possible. Il n'aimoit point ces Religieux ; il le disoit ; & c'est le premier Ex-Jésuite , à qui j'en aie entendu dire du mal. Dans ce tempslà , c'étoit une imprudence. Son pere l'avoit envoyé à Paris pour y faire son Droit ; il y fit une Tragédie. Son pere le sçut, & lui écrivit, l'Été d'auparavant qu'elle fut jouée , que , si sa Piece réufsiffoit, & marquoit du génie , il aimoit allez la. gloire & les Lettres, pour lui donner le moyen de rester dans la Capitale ; & qu'il lui feroit quinzecents livrres de pension Dans le cas contraire , il lui
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GUI GUY ordonnoit, avec tendresse, de revenir à ChâteauRoux , où il l'établiroit , &c le marieroit.
On a critiqué , & l'on critique encore sa versi5cation. On a peut-être raison à quelques égards; mais l'on ne sçauroit pourtant lui refuser de la force ; & , sans doute, il fut venu à bout, par la suite, de faire des .vers moins durs , & plus corrects. D'ailleurs, quoi qu'on en dise, le style sera toujours la derniere partie du Poëme Dramatique. L'invention & la combinaiion du sujet, le caractère des personnages, &: la chaleur du Dialogue en seront toujours les premieres , & les iignes certains qui marqueront l'homme de génie.
Guis, ( M. Jean-Bapùfle ) né à Marseille, a fait imprimer Abaillard & Heloise , & la Tragédie de Teréc.
GUY DE SAINT-PAUL, Recteur de l'Université de Paris 1 donna en 1574, une Tragédie de Néron.
GUYOT DE MERVILLE , (Michel ) né à Versailles en 1696, est un des Écrivains dont la vie privée est la moins connue. Il ne sortit de son obfcurité , que pour présenter aux Comédiens trois Tragédies, qu'on n'a pas jugé à propos d'insérer dans le Recueil de ses Œuvres. Elles furent rejettées avec dédain. Il en fut indigné ; & ce premier accueil ne s'effaça jamais de la mémoire. Il donna plusieurs Pieces au Théâtre François ; mais ni ses chûtes , ni ses succès, ne purent le reconcilier avec ceux des Aébeurs, dont il croyoit avoir it se plaindre.
Les applaudissemens que le Public donna à quelques-unes de ses Pieces, 3c sur-tout, au Consentement forcé , Comédie en un Aste, qu'on regardera. toujours comme un chef-d'œuvre dans son genre, auroient dû faire cesser toute cette querelle : mais de nouveaux dégoûts l'obligerent de renoncer à ce Théâtte , & de porter ses ouvrages aux Comédiens
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GUY GUY
Italiens. Il y eut encore de grands succès, & de plus grandes tribulations ; car il ne sçut jamais fléchir le genou , ni écarter des concurrens par des intrigues , ni se procurer des succès apparens par des démarches humiliantes. Il avoit pris Moliere pour modèle, tâchant d'imiter, dans son style & dans les pein4 tures des mœurs, la iimplicité de ce grand-homme. Étoit-il surprenant, que , dans ce tiède de l'esprit, Merville trouvât des Contradicteurs ? Il renonça à la Célébrité , quitta sa Patrie , & se livra k son goût pour les voyages, qui, cependant, n'éteignit point en lui celui qu'il avoit pour son art. On trouve , dans la nouvelle Édition de ses OEuvres , des corrections considérables qu'il a. faites dans ses Pieces anciennes , & un Volume entier de Comédies non représentées.
Merville employa les dernieres années de sa vie à visiter l'Italie , l'Allemagne , la Hollande & l'Angleterre; il mourut en 17f5 , près Genève, d'une colique , dont il fut attaqué en route : quelques personnes ont prétendu qu'il s'étoit noyé. Nous avons de lui, outre ! e Consentement forcé } les jHafcarades amoureuscs , les Amans amortis sans le sçavoir , les In-prompu de l'Amour, Achille à Scyros, les Époux réunis , le Dédit inutile , les Dieux travestis , le Romari , l' Apparence trompeuse , les Talens déplacés , le Médecin de V esprit, Achille à Troyes , Manlius-Torquatus , salluste , la Coquette punie , le Jugement téméraire, les Tracasseries , & le Triomphe de l'Amour 6* du Hajard.
HAB HAM
tï ABERT , ( François ) fils d'un Officier , né à IiToudun, de la famille du célebre Montmort, fit, imprimer en 1558, l e Monarque. '■
HAMOCHE, Acteur Forain, après avoir long-
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HAR HAR
tems brillé à l'Opéra-Comique, quitta ce Spectacle y pour débuter à la Comédie Italienne , où il ne fut pas reçu. Il voulut reparoitre sur son Théâtre en 1733 ; & voici de quelle maniere il y fut introduitScaramouche venoit l'annoncer à la Foire personnifiée , & chantoit sur l'air : Nous sommes de L'or.dre , &c.
Harroche vous prie
De le recevoir ;
; II tempête , il crie.
Voulez-vous le voir ?
L A F O I R E.
C'est ici son centre ,
Qu'il entre , qu'il entre , &c.
A ces mots, Hamoche parut 3 & la Foire, après l'avoir embrassé , le reçut comme auparavant. Le Public ne fut pas si indulgent que la Foire , & ne voulut point reconnoître en lui cet aimable Pierrot, qui avoit fait si long-tems ses plailirs, mais seulement Hamoche rebuté à la Comédie Italienne. Cet
Acbeur , piqué du peu d'empressement qu'on témoignoit à le voir, se retira.
HARDUYN ou HAUDOIN , dit Saint-Jacques étoit un Farceur , qui succéda aux'Turlupins & à Gau.. thier-Garguille , à l'Hôtel de Bourgogne. Il conrrefaisoit parfaitement les Médecins & les Apothicaires, ayant été l'un &: l'autre. Il mourut à Paris en 1648 , âgé d'environ cinquante ans. On dit qu'ayant quitté le Théâtre , il redevint Médecin à Melun , & abandonna encore cette profession pour le Théâtre.
HARDY , ( Alexandre ) a été le Poète dramatique le plus fécond qui ait jamais paru , s'il est vrai que ses Pieces excedent le nombre de sept-cents. Il suivoit une Troupe de Comédiens , à laquelle il fournissoit toutes les Pieces qu'elle vouloit jouer. Quand il en falloit une, elle étoit prête au boue de huit
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huit jours ; & le fertile Hardy suffisoit à tous les besoins de son Théâtre. Dans l'ingénieux badinage de la Guerre des Auteurs, qui, pour le dire en passant, a servi de modele au Temple du Goût, Guéret dit de Hardy. « Il étoit venu dans un siècle où l'on >à ne se piquoit pas beaucoup d'entendre la Poèti» que d'Aristote. On ne trouvoit point à dire qu'un » même personnage vieillît de quarante ans, en vingt» quatre heures ; que sa barbe & ses cheveux blan» chiflent dans l'intervalle de deux Aétes. Il pou» voit, entre deux Soleils, paiTer de Rome à Paris ;
& c'étoit faire une Comédie, que de mettre une
» vie de Plutarque en vers ».
Alexandre Hardy , né à Paris , a commencé à travailler pour le Théâtre en 1601 , & esi mort en 1630. Le Poète Théophile , faisant allusion à la fécondité de notre Auteur, a dit :
Hardy , dont le plus grand volume
N'a jamais sçu tarir la plume, j Poulie un torrent de tant de vers,
Que l'on diroit que l'Hypocrêne
Ne tient tous ses vaisseaux ouverts,
Que lorsqu'il y remplit sa veine.
Les Pieces que le Poète Hardy a laissées après sa mort, n'ont pas été toutes imprimées. Celles que nous connoissons de lui, ou qu'on lui attribue, sont Théagène & Chariclée , Didon , Méalagre , Panthée , Scedaçe , Procris , Alcefle , Alphêe , Ariane raVie % Achille f Coriolan , Arsacome , Cornélie , Alcée , Mariamne , le RaviJJement de Proserpine , la Force du fang , la Gigantomachie, DoriJ'e , Felismène, Corine, la Belle Egyptienne 9 Elmire, Thimoclée , Alcméon, l'A. mour viélorieux , la Mort de Daire , AriflocJée , Frédegonde , Gesippe , Phraate , le Triomphe d'Amour, Alexandre , Lucrèce ou l'Adultère , Alcmène, la Bigamie 9 Cynthie > la Folie de Clidamant, la Folie d'lsabelle 9 Turlupin, le Frere indiscret, l'Indceste supposé , le Juge»
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HAR HAR
ment d'Amour , Lidère , Osmin , Pandojle , Par- thènie.
Telles sont les Pieces de Hardy, dont plusieurs sont venues jusqu'à nous. Il en avoit composé bien d'autres que nous n'avons pas ; & parmi celles qui nous ressent, il n'en est point qu'on puisse lire d'un bout à l'autre sans dégoût ; mais dans presque toutes , 011 trouve des morceaux qui font plaiiir. Mariamne est sans contredit la meilleure. Les caracteres en sont bien soutenus, les situations sont intéreflantes & naissent du sujet. On est étonné de trouver une Piece si réguliere , faite par un Auteur qui ne suit ordinairement aucune regle, &: qui choque toute vraisemblance. Hardy a tous les défauts de son tems. La plupart de ses Pieces sont monstrueuses pour la conduite j quelques-unes sont grosfieres & indécentes. Le Poète a affetté de répandre' beaucoup de morale dans ses ouvrages. Il y regne un ton sententieux ; &: ses personnages, dans les situations les plus vives , ne sont souvent que de froids raisonneurs. Son Dialogue est rapide & pressé. Il aime ces contestations , où chaque Acteur ne dit qu'un ou deux vers, & qui sont si brilJantes dans Corneille. Il a des scènes filées avec b.eauconp d'art, où l'intérêt est bien gradué. Son imagination efi: peu fertile ; les mêmes situations se trouvent répétées dans la plupart de ses Pieces. Ses vers sont durs, ampoulés. Le style des Pastorales l'emporte sur celui des Tragédies ; mais son plus grand défaut est d'être froid. On ne remarque point çhez lui ces traits de feu, qui percent les ténebres de l'ignorance & de la Barbarie. Dans un siècle plus éclairé, Hardy eût été , sans doute , un Poète plus corrett, plus régulier, mais jamais un grand Poète.
HARNY DE GUERVILLE, (Af.) a fait seul , ou en société , les Amours de B aflien 6' de Baflierne ,
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HAU HAU
les Ensorcelés ,, le Prix des tale ris , le Petit-Maître en Province , la Sybille , l'Esprit du Jour, le Bal inpromptu , les Nouveaux Calotins , Georget & Georgette.
HAUTEMER, ( le sieur Farin de ) né à Rouen , ci-devant Acheur de l'Opéra-Comique, a donné le Dofteur d'Amour , Arlequin gourré, les Filets de VulCain , les BouUvards,, l'ln-promptu des Halles , la. Maison à deux portes, le Troc.
HAUTEROCHE, ( Noël le Breton, sieur de ) Acteur & Poète dramatique , est mort à Paris en 11707 , âgé de quatre-vingt-dix ans.. Il se distingua dans les rôles Comiques , & a laissé les Pieces suivantes : l'Amant qui ne flatte point, le Souper mal, apprêté , le Deuil, les Apparences trompeuses , Cri/pin. Musicien , Crispin Médecin , les Nobles de Province , le Cocher suppose \ la Dame invisible , ou l' EspritFollet ; le Feint Polonois , les Bourgeoises de qualité, les Nouvellistes , la Bassette.
La plupart de ces Pieces ont eu du succès dans le tems ; plusieurs même sont restées au Théâtre. On y remarque un grand fond de plai[a,nterie , & une connoissance réfléchie des regles dramatiques. Le grand comique des unes, l'heureuse ordonnance des autres , est ce qui caraftérise principalement le génie d'Hauteroche ; car il ne faut chercher dans cet Auteur, ni détails de mœurs, ni aucun des caractères propres à les corriger. Un plan sagement construit, soutenu par une marche réguliere, une intrigue bien conduite , agréablement dialoguée, des scènes coupées avec art , variées par divers jncidens , un dénouement heureux pour l'ordinaire, une versification aisée, une prose naturelle , des expressions convenables au caractère des personnages, des sentimens proportionnés à leur condition : voilà ce que présentent ses meilleurs ouvrages. Il excelle sur-tout dans ses rôles de Valet ; il se plait à multiplier leurs embarras, à lesietter dans des
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HAY HEN labyrinthes, d'où ils semblent ne devoir jamais sortir, pour les en tirer adroitement, lorsque tout paroît désespéré. La surprise alors est aussi agréable, que le nœud de l'intrigue avoit causé d'inquiétude. Si l'Auteur attaque des ridicules, ce qui est rare dans des Pieces purement d'intrigue , c'est principalement sur les mœurs bourgeoises, & sur les personnes mariées, que tombe sa critique ; aussi son Comique n'a-t-il rien de noble, ni d'élevé. C'est un genre mitoyen, qui dégénere quelquefois en pure farce , comme dans Crirpin Médecin. C'est pourtant, avec {'Esprit-Follet 8c le Deuil, celle de toutes les Pieces d'Hauteroche , qu'on revoit le plus souvent au Théâtre.
HAYS , (Jean) naquit au Pont-de-l'Arche, & fut Conseiller & Avocat du Roi au Siège Présidial de Rouen. Il donna, en 1597, une Tragédie de Cammate , & ensuite la Bergerie d'Amarille.
HEINS , ( Pierre) Auteur en 1596 , du Miroir des Veuves , Tragédie sacrée d'Holopherne 6» de Judith 9 & Jokabed, Miroir. des vraies meres 1 Tragi-Comédie de l'enfance de Moyse.
HENAULT , ( Charles-Jezn-François ) de l'Académie Françoise , Président-Honoraire , Surintendant de la Maison de Madame la Dauphine, naquit à Paris en 1685. L'ouvrage qui a le plus contribué à sa réputation , est son Abrégé chronologique de l'Histoire de France. Nous nous souvemons d'avoir entendu attribuer au Président Henault , une Tragédie de Fuzelier , intitulée Cornélie ; & une autre > - qui n'est pas sans mérite, intitulée Marius , dont le véritable Auteur étoit Mr. de Caux , de qui nous avons aussi une Tragédie de Lisimachus. Toute la bonne volonté d'un Protecteur n'empêche pas que de pareils bruits ne s'accréditent : ce qui laisse encore dans l'indécision, s'il est plus avantageux que
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HER HEU
nuisible aux gens de Lettres , de se mettre , en quelque sorte , sous la tutelle d'un homme qui leucf dérobe , sans le vouloir , une partie de leur réputation. Il est bien vrai que Fuzelier a voit quelquefois travaillé en société avec le Président He- f nault. Il passe du moins pour centrant, qu'ils avoient fait ensemble , &. avec Moncrif, une petite Comés die , intitulée l'Oracle de Delphes ; mais ces travaux, en société ont, à-peu-près, les mêmes inconvé-, niens ; ce qu'il y a de meilleur dans de pareils ouvrages , ne manque jamais d'être attribué à l'homme Y du monde; & l'homme de Lettres est toujours coupable de ce qui a paru le plus mauvais..Nous avons?: du Président Hénault , le Réveil d'Épiménide , les Chimères , & une Tragédie de François 11 ; c'eit moins une véritable Tragédie, que des faits Hiitoriques, mis en Dialogue. Ce genre d'ouvrage seroit peut-être très-convenable à imiter dans les Coll¿ges , où l'on est dans l'usage de donner des représensations dramatiques. On feroit tourner ces Jeux au profit de l'instruction. La plupart des jeunes gens ,. rebutés de l'étude de l'Histoire, par la sécheresse avec laquelle nos Annales sont écrites, pourvoient en apprendre ainsi les principaux évènemens.
Herbain ., ( le Chevalier d' ) Chevalier de SaintLouis , mort depuis quelques années, a composé la Musique du Ballet de Célime , & d'un Opéra, Ita< lien , donné en Corse pour Ja naissance de M. le Duc de Bourgogne; - 7
HERSEINT , ( Charles ) Chancelier de la Cathédrale de Metz , Auteur de dèux Dramçs intitulés , Pajlorale Sainte
HEUDON , ( Jean ) né à Paris, Auteur de Pyr« rhus, & de Saint-Cloud.
HOUBRON : ( M. ) le Double déguisement.
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HUA HUI
HuÀu, ( labile. ) Actrice de la Haye, y a donné le Caprice dè l'Amour.
HUBERT ( André ) Acteur François, mort en 17.... Il étOit l'original de plusieurs rôles qu'il re-? présentoit dans les Pieces de Moliere ; & comme il étoit- éritré dans le sens de ce fameux Auteur, par qui il avôit été 'ihstruit, il y réussissoit parfaitement. Jamais Acteur n'a porte si loin les rôles d'homme en femme. Celui qu'il représentoit dans les Femmes Sçavàntes , Mde. Jourdain , dans le Bourgeois Gentilhomme, & Mde. Jobin , dans la Devineresse, lui ont attiré/ l'applaudissement de tout Paris. Il sJest fait auh- admirer dans le rôle du Vicomte de l'inconhu, ainsi que dans ceux des Médecins, & des Marquis ridicidesi Les rôles de femme , que Hubert jouoit, furent donnés à Mlle. Beau val.
Hus , ( Madame ) mere de l'Actrice de ce nom , a débuté à là Comédie Françoise , pour les rôles de Caraétère, & n'a pas été reçùe. Elle a .donné aux Italiens une Comédie intitulée : Plutus rival de l'Amour , dont M. de Caux a fait les Couplets.
Hus, (Mlle. ) Actrice de la Comédie Françoise, a débuté en 175 l, par le rôle de Zaïre , par celui d'Hermione dans Andromaque j & d'Agathe dans \ Ecole des Femmes. .
Jeune Aftrice 3 à qui Melpomene *
Sous la figure de Clairon ,
De l'Art d'attendrir sur la scène ,
Donna la premiere leçon
Poursuis ta carrière nouvelle.
J'ai vu tes yeux ; ils sçauront tout charmer.
Pour y prétendre , il suffit d'être Belle ;
Mais sois plus digne encor de ton modèle :
C'est à la gloire à t'enflainiuer -
Tes talens seuls te rendront immortelle.
HUISSIER DES EssARTS , a composé en 1707 le Retour de Campagne.
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JAC JOD
X Ac QUEL IN : Soliman , OU l'Estcave gènêreuse.
JAQUET , ( Mlle. ) ancienne Actrice de l'Opéra , aujourd'hui retirée à Aix en Provence.
Jaquet, par son air de gaieté,
Animeroit le plus farouche ;
Le plaisir & la volupté
Brillent en ses yeux , sur sa bouche.
JÉLIOTE , ( le Sr. Pierre ) né dans le Béarn, a été , sans contredit , la plus parfaite Haute-contre qui ait jamais chanté sur le Théâtre de l'Opéra ; & personne n'a poussé au sri j loin que lui , le talent & le goût du chant. Son action répondoit à la beauté de sa voix ; & sa réputation a égalé l'une & l'autre. On croyoit n'avoir point été à l'Opéra , quand on n'avoit point entendu Jéliote. Il a quitté le Théâtre en 1755. Il avoit fait, pour les Petits Appartemens , la musique de Zélifca , Piece de la Noue.
Au Dieu du Chant élevons une Trophée.
J éliote fait aujourd'hui ,
Par ses talens, ce que faisoit Orphée ; «
Il fait tout courir après lui.
JOBÉ : le Bateau de Bouille.
JOBERT, Auteur de la Tragédie de Balle
Reine des Sarmates.
JODELLE, ( Etienne ) fleur du Limodin , étoitné à Paris , & peut être envisagé comme l'Eschyle François. Il eut même , dans son siècle , les succès
& la réputation de Sophocle, tant il est vrai, que
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JOD JOD
dans un siècle d'ignorance , une telle réputation ne prouve rien. Jodelle, cependant, mérita la sienne à quelques égaras : il fut le premier qui essaya de ressusciter l'ancienne Tragédie. Jusqu'alors , on ne connoissoit en France d'autres Spectacles, que les Mystères , ces pieuses & indécentes représentations de ce 'que la Religion offre de plus respectable. Jodelle rendit l'art Dramatique à sa premieie destination. Il ne put suivre que de fort loin les grands modèles de l'antiquité ; mais c'étoit déja beaucoup , que d'oser les prendre pour guides. Ce Poète eut pour Protecteur les Rois Henri 11 & Charles 1 X ; &, pour amis , ce qu'il y eut de plus grand après les Rois. Il n'est pas inutile d'observer qu'un Archevêque , célèbre par ses talens & ses lumieres , faisoit représenter , à grands frais , dans son Palais Episcopal , les Tragédies de Jodelle. Je doute qu'on y représentât ses Comédies , où les obscénités sont aussi fréquentes, que les licences Poëtiques. On sçait que l'Auteur lui-même n'étoit guères plus régulier dans ses mœurs, que dans sa Poésie. Il ne se contraignoit en aucun sens ; mais il ne doit être ici question que du Poète. Celui-ci se livra , sans réserve , à la malheureuse facilité qu'il eut de rimer. C'est bien méconnoître le plus difficile de tous les arts , que de le traiter ainsi : mais, pour l'ordinaire^ l'art est vengé aux dépens de l'Auteur. Il en est peu , néanmoins, qui, de leur vivant, aient joui de plus d'honneurs que Jodelle. Il étoit le chef de la Pleïade ; on nommoit ainsi l'assemblage des sept plus fameux Poètes de son tems. Ce fut même à lui que les autres immolerent un Bouc dans un de leurs Banquets : hommage qui pensa coûter cher & à celui qui l'avoit reçu , & à ceux qui avoient osé l'offrir. Jodelle , au surplus, ne borna point ses talens à la seule Poésie : il étoit, en même tems, Architecte , Sculpteur , Peintre & Militaire. Tous ces titres , & la bienveillance des Rois > ne l'empêchèrent pas de
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JOD- JOD mourir pauvre. C'est ce qu'on peut voir par un Sonnet qu'il composa , étant presque à l'agonie , & qu'il adresse à Charles 1 X. Il s'y compare au Philosophe Anaxagore, que Périclès aimoit, & cependant secouroit mal. Anaxagore , preisé par l'indigence , prend le parti de se laitier périr. Périclès en est instruit ; il accourt > se répand en regrets, & prodigue les offres.
L'autre tout résolu lui dit ( ce toi, Sire,
Délaissé , demi-mort, presque je puis bien dire )
Qui se fert de la lampe , au moins de l'huile y met.
Jodelle n'en étoit cependant point réduit à cette extrémité. Il entre plus d'humeur dans ses plaintes, que de besoin réel. On a vu, dans presque tous les tems, des gens de Lettrés s'avilir par des Peintures outrées de leur indigence. Quel en a été le fruit ? Le mépris du vulgaire, & même de quelques Grands qui peuvent très-bien figurer dans cette Claire.
Jodelle étoit fort jeune , quand il fit sa premiere Tragédie. Sa Cléopâtre trouva d'abord des Partisans ; mais les personnes sensées , les gens de goût en rendirent un témoignage peu avantageux ; & leur jugement à été celui de la postérité. Henri 11 fut si content de la représentation de cette Tragédie , au'il fit compter à l'Auteur cinq-cents écus de son épargne , & le combla, par la suite , de bienfaits. Outre les Pieces de Théâtre , qui sont Cléopâtre, la Tragédie de Didon se sacrifiant, & les Comédies d'Eugène ou la Rencontre , & la Mascarade , Jodelle s'est encore attaché à célébrer , dans ses vers, quelques événemens du regne de Henri II. Il a aussi fait une Ode sur la Chaire y ez d'autres ouvrages ensevelis dans l'oubli. Ce peu de succès de sa derriere Piece de Théâtre , le dégoûta de travailler pour le Public. Persuadé que ceux qu'il appelle
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. JOD JOL
ses ennemis, en prendroient droit pour le rendrt méprisable. Il adressa à ses amis une longue Epitre en prose, dans laquelle il se plaignoit , avec amertume , du soulèvement qu'il prétendoit avoir été excité contre lui par un grand nombre de personnes qu'il accusoit de jaloulie, d'envie & d'injuflice ; excuse ordinaire des mauvais Poètes.
Jodelle eut le mérite de sentir le premier en France., ce que valoient les Anciens. Il eut le courage de vouloir suivre leurs traces , & l'honneur de faire quelques pas dans la même carrière. C'étoit beaucoup alors ; il eut même une sorte d'élévation dans le génie ; mais la Langue se refusoit à ses idées. On peut le comparer à un habile Architecte, qui n'auroit que de la vase & des cailloux pour construire un Palais. Peut-être aussi ne tira-t-il point de la I.angue ce qu'il en pouvoit tirer ; il en connut mieux l'impuissance , que les ressources. Il y eut de son tems des Versifiçateurs moins barbares : tels furent, en particulier, Melin de Saint-Gelais & Bertaut ; mais nul de ses Contemporains, nul de ses premiers successeurs , n'entrevirent, au même degré que lui , la vraie marche du Poëme Dramatique. Il ne lui manqua , enfin , qu'une Langue. Un siècle plus tard, Jodelle eût peut-être été un grand-homme.
JOFFRIN ,( Claude ) Acteur du Marais , & ensuitè de l'Hôtel de Bourgogne, où il jouoit, sous le nom de Jodelet, les rôles de Valet, Niais & Naïfs en apparence , mais spirituels. Il mourut en 1660» L'excellence de son jeu a engagé les Poètes du tems, à composer plusieurs Pieces, sous le nom qu'il avoit adopté au Théâtre.
JOLIVEAU , {M. ) ci-devant Secrétaire de l'Académie Royale de Musique , & aujourd'hui un des Directeurs de ce Spettacle , est Auteur des paroles de l'Opéra de Polixène , & de celles du Prix de LA valeur.
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JOL ^ JUN
JoLLY , ( Antoine- Fraincois ) né à Paris en 1671, & mort en 1753, dans la même Ville, est Auteur des paroles de l'Opéra (le Méléagre , & de quatre Comédies , sçavoir , l'Ecole des Amans , la Vengeance de L'Amour, l'Amante capricieuse, & la Femme jalouse.
JouRDAN ? ( Jean-Baptijle ) né à Marseille , est Auteur de quelques Romans, & de Y École des Prudes.
JOURNET , ( Françoise ) de Lyon, joua avec succès à l'Opéra dans les premiers rôles , & mourut à Paris en 172.1. *
JOUVENOT , ( Louifc ) a joué les rôles de Confidente à la Comédie Françoise , s'est retirée avec la pension, est morte à Paris en 176z.
ISABELLE y nom de Théâtre d'une fille de Dominique , Aétrice de la Comédie Italienne, qui épousa M. de Turgis , Officier aux Gardes.
Iso , ( M. ) Auteur de la Musique de Phaétufe , de Z émire , & de quelques Fragmens.
JUNKER , ( M. ) a publié conjointement avec M. Liébault , plusieurs Volumes d'une Traduction Françoise de Drames Allemands, dont ils se proposent de donner la suite. Ces Pieces sont Miss Sara Samp.son , Tragédie. Bourgeoise de' Lessing ; les Juifs, Comédie du même ; une Pastorale , l 'Ef:. prit fort, de Lessing ; le Billet de Loterie , du même; le Trésor , de Gellert..
JUNQUIERES , ( M. de! ) de Senlis, a donné le Guy de Chêne. Il est le fils de l'Auteur du Télémaque Jravejli, Se du Caquet Bon-bec.
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KOH KO H
K OHAULT , Musicien du Prince de Conti, a composé les Ariettes du Serrurier 1 de la Bergere des Alpes , de Sophie ou le M / i age caché , & de la Closiere. +
t] LA B I , LA B
JLj A BARRE, Auteur de Cléonidt.
LA BARRE , (Afichel de ) jouoit parfaitement de la Flûte traversiere , & a fait la Mulique du Triomphe des Arts, & de la Vénitienne. Il étoit de Paris , & est mort en 1743.
LA BATTE , ( Mlle. ) Danseuse de l'Opéra > sur laquelle on a fait ce Quatrain.,
k La Batte > ta danse légere ,
Jointe à mille autres agrémens ,
A mis sous tes loix plus d'Amans ,
Qu'on n'en vit jamais à Cythère.
LA BATTE , ancienne Astrice de la Comédie Françoise , pour les rôles de Princesse & d'Amoureuse, a débuté en 1711, a quitté le Théâtre avec la pension de 1000 livres , & est morte depuis plusieurs années. /
LA BAUME , (l'Abbé Jacques-François des Dossat de ) Chanoine d'Avignon > de l'Académie des Arcades de Rome , mort en 175 ... Auteur d'un Poëme Épique eh prose , intitulé la Chrifliade , & d'une espeée de Pastorale allégorique aussi en prose 1 sous
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LAB LAB
le titre de l'Arcadie. moderne. Il avoit travaillé au Courrier d'Avignon, Gazette très-hardie.
LABE , ( Louise Charly ) que sa beauté & la profession de son mari, riche Négociant en cables & en cordes , ont fait appeller la Belle Cordiere , naquit à Lyon en 1 5 2.6, & mourut dans la même Ville, à l'âge de quarante ans. Elle suivit un de ses Amans au Siège de Perpignan, où elle montra. de la valeur. Tout étoit en elle au même degré ; Fesprit , la beauté , la science , les graces & la politesse : sa maison étoit le rendez-vous de tout ce qu'il y avoit à Lyon de personnes de distindbion , de sçavans , & de gens d'esprit ; c'étoit une espece d'Académie, où chacun trouvoit à s'amuser & à s'instruire. La conversation, le chant, les instrumens, la lecture, tout étoit employé par la Muse qui y présidoit, & qui y excelloit. La galanterie n'étoit point exclue de ce dosse & agréable Lycée ; & la Belle Louise , qui ne vouloit pas que rien manquât à la satisfaéfcion générale , ne sçut, dit-on , jamais refuser ses faveurs à ceux qui parurent les desirer ; non que toutes sortes de personnes y eussent part ; il falloit être ou hommes de condition, ou hommes Lettrés; & même ceux-ci étoient toujours préférés aux premiers. Dans la concurrence d'un scavant ou d'un homme de qualité, dit un Historien : « Elle faisoit courtoisie à l'un , plutôt gratis , qu'j. l'autre pour grand nombre d'écus ». C'étoit la ,: Lèontium ou la Ninon de son siècle ; ce que Louise) dit d'elle-même, pouvoit convenir à toutes les trois.
Le tems met fin aux hautes Pyramides ; Le tems met fin aux Fontaines humides J Il ne pardonne aux braves Colisées;
Il met à fin les Villes plus prisées ;
Finir aussi il a accoutumé
Le feu d'Amour , tant soit- il allumé. Mais las ! en moi il semble qu'il augmente Avec le -tems » & que plus me tourments,
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Dans les OEuvres de la Belle Cordiere, imprimées à Lyon en 1555 , & réimprimées dans la même Ville en 1762 , on trouve une Piece trèsingéniëuse , la meilleure de toutes, intitulée Débat de Folie & d'Amour.
LABEDOYERE , ( M. Marguerite-Hugues-CharlesMarie Huchet de) fils du Procureur Général du Parlement de Rennes, a composé Y Indolente.
LA BORDE , (M. de ) ci-devant Valet-de-chambre du Roi, né à Paris, a fait la Musique de Gilles, garçon Peintre ; des Bons amis, d'Annette & Lubin f d'ismene & lsménias, d'Alix 6* Alexis,, du Dormeur éveillé ,. de Thétis & Pélée , de Zénis 6* Almatis , d'Amphion, de la Cinquantaine, d'Amadis, d'Adèle de Ponthieu , de Y Aneau perdu & retrouvé , de la Meuniere de Gentilly , des Amours de Gonesse , du Chat perdu, du Revenant , de la Mandragore , du Coup de fusil , de la Chercheuse d'esprit, de Fanny , de Candide , du Rossignol > de Colette 6' Mathiti-in , du Billet de Mariage , 'de Jeannot & Colin, & du Projet.
LA BORDE MONTIBERT , Soldat dans la Colonelle du Régiment de Rohan , a fait , en société avec' le neveu de la Motte Houdard , l'Amant généreux.
LA BROSSE a donné en 1591, une Traduéfcion de l ' Amynte Tasse.
LABRUERE , ( Charles Antoine le Clerc de) étoit, dit-on , des environs de Senlis. Ses Essais pôur le Théâtre furent suivis de l'Hifloire de Charlemagne. Il eut le Privilège du Mercure avec Fuzelier. Il accompagna M. le Duc de Nivernois dans son Ambassade de Rome , mourut en 17 54, chargé des Affaires de France dans cette Cour , à l'âge de trente-neuf ans. Ses ouvrages dramatiques sont
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les Mécontens , les Voyages de l'Amour t Darda anus , le Prince de Noisy, &: Erigone.
On doit présumer que Labruere étudia son génie & le genre qui lui étoit propre. Sa petite Comédie des Mécontens , quoique bien écrite, paroit lui avoir ôté le dessein d'en faire d'autres. Il sentit que la morale de Thalie devoit être débitée par les Ris ; qu'elle devoit instruire ; mais, sur-tout, amuser ; & on voit qu'il étoit né sérieux. Le genre lyrique parut lui offrir plus de facilité ; du moins, il s'y livra plus constamment, & y réussit mieux. Une Poésie délicate & naturelle , caractérise tous ses Opéra. Il a sçu être énergique sans être dur, & ingénieux sans s'écarter de l'expression du senti-, ment.
LA CALPRENEDE , ( Gauthier de Cosses de ) Gentilhomme ordinaire de la Chambre du Roi, né dans le Diocèse de Cahors, vint à Paris en 1631, & plut à la Cour par la gaieté de son caractère y & l'enjouement de son esprit. Il contoit plaisamment j & la Reine , l'ayant entendu , lui accorda une pension. Il composa le Roman de Silvandre; de l'argent qu'il en tira, il se fit faire un habit ; & lorsqu'on lui demandoit le nom de l'étoffe , il répondoit : « C'est du Silvandre ». La Calprenede fut Officier dans les Gardes Françoises , & mourut au Grand-Andely-sur-Seine , en 166j. Outre Silvandre , il avoit encore fait les Romans de Cassandre , de Cléopâtre , & de Pharainoitd. On dit que le Grand Condé se plaisoit à lui fournir des Épisodes. Ses Tragédie sont la Mort de Mithridate , Bradamante, . le Comte d'Essex , la Mort des enf ans de Brute , Clariente ; Jeanne , Reine d'Angleterre ; la Suite de Mariarnne, Phalente , Herménégilde , BéliJàire, Edouard.
Le Cardinal de Richelieu , ayant eu la patience d'entendre lire une de ces Pieces, dit qu'elle
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n'étoit pas mauvaise , mais que les vers en étoient lâches: « Comment lâches! s'écria le rimeur Gascon ; « Cadédis il n'y a rien de lâche dans la maison de
La Calprenecle ».
Cet Auteur s'est plus acquis de réputation par ses Romans, que par ses ouvrages Dramatiques ; & quoique Boiieau ait dit :
^ Tout est humeur Gasconne en un Auteur Gascon ; v j Caiprenede Se Juba parlent du même ton. j
Son Romande Cléopâtre est encore un desmeilleurs, assurement, que nous ayons. Heureux , s'il se fût borné à ce genre , pour lequel il sembloit né ! Tous ses personnages, dans ses Pieces de Théâtre , se ressentent de ce goût romanesque. Il leur met dans la bouche plus de pointes que de sentiment.
Cependaht son Comte d'Essex , le chef-d'œuvre de. ses Tragédies, a quelque mérite ; & Boyer n'a pas rougi, non - seulement de l'imiter dans sa Piece du même titre , mais de copier entièrement une grande partie de ses vers.
LA CAZE > Auteur de l'Inceste spposè, & de Cammane , est mort vers le milieu du dernier siècle.
LA CHAPELLE , ( Jean de ) né à Bourges en 1655 , d'une famille noble , fut Secrétaire dee Commandemens du. Prince de Conti. Louis XIV, instruit de sont talent pour les araires 3 l'employa quelque tems en Suisse , où il ne tarda pas à faire connoître ses dispositions pour la politique & les intérêts des Princes , sur lesquels il a composé plulieurs Lettres. Il fut reçu à l'Académie Françoise, & mourut âgé de soixante-huit ans. On a de lui les Tragédies de Zaïde , de CLéopâtre , de Téléphonte, à'Ajax , dans lesquelles il faisoit toujours Ï des scènes brillantes pour Baron. Cet Auteur fut un
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un de ceux qui tâcherent d'imiter Racine ; « car « Racine , dit un homme d'esprit, forma, sans le » vouloir, une École , comme les grands Peintres; » mais ce fut un Raphaël, qui ne tit point de Jules» Romain ,). Les Pieces de la Chapelle, fort audessous de leur modèle, eurent pourtant quelques succès, ainli que sa petite Comédie des Carrosses d'Orléans.
LA CHAPELLE, ( la Sœur de) Religieuse, a. fait imprimer à Autun l'illuflre philosophe, ou l'histaire de Sainte - Catherine d'Alexandrie , Tragédie.
LA CHASSAIGNE , ( M. de ) du Languedoc, a. fait seul ou en société, les François au Port-Mahon> & le Calendrier des Vieillards.
LA CHAUSSÉE, {Pierre-Claude Nivelle de) naquit à Paris en 1691, d'une famille qui s'étoit enrichie dans la Finance. Il fit ses premieres Classes au Collège des Jésuites de Louis-le-Grand ; la Rhétorique & la Philosophie au Plessis. Né dans le sein de la fortune , il eut le courage de se livrer à l'amour de l'étude. La Motte ayant fait paroître son systême de la Poésie en Prose, la Chaussée donna son EpÍtre à Clio. Animé par le succès de ce petit Poëme, il se livra au Théâtre. Les lauriers qu'il y cueillit, lui méritèrent une place à l'Académie Françoise, où il fut reçu en 17 36. Son discours de remerciement, moitié prose , moitié vers , fut applaudi. Cet Académicien mourut en 1754, âgé de soixante-deux ans. Les Pieces que nous avons de lui sont la Fausse antipathie , la Critique , le Préjugé à la mode , l'Ecole des amis, Maximien , Mélanide , Amour pour Amour , Pamela, l' École des meres, le Rival de lui-même , la Gouvernante, l' Amour Caslillan , l' École de- la jeunejje , l' Homme de fortune , la Rancune ocie use , le Retour imprévu, le Vieillard
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LA C LA C amoureux , les Tyrinthiens , la Princesse de Sidon , & le Rapatriage.
Si les Auteurs se peignent dans leurs écrits, la Chaussée devoit être un homme aimable , & un honnête-homme. Quant à son mérite dramatique, ce Poète a de la raison , de la noblesse , du sen, timent & du pathétique. Il s'est exercé avec succès dans un genre qu'on avoit perdu de vue , mais dont il n'est pas l'inventeur. Je mettrois à la tête de ses Comédies l'Ecole des meres ; & le premier de ses Drames romanesques seroit, à mon goût, Mélanide. Maximien a des beautés, ainsi que le Préjugé à la mode, qui est extrêmement intéressant ; mais après ces quatre Pieces , je ne vois plus guères que des ouvrages médiocres > souillés d'un mauvais goût deRoman , qui déprime beaucoup le talent de ^ la Chaussée. Rien de vrai, rien de naturel, point de ces plans heureux , qui se développent sans peine, &. qui nous offrent une attion qui attache saDs fatiguer.
, ' Cependant le genre qui distingue' cet Auteur , a eu des Adversaires ardens, des Se&ateurs zelés, des' Imitateurs illustres ; & , ce qui prouve encore plus en sa faveur , il s'est fait souvent applaudir "du Public. Il est difficile que toute une nation ait tort d'avoir du plaisir ; le borner à un seul genre, c'est adopter une fleur dans un riche Parterre , Se faire inhumainement arracher toutes les autres ; c'est ressembler à ce Philosophe , qui ne voyoit qu'une couleur dans toute la Nature. L'admirable Moliere , & ceux qui l'ont suivi de près ou de loin, se sont attachés à peindre nos ridicules ; & , sans doute, le comble de l'art est de nous divertir par cette peinture : d'autres se sont bornés à conduire, à dialoguer vivement une intrigue plai, -IL sante ; quelques-uns à développer "le sentiment dans tout son naturel ; quelques-autres à y porter la Métaphysique la plus déliée , & quelquefois la plus abstraite.
Le genre de la Chaussée tient , en partie, de tous les précédens ; il y joignit le pathéti-
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que ; ce qui valut à ses Pieces le surnomde Comédies larmoyantes ; surnom moins ridicule qu'on ne l'a cru j puisqu'il a été un tems où l'on nommoit Comédies, les Tragédies même. Eh quoi! ne devons-nous donc nous attendrir que sur les malheurs ou les foiblesses des Grands ? L'esprit de subordination ne s'étend point jusques-là ; il dégénéreroit . en esclavage, en fanatisme. La vie humaine est semée de circonstances tour-à-tour agréables, touchantes , bisarres, ou ridicules. Toutes les conditions peuvent en fournir des exemples ; & ces sortes de tableaux plairont toujours par la vérité de l'imitation.
Ce qui paroît avoir le plus révolté dans ce nouveau genre, est le passage subit du comique au sérieux , .& souvent le mélange de l'un de l'autre : mais rien de plus ordinaire que de voir un Valet rire , tandis que son Maître s'afflige; que de voir la tristesse & la joie habiter un même séjour , partager une même famille ; & , qui plus est, agiter uné même personne : mais , pour bien exprimer un pareil centrale , il faut être , pour le moins, uti Rubens en Poélie. La Chaussée ne seroit donc, tout au plus, blâmable que dans l'exécution. Quant à Ion projet, il elt fondé sur la Natuirè , les mœurs du tems , & l'expérience de chaque jour. On voit, de plus , que cet Auteur connoît le Théâtre : il entend la coupe d'une Piece ; il sçait filer une scène ; ion Dialogue est facile , & sa versifkation quelquefois élegante. Avec tous ces avantages , il ne me paroît pas avoir perfectionné le genre auquel il s'est attaché. Il peint beaucoup moins qu'il ne disserte ; il veut toujours instruire, & ignore l'ast de joindre les fleurs aux fruits. Ses moralités , trop fréquentes trop longues , dégénèrent en froids Sermons.
J'en excepte le Préjugé à la mode.&. Mèlanide, oà la morale est presque toujours en situatiorC C'est sur ces- deux Pieces que la-. réputation de la Chaussée paroît le mieux établie. Ettes serviront de Passe-port à son nom, & ne risquent pas d'être
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LA C LA promptement oubliées. L'une est fondée sur la Nature , qui est , à-peu-près , toujours la même ; l'autre sur un préjugé qu'elle n'a pas, à beaucoup' près, détruit. En un mot , la Chausfée tiendra un rang parmi ces Auteurs, dont le mérite est suffisant pour se faire long-tems applaudir , mais non pour se faire admirer. 45
LA CHENÉE , ( Quesnotde ) Auteur d'une Piece, qui a pour titre, la Bataille d'Hoogstet.
LA CLERIERE , Auteur de deux Tragédies j,
\Amurat & lphigénie.
LA CoMBE , ( JaCqUes ) né à Paris, & connu par plusieurs ouvrages de littérature , & en particulier par les Révolutions de Russie & le Dictionnaire des Beaux-Arts , a donné au Théâtre les Amours de Mathurine , & le Charlatan.
LA COSTE , Musicien de l'Opéra, & Auteur d'un Livre de Cantates , mort depuis quelques années , a fait la Musique des Opéra d'Aricie , de Philomèle, de Bradamante , de Creiife , de Télégone , d'Orion, & de Biblis.
LA COSTE, (M. ) Avocat, Auteur de Judith t
& de Ifavid.
LA COUR , (le Pere Jean-Louis de ) Jésuite , né en 1701 , a traduit Agapil, Tragédie Latine du Pere Porée..
LA CROIX, donna en 1561 , les Trois enfans dans la fournaise.
LA CROIX , Avocat en Parlement, Ctimène , l'Inconstance punit.
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LA CROIX , ( Pierre de) la Guerre Comique, ou la Déjtnse de l'École des Femmes.
LA CROIX , ( Jean-Baptisse ) mort en 1741., âgé de soixante-,àix-sept ans , l'Amant Prothée.
LAFFICHARD , ( Thomas ) né à Pontfloh , en Bretagne, a été Souffleur, ensuite Receveur de la. Comédie Italienne , & est mort à Paris d'une fluxion de poitrine en 17 5 3 y âgé de cinquante-cinq ans. Il a travaillé pour le Théâtre ; & dans l'intervalle , il a composé quelques Romans.
Il étoit de la société de Pannard, Valois, d'Orville & Gallet ; & a fait avec euxnplusieurs Pieces dont il leur a , dit-on, abandonné toute la gloire. Quelques-unes de celles qui ont paru sous son nom , lont les Afteurs déplacés , la Béquille , l' Amour imprévu , les Effets du hasard, la Rencontre imprévue , la. Nymphe des Tuileries , les Dieux , la Famille , l'Amour Censeur des Théâtres , le Fleuve Scamandre. On lui a aussi attribué une partie de la Fille aibitre, avec Romagnésy ; mais celui-ci a prétendu en être le seul Auteur ; & Laffichard n'a point réclamé contre cette prétention.
Cet Auteur avoit l'esprit plaisânt & juste ; & s'il eût joint l'étude des regles à celle des Poètes dramatiques ; s'il avoit fréquenté les gens du monde , & qu'il eût eu moins d'indifférence pour la célébrité ; en un mot, s'il se fût plus occupé de son art & de la gloire qu'il procure , il avoit assez d'esprit & de gaieté , pour se faire de la réputation dans un genre, où il ne s'est exercé que par amusement,
LA FLEUR, ( Juvenon de) Comédien de la Troupe de l'Hôtel de Bourgogne, succéda à Montfleury dans l'emploi des Rois. C'étoit un grand homme, beau de visage , fort bien fait, qui excelloit encore pour les caraétères de Gascon & de Capitan. On dit de lui, que c'est le premier Aébeur qui ait
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eu ce qu'on appelle des entrailles , c'est-à-dire, l'art de se toucher , pour toucher ensuite les autres ; ce que Floridor n'avoit pas à ce degré de perfection. Il joua d'original , en 1672., le rôle du fijîr Acomat, dans la Tragédie de BajaZet. Il avoit épousé la fille de Gros-Guillaume, dont il eut un siss qui prit le parti du Théâtre, & qui y parut avec beaucoup de succès, comme Asseur, sous le nom de la Thuillerie. On ignore le tems de la mort de la Fleur; mais il n'étoit plus vivant en 1680. Cet Asseur avoit été Cuisinier. \ '
LA FONT , ( Joséph de ) fils d'un Procureur au Parlement de Paris , naquit dans cette Ville en 1686, & mourut à Passy en 1715, après avoir donné au Théâtre Danaé, ou Jupiter Crispin ; le Naufrage , l'Amour vengé , les Trois Freres rivaux, les Fêtes de Thalie , la Critique , la Provençale , Hypermneflre y les Amours de Prothée.
La Font est aussi l'Auteur des trois premiers Actes de l'Opéra d'Orion, & d'une Comédie intitulée , l'Epreuve réciproque , la même , peut-être, qu'on attribue à le Grand & au nommé Alain, Sellier. L'Opéra fut achevé par l'Abbé Pellegrin, & représenté avec succès : la Comédie n'est point imprimée parmi celles de la Font. On regrette que ce Poète n'ait pas eu le loisir d'augmenter le nombre de ses produirions, soit lyriques , soit comiques. Né avec de l'esprit & d'heureuses dispositions pour ce dernier genre, on sent qu'il ne perdoit pas de vue les bons modèles. Il supplée au détail par l'àpropos, & préfere le naturel aux faux brillans. Chez lui, le Comique est dans la chose, plus que dans les mots. Il semble avoir donné une attention particuliere à ses rôles de Valets , qu'il étoit encore permis de rendre plaisans. Les situations où il les place, sont toujours piquantes, & les propos qu'il leur fait tenir, toujours agréables. Peut-être cependant a-t-il eu raison de ne risquer aucune Co-
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médie en cinq aéfces : tel Peintre réussit dans des Tableaux de chevalet, qui échoue dans les grandes machines. A l'égard de ses Opéra , ils forment, sans contredit, la partie brillante de ses Œuvres. La marche en est: ingénieuse , les divertissemens bien amenés , la vérification facile , naturelle , & d'un tour vraiment lyrique. Il avoit même osé introduire dans ce genre , quelques innovations heureuses , & qui communément décelent le génie. C'est donc une perte réelle, que la mort l'ait enlevé dans un âge où le génie commence à peine à,- se déployer. 4
La Font travailla pour l'Opéra-Comique avec le Sage & d'Orneval , & a fait seul ou en sôciété, la Décadence de L'Opéra-Comique , le Jugement d'Apollon & de Pan par Midas , la Résorme du Régiment de la Calotte y la Querelle des Théâtres , le Monde renversé. Cet Auteur s'est peu répandu dans le monde. De ses occupations littéraires, il passoit à des parties de promenade autour de Paris , où, avec quelques amis de son goût, il s'établifloit plusieurs jours dans le Cabaret qui lui paroissoit le plus riant. A ces plaisirs bachiques succédoit la passion du jeu ; & comme ses facultés pécuniaires ne lui permettoient pas de fréquenter les Maisons privilégiées de son tems, il étoit -obligé de se contenter de celles, où, dans un troisieme étage , on brille avec trois ou quatre Piiloles. D'une indifférence philosophique sur l'ameublement des lieux & le choix des compagnies, la Font n'y trouvoit d'autre défettuosité, que ' la perte de son argent, qui ne manquoit jamais de passer en d'autres mains ; de sorte que , maudissant le jeu & tout ce qui y avoit rapport, il se remettoit à travailler ; & du travail il revenoit au jeu ou aux promenades dont on a parlé ; &: ainsi successivement ses jours s'écoulerent. Voici une Épigramme qu'il fit au sujet du froid excessif de l'Hyver de
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• 1709. C'est la seule petite Piece de vers qu'on connoisse de lui. v
v . l ï Hé quoi ! s'écrioit Apollon
Voyant le froid de son Empire,
! Pour chauffer le sacré Vallon ,
" ^ ^ Le bois ne sçauroit donc suffire ?
• "> -: v Bon , bon ! dit une des neuf Sœurs , •
, Yb Condamnez vîte à la brûlure
Tous les vers des méchans Auteurs ;
, f , nous ferons feu qui dure.
LA FONTAINE , ( Jean de ) fils d'un Maître des Eaux & Forêts , est né à Château-Thierry en 16zi , a été reçu à l'Académie Françoise en 1684 , & est mort à Paris en 169 5 , âgé de soixante-quatorze ans. Ses OEuvres dramatiques consistent en sept Comédies , & deux Opéra ; sçavoir, l'Eunuque , le Florentin, Climène , Je vous prends sans verd, Ragotin, la Coupe enchantée , le Veau perdu, , Daphné , & Aflrée ; outre deux Adres d'un autre Opéra, intitulé les Amours d'Acis & de Galathée.
La Fontaine, étant dangereusement malade, fit venir un Confesseur. Celui-ci ayant appris qu'il avoit composé depuis peu de tems une Piece de Théâtre , lui dit que, les Comédiens étant excommuniés , il n'étoit pas permis de contribuer à les entretenir dans cette profession , en travaillant à des Pieces pour les leur faire représenter ; & qu'en un mot, il ne pouvoit pas l'entendre en Confession pour lui donner l'absolution, s'il ne lui promettoit de bonne-foi , de ne jamais remettre cette Piece aux Comédiens. La Fontaine trouva cette décision sévere , & en appella au sentiment des Doéteurs plus expérimentés. Son Confesseur lui dit qu'il étoit ravi qu'il voulût consuIter d'autres personnes, pourvu qu'il s'adressât à des gens connus pour être d'une science & d'une morale exactes. La Fontaine accepta la proposition. Il s'adressa en Sorbonne. La réponse
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des Doéteurs fut semblable à celle du Confesseur ; la Fontaine ne balança plus; il jetta sa Piece au feu, sans en retenir de copie : & les Comédiens ne l'ont jamais eue.
La Fontaine , Boileau , Moliere , & d'autres beaux-esprits raisonnoient sur les à Parie , que plusieurs personnes trouvent peu naturels, peu nécessaires. La Fontaine se déclaroit contre , & s'échauffoit beaucoup pour en prouver le peu de vraisemblance. Pendant qu'il parloit avec tant de vivacité y Boileau qui étoit à côté de lui, disoit tout haut : Le Butord de La Fontaine, l'entété , l'extravaguant, que ce la Fontaine ! &c ; & la Fontaine poursuivoit toujours , sans l'entendre. Tout le monde se prit à rire ; la Fontaine en demandant la cause, « Vous décla5) mez, lui dit Boileau, contre les à Parte ; & il y 3) a une heure que je vous débite aux oreilles une kyrielle d'injures , sans que vous y ayez fait
» attention ».
LA FoRcE , ( .1. de ) vivant au dix - septieme siècle , a fait la Joueuse dupée.
LA FOSSE D'AUBIGNY , ( Antoine de ) fils d'un Orfevre de Paris, & neveu du célèbre la Fosse , Peintre', elt né en 1653. Il fut Secrétaire de M. Foucher, Envoyé du Roi à Florence ; & pendant le séjour qu'il fit en cette Ville , il fut reçu dans l'Académie des Apathifles. Il s'attacha au Marquis de Créquy , auprès duquel il étoit, lorsque la mort enleva ce dernier , à la journée de Luzarra. Il fut chargé de porter son cœur à Paris, & devint ensuite Secrétaire de M. le Duc d'Aumont, chez lequel il mourut, en 1708. Ses Tragédies sont Polixène., Manlius Capitolinus , Thésie , & Corésiis.
L'Auteur de ces Tragédies parut s'être proposé pour modèle le génie de Corneille. Comme lui, il
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LA F LA F préféré aux tendres sentimens de Racine , la surprise que cause une adtion merveilleuse, l'agitation que produit une iituation violente , ou le trouble qui nait d'un événement terrible. Son génie élevé le porte aux plus grands objets. C'est sous les murs de Troyes , ou dans le Capitole , qu'il va chercher ses Héros ; & dans ces champs , souvent moissonnés, il cueille encore de nouveaux lauriers ; il envisage ses sujets avec force, & les présente de même, plus jaloux de notre admiration , que de nos larmes. S'il n'avoit pas cru devoir adoucir le cara&ère de Médée , il auroit pu nous la montrer sous des traits qui nous la rendroient encore plus terrible , que tout ce que nous connoissons de cette Magicienne. La Fosse possédoit la Langue des Sénèque , des Maffeï , des Sophocle , & sçavoit profiter en Maître habile , de cet avantage , & de la lefture des Historiens. Le plus grand reproche qu'on puisse lui faire , c'est de multiplier les récits aux dépens de l'action même. Son style est ferme, nourri, majestueux , propre à exprimer les effets impétueux des passions les plus violentes. Si ses vers paroissent durs y trop travaillés , c'est qu'un Auteur , accoutumé à penser fortement, a peine à rendre toute l'énergie de ses idées. Comment un talent aussi décidé n'a-t-il produit qu'un si petit nombre d'ouvrages? La crainte ou le dépit d'un mauvais succès ne lui laissoit - il appercevoir que les dégoûts inséparables d'une étude pénible , difficile & infructueuse ? Le desir d'une immortalité toujours incertaine fut-il sacrifié à l'amour d'une tranquillité présente , vers laquelle nous porte un attrait puiflant ? que la paresse naturelle ne manque point de seconder? Se plaindre qu'un Auteur ait peu écrit, c'est en faire un assez grand éloge. Au reste, ce Poète a paru dans des circonstances favorables. Quelques années plutôt ou plus tard , il eût à peine recueilli quelques palmes dans une carrière où il s'est couvert de lauriers. Campistron venoit de se
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LA F LA F retirer; Crébillon ne travailloit point encore pour le Théâtre. Entre ces deux Poètes, il y eut urt intervalle , où la Scène Tragique languissoit dans une espece d'inaétion. La Folle vint tout-à-coup la ranimer , & fit dire qu'il alloit consoler le Public de la retraite de Campistron. , -r ^ rt
Parmi les diverses Pieces de Poésie de la Folle , on trouve une Ode Italienne , qui lui mérita l'honneur d'être reçu dans l'Académie des Apathisies; &e un discours Italien en prose de trois pages, qu'il prononça dans cette Académie, sur cette question : Quels yeux jont les plus beaux , des bleus , ou des noirs ? Sa solution est galante ; il donne l'avantage aux yeux bleus , ou noirs, qui jetteront sur lui des regards favorables.
La Folle étoit un vrai Philosbphe, détaché des biens de la fortune ; qui remplissoit ses devoirs en honnête homme , & dont la Poésie faisoit la principale occupation. Son application lui causoit souvent des distractions. Un jour, M. du Tillet l'avoit prié à dîner chez lui avec quelques gens de Lettres. Il avoit promis de s'y rendre sur le midi ; mais l'ayant attendu jusqu'à deux heures , on se mit à table. Notre Poète arriva sur les quatre heures , très-fatigué, '& fit quelques excuses d'arriver si tard , en affurant qu'il étoit parti à onze heures du matin de l'Hôtel d'Aumont, rue de Joui,' pour venir chez M. du Tillet , dans J'Isle SaintLouis , qui en est fort proche ; mais qu'il avoit l'esprit si rempli & si échauffé de cinq ou six vers d'un des plus beaux endroits de l'Iliade , qu'il vou-]oit traduire en François , qu'il avoir patTé à côté de* la porte de M. du Tillet, sans se sou venir de la partie qu'il lui avoit proposée ; que de-là il avoit traversé le Pont de la Tournelle , & passé la Porte Saint-Bernard ; & qu'enfin il s'éroit trouvé dans le milieu de la Plaine d'Ivry , où s'étant fort fatigué »
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la faim lui avoit rappelle à la mémoire le dîner où il étoit invité. Boivin l'aine , un des convives , homme d'une mémoire prodigieuse , & peut-être celui de son siècle qui possédoit le mieux les Auteurs Grecs , lui dit : u M. de la Folle , je suis presque sûr que voilà les vers d'Homère qui vous ont si fort occupé » ; & les lui récita , comme on les prononce dans l'Univerlité de Paris. La Fosse lui répondit, non Monsieur, les voici ; & dit ces mêmes vers, suivant la prononciation du Collége des Jésuites. Eh bien ! dit Boivin , ce sont les mêmes vers ; vous les avez prononcés autrement que moi.
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LA FOSSE , ( M. de) Officier de la Monnoie, Y Eco le de la raison.
LA GARDE , (Philiphe Bridart de ) né à Paris en 1710, étoic le fils d'un homme de confiance du Grand-Prieur , M. de Vendôme. Il fut élevé au Temple , où ses liaisons avec M. l'Abbé Mangenot . lui inspirerent le goût des Lettres & des Arts , qu'il conserva toute sa vie. Il fut un homme de beaucoup d'esprit : on le devine par ses ouvrages , à travers un style diffus , précieux, guindé , souvent obscur , presque toujours bisarre ; mais on s'en appercevoit infiniment davantage dans la société , où, dégagé de toute prétention , son esprit n'étoit jamais à la gêne. Il s'exprimoit alors naturellement ; & sa conversation annonçoit de bons' principes de goût, des vues très-fines, quelquefois même assez profondes. Moins homme de Lettres qu'Amateur éclairé , un concours singulier de circonstances le mit à portée de se rendre utile aux arts d'agrémens , & de perfectionner , en quelque sorte , un des plus nobles amusemens de la société, en donnant à nos représentations dramatiques plus de vérité & de décence. C'est à lui que le Public. fut redevable de l'établissement du Costume sur nos Théâtres. Dans sa jeunesse, il sembla vouloir
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se dévouer à l'état Ecclésiastique, dont même, il avoit pris l'habit ; mais la célèbre Mademoiselle le Maure étant venue , après sa premiere retraite de TOpéra , s'établir dans le voisinage du Temple , lia connoissance avec la mere de la Garde. Le jeune Abbé , charmé des talens de Mlle le Maure , & de cette voix séduisante , que l'on ne se rappelle jamais sans admiration , prit assez d'ascendant sur l'esprit de cette Actrice , pour l'engager à rentrer ' à l'Opéra; & même il détermina sa mere à prendre un appartement dans une maison que Mlle le Maure vint occuper aux environs du Palais Royal. ; ;;
Ses liaisons avec cette grande Chanteuse durerent plusieurs années. MM. Rebel & Francœur, flattés de lui devoir le retour de cette Aftrice à leur Spectacle , devinrent ses amis , & saisirent avec empressement les occasions de le servir. Ils écoient chargés du soin des Fêtes particulières que Louis XV donnoit à sa Cour, dans ses petits appartemens : ils en confierent les détails à la Garde, qui se trouva placé dans son véritable élément. Il remplit avec tant de goût cette espece de Direétion, que le Roi lui donna , sur son trésor , une pension de izoo liv.
Madame la Marquise de Pompadour, qui sçavoit récompenser dans les autres , cet amour éclairé des arts qu'il falloit admirer en elle , résolut de se l'attacher , & le fit son Bibliothécaire , avec 2000 )ivres - d'appointemens , qui lui furent continués, après la mort de sa bienfaitrice , par M. le Marquis de Marigny. Elle lui avoit déja fait obtenir une pension d'une pareille somme sur le Mercure Je France ; & en lui annonçant cette nouvelle faveur, elle y avoit joint un présent de 12000 livres.
La Garde allioit aux mœurs les plus douces , au caractère le plus égal, une ame extrêmement senfible. La mort de sa Bienfaitrice le jetta dans une
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LA G LA G habitude de mélancolie , qu'il ne fut pas maître de dissiper ; & il mourut regretté de tous ses amis en 1767.011a de lui des Lettres de Therese , desObservationssur les Arts ; & il a eu part à plusieurs OpéraComiques , tels que la Rose , le Bal de Strasbourg , les Amours Grivois , les Fêtes de Paris.
LA GARDE , (M. ) Maître de Musique des Enfans de France, a composé la musique d'Eglé, & de la Journée Galante.
" LA GAYE , ( Guillaume de ) Auteur du Duellifle malheureux. "* ~
LA GRANGE , ( Guillaume de) né à Sarlat, Se
Auteur d'une Tragédie de Didon.
LA GRANGE, ÇJsaac de) a traduit le Dédain 'Amoureux , Pastoraie en cinq A&es , en prose , de l'Italien de Bracciolini.
L A GRANGE, ( Charles Varie t, sieur de ) né à Amiens en Picardie , excédé par .les chicannes de ron Tuteur , prit le parti de se faire Comédien, & courut quelques années les Provinces : il s'engagea ensuite dans la Troupe de Moliere , qui prit plaisir lui-même à l'instruire. La Grange n'avoit qu'une fille unique qu'il aimoit beaucoup, 8c qu'il maria à un homme qui la trompa 3 & il en mourut de chagrin. Il fut enterré à Saint-André-desArcs. On prétend qu'il laissa plus de cent-mille écus de bien. ,
LA GRANGE CHANCEL , ( Joseph de ) naquit
Château d'Antoniac , près de Périgueux , en 1676 , avec le talent de la Poésie le plus décidé. La Grange dit quelque part, qu'il sçavoit rimer avant que d'avoir eu le tems d'apprendre à lire; & à peine sçayoit-il lire , qu'il a voit toujours entre les mains les
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Ouvrages de Corneille , & les Romans. de la Calprènede. A sept ans , il entra au Collège à Périgueux ; & il faisoit déjà des vers sur tous les sujets qu'on lui proposoit ; il corrigeoit même ceux de ses Maîtres. Il continua ses études à Bordeaux. Là, il vit jouer la Comédie ; c'en fut assez pour l'animer à en faire une. Il prit pour sujet une aventure qui venoit d'arriver ; & il fit jouer sa Piece par cinq ou six de ses camarades. A quatorze ans , il sortit du Collège. Son génie aussi facile, aussi fécond, &, si je l'ôse dire , aussi hardi qu'il étoit prématuré , lui inspira le projet d'une Tragédie. Il la finit à Paris, où il fut envoyé la même année. Ce coup d'essaifut la Tragédie de Jugurtha. Le Public,naturellement porté à encourager les talens, parut prendre intérêt à la gloire d'un jeune homme animé > dès le berceau , du desir de contribuer à son amusement, & de mériter ses éloges. La jeunesse de l'Auteur , la réputation dont il jouissoit déjà à l'Hôtel de Conti , où il étoit Page , tout parloit en sa faveur , & lui assuroit les suffjrages.
En 1718 , la Grange se donna beaucoup de mouvement pour établir une Académie à Périgueux. M. le Comte d'Eu en devoit être le Protecteur ; Madame la Comtesse d'Arco a voit promis de fonder un Prix de trois-cents livres pour un Sonnet en bouts-rimés ; mais la détention de la Grange , & les affaires de la Duchesse du Maine , sa Protectrice , firent échouer ce projet. Il renouvella ses tentatives en 1756; & il se promettoit de grands succès de cet établissement. Son espérance étoit fondée sur beaucoup d'esprit naturel, qui n'attend que la culture , pour faire fleurir toutes les Sciences dans cette Province trop négligée.
Il est tres-constant que notre Poète est l'Auteur <les Philippiques. C'est moins par animosité personnelle , que par zèle pour quelques ennemis de M. le
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Duc d'Orléans, qu'il entreprit cet ouvrage à leur sollicitation. Le Régiment de Berwik ayant eu ordre de l'arrêter , il eut le bonheur de s'échapper 5 % M. de Gonteris, Archevêque & Vice-Légat d'Avignon , le reçut en cette Ville avec distinction ; mais il fut trahi par un Otficier réfugié , qui fit sa paix en l'attirant hors des limites , sous un faux prétexte. On le conduisit aux Illes Sainte-Marguerite, où il fut étroitement resserré , pendant un an. Il trouva cependant le moyen de faire paffer à M.le Régent une Ode , où il avoue naturellement sa faute ; elle lui valut, chaque jour , quelques heures de promenade. Il s'en servit utilement pour recouvrer sa liberté. Il gagna ses Gardes , qui lui procurerent une Barque, &: se rendit avec eux dans le Port de Ville-Franche , pendant une tempête des plus violentes. Quoique le Roi de Sardaigne eût fermé l'entrée de ses Ports à ses propres sujets qui venoient des Pays infedtés de la peste , ce Prince, touché d'une Épître que le Poète lui adressa , l'admit à la quarantaine. Pendant le séjour qu'il fit à Kice, le Roi de Sardaigne le fit visiter par un Seigneur de sa Cour. La Grange crut emprunter d'un Juif de cette Ville une somme considérable sur son Billet, payable par M. de la Chabrerie , FermierGénéral i son beau-frere ; mais il se trouva que c'étoit une libéralité du Prince, qui avoit fait prévenir le Banquier.
Le projet de la Grange étoit de s'établir en Espagne. Il fut escorté par un détachement jusqu'aux États de Gènes. A ion arrivée en cette Ville , M. Doria lui offrit sa maison ; mais il s'embarqua sur le champ , profitant d'une occasion favorable. Il fut très-bien reçu à la Cour de Madrid. On lui proposa un Régiment d'Infanterie , qu'il refusa , & demanda la Place d'Inspe&eur , qui ne lui fut point accordée. Des Spadassins le mirent plus d'une fois en danger de sa vie , espérant une forte récompense, s'ils l'assassinoient. Un témoin oculaire , trèsvéridique »
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LA G LA G véridique, rapporte qu'il s'est battu avec beaucoup de résolution.& de vigueur dans ces fortes d'occasions. -
Les plaintes réitérées de l'Ambassadeur de France ayant obligé le Roi d'Espagne à rétracter sa parole , ce Prince tit avertir la Grange y qu'il n'y'auroit plus de sûreté pour lui dans ses États , s'il différait de se retirer. Sur cet avis , il s'embarqua à Bilbao dans un Vaisseau Hollandois, qui partoit pour Amsterdam. Cette Ville n'auroit pas été< pour lui une retraite plus assurée que Madrid, si les États-Généraux n'avoient prévenu les représentations de notre Ambassadeur , en faisant recevoir la Grange Bourgeois d'Amsterdam. Le Roi Auguste de Pologne voulut l'attirer à sa Cour, & lui fit remettre y par son Ambafladeur , une Montre d'or très-riche. Après la mort de M. le Régent, notre Poète gagna la confiance de M. le Duc , en lui donnant des écJaircisTe-' mens très-importans. Ses liaisons avec les Ministres Étrangers lui procurèrent les moyens de se rendre utile; ses services lui mériterent son rappel. Il
3 vécu depuis en Périgord , & n'a cessé de cultiver lès Lettres , & de conserver sa présence d'esprit, sa mémoire & sa facilité de versifier jusqu'aux derniers jours de sa vie. Les derniers vers.de lui que l'on conpoisse , sont du mois de Mai 17 5 8. Je ne les rapporte point, parce que certaines Puissances n'y font pasassez ménagées. A quatre-vingt-deux ans > l'Auteur des Philippiques avoit encore du goût pour la satyre. Ses Pieces de Théâtre sont Adherbal, qui est la même que Jugurtha ; Oresie & Pilade, Mêléagre, Athenaïs , Amasis , Alcefle , Ino & Mélicerte , Sophonisbe, Érigone , Cassius 6* Viélorinus , Médée, Cajsandre , Ariane & The sée , les Jeux Olympiques , Orphée , la Fille supposée , Pyrame & Thisbé , la Mort d'ulysse , & le Crime puni.
La Grange Chancel paroît toujours jeune dans te genre dramatique. Son imagination vive & facile
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à s'enflammer , saisît à la fois une trop grande quantité d'objets. Son,pinceau , conduit, par une main également hardie & timide, ne les peint souvent qu'à demi. Ou passe trop rapidement de l'amour à la haine, de la confiance à la crainte , dlL trouble à la sécurité , de la fureur à la modération, & du calme à la vengeance. Les insultes sont commises & pardonnées trop légèrement ; la colere s'allume & s'éteint presqu'au même instant. On ne trouve point ces idées neuves, qui frappent l'esprit ; ces réflexions sensibles , qui touchent le coeur , s'impriment dans l'ame , & que l'on retient, même sans le vouloir. Le naturel est souvent trop naïf, & va même quelquefois jusqu'à la puérilité. Les grandes passions, ces puissans ressorts de la Tragédie, n'y reçoivent le mouvement, que par des éclats , des emportemens, des fureurs. Ici de longs entretiens, des sentimens communs , de grandes réflexions, laissent un vuide considérable ; là une foule d'i^cidens se succedent rapidement, & surchargent la scène. La Grange intéresse par les sïtuations ; mais combien de fois se trouvent-elles coupées par des incidens , des saillies , des jeux de mots , & des traits trop hardis qu'il falloit supprimer ! On voit briller l'esprit, où le génie seul devoit paroître. Le talent fatal de rimer facilement a produit des vers lâches, peu exaéts, obscurs , prosaïques , pleins de répétitions & de mots parasites : défauts trop communs dans les vers qui ne coûtent à leur Auteur que, la peine de les écrire.
J'ai dit que ce fut à Bordeaux que la Grange Chancel , à l'âge de neuf ans , fit une Comédie.. Elle rouloit sur une aventure arrivée depuis peu. Lorsqu'il l'eut finie , il prit ses mesures pour la faire jouer chez lui par cinq ou six de ses camarades, à qui il distribua les rôles , 8e qu'il exerça lui-même. Sa mere eut la complaisance de faire dresser un petit Théâtre dans une sa lle bafse de sa maison. La Piece
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fut représentée plusieurs jours de congé de suite ; & cette singularité d'un enfant de neuf ans attira tout ce qu'il y avoit de plus distingué dans la Ville. Il n'y eut que les Héros de l'aventure qui furent très-mécontens de cette saillie. Quoique sous des noms empruntés, ils étoient trop bien peints pour ne pas être reconnus. Ils en porterent des plaintes sérieuses à la mère : le Théâtre fut abbattu ; & la Comédie cessa.
Quelques mois avant la représention de J ugurtka la Cour étant à Chantilly , on vint chercher la Grange, de la part de M. le Duc. Son guide le conduisit à un appartement, où il trouva ce Prince à table avec le Comte de Fiesque, Raçine & Santéuil. Celui-ci, dont la tête étoit échauffée & par son propre enthousiasme , & par le vin qu'il ne s'étoit pas épargné , le plaignit de profiter si mal des talens qu'il avoit reçus ; qu'un aussi beau naturel que le lien auroit dû tomber entre les mains d'un Santeuil, plutôt que dans celles de Racine; qu'il auroit fait de lui un des plus habiles hommes du siècle pour la Poésie Latine. Cette fougue fît rire tout le monde. La Grange crut devoir prendre la défense de la Poésie Françoise & de Racine. Les Rieurs étoient pour lui. Santeuil fut offensé de sa hardiesse , & se mit dans une colere si terrible , qu'il prit une assiette qu'il lui auroit jettée à la tête , si M. le Duç ne lui avoit promptement arrêté le bras. La Grange sortit tout effrayé de la fureur & des- contorsions affreuses du Poète Viétorin. II rencontra le lendemain le Comte de Fiesque , qui lui demanda s'il étoit bien remis de sa peur ? La Grange, à son tour , le pria de lui apprendre à quel sujet servoient des Tablettes qu'il avoit vues la veille sur la table , à côté du couvert de M. le Duc ? (l C'est ainsi qu'il 3) en use , lui dit-il, toutes les fois que Racine a >> l'honneur de manger avec lui. Il lui échappe des » traits si agréables, que M. le Duc se fait un
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y* plaisir", de les recueillir. Ils ne sont pas plutôt sortis de la bouche du Poète , qu'ils sont sur les Tablettes du Prince ».
LA GRANGE (de) d'une bonne famille de Montpellier, reçut une excellente éducation j mais l'inquiétude & la bizarrerie de son esprit ne lui permirent pas de se fixer à un état. Il dissipa ses biens, & n'eut que la foible ressource de sa plume. 11 donna au Théâtre Italien diverses Comédies, dont quelques - unes furent applaudies , telles que les t'onire- temps , l'Italien maiié à Paris , &la Gageure. Il mit aussi en vers l'Ecossaise de M. de Voltaire. / La Grange travailloit facilement ; mais les malheurs qui troublerent sa vie , l'obligerent trop souvent d'écrire à la hâte. Il mourut à l'Hôpital de la Charité à Paris , en 176j. Outre les Pieces dont nous avons parlé, il a encore donné le Déguisement, les Femmes corsaires , l'Accommodement implévu , le Ravinement inutile , la Fontaine de Jouvence , la Mort de Mandrin, l'Heureux déguisement, & le Palais enchanté.
On remarque dans plusieurs des Pieces de la Grange , le talent de bien conduire un sujet, & dans toutes , l'art de bien siler une scène. Il sçait amener un divertissement &: assaisonner un Vaudeville. Il n'en eil aucun de ceux qui terminent ses Comédies , qu'on ne puisse entendre avec plaisir , & retenir avec facilité. Enfin cet Auteur a été & peut encore être utile aux différens Théâtres, pour lesquels il s'est exercé.
LA GRANGE :( M. de) le Manuscrit, ou Barbacole ; le Bon Tuteur, les Deux Contrats.
LA GRANGE : ( M. d'Olgiband de ) Armé ni de, ou le Triomphe de la Confiance ; Zéline , ou le Premier Navigateur ; Abradate , la fleur d'Agathon > les Vigne. rons ,1a Folie du jour.
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LA G U ERRE , ( Mde. Elisabeth-Claude Jaquet de ) épouse d'un Organise de Saint-Severin y naquit à Paris en 1669 , 6c y mourut en 172.7. Elle se distingua de très- bonne-heure par son goût pour la Muiique, & son art à toucher du Clavessin. Elle avoit d'ailleurs du talent pour la composition ; elle a fait la Musique de l'Opéra de Céphale & Procris.
LA HARPE : ( M. de ) le Comte de Warwick , Timoléon , Pharamofid , Guflave Vasa, Mèlanie. Il travaille à une Tragédie , dont le sujet est tiré de l'Histoire des Arabes.
LA J... ( M. de ) Cet Auteur n'a mis que ces Lettres initiales à la tête de deux Volumes, imprimés en 1771 , sous le titre de-Théâtre Lyrique , où, après s'être fort étendu sur tous les objets qui pourroient contribuer à la perfection de l'Opéra , M. de la J... donne huit Opéra de sa façon , dont aucun n'a été mis en Musique. Les moins foibles pour l'invention, iont Antiopc ùapho..
LA LANDE, ( Michel Richard de ) né à Paris en 1657 , Chevalier de l'Ordre de Saint-Michel, Sur-, intendant de la MusiqlJe de la Chambre & de la Chapelle du Roi, après avoir été enfant de Chœur, à Saint-Germain-l'Auxerrois, sa voix ayant mué, s'appliqua aux instrumens. Dans sa jeunesse , n'ayant pu obtenir de Lully une place de Violon à l'orchestre de l'Opéra, il caffa son Violon de dépit, & renonça pour toujours à cet instrument. Il s'appliqua à l'Orgue &: au Clavessin , où il réussit, & vint à la Cour, par le moyen du Duc de Noailles, qui Je donna au Roi. Il fut comblé des bienfaits de Sa Majesté, & mourut à Versailles en 172.6 , âgé de soixante-dix ans. Il eut pour premiere femme Anne Rebel, de la Musique du Roi, que lui fit épouser Louis XIV : ce Prince fit les frais de la noce ; pour seconde femme , la Dlle Cury , fille du Chirurgien
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L'A L LA M
de Madame la Princesse de Conti. La Lande s'est rendu fameux par ses Motets , & a composé la Musique de Mélicerte , du Ballet de l'inconnu, & du Ballet des Êlémens, qu'il a faite conjointement avec Dêstouches.
■ L'ALLEMAND , ( le Pere ) Jésuite , mort vieux depuis bien des années , a composé un grand nombre de petites Pieces d'un Aste , en Vaudevil!es, que les Jéluites jouoient le soir pendant leurs vacances, sous le nom de Turelures. Le Pere l'Allemand n'a fait imprimer que l'Opéra des Moines , où l'on trouve ce Couplet sur l'air des Triolets.
Vous êtes un bon Cellerier,
Quand à la Cave il faut descendre.
Vous ne vous faites pas prier ,
Vous êtes un bon Cellerier ;
Mais 's'il faut sortir du Cellier,
On dit qu'il faut trop vous attendre t
Vous êtes un bon Cellerier ,
Quand à la Cave il faut descendre.
LA MAISON-NEUVE, ( Jean de) né en Berry, a fait imprimer en 1559, une espece de Moralité , intitulée , Colloque Jo ci al de paix , jujîice , misèricorde & vérité , pour célébrer la réconciliation de Henri II avec le Roi d'Espagne.
LA MARRE , qu'on appelloit l'Abbé de la Marre , quoiqu'il eût quitté le petit-collet cinq ou six ans avant sa mort , est avantageusement connu par deux Opéra, Z aïde , & Titon & l'Aurore , qui ont rait , à juste titre, toute sa réputation., La Marre naquit en Bretagne, &ne fréquenta guère, à Paris, que les Cassés. Il obtint un Emploi à la suite de notre Armée en Baviere, y fut attaqué d'une fiévre-maligne ; dans un transport violent, il se jetta par la fenêtre de l'appartement qu'il occupoit. C'est ainsi qu'il mourut en 1741, âgé d'environ trentesix ans.
LAMBERT vivoit en 1660; voilà tout ce qu'on
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LA M LA M
sçait de cet Auteur. Ses Comédies intitulées : le Bien perdu recouvré , les Sœurs jalouses , les Ramoneurs , & la Magie sans magie , ne sont guères plus connues , que sa personne.
LAMERY , ( M. ) Comédien de Province , Auteur de la Comédie du Vingt & un.
LA MESNARDIERE , ( Jules-Hippolyte Pilletde ) né à Loudun , fut Médecin de Gaston, frere de Louis XIII. Il acheta depui sles Charges de Maîtred'Hôtel du Roi, &: de Leéteur ordinaire de sa Chambre. Son ouvrage sur les possesrions des Religieuses de Loudun , plut au Cardinal de Richelieu , qui lui fit du bien. Il fut reçu à l'Académie Françoise en 1655 , & mourut en i663. Outre une Tragédie d'Alinde , on lui attribue encore la Pucelle d'Orléans. Il a donné une Poëtique , qui traite particulièrement des regles du Poëme dramatique.
LA METTRiE , ( julien-Offroy ) Médecin des; Gardes Françoises , naquit à Saint-Malo en 1709; &, en 17 51, il mourut en Prusse , où il s'étoit retiré. On a de lui plusieurs ouvrages impies & satyriques, & une Comédie intitulée , la Faculté vengée.
LA MORELLE, (de) n'est connu que par un Sonnet de Malherbe, qui fait son éloge , & par les Pastorales d'Endymion, ou le Ravissement, & de Phyline, ou Y Amour contraire.
LA MoRLIERE » ( M. Charles-Jacques-Louis-Attrgalle Rochate de ) Chevalier de l'Ordre du Christ , ne à Grenoble , a donné le Roman d'Angola , plusieurs autres Romans, & les Comédies dji Gouverneur , de la Créole , & de l' Amant déguisé.
LA MOTTE , ancien Auteur d'une Tragédie du
Grand Magnus.
LA MOTTE , ( Antoine Houdard de) né à Paris.
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en, ! 1674, d'un riche Marchand Chapelier, étudia d'abord en Droit ; & quitta ensuite le Barreau pour la Poésie. Son goût pour la déclamation & pour les Spe&acles l'entraina vers le Théâtre. Dès sa premiere jeunesse , il s'étoit plû à représenter les Comédies de Moliere avec d'autres enfans de son âge. II joignit, dans le plus haut degré, à la plus heureuse mémoire, le talent de lire , ou plutôt de réciter par cœur ses ouvrages ; car dès l'âge de 3 5 à 40 ans, il étoit presque aveugle. Il n'en avoit encore que vingt-un , lorsqu'on représenta sa premiere, Piece aux Italiens. C'étoit une Farce en trois Ades , mêlée de prose & de vers , intitulée les Originaux. A peine sa réputation commençoitelle à se former dans le monde , qu'il se retira à Ja Trappe; mais le célèbre Abbé de Rancé le trouvant trop jeune pour soutenir les austérités de la Regle , lui refusa l'habit , & le renvoya deux ou trois mois après. Revenu à Paris, il se livra de nouveau au Théâtre , auquel il consacra une partie de sa vie , quoiqu'il pensât sur le danger de cet amusement , comme la plupart des Casuistes. Il travailla d'abord pour l'Opéra ; & c'est peut-être dans ce genre qu'il a le plus réussi. Il est du moins plus Poète & meilleur Versificateur dans ses ouvrages lyriques, que dans ses Tragédies.
l,a Motte, après avoir passé toute sa vie à faire des vers , finit par les décrier. Il compare les plus grands Versificateurs à un Charlatan , qui fait passer des grains de millet par le trou d'une aiguille , sans avoir d'autre mérite que celui de la difficulté vaincue. Pour familiariser le Public avec ses idées 1 il fit un Œdipe en prose , qu'il fit contraster avec son (Ædipe en vers; mais ces tentatives ne servirent qu'à faire naître des épigrammes, dont il se consoloit en Philosophe. Il fut recherché jusqu'à la fin de ses jours pour son esprit agréable & solide, pour sa conversation pleine d'enjouement & de graces ,
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LA M LA M
pour ses mœurs douces, & ce mérite de caractère, qui influe souvent sur celui des écrits. On ne connoît aucun ouvrage satyrique ni matin , sorti de sa plume , pas même une seule épigramme ; car on ne doit point ajouter foi à la ca1cnmie qui lui impute les Couplets attribués à Rouiïeau. Cethomme estimable mourut à Paris en 1731 , âgé de près de soixante ans, d'une fluxion de poitrine. Ses principaux ouvrages sont quatre Tragédies, les Machabées , RomuLus , Inès de C'ajlro , & Œdipe ; les Comédies des Originaux , de l'Amante difficile , du Calendrier des Vieillards , du Talisman, de la Matrone d'Ephèse y de Richari Minutolo, du Magnifique. Le grand succès que cette derniere Piece eut dans sa nou-
veauté , & qu'elle dut à l'esprit , à la vérité , &:aux • graces qui la caractérisent, s'est toujours soutenu ; & on la redonne assez souvent. Les Opéra de la Motte , sont , l'Europe Galante , liré 1 Amadis de Gr èce , Omphale , le Carnaval & la Folle , Alcyone , Marthéfie , le Triomphe du Temps , Canente , la rénitienne , Semelé , Scanderblàorg, le BalLet des âges , le Ballet des Fé es.
Il y a dans les Machabèes de M. de la Motte, quelques endroits admirables empruntés des Livres Saints. Romulus étincelle aussi de quelques beautés. Il n'y a aucun bien à dire d'Œdipe. Au reste , nulle de ces Tragédies , pas même Inès, ne sera mise à côté de nos bons Ouvrages dramatiques ; & leur Auteur est bien loin des Corneille , des Racine , des Crébillon , des Voltaire. Il a essayé , en quelque sorte, tous les genres de Tragique , le sublime dans les Machabèes , l'héroïque dans Romulus , le pathétique dans Inès, & le iimple dans OEdipe ; mais il manque par-tout de pureté y de clarté , dé force , de noblesse & d'élégance. De toutes ses Comédies , il n'y en a qu'une qui se soit conservée au Théâtre: c'est le Magnifique, Piece charmante en deux Actes, en prose. Jamais Conte
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de la Fontaine n'a été si bien mis en action ; c'est un modèle de délicatesse & de goût. Les autres Contes ' métamorphosés en Comédies, sont bien inférieurs à celui - ci, quoiqu'on y trouve de très - jolies choses. -■<
> La Motte est, après Quinault, celui qui a le mieux saisi le véritable esprit de l'Opéra. Il l'avoit approfondi ; & plus d'une raison fait regretter qu'il n'ait rien écrit sur cette matiere ; mais il jugeoit que cette ressource, si souvent employée pour soutenir ses autres Poésies, qui réellement en avoientbesoin, étoit inutile dans un genre où il sentoit toute sa supériorité. Le nombre de ses Opéra est considérable ; & tous ont eu du succès ; mais l'Europe Galante, Isse , le Carnaval & la Folle , Amadis de Gr éce, Omphale, mériteront toujours les plus grands éloges. Il est à remarquer que l'Europe Galante & Isse sont deux chefs-d'œuvres dans leur genre , & , qui plus est , deux modèles qui n'ont encore pu être bien imités. L'Auteur a mis dans ses vers, cette molle élégance , cette douceur d'expression si essentielle à ce genre. Ces petites pensées fines, ces petits riens tournés en Madrigaux , que nous aimons tant à l'Opéra , & qui nous déplairoient ailleurs , sont répandus dans toutes ses Scènes , sans trop de profusion. Ses Pieces n'ont qu'un défaut ; elles se ressemblent toutes par le fond. On trouve ,
dans chacune , deux Rivaux & deux Rivales ; cette uniformité de conduite est désagréable. Si j'avois à donner la palme, elle seroit pour Issé. Cette Pastorale n'est, d'un bout à l'autre , qu'un tissu de beautés dans ce genre. Le vrai triomphe de la Motte est donc le Théâtre lyrique : peut-être même ses succès dans ce genre eussent-ils été plus nombreux , s'ils ne dépendoient pas du concours de deux talens réunis. Peu né pour la grande Poésie , il avoit dans l'esprit cette tournure agréable , qui embellit les choses les plus communes ; cette imagi-
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nation qui s'abaisse plus aisément qu'elle ne s'éleve. De-là le mérite de ses Opéra , d'une grande partie de ses Fables, & de tout ce qu'il a imité d'Anacréon. Voilà le cercle d'où la Motte ne devoit point sortir ; voilà sa Patrie : hors de-là, c'est un étranger qui défigure la langue du Pays où il se trouve , & qui ôse en attaquer les usages , uniquement parce qu'ils gênent sa conduite.
La Motte a donc sacrifié un talent réel à ceux qu'il n'a voit pas ; élégant, pur, ingénieux y subtil même dans sa prose , sur-tout lorsqu'il l'emploie à défendre ses vers, ou à combattre la Poéiie ; qu'il veut prouver qu'il est Poète , ou qu'on doit l'être comme lui; il pou voit se contenter de le paroitre à certains égards, & donner un libre essor au génie qui lui traçoit une route opposée ; nous eussions eu alors > au dieu de Poéiies métaphysiques, d'excellens Traités de morale en prose , l'Histoire écrite en Philosophe , des Dissertations , je ne dis pas plus ingénieuses , mais moins paradoxales. Nous eussions peu perdu , & beaucoup gagné ; 6c notre Auteur n'en eût été que plus grand , & à nos regards & à ceux de la postérité. On doit cependant l'avouer, indépendemment de ce qu'il auroit pu faire, ce qu'il a fait mérite un rang distingué parmi les bons Écrivains de notre siècle. Il ne faut pas, comme à Démétrius de Phalère , lui élever 36o statues ; mais s'il en a voit une, ce seroit une très-grande injustice de l'abattre.
La Motte avoit une mémoire qui tenoit du prodige. Un jour M. de *** , qui avoit alors au plus 2.4 à z 5 ans, lui lut une Tragédie qu'il avoit composée. Après l'avoir écoutée jusqu'à la fin : « Votre iî Piece est belle , lui dit la Motte ; & j'ôse vous 3) répondre d'avance du succès. Une seule chose 3) me fait peine , c'est que vous donnez dans le :» plagiat : je puis vous , citer en preuve , ladeuxieme >, scène de l'Acte quatrieme ». Le jeune Poète fit
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de son mieux pour se justifier d'une pareille accusation. « Je n'avance rien , ajouta la Motte, qu'eu connoissance de cause ; &, pour vous le confirmer, « je vais réciter cette même scène que je me suis » fait un plaitir d'apprendre par cœur, & dont il ne » m'est pas échappé un seul vers H. En effet, il la récita toute entiere sans héiiter , & d'une façon aussi animée, que si lui-même l'eût faite. Tous ceux qui avoient été présens à la le&ure de la Piece , se regardoient les uns les autres, & ne sçavoient ce qu'ils devoient penser. L'Auteur sur-tout étoit tout. à-fait déconcerté. Quand la Motte eut un peu joui de son embarras : « Remettez-vous, Monsieur, lui » dit-il ; la scène en question est de vous sans doute , » ainsi que tout le reste ; mais elle m'a parut si belle * 5> & ii touchante , que je n'ai pu m'empêcher de la retenir 3).
LA MOTTE , ( Marie-Hélène des Mottes , connue sous le nom de Mlle de ) Acrrice de la Comédie Françoise , originaire de Guienne , mais née à Colmar en 1704, mourut à Paris vers la fin de l'année 1769, d'une attaque d'apoplexie , à l'âge de soixante-cinq ans. Elle a voit débuté au Théâtre François en 1721., par le rôle de Cléopâtre , dans la Tragédie de Rodogune ; mais elle renonça au genre Tragique , pour lequel elle se sentoit peu de talens naturels, & se livra aux seuls rôles Comiques. Son emploi dans la Troupe étoit celui que Paris avoit vu remplir , du tems même de Moliere , par un Asseur travesti. Les rôles de Mde Pemelle , de Mde Jourdain , de Mde de Sotenville , de la Comtesse d'Escarbagnas , de la Devineresse , &c , avoient été faits pour André Hubert, excellent Comédien dans les Mascaracies. Une sorte de décence mal entendue, avoit donné lieu , sans doute , à cet usage bisarre , de travestir un homme pour ces rôles. L'art de la Scène , en se perfectionnant parmi nous, fit franchir cette petite délicatesse , qui tenoit à la tradition des
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Drames anciens , dans lesquels les rôles de femmes, à 14 faveur du maique , étoient remplis par des hommes. Ce fut dans cet emploi comique, appelle, en termes de l'art, l'emploi des ridicules , que Mlle de la M&tte fit , jusqu'à sa retraite en , les plaiiirs de la Scène. Avec une figure décente, une physionomie vive, une taille élégante & conservée julqu'à sa mort , de l'esprit & de l'agrément, elle fut toujours très-éloignée d'offrir , dans la société, quelque chose de commun avec les rôles dont elle s'étoit chargée. Un peu d'aigreur & d'élévation dans la voix sut le seul secours que lui prêta la rature ; tout le reste étoit dû au talent ingénieux d'imiter , qui fait le mérite d'un Comédien.
La Motte rend si finement
Tous les rôles qu'elle débite ,
Qu'on croit qu'elle a réclleirent,
Le caraétère qu'elle imite.
LANCEL , ( Antoine ) Auteur d'une ancienne
Piece intitulée le Miroir de L'Union Belgique.
LANDOIS., ( M. Paul) né à Paris, est Auteur d'une Tragédie de Sylvie.
LANDON, ( Jean ) né à Soissons , le Tribunal de
V Amour.
LA NouE , ( Jean Sauvé, plus connu sous le nom de ) naquit à Meaux en 1701, & y fit une partie de ses études sous la protection du Cardinal de Bissy. Il vint les achever à Paris au Collège d'Harcourt. La Nature l'a voit mis à même de choiiir entre diverses professions , qui exigent les talens de l'esprit ; mais , entraîné par son goût pour le Théâtre , il prit celle de Comédien. Il débuta à Lyon par les premiers rôles , n'étant encore âgé que de vingt a.n.s. Il y fut parfaitement bien accueilli, &: n'a ja-
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LA N ^ LA N
mais cesse de l'être sur les difFérens Théâtres où il a paru.
De Lyon il se rendit à Strasbourg. Là, même succès dans ses rôles ; & il y débuta dans un autre genre. Il donna pour son coup d'essai les Deux Bals, amusement comique, où l'on trouve de l'esprit & de la gaieté. Pluheurs personnes distinguées le solliçiterent dès-lors de venir à Paris ; il s'y ht connoitre, en effet, très-avantageusement l'année suivante par le Retour de Mars , qui fut représenté avec le plus grand succès. Tout, dans ce petit Dïame, est fin , vif, léger & pensé. L'esprit ., l'art & le jugement s'y trouvent réunis. Il doit figurer parmi nos meilleures Pieces Épisodiques.
Les Comédiens Italiens desiroient que son Auteur entrât parmi eux ; M. le Duc de la Trémoille l'en pressoit ; mais la Noue avoit d'autres vues ; il le voit dès-lors une Troupe de Comédiens pour le Théâtre de Rouen , de concert avec. Mlle. Gauthier, qui en avoit le Privilège. Ils réitèrent cinq ans dans cette Ville , & toujours à titre d'aiïociés. Dans cet intervalle , notre Auteur fit représenter à Paris sa Tragédie de Mahomet Il , qu'jj avoit corn-, posée à Strasbourg. Elle eut un succès distingué : on la compte même parmi le nombre des..Pijeces resiées au Théâtre.
En couronnant son Auteur, le Public de Paris eût voulu jouir de tous ses autres talens ; mais , sollicité au nom du Roi de Prusse, il s'arrangea pour passer à Berlin. On lui promettoit des avantages propres à le déterminer. Ce fut néanmoins ce projet qui cau sa sa ruine. La Guerre qui survint en empêcha l'exécution ; & il fallut que notre Auteur payât & congédiât, à ses dépens, la Troupe qui devoit le suivre. Alors il prit le parti de revenir à Paris. 11 débuta à Fontainebleau , en 1742., par lç Comte d'Essex. L'intelligence &: le na-
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LA N LA N
turel de son jeu y furent généralement goûtés. La Reine eut la bonté de lui dire elle-même , qu'elle le trouvoit bon, & qu'elle le recevoit : il fut en effet reçu le lendemain , & avec distin&ion. Le Public de Paris ne se croit pas toujours obligé de sou scr ire , en matière de goût , aux dédiions de la Cour : mais , dans cette occasion , la Cour & le Public furent d'accord.
Bientôt même la Cour fournit à la Noue l'occasson de lui plaire dans un autre genre. Il composa pour les Fêtes du mariage de Monseigneur le Dauphin , la Comédie-Ballet de Zéli/'ca. C'étoit entrer en concurrence avec M. de Voltaire , qui , dans le même tems , & pour le même sujet, composa la PrinceJJe de Navarre. Il est rare que ces Ouvrages de circonstances &: de commande aient le mérite de ceux que le génie entreprend à loisir & à son choix : cependant la petite Comédie dé Zélifca est ingénieuse pour le fond , & agréable' pour les détails ; sur-tout elle fournit beaucoup air Speétacle; & c'étoit-là le point nécessaire. On y' voit deux Rivaux mettre en jeu , l'un tous les la Nature de l'Art, l'autre toutes les ressources de a Nature. On sent l'effet qu'un pareil contraste devoit produire sur un Théâtre où la magnificence étoit prodiguée. Cette Piece & ses Divertissemens firent un plaisir universel. Sa Majesté elle-même ne voulut point que l'Auteur pût ignorer celui qu'il, y a voit pris ; elle daigna l'en instruire de sa propre bouche.
Il y avoit alors à la Cour les Spe£tacles des Petits Appartemens : la Noue en fut nommé le Répétiteur , avec 1000 livres de pent-ion. Il fut particulièrement redevable de cette faveur à feu M. lé Maréchal de Luxembourg. M. le Duc d'Or- léans l'honora aussi des marques de sa confiance , & de son estime Ce Prince lui donna la Direftion de son Théâtre de Saint-Cloud.
En 1756, la Noue couronna sa réputation dra-
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LA N éLA N
matique par une Comé die en cinq A des , & en vers. C'elt la Coquette Corrigée. Ce fut la derniere production de l'Auteur, du moins la derniere qu'il ait mis au Théâtre. Il songea même à y renoncer comme Acteur. Sa santé , tort affoiblie , en fut la principale cause. Elle n'avoit jamais été robuste , & ne pou voit que s'altérer encore plus par le double travail de la Scène & du Cabinet. Ce fut à ce dernier que la Noue se restreignit. Il se proposoit d'achever à loiiir les dirtérens Ouvrages dont il avait dé,a préparé les canevas : mais la mort ne lui en tailla pas le tems. Elle l'enleva aux Lettres & à la Société le 15 Novembre 1769, âgé de soixante ans. t -
Outre les Pieces dont on vient de parler , on trouve une Comédie intitulée l'Obstine. Elle n'a paru sur aucun Théâtre ; cependant elle ortie plu-;, ileurs scènes qui semblent faites pour y réussir. On peut ajouter aux Diames de la Noue , les Canevas de quelques Tragédies, qui furent trouvés dans sfs; papiers. Le sujet de l'une est la Mort de CLéomhne ; l'autie est la Alan ae Thruseas. On doit d'autant plus les regretter , que , dégagé pour toujours des travaux de l'A&eur , il auroit pu se livrer plus constamment à ceux du Poète. Ses Ouvrages décèlent un génie. flexible , un goût sûr, le ton le plus propre au sujet qu'il traite , & de l'aptitude à traiter plus d'un genre. Il paroit également à son aile , & dans le Cothurne & dans le Brodequin. Tel fut en lui l'Auteur; & cestraits lui peuvent être également appliqués dans son autre profession : c'eil, uans toutes les deux , le même taCt & le même goût : ceux qui l'ont vu sur la scène, sçavent que la Nature avoit peu fait pour son extérieur. Il n'avoit même qu'un foible organe ; mais l'intelligence & le naturel exquis de son jeu enlevoient nécessairement les suffrages. Enfin , à ces divers talens , la Noue joignit les mçeurs & la probité, vertus que les plus grands
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LAN LAN
grands talens ne supposent pas toujours, mais qu'ils ne remplacent jamais.
On a dit de la Noue , que ce fut par nécessîté, 8c contre son gré, qu'il prit le parti de se faire Comédien. Une place de Précepteur qu'il manqua. chez feu Monsieur de Brou , mort Garde-desSceaux de France, dont il devoit élever le fils, décida la Noue à prendre le parti du Théâtre. L'on pourrait dire aussi , que ce fut contre le gré de la Nature , que la Noue se fit Comédien. Il a voit une figure ingrate , une voix rauque & sans timbre , un air ignoble, nulle chaleur ; & de toutes les parties 9 qu'on a droit d'exiger d'un bon Asseur , il n'avoit que celle d'une intelligence supérieure.
« Mon visage est ingrat pour exprimer la joie » , disoit la Noue, dans l'Époux par supercherie , & ne le disoit jamais qu'avec de grands applaudissemens ; parce qu'il affectoit de l'appliquer à sa figure , qui en effet n'annonçoit rien moins que de la gaieté, quoiqu'il sçût d'ailleurs très-bien rendre tous les. autres sentimens de l'ame.
On voit en la Noue un Adeur
Qui fait très-bien son personnage j
A le lire, c'est un Auteur,
Qui fait encor mieux un ouvrage.
L A N Y , (le fleur Jean-Barthelemy ) Maître & Compositeur des Ballets de l'Académie Royale de Musique , & l'un des grands Danseurs de l'Opéra pour la Danse forte &: légere.
LANY , ( Mlle. ) aujourd'hui Mde. Gelin, sœur du précédent, dont la Danse a été cara&érisée par les vers suivans.
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LA P LAR
Les Amours volent sur tes traces ,
Lany ; tu joins à la Beauté ,
Des Nymphes la légéreté,
Et les attidudes des grâces.
LA PÉRUSE, ( Jean de ) né à Angoulême, oa à Poitiers, & mort en, 1555, a laissé une Tragédie de Médée.
LA PINELLÏERE , ( de ) né à Angers , a donné une Tragédie d'Hippolyte.
LA PL ACE , ( M. Pierre-Antoine de ) né à Calais » ancien Secrétaire de l'Académie d'Arras, ci-devant Auteur du Mercure de France , de plusieurs Romans , du Théâtre Anglois , &c, a composé Venise Sauvée , Jeanne d'angleterre , Adèle de Ponthieu , l'Épouse à la mode , Rénio 6* Alinde.
LA PORTE , ( M. l'Abbé Joseph de ) né à Belfort, en Alsace , a fait jouer dans des Collèges, l'Enfant gâté , l'Antiquaire y une Pastorale y & Saint-Symphorien.
LARCHER, ancienne Chanteuse dans les Chœurs de l'Opéra, qui seroit peu connue sans ce Quatrain :
Larcher, quand dans les Chœurs on ne fait que paroître *
Le mérite du Chant est toujours inconnu ; ^
Et pour te rendre ici l'hommage qui t'est du ,
Il faudroit, de pius près , t'entendre Se te connoître.
LARCHER , (M.) né à Dijon, le même qui a écrit contre M. de Voltaire , a traduit du Grec la Tragédie à Electre.
LARGILLIERE , fils du célèbre Peintre de ce nom, d'abord Conseiller au Châtelet , ensuite Commissaire des Guerres au Neuf-Brislach, où il
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LA R LA R
mort en 1742., a donné l'Amante retrouvée 9 Aly
& Zémire , & Polichinel, Comte de Purifier.
LA RIBADIERE, (M. de ) né à Paris, adonné les Aveux indiscrets , les Sœurs rivales 9 les Deux Cousine s , la Réconciliation Villageoise.
LA RIVEY, ( Jean de) Champenois, a laissé au Théâtre les Jaloux , le Laquais , le Morfondu , les Esprits ,les Écoliers , la Veuve. On luiattribue encore la Nepheloco£ugie. Il est le premier qui ait compote des Pieces de pure invention , & des Comédies en prose.
LA RIVEY , ( Pierre ) né à Troyes , la Confiance , la Fi de lle, & les Tromp erieç.
LA RIVIERE , (le Marquis de ) a fait les paroles de l'Opéra d'Isbé.
LARRivEE J (M.) Basse-taille de l'Opéra, où il joue les premiers rôles dans ce genre.
LARRIVÉE, ( Mlle. le Mier, épouse de M. ) très-bonne A&rice de l'Opéra.
LA ROQUE, ( Saint-G.... de) de Clermont en Beauvoisis, a composé une des Paltorales intitulées la Chasse Bergere.
l,A ROQUE , ( Antoine de ) né à Marseille , Chevalier de Saint-Louis, ancien Gendarme de la Garde du Roi, blessé d'un Boulet de Canon à la Bataille de Malplaquet, fut chargé du M'ercure de France y & donna à l'Opéra, Médée 6* Jason-, & Théonée.
LA RuE , ( le Pere Charles ) Jésuite , né à Paris en 1643, mort dans la même Ville, âgé de soix-antedouze ansi connu par ses beaux. Panégyriques &E
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LA R LA S d'excellentes Pieces Latines , a laisse Lisimachus , 81 Scylla.
LA RUETTE , ( M. ) débuta à l'Opéra-Comique en 1752, & y joua les rôles de Pere, de Tuteur, &c. Il suivit sa Troupe au Théâtre Italien , lors de la Réunion de ces deux Spectacles. La Musique du Médecin de l'Amour, de l'Ivrogne corrigé 9 du Doéleur- Sangrado , du Dépit généreux , du Guy de Chine , de l'Heureux déguisement, des Deux comperes, est de sa compoiition.
L. RUETTE , ( Mlle. Fillette, épouse de M. ) avoit d'abord joué à l'Opéra-Comique , débuté . ensuite à l'Opéra , & fut reçue à la Comédie Italienne pour lès rôles d Amouieuse , qu'elle rend avec beaucoup de succès.
LA SALLE , ( M. le Marquis de ) Auteur de rAmant Corsaire.
LA SANTE > ( le Pere Gilles-Anne-Xavier de ) Jésuite , né près de Rhédon en Bretagne, en 1684 , mort vers l'an 176 3 , a donné le Fils indocile.
LA SELLE : Ulysse 6» Circé.
LA SELVE, Auteur des Amours infortunés dé
"Léandre 6* d'Héro.
LA SERRE , ( Jean Puget de ) né à Toulouse vers l'an 1600 , & mort en 1666 , fut Garde de la Blibliotheque de Monfietir , frere de Louis XIII, Historiographe de France , Conseiller d'État, & a beaucoup & mal écrit en vers & en prose ; mais il se connoissoit lui-même ; car ayant assisté à un fort mauvais discours, il alla,, comme dans une espece de transport , embrasser l'Orateur , en s'écriant : xç Ah! Monsieur , depuis vingt-ans j'ai bien débité
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LA S LA T
m du galimathias ; mais vous venez d'en dire plus en une heure, que je n'en ai écrit en toute ma vie ».
La Serre se vantoit d'un avantage inconnu aux autres Auteurs. « C'est , disoit-il, d'avoir sçu tirer » de l'argent de mes ouvrages , tout mauvais qu'ils 3* sont y tandis que les autres meurent de faim avec » de bonnes productions ». Lorsqu'on lui reprochoit la promptitude de. son travail, il répondoit qu'il étoit toujours pressé , lorsqu'il s'agiflbit de gagner de l'argent ; & qu'il préféroit les Pistoles qui le faisoient vivre, à la chimère d'une vaine gloire, avec laquelle il seroit mort de misere. Nous avons de lui Pyrame , Pandofte , Scipion ou le Sac de Carthage , Thpmas Morus , Climène ou le Triomphe de la Vertu , Sainte-Catherine f & Thésée. ^
LA SERRE , ( Jean - Louis - Ignace de ) sieur "de Langlade , Censeur Royal, Gentilhomme du Quercy , mort à Paris en 1756 , âgé de plus de quatrevingt-quatorze ans , a laissé Polixène & Pyrrhus, Diomède , Polydore , Pirithoüs , Pyrame & Thisbé. Tarfis 6* Zélie , la Paflorale héroïque , & Nltétis , outre une partie de Scanderberg, & une Tragédie d'Artaxare , qu'on attribue aussi à l'Abbé Pellegrin.
LA TAILLE DE BONDAROY , ( Jean ) Gentil- ^ homme de Beauce, né au Village de Bondaroy , près de Pithiviers , mourut en 1608 , à l'âge de foixante-onze ans. Ses Pieces de Théâtre sont Saut Furieux, les Corriv aux > le Négromant, l e Pririce nécessaire, le Combat de sortune 6* de pauvreté , la
Famine , le Courtisan retiré , la Mort de Paris 6' d'OEnone.
LA TAILLE DE BONDAROY , ( Jacques ) frete du précédent , né au même lieu , en 1542. , mort delà pesse à l'âge de vingt ans , a donné la Mort dç Dale , Alexandre > Athamant , Niobé , Proçné,
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LA T LA T
Jean de la Taille , en parlant de son frere , 'dit qu'il avoit déja la gravité de Ronsard , la facilité de du Bellay & la promptitude de Jodelle. Ces traits conviennent à un jeune Poète de vingt ans, qui avoit fait plusieurs Tragédies & quantité d'autres Pieces, toutes d'un mérite peu commun pour le tems. Quant à Jean de la Taille , on remarque dans ses ouvrages , plus de goût, plus d'art, plus de noblesse, que dans ceux de son frere. Il connoifloit les Poètes Grecs & Latins. Sa di&ion est pure pour le sièç-le où il écrivoit ; ses plans sont iages, ses pensées neuves & ingénieuses.
LA THORILLIERE ( le Noir de )Gentilhomme, qui d'Officier de Cavalerie se fit CQmédien pour les rôles de Roi & de Paysan en 1658, & mourut en 1679, ayant donné au' Public une- Tragédie de Marc-Antoine.
LA THORÎLXIERE , ( Pierre le Noir de ) fils du précédent, excellent Comédien pour les rôles de Valet & autres Comiques , dans lesquels il fit pendant très-longtems l'agrément du Théâtre, mourut Doyen des Comédiens en 1731, âgé de soixante^quinze ans. Il étoit frere des Dames Baron & Dancourt , femmés des célèbres Comédiens de ce nom , & dont les noms de fille étoient Louise & Therèse le
Noir. Il avoit ipousé Catherine Biancolelli, fille de Dominique , excellent Arlequin de l'ancien Théâtre Italien , connue sous le' nom de Colombine.
: LA THORILIERE , ( Anne-Maurice le Noir de ) fils & petit-nl? des précédens , fut reçu au Théâtre en 1722 , & joua d'abord des rôles Tragiques , tel que Xipharès dans Mithridate , qui fut son coup d'essai. Il prit ensuite les rôles à Manteau, de Financier , de Pere, qu'il jouoit avec beaucoup de naturel5 il mourut en 1759 , âgé de plus de soixantê ans.
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LA T LAV
Faut-il d'un Financier , ou d'un Perc Comique
Rendre un rôle parfaitement ?
Prenez la Thorillîere : il joue éminemment,
Dit aussi-tôt la voix Publique.
LA THUILLERIE , (Jean-François Jouvenon de) Comédien , sous le nom duquel on a imprimé plusieurs Pieces , dont on dit qu'il n'étoit que le prêtenom; sçavoir , Crispin Précepteur 9 Soliman, Hercule, Crispin Bel-esprit. On lui a encore attribué Merlin, Peintre. Mais on prétend que la plupart de ces Comédies étaient de l'Abbé Abeille. La Thuinerie est mort, âgé de tneate-cinq ans , en I688. Il étoit fils <le Jouvenon , dit la Fieur , qui succéda à Montfleury, dans les rôles de Roi, & mourut vers l'an 1680.
LA TOUR, (de) a donné vers 1620, un Poeme Tragi-Comique intitulé Isolite , ou l Amante cmrageuse.
LA TouR , (le sieur de ) Haute-contre de l'Opéra , où il remplissoit les premiers rôles, retiré avec la pensionde 1000 livres, en 1757.
LA TOURNE^LE , ( M. de) Commissaire des Guerres, Auteur de quatre Tragédies d'OEdipe , non représentées.
L'ATTAIGNANT , (M. Gabriel-Charles Abbé de) Parisien, Chanoine de Reims , Auteur de plûsieurs Belles Chansons, a eu -part au Rossignol, OpéraComique, en société avec MM. Fleury & Atlseaume , &c.
L'ATTAIGNANT DE BAINVILLE , { M. de ) ci-devant Conseiller au Parlement de Paris , aujourd'hui Trésorier de l'Ordre de Saint-Lazaie , Auteur de la Comédie du Fat. ,
LAVAI, ( Antoine Bandieri de ) est né à Paris
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LA V LA V
en 1688, d'Antoine Bandiéri, d'une famille noble de la République de Luques, Maître des Évolutions de Guerre , des Académies du Roi, sous le regne de Louis XIV, & de Catherine Dufort, belle-sœur du sieur Balon > Maître des Ballets du même Prince. Les dispositions heureuses de leur . fils se développerent dès sa plus tendre jeùnesse. A l'âge de dix-huit ans, il débuta , de la maniere la plus brillante , sur le Théâtre de l'Opéra. En 1731, il eut l'honneur d'être nommé à la survivance du sieur Balon, son oncle , pour montrer à danser aux Enfans de France ; Se en 1739 , il obtint la place de Maître des Ballets du Roi. On se souvient encore du goût majestueux & noble, dans lequel il composa les Ballets des Fêtes Brillantes , données à la Cour, à l'occasion du mariage de feu Monsei_gneur le Dauphin; & ceux des Specbacles de Fontainebleau, dans les années 1753? 1754
Dans les dernier,es années de sa vie, il avoit essuyé de fréquentes atteintes' de goutte , mais fort légeres & peu capables d'allarmer : enfin , il en éprouva une si violente & si compliquée en 1767 , qu'elle résista à tous les remèdes. Après des souffrances excessives, qui durerent environ trois mois, Se dans lesquelles il fit éclater sa patience & sa résignation Religieuse , il mourut âgé de soixante- neuf ans.
LAvAL , ( M. de ) ci-devant Danseur de l'Opéra, aujourd'hui Dired:eur de l'Académie de Danse, . fils du précédent.
LA V A L , ( P. A.) Comédien , qui a écrit contre M. Jean-Jacques Rousseau , a donné une Comédie intitulée l' Innocente supereherie. Nous trouvons une autre Piece , sous le titre d'Jsabelle ,, par M. Laval ou de Laval , donnée vers le même tems que la précédente ; nous ignorons si elle est du même Auteur.
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LA V la LAU
LA VALETRIE, Auteur de Chafleté repentie.
LA VALETTE , Auteur de l'Amante en tutelle.
LA VALETTE, (le sieur) dit Greve, Comédien de Province , a donr/é le Théâtre à la mode, Annibal ti Capoue , ou les Campéniens.
LA VALIZE, , nom supposé , sous lequel a paru la Farce des Courtisans de Pluton , 6* leur Pèlerinage en son, Royaume.
LA VARDIN : ( Jacques ) sieur du Plessis Bouvoti la Celefline.
LAUJON , ( M. Pierre ) né à Paris, ci-devant Secrétaire des Commandemens de feu-M. le Comte de Clermont, aujourd'hui de M. le Duc de Bourbon & du Gouvernement de Champagne , a donné aux différens Théâtres de Paris & ailleurs , seul ou en société , la Fille , la Femme & la fleuve ; la Parodie d,Armide , celle de Thésée , Daphnis &0 Chloé , JEglé , Sylvie , lsmene & Isménias, la Journée galante , ■A\or 6' Thémire , le Retour de /'Amour & des Plaisirs , l'Amoureux de Quinze ans , le Fermier cru Jourd.
LAUNAY , Auteur d'un Recueil de Fables, né à Paris en 1695 , &: mort dans la même Ville en 1751 , fut, après Palaprat , Secrétaire des Commandemens de M. de Vendôme , Grand-Prieur. Il n'est pas l'Auteur de la Comédie du Complaisant, quoiqu'elle soit imprimée dans le Recueil de ses OEuvres ; feu M. de Pont-de-Veyle l'a revendiquée après la mort de Launay ; & ceux qui sont au fait des anecdotes de notre Théâtre , n'ont pas démenti M de Pont-de-Veyle. Piron croyoit que M. de la Marche, Premier PréGdent du Parlement de Dijon, & Madame de Tencin, tante de M. de Pont-deVeyle , y a voient eu part ; mais il paroît que tout
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LA V LAU
le monde s'est accordé à la laisser à ce dernier. Les Comédies qui sont véritablement de Launay, ou du moins, que personne ne lui conteste, sont la Vérité sabuli(le, & le Paresseux. On y remarque l'empreinte de l'esprit & du talent. M. de Launay a voit étudié les vrais principes de son art; il ne perdoit point de vue les grands modèles ; & il est à croire qu'un plus grand nombre de productions dramatiques eût completté sa réputation dans ce genre.
Le Prince de Vendôme, Grand-Prieur de France, ayant pris Launay pour Secrétaire de ses Commandemens , celui-ci faisoit moins cette rbnAion , que celle d'égaier les convives par ses saillies & par ses contes. 'Un jour qu'il manqua à un souper > ce Prince le fit réveiller , & lui dit : ct Tu dois sçavoir » que je t'ai pris plutôt pour boire & animer, les » plaisirs de ma table, que pour écrire mes Lettres M.
LA VoLiERE , ( M. de ) a fait imprimer une
Tragédie de Progné.
LÀ-, rOY , ( Mlle. Anne - Pauline Durriont de ) fille d'un Comédien, débuta par Andromaque , dans la Tragédie de ce nom , & fut reçue en 1739- Elle jouoit les rôles de grandes Confidentes Tragiques , & les Ridicules, dans le Comique. Elle quitta le Théâtre en 1759.
Si Lavoy fait la Confidente
Au Théâtre , on l'aplaidira ;
Maison la trouve trop charmante
Pour faire ailleurs ce rôle-là.
LAURAGUAIS , ( M. Louis-Léon-Félicité de Bran. tas, Comte de ) né à Paris en 173 1 , de l'Académie des Sciences, a fait imprimer une Tragédie 'de Clilemneflre.
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AU LE B
LAUREL , ( M. l'Abié ) a traduit de l'Anglois eiy François , le Joueur. > f j ;
LAURÈS , ( M. le Chevalier Antoine de) né à Gignac, Diocèse de Montpellier , fils du Doyen des Conseillers de la Cour des Aydes de cette Ville , a composé la Statue , la Fête de Cythere $ Zémide, Thomire. ; - D ' rJ
LAUS DE Bossy , ( Louis ) né à Paris , le
Qui-pro-quo , ou la Méprise , l'In-promptu de Boujfy ^ Oronoko ou le Prince Nègre.
LAUTEL , ( M. de) Auteur de Finfin 6* Lirate, du Forgeron , du Départ interrompu , de la. Géorgienne , des Deux Commeres , de la Fête de Pluton , du Provincial aux Boulev ards , de la Maison mal gardée , du Naufrage d'Arlequin, & d'un compliment de clôture.
LE BEAU, (Jean-Louis ) né à Paris en 1711, mort en 1766, frere de M. Charles le Beau , ancien Secrétaire de l'Académie des Inscriptions & Belles-?' Lettres , succéda à son frere dans la Chaire de Rhétorique du Collège des Gradins, où il composa. le Parnasse réformé , Comédie de Collège.
LE BEAU DE SCHOSNES , ( M. ) né à Paris , de l'Académie de Nîmes , a fait Thalie corrigée, &. Mélézinde. t. ? V
LE BIGRE, Auteur & Adolphe & du Fils matheureux.
LE BLANC, (M. l'Abbé Jean-Bernard) Historiographe des Bâtimens du Roi, connu par ses Lettres sur les Anglois , a donné au Théâtre Aben-„, saïd,
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LE B LE C
LE BLANC : ( M. ) Manco-Capac , les Druides J l'Heureux évènement.
LE BRETON J (Gabriel ) Seigneur de la Fond, né à Nevers, au commencement du seizième siècle > avoit été, dans sa jeunesse, Avocat au Parlement de Paris, où l'on croit qu'il composa les Tragédies d'Adonis, de Didon, de Dorothée, de Tobie , de Carite, & une Comédie du Ramoneur.
LE BRUN, né à Paris en 1680 , fils d'un Trésorier de France, fit ses études au Collége des Jésuites, voyagea en Angleterre , en Hollande , en Italie , & mourut à Paris en 174 1. Dans un Volume de sa composition, intitulé Théâtre lyrique , on trouve sept Pieces qu'il avoit faites pour être mises en musique ; sçavoir , Arion , Europe , Frédéric, Hippocrate amoureux , Mélusine , Sémélé, & Zoroaflre. On lui donne aussi une Comédie intitulée l'Étranger.
LE CAMUS , ( Antoine ) Médecin, Associé des Académies de la Rochelle, d'Amiens & de ChâIons, né à Paris en 1722, & mort en 176.., parmi plu sieurs ouvrages de différens genrés , a laissé une Comédie intitulée Y Amour 6* V amitié , qui n'a pas été représentée.
LE CLAIR , ( Jean-Marie ) naquit à Lyon en 1697 , à*Antoine le Clair, Musicien de Louis XIV , & de Benoîte Ferriere. La première anecdote de sa' vie n'est pas la moins intéressante , pour prouver que la Nature est sou vent contrariée, dans ses dispositions par le hasard, ou par le caprice des parens : en effet, soit obéissance , soit inclination, le Clair parut cî'abord pencher vers la Danse ; ce fut à Rouen, qu'il fit ses premier$ essais en ce genre. Le grand Dupré y étoit ; & , par une çirconstance non moins bisarre, il joua du Violon pour faire dacier le Clair. Ils furent réciproquement
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LE C LE C très-peu satisfaits ; & tous deux se rendirent juflicc. ' Dès le même instant, ils résolurent de changer de, ',, place ; Dupré quitta l'Orchestre pour amener ail Théâtre cette noblesse élégante, cette précisic, ces grâces , qui ont si long-tems charmé les yeux, > & dont l'heureux ensemble ne s'est trouvé depuis , que dans le sieur Vestris, son Élève , qui a conservé l'honneur d'un genre qui appartient purement à la Nation. Le Clair quitta , de ion côté , re Théâtre pour l'Orchestre , & ouvrit bientôt à l'harmonie une nouvelle carrière.
Il manqua toujours à le Clair cette portion de , génie, qui sert à cacher l'art lui-même , de maDiere qu'il devientie presque insensible dans la jouifc' sance de l'effet. On peut porter le même jugement.- de la plupart des ses Opéra: ils sont fort au-dessous? de ses modèles , quant à la partie du Chant, & non moins inférieur à ses contemporains dans la partiel Instrumentale. On avoue que , pour acquérir dans" ce genre une juste réputation, il se trouva placé dans des circonstances très-difficiles. L'expression, noble Se pathétique de Lully étoit encore dans toutes les ames ; & MM. Rebel & Francœur la rame-v noient avec succès sur la scène , en y joignant de nouvelle graces , qu'ils ont depuis variées sans cesse ; mais sans renoncer jamais au caractère agréable qui rendra toujours cette expression précieuse aux connoisseurs délicats. Rameau , de son côté , s'ouvroit une carrière immense : peu content d'avoir re- ? cueilli tous les trésors é pars de ses anciens Maîtres , ^ il sembloit dérober jusqu'à l'avenir , en créant un . nouveau genre si- près de la perfection , qu'il peutêtre regardé , à-la-fois , comme le premier & le dernier modele de la Nation. Nous devons encore à l'enthousiasme qu'il a, transmis , des Élèves qui, par leur succès, ajoutent à sa gloire, & que la. Nature a formés, sans doute , pour perpétuer nos plaisirs. Le Clair , moins heureux , n'eut jamais cet
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LE C LE C * amour-propre a&if, d'où naissent les grands succès en tous genres 3 plus fait pour s'asservir aux regles , que pour sçavoir les franchir quelquefois, & les soumettre à l'essor indépendant du génie, il se contenta de perfectionner , toute sa vie , les ouvrages par lesquels il s'étoit distingué , & qui tous se ressentent un peu du travail. Il existe cependant un morceau de lui, communément appellé, le Tombeau de le clair, ouvrage de la plus grande maniere , du plus heureux ensemble , plein de beautés nobles , poétiques y & ( ce qui est supérieur encore ) décelant une ame très-sensible. Ce morceau devoit être exécute en grande Symphonie à la,MeiTe que l'on se proposoit de faire célébrer aux Feuillans pour l'Auteur. Sa cendre ne devoit point être privée d'un tribut si honorable , & si propre à encourager les talens. En voyant ces palmes sur le tombeau de le Clair , on se rappellera avec douleur, que des mains cruelles l'ont enlevé aux Arts à l'âge de soixante-sept ans. La nuit du z2. Odobre, il fut assassiné comme iirentroit chez lui , & mourut sans secours. Il sembloit à l'abri d'un pareil malheur, par la médiocrité de sa fortune , qui ne pou voit tenter l'avarice d'aucun aflaffin. Les Opéra qu'il a mis en musique 7 sont Scylla & Glaucus , Apollon & C lime ne.
LE CLERC , ( Michel ) Avocat au Parlement, né à Albi en 1622. , de l'Académie Françoise , mourut en 1691. Ses Pieces de Théâtre sont Virginie, Iphigénie. On lui attribue encore Orefle & Orontée.
Il est confiant que , ii cet Auteur s'étoit entièrement livré au genre dramatique, il auroit plus de réputation. Il avoit du feu , de l'imagination, & de l'ordre. Son génie sage & réglé ne lui faisoit pas enfanter des chef-d'œuvres ; mais il sçavoit éviter ces fautes grossieres, que l'on voit si souvent dans les Ouvrages de ses Contemporains. D'ailleurs Corneille étoit alors dans son plus haut
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degré de gloire ; personne n'osoit se livrer à son génie , & jouter contre ce terrible Rival. Cette crainte émouffoit l'esprit ; on travailloit pourtant; maison ne réussissoit jamais. Le~Clerc, devenu trop sage par cet exemple , s'adonna au Barreau, où son éloquence lui fit plus d'admirateurs , que ses Pieces de Théâtre.
LÉCXUSE , autrefois excellent A&eur de lOpéra-
Comique , aujourd'hui très- bon Dentiste.
LE CocQ , ( Thomas ) Prieur de la Trinité de Falaise 6c de Notre-Dame de Guibray , le Meurtre d'Aèel.
LE CocQ y Comédien de Province dont on raconte le trait suivant. Il jouoit dans Ilphigénie le rôle d'Achille, qu'il avoit même très-bien rendu pendant toute la Piece, lorsqu'au dernier couplet du cinquieme Aste , la mémoire lui manqua abso» lument après ce vers:
Le Prêtre deviendra ma première viflime ....
Mais, loin de s'interrompre pour écouter le Souffleur, & de perdre par-là l'effet assuré d'une sortie brillante , il continua avec la même impétuosité jufqu'à la fin, en déclamant, à tort & à travers , des mots sans suite , & sans sçavoir du tout ce qu'il disoit; de façon qu'il trouva moyen de terminer sa tirade avec tant de véhémence & d'éclat, qu'il fut applaudi comme s'il eût admirablement dit les plus- beaux vers de Racine.
LE COMTE, Auteur d'une Piece intitulée
Dorimène.
LE COUVREUR, ( Adrienne) fille d'un Chapelier de Fismes, en Champagne, naquit en 169?. Ëtant venue à Paris., le Comédien le Grand lui
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donna les premieres leçons de la déclamation, & lui fit représenter quelques Pieces dans des Maisons particulières; ensuite elle, alla jouer la Comédie à Strasbourg. Revenue à Paris , elle y débuta par le rôle de Monime, dans Mithridate fut reçue en 1717 , & mourut en 1730, âgée de trente-sept ans.
Mlle le Couvreur fut une des plus célèbres A&rices Tragiques , qui aient paru sur le Théâtre. Elle étoit médiocre , & très-médiocre dans le Haut-Comique. Elle voulut essayer de jouer le rôle de CéLimène dans le Misanthrope ; & elle fut obligée d'y renoncer. Dans Basile &. Quitterie , elle manqua celui de Quitterie. Ce n'ell point qu'elle eût une déclamation chantante 3 au contraire, elle récitoit , comme l'on parle ; & lorsqu'elle étoit en scène avec le fameux Baron, ils y mettoient, l'une & l'autre, le ton familier de la conversation, sans jamais trop l'élever ; & ils avoient tout le naturel, qu'il est possible de conserver, en gardant toute la noblesse &la dignité convenables à leurs rôles.
Mlle. le Couvreur avoit toute l'intelligence , la finesse & l'art que nous avons admiré dans Mlle. Clairon ; mais elle avoit infiniment plus de sénsibilité & d'entrailles. Elle rompoit d'ailleurs davantage la. mesure des vers ; ce qui donnoit un air beaucoup plus naturel à son débit, & augmentoit l'illusion de la représentation.
Cette Adtrice fut attachée jusqu'à sa mort à M. le Comte, depuis Maréchal de Saxe , qu'elle enleva, dit-on, à une très-grande Dame. L'on a fait des Contes sur la façon dont elle mourut. Quoiqu'il en soit, elle a vécu long-tems avec ce Héros de la France, lorsqu'il étoit dans sa premiere jeunesse ; & qu'il n'étoit encore Héros qu'en amour; & il l'étoit.
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Le Comte de Saxe écrivit de Courlande à Mlle le Couvreur, de lui chercher un secours d'argent ; cette fameusé A&rice vendit sa vaisselle 6c ses 6ijoux, & lui fit une somme de quarante-mille livres.
Il s'éleva dans le Public une dispute au sujet de la déclamation des Demoiselles Duclos & le Couvreur. M. de Beauchamps adressa à cette derniere une Épitre, à cette occasion ; il y caraétérise ainti la déclamation de cette Aétrice.
Enfin le vrai triomphe, & la fureur tragique
Fait place sur la scène , au tendre , au pathétique. \ C'est vous qui , des douceurs de la simplicité , \ Nous avez fait connoître & sentir la beauté; C'est vous qui , méprisant le prestige vulgaire.
Avez sçu vous former un nouvel art de plaire;
• Vous dont les sons flatteurs , ignorés jusqu alors ,
Des paillons du cœur expriment les transports. Avant que vous vinssiez, par mainte réussite ,
D'un heureux naturel nous montrer le mérite ,
Tel étoir de Paris le fol entêtement ,
Qu'on donnoit tout à l'art & rien au sentiment ;
Et le Théâtre en proie à des Déclamatrices >
N'offroit aux Spectateurs que de froides Aéhices.
LETTRE de Mademoiselle le Couvreur , écrite le S
Mili 17*8, à M. ***.
Vous connoissez la vie dissipée de Paris, & le$ devoirs indispensables de mon état : je passe me$, jours à faire les trois quarts au moins de ce qui me déplaît ; des connoissances nouvelles , mais qu'il m'est impossible d'éviter > tant que je serai liée où je suis , m'empêchent de cultiver les anciennes, ou de m'occuper chez moi selon mon gré. C'elt unei mode établie de dîner ou de souper avec moi , parce que quelques Duchesses m'ont fait cet honneur. Il est des personnes, dont les bontés me charment & me suffiroient, mais auxquelles je ne puis
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me livrer , parce que je suis au Public , & qu'il faut absolument , ou répondre à toutes celles qui ont envie de me connoitre, ou paflfér pour impertinente. Quelque soin que j'y apporte, je ne laisse pas de mécontenter ; si ma pauvre santé, qui est foible, comme vous sçavez , me fait refusër ou manquer à une partie de Dames que je n'aurai jamais vues, qui ne se soucient de moi qué par curiosité , ou, il je l'ose dire , par air ; car il en entre dans tout : « Vraiment, dit l'une , èlle fait la merM veilleuse. Une autre ajoute : c'est que nous ne sournies pas titrées ». Si je suis sérieuse, parce qu'on ne peut pas être fort gaie au milieu de beaucoup de gens qu'on ne connoit pas : « cesi donc-là cette fille qui a tant d'esprit, dit quelqu'un de » la compagnie. Ne voyez-vous pas qu'elle nous » dédaigne , dit un autre , & qu'il fàüt sçàvOir du » Grec pour lui plaire ; elle va chez Mde. de DI Lambert». Je ne sçais pourquoi je vous fais tout ce détail; car j'ai bien d'autres choses à vous dire ; mais c'est que je suis encore toute remplie de nouveaux propos de cette espece, & plus occupée que jamais du desir de devenir libre, & de n'avoir plus. de Cour à faire, qu'à ceux qui auront réellement de ■ la bonté pour moi, & qui satisferont & mon cœur ôc mon esprit. Mât vanité ne trouve point que le grand nombre dédommage du mérite réel des perïonnes. Je ne me souçie point de briller ; j'ai plus de plaisir cent fois à né rien dire , mais à entendre de bonnes choses ; à me trouver dans une société douce , de' gens .sâges & vertueux , qu'à êrre étourdie de toutes les louanges fades que l'on me' prodigue à tort & à travers. Ce n'ell pas que je manque de reconnoissance ni d'envie de plaire ; mais je trouve que l'approbation des sots n'est flatteuse* que comme générale, & qu'elle devient à charge , quand il la faut acheter par des complailanGes particulières & réitérées." y: '
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LE D LE F
LE DEviN , ( Antoine) a composé les Tragédies d'Esther , de Judith , & de Sulanne. .••• -
LE DIGNE , réputé Auteur de deux Tragédies, sçavoir , Arsace & Hercule Octus. . ,T , *...
LE FÉVRE, Auteur peu connu d'un Drame in- titulé Eugénie , ou le Triomphe de Chafleté- j
LE FÉvRE , ( M. ) de l'Académie Royale de .Musique , où il à chanté èn. qualité de Bassetaille, retiré avec, la pension. C • ^ ...
... K .• i
Le Févre charme également, »
Et ses Amis & le Parterre ; V y Le Public aime en lui Ion Chan t,
Et ses Amis foh caractère.
LE FÉVRE , ( M. ) Autèur de deux Tragédies/
Cosroès & Florinde. „
LE FEVRE DE SAINT-MARC , ( Charles Hugues) né à Paris en 1698 , de parens honnêtes, mais peu riches, fit ses études au Collége du Plessis , & s'y distingua par son application & ses succes. Il passa ensuite une partie de sa vie dans l'emploi ? moins honoré qu'honorable, de Précepteur, & sé fît connoitre dans le monde littéraire , par des Ouvrages de différens genres , & sur-tout par des Éditions dé divers Auteurs , telles que celles des Mémoires de Feuquieres, de l'Histoire de Rapin Thoiras , de$' Cluvres de Pâvilîon, de Boileau, de Chaulieu , &c f avec des Notes & des Commentaires. Mais pour ne parler que du Théâtre , nous avons de lûi' l'OperaL du Pouvoir de l'Amour, donné en 1743, vingt-six ans avant la mort- dé; son Auteùr , arrivée au mois de' Novembre dé l'année 1769. " n"
il •! M" ï V; ...... •- •. 'i
LE* FEVRE DE MARCOUVILLE, ( M. ) né $ Paris en 1 722, Secrétaire du Prince de Monaco •-
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LE F LE F
a donné le Réveil de Thalie 5 Fanfale , avec M. Favart ; les Amans trompés , la Fausse Aventuriers , & l'Heureux déguisement. Il a eu part à -la Petite Maison.
LE FEVRE , ( M. ) Baron de Saint-Ildéphon , ancien Chevaux-Léger, Sophie, ou le Triomphe de La Vertu ; les Orphelins ; l'Antre , ou le Caffé Procope; le Connoisseur , les Gasconnades.
LE FORT DE LA MORINIERE , ( AdrienClaude ) ne à Paris en 1695, d'une famille noble, originaire de Mortagne, fit avec succès ses études au Collège de Louis-le-Grand , & vécut dans une obscurité vraiment philosophique , chez les Peres de Sainte-Génevieve à Senlis , où il fit divers Recueils qu'il donna au Public , tels que le Choix de Poésies morales , la Bibliotheque Poétique, & autres compilations. Il n'a composé que trois Ouvrages qui soient véritablement de lui, la Vie de l'Empereur Confiance , & deux Comédies qui n'ont pas été représentées, les Vapeurs , & le Temple de la Paresse.
LE FRANC DE POMPIGNAN , ( M. Je an-Jacques ) ancien Premier Président de la Cour des Aydes de Montauban , est Auteur des Tragédies de Didon , & de Zoraïde ; de la Comédie des Adieux de Mars , des paroles du Triomphe de l'Harmonie , & de Léandre & Héro
En lisant les Ouvrages dramatiques de M. le Franc , on sent que cet Auteur connoît les bonnes sources, & qu'il sçait y puiser. Sage, mais libre dans son essor, il étale, dans sa Tragédie de Didon, toutes les beautés du quatrieme Chant de l'Enéide ; je parle uniquement de celles "qui ont rapport à l'expression ; car il sçait enchérir sur les cara&ères. Le sentiment, la pitié , voilà les ressorts qu'il emploie pour nous émouvoir ; &: ces ressorts maitri-
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LE F LE G
fent à coup sùr nos ames. Didon est la meilleure réponse qu'on puisse opposer aux Détracteurs de Racine ; à ceux qui prétendent que , s'il n'eût paru que dans notre tiècle , il eût trouvé peu d'admirateurs. Se faire applaudir dans un genre, qui a été celui de ce grand Poète , n'est-ce pas prouver le mérite du modele par celui de l'imitation ? Pourquoi donc l'Auteur s'est-il borné à cet heureux coup d'essai? Craignoit-il des revers? Ses premiers lauriers n'en eussent point été flétris. Il est peu de grands-hommes, qui aient éprouvé des succès toujours constans. Quoi qu'il en foit , M. le Franc nous dédommage de cette réserve par des product ions d'un genre très-opposé, & d'un mérite à-peuprès égal. Couronne par Melpomène , il dérobe à. Thalie un de ses crayons ; elle-même lui a fourni les principaux traits des Adieux de Mars ; & dans ses Opéra , l'heureux tour de ses vers , facilite l'art du Muiicien.
LE FRANQ , ( le frere Jean-Baptisse) Religieux , a donné , en 1615 , une Tragédie d'Antioche , ou le Martyre des Machabées.
LÉGER , ( Louis ) ancien Professeur du Collège des Capetes, fut mis à la Conciergerie par Arrêt du Parlement, en 1594, pour avoir voulu faire jouer , sans permission , une Tragédie de Chilpéric.
LÉ GIER, ( M. ) né en Franche-Comté , le
Rendez-vous,
LE GLESIERE , Auteur d'une Comédie du
Philanthrope.
LE GOUVÉ : ( M ) Athilie.
LE GRAND, ( Alexandre ) sieur d'Argicourt , Auteur peu connu d'une Tragédie de Sainte-Reine,
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'LE G LE G
LE' GRAND , (Marc-Antoine) Comédien, &fils d'un Chirurgien-Major des Invalides, naquit à Paris, le même jour que Moliere mourut. Il fut reçu aux François en 1701. }1 avoit la voix belle & sonore , mais la taille petite -, peu majestueuse , & une figure à,laquelle on eut d'abord de la peine, à s'accoutumer. Qn rapporte même à ce sujet, qu'un jour qu'il avoit joué pp grand rôle Tragique,, où il a voit, mal reçu, il harangua le Public, & finit par, dire : « Messieurs, il vous est plus aise de vous accoutumer 4 ma .figure , qu'à moi d'en, :» changer Comme c'éçoit. le Grand-Dauphin qui, l'avoit fait venir de Pologne, oii il jouoit la Cb-, médie , ce Prince le protégea , & le fit recevoir.. Voici 4e$ vers qu'il lui adressa -
Ma taille, ma heur > n'est ni haute , ni belle;
Mes Rivaux font ravis qu'on me la trouve telle.
Maïs, Grand Prince , après tout 3 ce n'est pas-là le fait : Recevoir le meilleur , est dit-on , votre envie ; ' Et je ne serois pas parti de Warfovie,
Si vous aviez parlé prendre le mieux fait.
.Le Grand entendoit bien le jeu du Théâtre t sur-tout, pour les sujets qui n'étoient pas trop élevés. Il représentoit les Rois dans le Tragique ; èc dans le Comique , il jouoit bien les rôles à Mast teau & ceux de Paysan. Il étoit très-utilç à fat Troupe, non-seulement; par la diversité des personnages qu'il représentoit , mais encore par les nouveautés'' q4,'il lui fournissoit; ce qui s'étendoit même aux autres Théâtres de Paris & de Province , pour lesquels il travailla. Il mourut dans la cinquante sixieme année d-ç son âge „ après avoir reçu les Sacremens de l'Eglise. Ses ouvrages, sont la Merci ère , le Carnaval de Lyon , les Comédiens de Campagne , Y Épreuve réciproque, les Animaux raisonnables , le Caffeticr , la Chute de Phaéton , la Fille Précepteur ; la Femme , fille & veuve $ l' Amour JHable , la Foire Saint-Laurent, la Famille extravagante , les Amans
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LE Gf LE G ridicules, la Métamorphose Amour euse , l'Usurier Gentilhomme , X Aveugle clair-voyant, le Roi de Cocagne, Plutus , Cartouche , le Galant Coureur, le Ballet des vingt-quatre heures , le Plilanthrope , le Triomphe du tems , l'In-promptu de la Folie , la Chaie du Cerf , la Nouveauté , les Amazones modernes , Belphegor, le Fleuve d'oubli ,, les Amours aquatiques, Polyphème , le Chevalier errant, Agnès de Chaillot, le Départ des Comédiens Italiens , le Mauvais ménage , le Cahos > -le Luxurieux.
... Cet Auteur n'est ni un Moliere, qui fait oublier l'Acteur, & ne laisse voir que le grand Poète ; ni un Baron , qui n'offre que le grand Aéteur, fait disparoître l'Auteur médiocre c'est un homme qui soutient cette double qualité dans un égal degré ■de mérite. Ce n'est point un génie que l'on admire ; c'est un bel-esprit qui plaît & qui amuse ; c'est un, des premiers qui aient saisi les circonstances du tems", & le Vaudeville du jour, pour en faire des sujets de Com'édie : genre de Comique que Boissy a depuis imité & perfectionné. L'usage que le Grand avoir du Théâtre , comme Comédien , lui en avoit donné une assez grande connoissance ; & il sçavoit la mettre en pratique dans les sujets frivoles, auxquels il a cru devoir se borner. Une marche réguliere & théâtrale est observéç jusques dans Tes moindres bagatelles ; &, ses personnages sont toujours dans des pestions qui, donnent lieu à des pfaifanteriçs. Mais 5 il faut l'avouer , elles dégénerent quelquefois en basses & sales bouffonneries: défaut trop ordinaire à ce Comédien, & qui donne un air de farce "à presque toijtçs ses Pièces. Elles sont, en général % assez bien dialoguées ; mais le style tient de la m.aniere de l'Auteur, qui est un milieu entre le bas & l'ingénieux. Les Divertiifemens & les Vaudevilles qui se trouvent répandus d'ans la plupart de ces petits Drames, y font amenas naturellement, & y jettent: de h gaieté. Lie
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LE G LE J
Grand avoit beaucoup de facilité ; il travaillent avec précipitation ; aussi ses ouvrages, manquent-ils de cette correction de dessin & d'exécution, qui est le fruit du tems & de la patience.
Le Grande Comédien ordinaire pour les rôles de ïloi, se promenoit avec un de ses amis. Un pauvre les aborda civilement, en leur tendant son chapeau. Le Grand tira de sa poche quelques sols qu'il lui donna. Le Mandiant, par reconnoissance, se mit à réciter un Deprofundis : cL Parle donc ,hé , l'ami ! lui dit » le Comédien , est-ce que tu me prends pour un » trépassé ? Au lieu d'entonner un De profundis, chante plutôt un Domine salvum sac Regem ; car je fais les Rois ».
LE GRAND , fils du précédent, s'acquittoit avec succès des rôles à récits dans le Tragique, & de plusieurs rôles dans le Comiquè. Il se retira du Théâtre étant le Doyen des Comédiens François en 1758, & est mort depuis quelques années.
Le Grand par ses récits fait passer dans mon coeur
Les mêp1es femimens dont son ame est émue : J'oublie en l'écoutant, que je suis Auditeur ;
Et crois que ce qu'il dit, est présent à ma vue.
LE GRAS ( Philippe ) Prêtre , Conseiller, Aumônier ordinaire ,du Roi, Curé de Saint-Martin, & Prieur de Saint-Firmin , a fait imprimer à Paris une Piece intitulée Discours tragique sur la PaJJion de N. S. J. C., à ônze personnages.
LE HAYER DU PERRON , ( Louis ) Procureur au Bailliage d'Alençon , né dans cette Ville , & de l'Académie de Caen , est Auteur des Heureuses aventures, Tragi-Comédie.
LE JARS,( Louis ) Secrétaire de la Chambre du Roi Henri II, a donné une Piece intitulée Lllcelle.
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LE J LE L
LE JEUNE , étoit fils de François le Jeune , M1. chiniste de l'Opéra. Son pere lui fit apprendre le dessin ; & il peignoit déja passablement à quinze ans; mais le goût qu'il avoit pour le Théâtre , lui fit quitter Fart de la Peinture. Il partit pour la Province , & revint six ans après à Paris , où il débuta au Théâtre François par le rôle d'Egyfle , dans Mérope, en 1753 : début qui lui fut d'autant plus agréable , qu'il s'en: toujours félicité d'avoir reçu des leçons de la plus célèbre Mérope du Monde , & d'avoir joué avec elle. Il partit aussi-tôt après pour la Province, à l'insçu de ses amis , & alla à Bruxelles, continuer son emploi. Il revint à Paris en 1760, & débuta à la Comédie Italienne , où il fut reçu pour les rôles d'Amoureux ; il est mort jeune , & regretté de sa Troupe.
LE KAIN , ( M. ) né à Paris, est un des plus grands Acteurs Tragiques , qui aient paru sur la scène Françoise , où il joue les premiers rôles depuis l'année 17 51. ■■
Que le Kain rend bien sur la scène »
Ou la tendre/Te , ou la fureur !
Ce Favori de Melpomène
connoît le vrai chemin du cœur.
LE KAIN , ( Mie. ) épouse du précédent, a joué sur le même Théâtre les roles de Soubrette , & a quitté la Comédie depuis quelques années.
LELIO. Voyei RICCO.BONI.
LE LOYER, ( Pierre ) sieur de Brosse, naquit en Anjou , l'an 1540 , & fut Conseiller au Présidial d'Angers y où il mourut âgé de quatre-vingt-quatorze ans , laissant trois Pieces de Théâtre ; fça- v voir, Erotopegnie, ou le Passe-Temps d'amour i la Nephélococugie , & le Muet insensé.
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LE M LE N
/ -LE ,MAURE, ( Mlle.) une des plus belles voix qui aient été entendues à l'Opéra , a quitté le Théâtre en 172.7, & y reparut en 17jo. Elles'est encore retirée plusieurs fois, & est toujours revenue au grand contentemenc du Public. Mais il en est privé ,sàns espérance, depuis 17 50. ,.
LE' MIER, ( Mlle. ) aujourd'hui Madame Larrivéc , une des premières A&rices de l'Opéra , où elle igue depuis,plulieurs années.
z. le Micr » tel est votre pouvoir ,
Que c'en est assez , pour le rendre y ' 'f
;■ * De vous entendre , sans vous voir,
Ou de vous voh , sans vous entendre. ■> t: f ,
LEMIERRE , ( M. Antoine Marin) né à Paris,après avoir été couronné pluiieurs fois à l'Académie Francoife , pour des Ouvrages de Poé{ie , s'est principaIement appliqué; au, genre Tragique , & a fai,t les. Pièces suivantes : Hypermnestre, Thîrée, 1 dominée:, Artaxerxe , Barnvveldt, Guillaume Tell , la Veuve djt Malabar.
LE MONNIER, (M.) de Paris, Secrétaire de M. de Maillebois , a fait le Maître en Droit , les Pèlerins de la Courtille , le Cadi dupé , la Matrone Chi noise, Renaud d'Ast, la Meunière de Gentilly i, X Union de F Amour 6* des Arts.
* "
LE MONNIER , ( M. l'Abbé le ) a donné une bonne traduétion des Comédies de Térence.. .
LE NOBLE, ( Euflaçhc Teneliere ) né à Troyes en 1643 , d'une famille distinguée, s'éleva par son esprit , à la Charge de Procureur - Général dû Parlement de Metz. Il jouissoit d'une réputation brillante , & d'une fortune avantageuse , lorlqu'il fut accusé d'avoir fait, à son profit, de faux astes. Il fut mis en prison au Châtelet , & condamné à
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LE N LE N
faire amende honorable , & à un banissement de neuf ans. Lp Noble appela. de cette Sentence qui n'étoit que trop julîe ; & il fut transféré à la Conciergerie. Gabrielle Perreau, connue sous le nom de la Belle Epiçiere, étoit alors dans cette prison , où son mari l'avoit fait mettre pour ses désordres. Le Noble la connut, l'aima , 6c se chargea d'être \ son Avocat ; cette femme ne fut pas insensible. Une figure prévenante , beaucoup d'esprit , une imagination vive Y une facilité extrême de parler 8c d'écrire , tout d^ns le Noble anponçoit un homme aimable. Les deux Amans en vinrent bientôt aux dernires foiblesses. La Belle Épiciere demanda à être enfermée dans un Couvent, pour y accoucher secrettement entre les mains d'une Sage-Femme , que le Noble y fit entrer comme Pensionnaire. Le fruit de ses désordres parut bientôt 'au jour ; Se elle fut transférée dans un> autre Couvent, d'en elle trouva le moyen de se sauver. Le Noble s'é- , vada aussi quelque temps après de la Conciergerie , • pour rejoindre sa maitresse. îls vécurent ensemble quelque temps ; mais ils changeoient souvent de quartier & de nom, de peur de surprise. Pendant cette vie errante , elle accoucha dç nouveau. Le Noble fut repris &: mis en prison , où il fut condamné , comme sa 11 (Taire , à faire une amende honorable dans I3, Chambre du Chatelet , Sz à un bannissement de neuf ans. Son Amante fut jugée'; & par l'Arrêt, le Noble fut chargé de trois enfans déclarés bâtards. Malgré ce nouvel incident, il obtint la permission de revenir en France , à condition de ne point exercer de'charge dé judicature. Les malheurs de le Noble ne l'avoient point cor- Lrig'é : il fut déréglé &: dissipateur tonte sa vie , qu'il termina-dans la misere , en 1711 , âgé de soixante-huit ans. Il fallut que la Charité de la Paroisse de SainfSeverin fit enterrer cet homme , qui avoit fait gagner plus de cent-mille écus à ses Imprimeurs. On a de lui: un grand nombre d'Ouvrages, re-
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LE P LE S cueillis en vingt Volumes. On pourroit les diviser en trois classes ; dans la premiere , on placeroit les ouvrages sérieux; dans la sécondé, les ouvrages romanesques ; & dans la troitieme, les ouvrages Poétiques, parmi lesquels on doit compter quatre Pieces de Théâtre ; ravoir, Ésope, les Deux Arlequins , ThaLeflris , & le Fourbe.
LE PAGE, ( le sleur) une des belles Ballestailles de l'Opéra , où il a chanté plus de vingt ans , & qu'il a quitté depuis plusieurs années avec penlion.
Quand tu viens des Dieux ou des Rois
Annoncer les ordres suprêmes,
Le Page, aux accens de ta voix >
On croiroit les entendre eux-mêmes.
L'ÉPINE , Auteur du Mariage d'Orphée.
LE PRÉVÔT ,( M. ) Garde du Roi de Pologne, Duc de Lorraine & de Bar , a fait représenter en 1758, devant ce Prince, les Troix Rivaux, & la Nouvelle réconciliation. Il avoit donné à Paris , aux Italiens, les Thessaliennes , ou Arlequin au. Sabat.
LE PRIEUR , (Jean Duprierf dit) Maréchal.des-Logis'du Roi de Sicile, René le Bon, donna, vers l'an 1440 , le Mystere du Roi à venir, divisé en trois journées, à plus de cent personnages.
LE PRIEUR, (M. ) Auteur d'une Comédie de
Candide.
LE Roux a fait imprimer, en 172.2., une Comédie en trois A des , en vers , intitulée le Triomphe de t Amour , ou Don Pédroe de Cajlille.
LE SAGE , ( Alain René ) né à Ruys 9 en Breta-
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LE S LE S
gne, en 1677, mourut en 1747, à Boulogne-surMer , chez un de ses fils, Chanoine de cette Ville , chez lequel il s'étoit retiré. Il le rit connoitrepar des Tradu&ions, ensuite par des Romans de caracttère, ; tels que le Diable Boiteux, Gilblas , Gusman d'Alfarache, le Bachelier de Salamanque , &c. 11 est le premier qui ait donné une espece de forme ail genre de l'Opéra-Comique ; & il en a composé un grand nombre seul, ou en société, sçavoir, Arlequin.' Roi de Sérendib, Arlequin Mahomet, Colombine Arlequin , 1 a Ceinture de Vénus , Télémaque , les Eaux de Merlin , Arlequin Orphée le cadet, la PrinceJJ'e d4 Carisme , le Régiment de la Calotte, Robinson , le Jeunè^ Vieillard, la Rage d'Amour, les Pélerins de la Mecque * Achmet &0 Almanline , la Reine de Baroftan , le Rival dangereux , les Deux Frères , l'Histoire de l'OpéraComique , la Sauvagesse , le Mari préféré , &c. &c. Ses autres Pieces de Théâtre sont, le Traître puni, D om Félix de Mendoce; le Point-d'honneur, ou l'Albitre des différends ; César Ursin , Crijpin rival de son Maitre, la Tontine , Turcaret, la Critique de Turcaret, la Force de l'Amour , la Foire des Fées , les Amans jaloux. Le Sage , malgré tous ses talens > n'a jamais été favorisé de la fortune ; un goût décidé pour l'indépendance lui fit toujours négliger les moyens de s'avancer. Voye1 MONTMÉNY.
Ce n'est point sur les premiers citais de le Sage % qu'on doit juger de son génie pour le genre Théâtral. Il y paroit tel que peut & doit être pn Traducteur de Drames espagnols , long, diffus dans, le style , outré dans les carad:ères , guindé dans les idées, romanesque dans les sentimens, obscur & embarrasse dans les incidens & dans les intrigues.
Il n'a réussi sur notre Théâtre , qu'en quittant ce goût étranger , si contraire à celui de sa Nation , qu'il, a depuis si bien, saisi. Avec quelle finesse il sçait relever & faire sentir un ridicule ? Ici, c'est une peiifée vive, un trait saillant, cjui part avec
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LE S LE S rapidité , frappe en passant , & pique sans blesser. Là , c'est une comparaison plaisante , une réflexion maligne , un incident qui ajoûte, au mérite de la surprise , celui de faire rire. Le flyle est pur , iimple , clair ; l'exprellion coulante Ôtaisée ; le Dialogue vif & animé. On est surpris qu'un succès décidé n'ait pu retenir notre Auteur dans cette carrière ; mais un genre plus aisé , & peut-être plus; lucratif, l'appelloit au Théâtre de la Foire , auquel': il se livra uniquement. A ce nom seul , combien de personnes perdront l'estime qu'ils a voient conçu pour l'Auteur de Turcaret? Je sçais de quel œil on regarde encore aujourd'hui ce Spectacle 3 parce qu'on se plaît toujours à le considérer dans ces productions informes & obscènes où il se traînoit ignominieusement. Le Sage étoit bien capable de l'arracher au mépris, & de détruire ces préjugés1 défavorables. Avec un nouveau nom, il donna à ce Théâtre un caractère particulier ; & l'on peut le regarder également comme l'inventeur du genre & du titre de l'Opéra-Comique. Une intrigue simple , des scènes piquantes, de la variété , de la gaieté , & sur-tout, beaucoup de naturel ; voilà le Spectacle dont cet Auteur est le pere. L'intrigue y est toujours dépouillée de ces liaisons languillantes,' qui se trouvent presque nécessairement dans les meilleures Comédies. Le sujet se développe d'ab'ord ; l'aétion prend une marche rapide ; quelques évènemens de choix se succèdent, & conduisent' les Spectateurs à un dénouement plus ou moins heureux, mais toujours piaisant. Un intérêt, souvent très-vif, se trouve répandu sur un incident,' une aventure, des embarras, qui, à un autre Spectacle , pourroient paroître froids , puériles, ou ridicules. La précision dans le fond deschoses-, la naïveté dans la façon de les présenter, la facilité d'un style qui n'est ni élevé , ni rempant j voilà le mérite du créateur de ce nouveau genre. Le goût des habits j le jeu des A&eurs, les charmes d'une
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LES LE T' représentation agréable , ont rendu l'Opéra-Comi-.. que un mélange ingénieux de tous les autres Spectacles. Il rassemble en petit la critique des mœurs , & le comique piquant du Théâtre François , le chant, la danse , le prestige des décorations dè> l'Opéra, les plaisanteries des Italiens. 11 s'est rendu" r propre le genre de Poélie où le François excelle, les Chansons & le Vaudeville. Telle étoit l'idée que s'en étoit formée M. le Sage, & que ses succesTeurs ont encore perfectionnée depuis lui.
Le Sage étoit devenu absolument sourd dans sa vieillesse ; cependant il ne diseontintioit point d'aller à la représentation de ses Comédies , & n'en perdoit p:tesque pas un mot. Il disoit meme , qu'il n'avoitT * jamais mieux jugé, ni du Jeu, ni de les Pieces, que depuis qu'il n'entendoit plus les Acteurs. *
LESBRO? ) (M.) Provençal, la Nouvelle Orpheline léguée , le Philosophe soi-disant ; la Rosiere , ou le Triomphe de la. Vertu.
LESCOT , Maitre de Musique de la Cathédrale de Nantes, est Auteur des paroles & de la mul1-i que d'un Prologue intitulé l Amour & r Hymen & d'une Piece d'un Aéte , sous le titre de Thé mire, Pastorale , Pieces jouées 8c imprimées à Auch.
LESSEQUIN i Chanoine de Roye, ensuite de Noyon , a composé l'Enlèvement di la Châsse de Saint-Florent.
LE SUEUR , ) a eu part aux Opéra-Comiques intitulés l' Ecole des Amours Grivois, le Bal de Strasbo>xrg, & les Fêtes Publiques.
LE TELLIER ; né à Château-Thierry, où il est mort vers 1732., a donné au Théâtre de là; Foire, le Festin de Pierre , les Pé Urine s de Cythere,
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L'ET LE V
Arlequin Sultane Favorite, la Descente de Me tin aux Enjers.
L'ÉTOILE, (Claude) Seigneur du Saussay, d'une ancienne famille de Paris , &: qu'il ne faut pas confondre avec son ayeul & Ion bisayeul , tous deux Présidens au Parlement. C'est de leurs écrits qu'a été tiré le Journal du regne de Henri III. Claude l'étoile fut des premiers reçus à l'Académie Françoise ; & l'on connoît de lui la Belle Esclave , l'Intrigue des Filoux. Il étoit un des cinq Auteurs que le Cardinal de Richelieu employoit pour travailler à ses Comédies. On a dit de lui, comme de Malherbe & -de Moliere, que lorsqu'il avoit composé * un ouvrage, il le lisoit à sa Servante , croyant qu'il n'avoit pas sa perfection, si elle ne se faisoit sentir aux personnes les plus grossieres. Il mourut à la Campagne , où il s'étoit retiré avec sa femme , âgé d'environ cinquante ans.
L'étoile travailloit avec un soin extraordinaire , & repassoit cent fois sur les mêmes choses. De-là. vient que nous àvons si peu d'ouvrages de lui. II reprenoit hardiment & brusquement , avec une sévérité étrange, ce qui ne lui plaisoit pas dans les choses qu'on exposoit à son jugement. On l'accuse d'avoir fait mourir de regret & de douleur un jeune Auteur, qui étoit venu du Languedoc avec une Comédie qu'il croyoit un chef-d'oeuvre , & où il lui fit remarquer clairement mille défauts.
LE VALOIS D'ORVILLE, ( Adrien-Joseph ) né à Paris, fils d'un Trésorier de France , Auteur de plusieurs ouvrages de différens genres, a fait avec Autreau , le Ballet-Comique de Platée , & a donné seul ou en société , à divers Théâtres de Paris > les Souhaits pour le Roi , Arlequin, Thésée , le Prix des talens , l'lltuftre Comédienne , l' Ecole des Veuves ,
l'Antiquaire ? la Nouvelle Sapho t l'Abondance, l'Illusson ,
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LE V L'HÊ
lusion, l'Épreuve Amoureuse , le Revenant, la Fête infernale, les Palets, la Béquille , la Fontaine de Sapience ; Iphis , ou la Fille crue Garçon, en sociét6' avec M. Nau. , v
LE VASSEUR, Auteur de la Musique d'Avorte-
Thé mire , dans les Amusemens lyriques ., représentés 7 à Puteau.
LE VAYER DE BOUTIGNY, ( Francois ) Maître des Requêtes , niort en 1688 , outre son Roman de Tarsis & Zélie , a laide deux Tragédies , leGrand Zelim , & Manlius.
L'ÉVÊQUE , Auteur peu connu d'une Pièce' intitulée la Théosynode , ou le Conseil des Dieux , Divertissement en vers , pour la naissance d'un Enfant de France, donné en 1756.
LE VE RT , né au commencement du dix-septieme siècle^ a donné l'Amour Médecin , le DoSeur amou-
reux , Ariflotime , Aricidie.
Le Vert avoit plus de présomption. que de mérite ; c'est ce que nous apprennent tous ses avis au Ledteur , qu'il menace de sa haîne , s'ils ne l'approuvent pas. On lui trouve néanmoins quelques beautés. Ses intrigues sont toujours allez bien conduites > les scènes variées, & la versification coulante. On peut dire même que quelques-uns de nos Modernes ont profité de la levure de ses ouvrages.
LE VILLE, (Nicolas) Prieur des Célertins de Louvain , a composé trois Tragédies Chrétiennes, Sainte Dorothée , Sainte. Elisabeth , & Sainte Ursa
L'HÉRITIER NOUVELON , ( Nicolas ) né en Normandie , avoit été Môusquetaire & Officier aux Gardes. Obligé de quitter le Service , à cause d'une blessure qu'il avoit reçue à la Guerre, il obtint le
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L'HE LIN
Brevet d'Historiographe de France, & la charge de Trésorier des Gardes Françoises. Il mourut en 168 r. Il avoit épousé Françoise le Clerc, nièce du Garde-des-Sceaux du Vair, de laquelle il laissa un fils & trois filles. La seconde est Mlle. l'Héritier de Villaudon , connue par quelques ouvrages en prose & en vers. L'Héritier a fait pour le Théâtre Amphitrion ou He.rcule furieux , le Grand Clovis.
Le siècle où vivoit cet Auteur, est rempli de Poètes qui lui ressemblent , sans goût, sans talens : ils chaufloient à la fois le cothurne & le brodequin , & faisoient un mélange affreux de l'un & de l'autre. Dans les sujets les plus graves & les plus trisses ,• on remarque des endroits du plus bas comique. Il est certain que le goût du tems y contribuoit beaucoup ; mais combien compte-t-on d'Auteurs dramatiques qui eusses alors du génie & du talent ?
L'HERMITE DE V OZELLE a donné la Chute
,de Phaéton.'
- LIÉBAULT. (M.) Voyez JUNKER.
LLEUDÉ DE SEPMANVILLE , (M. Cyprien né à Rouen, a donné les Embarras , Prologue , un Divertissement & des Vaudevilles pour la Comédie du Jeu de l'Amour & du Balard; un autre pour la Comédie du François à Londres ; la Fête de Minerve, ou le Temple de l'àmitié , l'Oracle de Vitry & des Théâtres ; & plusieurs autres Divertisse-' mens & Vaudevilles, dont il a fait les paroles Se
Ii musique.
- LIMTERS, ( de ) Doreur en Droit, a traduit plusieurs Comédies de Plaute , imprimées en dix Volumes in-iz, en 1719. ^
LINAGE , ( le Pere ) Jésuite , Auteur d'une
Tragédie d Agamemnon.
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LIN LIN
LINANT , né à Rouen en 1701, fit de bonnes études dans sa Patrie. Le goût des Lettres l'ayant amené à Paris , il fut Gouverneur du fils de M. Hébert, Introducteur des Ambassadeurs. Il étoit connu alors par son talent pour la Poésie noble , dans laquelle il eut quelques succès. Il remporta., trois fois le Prix de l'Académie Françoise, en 1759, 1740 & 1744. Le sujet de 1741 étoit : les Açcroijjemens de la Bibliotheque du Roi : son Poëme fut applaudi; la raison s'y montra parée avec peu d'é-' clat , mais avec assez de noblesse. Le sujet qui lui mérita la derniere couronne étoit : les Progrès de la Comédie , Jous le regne de.Louis XIV. Il a composé : aussi pour le Théâtre , qu'il entendoit assez bien ; mais il avoit plus de goût que de génie. Sa vérification est sou vent très-foible ; sa Tragédie & Al- v zaïde , qui eut six représentations , a quelques beaux endroits. Celle de Vanda , Heine de Pologne , eH romanesque & mal écrite. Elle tomba à la premiere représentation. Cet Auteur a fait encore des Odes, des Épitres, & a mis son nom à la Préface de l'Édition de la Henriade de 17 39- M. de Voltaire, son protefteur & son ami , lui rendit des services , que Linant célébra dans ses vers. Les qualités du cœur ne le cara&érisent pas moins que celles de l'esprit. Sa mort arriva en 1749, à 47 ans.
Linant n'a jamais été heureux. Comme il étoit près de mourir , un ami lui demanda s'il regrettait , la v/te : Hélas ! mon ami , répondit Linant , je rie puis être plus maltraité dans V autre monde , que je l'ai été dans celui-ci.
LiNGUET , ( M. Simon-Nicolas-Renri ) né à Reims en 1736, très-célèbre Avocat au Parlement de Paris, a donné au Théâtre Italien , les JFemmes filles > & a publié en quatre Volumes la Traduétion de plusieurs Comédies Espagnoles, sçavoir , la Confiance à l' épreuve 7\Q Précepteur supposé , les re peurs t II y
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LIS LON
a du mieux , le Viol puni, la Cloison, Se défier des apparences , la Journée difficile , On ne badine point avec l'Amour, la, Chose impossible , la Ressemblance , l'Occasion sait le Larron, le Sage dans Ja retraite , la Fidélité difficile , le Fou incommode , avec les Intermedes des Melons &: de la Femme têtue, des Bigncts, ciu Malade imaginaire, de la Relique , & de l'Ecolier magicien 5 ces quatre Volumes ont paru en 1770.
V u
LISEMORE , ( Milord de ) a mis en Musique le Maître d'Ecole Avec Mlle, de R. aujourd'hui Mde. D.
L'ISLE , ( Louis-Francois de la' Drevetiere de ) né en Dauphiné , & mort à Paris en 1756 , a mené une vie obscure ; ce qui est cause qu'avec beaucoup de talent pour le genre dramatique , il a été peu connu des gens du monde , qu'il fuyoit. Ses Pieces , dont pluiieurs lui font honneur , sont Arlequin Sauvage , Timon le Misanthrope , le Banquet des sept Sages , le Banquet ridicule , le Faucon , les Oies de Bocace; le Berger d'Amphrise , Arlequin Astrologue, Arlequin Grand-Mogol, , le Valet Auteur, les Caprices du cœur & de l'esprit, Danaus, Abdilly.
LONGCHAMP , ( la Demoiselle Pitel ) sceur de la Raisin y & Souffleuse de la Comédie Françoise, Auteur de Titapouf
LONGCHAMPS : ( M. l'Abbé de ) Malagrida ,
Tragédie.
LONGE PIERRE , ( Hilaire-Bernard de Roqueleync , Seigneur de ) né à Dijon, d'une famille noble, fut Se'crétaire des Commandemens du Duc de Berry, & eut quelque réputation comme Poète 6c comme Traducteur. Il se fit un nom dans le genre dramatique , par trois Tragédies, Médée , Electre & Séfoflris. La premiere , quoiqu'inégale & remplie de déclamations ? est fort supérieure à la. Médée de Corneille,
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L'OR LOS
& a été conservée au Théâtre. Ces trois Pieces sont dans le goût de Sophocle & d'Euripide. Une. froide & malheureuse intrigue d'amour ne défigure point ces sujets terribles ; mais Longepierre , connoissant peu notre Théâtre , & ne travaillant que très-foiblement ses vers , n'égala pas ses modeles dans la beauté de l'élocution, qui fait un des grands mérites des Poètes dramatiques. Il ne prit presqued'eux, que la prolixité des lieux communs, & le vuide d'avion & d'intrigue. Les défauts l'emportent tellement sur les beautés qu'il avoit empruntées de la Grèce, qu'on fut forcé d'avouer, à la représentation de son Electre, que c'étoit une statue de Praxitele, défigurée par un Moderne. Rousseau fit des Couplets contre lui ; & les Détraéfceurs de: l'antiquité se servirent très-mal-à-propos de la copie 9 pour dépriser les originaux. : ^ *
Longepierre , si grand admirateur des Anciens qu'il imitoit & traduisoit si mal, ne s'attacha , diton , à la Poésie Françoise , que par les conseils de son pere. Jamais obéissance filiale ne fut plus déplacée. On dit aussi que cet Auteur auroit voulu. retirer tous les Exemplaires de ses Traduétions, pour les supprimer & en esfacer à jamais le souvenir. Il sentoit apparemment la vérité de cette Épigramme du grand Rousseau.
Longepierre le Translateur »
De l'antiquité zélateur,
Ressemble à ces premiers Fidèles
Qui combattoient jusqu'au trépas'
Pour des vérités immortelles
Qu'eux-mêmes ne comprenoient pas.
L'ORME 2 ( Mj de ) ancien Mousquetaire j la Mare de Goret.
LOSME DE MONTCHENAY, ( JaCqUes de ) fils d'un Procureur au Parlement de Paris, mourut an.
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LOU a LUL
mois de Juin 1740 , âgé de soixante-quinze ans. Il s'étoit distingué par plusieurs imitations de Martial, qui sont estimées. Ses Comédies sont intitulées la Cause des femmes , \a Critique de cette Piece , le Grand Sophi , le Phénix , & les Souhaits.
LouvART , Auteur d'une Piece intitulée Urgande.
LouVET , Auteur d'une Tragédie de la Mort d'Alexandre.
LuLLY , ( Jean-Baptisse ) Musicien , naquit à Florence en 1633. Ce fut un de nos Officiers qui l'engagea à venir en France, où il se fit rechercher pour le goût avec lequel il jouoit du Violon. Mademoiselle de Montpensier l'attacha à son service ; & Louis XIV , lui marqua l'ellime qu'il faisoit de ion mérite , en lui donnant l'inspeétion sur ses Violons. On en créa même une nouvelle Troupe en sa faveur , qu'on nomma les petits Violons , par opposition à la bande des vingt-quatre , la plus célèbre alors de toute l'Europe.
Lully a fait plusieurs innovations dans la Musique , qui lui ont toutes réussi. Avant lui, la BatTe & les parties du milieu n'étoient qu'un limple accompagnement i &: l'on ne considéroit que le Chant du dessus, dans les Pièces de Violon ; mais Lully a fait chanter les parties aussi agréablement que le dessus. Il y a introduit des Fugues admirables , a étendu l'Empire de l'harmonie , & a trouvé des mouvemens nouveaux , & jusques-là inconnus à tous les Maîtres. Il a fait entrer, dans les Concerts , jusqu'aux Tambours & aux Tymbales. Avec de faux accords & des dissonnances , écueils ordinaires où les plus habiles échouoient, Lully a sçu composer les plus beaux endroits de ses ouvrages , par l'art qu'il a eu de les préparer , de les placer , & de les sauver. Enfin il falloit un Lully pour donner en France
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LUL LUL
la perfettion aux Opéra , le plus grand effort & le chef-d'œuvre de la Musique. Le caraétere de la composition de cet Artisse admirable , est une variété merveilleuse, une mélodie , & une harmonie qui enchantent. Ses chants sont si naturels & si infinuans, qu'on les retient tous, pour peu qu'on ait de goût & de disposition.
Lully mourut à Paris en 1687 , à cinquante-quatre ans, pour s'être frappé rudement le bout du pied , en battant la mesure avec sa canne. Le mauvais germe que la débauche avoit mis dans son sang , fit empirer le mal. Déchiré de remords, il se fît mettre sur la cendre , la corde au cou , fit amende honorable, & chanta les larmes aux yeux: Il saut mourir, Pécheur , &c.
Lully formoit lui-même ses Musiciens & ses Acteurs. Son oreille étoit si sine , que , d'un bout du Théâtre a l'autre , il distinguoit le Violon qui jouoit faux. Dans son premier mouvement de colere, il brisoit l'instrument sur le dos du .Muticien. La répétition raite , il l'appelloit, lui payoit son Infiniment plus qu'il ne valoit, & l'emmenoit dîner avec lui. Il avoit l'enthousiasme du talent , sans lequel on réussit toujours foiblement. Il sçavoit ce qu'il valoit, & le faisoit peut être trop sentir aux autres.
Personne n'apportoit dans la société plus de gaieté que lui, mais de cette gaieté qui dégénéroit quelquefois en polissonnerie. Moliere le regardoit comme un excellent Pantomime , & hii diloit assez souvent : « Lully sais-nous rire ». Sénecé., dont nous avons quelques Poésies , a tracé le Portrait de ce Mulicien, dans une lettre qu'il feignit d'écrire des Champs-Elysées, peu de tems après la mort de Lully. Voici ce portrair.
« Sur une espece de brancard , composé gros» sièrement de plulîeurs branches de lauriers, parut
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, LUL r . LUL
3î porté par douze Satyres, un petit-homme d'assez mauvaise mine , & d'un extérieur fort négligé. ;3î De petits yeux bordés de rouge, qu'on voyoit à 3) peine , & qui avoient peine à voir , brilloient en . lui d'un feu sombre , qui marquoit tout ensemble beaucoup d'espric & de malignité. Un caraétère de 3> plaisanterie étoit répandu sur ion vidage ; & certain air d'inquiétude régnoit dans toute sa personne. Enfin, sa figure entière respiroit la bisarrerie ; ;r3i & quand nous n'aurions pas été suffisamment a) instruits de ce qu'il étoit, sur la foi de sa physionomie , nous l'aurions pris sans peine pour un Musicien ». rr
" ^ \ »" y
Nous avons de Lully , les Opéra intitulés Caimus 9 Alceste , l'héfée , Atys , Psyché , Jjis , Bellerophon, Proserpine , Persée , Phaéton , Amadis , Roland 9 Armiae, les Fêtes de l'Amour & de Bacchas, Acis & . Galathée , le Carnaval , Achille & Polixène , le Triomphe de l'Ainour , l' Idylle de la paix , Y Eglogue de Versailles , 1"' Temple de la paix, Lully a encore fait la Musique d'environ vingt Ballets pour le Roi , comme ceux des Muses , de Y Amour déguisé , de .la Princesse d'Elide, &c. C'est encore de lui qu'est la Musique de l' Amour Médecin , de Pourceaugnac, du Bourg.ois Gentilhomme , &c. On a aussi de ce Musicien,, des suites de Symphonies , des Trio de Violons , & plusieurs Motets à grands Chœurs. Lully épousa la fille de Lambert, célèbre Musicien François. Il en eut plusieurs fils , qui marchèrent de Join sur les traces de leur père.
Dans l'Épître adressée à M. de Seignelay >
Boileau entend parler de Lully par ces vers.
En vain , par sa grirrace, un bouffon odieux (
A table nous fait rire & divertit nos yeux ;
Ses bons mots ont besoin de farine & de plâtre. Prenez le , tête-à-tete , ôrez lui sont Théâtre;
- Ce n'est plus qu'un cœur bas. un coquin ténebreux;
Son visage essuyé n'a plus rien que d'affreux.
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LUL LUL
Voilà en effet, dit-on , le vrai caraElere de Lully ^ qui réussifl'oit parfaitement dans des Contes obscènes, & qui n'avoit point de conversation hors des matieres concernant l'ordure & l'intérêt.
Despréaux soutenoit que Lully avoit énerve là Musique ; que la sienne amollifloit les ames, &que, s'il excelloit , c'étoit sur-tout dans le Mode Lydien.
Lully est enterré dans l'Eglise des Petits-Peres , où sa veuve lui a fait élever un mausolée magnifique. Les vers qu'on lit, à ce sujet, dans les Œuvres de Pavillon , n'honorent pas la mémoire du MuCÎen. Sur ce tombeau de marbre blanc, est représentée la Mort, tenant d'une main un flambeau renversé , & de l'autre , soutenant un rideau au-dessus du buste de Lully.
0 mort qui cachez tout dans vos demeures sombres »
Vous par qui les plus Grands Héros,
Sous prétexte d'un plein repos,
Se trouvent obscurcis dans d'éternelles ombres :
Pourquoi par un faste nouveau,
Nous rappelle-r la scanda'euse Histoire
D'un libertin indigne de mémoire ,
Peut-être même indigne du tombeau ?
S'est-il jamais rien vu d'un si mauvais exemple? L'opprobre des mortels triomphe dans un Temple *
Où l'on rend à genoux ses vœux au Roi des Cieux.
Ah ! cachez pour jamais ce speâacle odieux.
Laissez tomber, sans plus attendre,
Sur ce buste honteux votre fatal rideau ;
Et ne montrez que le flambeau
Qui devoit avoir mis l'original en cendre.
Lully abrégea ses jours par son travail & par une vie peu réglée. Lorsqu'il étoit à l'extrémité & abandonné des Médecins, M. le Chevalier de Lorraine le vint, voir, & lui marqua la tendre affection qu'il avoit pour lui, par plusieurs afluratices
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LUL LUL" d'amitié. te Oh ! oui vraiment, lui dit la femme de Lully; vous êtes fort de ses amis ; c'est vous . qui l'avez enivré le dernier, & qui êtes cause de » sa mort ». Lully prit aussitôt la parole : « Tais » toi , tais-toi, dit-il, ma chere femme; M. le Chevalier m'a enivré le dernier ; & si j'en ré-
» chappe , ce sera lui qui m'enivrera le premier ».
f -
On donna à Lully un Prologue d'Opéra, que l'on trouvoit excellent : la personne qui le lui pré-, sensa, le pria de vouloir bien l'examiner devant elle. Lorsque Lully fut au bout, la personne lui demanda s'il n'y trouvoit rien à redire. « Je n'y trouve qu'une lettre de trop , répondit-il; c'est 3) qu'au lieu qu'il y a fin du Prologue, il devoit y avoir , Fi du Prologue » !
C
Le Cardinal d'Estrées étant à Rome, & louant Corelli sur la belle composition de ses Sonates : c'est, Monseigneur , lui répondit le Muticien, que j'ai bien étudié Lully.
Lully s'étant, comme on l'a dit, blessé au petit doigt du pied , en battant la mesurê avec sa canne , cette blessure , qu'on négligea d'abord , devint si coniidérable , que son Médecin lui conseilla de se faire couper le doigt. On retarda l'opération 5 & le mal gagna bientôt la jambe. Son Confesseur, qui le vit en danger , lui dit, qu'à moins de jetter au feu ce qu'il avoit noté de son Opéra nouveau , pour montrer qu'il serepentoit de tous ses Opéra, il n'y avoit point d'absolution à espérer. Il le fit ; & le Confesseur se retira. M. te Duc vint le voir , & lui dit : cc Quoi ! 3C( tu as jetté au feu ton Opéra ? Que tu es fou , d'en » croire un Janséniste qui rêvoit ! Paix , Monsei» gneur , paix , lui répondit Lully à l'oreille : Je » sçavois bien ce que je faisois \ j'en avois une se.*3 conde copie w,
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LUL LYO
LuLLY , ( Louis ) fils aîné du précédent, acomposé seul, la mu il que de l'Opéra d'Orphée , & en société avec son frere, celle de Zéphyre & Flore ; avec Marais , Aïeule ; & avec ColalTe , les Saisons.
LuLLY , ( Jean ) frere du précédent, a eu part à la musique de Zéphyre & Flore , &: de plusieurs Divertissemens , tels que Vénus , Apollon & Daphné f le Triomphe de la raison.
LUSSE , (M. de) a fait la musique de l'Opéra-
Comique de l' Amant Statue.
LYONNOIS, , ( la Vemoiselle) étoit une des premieres Danseuses du Théâtre de l'Opéra , qu'elle a quitté avec la pension de 1000 livres.
LYONNOIS , frere de la précédente , ci-devant excellent Danseur , & aujourd'hui un des Académiciens de l'Académie de Danse de l'Opéra , s'est retiré à Saint-Germain-en-Laye , avec une pension de 1200 livres.
MAC MAG
MA c E Y , (le Frere Claude ) Hermite , a fait X Enfant-Jésus > ou la Naissance de Jésus en Bethléem.
MACHARTr t ( l'Abbé ) mort depuis plusieurs années > a composé une Parodie de Phaéton.
MACORT , Auteur d'une Paflorale de Sylvanire,
MAGNON , (Jean) étoit né à Tournus , petite Ville du Maconnois, & fut dans sa jeunesse Avocat au Présidial de Lyon. Il avoit de l'esprit & de
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MAG MAI l'imagination : mais ses discpurs & ses ouvrages étoient fort libres. Il fut assassiné à Paris sur le
Pont-Neuf, en 1662 , en sor tant de souper d'une maison où il alloit souvent.
Si une vanité sans bornes & une extrême fécondité sont des titres suffisans pour mériter celui de bon Auteur , nul autre , dit Brosette, n'y peut mieux prétendre que Magnon. Il nous apprend luimême , dans l'avis au Lecteur, qui précede Jeanne de Naples , que peu de personnes ont eu de plus belles dispositions que lui pour la Poéiie. Ses Tragédies lui ont presque moins coûté de peine à composer .P qu'on n'en prend à les lire. L'entrée du Roi & de la Reine dans Paris, ouvrage de 752 vers, ne lui a coûté que dix heures de travail. Il projette, ajoute-t-il, un ouvrage de deux-cent-mille vers , intitulé la Science Universelle. On lui demandoit un jour quand son Poëme seroit achevé ? e( Il sera bientôt fait , dit-il ; je n'ai plus que cent mille » vers à faire); & il le disoit sérieusement. Pour entreprendre cet ouvrage , il avoit renoncé aux Pieces profanes du Théâtre , ne voulant plus rien écrire, disoit-il, qui le fit ou rougir devant les hommes » ou repentir devant Dieu. Il se justifie même de l'impression de sa Tragédie de Jeanne , Reine de Naples, sur ce qu'elle avoit été faite & représentée avant qu'il eût pris la résolution de' çonsacrer sa plume à des ouvrages plus relevés & plus utiles. Cependant il donna encore Zénobie ; & nous n'avons pas sa Science Universelle. Ses autres Pieces sont Artaxerxe , Josaphat, Séjanus , Tamerlin , le Mariage d'Orondate & de Statira y les Amans, discrets. '
MAILHOL, (M. Gabriel) né à Carcassonne , a. donne la Comédie des Femmes, Pares » les Lacédémoniennes t le Prix de la Beauté y Ramir 9 & la Capricieuse. -
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MAI MAI
MAILLÉ DE LA MALLE , ( M. ) a donné , aux Danseurs de Corde , le Médecin de vapeurs , & en Province, Barbtroujse, l'Amour Magijler, la Poupée, la Lanterne magique , Tout à la pointe di: i'épét.
MAILLARD , (Caré dit) Asseur Forain , débuta à la Foire Saint-Germain en 1711 , parle rôle de Scaramouche. Il courut depuis la Province, & n'a point été reçu à Paris. Un jour que cet A&eur étoit à la Foire Saint-Laurent, dans la boutique de Dubois le Limonadier, la Dame Maillard, sa femme , qui faisoit si parfaitement le rôle de Colombine, avant Mademoiselle de rifle, passa pour aller au Théâtre , & le salua. On demanda à Maillard, s'il connoissoit cette jolie Aârrice ? « Eh! cadédis, répondit-il, en affedant l'accent Gascon, si je la connois !
Au gré de mes desirs,
J'ai goûté dans ses bras mille & mille plaisirs.
« Touchez-là, lui dit un Particulier qui ne le con» noifîoit pas ; je puis vous en dire autant ». Maillard quitta le ton plaisant , pour apprendre au trop véridique indiscret , qu'il parloit devant le mari-de cette A&rice. « Ma. foi, reprit l'autre , je suis fâ1) ché d'avoir été si sincere ; mais je ne sçais point me 3) rétrafter d'un fait certain ». Maillard voulut tirer raison de cette apologie. Son adversaire le blessa , le désarma, & l'ayant lui-même conduit chez un „ Chirurgien, il le quitta, en lui disant ; « Mon très» cher, souvenez-vous que la Fontaine, en parlant ?) du cocuage , a dit :
Quand on le sçaît, c'est peu de chose :
Quand on l'ignore , ce n'est rien.
MA TNFRA , ( Pierre ) né à Rouen , vers la fin <3u seizieme siècle , a fait Hercule , Afliages , iyius triomphant y la Rhodienne 9 & la Chasse Royale.
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MAI MAI
MAIRET , ( Jean ) né à Besançon vers l'an 1604, attaché à l'Amiral de Montmorency , qui l'estimoit à cause de sa valeur , & lui sit accorder des Lettres de noblesse , avec une pension de quinze-cents liv. Il mourut dans sa Patrie en 1686 , laii1ant au Théâtre , Chriseïde , Silvie , Silvanire , le Duc d'Ossone , Virginie , Sophonisbe , Marc-Antoine , Soliman , Mustapha, Athenaïs , l'Illustre corsaire , & Roland le furieux. On lui attribue encore la Sidonie , &: les Yijionnaires.
Voilà tout ce qui compose le Théâtre de Mairet y Théâtre absolument ignoré. Il s'en faut bien , toutefois y que Mairet soit un Poète méprisable : il eut les défauts attachés à son siècle ; mais il ne les prit pas tous , & il en réforma plusieurs. Quelques-unes de ses Pieces sont dans, toute la rigueur des réglés; & , ce qu'il ne faut pas oublier , c'est qu'elles sont antérieures aux bonnes Tragédies de Corneille. Son style n'est point exadb, & ne pouvoit l'être ; mais il offre un grand nombre de passages dignes d'être cités, un tour de vers heureux , & , qui plus est , des vers de génie. Plusieurs ont été copiés servilement, d'autres mieux travestis par plus d'un Poète Moderne. Mairet pouvoit atteindre à une sorte d'élévation ; mais il eût mieux peint les fureurs de la vengeance & de l'ambition , que la tendresse de l'amour & la vérité du sentiment. Il donne, presque toujours , à cet égard , dans le lascif ou le pédantesque. Chez lui, un Amant n'en croit pas un je vous aime ; il lui faut un baiser pour l'en convaincre. Il nommera sa maitresse , son soleil ; & elle , au contraire , soutiendra qu'elle, n'est que sa lune, parce qu'elle tient d *e lui tout son éclat. On trouve , au surplus , dans ses ouvrages , plus d'un exemple du sérieux mêlé avec du Comique. Ce genre 9 qui, depuis quarante ans, a occasionné tant de discussîons parmi nous ? n'est guères qu'un réchauffé de la Tragi-Comédie ; & tout , pour
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ainU dire, étoit Tragi-Comique avant Corneille. Enfin, la partie dont Mairet semble s'être le plus occupé , celle qui lui a le mieux réussi, est l'effet théâtral. Il est peu de ses Pieces , qui n'offrent quelques situations neuves & intéressantes. Il les place & les prépare, & a jugé d'avance de leur effet. On ne peut lui refuser l'invention ; &, s'il fùt venu plus tard , on eût, sans doute, été contraint de lui açcorder la meilleure partie de ce qu'on lui refuse.
MALARD , de la ville de Marseille , fit imprimer, en 1716 , une Tragédie de Marius & Sylla. Il a voit composé en 1704 , une Tragédie de Thémistocle , que les Comédiens n'ont pas voulu recevoir.
MALEZIEU , ( Nicolas de ) Ecuyer , Seigneur de Chatenay, près de Sceaux, étoit Chancelier de la Principauté de Dombes, Secrétaire Général des Suisses & Grisons , Secrétaire des Commandemens de M. le Duc du Maine , l'un des quarante de l'Académie Françoise , où il avoit été reçu en,i7oi, & honoraire de celle des Sciences. Il avoit infiniment de mérite , d'esprit & de probité , & traduisoit le Grec très-facilement. Il mourut d'apoplexie en I7z7 , âgé de soixante-seize ans & six mois. Nous avons de lui, le Prince de Cathay, les Importuns , la Tarentule , l'Heautontimorumenos , Philémon 6* Baucis , avec des Poésies imprimées dans un Recueil intitulé Divertissemens de Sceaux. On lui attribue Polichinel demandant une Place à l'Académie, Comédie en un Atte , représentée par les Marionnettes de Brioché. Elle se trouve dans les Pieces échappées au seu , volume in-iz. Un Académicien opposa à cette Comédie , Arlequin Chancelier; mais elle n'a pas été imprimée , non plus que Brioché Chancelier f autre satyre faite contre la même Piece.
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MANDAJORS , Auteur de l'In-promptu de Nîmes.
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MANSUET, (le Pere ) Capucin, Auteur d'une
Tragédie Chrétienne, 1 Heureux déguisement.
MARAIS , ( Marin ) célèbre Musicien, né à Paris en 1656, fit des progrès ii rapides dans l'Art de jouer de la Viole , que Sainte-Colombe , son Maître, ne voulut plus lui montrer à jouer de cet Instrument au bout de six mois de leçons. Il porta la Viole à son plus haut degré de perfeftion , & imagina , le premier, de faire filer en laiton les trois dernieres cordes des Basses, afin de les rendre plus sonores. On a de lui plusieurs Pieces de Viole , Se plusieurs Opéra. Celui d'Alcyone passe pour son chef-d'œuvre ; on y admire , sur-tout, une tempête qui fait un effet prodigieux. Un bruit sourd & lugubre s'unissant avec les tons aigus des Flûtes & autres Instrumens, rend toute l'horreur d'une Mer agitée , &: le sifflement des Vents déchaînés. On admire encore , dans les ouvrages de Mar ais , la fécondité & la beauté de son génie, jointes à un goût * exquis , & à une compolition sçavante. Cet illustre Musicien mourut en 17^8, ayant donné, outre la. Mulique d'Alcyone , çelle à'Ariane 6* Bacchus, de Sémété , & â'Alcide.
MARANDÉ , Auteur d'une Pastorale du Berger fidèle.
MARCASSUS , ( Pierre de ) Avocat au Parlement, Auteur d'une traduction d' Argénis , & de deux Pieces de Théâtre , intitulées les Pêcheurs illustres , & Eromène.
MARGE , ( Roland de ) Conseiller du Roi, Lieutenant-Général en la Sénéchaussee , Siège & Ressort de Baugé, en Anjou, a composé en 1601 , une ,Tragédie d'Achab.
MARCEL ,
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MAR MAR
MARCEL , Auteur peu connu d'une Comédie du
Mariage sans Mariage.
MARCEL , l'un des grands Danseurs qu'ait eus l'Académie Royale deMufique, mourut en 17591 fort âgé.
MARCET DE MÉZIERES , (M, Isaac Ami de)
Auteur de Diogene à la Campagne..
MARCHADIER, ( l'Abbé ) mort jeune en 1748 , est Auteur de la Comédie du Plaisir.
MARCHAND , ( Jean-Louis ) Musicien, né à Lyon, & mort à Paris en 1732, âgé de soixante-trois ans , étoit un très-grand Organiste. On, prétend qu'il avoit mis en Musique un Opéra de Pyrame & Thisbé , dont les paroles étoient de Mo 'rfontaine , qu'il n'a jamais voulu laisser représenter.
MARCHAND , ( M. Jean-Henri) Avocat, Auteur de plusieurs ouvrages de plaisanterie , & d'une Tragédie de Menzikoff avec M. NougaT-et.
MARECHAL , ( Antoine ) Avocat au Parlement, a donné au Théâtre l'Inconstance d'Hylas , la Généreuse Allemande x la Sœur valeureuse , le Railleur , le Capitan Matamore, le Mausolée , la Cour bergere* le Jugement équitable, le Diélateur Romain , 6c Torquatus.
MAREL , Auteur peu connu d'une Tragédie de
Timoclée, ou la Générosité d'Alexandre.
MARGUERITE DE VALOIS , sœur de François I , & femme de Henri d'Albret , Roi de Navarre , a fait plusieurs Pieces de Théâtre . Mysteres & Farces, tels que les lnnocens, la Na-. tivité de Jésus-Chrifi, l'Adoration des trois Rais , le
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Désert, la Comédie des quatre Dames 6* des quatre
Gentilshommes , la Farce de trop, jprou , peu , moins. Cette Reine mourut en i agée de cinquantesept ans. 9
MARGUERITTE , ( M. le Baron de) a fait représenter à Nîmes, en 1774, Clémentine, ou l'Ascendant de la Vertu , Drame en cinq Ades , en'prose , & a donné la Révolution de Portugal 9 Tragédie en cinq Aaes.
MARIGNIER, a donné la Pantoufle, Lydippe Sc
Argénic.
MARIN , ( Louis-François-Claude ) né à la Ciotat, en Provence , Censeur Royal, a donné les Pieces suivantes, Julie , ou le Triomphe de l'amitié , la Fleur d'Agathon , l'Heureux mensonge , Fédine, les Graces de l'ingénuité , réunies dans un Volume.
MARION , ( Pierre-Xavier ) Jésuite , né à Marseilleen 1704 , est Auteur d'une Tragédie d'Absaion f & de la. Mort de Cromwel.
MARIVAUX , ( Pierre Carlet de Chamblain de ) de l'Académie Françoise, naquit à Paris en 1688, d'un pere qui avoit été Dire&eur de la Monnoie de Riom, en Auvergne , & qui étoit d'une famille ancienne dans le Parlement de Normandie. Ses ouvrages le firent connoître de bonne-heure. Ils respirent presque tous l'enjouement & la finesse , ' & supposent assez généralement une imagination vive , & un cara&ère d'esprit singulier. Parmi les Romans .de sa, composition, la Vie de Mariamne, & le Paysan parvenu , occupent le premier rang ; maiS", par une inconstance particulière à cet Auteur , il quitta l'un pour commencer l'autre, & n'acheva aucun des deux. Nous avons de lui sept Volumes de Pieces de Théâtre, qui ne sont pas
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toutes du même mérite. Celles dont la lecture paroit le plus justifier le succès, sont la Surprise de f Amour , le Legs , & le Préjugé vaincu , au Théâtre François ; & au Théâtre Italien , la Surprise de l'Amour, la Double inconfiance , & l'Épreuve. Les autres sont intitulées l'Amour & la Mérité, Arlequin poli par i' Amour, le Prince travefli, la Fausse suivante , l'Isle des esclaves , l'Héritier de Pillage 9 Je Triomphe de Plutus , la Nouvelle Colonie , le Jeu de l'Amour & du Hasard , le Triomphe de /'Amour, l'École des meres , l'heureux flratagême , la Méprise , la Mere confidente , les Fausses Confidences , la Joie imprévue , les Sincères, l'Epreuve, la Dispute , la Tragédie d' Annibal, le Dénouement imprévu, l'lfle de la raison, la Réunion des Amuurs , les Sermens indiscrets f le Petit-Maitre corrigé, le Pere prudent & équitable , l'Amante frivole , le Chemin de la fortune , la Femm, si de Ue , Félicie , & les Aoieurs de bonne-soi.
Marivaux est mort à Paris en 1763, âgé de soixante-quinze ans. Cet Auteur voyant, que sesprédécefleurs avoient épuisé tous les sujets des Comédies de caradtère , s'est livré à la compolition des Pieces d'intrigue ; & dans ce genre , qui peut être varié à l'infini, ne voulant avoir d'autre modèle que lui-même , il s'eit frayé une route nouvelle. Il a imaginé d'introduire la Métaphysique sur la scène, & d'anal y ser le cœur humain dans des dissertations tendrement épigrammatiques. Aussi le Canevas de ses Comédies n'est-il ordinairement qu'une petite toile fort légere, dont l'ingénieuse broderie, ornée de traits plaisans , de pensées jolies , de situa* tions neuves , de réparties agréables , de fines saillies, exprime ce que les replis du cœur ont de plus secret, ce que les rafinemens de l'esprit ont de plus. délicat. Ne croyez cependant pas que cette subtilité métaphyiiquement comique , foit le seul ca- rattère distindif de son Théâtre ; ce qui y regne principalement, est un fond de Philosophie , dont
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les idées , développées avec finesse , filées avet art,. & adroitement accommodées à la scène , ont toutes, pour but , le bien général de l'Humanité. Quoiqu'on reproche à Marivaux de trop disserter sur le sentiment, ce n'est cependant pas le sentiment qui domine dans la plupart de ses Comédies ; mais lorsqu'elles manquent d'un certain intérêt de cceur , il y a prçsquer toujours un intérêt d'esprit qui le remplace. Peut-être qu'un peu plus de précision y jetteroit plus de chaleur ; & que , si le Hyle en étoit moins ingénieux , il seroit plus naturel. Concluez donc que les défauts qu'on remarque dans les Œuvres dramatiques de Marivaux, ne viennent que d'une surabondance d'esprit, qui fait tort à la délicatesse de son goût : tels sont ces Dialogues si, spirituels & si ennuyeux , entre des interlocuteurs" qui regorgent d'esprit ôc manquent de sens, qui épuisent une idée & jouent sur le mot, pour égayer ridiculement un tissu de scènes métaphyiiques ; ces tristes Analyses du sentiment, qui ne peignent ni les mœurs, ni le ridicule des hommes; ces réflexions subtiles, qui suffoquent les Spe&ateurs; ces métaphores , toujours neuves à la vérité , mais, souvent hardies , quelquefois hasardées ; ces expressions détournées , qui n'ont de piquant que la iingularité de leur association. « Ce que j'ai traduit d'après vos yeux ... des Amans sur le pavé ...
3) des cœurs hors de condition des yeux qui violeroient l'hospitalité ... &c , &c », sont des façons de parler qu'on désapprouve avec peine, comme certains, criminels qu'on ne condamne qu'à regret.
Pourquoi faut-il que l'eslime de l'Auteur pour les Écrivains Modernes l'ait détourné de la leârure des Anciens ? Il y auroit puisé , comme dans la véritable source, ce goût qui donne la perfection aux ouvrages d'esprit; & si Plaute , Térence, & Aristophane n'eussent pas été ses guides dans une carrière où il n'en .vouloit point d'autre que lui-,
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même y ils auroient du moins pu quelquefois l'empêcher de s'égarer. Les autres lui auroient appris qu'on peut bien se frayer de nouvelles routes dans tous les genres , mais jamais se former un langage nouveau; qu'il faut penser d'après soi-même, & parler comme tout le monde. ^ 'A .
Persuadé que la subtilité épigrammatique de son esprit, & la singularité de son ityle , plairoient aisez , sans le secours de la versification, Marivaux a écrit en prose presque toutes ses Comédies; ses succès lui firent des Partisans; & il eut bientôt des Imitateurs. Une foule d'Auteurs subalternes s'embarraflerent dans un labyrinthe de phrases, qui devint à la mode. Heureusement qu'ils n'avoient ni l'esprit, ni le mérite de leur Ches, & que y ne copiant que ses défauts , ils n'offroient , dans leurs écrits , qu'un jargon précieusement ridicule. Mille cris s'élevèrent pour le proscrire ; & l'on convint qu'il ne seroit souffert désormais , que dans les ouvrages de Marivaux, où il s'est, pour ainsi dire > identifié avec les grâces de son génie.
* ' ' «7 * * *
MARLET , ( l'Abbé ) a mis en musique une Pastorale de Jésus Naissant. "
MARMONTEL , (M. Jean - François ) né dans i le Limosin en 17'z , de l'Académie Françoise a donné au Théâtre Denys le Tyran , Arijlomène , Cléopâtre , les Héraclides , Egyptus , la Guirlande , Acante & Céphise, Lisis & Délie , les Sibarites , Hercule mourant, Céphale & Procris , la Bergere des Alpes , le Huron, Lucile , Silvain , Zémire & AZor , l'Ami de la Maison, Annette &, Lubin. Ses Contes Moraux , ouvrage si connu , si estimé , ont fourni des sujets de Comédie pour tous les Théâtres.
MARTEL , Auteur peu connu d'une Comédie, intitulée l'Illumination.
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MAR MAT
MAROLLES, (l'Abbé de ) a traduit dans notre
Langue les Comédies de Plaute en 16s8.
MARTIGNAC a traduit en François trois Comé-" dies de Térence > l'Eunuque , \' Héautontimorumenos , & rHécyre.
< MARTIN a fait la musique du Bal Militaire,
MARTINI, (M.) a Composé la musique de rAmoureux de quinze ans t & du Fermier cru sourd.
- MASCRÉ , Avocat en Parlement, a compcsé en 1671 , la ProJàrite 1 ou l'Ennemi de la Vertu , Comédie en cinq Actes, dont il ne relie que des Fragmens.
MASCRIER , ( labbé ) mort depuis plusieurs années, a composé le Caprice & la Reffiurce , Prologue en vers, joué en 17 3 *• > avant la Saur ridiçule y Comédie de Montfleury.
MASSIP , Auteur de l'Opéra des Fêtes Nouvelles.
MATHEAU OU MA THO, , Musicien, né en Bretagne , & mort à Versailles en 1746 , dans la quatrevingt-sixieme année de son âge- Il fut élevé Page de la Musique du Roi, & avoit une Haute-taille x assez foible , mais qu'il conduisoit avec beaucoup d'art & de goût. Louis XIV lui donna la Place de Maître de Musique de Madame la Duchesse de Bourgogne , mere de Louis XV. Matheau eut aussi l'honneur de montrer la musique à ce Prince. Il avoit la Charge de Maître de Musique des Enfans de France, avant Royer, & a fait l'Opéra d'Arion, & le Ballet des Tuileries.
MATHIEU, ( Pierre) naquit à Porentru , près de laSuisTe, en 1563. Il fut d'abord Principal du
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MAT MAU
Collége de Vercel , en Franche - Comté ; ensuite étant venu à Lyon, il fut reçu Avocat au Présidial de cette Ville. Il quitta Lyon pour aller à Paris, où il travailla à l'Histoire de France ; ce qui lui fit obtenir la Place d'Historiographe, avec une pension. Ayant suivi Louis XIII au Siège de Montauban , il fut atteint de la maladie qui régnoit alors dans le Camp ; & s'étant fait transporter à Toulouse , il y mourut en 1611. Nous avons de cet Auteur y Clitemneflre , Eflher, Aman, Faflhi , la Gui. Jade , ou le Triomphe de la Ligue.
MATRON , ( M. Alexis ) né' à Lille, en Flandres,
Auteur d'une Tragédie d Andriscus.
MATHON DE LA COUR, ( M. Charles-Joseph) né à Lyon en 1738 , a traduit l'Opéra Italien d'Orphée & Eurydice.
MAUCOMBLE , ( Jean - François-Dieu - Donné ) Officier dans le Régiment de Ségur , naquit à Metz en 17 3 5 , de M. Maucomble, Trésorier des Ponts & Chaussées de cette Généralité. Il quitta de bonne-heure l'état Militaire , pour se livrer tout entier à l'étude des Belles-Lettres. Il s'y enhardit au point d'entreprendre une Tragédie ; c'étoit le sujet d'Attila, manqué par le grand Corneille, qu'il prétendoit remettre sur la sçène ; mais il eut la sagesse peu commune à cet âge, de laisser ce coup d'essai dans son porte-feuille. Peut-être eût-il du en user de même , à l'égard d'un autre ouvrage dramatique, qu'il a fait imprimer depuis, sous ce titre : les Amans désej'pérés , ou la Comtesse d'Olinval f Drame en cinq A&es. Cette Tragédie Bourgeoise, plus horrible encore que Béverley, étoit le Fruit de l'espece d'enthouslasme , que lui avoit inspiré le goût nouveau qui s'introduit sur la Scène Françoile. M. Maucomble avoit fait quelques Romans, & est mort jeune en 1768,
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MAU MAU
MAÙGER , ( M. ) né à Paris, & ancien Garde cTu Corps , a donné Ameflris , Coriolan, Cofroés , & l'Épreuve imprudente.
MAUPAS , ( Charles ) Auteur d'une Comédie des
Déguisés s
MAUPIN, (la Demoiselle ) née en 1675 , fille du sieur d'Aubigny , Secrétaire du Comte d'Armagnac, épousa , étant encore très-jeune , un nommé Maupin , de Saint-Germain-en-Laye , & lui fit donner un Emploi dans les Aydes en Province. Pendant ion absence, Mlle. Maupin qui avoit un goût naturel pour l'exercice des Armes, fit connoissance avec un homme appellé Séranne, Prevôt de Salle, & alla avec lui à Marseille. La nécessité les obligea de faire usage des talens que la Nature leur avoit donnés. Ils avoient l'un & l'autre une belle voix ; ils n'eurent pas de peine à trouver place à l'Opéra de cette Ville. Mlle. Maupin y resta quelque tems; mais un accident l'en fit sortir , & l'obligea à quitter le pays. Nouvelle Sapho., elle avoit conçu un attachement trop tendre pour une jeune Marseilloi se , que ses Parens firent mettre dans un Couvert à Avignon : quand Mademoiselle Maupin sçut le lieu de la retraite , elle alla se présenter en qualité de Novice dans le même Monastère, & y fut reçue. Au bout de quelque tems, une Religieuse vint à mourir. Mademoiselle Maupin la déterra , la porta dans le lit de son amie, mit le feu au lit & à la chambre , & profita du tumulte causé par j'incendie , pour enlever la fille qu'elle aimoit. Dès qu'on se fut apperçu de cette évasion , on lui fit son procès; & 3 sous le nom de d'Aubigny, car elle se faisoit toujours passer pour fille , elle fut condamnée au feu par contumace ; mais, comme , dans la suite, la jeune Marseilloise fut retrouvée, & que son amie avoit eu la précaution de s'évader , la Sentence ne fut pas mise à exécution.
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La Maupin eut encore diverses aventures pendant le tems qu'elle resta en Province, où elle fut toujours habillée en homme. Cet habillement qu'elle avoit commencé de prendre à Marseille , lui alloit au mieux. Elle le portoit à Paris, lorfqu'elle vouloit se divertir, ou qu'elle avoit envie de se venger de quelqu'un qui l'avoit insultée. Elle possédoit le talent de bien faire des Armes ; & il n'y avoit guères de Maître de Salle plus adroit qu'elle ; c'étoit une obligation qu'elle avoit à son Amant Séranne.
Mlle Maupin vint à Paris, où, reprenant le nom de son mari , elle débuta à l'Opéra , dans Cadmus, par le rôle de Pallas , & fut généralement applaudie. Pour marquer sa reconnoissance , elle se leva dans sa machine , salua le Public en ôtant son casque ; ce qui fit encore redoubler les applaudissemens. Il est vrai qu'elle étoit très-jolie , avoit de beaux cheveux, le nez aquilin , une bouche , des dents, une gorge parfaitement belle. Quoiqu'elle ne sçût pas une note de muiique , elle y suppléoit par une mémoire prodigieuse.
Dumesnil, Aéteur de l'Opéra , l'ayant-insultée, elle l'attendit un soir dans la Place des Victoires, -vêtue en homme , voulut l'obliger de mettre l'épée à la main, &, sur son refus , lui donna une volée de coups de bâton , lui prit sa tabatiere & sa montre. Le lendemain , Dumesnil raconta à l'Opéra son aventure, qui avoit fait beaucoup de bruit ; mais il la raconta avec d'autres circonstances , &: se vanta d'avoir été attaqué la veille par trois voleurs, dont il s'étoit défendu vigoureusement, mais qui lui avoient pris sa montre & sa tabatiere ; lorsqu'il eut fini de raconter ses bravades, Mademoiselle Maupin qui étoit du nombre de ses Auditeurs , lui dit : « Tu en as menti ; tu n'es qu'un lâche & un 3) poltron ; car c'est moi seule qui ai fait le coup ;
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?î & voilà ta montre & ta tabatiere que je te rends, » pour preuve de ce que je dis ». Thévenard , qui l'a voit aussi offensée , & qui craignoit une pareille aventure , fut obligé de rester caché pendant trois semaines au Palais Royal ; & enfin , pour sortir d'embarras , il prit le parti de demander pardon à Aille. Maupin.
Le goût singulier de cette femme pour les personnes de son sexe étoit il vif, qu'elle s'exposoit à de fréquens mépris de leur part, & n'en étoit pas plus réservée. Un jour elle fit, sans succès , les plus tendres instances à une ACtrice appellée Mlle. Moxeau. On raconte , qu'étant à un Bal que feu Monsieur, frere unique du Roi, donnoit au Palais Royal, & s'étant déguisée en homme, suivant sa coutume , elle ôsa raire à une Dame des agaceries indécentes, qui, de la part d'un homme , patTeroient pour la plus grande insulte. Trois des amis de cette Dame , indignés de cette aCtion, résolurent d'en tirer vengeance, & l'appellerent dans la Place: elle sortit fièrement, mit l'épée à la main , & les jetta tous trois sur le carreau ; ensuite elle rentra dans le Bal ; & s'étant fait connoître à Monsieur, elle obtint sa grâce: • -r .
Mlle. Maupin quitta l'Opéra, pour aller à Bruxelles , où elle devint maitresse de l'Electeur de Bavière, qui, après l'avoir entrenue quelque tems , la quitta pour Madame la Comtesse d'Arcos, & lui envoya une bourse de quarante-mille francs , avec ordre de sortir de Bruxelles , très-promptement. Ce fut le Comte d'Arcos lui-même, qui fut chargé de porter cet ordre , & la bourse : Mademoiselle Maupin le reçut comme un Valet, prit la bourse, & la lui jetta à la tête, en lui disant que c'étoit la récompense d'un M.... tel que lui. Elle partit de Bruxelles avec une pension de deux mille francs, que lui fit l'Eledeur, revint à Paris, &
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rentra à l'Opéra ; elle se raccommoda avec le Comte d'Albert, qui avoit été autrefois son Amant, &: qu'elle a conservé depuis , jusqu'au moment de sa converijon.
Dès ce moment, elle renvoya , à tous ses Amans, les Contrats qu'ils lui avoient faits, & ne se réserva que les deux-mille livres de la pension de * l'Electeur de Bavière. Résolue de mener une vie réguliere , elle rappella son mari qui étoit en Province , & vécut avec lui jusqu'à sa mort, arrivée en 1701, dans une parfaite union.
On ne sera pas fâché de trouver ici une Piece de vers que Mlle. Maupin envoya à son Amant, le Comte d'Albert, au Camp de M. de Villars, & qui fut attribuée à Benserade. Comparée avec les plus belles lettres amoureuses d'Ovide , elle pourroit encore soutenir le parallele. Voici comme le
Poète fait parler Mlle. Maupin.
Voudras tu , cher Amanr, parmi le bruit des armes» Entendre le récit de mes vives allarmes ;
Et quand Mars , dans ton sein , allume ses fureurs , V Tes yeux daigneront-ils voir une Amante en pleurs ? Quel troubie ,quel effroi de tout mon cœur s'emparc !
Il court un bruit confus qu'un combat se prépare;
Que Bade vainement songe à se retrancher;
Qu'au milieu de ses Forts Villars va le chercher.
Bruit cruel ! chaque mot m'épouvante & me glace !
Le Ciel me feroit-il pressentir ma disgrace ?
Ah ! je sçais que pour toi la gloire a trop d'appas ;
Que l'honneur aux périls précipite tes pas.
Pour un Guerrier , tes yeux ont reçu trop de charmes; Pour un Amant ton cœur aime trop les allarmes. , Le Ciel devoit du moins te rendre , en te formant,
Ou moins vaillant Guerrier , ou moins aimable Amant.
De mon sexe tim'de ignorant la foiblesse ,
Je fuis faite aux périls , ainsi qu'à la tendresse..
Que ne m'est il permis de vôler après toi?
Si je suivois tes pas , je n'aurois nul effroi :
J'irois braver la mort & serois toujours prête
De m'exposer aux coups qui menacent ta tête:
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Ta jeunelTe , tes traits, ce teint vif, ces appas,
Ces cheveux qu'Apollon ne désavoueroit pas,
Dans l'empire amoureux inévitables charmes ,
Pour t-oi , dans les combats , sont d'inutiles armes.
Un homicide plomb , avec impunité ,
Frappe sans respeéter l'âge , ni la beauté.
- Adonis, comme toi, fut, autrefois aimable ;
Pour toi, je crains , hélas! son destin déplorable.
t, Vénus entre ses bras lui vit perdre le jour;
Je n'ai point ses attraits; mais j'ai tout son amour.
0 mere des plaisirs , favorable Déesse !
Toi que suivent toujours les Ris & la JeuneflTe ,
Je t'implore aujourd'hui. Si d'une tendre voix
J'ai quelquefois chanté la douceur de tes lo.ix j
Si j'ai vanté ton fils , ses traits & son empire ,
Et porté dans les cœurs les .flammes qu'il inspire,
Vôle , descends des Cieux ; sers-toi de ces regards Qui sçavent, quand tu veux , désarmer le Dieu Mats. ' Obtiens qu'à mon amour ? il ne soitpas funeste. « Mais, que dis-je , insensée ? & quel espoir me reste ? . En voyant cet objet de mes vœux les plus doux ,
Tu serois ma Rivale ; & Mars seroit jaloux.
Parmi tant de frayeurs , c'est toi seul que j'implore, Cher Amant; souviens-toi que mon ame t'adore;
Que tu dois de mes pleurs faire cesser le cours ; Qu'en exposant ta vie , il y va de mes jours.
- Vers le milieu de l'année 1705 > Mademoiselle
Maupin forma le dessein de renoncer au Théâtre ; elle ne voulut cependant rien faire sans consulter son Amant, pour qui elle eut autant d'estime que de tendresse. Elle lui écrivit pour lui annoncer la résolution qu'elle avoitprise de se retirer du monde, & le prier de lui en dire son avis. Elle attendoit qu'il approuvât ce parti, pour le suivre avec plus de confiance.
Cette Lettre a donné lieu à une très-belle Réponse , & où il y a autant d'esprit & de sentiment, que de Philosophie & de Religion. « Songez-vous à qui vous vous adressez , dit M. le Comte d'Al-
» bert à son Amante ? Est-ce ma Religion , est-ce
3) mon cœur, est-ce ma complaisance, que vous
» voulez mettre à l'épreuve ? Et comptez-vous >
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MAU # MAU
» en me consultant, que je sois assez le maître de mes sentimens, pour vous fortifier dans les vôtres ?
» Avez - vous perdu l'idée de ce que je suis à
3> votre égard ? N'est-ce pas insulter à mon mal-
» heur, que de me forcer à l'approuver ? Et ne 1 » mériteriez-vous pas que, pour vous punir de votre injustice, je me rangeafle du parti du monde contre vous-même ? Je sçais que vous ne doutez '■ pas de la part que je prends à tout ce qui peut
« faire votre bonheur ; mais ignorez-vous que vous
ne pourrez parvenir à celui où vous aspirez , qu'aux dépens du mien-propre, & sans qu'il
» m'en coûte mon repos ? Ne devez-vous pas craindre qu'à force de m'intéresser à ce que vous
3) faites, je ne tâche de vous en dissuader ; & pouvez-vous sagement vous confier à un homme qui
» ne sçauroit agir de bonne-foi , sans trahir les intérêts ? Vous le sçavez ; depuis que vous re-
?> noncez au monde , mes intérêts deviennent bien
» différens des vôtres. A quelle extrémité me ré-, duisez-vous donc , pour répondre à la bonne
3) opinion que vous avez de moi ! & qu'il m'en coûte chèr de vous avoir persuadée de ma sincé-
3) rité ! Il faut que je me détache de moi-même,
» pour me conformer à vos intentions ; il faut que
:» j'étouffe tout sentiment de sensibilité & de déli-
» catefle 3 il faut enfin que je vous tienne un langage tout opposé aux mouvemens de mon coeur ,
y> & que je m'immole pour vous plaire. Jamais la
» raison n'a tant pris sur la Nature. Mettez donc
« à ce sacrifice tout le prix qu'il mérite. C'est le plus grand que j'aie fait, & que je puisse faire
de ma vie ».
M. le Comte d'Albert fait envisager à Mlle Maupin les raisons qui pourroient la retenir dans le monde ; mais il ne lui dissimule pas que des raisons plus fortes encore l'appellent à la retraite. Il finit par l'affermir dans sa résolution; j'ôse dire que jamais Directeur
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MAZ MER spirituel ne s'est mieux exprimé sur les choses du salut. '• '
i .
MAZIERES , Auteur d'une ancienne Piece , donnée en 1566, sous le titre Bergerie spirituelle. ■' 'l
MÉLIGLOSSE , est le nom sous lequel Charles ~Bater , Pariiien , a donné la Mort de Roger , & la Rodomontade. i £
MENARD , ( François) Auteur d'une Piece intitulée la Pastorale.
MÉNESSON , mort à Paris en 1742 , dans un âge fort avancé , est Auteur des paroles de Manta la Fée , des Plaisirs de la paix, & d'Ajax.
MENTELLE , ( M. ) a fait en société avec M. des
Essarts, l'Amour Libérateur.
MERCIER , ( Louis-Sébaflien ) né à Paris le 6 Juin 1740. Après avoir publié plusieurs ouvrages en divers genres , qui lui ont acquis de la réputation ; il a commencé à travailler pour le Théâtre en 1769 , & a donné successivement Jenneval ou le Barnevelt
François , le Déserteur , Olynde 6» Sophonie , l'Indigent t le Faux ami, Jean Hennuycr , Evêque de / Lisieux. Ce dernier a été imprimé sous le nom de I M. de Voltaire ; & l'Auteur a jouï quelque tems de la méprise. Ses autres Drames ont été traduits en Italien & en Allemand , & représentés sur piesque tous les Théâtres de Province , où ils ont beaucoup réussi. On les a joués chez l'Étranger 3 & le succès a été le même. L'Auteur estimant que le Public est le véritable Juge des produirions théâtrales , lui a présenté ses Pieces, au lieu de les donner aux Comédiens. Il a cependant deux Pieces, reçues au Théâtre de la Capitale ; l'une est Natalie,
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MER MES
Drame en quatre Aétes ; & l'autre la Brouette du Vinaigrier, Comédie en trois Aétes.
Toutes les Pieces de M. Mercier ont un but moral bien carattérisé. On y trouve l'éloquence de Famé , de la force , de la chaleur , de la Philosophie, & une peinture des bonnes mœurs. Il ne s'est point rendu imitateur ; & l'on peut dire que son genre lui appartient. Il a composé un ouvrage le Théâtre , très-considérable , dans lequel il soutient que l'ancien systême dramatique doit néceilairement changer, pour le plaiiir , l'inltruftion & l'utilité publique.
MERMET , ( Claude ) Notaire Ducal de SaintRambert , en Savoie , vint s'établir à Lyon, où il donna la Traduction de la Tragédie de Sophonisbe de George Triffin.
Cet Auteur a été plus connu par ses Épigrammes, que par cette Tradnttion. C'est de lui qu'est ce Quatrain, qui nous a été conservé par Duverdier.
Les amis de l'heure présente
Ont le naturel du Mélon :
Il en faut essayer cinquante , : Avant qu'en rencontrer un bon.
MÉRAUT , ( M. ) Auteur de la musique de la
Ressource Comique , & du Retour de tendresse.
ME REY, ( M. ) a donné , soit aux Boulevards , soit en société , Therèse & l Espérance, la Soirée des Porcherons , l'Hôtel garni, le Compliment du jour de l'An , l'Avant souper , ou la Coquette corrigée , la Mode 6' le Goût.
MERV ILLE: : ( M. ) les Ennemis réconciliés.
MËSMES , ( Jean - Pierre) a traduit une Piece de l'Ariofle ; intitulée les Supposés,
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MES MET
MESSINE ; ( M. Collet de ) Sara } ou la Fermiert
Ecojsoise. J
METTRIE , le même dont nous avons déja parlé , sous le nom de la METTRIE ; mais nous donnerons un peu plus d'étendue à cet article. Son goût pour la Médecine engagea ses parens à l'envoyer en Hoir lande, étudier lous Boërrhaave. Il vint ensuite à Paris , où le Duc de Grammont , Colonel des Gardes Françoises , le fit Médecin de son Régiment. Il composa une Histoire ]NJ aturelle de l'Ame , qui ne respire. que le matérialisme. Ce Livre souleva les honnêtes gens contre lui ; & la mort de son Protecteur lui fit perdre sa place. Il tourna ensuite ses armes contre ses Confreres, qui, outrés des satyres qu'il faisoit contre eux , l'obligerent de se retirer à Leyde , où il pu": blia son Homme Machine. Poursuivi en Hollande , il se réfugia à Berlin , où le Roi de Prusse le fit, son Led:eur , & membre de son Académie. II y' vécu tranquille jusqu'à sa mort , arrivée en 17 5 1 Parmi plusieurs ouvrages contre les Médecins, il fit imprimer en 1747 , une Comédie en trois Actes" en prose , intitulée la Faculté vengée. Pour l'intelligence de cet ouvrage , je vais placer ici les vrais noms des A&eurs , à côté de celui des Personnages.
PERSONNAGES. NOMS DES ACTEURS.
Somnambule. Du MOULIN.
La Tulipe. FALCONNET. Jaunisse. MARCOT. Don-Qitichotte , " ^ DIONIS. Sot-en-Cour. BoUILLAC. Grésillon. HELVÉTIUS.
V ardaux. PONCE.
SavantaJJe. - ASTRUC. Bayaroise. PROCOPE. Chat-Huant. - LA METTRIE lui-même.
- PERSONNAGES,
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"MET MET
PERSONNAGES. NOMS DES ACTEURS.
Muscadin. SiDOBRE.
Maqui. BOYER. Boudineau. " - BoURDELIN.
PLuton. Autre MAQUI.
La Faculté se raflfemble dans l'intention d'ordonner du châtiment que doit subir Chat-Huant, pour la satyre qu'il a osé faire contr'elle ; celui-ci arrive incognito à Paris y &' veut aller lui-même se défendre ; Valere , son ami, l'en dissuade. Les Médecins ont diverses' assemblées pour juger ChatHuant ; cela fournit des scènes , qui, quoique très-longues , sont fort plaisantes, par le caractère de chaque Médecin , qui y est si bien développé f qu'on les reconnoît aisément. Ils discutent longtems sans rien conclurre. Enfin Pluton arrive pour les mettre d'accord ; on le choiut pour prélider à l'Aïïemblée. Chat - Huant, déguisé en Avocat Chinois , plaide lui - même sa cause ; Pluton le condamne à l'exil, & lui dit : « Votre femme ne 33 vous suivra pas dans votre exil; c'est l'ordre què » je donne ».
' C Il À T-H V A N 7.
« Tant il est vrai, qu'à quelque chose malheur » est bon ! Ma foi, vive Pluton , & vive son juge<c ment ! Combien je vois de maris qui voudroient être exilés à pareil prix » ?
C'est ainsi que se termine cette Piece assez bien écrite, & qui efi, sans doute, la satyre la plus amère que l'on ait jamais faite contre les Médecins. On y montre, dans tout son jour, leur Charsatanisme , leur mauvaise foi, leur ignorance , & sur-tout le genre d'esprit & de souplesse, de cha:Cun des Aâreurs qui sont introduits sur la scène. :
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MEU - MLLY
MEUNIER , Auteur d'une Comédie intitulée les Lunettes magiques , étoit de Paris, &c y est mort vers l'an été attaché au Duc d'E$rées.
MEZZETIN , nom d'un rôle de la Comédie Italienne, dont le çara&ère est à-peu-prés le même^que celui de Scapin. Voyez CONSTANTINI.
. MICHEL Y ( Jean ) les uns dirent Médecin , les autres Evéque d'Angers j, mort en Qdeur de sainteté, 3. donne, à ce que l'on prétend, en 1490, des Myfhres sur la Passion , la Résurrection & la Vengeance de la mort de N. S. J. C. , & une Sotise à huit personnages. JLes vers suivans prouvent qu'un Jean Evêqup d'Angers , a tait des Mysteres.
Vois par après ce Maitre Jean Michel,
1?^ Qui fut d'Angers Evêque & Patron tel
Qu'on le dit Saint. JI fit par personnages
~ * Passion & autres bons ouvrages.
La Croix du Maine , &. d'autres Auteurs le font Médecin, ou prétendent qu'un Médecin de ce même noro , ^ qui vivoit vers le même tems , a fait aussi des Pieces de ce genre.
MILET , ( Jaçqrns ) Auteur d'une Tragédie intitulée Histoire de la destruction de Troyes.
On lit cette note ridicule à la fin de cette Piece , dont le manuscrit est à la Bibliotheque de Sorbonne. «U Siègç que les Grégeois, tinrent devant Troyes » la grande , dura par l'espace de dix ans, neuf mois » & huit jours ; y eut des gens morts, tant de ai Troyes, comme de Grèce, dix-sept cents, dix» sept-mille &: neuf cents; & il y avoit en la Ville de Troyes, trente-deux Rois, sans le Roi Priam , » qui étoit Seigneur de tous ; & devant tenant le » Siège, y avoit soixante Rois, dont Agamemnon » étôÂt le Gouverneur & Principal par-dessus; &
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MIL MOI
» avoit ladite Ville quarante lieues de long & huit de large ».
MILLET, ( Jean) de Grenoble, a fait en vers Provençaux , mêlés de quelques vers François,, la Confiance de Philin, Janix , ou la Hauda, & la Bourgeoise de Grenoble..
MILLOTET, (Hugues) Chanoine de Flavigny , Auteur d'une Tragédie de Sainte-Reine, ou le Chariot de Triomphe , tiré par deux Aigles de la glorieuse noble & illustre Sainte - Reine d'Alise, Vierge & Martyre. A la fin du Prologue, on trouve Premier A&e. Second Atle. Troisieme Acte.
Sainte Reine , priez
Quatrieme Afle. Cinquieme Aste.
pour nous.
Toutes les scènes commencent par chaque lettre de ces cinq mots, Sainte Reine, prier pour nous; & tous les Atteurs & A&rices qui ont représenté ladite Tragédie , ont leur açrostiche en leurs discours par chaque lettre de leurs noms & surnoms. Cette difficulté que Millotet a vaincue sûrement avec la plus grande peine , rend sa Piece encore plus ridicule.
MiNET , ( M. ) Comédien de Province, né à Paris, fils de l'ancien Souffleur de la Comédie Françoise , a donné la Noce de Village , & le Génie de la France.
M ION, Maître de Chant , & neveu de la Lande, mort depuis quelques années , a mis en musique les Opéra de Nitétis , des Quatre parties du Monde , & de l'Année galante.
MOISSY, (M. Moulitr de ) né à Paris, ancien Garde du Corps. a donoé au Théâtre le Provincial
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MOL MOL
à Paris, les Fausses inconflallces, le Valct Maître 9 la Nouvelle Ecole des semmes , Y Ennuyé , l' ln-promptu de l'Amour, la Nouvelle Ecole des maris, les Deux Freres. Il a aussi publié plutieurs Volumes de Pioverbes Dramatiques » & la Vraie Mere , Drame
Didacti-Comique.
Un style aisé , noble & coulant , une intrigue filée avec adresse , beaucoup de sentiment , 8z peu d'avion ; voilà ce qui distingue le Théâtre de M. de MoiiTy. Dans toutes ses Pieces, on remarque cette riche aisance, & cette connoissance du monde, qui s'acquiert dans la bonne compagnie. On deGreroit- plus de précision dans le Dialogue, plus de force, plus de comique , plus de mouvement,
plus d'intérêt.
MOLARD né à Marseille , a donné la Tragédie de Marius & Scylla. Il avoit composé une Tragédie de T hé mistocle, que les .Comédiens ne voulurent pas recevoir. ,
MoLE , ( M. ) Acteur de la Comédie Françoise 9 a débuté par les rôles de Britannicus , de Séyd dans Mahomet, d' Andronic, & fut reçu en 1760. Il joue avec beaucoup d'intelligence & de feu dans les rôles tendres, soit Tragiques , soit Comiques.
MOLIERE , surnommé le Tragique , Comédien , a composé , vers le commencement du siècle dernier , la Tragédie de Polixène.
MOLIERE, ( Jean-Baptiste Poquelin, si célèbre sous le nom de) né à Paris en 162.0 , mort en 1673 * étoit fils & petit-fils de Valet-de-chambre Tapissier du Roi. Il passa quatorze ans dans la maison paternelle, où l'on ne songea qu'à lui donner une éducation conforme à son état. Sa famille , qui le destinoit à la charge de son pere , en obtint pour lui la
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MOL MOL" survivance ; mais il conçut un dessein fort opposé auit vues de ses parens : il demanda instamment, & on * lui accorda avec peine , la permission d'aller faire) ses études au Collége de Clermont. Il remplit cette-' carriere dans l'espace de cinq ans, pendant lesquelsî il contracta une étroite liaison avec Chapelle , -Bernier & Cyrano. Chapelle , aux études de quil'on avoit associé Bernier, avoit pour Précepteur^ le célèbre Gassendi , qui voulut bien admettre.£ Poquelin à ses leçons , comme dans la suite il YI admit Cyrano. Les Belles - Lettres avoient ornél l'esprit du jeune Poquelin ; les préceptes du Philo-1 sophe lui apprirent à raisonner. C'est dans ses leçons,! qu'il puisa les principes de justesse , qui lui ont fervf* de guide dans la plupart de ses ouvrages.
Le voyage de Louis XIII à Narbonne en 1641,» interrompit des occupations d'autant plus agréables! pour lui, qu'elles étoient de son choix. Son pere ,) devenu infirme , ne pouvant suivre la Cour , son' fils y alla remplir les fondions de sa charge , qu'il a depuis exercée jusqu'à sa mort ; mais à ion retour à Paris , il céda à son étoile , qui le dellinoit à être-' parmi nous le Restaurateur de la Comédie.
Le goût pour les Speaacles étoit presque général en France , depuis que le Cardinal de Richelieu' avoit accordé une protection distinguée aux Poètes dramatiques. Plusieurs sociétés particulières se faisoient un divertissement domestique de jouer la . Comédie. Poquelin entra dans une de ces sociétés , qui fut connue sous le nom de l 'llluflrç Théâtre. Ce fut alors qu'il changea de nom, pour prendre celui, de Moliere, soit par égard pour ses parens, qui désapprouvoient cette professlon, soit pour suivre l'exemple de plusieurs de ses Camarades. La, Béjart, Comédienne de Campagne , se l'associa ; & bientôt liés par les mêmes sentimens,. leurs in- > térêts furent communs : ils formèrent de concert une
T40ue , & partirent pour Lyon. On y reprç*
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MOL;, MOL
sensa Y Étourdi, qui enleva presque tous les Spectateurs au Théâtre d'une autre Troupe de Comé-^ diens établis dans cette Ville. Quelques-uns d'en-*> tr'eux prirent parti avec Moliere , & le suivirent en Languedoc , où il offrit ses services au Prince de . Conti, qui tenoit à Béziers les États de la Province.^ Ce Prince avoit connu Moliere au Collège, & s'étoit amusé à Paris des représentions de l'Illustre Théâtre , qu'il avoit plusieurs fois mandé chez lui. L'Etourdi reparut à Béziers avec un nouveau succes ; le Dépit amoureux & les Précieuses ridicules y entrai- .' nerent tous les suffrages j: on donna même des ap- plaudissemens à quelques Farces , qui , par leupconstitution irréguliere , méritoient à peine le nom^ de Comédies, telles que le Docteur amoureux , legJ Trois DoEleurs Rivaux , &:c. Moliere les a probablement supprimées , parce qu'il sentit qu'elles ne. pourroient lui acquérir le degré de réputation au-r quel il aspiroit. Dans les fréquens voyages qu'il fit à Paris > où il avoit dessein de se fixer, il eut accèsauprès de Monsieur, qui le présenta au Roi & à la Reine mere. Il joua en présence de leurs Majestés, & obtint la permission de jouer dans la Salle des Gardes du vieux Louvre , & ensuite dans celle du Palais Royal. Enfin sa Troupe fut arrêtée au service du Roi en 1665; & ce fut alors, que l'on vit régner le .vrai goût .d,e la, Comédie sur le Théâtre François. ^ ;
Les Pieces de Moliere font Y l'Étourdi , le Dépit amoureux , les Précieuses ridicules le Cocu imaginaire , Dom-Garcie de Navarre , l'Ecole des marisr % les FIcheux , l'Ecole des femmes , la Critique de l'Ecole des femmes, l' In-promptu de Versa illes -, Ja; Princesse d'Eli de > le Mariage forcé , le Tartuffe , le Festin de Pierre, l' Autour Médecin, le Mifantlirope , le Médecin malgré lui , Mélicerts , le Sicilien, Amphytrion , George-D andin , l' Avare , Pourceauçnac , les Amans ' magnifiques, Psyché, le Bourgeois Gentilhomme , les- -
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MOL MOL
-fourberies de Scapin » les Femmes sçavantes 1 la. Comtesse d'EJcarbagnas, & le Malade imaginaire. Moliere avoit encore composé, pour la Province & pour Paris , plusieurs petites Farces , comme le Doéleur amoureux $ le DoReur pédant; les Trois Doc* teurs Rivaux , le Maître d'École j le Médecin volant, la Jalousie de Barbouillé j la Jalousie du Gros-René , Gorgibus dans le sac f le Fagoteur, le Grand benêt de Fils f Gros-René petit enfant, &c, qui n'ont pas été imprimées.
Le rang qpe Molière doit occuper dans l'empire littéraire , est réglé depuis longtems. Poùr juger du mérite de ses ouvrages > il suffit de les comparer avec tout ce que l'antiquité offre de plus parfait dans ce gènre. Plus l'examen sera approfondi, plus la supériorité de ce grand-homme sera reconnue. Il puisa chez les Anciens les premières notions de l'art qu'il devoit perfe&ionnér : il leur dut ce goût sÛr , qui éclaira son génie ; & lui fit surpasser tous les m.odeles. Bientôt il n'en voulut avoir d'autre que son génie même. La Nature & les ridicules d4 ion sièçle lui parurent une source inépUisable ; il en tira cette foule de tableaux si différens èn-c tr'eux , & si reflemblans avec les objets qu'il avoit voulu peindre. Là Comédie prit une nouvelle forme y & s'annoblit entre ses mains. Il étudia lè génie des Grands , les fit rire de leurs défauts ^ & ôsa substituer nos Marquis aux Esclaves des Anciens. Ceg derniers ne jouoient sur leur Théâtre > que la .vië commune & bourgeoise ; Moliere joua sur le nôtre la Ville & la Cour. Spe&ateur philosophe , riel( n'échappoit à ses regards ; il est peu de condition , où il n'ait fouillé , peu de vices dans. la société qu'il n'ait repris ; personne enfin n'a si bien connu J'art de trouver le ridicule des chdsès lés plus sérieuses. Il alloit le saisir où d'autres né l'eussent pas même soupçonné. Aussi a-t-il joui d'un avantage bien rare, celui dé reformer une partie des abus
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MOL MOL
qu'il attaquoit. Le jargon des Précieuses ridicules disparut ; celui des Femmes sçavantes devint intelligible. On cessa de turlupiner à la Cour , & de se guinder. à la Ville. On vit encore , je l'avoue , des avares & des hypocrites ; c'est qu'un vice eit plus difficile à réformer qu'un ridicule , & que souvent .on en rougit moins. Il faut convenir cependant que 9 même dans les chef-d'oeuvres de Moliere ,on sbuhaiteroit un langage plus épuré , & des dénouemens plus heureux. On lui reproche encore de s'être trop occupé du Peuple , dans quelques-unes de ses Comédies j ôc ce reproche est fondé ; mais il faut envisager les circonstances. Moliere, Chef d'une Troupe de Comédiens , avoit besoin de plaire à là multitude, sans laquelle une pareille Troupe ne peut vivre : il étoit même souvent obligé d'amuser la Cour , qui, avec un goût délicat, aime encore plus à rire qu'à admirer. Il faut, d'ailleurs, diflinguer les genres : le Médecin malgré lui, Pourceaugnac, les Fourberies de Scapin , &c, ne peuvent entrer en parallèle -avec le Misanthrope , le Tartufe , les Femmes sçavantes, &c ; mais plus d'un trait, dans ces premieres productions r, décèle le génie qui enfanta les secondes. Moliere , en introduisant le bon goût sur la scène comique, n'avoit pu en bannir entierement le mauvais ; il étoit obligé d'encenser quelquefois l'idole qu'il vouloit renverser. En un mot, il imitoit la sagesse de certains Legiflateurs , qui, pour accréditer de bonnes loix , se soumettent eux-mêmes à d'anciens abus.
PORTRAIT DE MOLIERE.
Tantôt Plaute, tantôt Térence , » Toujours Moliere cependant :
Quel homme ! Avouons que la France
En perdit trois , en le perdant.
La Dame PoilTon , femme d'un des meilleurs
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MOL MOL
Comiques que nous ayons eus , fille de Ducroisy , Comédien de la Troupe de Moliere , & qui avoit joué le rôle d'une des Graccs dans Psyché en 1671 , a donné ce portrait de Moliere. « Il n'étoit ni trop 3) gras ni trop maigre. Il avoit la taille plus grande » que petite, le port noble , la jambe belle, il » marchoit gravement, avoit l'air très-sérieux , le 3) nez gros , la bouche grande , les lèvres épaisses, le teint brun, les sourcils noirs & forts , & les divers mouvemens qu'il leur donnoit, lui renïj doient la physionomie extrêmement comique. A » l'égard de son caradbère , il étoit doux , com3) plaisant, & généreux. Il aimoit fort à haranguer ; » & quand il lisoit ses Pieces aux Comédiens, il M vouloit qu'ils y amenassent leurs enfans , pour tirer » des conjectures de leurs mouvemens naturels ». ;
A peine Moliere fut mort, que Paris fut inondé d'épitaphes à son sujet ; toutes assez mauvaises, à l'exception de celle que le célèbre la Fontaine composa , &: d'une Piece de vers du P. Bouhours.
VERS du P. Bouhours sur Moliere.
Ornement du Théâtre , incomparable Acteur,
Charmant Poëte, Illultre Auteur >
C'est toi, dont les plaisanteries
Ont guéri du Marquis l'esprit extravaguant :
C'est toi qui , par tes momeries ,
A réprimé l'orgueil du Bourgeois arrogant.
Ta Muse , en jouant l'hypocrite ,
A redressé les faux Dévots ;
La Précieuse , à tes bons mots ,
A reconnu son faux mérite ;
L'homme ennemi du genre humain t
Le Campagnard, qui tout admire,
N'ont pas lu tes écrits en vain :
Tous deux se sont instruits, en ne pensant qu'à rire. Enfin tu réformas &. la Ville & la Cour :
Mais quelle fut ta récompense ?
Les François rougiront un jour
De leur peu de rcconnoifiance.
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MOL MOL
Il leur falloit tin Comédien
Qui mît, à les polir , son art & son étude ;
Mais , Molicie 3 à ta gloire il ne manqueroit rien ,
Si , parmi leurs défauts, que tu peignis si bien ,
Tu les avois repris de leur ingratitude.
É P 1 T A P HE de Maliere par la Fontaine.
Sous ce tombeau gisent Plaute & Térence ;
Et cependant le seul Molicre y g!t.
— Leurs trois talens ne formoient qu'un esprit,
- " Dont le bel Art réjouissoit la France.
Ils sont partis j & j'ai peu d'espérance
De les revoir , malgré té us nos efforts.
Pour un long-tems , selon toute apparence ,
Térence & l'iaute & Molière font morts.
- Un Abbé présenta à M. le Prince l'Épitaphe fuivante, dont on a parlé au bas de la page 507 j dil fécond Tome de cet ouvrage.
Ci-gît qui parut, sur la sçène ,
Le singe de la vie humaine ,
Qui n'aura jamais son égal ;
Mais voulant de la mort , ainsi que de la vie »
Etre l'Imitateur , dans une Comédie,
Pour trop bien réufHr , il réussie très-mal ;
Car la Mort, en étant ravie,
Trouva si belle lai copié
Qu'elle en fit un original.
Deux ou trois ans après la mort de Moliere , il y eut un hyver très-rude. Sa veuve fit porter cent voies de bois sur la tombe de son mari, & les y fit brûler pour chauffer les pauvres du quartier. La grande chaleur du feu fendit en deux la pierre qui couvroit la tombe.
Moliere avoit un grand-pere qui l'aimoit beaucoup; & comme ce vieillard avoit de la passion pour la Comédie , il menoit sou vent le petit
Poquelin à l'Hôtel de Bourgogne. Le pere, qui appréhendroir que ce plaiftr ne dissipât son fils > &
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MOL MOL
ne lui otât l'attention qu'il devoit à son mener , demanda un jour au bon-homme pourquoi il menoit si sou vent son petit-fils au Spectacle ? « Avez» vous envie , lui dit-il, d'en faire un Comédien ? » Plût à Dieu , lui répondit le grand-pere , qu'il » sut aussi bon Comédien que Bellerose ». Cette réponse frappa le jeune homme.
Le pere de Moliere, fâché du parti que son file avoit pris d'aller dans les Provinces jouer la Comédie , le fit solliciter inutilement par tout ce qu'il avoit d'amis, de quitter cette pensée. Enfin il lui envoya le Maître chez qui il l'avoit mis en pension pendant les premieres années de ses études , espérant que par l'autorité que ce Maître avoit eue sur lui pendant ce tems-là , il pourroit le ramener à son devoir 3 mais bien loin que cet homme l'engageât à quitter sa profession , le jeune Mo-' liere lui persuada de l'embrasser lui-même , & d'être le Docteur de leur Comédie ; lui représentant que le peu de Latin qu'il sçavoit, le rendroit capable d'en bien faire le personnage , & que la vie qu'ils meneroient, seroitbien plus agréable que celle d'un homme qui tient des Pensionnaires.
Moliere récitoit en Comédien sur le Théâtre & hors du Théâtre ; mais il parloit en honnête-homme^ rioit en honnête-homme , avoit tous les sentimens d'un honnête-homme. Despréaux trou voit la prose de Moliere plus parfaite que sa Poésie , en ce qu'elle étoit plus réguliere & plus châtiée , au-lieu que la servitude des rimes l'obligeoit souvent à donner de mauvais voisins à des vers admirables : voisins que les Maîtres de l'Art appellent des Freres Chapeaux.
. Quoique Moliere fût très-agréable en conversation , lorsque les gens lui pîaisoient , il ne parloit guères en compagnie-, à moins qu'il ne se trouvât
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MOL ^ MOL. avec des personnes pour qui il eut une estimq particulière. Cela faisoit dire à ceux qui ne le connoissoient pas, qu'il étoit rêveur & mélancolique ; mais s'il parsoit peu, il parloit juste. D'ailleurs il observoit les manieres & les moeurs , & trouvoit le moyen ensuite d'en faire des applications admirables dans ses Comédies » où l'on peut dire qu'il a joué tout le monde, puisqu'il s'y eil joué le premier eh plusieurs endroits, sur ce qui se passoit dans sa propre famille.
Le Grand-Condé disoit que Corneille étoit leBréviaire des Rois ; on pourroit dire que Moliere ess le Bréviaire de tous les hommes.
Louis XIV , voyant un jour Moliere à son dîné , avec un Médecin nommé Mauvillain , lui dit : «c Vous avez un Médecin , que vous fait-il ? Sire , » répondit Moliere , nous raisonnons ensemble : il m'ordonne des remedes ; je ne les fais point ; & cc: je guéris ». Mauvillain étoit ami de Moliere , & lui fournissoit les termes d'art , dont il avoit besoin. Son fils obtint , à la sollicitation de Moliere, un Canonicat à Vincennes..
Baron annonça un jour à Moliere , un homme que l'extrême misere empêchoit de paroître. « Il se » nomme Mondorge, ajouta-t-il «.Je le connois, » dit Moliere ; il a été mon camarade en Langue» doc ; c'est un honnête-homme. Que jugez-vous 3) qu'il faille lui donner ? Quatre Pistoles , dit Baron, après avoir hésité quelque temps. Hé ! bien, » répliqua Moliere , je vais les lui donner pour moi ; :» donnez-lui pour vous ces vingt autres que. voilà ». Mondorge parut ; Moliere l'embrassa , le consola , & joignit au présent qu'il lui faisoit, un magnifique habit de Théâtre , pour jouer les rôles Tragiques.
Moliere étoit désigné pour remplir la premiere
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MOL MON
Place vacante à l'Académie Françoise. La Compagnie s'étoit arrangée au sujet de sa profession : il n'auroit plus joué que dans les rôles de HautComique ; mais sa mort précipitée le priva d'une Place bien méritée, & l'Académie d'un sujet si digne de la remplir. Ce fait est attesté, par une note de l'Académie Françoise.
Louis XIV, se bottant pour aller à la chasle y demandoit à Despréaux , en présence de plusieurs Seigneurs, quels Auteurs avoient le mieux réussi pour la Comédie ? Je n'en connois qu'un , reprit le Satyrique ; & c'est Moliere ; tous les autres n'ont fait que des Farces proprement dites, comme ces vilaines Pieces de Scarron. Le Roi demeura pensis ; & Despréaux, s'appercevant qu'il avoit fait une faute, se mit. à baisser les yeux, ainsi que les autres Courtisans. « Si bien donc , reprit le Roi , que » Despréaux n'estime que le seul Moliere ? « Il n'y a , Sire, que lui qui soit estimable dans son genre
3, d'écrire. M Je n'eus garde , disoit Despréàùx, de vouloir r'habiller mon incartade ; c'eut été faire sentir que j'avois été capable de la saire ». Le Duc de Chevreuse le tira à quartier , en lui disant : c,c Oh ! pour le coup , votre prudence étoit endormie ! .... « Et où est l'homme , répondoit Des» préaux , à qui il n'échappe jamais une sottise » ?
MO-LINE , ( M. ) a fait imprimer ou jouer en société , plusieurs Pieces qui n'ont pas été représensées sur les Théâtres publics, telles que les Législatrices , Thémistocle , le Savetier Médecin , le Concert interrompu , la Fête de Saint-Cloud, Richard Minutolo , la Couronne de fleurs ; l'Orpheline Angloi/'e , ou les Trois Tuteurs ; la Sœur supposée ; la Meuniere enrichie , ou le Gascon puni -, le Boiz Seigneur, ou le ColinMaillard ; Laure Er Pétrarque. L'Académie Royale deS Musique a donné en 1774 son Opéra d'Orphée.
MoNCRIF , ( François-Augustin Paradis de ) mort
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à Paris en 1770 , âgé de 83 ans, étoit né dans cette Ville, d'une famille Bourgeoise, qui le fit élever, dans I'espérance de lui voir choiiir une de ces prosessions honnêtes , dans lesquelles l'esprit qu'il parut avoir d'ail ez bonne-heure , étoit un des meilleurs moyens de se distinguer. L'espoir de ses parens, à cet égard , fut trompé : les dispositions brillantes qu'il se trouva pour un exercice plus fait pour la jeune nobleile , ou pour ceux qui se destinent à l'Etat Militaire , qu'à un particulier de son état, lui donnerent des vues contraires à celles de sa famille. L'avantage qu'il tira de la grace & de l'adresse qu'il avoit sous les armes, fut de se trouver sou vent avec la Jeunesse la plus distinguée de ce tems-là , & de former , au milieu d'elle , des liaisons honorables , qu'un esprit naturel , une figure aimable , un deiir consiant de plaire , & surtout , une humeur égale , douce & complaisante , l'aiderent à conserver. L'Amour de la Poésie , si peu susceptible de se partager avec les soins & l'étude d'une autre profession , servit encore à le détourner de la route que lui avoient indiqué sa fortune & ses prétentions naturelles dans la société. En refléchissant au bonheur qu'il avoit de se faire aimer par-tout où il se présentoit, il sentit qu'il pou voit acquérir des amis utiles , 8c même des Protecteurs ; & sa profçffion des Lettres fut celle à laquelle il se dévoua. La gaieté naturelle à la Nation Françoise avoit imaginé, dans le commencement de ce iiècle , le genre plaisant de la Parade. Ce fut, sur-tout, dans le même Temple, où Chaulieu , Lafare, & tous ses illustres voluptueux s'étoient rassemblés auparavant, qu'il s'éleva 1Jn Théâtre pour cette bouffonnerie , qui fit, pendant plusieurs années, les plaisirs de la meilleure Compagnie de Paris. Moncrif s'y trouvoit fort répandu ; & il fut un des hommes de Lettres qui concoururent à rendre cette folie piquante pour les gens d'esprit même.
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Attaché à M. le Comte de Clermont, en qualité de Secrétaire de ses Commandemens, Moncris voulut contribuer aux amusemens de Madame la Duchesse Douairiere ; & ce fut pour cette frincefTe, qu'il composa la Comédie en un Aére, en vers libres, des Abdcrites y qu'il lui dédia. Cette Piece fut jouée à Fontainebleau au mois çle Novembre de la même année ; mais elle ne parut point sur le Théâtre de Paris, où nous ne devons pas dissimuler qu'elle eût eu peu de succès ; parce que Çe genre d'ouvrage demande des talens particuliers que Moncrif n'avoit pas. On lui attribue ce. pendanc encore une autre Comédie intitulée la F auffe magie , représentée sur le Théâtre de la. Comédie Italienne. Cet Auteur dont les premiers essais lyriques avoient eu du succès, se voua , pour ainsi dire, à ce seul genre ; car ce n'étoit pas en sortir , que de faire , par intervalles , quelques couplets délicats & naïfs dans le goût de nos anciennes Chansons. On le vit cependant publier, de tems à autre , quelques légeres dissertations sur des matières utiles; mais son talent particulier le ramenoit à la Romance & à la Muse de l'Opéra. Son Aae de ZéLindor , sur-tout, fit le plus grand plaisir ;
il eH: un des jolis ouvrages qu'on remontre au Public avec le plus de confiance. Ses autres Pieces sont Y Empire de l'Amour , Linus , Almasis , Ismène , les Génies tutelaires , la Sybille, les Ames réuinies.
MONDONVILLE , ( Jean-Joseph Cassanéa de) né à Narbonne en 1715 , de parens peu riches , mais d'une bonne famille , se sentit porté de bonneheure , par une forte impulsion , au goût de la mufique ; & bientôt il devint célèbre dans cet àge où l'on a peine encore à se faire connoitre. Accueilli dans la Capitale de la Flandre, il y étonna , par les trois grands Motets qu'il y fit exécuter avant l'âge de vingt ans. Ce fut en 1737
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qu'il vint les faire entendre à Paris. Leur succès y fut prodigieux. On n'avoit point encore vu , au Concert Spirituel , une affluence égale à celle qu'attirerent les premiers essais de Mondonville. Ces trois morceaux de génie annoncerent une Lyre enchanteresse & sçavante , qui le disputoit à celle de Lalande , & qui triomphoit de celle de Mouret : c'étoit le Magnus Dominus , le Jubilate y le Dominus Regnavit , que l'on entend encore avec tant d'applaudissement. Je ne parlerai point du plaisir qu'il procura souvent au Concert Spirituel, par l'exécution brillante & facile de son Violon : la. gloire du Compoliteur suffit à son éloge.
Après s'être distingué dans ces différens genres, Mondonville voulut se montrer au Théâtre de l'Opéra ; mais les premieres paroles qui lui furent confiées, étoient peu dignes de sa musique ; & cette Pastorale , sous le nom d'lsbé , n'a point reparu depuis sur ce Théâtre. En 1749, il donna le Carnaval du Parnasse , qui eut trente représentations, a, été repris depuis avec le même succès.
L'Abbé de la Mare, peut-être un des derniers Auteurs parmi nous, qui aient eu les talens convenables à la sçène lyrique, laissa l'Opéra de Titon & l'Aurore imparfait. On le mit entre les mains de Mondonville , qui ne sou pçonnoit point encore qu'il eût le talent d'écrire la scène lui-même -, mais qui, dans les corrections & les additions dont cet ouvrage eut besoin , s'en tira assez bien , pour qu'on ne pût distinguer ce qui étoit de l'Abbé de la. Mare ou de lui. Il joignit à cet Opéra le Prologue de Prométhée, qu'il emprunta de la Motte ; & cette Pastorale réunit tous les suffrages en 1753 > ainsi que le Carnaval du Parnasse.
Ce fut l'année suivante que Mondonville se montra entièrement, en qualité de double Compoiiteur ,
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MON MON positeur , & des paroles & de la musique de Daphnis 6* Alcimadure. Le jargon Languedocien, qu'il a voit parlé dans son enfance, & qui est presque aufifi favorable au chant & aux idées tendres 8c galantes, que la Langue Italienne, fut une nouveauté piquante à l'Opéra. Cependant quelques femmes du plus haut rang l'ayant sollicité de remettre , s'il étoit possible , cet A cté en François y il l'entreprit, & l'acheva lui-même. Ce que cette espece de Traduction a de singulier, c'est qu'elle est si conforme à l'original , qu'il ne fallut que placer dans la partition déjà gravée, au-dessous des vers Languedociens, les vers François qui les repréientoient.
Les derniers ouvrages de Mondonville, consid'éré' comme Musicien, sont les Fêtes du Paphos , l'Acte charmant de Psyché, & l'Opéra de Thésée de Quinault , remis avec de la nouvelle musique. Le Public n'a point accueilli ce changement.
MONDORGE , (Antoine GautHier de) Maître de la Chambre aux deniers du Roi, de l'Académie de Lyon, étoit né dans cette Ville en 1707. On doit le compter parmi le petit nombre d'hommes favorisés de la fortune, qui ont cultivé les Lettres avec quelque succès. Peut-être devroit-on plutôt le compter parmi les Amateurs que parmi les Auteurs, quoiqu'il ait donné quelques ouvrages. Il y a plus de trente ans , qu'il composa les Fêtes d'Hébé , plus connues sous le nom des Talens lyriques. Il eut le bonheur de rencontrer pour Musicien , le grand Rameau ; & quoique ses paroles n'eussent , ni toutes les graces de Quinault, ni toute la finesse de la Motte, elles fournissoient un assez beau Canevas au génie du Musicien. Avec un homme tel que Rameau , il n'étoit guères possible qu'un ouvrage, même médiocre , n'eût qu'un médiocre succès. Les 'Fêtes d'Hébé furent assez bien reçues : on ne sçauroit nier qu'elles ne méritassent, à certains égards,
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. MON MON ~ le succès qu'elles obtinrent. Le sujet étoit heureu-" sement choiii, & l'on trouve , de tems en tems , quelques détails dignes du sujet. Ce qu'il faut remarquer sur-tout, c'est que cet Opéra est un des premiers où l'on ait essayé de venger cette espece dé Poëme du reproche de fadeur & de foiblesse que les bons Juges lui ont fait souvent, avec quelque raison. L'Acte de Tyrtée ne roule point sur ces lieux communs de Morale lubrique réchauffés par les fons.de Lully , & censurés par le sage Def-> préaux. Là harangue de ce Libérateur des Spartiates est du ton le plus noble ; c'est vraiment une harangue Militaire. il vaudroit bien mieux transporter de pareils sujets sur la scène lyrique, que d'aller, compile 4ÏP Je grand Rousseau :
' Dèvelopper, en des scènes dolentes,
Du doux Quinault les Pandeftes galantes.
On doit sçavoir gré à Mondorge, de s'être affranchi, l'un des premiers , de cet usage ridicule y qui avoit si fort rétréci les idées des faiseurs d'Opéra , & qui bornoit leur Dictionnaire à une douzaine de mots postiches , combinés &: ressassés jusqu'au dégoût, en cent manieres différentes. Mondorge s'écarta avec succès de la route commune ; mais il auroit fallu , pour accréditer cette innovation , plus de verve & de chaleur poétique. Les Talens lyriques attirerent à leur Auteur quelques màuvaises Épigrammes. Il courut, dans le tems , une Chanson sur,un air fort connu , où on le tournent en ridicule, sur son ouvrage, & même sur Ion nom, en affe&ant de l'appeller Gauthier-Garguille. Il paroît que les mauvais jeux de mots commençoient à régner alors. A présent c'est l'espriç du four ; & la maladie des Calembourgs gagne àla-fois les gens de Lettres, & les gens du Monde.
L'Opéra de société , autre ouvrage lyrique de Mondorge, n'étoit pas un sujet aussi heureux que les Talens lyriques , & ne fut pas si bien accueilli.
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Cet Auteur , mort à Paris en 1768 5 aimoit les Arts, & encourageoit les Artistes. C'étoit un homme de bonne compagnie, & qui auroit pu se faire un nom dans la Littérature, s'il avoit dérobé , en faveur des Muses, quelques momens aux affaires & aux plaisirs.
MONDORY , ancien Comédien, & très - bon Asseur dans les rôles de Roi, étoit né à Orléans , & parut au Théâtre du Marais. Ayant eu une attaque d'aploplexie en jouant le rôle d' Hérode , dans la Marianne de Tristan , il fut obligé de se retirer, mourut peu de tems après.
MONGIN, Auteur des Promenades de Paris.
MONICAULT , ancien Consul de France à Petersbourg & à Dantzick, donna au Théâtre Italien 7 le Dédçiin affecté.
MoNSiGNY , ( M. ) Maître-d'Hôtel ordinaire de M. le Duc d'Orléans, a fait la musique des Aveux indiscrets , du Maître en Droit, du Cadi dupé , d'O/t ne s'avise jamais de tout, du Roi & le Fermier , de Rose & Colas > d'Aline , Reine de Golconde ; de l'ljle Sonante, du Déserteur, du Faucon , de la Belle Ar/ene , du Rendez-vous bien employé.
. MONTAGNAC , ( M. Louis - Laurent- Joseph de ) Capitaine au Régiment de Riom , né en Languedoc en 1731 , a fait imprimer la Fille de seize ans , ou la Capricieuse.
MoNTANDRÉ , Auteur peu connu de 1" Adieu du
Trône.
Mo NT AU BAN , ( Jacques Pousset, Ecuyer , fleur de ) Avocat célèbre au Parlement de Paris, & Échevin de cette Ville , mourut en 1685. Ses
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Œuvres dramatiques comprennent Zénobie , les Charmes de Félicie , Séleucus , Indégonde , le Comte de Hollande , PantagrueL , les Aventures de Panurge. Oli lui attribue aussi une Tragédie de Thyefle. Il étoit lié avec Despréaux, Racine & Chapelle ;& l'on croit qu'il travailla à la Comédie des Plaideurs. Parmi les Plaidoyers de Montauban , la Cause célèbre du gueux de Vernon lui acquit beaucoup de réputation.
f MôNT-ChRETIÈN , ( Antoine de ) sieur de Vasteville, étoit fils d'un Apothicaire de Falaise , & demeura orphelin fort jeune. Quelques aventures qui lui sont arrivées } font voir que la bravoure n'est point incompatible avec les Lettres. Un jous ayant pris querelle avec le Baron de Genonville , qui étoit accompagné de deux personnes , il se battit contre tous les trois, & fut laide pour mort sur la place. Cependant il en revint, & obtint 12000 livres de dommages & intérêts. Il suivit les Huguenots à la guerre , & se trouva au Siège de la Rochelle. Il fut soupçonné de faire de la fausse monnoie , & l'on voulut l'arrêter ; mais comme il étoit brave jusqu'à l'intrépidité, il se défendit en désespéré , tua trois hommes , ne put être abattu qu'à coups de fusil. Les ouvrages qu'il a composés pour le Théâtre , sont Sophonisbe , ou la Carthaginoise ; la Confiance , ou les Lacenes , David x ou l'Aduitere; Hettor ; Aman , ou la Vanité; Y Ecossoise , ou la Bergere.
Cet Auteur parut avoir choisi Garnier pour son modele : c'est à-peu-près la même marche &: le même goût. Comme Garnier , il met peu d'intrigue dans ses Pieces, & n'a presque aucune situation. Son Dialogue est vif & coupé ; chaque Interlocuteur y répond par une Sentence; & il esi noyé dans 'de longs monologues. Son style est cependant moins ampoulé, 6c plus pur, que celui de Garnier ; on y
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MON MON remarque néanmoins quelquefois un mauvais goût;" d'antithèses & de jeux de mots. Ce qui distingue sur-tout Montchrétien, c'en: l'éloquence vive &1 animée qui regne dans les déclamations , d'ailleurs) trop longues, dont ses Pieces sont remplies. Legi figures les plus frappantes &: les plus hardies y sont' semées avec profution. Il n'a manqué à cet Au-' teur, que l'art d'amener des situations , & de mettre en œuvre ces beaux morceaux , épars çà & là , sans choix & sans goût, & dont la continuité même. est fatiguante. Ses Chœurs sont pleins de la plus! excellente morale. Les matieres les plus importanJ: tes y sont traitées avec feu , & quelquefois d'unel maniere sublime. L'usage que ce Poète a fait de* ses talens , est digne d'éloge : l'Écriture Sainte lui1 a fourni la matiere de plusieurs ouvrages. Outre' les Pieces dont nous avons parlé , on a de lui un Poëme de Susanne , qui vaut mieux , en son genre >que ses Pieces dramatiques. La Bergerie qui terminec le Théâtre de Montchrétien , fait voir que cet Au-* teur avoit plus d'un talent, qu'il sçavoit des- > cendre , quand il vouloit, de la majeste Tragique. La prose de cet ouvrage est agréable & légere / remplie d'idées ingénieuses & riantes., v '
MoNTECLAiR , ( Michel) Musicien , né à Chaumont en Bassigny , mourut dans une Campagne" frès de Paris, en 1737, âgé de soixante-onze ans..
1 avoit été enfant de Chœur à la Cathédrale de
Langres , & fut le premier qui joua dans l'Orchestre de l'Opéra de la contre-Bafse. Outre plusieurs' morceaux de musique , il a encore fait çelle des Opéra des Fêta dç l'Eté, & de Jephtê.
Montfleury , Comédien de la Troupe du Roi, étoit Gentilhomme. Il naquit au Pays d'Anjou , & s'appelloit Zacharie Jacob ; le nom de Montfleury n'est qu'un surnom qu'il prit , pour n'être pas reconnu. Il avoit été Page chez le Duc de Guise;
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mais son goût pour la Comédie l'attacha à une. Troupe qui couroit la Province. Il vint ensuite à Paris , & joua avec le plus grand succès à l'Hôtel de Bourgogne. On a prétendu qu'il étoit mort en 1667 ^ âgé de soixante-sept ans, des violens efforts qu'il ht en jouant le rôle d'Oreflte , dans YAndromaque de Racine. Il avoit compote la Tragédie de la Mort d'Asdrubal.
Montfleury étoit à l'article de la mort, lorsqu'un inconnu, qui, à ce que disoit Mlle. Desmarres , son arriere petite-fille , lui avoit annoncé chez un Marchand de Galop, qu'il étoit très-mal, entra dans la chambre du malade , & demanda du vin pour boire avec lui. On le lui refusa; le Confesseur le prit pour un Sorcier; le Médecin le regarda comme un Charlatan. Cet inconnu sortit, & dit sur le seuil de la porte : « J'en suis fâché ; j'aurois tiré ce pauvre Montfleury d'affaire ; mais il ne passera pas minuit ; ce qui arriva ».
Montfleury avoit épousé Jeanne de la Chalpe, veuve de Pierre Rousseau , Ecuyer, sieur Duclos, Comédien du Roi. Nous rapporterons sur son mariage deux circonstances assez singulieres. L'une, que le Cardinal de Richelieu voulut que la Noce se fit à Ruel ; l'autre, que Montfleury étoit si fort entêté de sa professîon , qu'il voulut qu'on joignît à son nom de famille, celui de Montfleury , & qu'on n'y mît point d'autre qualité 3 que celle de Comédien du Roi.
MONTFLEURY, ( Antoine-Jacob de ) fils du précédent , né à Paris en 1640, & mort à Aix en 1685, se fit recevoir Avocat , & fut choisi par Colbert, pour aller, en Provence , négocier une affaire importante & délicate , dont il s'acquitta au gré de ce Ministre. Ses Pieces , quoiqu'un peu libr es , ont presque toutes été reçues favorable-
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ment , leurs titres sont , le Mariage de rien , le Mari sans femme , TrasibuLe, l' Jn-promptu de l'Hôtel de Condé; l'Ecole des jaloux , ou la Fausse Turque ; l'Ecole des silles, la Femme juge & partie , le Procès de la Femme juge 6* partie , le Gentilhomme de Beauce, la. Fille Capitaine } XAmbigu-Comique, le Comédien Poète , avec la Soeur ridicule , Trigaudin , Crispin Gentilhomme , la Dame Médecin , & la Dupe de soi-même, On lui attribue les Bêtes raisonnables. J ,
On ne peut refuser à Montfleury de l'esprit, du naturel & de la vivacité dans le Dialogue, de la facilité dans l'expression , une très-grande connoissance dramatique : mais il s'est permis trop de licence dans le choix de ses sujets , & dans la maniere de les traiter. Il y répete , jusqu'au dégoût, une èxpression que la décence a proscrite de toutes nos Comédies modernes ; il y fait du lien le plus respe&able de la sociétè, l'éternel sujet de ses plaisanteries : ce sont presque tous des maris joués, trompés & moqués. C'est à Montfleury que Boi. leau fait allusion dans ces vers de l'art Poétique :
•
Mais pour un faux plaisant à grofàere équivoque , \ ■■ Qui, pour me divçrtir , n'a que la saleté,
Qu'il s'en aille , s'il veut, sur des trétaux monté tîi Amusant le Pont-Neuf de ses Sornettes fades.t V; Aux laquais assemblés jouer les mascarades.
D'ailleurs il choque souvent la vraisemblance. Il • a puisé chez les Espagnols une grande partie de ses sujets, & n'en a point banni le merveilleux. A ces défauts près , le Mari sans femme , la Femme juge 6* partie, la Fille Capitaine , font d'agréables Cornée dies d'intrigue. J'appuierai peu sur les difpositione de l'Auteur pour le genre Tragique : Didon sembloit en annoncer de favorables j mais ce n'cst pas sur un seul ouvrage de cette nature , qu'on peut juger du génie d'un Poète; sur-tout, si l'on a. été trente ans à retoucher ce même ouvrage , comme on
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en connoît qui fondent pourtant là-dessus toute leur réputation. Chapelain fit autrefois , par hasard , une assez belle Ode. On représente souvent la Pénélope de l'Abbé Genest ; cependant il seroit absurde de le placer à côté des Corneille, des Racine , des Crébillon, des Voltaire, & même des Campistron.
MONTFORT, Auteur d'une Tragédie de Sésostris.
MONTGAUDIER : Natalie , Tragédie.
MONTIGNAC , ( M. de ) a fait jouer en Province Clarice , ou les Ruses de l'Amour ; Horiphesme , ou les Bergers ; le Bouquet de M. le Maréchal de Riche< lieu, & plusieurs Complimens mêlés de Scènes & de Vaudevilles.
MONTIGNY , ( M. Jean-Charles Bidault de ) né à Paris, est Auteur de la Petite Sémiramis, & de l'École des Officiers.
MONTLÉON, a fait trois Tragédies , He&or ,
Amphitrite , &.Thyefle.
Montléon n'étoit pas Poète par nature , mais par frénésie. Son imagination déréglée n'a produit que des ouvrages monstrueux. On ne peut les lire sans frémissement & sans indignation ; c'est l'indécence la plus effrénée , jointe aux idées les plus noires 6c les plus lugubres.
MoNTLUC , ( Adrien de ) Prince de Chabanois, Comte de Cramail, né en 1568, est Auteur d'une Comédie des Proverbes.
MoNTMÉN.Y' , ( Louis-André de ) Comédien , fils du célèbre le Sage , est mort jeune , regretté de sa Troupe, où il jouoit les rôles sérieux & ceux de Paysan. -,
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Le Sage n'approuva point le choix que son fils avait fait de monter sur le Théâtre & cessà de le voir; mais flatté de la gloire qu'il acquéroit tous les jours par sestalens, il fut entraîné au Spettacle, joignit son suffrage à ceux du Public, vit son fils, versa des larmes, l'embrassa , & lui rendit son amitié.
Mo NT RE ux , ( Nicolas de ) connu sous le nom à'Olenix du Mont-Sacré, qui est l'anagramme de son nom, né au Mans vers 1560, & fils d'un ancien Maître des Requêtes de la Maison du Duc d'Orléans, commença à se faire connoître par des Romans, & ensuite par des Pieces de Théâtre ; sçavoir , Cyrus le jeune , la Joyeuse , Annibal, Atlette , Diane , Cléopâtre , Isabelle , Arimène , Sophonisbe , & Joseph. On lui attribue encore Camma , la Décevante, Pâris & (Enone.
Le sujet de la Tragédie d'Isabelle , par Montreux , est tiré du Poëme de l'Arioste. Rodomont, flus Rodomont encore dans cette Piece, que dans original, confie à Sicambras, son Officier, la violente passion qu'il a conçue pour lfabelle, sa captive. Cette Princesse , consiante à la mémoire de Zerbin , qui a péri en défendant, contre Madricard, les armes de Roland , refuse opiniâtrement d'écouter son Barbare vainqueur, qui lui dit:
Je veux avoir de vous ce que la loi de Mars
Me Fermet de ravir , seule loi des Soudars.
ISABELLE.
Un plaisir si léger vous sera peu durable.
RODOMONT.
Nul plaisir n'est léger qui nous est secourable, ; ' -
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ISABELLE.
Est -ce bien, que forcer une simple semelle ?,
; R O D O M O N T.
t
Oui bien, quand on ne peut vivre sans jouir d'elle,"
Montreux travailloit avec une facilité qui fit son malheur ; car il composa beaucoup, & ne fit rien de passable. On ne vit jamais tant de Poètes, & si peu de bons ouvrages que de son tems. Le plus grand nombre n'avoit pas les premieres notions du genre Dramatique. Sans consulter ni leurs forces , ni les Maîtres de l'Art , ils croyoient pouvoir entrer dans cette carrière. C'était le bel-air du tems ; ç'est encore celui du nôtre.
MoNvEL , Aéteur de la Comédie Françoise, reçu en 1772, a donné à la Comédie Italienne, Julie ; Y Erreur d'un 'moment, ou la Suite de Julie ; & le Stratagème découvert. , i
MORAINE , né à Angers Auteur du Mariage fait par crainte. '
MORAM BER , ( M. Antoine-Jacques Labbet de ) Professeur de Mulique à Paris, né dans cette Ville en 1721 , a donné, le Carnaval d'Eté) Amadis ; Barbacole , ou le Manuscrit volé.
MORAN , (le Pere) Jésuite à Lyon, a donné une Tragédie intitulée Néon.
MORAND , ( Pierre de ) né à Arles en 1701, d'une famille noble , fit paroître de bonne-heure beaucoup de goût pour la Poésie. Il voulut joindre les plaisirs de l'Hymen à ceux d'Apollon; mais ayant rencontré une belle-mere, qui étoit une Furie, il abandonna sa femme &: ses biens, & vint à Paris, uù il se livra aux plaisirs de l'esprit, &: à ceax de
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MOR MOR l'Amour. Il y composa la Tragédie de Téglis , qui eut quelque succès. Cette Piece ossre des iituations nobles & touchantes , & beaucoup d'intelligence de l'art dramatique ; il ne lui manque, ainil qu'à ses autres ouvrages, qu'un coloris plus brillant. Morand donna, ensuite Childéric , Piece extrêmement compliquée y mais pleine de traits de force & de génie , & faite sur le modèle d'Héraclius. L'Esprit de divorce vint après; c'est une des meilleures Pieces de notre Poète.
Morand ne fut heureux ni en littérature , ni en. mariage, ni au jeu , ni en bonnes fortunes. Quoiqu'il eût éprouvé souvent en sa vie les dangers d'aimer sans délicatesse & sans choix , il les bravoit toujours avec la même intrépidité. Il tomba malade dans les derniers jours du mois de Juillet 1757. On lui fit une opération cruelle , qu'il soussrit avec une consiance héroïque. Il ne fut pas nécessaire d'user de détours & de ménagemens, pour lui annoncer que sa derniere heure approchoit i il le dit lui-même de sang-froid ,& prit toutes les mesures que la Religion & la raison prescrivent à un galant-homme , & à un Chrétien. Il di£posa , en faveur d'un neveu & d'une nièce , d'un bien dont il n'avoit pu jouir lui même. Un trait bien marqué du malheur qui le poursuivoit, c'est: que toutes ses dettes se trouvoient acquittées à la fin de cette même année ; & qu'au premier de Janvier de la suivante , il touchoit le premier quartier des cinq-mille livres de rente qui lui revoient. Cette circonstance ne l'affligeoit point ; il fit son testament avec une présence , ou plutôt une gaieté d'esprit singuliere. Il se rappella celui de Crispin dans le Légataire Universel , & le parodia , donnant aux Item des inflexions de voix différentes &: comiques, qui faisoient rire tous les Assistans. Lorsqu'il eut mis ordre à ses affaires , il s'entretint familièrement avec deux ou trois de ses amis, leur parlant de vers, de prose , & de nouvelles. Lorsqu'on lui apprit la Victoire remportée le z6 Juillet sur
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MOR MOR
le Duc de Cumberland par le Maréchal d'Estrées , il se ressouvint du vers de Mithridate , & dit :
Et mes derniers regards ont vu fuir les Anglois.
Il mourut avec cet enjouement philosophique. Ôur tre les Pieces déja nommées , il avoit encore fait les Misses , Mégare , l'Enlevement imprévu , la Vengeance trompée , les Amours des grands - hommes , Léandre 6' Héro.
MORAND ET , ( M. ) ci-devant Secrétaire des Commandemens de Madame la Comtesse de Toulouse, est Auteur du Qui-pro-quo.
MoREAU , ( Jean - Baptisse ) né à Angers en 1656. D'enfant de Chœur de cette Cathédrale, il devint Maître de Musique à Langres , ensuite à Dijon , & vint à Paris , mal dans ses affaires, & très-mal vétu. Il trouva le moyen d'entrer à la Toilette de la Dauphine, Victoire de Baviere ; eut la hardiesse de la tirer par la manche , &: lui demanda la permission de chanter devant elle un air desa composition. La Princesse rit, & lalui accorda. Moreau lui fit tant de plaisir , qu'elle en parla au Roi, qui voulut le voir , l'entendre , & dans la suite l'employa à plusieurs Divertissemens. Il fit la. musique d'Eflher & d'Athalie , & celle des Chœurs de la Tragédie de Jonathas , par Duché. Il fut en 1694, Intendant de la Musique des États de Languedoc , Charge qu'il vendit bientôt. Il fut lié avec le Poète Lainez, dont il mit les Chansons en musqué ; & il mourut à Paris , âgé de soixantedix-huit ans.
MOREL, Auteur d'une Tragédie de Timoclée.
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MORISSOT a fait imprimer à Marseille, Pierre b Pérette, ou le Galant Jardinier.
MouFFLE , ( Pierre ) Conseiller du Roi , Lieu-, tenant-Particulier de Magny, & Bailli de SainteClaire , est Auteur d'une Tragi-Comédie du Fils exilé y ou le Martyre de Saint-Clair.
MOULINGHEN , ( L. C. ) a composé en Province la musique des Deux Contrats , du Mari Sylphe , d' Horiphesme , du Vieillard amoureux , des kuj'es d6. l'Amour , de Sylvain.
MOULON, ( Georges-Matthieu de) ancien Maître des Requêtes , Banquier Expéditionnaire en Cour de Rome, de l'Académie de Nancy, sa Patrie, né en 1708 , réputé Auteur d'une Comédie de Y Amour Diable.
MOUQUÉ ou MOUQUAI, ( Jean) de Boubgne, Auteur de XAmour déplumée , Pastorale iatyrique. L'anagramme de son nom est , oit manquai-je ?
MOURET , ( Jean-Joseph ) né à Avignon en 1682, se fit connoître dès l'âge de vingt ans , par des morceaux de musique, qui le mirent bientôt en grande réputation. Il étoit Directeur du Concert Spirituel, Intendant de la musique de Madame la Duchesse du Maine, Musicien de la Chambre du Roi, & Compoliteur de la mulique de la Comédie Italienne. Outre quantité de Divertissemens, d'Airs , de Sonates, de Cantates, &c. il a fait la musique des Opéra intitulés les Fêtes de Thalie , Ariane & The/ée , Pirithoiis, les Amours des Dieux 9 Je Ballet des sens , les Graces , le Temple de Gnide , les Amours de Ragonde. Il mourut à Charenton , près de Paris, en 1738. Le malheur qu'il eut de perdre , en moins d'un an , ses trois Places, lui aveit dérangé l'esprit, & avancé la fin de ses jours.
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MOU ^ MUR
MOUSTOU , ( M. ) a donné la Bohémienne , & le
Volage.
MuRET , (Antoine de) a traduit en François les
Comédies de Térence.
NAD NAD
N A D A L , ( Auguflin) né à Poitiers 5 vint de bonne-heure à Paris, où ses talens lui firent des Protecteurs, & son caractère liant des amis. Le Duc d'Aumont, Premier Gentilhomme de la Chambre , & Gouverneur de la Province du Boulonnois , lui procura le Secrétariat de cette Province. Son esprit & ses liaisons avec les gens de Lettres , soutenus par la protection de ce Seigneur, lui valurent, en 1706, une Place dans l'Académie des Inscriptions & Belles-Lettres. Il accompagna, en 1712 .P en qualité de Secrétaire, ce même Duc d'Aumont , Plénipotentiaire auprès de la Reine Anne , pour la Paix d'Utrecht. Ses services furent técompensés par l'Abbaye de Doudeauville. Il mourut dans sa Patrie , en 1741 , âgé de quatrevingt-deux ans. Ses ouvragés ont été recueillis en plulieurs Volumes , dont le dernier contient ses Pieces de Théâtre ; sçavoir , SaÜl, Hérode ; Antïochus , ou les Machabées ; Mariamne ; Osarphis , ou Moyse ; & Arlequin au ParnajJë. Les quatre premières de ces Tragédies furent jouées ; mais elles n'eurent qu'un succès éphémère. La derniere fut arrêtée , comme on alloit la représenter. La vérification , assez bonne en plusieurs endroits , est quelquefois embarrassée & louche ; il y a quelques morceaux trop ampoulés. Plus de force & de précition , dans certains sentimens > en auroient relevé la beauté.
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N AI NÉR
NAIGEON , (M. ) n'est connu au Théâtre que par la Comédie des Chinois, qu'on lui attribue.
NANCEL, ( Pierre ) Auteur des Tragédies de Débora > de Dina , & de Josué , imprimées en un Volume, sous le titre de Théâtre Sacré.
NANTEUIL , d'abord Comédien de la Reine, ensuite de l'Electeur d'Hanovre, a donné le Comte de Roquejeuille , les Brouilleries Noflurnes, l'Amour sentinelle , le Doéleur extravagant , & l'Amante invisible. On lui attribue encore le Campagnard dupé,
NAQUET , ( M. Pierre ) né à Paris en 1719 , est Auteur des Eaux de Passy , ou les Coquettes à la mode , du Peintre, de l'Heureux retour , Divertissement; de l'Embarras du ^èle , Divertissement ; de la Magie sans magie , Divertissement. Tout cela n'a été donné qu'en Province.
NAU , ( M. ) a fait jouer sur des Théâtres de société & en Province , le Départ de l'Opéra-Comique , Esope au Village ; Iphis ; la Grande métamorphose , ou l'Année merveilleuse , Pieces imprimées.
NAVIERE , ( Charles ) passe pour l'Auteur d'une
Tragi-Comédie de Plilandre.
NÉEL , Avocat au Conseil , n'est connu que par l'Illusion grotesque.
NEVEU. VoyeÇ DESROCHES,
NÉRÉE , ( R. J. ) Auteur du Triomphe de la Ligué. On a déja parlé de cette Piece à l'article de Mathieu , auquel quelques personnes l'attribuent. Pour l'intelligence de cet Ouvrage , il est nécessaire •de sçavoir que les noms des Aâreurs sont déguisés sous des anagrammes. Ainsi Giesu , c'est Guïse;
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NEU NOG
Jeusoye ; Joyeuse ; Numiade ; Dumaine ; Valardin. ; Lavardin ; Visteie , Jésuite , &c.
NEUFVILLENAINE , a fait imprimer Sganarelle, , ou le Cocu imaginaire.
C'est la même que celle de Moliere , avec un argument en prose à chaque Scène. Neufvillenaine , qui ne se nomme pas ,1a dédia à Moliere, & lui manda qu'enchanté des beautés de cette Piece , il s'étoit apperçu , après y avoir été cinq à six fois , qu'il l'avoit retenue par coeur ; que , dans ce même tems , un de ses amis en Province l'ayant prié de lui donner des nouvelles de cette Comédie , il la lui avoit envoyée ; mais quelque tems après , ayant vu qu'il s'en étoit répandu pluiieurs copies très-difformes , tant des vers que de la proie , il avoit pris le parti de la faire imprimer , & de la lui dédier.
NEUVILÉE , (M. Chicanneau de) né à Nancy, a donné au Théâtre, la Feinte supposée.
R NEUVILLE MONTADOR ,( le Chevalier JeanFlorent-Joseph de Bruneaubois de ) Calaiiien , Officier Invalide , connu par différens ouvrages, & sur-tout par une Piece de Théâtre intitulée la Comédienne.
' NicoLE , Auteur d'une Comédie du Fantôme.
N I E L, Maître de murique , Auteur de la musique des Opéra des Romans, & de Y Ecole des Amans.
NIVERNOIS , ( M. le Duc de ) a fait la musique du Temple des Chimères.
NOGUERES , Auteur d'une Tragédie de la Mort de Manliui.
NONANTES
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NON NOU;
NON A N TES a fait imprimer la Comédie de
Y Après-dîner des Dames de la Juiverie.
NONDOU, on ne connoît de lui qu'une Tragédie de Cyrus.
N ORR Y , ( Milles de ) Gentilhomme de Chartres , Philosophe & Mathématicien, composa dans sa jeunesse les trois Journées d'Hélie, Amman 9 & Thamar,
NOUGARET , ( Pierre-Jean-Baptijle) né à la Rochelle en 1742 , a fait jouer en Province l'Incertain , Parodie de Zulica ; Sancho Gouverneur ; la Bergere des Alpes ; la Famille en désordre, Parodie du Pere de samille ; le Droit du Seigneur ; Saint-Symphorien , Tragédie Chrétienne; les Nouveaux originaux; le Mari du temps passé, ou la Jalousie au Village. Il a donné à l'Ambigu-Comique, le Bouquet de Louise , les Fourberies du petit Arlequin , Il n'y a plus d'ensans, Léandre &0 Isabelle, l'Assemblée des animaux , le Mai , Arlequin chel les Patagons, la Comète , 1 Éducation à la mode , l'Héritage. Plusieurs scènes des Comédiens de Bois sont de cet Auteur j & il a fait Mep{icoff, Tragédie, en société avec M. Marchand.
OCT OLR
0 CTAVE , Comédien. Voyeç les Folies d'Oc-
lave.
OLENIX DE MONT-SACRE. Voyez MONTREUX.
OLRY DE LORIANDE > Ingénieur du Roi ; le
Héros très-Chrétien.
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ORI J ^ au Y
ORIET , ( Didier ) Auteur d'ûne Tragédie de
Suzanne,
OUYN, ( Jacques ) de Normandie , a composé une Tragédie de Tobie.
PAC PAL
P ACARONI V ( le Chevalier de ) mort vers 1747 , Auteur d'une Tragédie - de Bajazet.
PADER D'ASSEZAN , fils d'un Peintre de Toulouse , où il naquit en 1654, l'emporta plusieurs rois. le Prix aux jeux Floraux, fut Avocat au Parlement de la même Ville , & vint à Paris , où l'Abbé Boyer fit représenter , sous son nom , la. "tragédie, d'Agamemnon. On croit que Pader d'Assezan n'est véritablement Auteur que de celle d'Antigone.
.P AGEAU ,.( Margarit } Vendômois , a donné vers l'an 1600 , une Tragédie avec dès Chœurs ; sous le titre de Bisathie.
PAGES , ( M.) Auteur d'une Tragédie de Phalaris en 1759-
PALAPRAT T ( Jean) né à Toulouse en 1650 , mort à Paris, âgé d'environ soixante-douze ans. Il fut de l'Académie des jeux Floraux , ou il remporta quelques prix , enfuife Capitoul de Toulouse , &: entra , en qualité de Secrétaire des Cominandemeps, çl}ez le Grand-Prieur, M. de Vendôme. te Poète a voit une imagination vive & plaisànte; une candear de mœurs & une simplicité dè caractère singuUere. C'étoit, tout à-la-fois, ùri bèl-esprit
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pour les saillies , & un enfant pour la naïveté. Il s'est peint lui-même dans cette Épitaphe ;
J'ai vécu l'homme le moins fin ,
Qui fut dans là machine ronde ;
Et je suis mort la dupe enfiii
De la dupe 49 tout le monde.
Lès Pieces que l'on croit être de Palaprat, c'efta-dite , celles qu'il n'a point faites en société avec ion ami Bruéys , sont le Concert ridicule, le Ballet extravagant, le Secret révélé , les Sifflets , la Prudi du temps, la Parodie de Phaéton , la Fille de bon Jens t les Fourbes heureux , le Faucon, les fleuves du Lansquenet, & les Dervis. Voyez BruÉYS.
PALISSOT, ( Charles ) né à Nasicy le 3 Janvier 11 jo , fit, à l'âge de 19 ans, la Tragédie de Zarès , tepré[entée en 1754, & imprimée dans le Recueil de ses Œuvres, sous le titre de Ni nus Second. Uri plan plus sage , qu'on ne devoit l'attendre de l'extrême jeunesse de l'Auteur , des situations intèressâhtès , Un style púr, naturel & facile , sèmbloient lui promettre des succès dans cette carrière ; tnaiss lorsqu'avec des yeux plus éclairés, il eut observé la perfeCtion de Racine , il eut le courage d'abandonner un genre, dans lequel il n'est plus permis d'être médiocre.
La Comédie offroit à notre Poète une carrière moins fréquentée, & à laquelle il sé sentoit ap- pellé plus impérieusement par soh génie. Son premier eflai* dans ce genre , annonça les plus brillant tes dispositions. Le Public crut retrouver dasis sa Comédie des Tuteurs , la gaieté de Regnard ; &: le discours qui précédé cette Piece , parut ajouter encore aux grandes espérances qu'on avoit conçues des talens de l'Auteur. On remarque , sur-tout , te naturel & l'a vivacité du Dialogue, le ton ex-
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quis du personnage de la Soubrette, une versifitation pleine de sel & du meilleur coloris ; en un mot, le; vrai -ilyle du genre, abondonné depuis longtems. On eut souhaité seulement plus de ressort comique, & plus de variété dans l'intrigue.
Il semble que M. Palissot ait eu envie de lutter encore contre Regnard, dans sa Piece du Rival par ressemblance. C'étoit le sujet des Ménechmes, ennobli & rendu plus vraisemblable aux yeux , par une idée ingénieuse ; mais il perdit peut-être en gaieté , ce que l'Auteur y avoit ajouté en finesse ; & cette perte , quoique peu frappante à la levure de cette Comédie très-agréablement écrite , ne pouvoit guères manquer de se faire sentir à la représentation.
. On crut appercevoir le même défaut dans la petite Comédie du Cercle ; mais on y trouva des ridicules saisis avec beaucoup de sagacité. Cette Piece eut même l'avantage de faire une époque célèbre dans la carrière dramatique de M. Palissot ; parce que son caradère satyrique commençoit à s'y développer. Voyez le CERCLE. Foyeî les ORIGINAUX.
M. Palissot, à qui l'on avoit apparemment reproché de sacrifier un peu trop la gaieté comique à la finesse, emprunta des Mille &: une Nuits le sujet du Barbier de Bagdad , & y mit en adhon toute la plaisanterie , toute la folie même, dont cette bagatelle étoit susceptible. On regrette, en la lisant , qu'il n'ait jamais pensé à la donner au Théâ> tre. Rien ne seroit plus propre que de pareilles Pièces, à nous guérir de la manie sombre & lugubre qui semble s'être emparée de nos Speétacles.
Enfin la Comédie dés Philosophes parut. Voyez les PHILOSOPHES. Nous emprunterons, pour la caraftériser, les propres paroles d'un Auteur Contemporain , qui a donné , en quatre Volumes, des
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Mémoires pour servir à l'Histoire des Révolutions de la République des Lettres : & nous les empruntons de préférence , parce que cet Auteur efl: attaché à un parti, où l'on ne peut être soupçonné de vouloir flatter M. Palissot. « A l'imitation d'A?
3) ristophane , dit-il, qui ne respedtoit rien , & qui divertifloit les Grecs aux dépens du mérite envié , » on a tâché , dans, la Piece Françoise , de couvrir » d'opprobre des gens , qui , s'ils sont réellement » Philosophes, ont lts plus grands droits à l'estime » publique. Tout a paru sui prenant dans cette Comédie , l'idée de la Piece , l'exécution , le style nerveux & correa , le ton satyrique, le succès f prodigieux, le nombre des représentations , l'af5' fluence des Speébateurs , &c , &c ».
Nous ajoûterons que ce smguliçr ouvrage , dan$ lequel M. Palissot avoit le courage d'.attaquer* non un seul personnage ridicule ou vicieux, mais une sette nombreuse , puissante & accréditée, a , par cette raison là méme , une toute autre importance , que toutes les Comédies qui çnt paru depuis le Tartusse ; &: quë, parmi nos Pieces Modernes les plus distinguées , on ne peut raisonnablement lui en assimuler aucune.
Ce qui achèvera de donner une idée des talens de notre Poète , c'est que, depuis cette Comédie, il ne s'est pas montré inférieur à lui-même dans celle de l'Homme dangereux. On y retrouve le même flyle , la même énergie , la même vigueur cQmique ; & l'on doit regretter que , par des considérations particulières, cet ouvrage utile &; moral n'ait pas encore été représenté.
On assure que l'Auteur travaille actuellement à une Comédie des Courtisannes , sujet non moins hardi que celui des PhiLosophes , & qui lui laissera. la gloire d'avoir saisi tous les grands traits de ridiçule, que notre âge pouvoit lui présenter. On a de
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! A v P A N
(Vl. Palm or d'autres ouvrages , dont nous ne par ' Ions point , parce cm ils n'o nt aucun rapport au Théâtre
PANNARD , ( ( hartes - S né a COIN ville . près île Chart j es , mort à Paiis Cil i --64 , âge c de ioixante-quatoi ~.e ans , eut quelques étincelles du génie d'Apacréon. Ses vers reipi'ent l'enjouement & le plaisir , mais ? jamais il ne ht rougir les Grâces qui l'accompagnerent jusqu'au tombeau., Il tcut allier l'elpnt éc le sentiment ; la décence Se la vol u pi é , l'énergie & la délicatesse : mais if eut moins d'élégance , de correction , de coloris, & fut moins grand Peinue que le Poète Grec. Il arma quelquefois la gaieté des traits de la satyre » peignit , en badinant , les mœurs de son iiècle; & , dans le temps que la Mufe facile ce légère le berco!t sur un lit de roses , il en faisoit sentir les épines aux Spectateurs , qui rioient de leur piquùre. .La morale & la critique caractérisent les ouvrages de cet Auteur, qui semblent être le moins faits pour l'une & pour l'autre : telles sont tes Chansons. Bachiques & Galantes , <5e tes Pieces qu'il appelloit Anacréontiques.
Il feroit inutile de le i"uivre dans le cours de sa vie ; il conserva , dans l'âge le plus avance , la naïveté de l'enfance & !a vivacité de la jeunesse. La plupart de ses Comédies sont restées au Théâtre ; & il faut esperer que , lorsque le gout du Public C: fera laITé de nos Opéra-Bouffons , on y remettra tes Opéra - Comiques. Il n'y en a aucun , dont la critique des moeurs ne soit l'objet : on y i rouve des situations & des traits du meilleur comi que. Pannard essaya tes talens au Théâtre François ; & les Comédies qu'il y donna , furent très bien reçues. L'In-promptu des Acteurs a eu le plus grand succès aux Italiens ; la icône de Riccoboni est remplie de si excellentes maximes, que les mères.
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p 4N - 1 ' PAN
les plus séveres les récitent & les font apprendre à leurs filles. Mais , c'elt sur-tout par les Vaudevilles , que Pannard s'est rendu célèbre. £e genre de Poélie qu'inv.enta l'enjouement de nos peres, qui servit quelquefois à venger la Nation des pertes qu'elle avoit faites , ou des'malheurs qu'elle avoit essuyés , mais que plus sou vent encore le libertinage employa à chanter ses excès, devint , par l'art de notre Auteur , le masque le plus séduisatit , que' la Sagesse ait jamais pris pour nous attirer à elle, en nous forçait d'abjurer nos ridicules.
Pannard s'est peint lui-même dans les vers suivans. Le Leéteur peut y ajouter ce: que la modestie de l'Auteur lui .a fait omettre. Il etoit dans un age avance , lorsqu'il a tracé ce portrait ressemblant.
Mon Automne à sa fin rembrunit mon humeur;
Et déjà l'Aquilon > qui sur ma" tête gronde,
la neigé y répand la fâcheuse couleur. '
Mon corps , dont ;la ftarure a cinq pieds de hauteur , Porte fous l'estomac une masse rotonde , '
Qui de pies pas tardifs éxeufe la lenteur.
'Peu vif dans Ventrétien , craintif, Hilfrait, rêveur ; Aimant sans m'asservir, jamais Brune , ni Blonde , Peut-être pour mon bien n'ont captivé mon cœur.
.Chânfonniet :sans chanter , passable Coupleteur , Jamais dans rpes Chantons on n4a rien Vu d'immonde. Soigneux de ménager, quand il faut que je fronde1,
t Car c'est en censurant qu'on plaît au Spectateur ) , Sur l'homme en général, tout mon fiel ;sç débonde. Jamais contré quelqu'un ma Muse n'a vomi
Rien dont la décence ait gémi ;
JEt toujours dans mes vers ia vérité me fonde.
D'une indolence sans seconde,
Paresseux sTil éri fut , & souvent endormi ;
; Du revenu qu'il .faut, le n'ai pas le demi.
Plus contettt toutefois que ceux où l'or abonde ,
Dans une paix douce & profonde
Par la Providence affermi,
De la peur des besoins je n'ai jamais frémi,
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PAN PAN
D'une humeur assez douce & d'une ame assez ronde :
Je crois n'avoir point d'ennemi; $
" Et je puis assurer, qu'ami de tour le monde,
». J'ai» dans. l'occasion » trouvé plus d'un apu. '{
Pannard étoit tel qu'il s'est peint. Plus enjoué , mais aussi simple que la Fontaine , d'un caractère vrai & sans rard , sans jalousie & sans ambition ; ' ardent ami, convive aimable, il conferva sa gaieté dans toutes les lituations de la vie. Plus sage encore dans ses moeurs , que dans ses vers, il n'afficha jamais cette vaine pliilosophie , qui ne consiste que dans des paroles & dans une conduite singuliere. . Ce vers que M. Favart, son ami, a fait sur, Pan„ oard , le caraâé*rise très-bien : "
, Il chansonna le Vice, & chanta la Vertu. 3
Nous allons donner la liste des Comédies & des
Opéra-Comiques que Pannard a composés seul ou avec d'autres, aux François, aux Italiens , ou à la Foire. Au Théâtre François , avec l'Affichard , les ASteurs déplacés ; avec Fagan , l'Heureux retour , à l'occasion du retour de Sa Majessé ; avec l'Abbé d>Allainval , le Carnaval de Milan , Piece reçue & non jouée. Au Théâtre Italien , avec l'Abbé d'Allainval , le Tour de Carnaval, dont il fit les Cahin-Caha ; a-yee MM. T & M. le Triomphe de Plutus ; avec M. Sticotti, les Fêtes sinceres , représentées à la Cour , à l'occasion de la Convalefcence du Roi : la Parodie de Roland , l'Inpromptu des Atteurs , ainsi que les Ennuis de Thalie, les Tableaux , & les Vœux àccomplis , à l'occasion de la Naissance du Duc de Bourgogne. Avec M. Favart, Dardanus, Parodie; avec MM. Favart &
Laujon , Zéphire & Fleurette , Parodie ; avec ' M. Sabine, les Fêtes pour la Naissance du Duc d'Aquitaine. Seul , les Divertissemens de la fleuve à la mode , de l'Horoscope accompli, de l'Italien marié à Paris, du Contrat de l'Amour & de l'Hymen, de
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Y Ecole des merci , de la Colonie Nouvelle. Au Théâtre de l'Opéra Comique , seul , l' In - promptu du PontNeuf, à l'occasion de la Naissance de Monseigneur Je Dauphin ; les Petits Comédiens, ou la Ville vengée , & le Prologue de la Rancune ; le Nouveleifle dupé , les Deux Elèves ; le Pot-pourri , Pantomime ; le Départ de l'Opéra-Comique ; l'Amant, Maître de Musique ; les Ages > Ballet. Avec Fuzelier , la Mere embarrassée , l'Absence , le Ballet de Dom - Quichotte Cher la Duchesse , l'Académie Bourgeuife , les Epoux reunis , le Magasin des Modernes , le Gage touché 9 les Ennemis réconciliés , la Fée biensaisante ; l' Europe &0 la Paix , Prologue pour la Cour, représente à Meudon ; le Carnaval , Prologue ; la Comédie à deux Atleurs , & la Déroute des Comédiens , Prologue. Maximien , avec l'Affichard ; & Aigrette , avec le même. Seul encore , laMuse , Pantomime ; le Rêve , les Trois Prologues , dont le Repas allégorique & l' Amphigouri faisoient partie ; les Talens Comiques, la Fausse rupture , le Miroir , Marianne , les Foux volontaires , les Acteurs éclopés ; l' Industrie , l' Assemblée des Atleurs , Ou le Prologue du Charbonnier ; la Comédie sans hommes , l'Ecole d'Anières , le Badinage , la Gageure , le Comte de Belflor , les Jardins d'Hébé , le Faux Niais de Sologne , le Registre inutile , Y Intrigue , les Obflacles * supposés, l' Arbre de Cracovie , le Fojsé du scrupule , le Saut du fojsé , le Vaudeville. Avec Fuzelier &. Pontau , la Méprise de l'Ainour , ou Pierrot Tancrede, Parodie; Y Amour & la Nécessité, Parodie de la Boîte de Pandore ; le Malade par complaisance. Avec Fuzelier & Thierry, la Tante rivale. Avec Marignier & Pontau , Argénie. Avec Pontau , les Deux Suivantes ; le Bouquet du Roi , à l'occalion de la Naissance de M. le Duc d'Anjou ; les Fêtes galantes , avec trois Divertissemens ; le Rien , avec Fagan ; Isabelle Arlequin , le Sylphe supposé , l' Erclavage de Psyché , la Fausse ridicule , la Foire de Cy. -thère, Momus à Paris , le Temple du sommeil, les Adeurs Juges, Avec Pontau 6c Gallet, la Ramée
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6* Dondon , Parodie d'Énée & Didon, Avec l'Afficéard ? Pigmalion. y le Fleuve Scamandre. Avec Gallet f la Halle galante. Avec Fagan , la Répétition interrompue , le Prince ténébreux.
Pannard est le premier qui ait nommé Louis XV,
Lo.uis le Bien-Aimé. *
PANTALON, nom d'un personnage de la Comédie Italienne. Le Pantalon moderne digère de l'ancien seulement par le vêtement, qui en a conseryé le nom ", c'est- à-dire , par le caleçon qui tenoit autrefois avec les bas : le reste de l'habillement est celui que l'on portoit jadis à Venise. La premiere robe est appellée Zimara , & , est à-peu-près , celle que " les Marchands avoient dans leurs boutiques. L'habit de dëssoûs est le même que l'on portoit par Ja > VilJe, & qui étÕit commun à toutes sortes de per' sonnes ; il étoit rouge alors ; & ce ne fut qu'après que la République de Venise eut perdu le Royaume ' de Negrepont , que-l'on changea , en ligne çle deuil, cet habit rouge en noir ; .& depuis, on l'a toujours porté de cette couleur. Pantalon a le masque d'un Vieillard ; son état est ordinairement celui d'un , Bourgeois , ou d'un Marchand ; son 'caraétère est celui d'un homme limple & de bonne-foi', mais toujours amoureux , & dupe , soit d'un rival, soit d'un fils, soit d'un valet, d'une servante ou de quelqu'autre intriguant. Depuis -le dernier tiède , on en a fait tantôt un bon pere de famille , un homme plein d'honneur ; tantôt un avare ou un pere capricieux. Son langage doit toujours être Vénitien, ainii que son habit.
Les Comédiens qui ont rempli ce rôle dans la nouvelle Troupe, sont : i°. Pierre Alborchetti, natis de Venisè. Il jouoit sous le masque , en habit de noble y énitien , en quoi il a été suivi par ses successeurs. Son jeu étoit naturel , plein d'action,
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r AP ^ PAR
<& dans Je vrai goût de son pays. Il mourut en 1731 ) âgé d'environ cinquante-cinq ans , & fut enterré à Saint Eustache , sa Paroisse : sa veuve épaula François Matterazzi, qui faisoit le Docteur dans la même Troupe , & qui mourut eu f 73# , âgé de près de quatre-vingt-iix ans.
' , 2°. Ap rès Alborchetti, le sieur Fabio s'acquitta du rôle de Pantalon, jusqu'en 17^4 , que CarlçAntonio Véronese , âgé de quarante-deux ans , & originaire de Venise , vint débuter dans ce rôle, & le remplit à 'la satisfaction $u Public. Il est more en 1762. Il avoit fait beaucoup de Pièces Italiennes, qui se jouent encore tous les jours. II étoit peredes Demoiselles Coraline , Camille & Marine , Aéfcrices du même Théâtre. Voyez CORALINE. Voyez -CAMILLE.
Le sieur Véronèse , frere de ces Aârices , débuta eri 1757, & fut reçu, pour jouer différées rôles dans les Pieces Italiennes.
L'Acteur qui fait présentement-le personnage de Pantalon, sè nomme Colalto : il débuta en 1759 & fut reçu l'année suivante.
- PAPAVOINE , ( M. ) a fait la Musique de Barbacole.
PAPILLON, Auteur d'une Piece donnée en 1599, sous le titrée de Nouvelle Tragi-Comique.
PARASOLS , ancien Auteur du quatorzième siècle , qui Avoit fait plusieurs Tragédies des Gefus 4e Jeanne , Reine de Naples.
PARFAICT, ( Francois ) né ,à Paris , &: mort en cette Ville en 1753 , âgé de cinquante cinq ans. ' Outre son Histoire du Théâtre François, en quinze
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PAR PAS
Volumes , & plusieurs autres ouvrages, il a eu part au Dénouement imprévu , & à la Fausse suivante.
PARMENTIER , ( Jean ) Bourgeois & Marchand de la Ville de Dieppe , ne en 1494 , & mort en 1530 , dans l'Isle de Sumatra, avoit fait jouer à Dieppe, en 15 17 , une Piece intitulée Moralité trèsexcellente , à l'honneur de la glorieuse Assomption de Notre-Dame.
PARMENTIER , ( M. ) a donné aux François, le Bal de Passy , le Faux Lord, à l'Opéra-Çomique , le Plaisir & l'innocence , Alçirette , les Époux , la Fausse duegne,
PARTHENAI, ( Catherine de ) fille & héritière de Jean de Parthenai l'Archevêque, Seigneur de Soubise, & d'Antoinette Bouchard d'Aubeterre, née en 15 54, fut mariée en premieres noces au Baron de Pont Kuellevé , qui fut tué à la Saint-Barthelemi ; en seconde noces, avec René , Vicomte de Rohan, dont elle eut le fameux Duc de Rohan , le Duc de Soubise , & trois filles. Ap rès la prise de la Rochelle, elle fut enfermée au Château de Niort, & mourut au Parc en Poitou , en 1631. Elle avoit . composé plusieurs Pièces, dont il n'y a eu qu'Holopherne d'imprimé.
PARVI a donné la Noce de Village , avec M.
Minet ; & , avec M. Laujon , la Fille , la Femme 6* la Veuve.
PASCAL, ( Francoise ) née à Lyon, a donné AgathonphiU , Martyr , Tragédie ; Sésostris , Tragi-Comédie ; Endimyon , le Vieillard amoureux , & Y Amoureux extravagant.
PASQUIER ( Etienne ) a fait imprimer , dans ses
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PAS PAT
jeux Poétiques, une Pastorale intitulée le Vieillard amoureux.
PASSERAT a publié la Tragédie de Sabinus , les Comédies du Feint Campagnard & de l' Heureux acciient, & le Ballet d'Alcide. On lui attribue encore une Pastorale d'Amarillis.
PATU , ( Claude-Pierre ) Avocat en Parlement, né à Paris en 1729, & mort en 1757, a composé, avec M. Portelance , les Adieux du GoÛt; & a publié deux Volumes de Pieces du Théâtre Anglois.
Une mort prématurée a enlevé aux Lettres & au Théâtre ce jeune Auteur, qui donnoit les plus grandes espérances. Encouragé par les applaudissemens donnés aux Adieux du Goût, il n'en devint que plus ardent à la poursuite des connoiiTances qui pourroient enrichir son esprit. Il apprit l'Anglois , & fit même le voyage de Londres , pour se perfectionner dans cet Idiome. Toujours avide de, s'instruire, il se proposa de voir , de connoitre & d'admirer de près , le plus bel-esprit de l'Europe. Il se rendit à Genève avec M. Palissot, que la même curiosité , le même goût, le même enthousiasme des grands talens , y attiroient. M. de Voltaire reçut avec les bontés & les grâces d'un Littérateur aimable & d'un Philosophe enjoué , deux jeunes gens si dignes d'être encouragés par ses éloges. Le desir de connoître les Sçavans de toutes les Nations Lettrées, ne laisserent pas tranquille le jeune Patu ; il partit pour l'Italie. L'Académie des Arcades s'empresia de lui donner une Piace parmi ses Bergers j 8z il y prononça un discours Italien qui fut fort applaudi. Il mourut de la poitrine à SaintJean de Maurienne à son retour en France, n'ayant pas encore vingt-huit ans. Il étoit fils d'un Payeur des Rentes, qui avoit été Premier - Commis de
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PAU PAU
M. des Maretg ; ensuite Commissaire dè Marine , & Secrétaire en Chef du Cardinal du Bois. "
PAULIN ; ( Louis ) Acteur de la Comédie Françoise , étoit fils d'un Martre Maçon de Paris. Comme il se sëritit peu de disposition pour le métier de son pere , qui vouloit le forcer à le prendre y il s'engagea à l'âge de dix-sept ans, dans un. Kég iment de JDràgôns, où il sérvit quelques années. Le goût de jouer la Comédie , qui est devenu si général en France , &: qui est quelquefois lui des plus honnêtes délassemens de rios Villes de Garnison , servit à développer, dans Paulin, un talent qu'il ne se connoissoit pas. Il fit tous ses efforts pour se retirer dti Service ; Se lor[qu'il fut libre , il vint trouver un Directeur de Comédie à Lyon , avec lequel il fit sort marché, pour rem-
Îjlir dans sa Troupe , ce que ces Messieurs àppellent les Rôles d'utilité. Il passa bientôt aux séconds & premiers Amoureux , & aux premiers rôles Tragiques. Il débuta en 1741 , à Paris, dans celui de Rhadamifle , & fut reçu en 1742. M. de Voltaire jetta les yeux sur lui polir le rôle de Poliphonte dans sa Tragédie de Mérope. Une voix forte & des sourcils noirs patoissoient allez contenir à cet emploi. '■*
La mort de Montmény , un des meilleurs Comédiens de ce siècle, laissa en 1745 , l'emploi des Paysans vacant ; Paulin offrit de s'en charger ; & c'est sur-tout dans cette espece de rôle , que, sans avenir égalé son prédécesseur , il a joui, jusqu'à sa mort, de l'avantage d'être agréable au Public. Ce fut lui qui joua d'original , en 1749 , le rôle de Blaise, dans Nanine ; & quoiqu'il manquât à son débit un peu de liant , & à son action un jeu de visage plus facile & plus varié , on peut dire qu'il ne changea jamais la fortune des jolies petites Pieces de Dancourt, de Dufresny, dans lesquelles te ca-
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, PÉC ..... * , , PÊC ractère de Paysan est si agréablement dessiné. On trouve dans l'Almanach des Théâtres, un Quatrain qui dit encore plus que nous à cet égard 5 le voici :
Quand je se vois d'un Roi faire lé personnagè ,
Paulin i je crois lire à la Cour ;
Quand je te vois , un autre jour ,
Faire le Paysan , je crois être au Village.
..Honnête-homme & bon Citoyen, d'une société Çaisible , égale & douce, Paulin vécut garçon, fut aimé de toùs ses égaux, & mourut le 19 Janvier 177© , âgé de ou 54 ans. Sa maladie lui laissa le tems de mourir en Chrétien; & il fut. enterré à Saint-Sulpice, ia Paroisse.
PjÉCHANTRE , ( Nicolas de) naquit à Toulouse eh 1638 , d'un Chirurgien de cette Ville. Il s'appliqua à la Poésie, & fut couronné plusieurs fôté aux Jeux floraux. Il se crut digne aussi des lauriers du Théâtre, & vint à Paris pour travailler dans ce genre. La premiere Piece qu'il donna au Public , fut la Tragédie de Geta. Elle reçut des applaudissemens qui l'enhardirent à êii faire la Dédicace à Monseigneur. Cet heureux iuccès l'enCouragfea à continuer. Il donna deux autres Tragédies, j Jugurtha. & la Mort de Néron. Il fit aussi , pour le Collége d'Harcourt , les Tragédies de Joscph vendu par ses fieres , & du Sacrisice d'Abrahàm. Il venoit d'achever l'Opéra d'Amphion. & Paiihchopêe , à la réserve du Prologue, lorsqu'il mourut à Paris èn 1708. Il avoit exercé la Médecine pendant quelque teins , avant que de venir dans cette Capitale.
PÉCOURT , çélèbre Danseur de l'Opéra, mort Paris en 17Z9, âgé de soixante-dix huit ans, eut là Direction des Ballets de ce Spectacle après la.
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PÉD PEL
mort de Beauchamps, & les composa avec un génie admirable.
Le Comte de C..., Amant non aimé de Ninon de Lenclos, ne put jamais parvenir à lui plaire; & Pécourt lui fut toujours préféré. Un jour ce Danseur avoit un habit qui ressembloit allez à de nouveaux uniformes. Le Comte lui demanda ironiquement , sous quels Drapeaux il alloit porter ses services , & à quel Corps il étoit attaché ? «■ Monseigneur , répondit Pécourt , je commande un Corps , où vous servez depuis longtems.
PIDAULT , Auteur inconnu , auquel on attribue une Tragédie de la Décollation de Saint-J ean-Baptiste.
PÉLissiER, nom d'une célèbre Aéhice de l'Opéra de Paris, qui, après y avoir chanté pendant quelque tems, le quitta pour celui de Rouen, dont elle avoit épousé l'Entrepreneur. Elle revint cinq ou six ans après, paroÎtre de nouveau dans la Capitale, où elle a toujours continué avec succès jusqu'à sa . mort, arrivée en 1749, à l'âge de quarante-deux ans.
Cette Aétrice représentant la Reine des Sirenes > dans le Ballet des Jens, reçut ces vers :
Pélissîer , flatteuse Sirène *
: Non, jamais au Théâtre on n'a mieux exprimé
Le plaisir , la douleur , la tendresse & la haîne.
En toi, jusqu'à la mort , tout paroît animé.
On diroit, à te voir dans les flots de Neptune
T'élancer , vôler au trépas ,
Qu'un Triton à bonne fortune
Va te recevoir dans ses bras.
PELLEGRIN , ( l'Abbé Simon-Joseph) né à Marseille >
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PEL PEL seille, entra dans l'Ordre des Religieux Servites » & demeura long-tems parmi eux. Ennuyé de ce séjour autant que de son genre de vie, il s'embarqua sur un Vaisseau en qualité d'Aumônier, & fit une ou deux courses. De retour , en 1703 , de ses caravanes , il composa une Épitre au Roi sur les glorieux succès de ses armes, qui remporta le prix: de l'Académie Françoise , en 1 704. Avec cette Epître, l'Auteur avoit envoyé une Ode sur le même sujet, qui balança , pendant quelque t'ems , les suffrages de l'Académie ; de forte qu'il eut le plaisir d'être le rival de lui-même. Cette iingularité le fit connoître à la Cour. Madame de Maintenon le reçut en homme de mérite , & lui obtint un Bref de translation dans l'Ordre de Cluni. L'Abbé Pellegrin étoit un homme sans fortune -, & fixé à Paris, sans autre revenu que ses ouvrages & le prix de quelques Académies, il multiplia les fruits de son travail. On le vit ouvrir une manufacture d'Épigrammes, de Madrigaux, d'Épithalames, de Co'mplimens, qu'il vendoit plus ou moins, sélon le nombre des vers & leur différente mesure. On jugea avec raison, qu'un homme qui faisoit aisément tant de vers, n'en pouvoit guères faire de bons ; & le débit diminua. Il travailla alors pour les différens Théâtres de Paris , & sur-tout, pour celui de l'Opéra-Comique. Ce genre d'ouvrage n'étant nullement digne d'un Prêtre, le Cardinal cle Noailles lui proposa de renoncer à la Melle ou à l'Opéra. L'Abbé Pellegrin voulut garder ce qui le faisoit vivre ; & le Cardinal l'interdit.
La défense de dire la Messe lui aùroit été beaucoup plus sensible, si ses Protecteurs ne lui avoient procuré une pension sur le Mercure , auquel il travailla pour la partie des Spectacles. Ce Poète auroit mérité d'être plus riche : une grande partie de ce qu'il retiroit de ses travaux , passoit à sa famille, pour laquelle il se refusoit Quelquefois le
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PEL PEL nécéssaire. Il étoit d'ailleurs pleisi dé droitifre 8c de bonnes mœurs, d'une Candeur, d'une simplicité 8t d'une modéstie admirables. Son extérieur étoit trèsnégligé , & sa langue fort ' embarrassée ; de-là l'espece de mépris dans lequel il étoit tombé. Lorsqu'il mourut , en 17 5 > à quatre-vingt-deux ans j uri Satyrique lui fit une pitaplie qui n'est qu'une paraphrase languissante de ces deux vers si connus :
* Le matin Catholique , & le foir Idolâtre ,
Il dîriè de i'Autet » & soupe du Théâtré.
i «
■On a de lui des Cantiques spirituels sur les pointa ses plus importàns de la Religion & de la Morale. Il a tra:duit en vers François lese OEuvres d'Horace , dont Ó11 ne parleroit pas , sans la jolié Épigramme que fit la Monnoye , en voyant le texte du Poète Latin à côté de cette version :
On devreit , soit dit entre nous,
A 'deux Divinités offrir tes deux Horaces;
Le Latin à Vénus, la Deesse des Graces ,
Et le François à son époux.
Nous avons d'autres ouvragés qui assurent à Pellegrin un rang sur le Pârnasse : tels sont sa Comédie du Nouveau Monde, son Opéra de Jephté y sa Tragédie de Pélopée. O-n compte encore parmi les Pièces Dramatiques Hippolite &~ Aricie \ Pol'ydore , Médée & Jaso'n s le Perè intérressé , Ou là Fausse inconjtance ; Arlequin rival de Bacchus, lè Pied de nez , le Divorce de L'Amour & de la Raison , le Pàslor Fido , V Inconstance , l'a Mort d'Alise , l'Ecole de l'Hymen , Télémaque ; Renaud , ou la Suiie (J' Ârmide ; Çatilina, Té lé *0 ne , Orïon > la Princesse d'Élide ; on lui attribue les Càràflères de l'Amour , Se tous les ouvrages de Mlle. Barbier. Il a au.ffi composé plulieurs Opéra-Comiques, qu'il faisoit paroître, ainsi que d'autres Pièces de Théâtre , sous
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PEL PER
Je nom de son frere, qu'on appelloit le Chevalier
Pellegrin.
Parmi diverses Épitaphes de l'Abbé Pellegrin , faites après la mort de ce Poète , nous rapporterons celles qui ont paru les meilleures. Il avoit beaucoup écrit, sans jamais laisser échapper aucun trait de satyre , comme on peut le voir par ce Quatrain:
Poète , Prêtre , & Provençal ,
Avec une plume féconde,
N'avoir ni dit , ni fait de mal ,
Tel fut l'Auteur du Nouveau Monde.
A U T R E.
Pellegrin rarement s'applique
A faire Sermons en trois points :
Trois Théâtres font tous les foins
•De ce Prêtre Tragi-Comique;
Tantôt > par ses nobles travaux »
Il fournit de Farces la Foire ;
Tantôt, il pourchasse la gloire,
Jusqu'au Théâtre des Quinaulrs.
A l'Opéra sa Muse éclate.
Il brille donc en trois endroits.
Volontiers je comparerois
Pellegrin à la triple Hécate.
A U T R E.
Enfin l'Auteur du Nouveau Monde
Vient de partir pour l'autre Monde ;
Muse , tous vos projets sont ici superflus :
Passans, dites pour lui ce qu'il ne disoit plus.
Pater, Ave,
PELLETIER , (M.) a donné au Théâtre Italien Zélie & Zélind&r, & a fait imprimer une Tragédie de Ballhasar.
PERREAU , (M.) a fait imprimer un Drame intitulé Clarice.
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PER PES
PERRIN , ( François ) Chanoine d'Autun, donna en 1589 , les Ecoliers , Jephté y & Sichem,
PERRIN, ( l'Abbé Pierre ) né à Lyon, & mort à Paris vers l'an 1680 , fut Introduéteur des Ambafladeurs auprès de Gaston de France , Duc d'Orléans, & a fait les vers des Opéra d'Orphée, .à'ErcoU Amante , d'Ariadne , de Pomone, & de la. Paflvrale.
PERSON , une des Basses-tailles de l'Opéra pour
„ks premiers rôles, a quitté le Théâtre en 1748.
PEZAY, (M. de) Auteur de la Closiere & de la
Rosiere. •* '
PESSELIER , ( Charles-Etienne ) des Académies de Nancy, d'Amiens, de Rome &: d'Angers, naquit à Paris en 171l , d'une famille honnête. Il eut Emploi dans les Fermes du Roi , qu'il concilia avec l'amour des Arts & de la Littérature. Il commença à travailler pour le Théâtre, en 1737, & a donné, trois Comédies ; la Mascarade du Parnassé, l'École du Temps , Piece qui fut applaudie pour la légereté du style, & les agrémens de la versification ; mais dans laquelle on souhaiteroit plus d'unité dans le demn , & moins de longueurs ; Esope au Parnasse , petite Comédie estimaWe parla facilité de l'expression , le discernement , *e jugement 8c le goût qui y regnent.
On a de lui plusieurs autres ouvrages , & en particulier , des Fables, dont quelques - unes sont dignes de la Fontaine , par la morale ; mais l'esprit -y domine , & nuit à la naïveté , aux graces simples &: ingénues, consacrées à ce genre. Des vérités morales exprimées avec facilité , de la douceur, de l'exaétitude , de l'harmonie , soit en prose , soit en vers , des sentimens rendus quelquefois avec énergie , & plus souvent avec finesse , plus d'esprit
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que de talent décidé , plus de raison que d'enthouiiasme, plus de réflexions que d'images, caraéfcèrisent cet Écrivain. Il eût acquis un degré de réputation plus considérable dans la république des Lettres, li le desir de se rendre utile à sa famille & à ses amis, ne l'eût engagé à donner la plus grande partie de son tems à des occupations plus sérieuses. Il mourut en 1763 , emportant les regrets de ceux qui aiment les agrémens de l'esprit & du cara&ère.
PETALOZZI , Auteur d'une Tragédie de
Candace.
PETIT , a composé une Piece en deux Adtes, imprimée en 1701 , sous le titre des Curieux de Province , ou l'Oncle dupé. Les Curieux de Province forment le premier A£fce ; & l'Oncle dupé, ou le Divertissement de Campagne , le second.
PETIT , Auteur d'une Comédie intitulée la Promenade de Saint-Severin.
PETIT , ( M. Marc - Antoine ) Médecin de la Faculté de Paris , né à Orléans , a donné les Comédies du Miroir, & du Bacha de Smyrne.
PETIT , ( M. ) Curé de Monchauvet en Normandie , Auteur des Tragédies de David & Bethsabée , 8c de Balthasar.
PETITPAS , ( Mlle. ) fille d'un Serrurier de Paris, & célèbre Danseuse de l'Opéra, où elle parut pour la premiere fois en 1717 , dans Pyrame & Thisbé , se retira en 1739, & mourut quelques années après.
Un jeune Officier prit de l'amour pour cette Danseuse ; mais, sélon rusage , il avoit peu d'ar-
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gent. Il n'avoit jamais parlé à l'A&rice , ,& n'en étoit point connu. L'envie d'être auprès de sar maitresse , & de s'en faire aimer , lui suggéra' cet expédient : il entra chez elle en qualité de Laquais , & la servoit avec une attention si scrupuleuse, qu'elle s'appleudissoit d'avoir fait une ii bonne acquisition, Quelques jours s'écoulerent, sans qu'il se trouvât plus avancé qu'auparavant. La facilité, de voir sa maitresse , devint pour lui la. source do bien des chagrins. Quel supplice en effet pour un Amant, d'être témoin du bonheur de ses Rivaux! v L'Amour eut pitié de ses peines. Un jour que la Petitpas donnoit à souper à un Officier du même Régiment , le Laquais , obligé de servir, fut reconnu. L'Actrice lui sçut bon-gré de ce stratagême, lui fit palier la nuit avec elle , & le trouva aussi habile jAmant que zélé Domestique. L'Officier jouit d'un bonheur paisible , jusqu'au moment où il fut obligé, de retourner à sa Garnison.
- PEYRAUD DE BEAUSSOI., de Lyon, Auteur d'une Tragédie de stratonice.
R PHILIDOR, ( Francois } fils d'un Médecin, & ordinaire de la Musique de la Chapelle du Roi, auquel on doit l'établissement du Concert Spirituel ,à Paris , a composé la Musique d'un Opéra de Diane & Endymion. " ™ * ''
PHILIDOR, ( M. ) Auteur de la Musique du Diable à quatre , de Blaise le Savetier , de l' Huître & les Plaideurs , du Volage , du Soldat Magicien , du Jardinier & son Seigneur , du Maréchal , de Sancho-Pança, du Bûcheron , du Qui-pro-quo , des Fêtes de la paix , du Sorcier, de Tom-Joiles , du Jardinier de Sidon , du Jardinier supposé , de la Nouvelle École des Femmes , du Bon Fils , de Sémite & Mèhde , & de l'Opéra d'Ernelinde.
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PHILONE , ( Méfier ) Auteur Pseudonyme de deux ançiennes Tragédies , imprimées sous le titre de Josias & d'Adonias. Quelques-uns ont cru que le véritable Auteur de ces deux Pieces étoit des Mazures.
Pic , ( l'Abbé ) a compote trois Opéra ; sçavoir , les Saisons, la Naissance de Vénus , & Aricie.
PICHOU, Gentilhomme Dijonois, s'adonna aux Belles-Lettres 8ç au Théâtre, & rpourut assassiné .en 163S. Ses Œuvres Dramatiques comprennent les Folies de Gardénia , lçs Aventures dç Rosiléon , la Phylis de Scyre , l'Infidelle confidente , & l'Aminte du Tasse.
Picou , ( Hugues ) Avocat en Parlement , a donné une Piece intitulée le Déluge Universel,
PIERARP POULET , Thierarchois, ancien Auteur de deux Tragédies , Charité & Clorinde.
PIJON , Conseiller au Présidial de Provins, sa patrie, né en 1736, mort en 1766, a fait imprimer une Tragédie de Progtié.
PiRoN , ( Alexis ) né à Dijon en 1689 , fit ses études dans cette Ville i au Collège des Jésuitee.* Dès sa première jeunesse, il se sentit un attrait invincible pour la Poésie ; & l'amour de la gloire augmentant ce goût dominant, il vint à Paris, oii il rut admis dans les sociétés les plus gaies , & y portoit lui-même la joie & les plaisirs. On cite encore ses bons mots & ses saillies, dans lesquels on trouve de l'esprit sans méchanceté, de la gaieté .sans envie de nuire.
M. Piron commença sa carrière dramatique par des Opéra-Comiques & des Parodies qu'il composa, tantôt seul, tantôt en société avec MM. le Sage
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& d'Orneval, pour les Speéfcacles forains. Il débuta, en 172.1 , par Arlequin Deucalion , qui fut suivi de vingt autres Pieces de ce genre, dont il n'y a. qu'un très-petit nombre, , qui aient été imprimées. On connoît celle qui a pour titre le Pucelage , ou la Rose, qu'on a remise depuis, & imprimée sous celui des Jardins de l'Hymen. Ses autres Ouvrages faits pour les Speftacles de la Foire, sont l'Antre de Trophonius , l ' Endriague , le Claper- l man, Y Ane d'or , les Chimères , le Fâcheux veuvage , Crédit efl mort , Y Enrôlement dJ Arlequin, la Robe de dissension , les Trois Commères , la Ramée & Dondon , Philom'ele, les Enfans de la joie, les Huit Mariannes , Colombine , Nitétis , la Vengeance de Tirésias3 &c. La gaieté & la liberté de son esprit le portoient naturellement à ce genre d'ouvrage , pour lequel il avoit la plus grande facilité.
Mais il eut l'ambition de briller sur un Théâtre plus élevé , & composa des Comédies , des Tragédies & des Paf1:orales. Ses Tragédies sont Fernand Cortez , Callifthène & Gustave. Son début comique fut l'Ecole des peres , connue d'abord sous le titre des Fils ingrats. Cette Piece est du genre noble : le dénouement en est pathétique ; mais l'Auteur a introduit un Paysan qui y jette une sorte de gaieté.
Le Roman de Tarjis & Zélie a donné à M. Piron „ l'idée de sa Pastorale des Courses de Tempé. Tendresse, galanterie , enjouement, traits comiques, terreur même & pitié , & jusqu'à du burlesque , il entre de tout dans cette Piece , qui réunit à la fois les fleurs des champs & celles des parterres, les mœurs des Villes &: celles de la Campagne.
Là Métromanie & Gufiave , la premiere sur-tout , an'ûrent à leur Auteur, dans le genre dramatique , la réputation d'homme de génie leur succès au Théâtre prouve le discernement, le goût, l'équité du Public, 8c dispense de tout autre éloge.
Outre les ouvrages de ce genre , M. Piron
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a laisse encore une assez grande quantité de Pieces fugitives , parmi lesquelles on a toujours distingué l'agréable Épitre à Mlle. Chéré. Il est une autre production , dont nous ne parlerons que d'après l'Auteur lui-même , qui croit ne pouvoir en témoigner trop de regrets. « Une heure ou deux de feu mal employé dans la premiere jeunesse , une exagération burlesque & inconsidérée , un fol enthousiasme , une débauche d'esprit fugitive &: momentanée, folie très-blâmable , sans doute , » ( on ne peut trop le répéter ) mais que le feu de » l'âge , quarante années de repentir , des mœurs » irrepréhensibles , des ouvrages approuvés & décens , auroient dû faire oublier » : Voilà ce qui fut la source des premiers malheurs de notre Poète. La Calomnie , appuyée sourdement par des rivaux accrédités , jura sa perte ; & 1 lorsque des succès éclatans lui eurent ouvert le passage aux honneurs de sa profession, c'est à ce passage qu'elle l'attendoit. On sçait qu'il ne les rechercha point , ces honneurs ; mais, malgré cette louable inaction, il n'avoit point échappé à la bienveillance judicieuse des Quarance qui les confèrent. « Quoiqu'instruits des saillies de sa jeunesse , ils l'appellerent parmi eux d'une voix unanime 8z de leur propre mouvement. Au bruit d'une si glo5) rieuse acclamation, l'Envie inquiette vole au tribu51 nal de la Piété , trop délicate pour n'être pas 51 quelquefois un peu sévère ; & là, cette ennemie 51 ouvre son Mémorial scandaleux , y donne à lire 5> quelques lignes presqu'etfacées par la vétusté ; 5> aide elle-même à les déchiffrer, y joint des faits si & des écrits supposés ; & s'armant à-la-fois & 5> d'une lueur de vérité, & d'un nuage épais de 5) mensonges, elle allume la foudre à son aise , & » écrase son ennemi ».
Telle est l'histoire de nôtre Poète : à vingt ans > il
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tomba dans un court égarement qu'il paya cher à
Soixante. Les gens de Lettres ne doutent point que
'ce fut un Abbé connu, qui l'empêcha d'entrer à l'Académie : c'est lui , du moins, qui remit entre
•les mains de M. Boyer, ancien Evêque de Mirepois, l'Ode licencieuse , que Piron n'avoit ni avouée , ni fait imprimer. Cette Piece oubliée fut l'unique cause qui s'opposa à la réception de l'Auteur de la Métromanie : il ne s'en est vengé qu'en
• faisantune Épitaphe quin'efl: que badine. La voici :
Ci-gît le pédant Martin,
Suppôt du Pays Latin , Juré pescur de diphtongue , Rigoureux au dernier point i Sur la virgule & le point, La syllabe breve & longue > Sur l'accent grave & l'aigu , L'U voyelle & l'V" conlwne. Ce charme , qui l'enflamma > Fut sa passion mignonne : Son huile il y çonsuma. Du resse , il n'aima personne Et personne ne l'aima.
PITTENEC , c'eH: le nom que prit un des fils
du célèbre le Sage. Il s'étoit fait Comédien, & a
- compote un Opéra-Comique, sous le titre du - Teflament de la Foire.
; PLEIN-CHENE, ( M. de ) a donné à la Comédie Italienne le Jardinier de Sidon-, & a présenté au
- même Spectacle une Piece intitujée la Reine Berthe , qui n'a pas été jouée. Il est encore l'Auteur du Mal-entendu , Comédie en trois A£bes , en prose, non représentée. Il a fait jouer à Montargis, par les Enfans de l'Ambigu-Comique , au paisage de Madame la Comtesse d'Artois , une Piece relative au mariage de cette PrinceiTe , en 177 3, Il a donné & donne tous les jours des Pieces comiques pour le Théâtre des Boulevards.
POINSINET DE SivRy , ( M. Louis ) a traduit
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quelques Comédies d'Aristophane , & a donné sur différens Théâtres, Briséïs, Ajax , Pigmalion, & Cassandre.
POINSINET , ( Antoine*Alexandre-Henri ) parent du précédent, naquit à Fontainebleau en 1735 , d'une famille attachée depuis long-tems au service de la Maison d'Orléans. Il auroit pu y prendre l'Emploi de son pere ; mais il se livra dès sa plus tendre jeunesse, au Démon de la Métromanie. Il étoit né avec de l'esprit ; il ne se donna pas la peine de le cultiver. La lifte de ses ouvrages est très-nombreuse , quoique sa carrièrre n'ait pas été longue; & depuis 1753 , qu'il publia une Parodie de l'Opéra de Titon & l'Aurore , il n'a cessé de se faire jouer consécutivement sur tous nos Théâtres. Il n'a pas eu la consolation de voir représenter avant sa mort, l'esTai qu'il avoit fait du genre larmoyant dans les Amours d'Alix & d' Alexis , espèce de Tragédie Bourgeoise, en Ariettes & en deux Astes, empruntée d'une Romance de Moncris.
Poinsinet qui étoit allé en Italie en 176o , partit pour l'Espagne au commencement de 1769. 11 comptoit travailler dans ce Royaume à la propagation de la Musique Italienne & des Ariettes Françoises. Malheureusement il se noya dans le Guadalquivir ; & sa mort a été consignée dans presque tous les papiers publics. Elle l'a surpris, au milieu de beaucoup d'ouvrages qu'il avoit commencés. Il étoit de l'Académie des Arcades , & avoit été de celle de Dijon. Il perdit cette derniere place , par un Procès singulier qu'il eut avec une Demoiselle de l'Opéra. Il consacra luimême ses fameuses mistifications dans une Ode à la Vérité, où il se compare à un Agneau , qui va, la foudre à la main , poursuivre dans les Nombres abîmes, ceux qui rioient de ion excessive & in-
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croyable crédulité. On connaît; ces vers tirés de la Dunciade de M, Palissot , v
Ainsi tomba le petit Poinsinet ;
Il fut dissout par un coup de sifflet. Telle , ail matin , une vapeur legere S'évanouit aux premiers feux du jour j: Tel Poinsinet disparut sans retour..
« Felicitez-moi, Messieurs , disoit un jour Poinfinet à ses amis ; enfin l'on va jouer ma Piece ;
3) j'ai la parole des Comédiens ; & demain j'ai » rendez-vous à leur Assemblée , à onze heures précités ». Un de ceux à qui il apprenoit cette bonne nouvelle, avoit lui-même envie de faire jouer une Piece ; & il se promit bien de l'empêcher d'aller le lendemain à l'Assemblée. Ce fut précisément celui qui le félicita d'avantage , & qui l'exhorta le plus sérieusement à ne pas manquer au rendez-vous. Dans la joie qu'inspiroient à Poinlinet les magnifiques espérances qu'il fondoit sur sa Comédie, on lui propose un souper qu'il accepte. On le mene dans un quartier de Paris des plus éloignés, chez des personnes qui s'étoient déja diverties quelquefois aux dépens du Poète , & qui furent charmées de le recevoir. On tient table long-tems ; &, vers la fin du souper , on tourne exprès la conversation sur les accidens où l'on est exposé la nuit dans les rues de Paris. On raconte des Histoires effrayantes d'assassinats & de vols. On parle d'une aventure tragique , arrivée récemment dans le quartier même où l'on soupe. L'imagination de Poinsinet , disposée à recevoir toutes sortes d'impresslons , est si vivement ébranlée, que , pour rien au monde, il n'eût ôsé s'en retourner , ce soirlà , chez lui. Il avoue naïvement sa frayeur. Tout le monde a l'air de la partager ; on lui dit qu'on ne doit pas combattre ces mouvemens secrets , qui sont très-sou vent d'utiles pressentimens de plus grands
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malheurs. On le retient à coucher, lui & sa compagnie. Soulagé de sa crainte, il ne demande qu'une grace ; c'est qu'on ait l'attention de le faire éveiller ie lendemain , un peu de bonne-heure , pour qu'il ne manque pas l'AiTemblée des Comédiens. On le lui promet j & dans cette confiance , il s'endort. Pendant son premier sommeil, on s'empare de sa culotte ; & l'on appuie fortement la pointe d'un canif sur les quatre principales coutures , de maniere qu'elles puissent se rompre infailliblement le lendemain , & toutes à-la-fois , au plus léger esfort. On croit bien qu'on ne fut pas fort ibigneux d'éveiller le Dormeur, à l'heure qu'il avoit demandée. Comme il avoit donné la veille amp1e carrière à son appétit, il ne s'éveilla de lui-même que vers les dix heures. Étonné qu'il fut si grand jour : <c Comment, Messieurs , dit-il, en s'élançant hors du lit ? Il me paroit que je n'a vois qu'à comp» ter sur vous » ? Il s'approche d'une pendule, & voit en frémissant, que dix heures vont sonner : « Vite un Perruquier , s'écrie-t-il ; je n'ai pas un » instant à perdre ». Le Perruquier arrive ; & comme il faisoit assez chaud , notre Poète reste en chemise tout le tems qu'on met à l'accommoder. Enfin sa toilette achevée , il vole à sa culotte , & voulant y passer une jambe , elle se sépare en deux parties. C'étoit la perfidie la plus propre à faire 'perdre , à ce Poète infortuné , le peu qui lui restoit de raison. « Morbleu ! Messieurs , le » tour est abominable ; & je ne vous le pardon« nerai de ma vie. Il s'agit de ma Piece, de ma gloire, de l'affaire la plus essentielle pour moi; & c'est ainsi que vous me traitez ! Mais vous en 3» aurez le démenti; je me rendrai mort ou vif % 3) l'Assemblée », Il court, à la Cuisiniere , & la supplie à genoux de vouloir bien , au plus vite , reprendre à longs-points, les quatre fatales coutures , d'où dépendoit la solidité de sa culotte. ;-La Cuisinière entreprend l'ouvrage ; mais combien
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il la trouvoit lente ? Il ne faisoit qu'aller & venir de la cuiiine à la pendule , & de la pendule à la cuiiine , renouvellant à chaque fois ses impré-1 cations. Onze heures alloient sonner ; le haut de chausses est rapporté. Poiniinet veut y palier la jambe ; mais la mesure se trouve avoir été si mal prise , que sa jambe ne peut y entrer. La maligne Cuiliniere , en riant aux larmes, le prioit d'excuser il elle n'étoit pas plus adroite dans un métier qu'elle n'avoit fait de la vie. Poinsinet, turieux , demande un Commissionnaire, qu'il expédie chez lui avec un billet, par lequel il demande promptement une culotte. On intercepte le billet : Midi sonne ; & le commissionnaire n'eil pas revenu. On lui dit froidement qu'il a eu grand tort d'envoyer un homme qu'il ne connoit pas ; que ce Commissionnaire pourroit bien s'être laissé tenter par le besoin pressant que lui-même paroissoit avoir d'une culotte. Il prend enfin le l'eul parti qui lui reste. Après avoir assujetti, par devant & par derrière , les basques de son habit , avec quelques épingles, il s'en retourne chez lui. Sa Piece ne fut point jouée à son rang ; & ce ne fut que plus de. lix mois après , qu'elle eut le malheur de tomber.
Nous avons rapporté ce fait , pour donner une idée des fameuses mistifications de Poinsinet.
POIRIER ) (Hélie) a fait imprimer, dans un Recueil de Poésies , qui porte son nom , une efpèce d Poëme Dramatique en dix Êglogues.
POIRIER , ( lesieur) a chanté pendant plusieurs années à l'Opéra , & étoit une des plus belles Hautescontres de ce Spectacle , qu'il a quitté en 1759.
POISSON, (Raimond) né à Paris, Auteur & Aéteur du Théâtre François , étoit fils d'un Mathématicien sçavant. Le goût qu'il prit pour la Comédie , fut ïi violent, que > sans considérer les
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avantages que M. le Duc de Créqui auroit pu lui faire, il le quitta pour aller jouer la Comédie en Campagne. Il entra ensuite dans là Troupe de l'Hôtel de Bourgogne. Cette même Troupe_ayant été réunie à celle de Guénégaud , Poisson y pasta avec ses camarades. Son talent supérieur pour les rôles comiques , & principalement pour celui de Crispin , qu'il imagina & qu'il adopta, sou tenu d'un esprit agréable & rempli de saillies, le firent connoître de toute la Cour, & même de Louis XIV , qui lui donna pluiieurs marques de sa bonté & de sa libéralité. ç ; |
Poisson étoit un homme d'une assez grande taille to & bien facé. Quelques-uns ont dit que , dans soa habillement de Crispin , il y avoit ajouté des bottp' lies, parce qu'il avoit les jambes menues. ; mais il y a plus d'apparence qu'il paroilîoit ainii sur le Théâtre , parce que , dans sa jeunesse , les rues de Paris , dont à peine la moitié étoit pavée , obligeoient les gens de pied , & sur-tout les Domestiques , de se mettre en bottines pour faire des courtes. - -
Cet Auteur a laissé des Comédies intitulées
Lubin ou le Sot vengé, le Baron de la Crasse , le Full de qualité > l' Après-souper des Auberges, les Faux Moscovites s , le Poète Basque , les Femmes Coquettes > la Hollande malade , & les Foux Diverti ssan s. On lui attribue encore l'Académie burlesque , & le Cocu battu & content. *
J
C'esi moins sur le nombre & l'ordonnance de ces différentes Pieces , qu'il faut juger du mérite de Poison , que par le naturel qui regne jusques dans les moindres détails. Cet Auteur n'a choisi ses personnages, que dans cet ordre commun de là société , dont il n'est pas toujours aisé de bien saisir le ton & le langage. Tous ses - Drames, quoi-
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que foibles pour l'invention , sont dessinés avec cette intelligence, exécutés avec cette facilité qui est le fruit de l'expérience. Son Hyle badin est soutenu par la vivacité du Dialogue, & une verfification naturelle. Ii paroit que le rôle de Crispin, dont on lui attribue l'invention , doit être celui d'un personnage plaisant, flatteur éternel, complaisant à gages , conseiller importun , qui se mêle de tout, s'empresse pour rien , &: fait l'homme nécessaire jusques dans les choses qui le sont le moins. Cependant l'Auteur ne s'assujettit pas toujours à suivre exa&ement ce cara&ère. Il en changeoit souvent les nuances , soit pour y jetter de !a variété , soit pour se fournir à lui - même des occations plus fréquentes de développer tout son talent pour un rôle, dont il se regardoit comme le créateur. On peut ajouter que Poisson transporta dans ses ouvrages y la finesse & la facilité de son Jeu.
- POISSON , ( Philippe ) fils du précédent, après avoir joué cinq ou tix ans, avec succès , dans le Tragique , & sur-tout dans le Haut-Comique , quitta le Théâtre, &: se retira avec son pere à Saint-Germain, où il est mort en 1743 , âgé de soixante-un ans. Nous avons de lui deux Volumes de Pieces de Théâtre , contenant : le Procureur arbitre , la Boëte de Pandore , Alcibiade , l ln-promptu de Campagne, le Réveil d'Epiménide , le Mariage par Lettre-de-change , les Ru/es d'Amour ) l'Amour secret, l'Amour Musicien , & l'A&rice nouvelle.
PoissoN ,( Paul ) frere du précédent, fils de Raimond Poisson, & pere du dernier Comédien de ce nom , que nous avons vu jouer avec tant de succès dans les rôles de Crispin, croyant ne trouver à son fils ni talent, ni esprit, ne voulut point qu'il montât sur le Théâtre ; il en fit un Lieutenant d'Infanterie. Poisson fils se dégoûta bientôt du ' Service
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Service, le quitta malgré sa famille , passa dans une Troupe de Comédiens de Province , & s'attacha aux rôles de son pere & de son grand-pere. Quand il se crut en état de les remplir, il vint incognito à Paris, en 172.1 , & sollicita sous main un ordre de début. Toute sa crainte étoit que la chose ne parvînt aux oreilles de ion pere, retiré à Saint-Germain. Malgré toutes ses précautions , le pere ayant appris cette nouvelle , se rendit chez M. le Duc d'Aumont, grand-pere de M. le Duc d'Aumont d'aujourd'hui, & le pria de refuser l'ordre à son fils. En vain M. le Duc d'Aumont lui offrit-il de le faire recevoir sans le faire débuter ; Poisson n'y voulut jamais consentir, alléguant que, son fils déshonoreroit le nom qu'il portoit sur le Théâtre , où ce nom étoit célèbre. M. le Duc d'Aumont lui promit qu'il n'en seroit plus question, Notre Comédien ne perdit point courage : il alla trouver un ami de son pcre. Il ne demandoit qu'une grace : c'étoit de jouer, devant lui, tel rôle qu'il voudroit dans le genre qu'il avoit étudié. Le pere ne put s'y opposer : Poisson choisit le rôle de Sosic , dans Amphitryon ; & son pere fut si content de la façon dont il le rendit, qu'il se jetta à son cou,; l'embrassa avec des larmes de joie , reconnut sou sang , 6c sollicita lui-même le début & la réception d'un fils si digne de son pere & de son ayeul. Cet acteur se nommoit François-Arnoul, & est mort en 17 j 3, âgé d'environ cinquante-huit ans. Son pere , Paul Poisson, avoit quitté le Théâtre, & mourut à soixante-dix ans, à Saint-Germain-en-Laye , ou il s'étoit retiré.
PONCY DE NEUVILLE , ( l'Abbé Jean-Baptisse )' Ex-Jésuite, né à Paris, où il mourut en 1737, âgé de trente-neuf ans, remporta jusqu'à sept fois les prix de Poésie de l'Académie des Jeux Floraux , & composa une Tragédie de Judith, & une autre de Damoclès. '
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PoNT-ALAls , Comtemporain & Camarade de Gringore, fut, comme ce dernier, Auteur & Adeur, & devint par la suite Entrepreneur de Mystères par représentations. Ses bons mots , & la façon dont il les débitoit , le firent recevoir chez les personnes les plus qualifiées de la Cour. Il eut ' même l'honneur d'approcher souvent des Rois Louis XII & François I. Pont-Alais étoit bossu : un jour il aborda un Cardinal qui l'étoit aussi ; & mettant sa bosse contre la sienne , « Monseigneur , » lui dit-il, nous voici en état de prouver que deux 3) montagnes, aussi-bien que deux hommes peu--. vent se rencontrer, en dépit du proverbe qui dit,
» le contraire r
Avant que l'on fût dans l'usage d'afficher le titre des Pieces au coin des rues, on faisoit battre le Tambourin par les carrefours de la Ville ; & lorfqu'un certain nombre de gens s'étoit assemblés , un Acteur , qui accompagnoit le Joueur de Tam-' bourin, faisoit l'éloge de la Piece , & invitoit le Public à la venir voir. Un Dimanche matin , PontAlais eut la hardiesse de faire battre le Tambourin dans le Carrefour qui est proche de l'Eglise de Saint-Eustache , pour annoncer une Piece nouvelle qu'il devoit donner le même jour. Le Curé , qui faisoit alors le Prône , interrompu par le bruit qu'il entendoit, & voyant les Auditeurs sortir en foule de l'Eglise pour aller entendre Pont-Alais, descendit de sa Chaire, se rendit dans le Carrefour , & s'approchant de Pont-Alais : « Qui vous a fait » si hardi, lui dit-il, de tambouriner pendant que» je prêche ? & qui vous a fait si hardi de prêcher pendant que je tambourine « ? reprit insolemment Pont-Alais. Cette réponse fit juger au Curé qu'il ne lui convenoit pas de pousfer plus loin la conversation ; mais il porta les plaintes au Magistrat, qui fit mettre Pont-Alais en prison ; 6c ce ne fut
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qu'au bout de six mois que ce dernier obtint sa liberté , & la permission de continuer ses Jeux.
Le Barbier de Pont- Alais se plaignoit de ce qu'il ne lui donnoit que de petits rôles dans ses Pieces. Pont-Alais lui donna le personnage du Roi de l'Inde majeure > le fit asseoir sur un trône élevé , Se se plaçant malieieufement derrière lui:l dit ces vers:
Je fois des moindres le mineur,
Et n'ai pas vaillant un teston;
Mais le Roi' d'Inde le majeur
M'a sodvent faré le fhenton.
PoNTAU , ( Claude-Florimond Soi^ard dé } rié à Rouen , ancien Entrepreneur de l'Opéra-Comique > a donné l'Estaminette Flamande , Ballet-pantomime ; l'Ecole de Mars ou le Triomphe de Vénus , Balletpantomime le Compliment, Prologue 5 le Hasard ; l'Œil du Maître, Balle t-pantomime. ; avec Fuzeliet &: Pannard , la Méprise de l'Amour, ou Piértot Tancrede, le Malade par complaisance ; avec Pannard 8C Marignier , Argenie ; avec Pannard , les Deux Suivantes , le Bouquet du Roi, la Comédie sans hommes , les Fêtes galantes , le Rien ; avec Pannard 6c M. Favart, le Qu'en dira-t-on ? avec Pannard & Fagan > le Badinage , prologue ; îsubelle Arlequin ; avec Piron, Pannard & Carolet , li Ratée & Dondon ; avec Pannard &: Parmentier , Aigrette ; avec Pancard , Gallet & l'Affichard , Marote.
PONT-DE-VEYLE , ( Antoine de Fértiol, Comte de ) Gouverneur pour le Roi de la Ville de Pontde-Veyle , ancien Chevalier d'honneur en la Cour des Monnoies de Paris , Intendant-Général-Honoraire des Classes de la Marine , & ancien Le&eur de la Chambre du Roi, est mort à Paris le 4 Septembre 1774. Il étoit né le premier Odtobre 1697, du mariage de M de Ferriol, Président à Mortier du Parlement de Meti, frere de M. de Ferriol,
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Ambassadeur du Roi à Constantinople, avec Mlle. de Tencin, sœur du Cardinal de Tencin. Ce nom de Pont-de-Veyle venoit d'une Terre en Bresse , que son pere avoit acquise, & qui est depuis sortie de la famille. Il fut élevé jusqu'à l'âge de dix ans dans la maison paternelle , & ensuite au Collège des Jésuites, qui étoit alors le seul à la mode. Il y entra vers 1707. Son humeur gaie ne lui permettoit guères d'application. Avec de l'esprit, il ne fut qu'un Écolier médiocre ; mais en récompënse, ses qualités sociables , qui se développerent de bonne-heure, le firent aimer de ses camarades, parmi lesquels il y en avoit de distingués. Il fit dèslors appercevoir le germe du talent, qu'il avoit pour la Chanson. Faute d'autres objets pour l'exercer , il en fit contre tous ses Livres de Classe. Ce sont les seuls Sarcasmes qu'on ait eus à lui reprocher ; les Chansons qu'il a faites dans la suite , n'ont eu de sel, que celui de l'agrément, & n'ont jamais offensé personne. Il s'amusa à parodier les airs les plus difficiles ; les Parodies du Caprice de Rebel , la Tempête d'Alcione , les Caractères de la Danse , le Pas de six qui a paru sous le nom des Amans ignorans , sont ses premiers ouvrages en ce genre. Ses In-promptus sont incroyables ; il a souvent parié de parodier en quelques minutes, nonseulement les airs qu'il connoissoit, mais ceux qui lui étoient étrangers, & qu'il [olfioit pour la premiere fois : il s'est toujours tiré avec succès de ces paris.
Ces bagatelles ne lui suffisoient pas ; il voulut essayer ses forces dans le genre Dramatique : il donna ( en gardant l'incognitè ) la Comédie du Complaisant, Piece de caraétère , qui est restée au Théâtre , &: qu'on revoit toujours avec plaisir. Mlle. Quinault , excellente Adtrice , avec laquelle il étoit fort lié , avoit été frappée de l'usage qu'on pouvoit faire sur la scène du Gascon puni ; elle l'avoit proposé à plusieurs Auteurs, entr'autres à la Chaussée ; il n'avoit pas cru pouvoir traiter dé-
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cemment un pareil sujet. M. de Pont-de-Veyle l'entreprit, & en fit le Fat puni, qui réunit au mérite de la difficulté vaincue, celui d'une intrigue bien conduite, sans indécence , malgré le sujet, & d'un style vif, naturel & plein de traits sans aucune affeftation. Il a eu aussi une très-grande part à la Comédie du Somnambule , petite Piece qui a. eu & a toujours beaucoup de succès. On ne parle point de plusieurs autres ouvrages de société, des Comédies , des Scènes d'Opéra , des Prologues , des Complimens , enfin jusqu'à des Parades.
Les parens de M. de Pont-de-Veyle , comme fils aîné , l'avoient destiné à la Robe , qui étoit l'état de son pere. Ne se sentant aucun goût pour ce parti, il répugnoit beaucoup à le prendre. Cependant il souffrit qu'on lui achetât une Charge de Conseiller au Parlement ; mais plus le terme de sa réception approchoit, plus son dégoût augmentoit. On croit devoir rapporter une Anecdote à ce sujet, qui sert à donner une idée de la gaieté de l'on caraétère. Il attendoit le Procureur-Général , auquel il venoit demander des Conclulions. Il étoit dans une Chambre attenante au Cabinet où ce Magistrat étoit enfermé. Pour charmer l'ennui de l'attente , il se mit à répeter la Danse du Chinois de l'Opéra d'Issé , qu'on donnoit alors ; & il l'accompagnoit de grimaces propres à cette Danse. TÓut-à-coup le Cabinet s'ouvrit; & le ProcureurGénéral fut un peu étonné de la polture où il trouva le Candidat. Comme , malgré la gravité de sa Charge , il étoit homme de bonne compagnie , il se mit à rire ; & la conversation se passa en plaisanteries. Ce petit évènement fut peut-être ce qui acheva de convaincre M. de Pont-de-Veyle , du peu d'aptitude qu'il avoit pour un métier grave sérieux ; il déclara à ses parens, qu'il ne pouvoit se résoudre à le prendre : ils se rendirent à ses raisons , & lui achetèrent la Charge de Letteur
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du Roi. Elle lui convenoit d'autant plus, qu'étant sans fondrions , elle le laissoit jouir d'une liberté , à laquelle il a toujours été fort attaché.
Né sans ambition , M. de Pont-de-Veyle comptoit passer sa vie dans une douce ina&ion : il en fut tiré par l'amitié. M. de Maurepas, avec lequel il a vécu , pendant plus de cinquante ans, dans la plus grande liaison, l'engagea , le força , pour ainsi dire , à prendre la place d'Intendant-Général des.Classes, qu'il a remplie avec autant d'exaftitude que d'intelligence. Il s'est contenté ensuite de faire le charme des sociétés où il vivoit.
PONCET , ( Simon ) de Melun , Trésorier & Secrétaire de M. le Chevalier d'Aumale , a dédié à Marie de Lorraine uri Colloque Chrétien , en vers , sans distinction d'Actes.
PONTEUIL y ( Nicolas - Etienne le Franc , dit ) étoit fils d'un riche Notaire de Paris. On croit que les impressions qu'il reçut, avant que de voir le jour, le firent naître Comédien. Sa mere . qui, lors de sa grossesse , logeoit sur le Quai de la Mégisserie, où les Charlatans drefloient des échaffauds les Dimanches, pour y jouer leurs farces & débiter leurs drogues au peuple, passoit les après-dînées entieres aux fenêtres pour les observer. L'empreinte de. ces objets déterminèrent, dit - on, la vocation de l'enfant, qui, dès ses premieres années , ne s'occupoit que de Marionnettes. tr Mon témoignage peut-être cru , dit l'Auteur de la » Bibliothèque des Théâtres ; car ayant été son camarade de Collège, j'ai souvent assîsté à ses 3) Farces. Je n'en oublierai jamais une qui pensa nous être funeste. Dans une Piece de sa façon, Polichinelle ayant reçu une malle des nouvelles de Flandres , s'affeyoit dessus pour parler au Courier.
3) Comme c'étoit un tour qu'on jouoit à Polichinelle,
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.» & qu'au lieu de Lettres, il y avoit de l'artifice » dans la malle , le feu qu'on y mit, prit aux déco» rations de carton & de papier , brûla les meubles » du jeune Comédien 5 & la fumée pensa nous » étouffer ».
Dans la suite le jeune le Franc suivit son attrait : il joua d'abord la Comédie dans les sociétés, & alla la jouer en Pologne, où il se maria. Puis de retour à Paris, il débuta dans la Troupe Françoise, par le rôle d'Œdipe , en 1701, & fut reçu en 1703 , malgré les remontrances de sa famille. La Nature en avoit fait un excellent Comédien : il étoit grand, d'une assez belle figure , à un œil près, dont il louchoit un peu. Il représentoit également bien les Rois & les Paysans ; & l'on peut dire qu'il fut un des premiers qui aient apporté au Théâtre le naturel de la déclamation. 11 mourut à Dreux, en 1718, âgé de quarante-quatre ans.
PONTOUX , ( Claude ) de Châlons en Bourgogne, Médecin , a donné , en 1584 y la Scène Françoije.
FORÉE, ( Charles ) Jésuite, né en Normandie , l'an 1675 , & mort à Paris en 1741, a composé plusieurs Comédies ou Tragédies Latines, & une Tragédie de Don Ramire. C'étoit un des plus célèbres Professeurs de Rhétorique du Collège de Louis-le-Grand. M. de Voltaire s'est toujours glorifié de l'avoir eu pour Maître ; & le Pere Porée étoit flatté d'avoir eu un pareil Disciple.
PORTELANCE , ( M. ) né à Paris, Auteur de la Tragédie d'Antipater. Il a fait , en société avec Poinsinet, Totinet, Opéra-Comique ; avec Patu , les Adieux du Goût ; & seul, une Comédie intitulée à Trompeur Trompcuses 6* demies.
POTTIER DE MORAIS, Capitaine deschaffes
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a laissé une Comédie manuscrite , composée vers l'année 1700, sous le titre de Don Cassagne, Chajjeur errant , qui se trouve dans quelques Bibliotheques , &, en particulier, dans celle de M. le Duc de la .Valiere. • '
PoujADE , ( la ) de Guyenne , neveu de la Calprenede , a donné une Tragédie de Pharamond, ou le Triomphe des Héros, tirée du Roman de son
< oncle. - " .
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POUJADE DE LA ROCHE-CUSSON , Auteur d'une Tragédie d'Alphonse.
PRADES , ( Jean le Royer, sieur de ) né en 1624 , Auteur de la Viftime de l'État, d Annibal , & d'Arsace , Roi des Parthes.
PRADON , ( Nicolas ) né à Rouen, mourut à Paris d'apoplexie, en 1698, dans un âge très-avancé. Quoique la Critique ne l'ait pas traité favorablement , quelques-unes de ses Tragédies n'ont pas laisse que d'avoir des admirateurs ; 8c Régulus se joue même encore quelquefois. Les autres sont intitulées Pyrame & Thisbé,- Tamerlan , Phèdre 6* Hippolyte, la Troade , Statira, & Scipion l'Africain. "On lui attribue aussi une ÉleBre , un Tarquin, & un Gprmanicus. (
: On ne peut, sans injustice , refuser à ce Poète de l'esprit, de l'imagination , de la facilité , & la connoissance des regles du Théâtre. La plupart de ses Tragédies seroient, peut-être, plus estimées , s'il eut vécu dans un tems moins fécond en grands Poètes ; ou si, plus modèle , il n'eût pas voulu lutter avec Racine , & traiter en Rival un homme qu'il ne devoit regarder que comme son Maître ' ou son Modele. Cette émulation téméraire, jointe aux suffrages de ses amis, & sur-tout des enne-
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uis de Racine, fut la source de ses disgraces littéraires. Boileau n'épargna rien pour l'humilier ; .& l'on peut reprocher à ce terrible adversaire d'avoir outré la satyre , en représentant l'Auteur de Régulus, comme un Poète constamment sifflé , bafoué de toutes parts, &: tombé généralement dans le mépris S'il eut des ennemis , il eut aussi des partisans , j'ôse même dire , des admirateurs. Aujourd'hui , ceux qui ne jugent point de ses ouvrages d'après les vers de Despréaux, avouent qus Pradon sçavoit conduire régulièrement une Tragédie , en ménager les incidens , y placer des peintures vives, des traits heureux, des situations inté'ressantes , quelquefois neuves , des mouvemens forts & véhémens ; que sa verfitication même , en général, si vicieuse, ne doit pas être condamnée sans restriction. On. applaudit sincèrement à plusieurs vers de Starira , de Tamerlan , & de Régulus. Concluez-donc , que si Pradon avoit sçu se tenir dans soi, rang ; s'il n'avoit pas eu la vanité ridicule de sp comparer à Racine , & sur-tout, s'il n'avoit pas été l'ennemi de Boileau , son nom , moins décrié , seroit cité avec moins de mépris. En un mot % Pradon seroit aujourd'hui un Poète passible , s'il eût été un Poète modeste.
Pradon étoit devenu amoureux d'une jolie Gasconne ; elle ne l'aimoit pas ; mais ses saillies la divèrtissoient. Il lui écrivit une Lettre en prose & en vers , où sa passion avoit plus de part que sa' Muse. Elle lui fit une belle réponse, qui ne laissoit voir que de l'esprit ; il l'admira ; mais il n'en fut :guères content ; & il ne repliqua que par ces quatre vers.
Vous n'écrivez , que pour écrire;
C'est pour vous un amusement ;
Moi qui vous aime tendrement,
Je n'écris, que pour vous le dire.
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On fit , à la mort de Pradon , ou peut-être pendant sa vie, une Épitaphe aÍfez plaisante ;
Ci-gît le Poète Pradon,
Qui, durant quarante ans , d'une ardeur sans pareille,
Fit , à la barbe d'Apollon ,
Le même métier que Corneille.
PRALARD, ( René ) fils d'un Libraire de Paris, mort dans la même Ville en 17 31 , âgé d'envie ron cinquante ans, donna en société, avec Séguineau, une Tragédie d'Egysle.
' PRÉMARE, ( le Pere de ) Jésuite , nous a donné la Traduction d'une Tragédie Chinoise, intitulée -x Y Orphelin de la Maison de Tchao.
PRÉVILLE, (le lieur Dubus de ) excellent Aéteur comique, reçu à la Comédie Françoise en *75}. Madame Drouin de Préville, son épouse, joue sur le même Théâtre depuis l'année 175 7.
PREVOST , ( Jean ) Avocat dans la Basse-Marche, acomposé OEdipe , Hercule, Turne , & Sainte-Clotilde.
PREVÔT D'EXILES, (Y Abbé Antoine-François) Auteur de Cléveland , des Mémoires d'un homme de qualité , &c, &c , a traduit en François une Tragédie Angloise , en cinq Astes , intitulée Tout pour S Amour.
PREVOT , ( Françoise ) excelloit dans la Danse gracieuse & légere. Après avoir fait, pendant plus de vingt-cinq ans , les délices du Public sur le Théâtre de l'Opéra , elle le quitta en 1750 , & mourut en 1741 , âgée de près de soixante ans.
PROCOPE COUTEAUX, ( Michel ) né à Paris, mort dans la même Ville en 1153 , étoit Dofteur en Médecine , & avoit beaucoup d'enjouement
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dans l'esprit. Il est Auteur des Comédies intitulées Arlequin balourd , & l'Assemblée des Comédiens. On lui attribue encore la Gageure, avec la Grange ; les Fées, en société , avec Romagnéil, & > avec Guyot de Merville. V ï ,
PROUVAIS, Auteur peu connu d'une Piece intitulée l'Innocent exilé.,
PRUDENT , ( M. ) a fait la Musique des Jardiniers , Comédie avec des Ariettes.
PURE, ( l'Abbé Michel de ) fils d'un Prévôt des Marchands de Lyon , naquit dans cette Ville vers l'année 1640, Il vint à Paris , pour y embrasser l'état Ecclésiastique ; & il y fit deux Pieces de Théâtre , Oftorius , &: les Précieuses. C'étoit un homme aimable , d'une conversation aisée , & d'un esprit agréable ; mais il avoit une figure peu avantageuse. Boileau , son mortel ennemi , n'a pas manqué de le peindre de ce côté-là. . i •>
.
\ Quant je veux d'un 6alant dépeindre la figure »
Ma plume, pour rimer , trouve l'Abbé de fure.
PUVIGNÉ, ( Mlle. ) charmante Danseuse de l'Opéra, qu'elle a quitté depuis plusieurs années avec ki pension, est aujourd'hui mariée en Province.
Que de grâces, que de justesse.
Et dans vos pieds & dans vos bras ! ^
Jeune Puvigné, la Jeunesse
Et Terpficore ont moins d'appas.
QUÉ * QUÉ %
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UETANT, (Ai.) a composé , pour divers Théâtres, les Pieces suivantes ; sçavoir, pour
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les Italiens , avec M. Anleaume, le Dépit généreux ; avec M. de la Ribardiere , .le Serrurier ; seul, la femme orgucilleusè. A l'Opéra-Comique, la Foire de Menons y le Maréchal - I-errant ; aux Danseurs de Cordes, les Amours Grenadiers , le Quartier Général, . l' Auteur Perruquier , ou les Mules Artisanncs 5 aux Boulevards, avec Audinot , le Nouveau Tonnelier; seul, les Femmes & le Secret, l' Écolier en sçait plus que le Maître ; à Lyon , les Dieux Citoyens. Il a aussi fait un Maître en Droit, qui n'a pas été représenté.
QUINAULT , ( Philippe) né à Paris , entra, en qualité de Clerc, chez un Avocat au Conseil. Le succès de ses premieres Pieces de Théâtre lui mérita l'estime d'un Marchand qui aimoit la Comédie. Il pria Quinault de prendre un appartement dans sa maison ; & ce Marchand étant mort, notre Auteur épousa sa veuve, dont il eut qua- rante-mille écus de bien. Il acheta une Charge d'Auditeur des Comptes, en 1671. Il avoit été reçu à l'Académie Françoise l'année précédente, fut honoré du Cordon de Saint-Michel ; & mourut à Paris en 1688 , âgé de cinquante-trois ans, riche de plus de cent-mille écus. Ses Opéra , genre dans lequel il a sur-tout excellé , sont les Fêtes de l'Amour & de Bacchus , Cadmus, Alcejle , Théjée , Atys , Jsis , Proserpine , le Triomphe de l'Amour , Peijée 3 Phaéton , Amadis de Gaule , Roland , le Temple de la paix y & Armide. Ses Tragédies & ses Comédies, sont les Rivales, la Généreuse ingratitude , rAmant indiscret, la Comédie sans Comédie , les Coups de l'Amour & de la Fortune , la Mort de Cyrus , Amalazonte , le Mariage de Cambise , le Feint Alcibiade , Stratonice , le Fantôme' amoureux , Agrippa , Afirate , la Mere Coquette , ou les Amans brouillés ; Panfanias , & Bellerophon. On lui attribue encore une Tragi-Comédie intitulée Iris, &: les Amours
4e Lysis 6* d'Hespérie. ,x
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■ Le tems a fixé la réputation de ce Poète ; mais on ne s'est déterminé que fort tard à lui rendre justice. Il y a plus d'un tiède qu'on applaudit à ses Opéra , & à peine quarante ans, qu'il n'est plus regardé comme un médiocre Auteur. Tel est l'effet du préjugé : on en croyoit, sur sa parole , un ingénieux , mais trop sévère satyrique ; on regard oit r' comme des dédiions absolues, quelques hémisti- , ches amenés par la rime, & souvent par l'humeur. Boileau , il ell vrai, a désavoué en prose , ce qu'il avoit dit en vers contre Quinault. Mais n'elt-ce pas aussi en prose, qu'il déclare que Boursaut est de tous les Auteurs qu'il a maltraités, celui qui a le plus de mérite ? Que conclurre d'un tel aveu ? Sinon que Boileau jugeoit mal dans ce mo-' ment, & ne l'ignoroit pas. On ne peut f'upposer qu'il se soit mépris jusqu'à ce point. Quant à Qui-: nault, peut-être n'étoit-il connu alors , que par ses Tragédies; & , il faut l'avouer, le Prince de nos' Poètes lyriques seroit à peine admis au second rang ' des favoris de Melpomène & de Thalie. Toutes ses Tragédies, excepté l'Agrippa & l'Aftrate, ont d.isparu du Théâtre ; toutes, sans en excepter aucune, sont mollement écrites: ses Héros , plus galans que tragiques, dégénèrent en héros de Pastorale & de Roman. Le genre comique , où il s'exerça moins , eût pu lui être plus avantageux ; on peut en juger par la Mere Coquette , bien supérrieure aux Tragédies d'Astrate & d'Agrippa. Mais il n'eût , sans doute, jamais égalé Moliere ; & il étoit né pour servir lui-même de modele dans un autre genre. On placera toujours son nom ;i côté ? de celui des génies créateurs, qui ont, pour' jamais , illustré leur siècle. Car il faut compter pour peu de chose les Essais de l'Abbé Perrin. Ce sont de ces productions informes , uniquement propres à. désigner , dans les Arts , une des routes qu'il faut suivre. Quinault la saisit, la parcourut, la franchis Rien ne prouve mieux le mérite de ses ouvrages.
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lyriques , que l'infériorité de presque tous ceux qui ont paru depuis. Dire qu'un Opéra se fait lire 3 c'est en faire le plus grand éloge ; & il n'est point de lecture plus agréable, que celle des Opéra de Quinault. Obligé de donner beaucoup au Musicien, rarement s'apperçoit-on des sacrifices qu'il lui fait. Quelle énergie dans les détails qui en exigent ! Quelle délicatesse dans ceux où regne le sentiment ! Quelle foule de traits ingénieux & naturels , répandus presque dans chaque scène ! L'esprit les saiilt d'abord 3 & la mémoire les conserve aisément. Ils font encore les délices des sociétés. Quinault est de tous nos Poètes , celui dont les vers sont le plus souvent cités, le plus universelle-' ment connus. On lui reproche en vain, que toutes ses idées ne portent que sur un certain nombre d'expressions à-peu-près toujours les mêmes. Il est démontré que tous les mots de notre Langue ne sont pas susceptibles d'être mis en Chant. Cette réserve est donc moins stérilité dans Quinault, qu'une sage économie , un choix heureux. Ce sont les entraves de l'Art, auxquelles le vrai génie se soumet volontiers , mais sans paroître moins libre. Quinault, malgré cette contrainte, semble toujours commander à notre -'Langue ; elle se plie à tous les tours qu'il veut lui faire prendre; & jamais, chez lui, l'expression ne gêne la pensée. On pourroit enfin le comparer à l'Héroïne de son chef-d'œuvre, qui, avec un petit nombre de paroles, enfantoit des prodiges.
Quinault étoit du cara&ère le plus aimable ; 8c il peint par-tout sa douceur. Modelle , sociable , il allioit, avec de rares talens, des qualités plus rares encore. Qu'il fût fils d'un Boulanger , comme le dit Furetiere dans son Factum contre l'Académie ; qu'il eût été Domeflique de Mondory , fameux Comédien , comme Baile , dans son Dictionnaire , l'insinue sur une Tradition peu sùre, Quinault, fils de
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les OEuvres , est, aussi-bien que Rousseau, un grandhomme. Selon du Tillet & Brossette , il fut éleve , pour la Poèsie , de Triflan l'Hermite , Auteur de la fameuse Tragédie de Mariamne. Les traits que Boileau a lancés contre Quinault, ont fait plus de tort au Satyrique , qu'au Poète lyrique. C'est ce que dit M. Voltaire dans son Épître sur la calomnie.
0 dur Boileau , dent la Mure sévére,
Au doux Quinault envia l'art de plaire,
Qu'arrive t-il ? Lorique ses vers charnians,
Par jeliote embellis sur la Scène,
De leur douceur enivrent tous nos sens?
Chacun maudit ta satyre inhumaine.
N'entends-cu-pas nos applaudissemens
Venger Quinault quatre fois par semaine ?
Au reste , quoique Boileau n'ait pas fait à cePoète une réparation proportionnée à la vivacité de ses traits , on peut s'en tenir à ce qu'il dit dans la Préface de ses OEuvres. «Je n'ai point prétendu ï> qu'il n'y ait beaucoup d'esprit dans les ouvrages » de M. Quinault. Dans le tems que j'écrivis con3» tre lui, nous étions tous les deux fort jeunes ;
& il n'avoit pas fait alors beaucoup d'ouvrages » qui lui ont, dans la suite, acquis une juste réputation ».
Sur la fin de sa vie , Quinault se repentit d'avoir fait des Opéra , & , pour. expiation , tit un Poëme sur l'extinction de la Religion Réformée dans le Royaume , qui commence ainti :
Je n'ai que trop chanté les Jeux & les Amours :
Sur un ton plus sublime, il faut me faire entendre.
Je vous dis adieu , Muse tendre ;
Je vous dis adieu pour toujours.
Quinault avoit fait l'Épitaphe suivante , pour être placée sur Ion tombeau. On ne lui reproche pas d'y avoir mis trop d'esprit.#
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Passant, arrête ici, pour prier un moment;
C'est ce que des vivans les mores ont droit d'attendre:
Quand tu seras au Monument,
On aura foin de te le rendre.
Quinault a pouffé trop loin , dans ses prologues 9 les louanges qu'il donnoit au Roi. Après la bataille d'Hochstet , un Prince Allemand dit malignement à un prisonnier François : t( Moniieur , fait-on >» maintenant des Prologues d'Opéra en France » ?
Quinault, se voyant bel-esprit titré, voulut acquérir une Charge qui lui donnât un rang dans le tnonde. C'est ce qu'il fit en achetant celle d'Auditeur des Comptes. Lorsqu'il croyoit s'en mettre en possession , on fit quelque difficulté de Je recevoir. Messieurs de la Chambre des Comptes disoient qu'il n'étoit pas de l'honneur d'une Compagnie aussi grave que la leur , d'admettre , dans leur Corps un homme qui avoit paru pendant plusieurs années sur les Théâtres, pour y faire représenter ses Tragédies & ses Comédies. Cet incident ridicule donna lieu à ces vers , presque aussi ridicules, d'un Anonyme.
Quinault, le plus grand des Auteurs ,
Dans votre Corps , Messieurs, a deiîein de paroître,
Puilqu'il a fait tant d'Auditeurs,
Pourquoi l'empêchez-vous de l'être ?
Un certain nombre de beaux-esprits ne pouvant souiFrir le succès des Opéra de Quinault , se mirent en fantaiiie de les taire paffer dans le monde pour mauvais, ainsi qu'ils les trouvoient. Un jour qu'ils soupoient ensemble, ils s'en vinrent, Despréaux à leur tête , sur la fin du repas, vers Lully qui étoit du souper, chacun le verre à la. main, & lui appuyant le verre sur la gorge, se mirent à crier : « Renonce à Quinault, ou tu es » mort ». Cette plaisanterip- ayant beaucoup fait rire 't
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rire , on vint à parler serieusement ; & l'on n'omit rien pour dégoûter Lully de la Poésie de Quinault.
Perrault étoit presque le seul qui ôsat se déclarer pour Quinault. On en vouloit à la gloire de son ami ; il prit en main sa défense ; & bientôt tous les projets d'une cabale puissante furent déconcertés. Quelques personnes ont prétendu que le chagrin d'avoir échoué dans cette .entrepriie , détermina Boijeau , qui en étoit le Cher , à s'élever dans la suite contre la morale de l'Opéra. Croyons plutôt qu'il n'en a condamné si hautement les maximes, que parce qu'elles sont diamétralement opposées à celles de la Religion. On dira peut-être que des vues si chrétiennes s'accordent mal avec le dessein qu'il avoit formé de lutter contre Quinault. Je sçais ( & lui-même no.us l'apprend ) qu'à la priere de Mesdames, de Montespan & de Thiange , il s'engagea trop aisément à composer un Opéra : je sçais de plus que 3 faute d'avoir le molle atque facetum , dont parle Horace, il né put enfanter qu'une vingtaine de vers à la Perrin. Boileau sentit mieux que personne , combien cette espece d'avorton lyrique étoit peu digne de voir le jour ; mais j'imagine qu'en le faisant imprimer , il a voulu faire un acte de justice , & venger f même aux dépens de sa propre gloire, un homme à jamais unique dans son art.
QuiNAULT , l'aîné , ( Jean - Baptisse - Maurice ) excellent Comédien pour le comique, & sur-tout pour les rôles de caractère & de pére , fut reçu en 17 11 au Théâtre François. Il joignoit au talent d'Acteur celui de Musicien ; & outre ses Divertiflemens composés pour différentes Pieces , il fit la Musique des Amours des Déesses. Il s'étoit retiré du Théâtre ; & il y reparut en 1734 ; mais il l'a-
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fcandonina bientôt après tout-à-fait, & mourut vers l'an 1744. •• - - -
QUINAULT, frere du précédent. Voyez
DUFRESNE.
„ QUINAULT , ( les Demoiselles ) étoient trois Moeurs des deux Aéteurs précédens, & filles du Comédien Quinault , qui avoit commencé à jouer .en 1695 , & s'étoit retiré du Théâtre en 1717. jL'ainée de ces trois sœurs , nommée Françoise, avoit épousé Hugues de Nefle, Comédien , & jetoit une très^-gracieuse Actrice. Elle avoit débuté .en 1708 , & mourut en 1713 , âgée de vingt-cinq ans. JElle jouoit les premiers rôle dans le Tragique & tous les rôles Comiques. La seconde (Marie-Anne) fut reçue en 1714, & quitta le Théâtre l'an 17u. La troiiieme enfin ( Jcanne-Françoise ) débuta par le rôle de Phèdre , en 1712. , sous le nom de Mlle. Dufresne, & ensuite sous celui de Quinault. C'étoit une excellente Aétrice , qui jouoit parfaitement les rôles comiques chargés. Elle se retira en même tems que Dufresne son frere.
Mlle. Quinault, célèbre au Théâtre par ses rôles de soubrette & de caraétère, répétoit quelquefois un rôle devant le miroir, non pour étudier ses mouvemens, mais pour se corriger; elle prioit ses amis de se cacher , sans qu'elle en sçût rien, & de lui dire ensuite où elle avoit manqué.
RAC RAC
ÏL A c A N , (Honorat de Beuil, Marquis de) Gentilhomme de Touraine ,où il naquit en 15 89, mourut en 1670. Il fut un des Membres les plus distingués- de l'Académie Françoise dans son éta.
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bliflement. Il a laisse quelques Poësies estimées, parmi lesquelles est une Pastorale intitulée les Sergents , ou Arttnice.
RACINE , ( Jean ) naquit en 1639, à la FertéMilon dans le Valois , où son pere, étoit Contrôleur du Grenier à Sel, Il fut Trésorier de France en la Généralité de Moulin , Secrétaire du Roi, Gentilhomme ordinaire de sa Chambre, reçu à l'Académie Françoise , & choisi par Louis XI V , pour travailler à son Hisloire. Il mourut à Paris en z699 , & voulut être enterré à Port-Royal-desChamps, où il avoit été élevé dans sa jeunesse. Lors de la démolition de cette Abbaye, ion corps fut transporté en l'Eglise de la Paroisse SaintEtienne-du-Mont , à Paris , où il est inhumé à côté de Pascal. Ses Pieces de Théâtre sont ; 1a Thébaïde , ou les Freres ennemis , Alexandre, And;-omaque , les Plaideurs , Britannïcus , Bérénice , Batajet , Mithridate, iphigénie , Phèdre & Hippulyte, Eilha, & Athalie ; il est aussi l'Auteur de l'idylle de la Paix.
Conduit par un goût toujours sur, Racine choisifloit admirablement bien tous les su jets, & aimoit mieux devoir quelque chose à sa matiere , que de risquer le succès d'une Piece , par une présomption', qui cependant lui eut été pardonnable. Son carad:ère d'esprit fin , délicat, noble , élevé & toujours soutenu , saisissoit habilement le point fixe des objets , & en distinguoit jusqu'aux nuances les plus imperceptibles. Uniquement oc-, cupé du soin de peindre la Na'ure , il ne la perdoit jamais de vue , même dans l'essor le plus rapide. Il la voyoit telle qu'elle est, & l'embellifloit sans la déguiser. On oublie le Poète; c'est la Nature qui se présente elle-même ; c'est elle-même qui s'exprime. A l'exemple des Grecs, Racine s'attachoit aux grandes pafîiçns ; mais c'est presque tÓu-
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jours l'Amour qui le met en jeu. Qu'il intéresse viy-ement , quand il paroît seul ! Qu'il s'exprime délicatement ! qu'il se développe naturellement ! Peu de personnes connoissent les ressorts qu'il emploie , tout le monde efc capable de les sentir. Foiblesses, inquiétudes, emportemens, détours cachés, secrets passionnés, rafinement du coeur , tout se dévoile à propos ; & tout prend le caractère & l'expression de l'Amour. Le ityle est tout-à-la-fois noble , magnifique , doux , agréable , élégant, naturel. La beauté de la di&ion anime & soutient celle des pensées. Les vers sont ailés , nombreux , coulans., &: répondent à la dignité de la Tragédie. L'oreille , l'esprit > le cœur sont également satisfaits. Aussi jamais Auteur n'a-t-il eu un succès plus éclatant, plus soutenu & plus durable. Dans une carrière que Corneille avoit parcouru avec tant de gloire , croyoit-on qu'il y eût encore tant de lauriers à cueillir ? Plus heureux que Corneille, Racine a joui des regrets de toute l'Europe , en finissant ses travaux dans un âge , où il pouvoit soutenir toute sa réputation , sans craindre de la diminuer. L'un ez l'autre ont également contribué à élever le Théâtre François à côté de celui d'Athènes, & au-dessus de tous les Théâtres du Monde : l'un , comme Sophocle , par la grandeur des idées ; & l'autre , comme Éuripide, par la tendresse des sentimens. On a comparé les beautés de Corneille à celles d'une Statue qui frappe par la fierté, la hardiesse, la force , la vigueur de ses traits ; & celles de Racine, à un Tableau , dont l'expression douce, tendre , délicate, naturelle, animée , charme les yeux & touche le coeur : l'un à un torrent qui s'éleve avec violence , & se précipite avec impétuosité ; l'autre à un fleuve majestueux, dont le cours paisible répand la fertilité dans les lieux qu'il arrose : Corneille , à cet aigle audacieuæ, qui se perd dans la "nue, & porte le foudre de Jupiter; Racine à une tendre colombe , qui plâne dans les airs, voltige
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dans les bois d Idali*e , & revient tramer le char de Vénus. Le premier va au cœur par l'esprit ; le second va à l'esprit par le cœur. Cette seule opposition de caraftere marque & conserve à l'un 8c à l'autre toute sa gloire, & leur allure à tous deux l'immortalité dont ils jouissent.
Dans le tems qu'on ne faisoit autre chose que des parallèles de Corneille & de Racine, Boileau lâcha cette Epigramme.
J'approuve que chez vous , Messieurs, on examine »
Qui du pompeux Corneille , ou du tendre Racine»
Excita dans Paris plus d'applaudissemens :
Mais je voudrois qu'on cherchât tout d'un tems »
( La question n'est pas moins belle )
Qui , du fade Boyer , ou du sec la Chapelle »
Excita plus de sifflemens ?
Racine avoit beaucoup de confiance aux lumieres de son ami Despréaux ; & souvent il a dit qu'il ne se croyoit pas plus redevable du succès de la plupart de ses Piéces aux préceptes d'Horace & d'Ariflote , qu'aux sages &: judicieux conseils de cet excellent Critique.
C'étoit assez la coutume de Racine', de reciter ses vers avec feu , lorsqu'il les composoit. Etant un matin aux Tuileries , il se vit tout d'un coup environné d'ouvriers quiavoient quitté leur travail pour le suivre. Ils le prenoient pour un homme qui, par désespoir, alloit se jetter dans le bassin.
RADONVILLIERS , (l'Abbé Claude de) Ex-Jésuite , de l'Académie Françoise , Auteur des Talens inutiles, Comédie, donnée au Collége de Louis-leGrand , en 1740.
RAGUENEAU , ( Marie) A&rice de la troupe de la rue Guénégaud « femme de la Grange , laide &
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coquette. Ses amours apprêtèrent à rire ; ,4 sa ridicule passion lui attira le Quatrain suivant :
: Si , n'ayant qu'un amant, on peut passer pour sage ,
Elle est allez femme de bien;
Mais elle en auroit davantage,
Si l'on vouloit l'aimer pour rien. :
RAGUENET a donné les Aventures comiques d'Arlequin.
RAISIN , ( Jean-Baptisse ) fils d'un Organifle de Troyes, né en 1656 , étoit excellent dans tous les genres comiques. Personne n'a joué , avec une si grande perfection, les rôles à Manteau , ceux des Valets brillans, des Petits-maîtres ? des ivrognes, & enfin, généralement, tous les caractères qu'il a remplis. Il étoit d'une taille médiocre , mais bien prise , beau & jouant du visage, avec un art admirable. Dans les rôles à Manteau , tels que le Grondeur , Arnolphe , &c. il avoit un air sévére & maussade ; dans les Valets , la physionomie hardie & maligne ; dans les Petits-maîtres, un air tendre , galant & libertin j enfin, c'étoit un vrai Prothée, non - seulement dans chaque rôle , mais encore dans chaque situation de les rôles. Il joignoit à ces talens supérieurs, de l'esprit, beaucoup de gaieté : il avoit un art singulier pour xéciter une Historiette ou un, Conte : il jouoit son récit, & y joignoit des graces qui lui donnoient un nouveau mérite ; aussi étoit-il répandu dans les meilleures compagnies. Cependant, tout dissipé qu'il étoit par les plaisirs, & la bonne chere qu'il aimoit beaucoup, jamais Comédien n'a fait plus d'étude sur son Art : il y rapportoit tout ; & lorsqu'il avoit saisi dans le monde quelque chose.. qui pouvoit avoir du rapport à ses rôles, il en faisoit usage 3 & même souvent il a proposé des sujets aux Auteurs qui travailloient pour le Théâtre.
On devoit représen(er une Comédie à Anet, devant Monseigneur; Railin , qui passoit pour buveur, "
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affecta de dire, tout haut, qu il avoit 10if, & d'aller à l'Office ; mais il se cacha sous une table couverte d'un tapis. Monseigneur vint ; Raiiin ne se trouva pas ; on l'accusa de goblotter ; on le chercha , mais inutilement. Son fiere vint faire des excuses pour lui. M. le Grand Prieur & M. le Comte de Brionne, qui. étoient du secret , parurent embarrassés ; enfin , Raisin ronfla ; on l'entendit ; on le tira de dessous la table ; il feignit d'être ivre ; & jouant toujours le même personnage, il dit quantité de choses qui amuserent plus que la pièce même.
Cet excellent Acteur moutut en 1693 > dans un tems où le vin manqua, & où le pain devint trèscher 5 ce qui donna occasion à cette Ëpigramme :
Quel astre pervers & malin ,
Par une maudite influence,
Empêche désormais qu'en France
On puisse recueillir du vin?
C'est avec raison que l'on crie
Contre la rigueur du dessin ,
Qui nous ête jusqu'au Raisin
De notre pauvre Comédie,
Raisin mourut pour avoir trop bu, n'ayant pas encore quarante ans. Il y avoit des tems , dit-on > qu'il auroit donné sa femme pour une bouteille de vin de Champagne. Il avoit épousé la Demoiselle Longchamp , ( Françoise Pitel ) qui débuta en même tems que lui, & quitta le Théâtre en 1701.
RAISIN, ( Jacques ) frere aîné du précédent 9 jouoit les seconds rôles dans le tragique & les Amoureux dans le Comique. Il quitta le Théâtre en 1694 f & mourut quatre ans après. Il avoit composé quatre Comédies, qui ont été représentées & non imprimées 3 sçavoir , le Niais de Sologne, le Petit hommè de la Foire , le Faux Gascon & Merlin Gascon.
RAISSIGUER , naquit à Alby en Languedoc , vers
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la fin du seizieme siecle, & embrassa la Profession d'Avocat : il s'attacha aux Grands, & fut sur tout protégé par le Duc de Montmorency. Le genre dans lequel il a travaillé, & ses sujets, dont le fond est toujours le même, peignent en partie son caractère il commença par accommoder au Théâtre François l'Aminte du TaJJe : il fit ensuite les Amours d'Astrée , la Bourgeoise , Palinice , la Pastorale de Calirie oii l'Élidée, & le Rendet -vous des Tuileries.
Ce Théâtre n'est qu'un Recueil d'Aventures Rotnanesques, dont toute la morale est en maximes galantes; &F Auteur est entre les Poëtes Dramatiques, ce que Durfé est parmi les Romanciers. On prétend qu'une infortune amoureuse le porta à travailler pour le Théâtre. Il n'eH: pas étonnant qu'il ait toujours choisi des sujets tristes & conformes à sa iituation. En peignant des Amans rebutés & des maitresses cruelles , il se retraçoit sa propre aventure. Quant à sa manière de tràiter l'amour, il a suivi le goût de son liecle. On admiroit alors ces fades Romans, qui, jusqu'à Boileau , ont infeaé la littérature. Le ton qui y régnoit, s'étoit répandu dans les sociétés : un vain jargon de galanterie, mêlé d'équivoques & de jeux de mots, étoit le langage à la mode. Ses vers sont assez coulans , assez purs ; mais son style est hérissé de pointes & d'anthithèses. On trouve ordinairement dans ses pièces beaucoup d'intrigue , .mais peu d'Art ; il y a même des fautes groffieres contre les régies, qu'on ne sçauroit rejetter sur l'ignorance de son siécle : le Théâtre commençoit alors à sortir de la Barbarie, d'où le tiroit le génie du grand Corneille.
RAMEAU , ( Jean-Philippe ), fils de Jean Rameau
& de Claudine Martincour, naquit à Dijon le Octobre 1683; son goût pour la musique le conduisit très-jeune en Italie ; il fut long-tems Organifle à Clermont en Auvergne, & ensuite à Paris, à Sainte-
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Croix de la Bretonnerie. Unereprésentation de l'Opéra de Jephté développa en lui le talent iingulier qu'il avoit pour la composition -, talent qui s'étoit déjà manifesté par plusieurs piéces de Clavessin qu'il avoit composées, soit dans la Province, soit à Paris. On sçait que ces dernieres eurent, dans leur nouveauté, le plus grand succès, & n'ont encore rien perdu de l'eHime des vrais connoisseurs. Mais appelle par son génie à un genre plus élevé , il s'adressa à l'Abbé Pellegrin qui lui donna la Tragédie d'Hippolyte & Aricie ; c'est le premier ouvrage de ce genre qu'il mit en Musiques & dont le succès fut suivi de plus de vingt autres, dont voici la liste : les Indes galantes , Caflor & Pollux, les Fêtes d'Hébé, ,Dardanus, les Fêtes de Polymnie , le Triomphe de la Gloire , les Fêtes de l'Hymen 6* de V Amour, Zaïs , Naïs , Platée, le Temple de la Gloire, Pygmalion , Zoroaflre , Acanthe & Céphise, la Guirlande, Daphnis 6' Eglé , Lisis & Delie , les Sibarites, la Naissance d'Osiris, la Fête de Pamilie, les Surprises de l'Amour, les Paladins.
Rameau avouoit avec une noble franchise, qu'il avoit été redevable de beaucoup de lumieres sur son Art, au célèbre Marchand , Organiste des Cordeliers de Paris : mais on ne peut lui disputer la gloire d'avoir prêté à l'harmonie de nouvelles forces. Il éclate un génie supérieur dans la plupart de ses symphonies, dans les chœurs, dans les morceaux de Chant mesuré ; & presque tous ses airs de danse nous ont été enviés par l'Italie même. Cet habile Artiste avoit pris , dans le goût Italien , ce qu'il y avoit trouvé d'excellent. Il s'est rencontré avec le genre des Pergolèze, des Correlli, &c. C'étoit un violon à la main que Rameau composoit ordinairement sa Musique. Quelquefois il se mettoit à son Clavessin ; mais lorsqu'il étoit au travail, il ne souffroitpas qu'on l'interrompît ; & malheur à l'indiscret qui perçoit alors jusqu'à lui. Jamais cet Artiste n'a eu de Maître -de Composition ; il l'a apprise de lui-même ; il étoit
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réellement dans 1 enthousïasme en composant: il se livroit à une gaieté déclamatoire, lorsque son génie le servoit à son gré , & à une espéce de fureur chagrwe,;s'isse refusoit à ses
La représentation d'Hippolyte & Aricie devint une époque pour la Nation: elle excita ,dans les esprits une fermentation générale , effet ordinaire de tous les bons Ouvrages. Tout le monde prit parti pour ou contre ce nouveau genre de Musique , avec une espéce de délire : mais le concours des Spectateurs ne diminuoit point; & malgré la prévention, la jalousse & la haîne, le génie de Rameau prévalut. A chaque production qu'il donna depuis au Théâtre, on vit renaître les mêmes mouvemens, la même affluence & le même succès : personne ne se tint dans l'indifférence : on admira avec transport, où l'on critiquoit avec fureur ; & la réputation de l'Auteur, affermie par cet Ouvrage meme , prenoit toujours des racines plus,profondes. H
Rameau mourut en 1764 , & fut enterré à Saint Eustache , la Paroisse : l'Académie royale de MuCique fit célébrer pour lui, dans l'Eglise de l'Oratoire > un service solemnel aux frais de ses Directeurs : l'affluence fut prodigieuse : plusieurs beaux morceaux , tirés des Opéra de Caslor &: de Dardanus , furent adoptées aux prieres qu'il est d'usage de chanter dans cette cérémonie , & firent verser des larmes , en rappelant aux Spectateurs les talens de l'homme illustre que la Nation venoit.de perdre. *"
RAMPALE , Auteur de Bélinde & de Dorothée.'■ -r -
REBEL , ( M. Jean Feri ) Compositeur & premier Violon des 24 de la Chambre du Roi, étoit né à Paris en 1669. Dès l'âge de 8 ans, il jouoit du violon à St.-Germain-en-Laye, aux Opéra représentés de-
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vant le Roi. Un jour, à une répétition générale, faite en présence d'une partie de la Cour , Lulli s'étantapperçu d'un gros rouleau de papier de Mutique , que le petit Rebel avoit dans sa poche , le prit & l'ayant développé , vit que c'étoient les parties d'un A été d'Opéra, de la composition de cet enfant. Curieux d'entendre une production aussi précoce , Lully engagea son auditoire à rester , 6c dit au petit Rebel de distribuer les Rôles & les parties de cet Acte , & de le faire exécuter. On dresla une table dans l'Orqueflre , sur laquelle on le fit monter pour battre la mesure; & l'on parut très-content de sa Musique. Quelques années après , il entra dans l'Orquestre de l'Opéra, où d'abord il joua du violon; ensuite, il fut Accompagnateur de Clavessin ; & en 17 14 , il devint Batteur de Mesure. Il a fait l'Opéra d'Ulysse , & plusieurs symphonies exécutées à l'Académie royale de Muiique, scavoir , le Caprice , morceau qui lui fut demandé pour la sérénade que l'Académie donne au Roi tous les ans à la Saint - Louis , aux Tuileries ; il eut un succès prodigieux; & on le redonne depuis, de tems en tems à l'Opéra, pour réveiller le Spectacle , quand il languit. La Demoiselle Prévôt imagina de danser cette symphonie ; ce qui donna lieu à Rebel d'en composer d'autres , telles que la Boutade , les Caractères de la Dan/e , la Terpstcore, la Fantaisie ou le Pas de trois , les Plaisirs Champêtres , ou le Pas de six , & les Elétnens , précédés du Cahos. Rebel est mort à Paris en 1747 , âgé d'environ 78 ans.
REBEL , ( M. FrançJis) fils du précédent , Chevalier de l'Ordre de Saint Michel , Surintendant de la Musique du Roi, Administrateur-Général de l'Académie royale de Musique, dont il a été long-tems Dire&eur , a donné , conjointement avec M. Francœur , avec lequel il a toujours travaillé, les Opéra de Pyrame & Thisbé , de Tarfîs & Zélie , de Scander berg , le Ballet de la Paix , les Augustales , la Féli-
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cité , ismène dans les Fragmens , les Génies Tutelaires , Zélindor , le Prince de Noisy.
REGAGN AC, , ( Valet de) né à Cahors, connu par différentes Poésies, & pour avoir remporté les Prix du Discours à Toulouse en 1752., est Auteur d'une Comédie intitulée, les Sabots changés en Astres.
REGNARD , ( Jean-Francois ) fils d'un Marchand Epicier de Paris, naquit en 1657 : il fut reçu Trésorier de France au Bureau des Finances de la même
Ville. Il avoit voyagé dans sa jeunesse en plusieurs Cours de l'Europe, dont il a donné des rélations. Ayant été pris sur un Vaisseau Anglois par des Pirates Algériens,il fut vendu quinze-cents livres. Son Patron le mena à Constantinople ,où il fut long-tems Esclave. Sa famille lui envoya de qùoi payer sa rançon; & il re•, vint en France avec ses chaînes, qu'il conserva toujours dans son cabinet, pour se rappeller incessamment ce tems de disgrace. Il est mort à sa Terre de Grillon, près de Dourdan, en 1709. Les Comédies qu'il a données au Théâtre François, sont la Sérénade , le Joueur, le Bal , le Diflrait, Démocrite , les Folies Amoureuscs , les Menechmes, le Retour imprévu , le Légataire & la Critique du Légataire. Celles qui furent jouées au Théâtre Italien , sont le Divorce , la Descente de Méçétin aux Enfers , Arlequin homme à bonnes fortunes, la Critique de cette Piece , les Filles errantes , la Coquette, la Naissance d"Amadis. Il a composé avec Dussé'ny , les Chinois , la Baguette de Vulcain, la Foire Saint-Germain, les Momies d'Egypte. Il a de plus donné à l'Opéra, le Carnaval de Venise. On con-. noît encore de lui troisPieces qui n'ont point été représentées ; sçavoir, les Souhaits , les Vandanges , & la Tragédie de Sapor.
On voit par ce dernier titre, que Renard entreprit de chantier le Cothurne , & de joindre aux jeux de T&alie, les fureurs de Melpomène ; mais il sentit que
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la route de Corneille lui étoit moins familiere, que. celle de Moliere. On en juge de même par la lecture de la Tragédie de Sapor, qui ne mérite pas même qu'on en releve les défauts. Heureusement pour l'Auteur, la Piece n'a jamais paru au Théâtre., Celui de l'Opéra étoit plus analogue à son génie ; il y fit jouer le Carnaval de Venise. Tous les speétacles que çette Ville offre aux Étrangers pendant ce tems de divertissement, sont ici réunis. Comédie , Opéra ,, Concerts, Jeux , Danses , Combats, Mascarades ; tout cela se trouve lié à une petite intrigue amoureuse , amusante , bien écrite. Renard peut également compter sur le suffrage de ses Lecteurs pour son genre de comique , qui le rend, en quelque sorte , l'émule du Prince de notre Comédie. Moliere & Regnard sont, dans ce gence , ce que sont Corneille & Racine, pour le tragique François; personne n'a ' porté plus loin que notre Poète, le genre de l'imi' tation. Fier de Ion talent, il eut la noble émulation & l'heureuse hard'iefre de prendre pour modèle un homme inimitable, de courir avec lui la même carriere , & de prétendre partager les lauriers, comme il partageoit ses travaux. Quelle que soit la distance qui se trouve entre ces deux Poëtes, la postérité placera toujours Regnard après Molière , & lui conservera la gloire d'avoir parfaitement imité un homme qui auroit pu servir de modèle à toute l'antiquité : « Qui ,, ne se plaît pas avec Regnard, dit M. de Voltaire , y, n'est point digne d'admirer Molière,,. Au rette, je ne prétends point le restreindre au talent médiocre d'une imitation servile ; quelqu'admirable qu'il soit, quand il marche sur lestas du premier maître de l'Art, il ne l'est pas moins, quand il suit les sentiers qu'il ôse lui-mêtpe se tracer. Combien d'idées, de traits, d'incidens nouveaux embellirent ses Poëmes! Il conduit bien une intrigue, expose clairement le sujet ; le nœud se forme sans contrainte ; l'avion prend une marche réguliere; chaque incident lui donne un nouveau degré de chaleur ; l'intérêt croit jusqu'à un déi
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nouement heureux , tire du rond même de la Piece. Ce n'est point d'après des idées qui ne sont que dans son imagination, qu'il forme ses caractères & trace ses portraits5 il les cherche parmi les vices, les dé. fauts, & les ridicules les plus accrédités; il avoit sous les yeux les originaux qu'il copioit ; c'étoient leurs 9 mœurs, leur ton , leur langage , qu'il peignait d'après nature. Son esprit gai ne prenoit des hommes, que ce qu'ils avoient de plus propre à fournir d'heu. reuses plaisanteries. Sa Comédie du Joueur peut être comparée aux meilleures Pieces de Molière, qui n'auroit pas même désavoué le Diflrait, Démocri te , les Ménechmes , le Légataire univeijel, & plusieurs Scènes des petites Pieces. On pourroit, peutêtre , lui reprocher d'avoir trop grossi les traits ; de mettre souvent en récit ce qui vient de se passer sur la Scène ; d'avoir peu soigné sa verfitkation , qui , à force de vouloir être aisé & naturelle, devient quelquefois négligée , traînante & prosaïque.
REGNAULT , ancien Auteur de deux Tragédies ; sçavoir, Marie Stuard & Blanche de Bourbon.
RELLY , l'Heureux Divorce.
REMOND DE STE ALBINE, (M. Pierre) né à Paris en 1700 , de l'Académie des Sciences & Belles-Lettres de Berlin , ancien Auteur de la Gazette de France & du Mercure, a fait deux Comédies, dont l'une est l'Amour au Village , l'autre la Convention téméraire.
RENARD , Maître de Musique de la Chambre de la Czarine, a composé la Muiique du Cuvier , Opéra comique.
RENÉ D'ANJOU, Roi de Naples & de Sicile, &: Comte de Provence, avoit un goût extraordinaire pour tous les Beaux-Arts. Il aimoit éperduement la
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Poésie & la Peinture, &: fit une quantité prodigieuse de Vers & de Tableaux. Il ornoit, des uns & des autres , les Appartemens de ses Palais & les Chapelles des Eglises : mais sa grande passion étoit de faire représenter quelqu'uns de nos mysteres, pendant les Processions des F êtes solemnelles. Il n'épargnoit» pour cela, ni dépenses, ni soinsj il s'en faisoit une occupation si sérieuse, qu'étant en Provence , & ayant reçu des lettres du Prince de Calabre, son fils, qui lui demandoit un prompt secours, il écrivit , pour toute réponse, qu'il avoit bien autre chose à faire, &: qu'il travailloit actuellement ji régler la marche d'une Procession. ^ " 1 ; ''
RENouT ; ( M. Jean-Julien-Constantin. ) né à
Honfleur, en 2715 , a donné les Couronnes ou 1, mant timide , Zélide , la Mort d'Hercule , le Capiice & le Fleuve Scamandre."
RÉTIF , (M.) la Cigale & la Fourmi, Fabie dramatique , le Jugement de Paris. Ces deux Pieces ont été jouées par des enfans, sur des Théâtres particuliers.
RiBOU, fils d'un Libraire de Paris, débuta au Théâtre François en 1747, par le Rôle d'Orejle, dans la Tragédie d'Electre , fut reçu en 1748, s'est retiré en 1750, joue dans les Pays Étrangers. .
Riccoboni , (Louis) étoit Modénois , & fils d'un Comédien ciièbre. Il fut chargé par M. le Régent, de former en Italie une Troupe de Comédiens de cette Nation, qu'il amena en France en 1716, & parmi lesquels il a joué long-tems lui-même sous le nom de Lélio. Quoique les graces françoises manquau'ent à cet Asseur , son air sombre servoit à peindre les passions tristes & outrées ; aussi jamais personne ae les a-t-il mieux caraâériséeî. C'étoit d'ailleurs
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un homme d'esprit & de mérite ; & il a composé un grand nombre de Pieces Italiennes, & d'autres mêlées de Scènes Françoises. Il a aussi donné un Recueil des anciennes Pieces de sa Nation, avec d'autres Ouvrages relatifs au Théâtre. Ses Comédies sont le Pere partial, Diane & Endimion , l'Italien marié à Paris , sans compter la Désolation des deux Comédies » le Procès des deux Théâtres , & la Foire renaissante, composées en société avec Dominique. S'étant retiré , ainsi que sa femme & son fils, avec la pension, Riccoboni alla à la Cour du Duc de Parme, qui lui donna l'Intendance de sa maison ; mais à la mort de ce Prince , il revint en France , où il mourut en 1753, âgé de 79 ans.
RiccoBONi , (Madame Hélène Virginie Balletti , femme de Louis ) dite Mlle Flaminia, naquit à Ferrare en 1686. Elle fut destinée de bonne heure à parcourir les différens Théâtres de l'Italie , où la prÕfeffion de Comédien ess aussi peu sédentaire que lucrative , quoique ce pays ait seul conservé , dans tous les tems, l'idée des anciens jeux Scéniques. Le célèbre Baron disoit plaisamment, qu'un Comédien devroit être élevé sur les genoux des Reines. Ce ne fut pas là le sort de la Dile Ballettî ; mais ses parens, presque tous Comédiens eux-mêmes, pénétrés de tous les talens que demande leur profession , lui donnèrent une éducation qui devoit la mettre au-dessus du plus grand nombre de ses égales. Elle y répondit au-delà de leurs espérances ; & dès sa plus tendre jeunesse , elle passa pour une des meilleures Aftrices de son pays. Louis Riccoboni , déjà Diredbeur de Troupe à l'âge de ans , plein du desir de rappeller sur les Théâtres d'Italie , le goût qu'ils avoient perdu , vit dans les divers talens de la Dlle Balletti, un des moyens qu'il devoit employer pour l'objet qui l'occupoit. Il la demanda en^mariage , & l'obtint de ses parens. Les efforts de ces deux époux, réunis pour ramener la bonne Comédie >
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médie, ou plutôt pour dégoûter leur patrie de la farce misérable , qui osoit s'y présenter sous ce nom » furent moins heureux qu'ils ne l'a voient espéré. En vain Riccoboni avoit-il traduit, dans sa langue , une bonne partie des pieces de Moliere 3 la Comédie à masqués triomphoit toujours , & resta, çomme il le dit dans son Hiitoire du Théâtre Italien , la. seule Maîtresse du Champ de bataille. Ce dégoût, auquel sa femme n'étoit pas moins sensible , leur fit accepter, avec plaiiir , l'offre qui leur fut faite en 17 16 , de venir à Paris établir leur Troupe surie même Théâtre, que la Police mécontente avoit fermé, sur la fin du siecle précédent, à une autre Troupe Italienne. Ce ne fut pas tans avoir bien à combattre , que ce nouvel établissement put se consolider à Paris. Scaramouche, à la honte de cette Ville, avoit long-tems balancé les succès de Molière ; mais il est des caprices qu'il ne faut qu'interrompre , pour en faire sentir le ridicule ; & c'efl: ce qui étoit arrivé à l'égard des Farces étrangères, dont le Public étoit déshabitué. On rendit justice aux talens de Riccoboni & de la Demoiselle Flaminia ; & voici le portrait qu'on fit de cette derniere, dans des Lettres Hifloriques sur les Speétacles.
« Flaminia , épouse de Lélio , est bien faite , 35 mais fort maigre. C'est une femme de beau3, coup d'esprit & grande Comédienne. Une 3) preuve de son bel esprit , c'est qu'elle est i,) des Académies de Rome, de Ferrare , de Bou5) logne & de Venise. Elle a plusieurs belles con« noissances- acquises ; mais celle de son mérite semble ne lui être pas échappée. Elle joue ses 3> rôles en perfection : on ne peut pas mieux en3) trer qu'elle, dans les sentimens qu'ils exigent. 3î Elle est non-seulement très-habile pour expri3î mer ses sentimens ; mais elle peut encore, par « sun esprit, en produire autant de convenables
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i) qu'il lui plaît ... Comme il n'est point d'Ac- % » teurs parfaits, Flaminia n'est pas sans défauts.. 31 Par exemple , elle a la voix aigre, & par conséquens désagréable ; & je voudrois qu'elle pût se défaire d'un .air dç capacité qui ne plait
» &c. »
La lecture du Mércator & du Rudens de Plaute , inspira à Mlle. Fiaminia , l'idée d'une Comédie intitulée le Naufrage. Le succès n'en fut point heureux. Trois ans après, elle s'associa avec Delisle , déjà célébre par son Arlequin Sauvage ; mais la Tragi-Comédie qu'ils donnerent ensemble sous le titre d'Abdilly , Roi de Grenade , n'eut qu'une Repré sensation. Dégoûtée par cette double chute, la Dlle. Flaminia ne s'occupa plus que de sa retraite, qu'elle fit avec son mari en 1733, dans laquelle elle a passé ,9 ans , dans le silence & dans la pratique des vertus, qui l'ont conduite à une mort douce & chrétienne, arrivée le 30 Décembre 1771.
RICCOBONI , ( Francois ) fils des deux précédent, né à Mantoue en 1707 , débuta au Théâtre Italien en 17*6, dans la Surprise de £ l'Amour, , par le rôle de Lélio. Il se retira avec son pere ; mais le Public eut la satisfaction de le revoir, & l'a toujours vu depuis avec plaisir , jusqu'à l'année 17*0 , qu'il quitta une seconde fois. Il reparut cependant encore en 1758. François Riccoboni, qui , comme son pere , avoit pris au Théâtre le nom de Lélio, a fait depuis plusieurs pieces, seul, telles que les Effets de l'Eclipse , Zéphire & Flore , le Sincere à contre-tems , la Parodie d'Hippolyte & Aricie , les Heurcuses fourberies , la Parodie de Phaéton, le Prince de Surêne , la Rancune , le Prétendu , les Caquets , Quand parLra - t - elle ? les Bojjus Rivaux , & vingt trois autres en société avec Dominique & Romagnéli , qu'on peut voir à l'article de ceS, deux Auteurs. Il a aussi com-
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pôle un Ouvrage sur ion Art, après lequel il vécut dans une espeçe de retraite philosophique , jusqu'à sa mort arrivée en 1772.
RICCOBONI , ( Madame Marie Laboras de Mezieres , épouse de Francois ) est née à Paris, & a été une Actrice très-agréable , qui a débuté avec sucçès au Théâtre Italien, par le rôle de Lucile, dans la Surprise de l'Amour, en 17 34, & s'est retirée en 1761. On prétend qu'elle a composé les Scenes Françoises du Prince de Salerne, & les deux premiers A&es de la Comédie des Caquets. Mais ce qui fait sur-tout la grande réputation de Madame Riccoboni, ce sont les Romans excellens qu'elle a donnés, depuis qu'elle a quitté le Théâtre. On a. d'elle aussi les tradu8:ions de plusieurs Pieces An..glosses, intitulées l'Enfant trouvé, la Façon de le fixer9 la Fausse délicatesse , la Femme jalouse , il est possédé.
RÏCHEBOURG , (Madame la Grange de) est réputée çtre l'Auteur du Caprice de l'Amour & de la Pupe de soi-même.
RICHELIEU , (le Cardinal de ) a eu part, diton , à Europe , Mirame , &ç.
RICHEMONT BANÇHEREAU, né à Saumur en 1612., Avocat au Parlement , a donné l'Espérancc glorieuse , & les Passions égarées.
RICHER, (Henry) né au Bourg de Longueil i auprès de Dieppe , Avocat au Parlement de Rouen , mort à Paris en 1748 , âgé de soixantetrois ans. Parmi plusieurs Ouvrages estimés dans différens genres, tels que des Fables, &c , il a aussi composé deux Tragédies, Sabinus & Coriolarp.
RIEUSSET , ( Martin) Auteur d'une Comédie ntitulée, la Populace émue. \
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RiVAUDEAU , ( André du) Gentilhomme du
Bas-Poitou , a fait une Tragédie d'Aman.
RIUPEROUX , ( Théodore ) naquit à Montauban en 1 664. Son goût pour les Beaux-Arts , son talent pour la Poésie, la Tragédie de Maléagre, qu'il fit dans sa premiere jeunesse , & la grande connoissance qu'il avoit des Médailles , lui acquirent l'estime & l'amitié de M. Foucault , Intendant de Montauban ; & ce fut, en partie, par les conseils de ce Magistrat, qu'il abjura la Religon Calvinirte, & qu'il prit l'habit Ecclésiastique. M. Foucault le mena à Paris , & le présenta au Pere de la Chaise , Confesseur de Louis XIV , à qui il dédia un Poëme françois , intitulé l' Ame des Bêtes, qu'il lui présenta avec son traité des Médailles. Ce Jésuite fut si content du traité & du
Poëme , qu'il le nomma à un Canonicat de Forcalquier ; mais M. de Barbezieux lui fit quitter l'état Ecclésiastique , & lui donna une place de Commissaire des Guerres. Il mourut à Paris en l'année 1706. Ses autres Tragédies sont Annibal, Valerien , Aggrippa , HypetmneJlre. Il est Auteur des .Vaudevilles dés Comédies de Dancourt.
Riupéroux a été Secrétaire du Marquis de Créqui. Ce Seigneur, qui devoit jouer chez Je Roi, avoit mille louis qu'il destinoit pour cela ; & comme il craignoit de ne pouvoir pas les garder pour cette cccasion , il les mit entre les mains de Riuperoux, avec ordre de ne les lui donner , que quand il serbit question d'aller jouer. Riuperoux les joua lui-même, & les perdit.
Barbezieux ayant dépouillé Riuperoux de l'habit Écclésiastique au milieu d'un repas , persuadé , sans doute, qu'il n'étoit pas a appellé à cet état , Gacon composa, sur cette Aventure, l'Épigramme suivante.
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Certain Abbé, las de passer sa vie
Et sans verre &.sans Abbaye,
Brigue , obtient dans l'épée un porte bien renté;
Et Barbezieux, par cette grace .
Délivre en même-tems l'Eglise & le Parnasse
D'une grande incommodité..
RoBBE t ( Jacques ) né à Soissons en 1645, fort versé dans la Géographie, dont il a fait un traité, & mort à Paris en 17*1, a publié , sous le nom de Barquebois qui est son Anagramme, une Piece intitulée l'Intéressé.
ROBE LIN , ( Jean ) natif de Bourgogne , a donné en 1584, une Tragédie de la Thébdide.
ROBERT , Auteur peu connu d'une Tragédie imprimée en 1711, sous le titre de la Mort d'Anthiochus.
ROBIN , ( Paschal ) Sieur Dufour , Angevin ,
Auteur en 1572, de la Tragédie d Arsinoé.
ROCHARD DE BOUILLAC , (M.) né à Paris, Aéteur rétiré du Théâtre Italien , où il fut reçu, en 1740, pour les rôles d'Amoureux & pour le Chant. Il avoit paru auparavant à l'Opéra.
Rochard, en chantant , sur de plaire ,
Nous prouve bien senfiblcment,
Que la voix est moins nécessaire ,
Que le goût & le sentiment.
ROCHOIS , ( Marie le ) née à Caen, vers l'a'n 1650, a été la plus parfaite Aétrice 9 pour la déclamation J, les sons, les entrailles & l'intelligence , qui ait paru à l'Opéra. Reçue , pour la beauté de sa voix, en 1678 , elle commença à se faire connoître dans le rôle d'Aréthusè & dans Proserpine en 1680. Taille médiocre , peau brune , & figure com-
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mune hors du Théâtre y mais beaux yeux & pleing d'expression. Foyet ARMIDE.
L'Abbé de Chaulieu adressa ces vers à Mlle. le Rochois , après qu'elle eut joué , pour la premiere fois, en 1686, le rôlé Û'Atmide.
Je fers , gtact à l'amour , tfne aimable Maitresse,
Qui sçait , sous cent noms différens ,
Par mil te nouveaux agrémens ,
Réveiller, tous les jours, mes feuk & ma tendresse.
Sous le nom de Thêone , élie sçait m'enflammer : Arcabonne me plaît; & j'adore Angélique.
Mais quoique sa beauté, sa grace soit unique,
Armide vient de Mt charger. ........ ï
Sous ce nouveau déguisement,
Je trouve à mon Iris une grace nouvelle.
•Put-il , depuis qu'on anne , un plus heureux Amant?
Je goûte, chaque jotrr, dans un Amour fidele,
Tous les plaisirs du changement.
On a mis en Chant d'autres Ver à de l'Abbé de
Chaulieu, à cette même Actrice y que nous allons encore rapporter.
Vous avez reçu des Cieux
Tout ce qui peut rendre aimable j
Une voix incomparable,
Et mille dons précieux :
Mais dans un plaisir extrême , '
C'est un tourment sahs égal ,
De trouver » quand on vous aime ,
Tout Paris petit son Rival.
On trouve un Éloge fort étendu de cette célébre Actrice dans le Mercure de France du mois de Novembre 1718 , terminé par une longue Piece
(Je Vers , qui commence ainsi :
Atft fons de votre voix, t'ame la plus ftnpide «
^Des transports les plus vifs se sentoit agiter :
Le Spectateur toujours avide ,
Au gré de vos acccns, se lai1Toit transporter ;
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Et les tendres fureurs d'Arcabonne & jd'Armide •
Sans vous , auraient moins eu l'art de nous
Mais vous savez p us que chanter :
Quand vous parlez, la sagesse vous guide *
Rochois; & pour vous écouttr, ^
On voudroit pouvoir arrêter - ; .h
Du tems impétueux la couffe trop rapide &c. :
La douceur des mœurs de Mlle, le Rochois égalait ses talens : elle n'avoit point ce sot orgueil , dont sont ennivrées si souvent les personnes un peu supérieures aux autres. Elie donnoit des conseils aux Actrices qui la confuîtoient, sans jamais se laisser aller à la balle jalousie d'envier les applaudissemens que méritoient celles qui on brillé depuis sa retraite. Elle étoit tendre amie, avoit une probité exaéte , beaucoup de candeur , & le plus pur désintéressement. Ces rares qualités lui attirerent l'estime consiante de tous ceux qui savent sentir le prix des bonnes mœurs réunies aux grands talens. Elle joignit à toutes ces vertus morales , une patience chrétienne dans les longues souffrances qui procédèrent sa mort, arrivée f» 1718. *
ROCHON DE LA VALETTE , de Paris, mort jeune en 1755, Auteur de l'ÉcOle des Tatturs- '
ROCHON DE CHABANNES , ( M. ) frere du précédent , né à Paris > a donné à l'Opéra Comique , la Coupe enchantée , les Filles, la Péruvienne ; au Théâtre Italien , le Deuil Anglois ; au Théâtre François, Heureusement, la Manie des Arts , les Valets Maîtres de la Maison , Hilas & Silvie , les Amans généreux. * t
RODOLPHE , ( M. ) Auteur de la Musique de l'Aste d'Ismenor.
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ROMAGNÉ'SI , ( Jean-Antoine ) né à Namur , d'une famille originairement Italienne, étoit petitfils d'Antonio Romagnési, dit Cinthio , Comédien de l'ancien Théâtre Italien. Il perdit son pere fort jeune ; & sa mere s'étant remariée, son beau-pere le traita si durement, qu'il prit le parti de s'engager. Il n'éprouva pas, de la part de son Capitaine, plus dè bonté que dans la maison paternelle ; &, comme son Régiment n'étoit pas éloigné de la Savoie, le jeune homme, désespéré des mauvais traitemens qu'il essuyoit de toutes parts , se réfugia sur les terres du Roi de Sardaigne. Il ne tarda pas à se repentir du parti qu'il venoit de prendre ; & se rapprochant de France , par les montagnes de Suiffe, il écrivit au célébre Quinault, qui jouoit alors la Comédie à Strasbourg , lui détailla ses malheurs , & l'engagea à le tirer d'embarras. Quinault fit réponse , qu'étant sur le point de faire un voyage à Bâle , où il devoit arriver un tel jour, Romagnét] n'avoit qu'à s'y rendre ; & qu'e là , ils prendroient ensemble les arrangemens nécessaires pour la sûreté du jeune fugitif.
- Arrivé aux Portes de Bâle , dans un équipage très-délabré , Romagnési apprit que les Magistrats ne permettoient point l'entrée de leur Ville à ceux qui venoit du côté de la Savoie ; & , dans ce nouvel embarras, voici par quel expédient il trompa la vigilance des gardes. A quelque distance de Bâle , il rencontra un petit garçon qui gardoit les cochons. Romagnési lui donna quelques sols qui lui restoient , pour l'engager à lui confier son emploi , & le soin de ramener les cochons dans la Ville. Il n'eut point de peine à obtenir ce qu'il demandoit ; & comme il étoit fort mal mis, il :'passa avec sa troupe, sans qu'on se doutât qu'un autre que lui en fût le gardien.
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Il apprit à la Poste, que Quinault n'arrivoit que le lendemain ; & ce fat un autre embarras pour trouver une Auberge : par tout où il se présentoit, on refusoit de le recevoir à moins qu'il ne payât d'avance ; &, par malheur, il n'avoit plus le sol : ses habits étoient dans le plus mauvais état ; & enfin , il étoit sur le point de coucher dans la rue, si le hasard ne lui eût procuré la rencontre d'un Boulanger, qui, sur sa physionomie, répondit de payer pour lui. L'arrivée de Quinault le mit en état de satisfaire | son Hôte. Il le fit habiller, le mena à Strasbourg, & lui persuada que son unique ressource de voit être désormais de jouer la Comédie. Le seul point embarrassant étoit la désertion 3 mais Quinault avoit des connoissances qui se chargèrent d'obtenir son congé ; & bientôt toute crainte fut dissipée par la publication d'une amnistie.
Romagnési débuta avec succès a Strasbourg ; &, deux ans après , il vint remplir à Paris les rôles d'Amoureux dans la Troupe d'O&ave , aux jeux de la Foire , où il fut fort goûté. C'est à ce Théâtre, qu'il *fit paraître ses premiers talens pour la Composition, &: donna Arlequin au Sctbat. Oétave ayant cessé l'entreprise de la Foire , Romagnési s'engagea dans des Troupes de Province , & joua à Marseille , où il fut constamment applaudi , & comme Adteur & comme Auteur. II y fit représenter les Pèlerines de Cythère, &la Critique des Comédiens de Marseille ; ce dernier Ouvrage est rempli de traits plaisans sur les Acteurs, dont la plupart ont été reçus depuis Comédiens du Roi à Paris, & s'y sont diflingués.
En 1718 Romagnési quitta la Province & vint débuter aux François par le rôle de Rhadamiiic. Il joua ensuite dans le Misanthrope ; mais il ne fut pas reçu. Cette petite disgrace lui fit prendre
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le parti de retourner en Province , où il ne cessoit de se distinguer, soit par son jeu , soit par une foule de petites Comédies, bonnes, sans doute , pour les Spectateurs devant qui elles étoient représentées ; mais ne pouvant soutenir les regards de la Capitale , elles n'ont été ni recueillies ni imprimées. Enfin, en 1725 , il revint à Paris ; & ayant débuté aux Italiens par le rôle de Léliodans la Surprise de F Amour , avec beaucoup d'intelligence, il sist reçu avec d'autant plus de plaisir, que le Public & ses Camarades se flatterent qu'il enrichirait leur Théâtre de ses Productions , en même tems qu'il lui seroit utile par son jeu. Romagnési ne trompa pas leurs espérances 3 & il composa seul , ou en société, un grand nombre de Comédies, qui ont eu presque toutes du succès. Telles furent, pendant les dix-sept dernieres années de sa vie , les occupations de ce Comédien, c'est-à-dire , jusqu'en 1742, qu'étant à Fontainebleau , où il devoit jouer à la Cour, il mourut à un retour de promenade. Cette mort prompte a. fait dire à M. de Voltaire , qu'il avoit été enterré dans un grand chemin. C'est une erreur que nous nous trouvons obligés de relever. Il fut transporté à Paris la nuit sui vante y dans sa, maison , rue St. Denis : on lui fit un convoi honorable , où tous ses parens, ses amis , 8c plusieurs de ses voisins assisterent ; & il fut inhumé dans la cave : les registres de St. Sauveur , sa Paroisse , en font foi ; & les héritiers ont la quittance de l'enterrement du 14 Mai 1741 , écrite & signée du Vicaire.
Romagnési étoit grand , assez bien fait, & avoit de l'embonpoint. Il jouoit dans tous les genres avec esprit ; mais il s'étoit réservé certains rôles qu'il rendoit avec plus d'avantage & de succès, tels que Samson , Timon , Démocrite , &c. Il excellait dans ceux d'ivrogne & de SuifFe. Il a beau-
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coup contribué à soutenir son Théâtre; & c'est là la cause de la précipitation avec laquelle il étoit obligé de travailler , lorsque, faute de nouveautés, ce même Théâtre languissoit par la. cîisette des Speftateurs. Il tâchait d'en ramener par quelques Pieces nouvelles , qu'il ne se donnoit pas le tems de perfectionner. Il composoit souvent en société avec deux ou trois amis, tels que Riccoboni & Dominique, &c. Dans huit jours il fournissoit une Piece aux Comédiens, & sur-tout une Parodie , genre où il a presque toujours réussi. On a fait ces quatre Vers sous son portrait.
Combien sensé , Parodia plaisant;
En traits fins & légers Romagnési fertile »
Couvrit les plats Auteurs d'un ridicule utile.
Qu'on doit le regretter dans le siecle présent!
Les Pieces que Romagnési a données , sont Arlequin au Sabat , la Critique des Comédiens de. Marseille , le Retour de la Tragédie , le Temple de la Vérité , Samjon , le Petit-Maître amoureux , la Feinte inutile , le Bailly arbitre , la Ruse d'Amour, 1, Amant Prothée , le Superflltieux , Arlequin Hulla , les Ombres parlantes , Arlequin Amadis , la Fille arbitre , Alcione , les Oracles : avec Niveau , le Temple du goût : avec Davesnes, les Freres ingrats ou le Prodigue puni : avec Laffichard , l'Amour Censeur des Théâtres : avec Dominique , l'Italien François , l'Isle de la Folie Arlequin Bclleropkon 9 la Bonne Femme , Alcejle , les Paysans de qualité > les Débuts, Baïoco & Serpilla , Dom Micot 6* Lesbina , le feu d'Artifice ou la Pièce sans dénouement, Hésione , la Foire des Poëtes > l'Isle du Divorce , la Silphide , Pyrame & Thisbé , les, Terres australes Bolus , Arlequin Roland , Arlequin Phëtaon , Arlequin Amadis : avec Riccoboni le fils , les Amusemens à la mode , le Bouquet , les Ennuis du Carnaval y le Conte de Fies , Achille & Déidarfiis y le s
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Indes chantantes , les Sauvages , les Compliment, Caflor & Pollux , Atys , la Conspiration manquêe , la Querelle du Tragique 6* du Comique , l'Echo du Public : avec Dominique , & Riccoboni > le fils, les Comédiens Esclaves , Arlequin toujours Alequin, Arcagambis, l'Occasion , Médée & Jason , la Suite des Comédiens Esclaves , l' Amant à la mode , la Revue des Théâtres , les Enfans trouvés ou le Sultan poli par f Amour , la Méchante femme : avec Duvigeon , la Partie de Campagne : avec Procope , les Fées : avec le même & Baurans, Pygmalion : avec le Pelletier , les Pèlerines de Cythere : avec Ponteau , Arlequin Atys : avec M. Fusilier , le Retour de tendresse. Des raisons d'amitié engagerent Romagnési à mettre le nom de M. Fusilier, le fils, à cette derniere Comédie, qui est toute de lui.
Romagnési est, dans ses Ouvrages, ce qu'il étoit sur le Théâtre, Asseur intelligent dans tous les rôles, & excellent dans ceux de son genre. Né avec un esprit fin , plaisant & juste , instruit des principes de tous les genres dramatiques , il auroit réussi dans plusieurs., s'il s'y fut borné & sérieusement appliqué. Ses Comédies sont de deux espèces : dans celles qui ont les mœurs pour objet , il a sçu donner à la marche de l'aétion cette simple aisance, qui semble l'ouvrage de la nature , & à ses caraéfcères, leur air , leurs traits , leur physionomie. Les autres ne sont, à proprement parler , que des divertissemens sur toutes sortes de sujets ; mais on trouve un sel fin , une plaisanterie , tantôt douce , enjouée, tantôt piquante , quelquefois amère ; en un mot du vrai comique , & quelques bouffonneries assez divertissantes, dans les dernieres. Son style a le tour de son esprit, libre, aisé, net. C'est par-tout celui de la chose , plutôt que de l'Auteur. On pourroit lui reprocher d'avoir composé un trop grand nombre de ces Ouvrages, qui n'ont, en quelque
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sorte , aucun but, & de n'avoir point employé son talent à se rendre plus utile à ses compatriotes. Peut-être que sa fortune ne lui-permettoit pas d'abandonner le Théâtre, ou que son zèle , pour l'intérêt de sa Troupe , l'a porté à lui sacrifier ceux de sa gloire.
ROMAIN], ( Nicolas ) composa , dans les premieres années de l'autre siecle , Salmis & Maurice.
ROMAN , ( M. l'Abbé ) a donné en 1761 , la traduction d'une Tragédie Allemande de la Mort d'Adam.
RONSARD, le pere de la Poésie Françoise , a fait représenter le Plutus d'Ariitophane , traduit en François.
ROSELLY , ( Raissouche Montel, dit) débuta au Théâtre François en 1742., par le rôle d'Andronic, dans la Tragédie de ce nom, fut reçu la même année, & mourut en 17J0. Voye1 PÉNÉLOPE.
Qu'il faut être excellent Asseur ,
Roselly , pour être, sans peine ,
Homme droit, dans Aristiomène ,
Dans Cénie, un fourbe , un trompeur !
ROSIDOR, Comédien, Auteur de Cyrus & des
Amours de Merlin.
RosiERS , [Baulieu de) a fait imprimer le
-Galimatias.
ROSTMOND , (Claude la Rose , sieur de) Comédien de la Troupe du Marais, a donné l'Avocat jans étude , le Duel fantasque , le Valet étourdi , le Feflin de Pierre , les Trompeurs trompés , la Dupe amoureuse ; le Quiproquo. On lui attribue le Soldat
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poltron, & le Volontaire. On croit qu'il composa une Vie des Saints, seus le nom de Jean-Baptiste Dumesnil , qui, vraisemblablement, étoit son nom de famille. Il mourut subitement en 1686 , & fut V. enterré ; dit le Pere Lebrun , dans son traité des SpettacIes, sans Clergé , sans luminaire & sans Prieres, dans un Cimetiere de Saint-Sulpice, où l'on met les enfans morts sans baptême.
Rosoy , (M. de ) a donné à la Comédie Italienne , Henri IV ou la Bataille d'Ivri , Drame en trois Ad-es , en Prose , avec des Ariettes en 1774. Il a fait jouer à Toulouse la Tragédie de > Richard 111 , & a fait imprimer les Décrus Fran- fois x & Açor ou les Péruviens.
ROTROU , (Jean) né à Dreux, en 1609, fut Lieutenant-Particulier , Assesseur - Criminel , & Commissaire - Examinateur, au Comté & Bailliage de cette Ville, où il faisoit son séjour ordinaire. Il mourut d'une fiévre pourpreuse & épidémique, en 1650 , n'ayant pas voulu quitter Dreux, où il pensoit que sa présence étoit nécessaire dans ces circonstances. Rotrou se distingua du commun des Poëtes de son tems ; & le Cardinal de Richelieu l'avoit choisi pour être l'un des cinq Auteurs qu'il faisoit travailler. Il ne fut pas de l'Académie Françoise , parce qu'on n'y admettoit que ceux qui avoient leur demeure fixe à Paris. Les Pieces de cet Auteur , dont nous avons connoissance , sont la Bague de l'oubii , Doristée & Cléagénor , l'hypocondre , l'Heureuse confiance , les Occasions perdues , les Ménechmes , Célimène ou Amarilis , Heureux Naufrage , Alphrede , Céliane , Agésil an , D iane , \' innocente insidélité , Philandre , Amélie , Llorinde, les Deux Pucellcs , Hercule mourant, Laure per-r sécutée ,1a PilerinL amoureuse , Ant,gone , les Captifs y les Sosies , Chrysante, lplrigénie, Clarice, Béliraire , Célie , 9u le Vice-Roi de Naples f la Saur généreuse ,
"M
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le Véritable St. Genefl , Dom Alvare de Lune, Dont Bernard de Cabrere , Cosroés , Venceslas f Florimonde , 6* Dom Lope de Cardone. J r
Ce grand nombre de Pieces marque la prodigieuse facilité de leur Auteur, qui a commencé à écrire à vingt ans, & est mort à trente-neuf. Les Maitres de l'Art, & Corneille en particulier, en fàisoient une eslime singuliere. Il est le premier qui ait travaillé à rendre la Tragédie raisonnable , & à introduire une pratique plus régulière au Théâtre. Il a été depuis surpafl'é par Corneille ; mais il a fait voir dans pluiieurs de ses productions, qu'il eût été le Poëte le plus digne d'étre comparé à ce grand homme , si la trop grande facilité ne lui avoit pas fait adopter sans choix , tous les sujets qui se présentoient à ion imagination. On peut aussi attribuer la foibletre d'un grand nombre de ses Pieces à la précipitation avec! laquelle il les composoit : il aimoit le jeu ; & cette passion le mettoit sou vent dans l'embarras ; il falloit promptement s'en retirer par une Comédie nouvelle, qui réparoit une partie de ses pertes. Il n'est cependant pas vrai , comme l'ont prétendu quelques personnes , que Vencejlxis soit la seule Piece de Rotrou , qui mérite de rester au Théâtre, & que toutes les autres se ressentent de l'ignorance & du mauvais goût de son tems. Antigonne est , sans contredit, la plus estimable de ses Tragédies. Hercule mourant, Bélisaire , Iphigénie , Cosroés , ne sont pas fort au-dessous de Vencejlas. On y trouve de l'élévation dans les pensées , des idées neuves, grandes & hardies; &: la conduite de toutes ses Pieces n'annonce ni mauvais goût , ni ignorance. Comme Corneille , Racine & Moliete, Rotrou alloit puiser chez les. Grecs , les Romains , les Italiens & les Espagnols; ; c'étoit connoître les bonnes sources. esi vrai que tous ses Ouvrages dramatiques ne
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sont pas de la même force ; qu'il s'écarte quelquefois des bornes sages & religieuses qu'il semblo-i" s'être preicrites, & qu'il retombe souvent dans le mauvais goût de ion iiecle. Il a suivi la route de ses Contemporains, sur-tout, dans ses Tragi-Comédies, qui ne sont presque que des Romans mal construits, chargés de personnages épisodiques, de combats, de travestissemens, de reconnoifîances. Les intrigues y sont presque toujours fondées sur des déguisemens, des ruses, des méprises. L'amour y est traité suivant les régies d'Amadis: tantôt ce sont de longs entretiens , des narrations plus longues encore ; 6c tantôt des Sçènes entieres , ou même des A des tout-à-fait étrangers au sujet. L'unité de lieu, de tems & d'aéhon, n'y est presque jamais bien observée ; & le styie est plein d'irrégularités & d'inégalités. Des Vers aisés , coulans, naturels, sont suivis de Vers durs, fées, barbares ou burlesques. Des expressions trop libres répugnent aux bonnes moeurs ; & c'est principalement là le défaut du siecle de Rotrou. Ce Poëte se contentoit l'ouvent de traduire ce qu'il empruntoit des Anciens, sans rien changer , ni aux caractères, ni à la conduite , ni à la catastrophe. Enfin , la ressource qu'il étoit obligé de chercher dans ses Ouvrages , lui a fait faire un grand nombre de petites Comédies, sur lesquelles il y auroit de l'injustice de le juger. Elles prouvent simplement, combien il eH: facile à un homme d'esprit, de se contenter de choses médiocres, lorsque des soins plus pressans lui font oublier celui de sa gloire.,
Rotrou , qui connoissoit sa passion pour le jeu, sçavoit s'en défier. Lorsque les Comédiens lui envoyoient le produit de ses Pieces, il jettoit son argent sur son bûcher ; & la difficulté de le trouver le mettoit à l'abri des risques de tout perdre à la tois.
ROUHIER 9
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ROUHIER , (M.) a fait imprimer ou jouer en société , la Veuve , Bagatelle , Laurette , Zitna, la Soirée de Village , Cajiille & Fanni , les Deux -Peres, les Amours Villageois , le Marquis de Solange s 9 le Bal. *?" ■ ' -
ROUILLET , ( Claude ) né à Baune , ancien Régent du Collège de' Bourgogne à Paris, a composé Philanire. -0
' ROUSSEAU , ( Jean-Baptiste , ■ dit le Grand) naquit à Paris clans une famille obscure en 1670. Il fut de l'Académie des Belles-Lettres, & mourut expatrié à Bruxelles en 1741. Ses Pieces de Théâtre sont les plus foibles de ses Ouvrages. Elles sont intitulées, le Cassé , Jason', le Flatteur,! Vénus 6* Adonis , le Capricieux , la Ceinture magique, la Mandragore , les Aïellx chimériques, la Dupe de lui-même , & l'Androgyne: ou l'Hypocondre. r M ^ ,, v
ÉPITAPHE DU GRAND ROUSSEAU.
; iv f
Ci-gît l'Illustre & malheureux Rousseau.
Le Brabant fut sa tombe & Paris son berceau. [
Voici l'Abrégé de sa vie,
Qui fut trop longue de moitié ; ^ ^
Il fut trente ans digne d'envie,
Et trente ans digne de pitié.
ROUSSEAU, ( M. Pierre )né à Toulouse, a donné la Rivale suivante , l'Année merveilleuje , la Mort de Bucéphale , la Rare inutile } Y étourdi corrigé , les Méprises , l'E(prit du jour ; & la Coquette sans le sa— voir, avec M. Favart. Il est aétuellement à BouilIon, à la tête du Journal Encyclopédique, qu'il a créé, ainsi que le Journal Politique.
ROUSSEAU, (M. Jean-Jacques) Citoyen de Genève, Auteur de la petite Comédie de l'Amant de lui-même , ou Narcisse » & du joli Inter-
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méde du Devin de Village, dont il a fait les paroles & la Musique.
ROUSSEL , Auteur d'une Comédie en cinq A&es, en Vers Gascons , intitulée Grizoulet ou LouvJaloux Atropat, 1694..
. ROUSSELET , Comédien, a donné à l'Opéra Comique, en 1741, la Capricieuse raisonnable.
ROY , ( Pierres-Cliarles ) naquit à Paris en 168j. Il fut d'abord Conseiller au Châtelet, Trésorier de 'la Chancellerie, près la Cour des Aides de Clermont, de l'Académie des Belles-Lettres, &: ensuite Chevalier de l'Ordre de Saint-Michel. Le Ballet des Élémens , celui des Sens, & la Tragédie de Callirhoé, l'ont, rendu célébré sur la Scène lyrique. Le mérite de se distinguer dans une carrière ouverte par Quinault, & dans laquelle ce Poëte du sentiment & des graces n'avoit pas encore eu de Rivaux , allure au Poëte Roy , une place honorable dans l'estime des vrais connoisseurs. Peu de personnes ignorent ce morceau de Poétie majestueuse, par lequel commence le Prologue du Ballet des Élémens.
Les tems sont arrivés]j cessez , triste cahos; &c.
Quoique nous n'ayons d'abord cité que ces trois Opéra, on trouvera dans presque tous ceux qu'il a donnés, des preuves sensibles du talent qui l'appelloit à ce genre de composition, d'autant plus estimable, peut-être, que l'on a semblé plus long-tems en méconnoître toute la difficulté. Ses autres Ouvrages ont pour titre : Philomèle, Bradamante , flyppodamie , Creûse , Ariane & Thèsée, Sémiramis , les Stratagèmes de L'Amour, les Graces , le Ballet de la Paix , le Temple de Gnide, les Augustales , la Félicité , les Quatre Parties du
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Monde , L'Année galante, les Fêtes de Thétis , où le trouve Titon & i'Aurore , & le Bal Militaire. Il a aussi composé deux Comédies; savoir , les Captiss , & les Anonymes.
Le Théâtre lyrique n'étoit pas encore négligé du tems de Roy , comme il l'est de nos jours. Le Poëme de Thétis & Pélée avoit pu exciter son émulation. La Motte étoit un concurrent digne de lui irispirer le même sentiment, & s'étoit illuflré plus d'une fois dans cette carriere. Roy avoit plus de recherche &: de finesse ; La Motte plus de naturel ( dans ce genre-là seulement ) Se plus de délicatetTe. L'un , nourri de la levure d'Ovide , s'étoit rendu familier les plus heureux détails de la Mythologie, & sçavoit s'approprier, avec art, les pensées de son modèle : l'autre , persuadé que l'esprit suppléoit à tout, négligeait les Anciens qu'il connoissoit peu, prenoit son essor de lui-même, & prouvoit, contre son intention , que le bel esprit peut contrefaire avec assez de succès , mais qu'il ne donne jamais le talent & le génie. On ne croit pas que la postérité accorde à La Motte le nom de Poëte , quoiqu'il ait fait beaucoup de Vers. Roy , au contraire > à ne l'envisager que par ses Ouvrages lyriques 9 avoit d'heureux accès de Poésie. C'étoit d'ailleurs un très-bon Littérateur , capable de puiser dans les sources, & attaché au parti des Anciens, soit par goût, soit par antipathie pour La Motte leur détracteur.
Roy , s'étant pris de quérelle auprès de l'Opéra, avec un Fiacre, un jour qu'on jouoit un de ses Ouvrages , le Fiacre lui donna , dit - on , quelques coups de fouet ; sur quoi on fit cette Êpi-. gramme.
Roy , malgré sa brillante escorte,
A l'Opéra > près de la Porte,
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A coups de fouet fut écorché :
Ce fut le lieu de son supplice ;
Aux lieux où nous avons péché,
Il est juste qu'on nous punisse.
ROYER , { Joseph - Nicolas - Pancrace) originaire de Bourgogne , né en Savoie , fils d'un Gentil-, homme , & naturalisé François. Ce Muliciésiy homme poli & d'un caradère aimable , s'étoit fait connaître d'abord par la maniere savante & délicate, dont il touchoit l'Orgue & le Clavessin. Il parut ensuite dans la carriere de l'Opéra. Il obtint la place de Maître de Musique des Enfans de France en 1747- Il eut la direction du Concert spirituel, la charge de Compositeur de Musique de la Chambre du Roi ; & Sa Majesté le nomma Inspecteur général de l'Opéra. Il mourut en 17 55 , dans la cinquantieme année de. son âge. Outre un grand nombre de Pieces de Clavessin estimées , nous avons trois Opéra de Royer , Pyrrhus , Zdide , & le Pouvoir de l'amour. Il a aussi fait l'A&e d'Amadis dans les fragmens, & Pandore, qui n'a pas encore été réprél'entée.
ROZET , ( Madame ) en société avec Madame
Chaumont , a donné l'Heur euse rencontre.
: SAB SAB
SABATHIER, (M. l'Abbé) né à Castres, Auteur d'un Ouvrage qui a fait beaucoup de bruit, intitulé les trois Siecles de notre Littérature , avoit fait représenter à Toulouse en 1763 , une Comédie sous le titre des Eaux de Bagneres.
SABINE, (M. ) a donné, avec MM. Valois &
Harny, le Prix des talens.
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SABLIER > Auteur de la Jalousie sans amour >
& des Effets de L'Amour & du Jeu.
SACHETTI, debuta en 1767, parle rôle d'Arlejuin , & ne fut que médiocrement accueilli.
SACI , ( le Pere de) Jésuite , a donné le Contrafle , Comédie en cinq Astes , en Vers. On a aussi de lui une Tragédie manuscrite, intitulée Octavie,
SAINT-AGNAN, ( François de Beauvilliers Due de ) Pair de France , Chevalier des Ordres du Roi, premier Gentilhomme de sa Chambre, de l'Académie Françoise , mort le 16 Juin 1687, âgé de quatre-vingts ans, étoit, dit-on, Auteur d'une Comédie de Bradamante ridicule.
SAINT-AMANT, Auteur de la Musique d'Alvar & Mencia, du Poirier, du Médecin d'Amour, & de la Coquette de Village.
SAINT-ANDRE , né à Embrun , a donné une
Pajlorale Jur la Naissance de N. S. J. C. en 1644.
SAINT-AUBIN a traduit & fait imprimer en 1669, trois Comédies de Térence , sçavoir, l'Andriennne , les Adelphes , & le Phormion.
SAINT-BALMONT , ( Madame de) née en Lorraine , a donné la Tragédie des Jumeaux Martyrs.
SAINT - CHAMOND , ( Madame Marie - Claire Ma^arelly, Marquise de ) parmi plusieurs Ouvrages très-estimés, a composé les Amans sans le sçavoir*
SAINT - DENYS , ancien Avocat aux Conseils
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du Roi, & ancien Greffier au Parlement de Paris, est Auteur d'un Opéra Comique , intitulé la Baga. telle, ou Sancho-Pança, Gouverneur , en société avec M. Fleury , Avocat.
SAINT-DIDIER , né à Avignon , où il est mort en 1739, a fait imprimer à la fin du Voyage, du Parnasie, une Tragédie intitulée l'Iliade.
• Cet Auteur , connu par plusieurs Pieces de Poésie qui ont remporté le Prix à l'Académie Françoise & aux Jeux Floraux , l'est encore plus par cette Épigratnme de M. de Voltaire : :
Dépêçhez-voos, Monsieur Titon : Enrichirez-votre Hélicon. Placez-y sur un Pied-d'estal , Saint-Didier q Danchet & Nadal ; Qu'on voye armés du même Archet Nadal , Saint-Didier & Danchet; Et couvert du même laurier , Danchet, Nadal & Saint-Didier.
SAINT-EvREMOND , (Charles de Marguetelle de Saint-Denis 9 Seigneur de) naquit à la Terre de Saint - Denis - le - Guast , en Basie Normandie. Ayant été exilé hors du Royaume, après avoir servi vingt ans, il se fixa en Angleterre, où il fut très-considéré, mourut à Londres , & fut enterré à Westminster. Il avoit composé les Académiciens, Sir Polïtick , les Opéra , & la Femme pouffée à
[texte_manquant]
SAINT-PoiX, (M. Germain-François Poulain de ) né à Rennes en 170 3 , a donné au Théâtre les Pieces suivantes : à l'Opéra Deucalion & Pyrrha : au Théâtre François, Pandore, l'Oracle, Pyrrha & Deucalion , l' Ijle Sauvage, les Graces ; Julie , ou VHeureuse Epreuve; la Colonie, le Rival supposé , les Hommes , le Financier : au Théâtre Italien , la Veuve à la mode , le Philojophe dupe de l'Amour , le
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Contrafle de L'Amour & de l'Hymen, le Sylphe , les Veuves Turques , le Double déguijèment, Zéloïde , Arlequin au Sérail, les Métamorphoses , Alceste, le Derviche.
M. de Saint - Foix s'efl: ouvert une carrière qu'il a remplie, & n'a pas moins réussi dans les genres connus , que dans le genre nouveau qu'il a créé. Plus philosophe que Dufresny , plus élégant, il a cette noble simplicité si recommandée par nos Grands-Maîtres. Il sçait toujours cacher I'Ëcrivain ; on ne voit que la nature embellie & la vérité en aétion. Ses plaisanteries sont fines & délicates 3 ce n'est point de cette gaieté grossiere , ignoble & sans goût de Dancourt. Un autre mérite de M. de Saint-Foix, c'est qu'il ne se répète jamais, & que de plus de vingt Pietes, les unes jouées par les Comédiens François, les autres par les Italiens, il n'y en a pas une qui se ressemble. C'est-là véritablement de l'invention & de la fécondité. -
SAINT-GELAIS , (Merlin de) , fils naturel d'Oâavien Merlin de Saint-Gelais > Sieur de Lensac ,
Evêque d'Angoulême, naquit dans cette Ville en 1491. Il fut Aumônier de Henry II , son Bibliothécaire, Abbé de Reclus , Auteur d'une Tragédie de Sophonibe , & mourut à Paris en 1558.
SAINT-GERMAIN est Auteur de Timoléon , &de
Sainte Catherine.
SAINT-GILLES: (l'Enfant de) on connoît deux freres de ce nom, dont l'un est Auteur de la Muse Mousquetaire , où se trouvent deux Pieces de Théâtre ; sçavoir , Gilotin , Précepteur des Muses , & la Fiévre de Palmerin. Son frere qui a été dans le ser vice , a donné la Tragédie d'Aria*
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rathe, & est mort en 1745 , écrasé sous les roues d'un, carosse, âgé de 86 ans. i /
SAINT-GLAS , nom sous lequel Pierre , Abbé -de Saint-UHans , donna une Comédie des Bouts limés, :?
SAINT-JEAN , Auteur des paroles de l'Opéra d'Ariane & Bacchus , avoit été dans les affaires du Roi, & mourut à Perpignan, où il s'étoit retiré. •
Renard , dans son Epître-a M. le 'Marquis de *** , a dit de cet Auteur :
1; ^ ....
Il n'est point de: cerveau qui n'ait quelque travers. Saint-Jean ne sç^it pas lire , & veut faire des Vers.
SAINT-JORY , ( Louis Ruflaine de ) Chevalier de l'Ordre de Saint - Lazare, de l'Académie de Caen, a donné au Théâtre , le Philosophe trompé pdr la. mature , Arlequin Camarade du Diable, & Arlequin kn deuil ''de -lui-même. On lui attribue, encore l'Amour 6* la Vérité, en société avec Marivaux.
SAINT-LAMBERT , (M. de ) de l'Académie Françoise , & de celle de Nancy , où il est né en 1717c, a composé une Comédie-Ballet, intitulée les Fêtes de l'Amour & de l'Hymen.
SAINT-LONG, a fait imprimer, en 1732 > une Comédie Loudunoise en cinq Attes, en Vers, intitulée les Amours de Colas.
SAINT-MARC , (M. de) ancien Officier aux Gardes , a fait représenter, soit à la Cour , soit à Paris, les Opéra; de la Fête de Flore 6c à'Adèle de Ponth'uù.. : F;
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SAINT-PAUL, ( Guy de) Dod:eur en Théoogie , & Recreur de l'Univerlité , donna en IS74, une Tragédie de Néron.
S SAINT-PH ALIER J ( Francoise-Thèrese Aumerle de) épouse de M. Dalibard, morte en 1757, avoit fait jouer là Comédie de la Rivale Confidente , & fait imprimer un Ballet de la Renaissance des- Arts.
SAINTE-COLOMBE, Auteur d'une Piece intitulée le Jugement de Notre Seigneur.
SAINTE-MARTHE , ( Gaucher de) donna vers la fin du quinzieme siecle , une Tragédie de SaintLaurent.
SAINTE - MARTHE , ( François Gaucher , dit
Scévole de ) Auteur de la Tragédie de Médée.
SAINTE-MARTHE, (Nicolas de) a donné une
Tragédie d'Œdipe.
SAINTE - MARTHE , (Pierre de) Auteur de
Y Amour Médecin, & de la Magicienne étrangère.
SAINTE-MARTHE , ( Abel de ) fils de Scévole, a composé une Piece intitulée Isidore.
SAINTE-MARTHE , ( Dom Denys de) Général des Bénédictins, Auteur d'une Tragédie d'Holopherne.
SAINTONGE, ( Louise-Genevieve Gillot de) née à Paris en 1650, mariée à un Avocat, &: morte dans la même Ville en 1718, a composé deux Opéra , Didon & Circé ; un Ballet des Saisons ; & deux Comédies , Griselle & l'Intrigue des Concerts. . -
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SAINTYON , né à Paris , de la famille des Saintyon , fameux Bouchers , dont il est souvent parlé dans l'Histoire des Guerres civiles, fous Charles VI & Charles VII, mourut Secrétaire de M. de la Faluere, Grand-Maitre des Eaux & Forêts, en 172.3. Oh prétend qu'il a eu part au Chevalier à la mode , aux Bourgeoises à la mode. Il a donné seul les Façons du Temps ; & Danaé , avec Riccoboni 8c Dominique.
SAINVILLE , Auteur peu connu de quatre Pieces intitulées Diocletien & Maximien , Pantenice y la
Retraite des Amans , & le Fils désintéressé. On lui attribue le Mariage mal assorti.
SALLE , ( J ean-B aptifie-Louis-Nicolas ) fils d'un Avocat de la Ville de Troyes, voulut d'abord se faire Capucin, s'en dégoûta pour entrer à l'Opéra de Rouen , où il remplit avec succès les premiers rôles de Basle-taille. Il vint ensuite à Paris , où il fut reçu au Théâtre François, pour les rôles de Roi , les Amoureux , les Petits - Maitres , 'les Gascons , les Ivrognes. Il mourut en 1707 , âgé d'environ trente-cinq ans., & fut enterré à SainfSulpice , après avoir donné une déclaration par devant Notaire , qu'il renonçoit à sa Profession. Cet ACteur étoit si agréable au Public , que, pendant sa maladie, le Parterre demandoit tous les jours de ses nouvelles. Il avoit épousé Françoise Thoury , qui, après avoir paru sur le Théâtre de l'Opéra, fut reçue aux François pour les rôles de Confidente. Elle se retira avec la pension de 1000 !ivres, & est morte en 174S , à St. Germainen-Laye.
- SALLE, ( la Dlle. ) excellente Danseuse de l'Opéra , quitta Paris en 1741 , pour passer en Angleterre, & fut ensuite Pensionnaire du Roi
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pour les Ballets. Elle mérita , par son talent & par ses mœurs, les applaudissemens & l'estime du public , qui l'avoit vue autrefois à l'Opéra-Comique.
De son Art enchanteur , tout reconnut les loix.
Dans Londres, dans Paris, tout vôla sur ses traces.
Elle fut sans égale , & parut à la fois ,
Eleve des Vertus & rivale des Graces.
Voici d'autres Vers composés par M. de Voltaire.
De tous les coeurs, & du sien la maitressè
Elle alluma des feux qui lui font inconnus.
De Diane c'est la Prêtresse ,
Dansant sous les traits de Vénus. 4
AUTRES.
Sur la Sallé , la critique est perplexe î
L'un va disant qu'elle a fait maints heureux ;
L'autre répond qu'elle en veut à son sexe :
Un tiers prétend qu'elle en veut à tous deux :
Mais c'est à tort que chacun la dégrade :
De sa venu , pour moi je suis certain.
Resnes soutient
La Crognec , dit
SALLEBRA y est Auteur du Jugement de Pâris, , de
1 Enfer divertissant, de la Troade , de la Belle Egyp- tienne , de Y Amante ennemie , d'Andromaque , & du.
Mariage mal assorti, aussi attribué à Sainville.
SALOMON , Musicien Provençal, composa la Musique de deux Opéra ; savoir , Médée & Jason ,
& Théonée. Il étoit à la Musique de la Chapelle
-du Roi, pour la Bafse de Viole, & mourut à Versailies -à la fin de l'année 1731 > âgé d'environ soixante-dix ans.
SALVERT ? ( M.) eut part en 1761 à l'Amant Corfaire.
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SALVAT , (M.) Avocat au Parlement de Touïouse , a fait imprimer une Tragédie de Califihènc , & un Essai tragique en cinq A stes , en Prose , dans le goût du Théâtre Anglois, sous le titre de Marguerite d'Anjou.
SARRAZIN , (Pierre) né à Dijon, d'une hon* nête famille , engagé dans plusieurs sociétés Bourgeoises , . pour y représenter la Comédie. S'étant fortifié par l'usage, il se décida à se livrer totalement au Théâtre , où il débuta sans avoir joué en Province, l'an 1729 , par le rôle d'Œdipe, dans la Tragédie de Corneille, & fut reçu pour les rôles de Roi & de Pere. ,Il quitta le Théâtre en 17&.
* Qui jamais rendit mieux que toi ,
Sarrazin , ces deux caractères ,
Et la majesté d'un grand Roi ,
; .Et la tendresse des bons Peres ? ;
SAVERIEN , ( Alexandre ) né à Arles en 1721, Ingénieur de la Marine , connu par beaucoup d'Ouvrages de Mathématiques, a donné une Piece Philosophique , intitulée l'Heureux.
SAVI / (la Dilc. ) Aftrice Italienne, reçue à pension en 1760 , pour jouer les rôles d Amoureiife. Son mari doubloit les rôles d'Arlequin, & jouoit ceux de DoEleur. Ils sont retirés l'un & l'autre.
SAURIN , (M. Bernard-Joséph) , né à Paris, de l'Académie Françoise , & Auteur d'Aménophis , de Spartacus , des Rivaux , des Mœurs du tems , de BLanche & Guiscard, de l'O'pheline léguée ou l'Anglomanie , de Béverley , du Mariage de, Julie.
SA UVIGNY , ( Edme de ) ci-devant Lieutenant de Cavaleriej né' en Bourgogne, est Auteur de dif-
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rerents Ouvrages en Prose & en Vers, de deux Tragédies , la Mort de Socrate , & les Illinois, & d'une Comédie intitulée le Perfiffleur.
SCAPIN , Personnage de la Comédie Italienne",
Voyez BISSONI ; voyei ClAVARELLI.
SCARAMOUCHE , autre Personnage du Théâtre Italien, dont le caractère est à-peu-près le même, que celui du Capitan , qui n'est qu'un fanfaron & un poltron, & qui finit ordinairement par recevoir des coups de bâton de la main d'Arlequin, Voyer. FIURELLI; voye{ GANDINI.
L'Acteur venu avec la nouvelle Troupe Italienne en 1716 , pour jouer les rôles de Scaramouche , se nommoit Giacomo Rau{{ini, & étoit Napolitain ; mais il s'en falloit de beaucoup, que ses talens égalassent ceux de son prédécesseur dans l'ancien Théâtre.
SCARRON , ( Paul ) fils d'un Conseiller au Parlement de Paris > est né en cette Ville, l'an 1610, & y est mort âgé de cinquante ans. Il avoit , épousé Mlle. d'Aubigné, si célébre depuis, sosis le nom de Madame de Maintenon. Il tomba, à l'âge de vingt-cinq ans dans une paralysie qui lui ôta l'usage des ses jambes. Sa maison étoit fréquentée par nombre de gens d'esprit & de qualité, qui le voyoient souvent pour soulager & réjouir Ion esprit naturellement agréable. Il s'attacha au genre burlesque , dans lequel il excella en Prose , comme en Vers. Ses Pieces de Théâtre sont Jodelet, ou le Maure Valet , Jodelet Duellijle , les Boutades du Capitan Matamore , l'Héritier ridicule , Dorn Japhet d'Arménie , l'Écolier de Sahrnanque , le Gardien de soi-mêrne , le Marquis ridicule , la Faujsc apparence, le Faux Alexandre , & le Prince Cor-
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J'aire. Tous ces Ouvrages sont plus burlesques que comiques.
SCAURUS , Auteur inconnu d'une Tragédie de
David combattant Goliath.
.• > -
SCHELANDRE, ( Jean ) a fait la Tragédie de Tyr Sidon.
ScipioN a donné Y Avocat Savetier.
- SCONIN , Principal du Collège de Soi£sons, a fait imprimer , dans cette Ville , une Tragédie d' Hetlor.
. SCUDÉRY , ( Georges ) né au Havre de Grâce, dont son pere étoit Gouverneur, en 1601 , d'une famille noble3 originaire de Naples, voyagea dans sa jeunesse , servit au Régiment des Gardes, obtint le Gouvernement de Notre-Dame de la
Garde à Marseille, fut de l'Académie Françoise , & mourut à Paris en 1667.
Bienheureux Scudéry 9 dont la fertile plume +
Peut, tous les mois, sans peine enfanter un volume!
—' Tes écrits , il est vrai , sans art & languissans ,
« Semblent être formés en dépit du bon sens :
l Mais ils trouv.ent pourtant, quoi qu'on en pui/Te dire ,
Un Marchand pour les vendre , & des sots pour les lire.
Nous avons de cet Auteur les Pieces sui vantes,
Ligdamon, Annibal , le Trompeur puni , l'Amour caché par l'Amour , la Comédie des Comédiens , le Prince déguisé , Orante , le Vassal généreux , le
Fils supposé , la Molt de César , Didon, l' Amant libéral , 1 Amour tyrannique , Eudoxe , Andromire ,
Arminius , Yllluflre Bassa, & Axiane. On lui attribue la Mort de Mithridate , & LicidaTl.
«.
C'est au siecle de Mairet, de Rotrou, & à
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1 enfonce de Corneille , qu'il faut remonter, pour se former une idée juste des talens de Scudéry. Né avec une imagination vive , ardente , élevée , mais trop féconde , il se livroit sans goût à la facilité d'écrire, qu'il regardoit comme un effet du génie. De-là., ces plans si étendus , ces intrigues li compliquées, ces incidens si multipliés, ces détails si minutieux & si prolixes. Mais ces défauts sont compensés par des traits pleins d'esprit , des tours pleins de hardiesse, des lituations heureuses & intéressantes , & beaucoup de variété , soit dans les pensées, soit dans la façon de les rendre. Il traite également bien les détails de l'Art militaire, de la navigation , des Sciences Se des Arts. Au Tableau des beautés de la nature , succéde la mâle éloquence des grandes passions. Ces talens auroient eté plus heureux dans un siècle d'un goût plus épuré. Son style est ordinairement lâche & diftus; mais quelquefois il est fort, énergique. Beaucoup de, Vers à sentences , & des réflexions heureuses entrelacent une multitude de Vers prosaïques. Un mérite d'autant plus grand , qu'il étoit plus rare autrefois, c'est que tous ses personnages sont def la plus exaâre décence. Ceux que l'on veut rendre odieux, ne le deviennent que par déférence pour les avis d'un confident ambitieux , traître ou scé-j lérat, sur lequel on fait retomber les suites funestes de ses conseils. C'est à l'aide de cette machine , mais qui reparoît trop souvent, que l'Auteur prétend excuier, pallier , diminuer les crimes ou les fausses démarches de ses Héros. Quant aux sentitnens qu'il leur prête , il les avoit puisés dans le métier des armes , dans ce qu'on appelloit alors la compagnie agréable , & plus encore dans la leéture des Romans & du Théâtre Espagnol. Comme il étoit rempli d'Histoires singulieres , d'Aventures romanesques , de traits extraordinaires, & d'idées gigantesques, surie point d'honneur , sur l'héroïsme, sur les procédés généreux ,
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il regardent comme le cher-dœuvre de l'Art, de nouer intrigues sur intrigues , & de peindre ses héros d'une grandeur démesurée. II les met toujours aux prises ou avec des rivaux redoutables, ou avec la mort même ; & les moyens qu'il emploie pour les tirer' du danger , ne font , très-souvent , rien moins que vraisemblables. Les traits qui caractérisent Scudéry, & que nous appelions aujourd'hui des écarts d'une imagination folle , .. étaient mieux accueillis autrefois j on n'a voit point d'idée d'une plus grande perfection ; d'ailleurs , chaque siecle a un goût dominant. C'est ainsi que nous nous laissons prendre aujourd'hui au vernis de la versification, & souvent au faux éclat du jargon métaphysique.
SEDAINE, ( M. Je an-Michel) a pris d'abord , à la tête de ses Œuvres, le titre de Maître Maçon : il est aujourd'hui Secrétaire de l'Académie d'Architeaure. Cet Auteur a travaillé pour tous les Théâtres, & a donné à l'Opéra , la Reine de Golconde la Comédie Françoise , le PhiLosophe sans le Jçavoir, & la Gageure imprévue; à la Comédie Italienne , Anacréon , le Roi & le Fermier , Rose & Colas , l'Anneau perdu & retrouvé , les Sabots , le Déserteur, Thétnire , le Faucon , le Magnifique ; à l'Opéra Comique , le Diable-à-quatre , BlaiJe le Savetier , l'Huître 6* les Plaideurs , les Troqueurs dupés , le Jardinier & Ion Seigneur, On ne s'avise jamais de tout. Il à fait imprimer une Piece intitulée l'Impromptu de Thalie. On connoît de lui un Drame en cinq Aéfces en Prose, qui peut être intitulé Paris sauvé.
SEGRAIS , ( Jean Renaud de ) de l'Académie Françoise , fut attaché auprès de Mlle. de Montpensier , en qualité de Gentilhomme ordinaire ; mais, étan tombé dans sa disgrace , il se retira à Caen , sa Patrie, où il fit un mariage avantageux avec
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avec une de ses parentes, & mourut en 1701 , âgé de 71 ans, laissant des Ouvrages estimés y parmi lesquels on compte le Roman de Zaïde : mais pour ne parler que de les Pieces de Théâtre , nous nommerons Hippolyte , l'Amour guéri par le tems , & la Pastorale d'Atys.
SÉGUINEAU , de Paris, Avocat en Parlement, étoit un homme d'esprjt & de Lettres , qui est mort âgé d'environ quarante-cinq ans, en 172.1, des suites d'une chûte qu'il fit sur le Pont-neuf, où il se cassa la jambe. Il composa, en société avec Pralard , la Tragédie d'Egifle. On lui attribue aussi l'Opéra. de Pirithoüs, donné sous le nom de La Serre.
SÇILLANS , ( de ) Provençal, mort en 1758 » esi Auteur de la, Çageure de ViLLage.
.SEINE, (Mlle. Marie Dupré de,) épouse du. célébré Acteur, Dufrêne, débuta à la Comédie F.rançoise , & fut reçue en 1714, pour les premiers rôles, dans le genre Tragique & Comique. Elle quitta le Théâtre en 1736, à cause de sa mauvaise,, santé, & mourut en 1759.
SENNETERRE , ( M. le Comte de ) passe pour l'Auteur des Jeux Olympiques. , petit Opéra non . imprimé.
SERAN DE LATOUR , ( M. l'Abbé ) eîï réputé l'Auteur d'une Tragédie de Calijle ou la Belle Penitente. " ' %
SERRE, ( Jean de) est le premier Comédien connu de notre Nation. Il excelloit dans la Farce, comme le témoigne son Épitaphe faite par Marot.
SERV ANDONr D'HANNETAIRE ,( Jean-Nicolas)
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neveu du célébre Aixhitede Servandoni" est né à Grenoble en 1718. Apres y avoir fait ses études, il vint à Paris avec le petit collet, pour étudier en Sorbonne ; mais à la veille d'entrer au Séminaire , dégoûté de l'état ecclésiastique , il tourna ses vues du côté d'une profession toute opposée , & prit le parti du Théâtre en 1743. Il alla s'exercer en ce nouveau genre, dans quelques Troupes de Province : ensuite il débuta à Paris à la Comédie Françoise , dans les Rôles de l'Avare, d'Arnolphe , & autres de cette espèce;mais au moment qu'on se disposoit à le fixer dans la Capitale, il partit pour Bruxelles ; & cette Cour lui confia la direction de son Spectacle, qu'il mit sur le ton le plus brillant , & où il fit des établissemens qui l'ont soutenu jusqu'à présent dans tout son éclat. II y a démeuré vingt-deux ans sous la prote&ion du Prince Charles de Lorraine , de qui il a une pension. Il est venu depuis s'établir à-Paris, pour y jouir du fruit de ses travaux. Il est Auteur des Observations sur l'Art du Comédien , Ouvrage dans lequel il y a cïe bonnes remarques & beaucoup d'Anecdotes. - N tr
SEVIGNY , ( F. L. de) a fait imprimer à Rouen , vers l'an 1684, une Comédie en un Acte „ en Vers , intitulée Philippin Sentinelle ; & l'on en connoît une autre de lui, qui n'est quë' manuscrite, sous le, titre du Nonchalant.
SIBILET , n'êst connu que par une Tragédie'1 d'Iphigénie.
SIMON (Claude-François) Imprimeur & Libraire de Paris y a fait imprimer une Piece intitulée 4 Minbs * & a.-donné ensuite les Confidencei ré ci" proques.
SOPI > ( M. ) de l'Orchestre de la Comédie
Ï' .
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Italienne , a fait la Musique des Troqueurs dupés..
SOMAISE , (Antoine Bodeait de) vivoit du tems de Molière , dont il se déclara l'ennemi ; il l'attaqua dans toutes ses Préfaces, & fit contre lui les
Véritables précieuses , le Procès des précieuses ; il mit en Vers les Précieuses ridicules.
SORET, (Nicolas) né à Reims dans le dernier siecle, a donné la Céciliade , & l'Election divine de St. Nicolas.
Sou BRI , ( M. ) de Lyon, Auteur d'une Tragédie de Valdemar.
STAAL , ( Madame ) Auteur de ses agréables Mémoires , & de deux Pieces dramatiques, l 'En~ jouement & la Mode , ou les Ridicules du jour.
STICOTTI , (Antoine Fabio) ancien Acteur de la Comédie Italienne, où il débuta en 1729, & se retira en 1759- Il joua les rôles de Paysan, de Pierrot, & autres de ce genre ; r& l'on fit sur lui ces quatre Vers.
Cher Sticotti , je crois sans peine,
Quand je te vois jouer Pierrot,
Que , si tu fais si bien le sot,
Tu ne le fais que sur la Scène.
Sticotti est mort depuis quelques années, ayant donné au Théâtre Cybelle amoureuse : Roland , le* Fêtes sinceres , l ' in-pi omptu des At/eurs, les Ennuis de Thalie , avec Pannard ; les. François au PortMahon, avec M. Lachassaigne ; les Faux Devins , avec Brunet ; le Carnaval d'Eté , & Amadis avec M. deMorambert.
SUBLIGNY , Comédien, & perede la Dlle. Sublienv > fameuse Danseuse de. l'Opéra > donna
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Une critique d Andromaque , sous le titre de la Folle querelle ; & on lui attribue encore, le Désefpair extravagant , la Coquette , & V Romme à bonnes sortunes , atribué à Baron.
SURGERES j ( Alexandre -Nicolas de la RocheFoucauld , Marquis de ) Lieutenant-Général des armées du Roi, né en 1799, & mort en 1760 , a passé poUr l'Auteur de l' École du monde , Comédie insérée parmi les Œuvres de M. l'Abbé de V....
SYLVIUS , Auteur inconnu d'une Pioce intitulée , Maguelone.
TAB TAC
TA B A R I N , Bouffon très-grossîer , Valet ou associé de Mondor. Ce Mondor , étoit un Charlatan & Vendeur de Baume, qui, -au commencement du dernier siecle , établisToit son Théâtre sur des trétaux , dans la place Dauphine : il ne demeuroit pas toujours à Paris, mais couroit, avec Tabarin, les autres Villes du Royaume. Les plaisanteries de Tabarin , qui.ont été imprimées plusieurs fois \ ne roulent que sur des grossieretés qui ne peuvent plaire qu'à la. populace.
TACONET , ( Toussaint Gaspard ) né à Paris en 1730, & fort goûté au Théâtre du fleur Nicolet, dont il a été le plus grand ornement, & comme Auteur, & comme A&eur. Il jouoit parfaitement les rôles de Savetier & autres personnages du même genre. A l'égard de ses Ouvrages , peu d'Auteurs, anciens & modernes , peuvent se flatter d'en avoir composé un plus grand nombre : voici ceux qui sont venus à notre connoissance. Aux Foires Saint Germain & Saint Laurent, le lahy rinthe d'Amour, Noflradamus y le PoiJJbn a Avril, le
\
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Juge d'Asnieres f la Mariée de la Courtille , les Aveux indiscrets , les Foux des Boulevards , le Complimentr de Nicette , l'Ombre de Vadé , Je Compliment sans: .CompLiment, le Bouquet de Louison , les Adieux de-K l'Opéra , l'Anglois à la Foire , Ragotin , la Mort du Bœuf-gras , Tragédie pour rire. Aux Boulevards , r Ecole Villageoise, les Rivaux heureux } l' In-promptu du jour de i'an , les Bonnes Femmes mal nommées ; l'In-promptu de la place de Louis XV , la Loterie des coeurs , les Rémois , la Calaisienne , le Baiser, donné 6' le Baiser rendu, les Eco Je uses de la Halle les Barbouillés de la Foire, le Savetier Gentilhomme v le Savetier Avocat, les Ahuris de Chaillot, l e Procès, du Chat , Arlequin bon Valet, le Petit-Maître Cam-, pagnard , Riquet à la Houpe , les Vendanges bourgeoisès. En Province, Rosemonde , Reine des Lombards ; l'Indiscret malgré lui, Turlupin &0 Gauthier! Garguille, Lararille, le Provençal par amour , la .Foire. Saint-Denys. Pieces non-représentées, Esope amoureux , la Double étourderie, le Choix imprévu , les Epoux par chicanne , l'Avocat Patelin , les Eaux de Pafyt le Bourgeois PetitMaitre , la Petite Ecofseufè, le Niais de Sologne, le Médecin universel, les Bourgeois Comédiens , Alcidiane, 1'llluflre voyageur 1 les Vieillards Rivaux , les Mariages imprévus , le Mari prudent, Démocrite & Héraclite , Cadichon. & Babet , la Querelle des Boulevards , l'Artéfieit par amour. Pieces manuscrites , le -Charbonnier pas maître chez lui , lè Savetier Philosophe , la Mariée de la Place Maubert, la Femme avare & le Galant escroc , le Savetier & le Financier , le Savetier amoureux de la Bourbonnoise , l' Homme aux deux femmes , la Fête Maître 1. la Courtisanne amoureuse ,
quin belle Dulcinée , Arlequin Maître-Genin ; Tel Maître , tel Valet ; le Contrat, les Étrennes vivantes.
TACONET , (Jacques) frere , du précédent, a fait en société avec M .. , le Congé ie Sémejlre, avec un divertissement g-rivois.
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TAMPONET joua pendant sept à huit ans, avec une naïveté singuliere , le rôle de Tremblotin, dans la Troupe de Bertrand , à la Foire ; mais s'étant rendu négligent , Bertrand le congédia. N'ayant plus aucune reiïource, il prit une Croix de Chevalier de St. Louis , qu'il cachoit soigneusement sous son chapeau; & avec cet ornement il alloit dans les promenades publiques. I.orsqu'il appercevoit des gens qui ne lui étoient pas connus , & qui ne lui paroissoient pas suspeéts, il venoit s'asseoir auprès d'eux , & ,1 d'un ton timide 6c affectueux , il recommandoit à leurs bontés un pauvre Chevalier de St. Louis , qui n'étoit pas payé de sa pension. Ce discours étoit accompagné d'un geste, qui, en écartant son chapeau, laissoit voir la Croix qu'il portoit, & qu'il recouvroit aussî-tôt. La chose étant venue aux ôreilles du Lieutenant de Police , on suivit le prétendu Chevalier ; & en peu de tems il fut démasqué , & envoyé à Bicêtre , où il resta trois ans; mais il n'obtint sa liberté, que pour recommencer le même manège. La récidive le fit passer aux les où il est mort.
T ANNEVOT , (Alexandre) Censeur Royal, cidevant premier Commis de M. de Boulogne , né à Versailles , & mort à Paris vers l'an 177 3 , dans un âge très-avancé , a composé parmi diverses Poésies fugitives, dont il a fait paroître un Recueil eh plusieurs petits volumes, les Tragédies d'Adam 6* Eve , & de Séthos , & la Parque vaincue , divertissement en un Acte , sur la convalescence de M. le Duc de Fronsac , exécuté à l'Hôtel de Richelieu. II a aussi eu part à l'Opéra des Caractères de L'Amour.
' TARADE Y (M. ) Musicien > Violon de l'Opéra , a mis en Musique l'Opéra Comique intitule la Réconciliation Villageoije»
O ,
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TERNET , ( Ciaude ) Professeur en Mathématiques, & Arpenteur du Roi dans Je Çhâlonnqis, fit imprimer une Tragédie de Ste. Reine.
TESTARD, ( Michel ) Professeur au Collège d'Iverdun , donna vers l'an 1660 , un Drame sacre, intitulé le Pieux E{échias.
THEIS, (M. de) a fait jouer en Province, le
Tripot comique , Féderic 6* Clït ie.
THÉOBALD, ( Theobaldo Gatti, dit) Musicien, natif de Florence , fut si charmé de quelques morceaux des Opéra de Lully, qui étoient venus jusques dans son pays , qu'il voulut en connoître l'Auteur , & fit le voyage de Paris. Lully , par reconnoissance , le plaça daps l'Orchestre de l'Opéra, où il joua, pendant près de cinquante ans , de la Basse de violet II mourut à Paris en 1717 , dans un âge très-avancé , &. nous a laissé la Musique des Opéra de Coronis & de Scylla.
THÉOPHILE , ( Viaudl) , naquit vers 1590 , à Clerac, dans l'Agénois) de parens pauvres. Il faisoit des Vers avec une grande facilité. Ses talens le firent connoître à la' Cour ; mais ses moeurs licencieuses, le firent chasser du Royaume ; & il passa en Angleterre. Ses Protecteurs obtinrent sqn rappel. A Ion retour , il abjura le Calvinisnae & se fit Catholique ; mais il n'en fut pas moins libertin. Il fut soupçonné d'être l'Auteur du Parnasse satyrique , un des Ouvrages les plus licencieux de ce tems. Le Parlement instruisit son Procès; mais le coupable se sauva.Un Arrêt du Parlement le condamna à être brûlé. Cette sentence fut exécutée en effigie. Théophile, errant de retraite en retraite , fut arrêté au Catelet, le 28 Septembre suivant, & renfermé dans le même ca-
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chot où avoit été mis Ravaillac. Alors le Parlement revit son Procès , & fut deux ans entiers à l'examiner. Enfin , on lui sit grâce de la vie ; & on le condamna à un banissement perpétuel. Il se retira chez le Duc de Montmorency , son Protecteur , protestant toujours de son innocence. On a de lui deux Tragédies, Pyrame 6, Thisbé . & Pasiphaé. <
Théophile ayant un jour trouvé, sous son couvert, une Épigramme maligne , y répondit sur le champ par cet impromptu : '
t Cette Epigramme est magnisique,Mais défeétueuse en cela ,
Que pour la bien mettre en musique, Il .faut dire un fol , la , mi, la.
». V
Théophile mourut à trente-úx ans. Deux heures avant sa mort il demanda avec instance un hareng soret. Mairet n'eut pas la complaisance de le lui faire chercher; il se le reprocha. v v*
THEVENÀRD , ( Gabriel ) belle Basie-taille , joua, pendant dix ans, les premiers rôles, avec Mlle. le Rochois. Il chantoit d'une maniere aisée, noble & naturelle. Sa voix étoit étendue, sonore & moëlleuse, grasseyoit un peu ; mais ce défaut étoit devenu en lui une sorte d'agrément. Personne n'a mieux entendu la déclamation. Il chantoit comme un excellent ad:eur parle , & aussi bien en chambre qu'au Théâtre. Personne ne rendoit mieux le récitatif. Les plus grands Seigneurs se faisoient un plaisir de l'avoir à leur table, où il buvoit aussi bien qu'il chantoit. Après avoir joué plus de quarante ans, il se retira en 1730» avec la pension , & mourut en 1741 , âgé de
Y!. soixante-douze ans.
Théyenard étoit sujet à se prendre de belle
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passion , & y réuflîssoit allez bien : il en donna une marque singuliere , ayant plus de soixante ans. Ce fut une jolie pantoufle qu'il vit sur la boutique d'un Cordonnier , qui le rendit tout-àcoup éperduement amoureux d'une Demoiselle qu'il n'avoit jamais vue , qu'il découvrit enfin , & dont il fut allez heureux pour obtenir la main , par le moyen de l'oncle de la Demoiselle, grand buveur de profession comme lui, qui, à l'aide de cinq ou six douzaines de bouteilles de vin , qui furent bues tête-à-tête dans le conseil, parla si éloquemment & si pathétiquement à sa sœur, mere de la Demoiselle t qu'elle accorda sa fille à Thévenard. * Vy '<11
THEVENAU, reçu aux Italiens en 1717, comme Chanteur & comme Ad-eur, mourut à Fontainebleau en 1731. Il étoit né à Paris en 1695 , & fils du Limonadier de la Comédie Italienne. Sa figure étoit agréable , & sa voix plus gracieuse qu'étendue. Il chantoit avec goût , & jouoit avec vérité. Quelques années avant sa mort, il étoit devenu l'idole du public , qui ne l'avoit d'abord goûté que médiocrement. Sa grande réputation commença par le rôle du Joueur, qu'il rendit avec un très-grand succès , dans la Parodie de l'Intermède Italien , connu sous le nom de Baioco. Il soutint sa réputation dans le Triomphe de L'intérêt, dans la Critique , & dans les autres Pieces qu'il joua depuis. On fit courir plul1eurs Anecdotes sur sa mort, qui n'eut cependant d'autre cause, qu'un abscès qu'il avoit au foie ; & elle suivit l'opération de l'empieme , qui lui fut faite par M. de la Fosse , en présence de M. Maréchal , & de beaucoup d'autres personnes qui OEt certifié la vérité de ce fait. II joignoit aux talens de la déclamation & de la danse, celui de la peinture , & excelloit pour le portrait; il en a sur-tout fait un de Dominique occupé à composer l'Agnes de Chaillot, qui mérite d'être estimé.
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THIBAULT , ( M. Timothée - Francois ) ancien Lieutenant-Général du Bailliage de Nancy, Lieutenant de Police , Procureur-Général au Bureau souverain de Feneilrange, de l'Académie de Nancy, sa Patrie, a fait jouer & iri1primer dans cette Ville la Femme jalouse.
THIBOUVILLE, (M. Henri - Lambert d'Erbigny , Marquis de ) ancien MeAre de Camp du Régiment de la Reine, Dragons , a donné la Tragédie de Thélamire , & deux Comédies proverbes , intitulées Qui ne r'isque rien n'a rien , & Plus heureux que sage , Pieces en trois A&es, en Vers, jouées en société, & imprimées en 1771.
THOMASSIN , (Antonio Vincentini) excellent Arlequin du nouveau Théâtre Italien, né à Vicence , dans l'État de Venise , vint à Paris en 1716, & y mourut en 1739? à l'âge de cinquante-sept ans, très-regretté du Public. Sa femme, Marguerite Rusca, connue sous le nom de Violette, jouoit les rôles de Suivantes. Parmi plusieurs enfans qu'ils ont laines , & qui ont paru sur le même Théâtre , la plus connue est Madame de HeHe, épouse du célèbre A&eur de ce nom.
THULAUX, (M.) né à Nantes en 1741, a fait jouer, sur un Théâtre de société , les Libertins dupés, 7
THULLIN, Auteur de la Prodigieuse reconnoissance de Daphnis & de Cloris.
TIPHAIGNE , ( Michel ) né à Chartres, a fait imprimer une Comédie des Enfans.
TORCHES, ( l'Abbé de ) a traduit , de l'Italien,
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Y Aminte du Tasse , la Philis de Scyre , & le Berger fidele. ''31; .•
TORLEZ, Maître de Musique de Clermont el1 Auvergne, a composé une Pastorale intitulée le Départ du Guerrier Amant. •
TOUSTAIN: : ( Charles ) Sieur de la M ahurie , Lieutenant-Général à Falaise , lieu de sa naissance , a donné en 1576 , une Tragédie d'Agamemnon. ~ - .H ~
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TOUSTAIN : ( Ville ) on attribue à cet Auteur;: très-peu connu, quatre Pieces imprimées vers 1620, dont voici les titres : Tragi-Comédie des Enfans de Turlupin , Eflher, la Tragédie de la Naissance ou création du Monde , & la Tragédie de Samson. •
TRASIBULE , Auteur Pseudonyme. d'unè Comédie intitulée le Pape malade 6, tirant à Ja fin. *' *.
TRAVERSIER , ( M. Jcan-Claude ) né à Paris en 1742, a fait imprimer une Tragédie de Panthée, & jouer en société , le Triomphe de Mathurin , Opéra-Comique 3 & au College de la Flèche , le Soldat venu à propos , Drame en Vers libres, -avec un Prologue. 'V
TRIAL , ( Jean-Claude ) Directeur de l'Académie royale de Musique , & digne de cette place par ses talens , étoit né à Avignon, & est mort à Paris , dans sa trente-septieme année , le 23 Juin 1771. On voit que sa carriere a été terminée de bonne heure ; ce qui nous relie de lui annonce qu'il auroit pu en parcourir une glorieuse , s'il avoit vécu plus long-temps. Indépendamment de plusieurs Ouvrages de Musique qu'il a faits pouf le Prince de Conti , auquel il a été attaché en qualité de Musicien, il est encore Auteur de la
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Musique d'Esope à Cythère, de la Chercheuse d'Esprit y des divertissemens de la Provençale, & de plusieurs autres dans différens Opéra ; du Prologue & des deux premiers Aétes 'de l'Opéra de Sylvie ; de l'A8:e de Théonis avec M. le Berton, & de l'A&e de Flore, seul. .
•
Dans la place de DireéCeur de l'Académie Royale de Musique, Trial se comporta de maniere à se concilier également l'estime de ses confreres, & l'attachement des inférieurs. Le gouvernement de l'Opéra est une administration pénible & embarrassante : il faut que le Directeur d'une machine si compliquée , sache en régler tous les ressorts » dissiper les obstacles qui nuiroient à leur jeu, satisfaire le goût, & quelquefois les caprices d'un public inconllant ; ramener à un point d'union & de concorde trèsrare , une foule de talens divers , & souvent rivaux, entretenir l'émulation, sans exciter la jalousse, distribuer les récompenses avec égalité , . ménager les punitions, borner les prétentions des uns' en les flattant , réduire l'indépendance des autres en paroissant l'approuver ; établir enfin , dans le régime intérieur de cette vaste entreprise, autant d'harmonie qu'il en régne dans l'Orchestre ; tels étoient les devoirs dont Trial s'acquittoit parfaitement. Il avoit épousé Mlle. Viétoire Gobé, connue parson esprit, & qui fut également goûtée à l'Opera-Cômique, à l'Opéra, & à la Comédie Italienne. •• -
r TRI BOLET , ( Chrétien ) Capitaine d'Infanterie , né en 1661, mort en 1700 , a composé un Opéra, de Scylla. - ' : t
F TRISTAN, ( François) furonmmé l'Hermite , né au Château de Souliers, dans la Province de la Marche, en 1601 , comptoit parmi ses aïeux , le fameux Pierre l'Hermite , Auteur de la premiere Croisade. Placé auprès du Marquis de Verneuil 1
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bâtard de Henri IV, il eut le malheur de tuer un Garde-du-Corps, avec lequel il se battit en duel. Il passa en Angleterre, & de-là vint en Poitou, où Scévole de Sainte-Marthe le prit chez lui. C'est dans cette école , qu'il puisa le goût des Lettres. Le Maréchal d'Humieres , l'ayant vu à Bordeaux, le présenta à Louis XIII , qui lui accorda sa grâce ; '& Gaston d'Orléans le prit, pour un de ses Gentilhommes ordinaires. Le jeu , les femmes & les Vers, remplirent ses jours; mais ces passions ne firent pas sa 'fortune. Il fut toujours pauvre ; si l'on en croit Boileau, il passoit l'été sans linge &: l'hiver sans manteau. Ce.. Poëte mourut en 16 5 5 , à 54 ans, après avoir mené unA vie agitée & remplie d'évenemens, dont il a fait connoitre une grande partie dans son Page disgracié 9 Roman qu'on peut regarder comme ses Mémoires. Tristan s'eil sur-tout difUngué' pàr ses Pieces dramatiques. Elles eurent toutes, de soq tems, beaucoup de succès ; mais il n'y a que la Tragédie de Mariamne, qui soutienne aujourd'hui la réputation de son Auteur. Ses autres Œuvres de Théâtre , sont Pan thé e , la Chiite dePhaéton , la Mort de Crispe , la Folie du Sage , la Mort de Séneque , Amarillis , le Parasite , & Id Mort du Grand Osman, On lui attribue encore deux, Tragédies, intitulées Bajazet & Sdim. -■{ —
Quoique de meilleurs Ouvrages aient fait entierement oublier les Pieces de ce: Auteur , il y en a quelques unes, auxquelles «,on rendra toujours justice. Mariamne , sur-tout, & la Mort de Crispe , feront honneur aux talens de ce Poëte' Il n'a point, comme presque tous les Auteurs de son tems , défiguré l'Amour par un maussade ;arg)n de la galanterie, quoiqu'il ne soit pas tout-à-fait exempt d'équivoques & de jeux de mots. 1 a peint cette passion d'une maniéré forte & tragique. C est un mérite dansyn teins ou la contagion des mauvais-
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Romans avoit gagné toutes les parties de la Littérature. Les Vers de Tristan sont harmonieux ; .il est pompeux & magnifique dans ses récits. Il brille sur-tout dans les récits des songes : un de nos illustres Tragiques l'a imité en cette partie. JLa conduite de sa Piece est ordinairement sage & réguliere ; les évènemens en sont vraisemblables & bien amenés ; ce qui, dans son siecle sur-tout, doit être regardé comme un prodige.
Tristan fut reçu à l'Académie Françoise en
1648, & mourut à l'Hôtel de Guise , en 1 On prétend qu'il fit lui-même son Épitaphe que voici:
, Ebloui de l'éclat de- la splcndeur mondaine,
Je nie flattai toujours d'une espérance vaine ,
Faisant le chien couchant auprès d'un grand Seigneur :
Je me vis toujours pauvre, & tâchai deparoître; Je-vécus dans la peine attendant le bonheur,
Et mourus sur un coffre en attendant mon Maître.
, TROTEREL, ( Pierre ) Sieur d'Aves , a fait con•noître lui-même sa Patrie par ces Vers:
' Il faut, Lecteur , que je te die
Que je demeure en Normandie.
Le liett de ma nativité
Est: près Falaise , du côté
Où le soleil commence à luire
A l'opposite du Zéphire.
Nous avons de cet Auteur les Pieces suivantes 9 les Corrivaux , Pasithée , l' Amour triomphant, Sainte Agnès , Gillette , Ariflène , Philifiée , & Guillaume d'Aquitaine. On lui attribue encore Théocris , la Dryade amoureuse j & le Ravissement de Florise. On ne connoît que par leurs titres la plupart de ces Pieces.
TURNÉBE OU TouRNEBU, ( Odet) Professeur en Langue Grecque au Collège Royal de Paris,
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fut nommé Premier Président de la Cour desMonnoies , & mourut jeune, d'une fiévre chaude, en 1581 , après avoir donné la Comédie des Contsns.
TURLUPIN , célébré Farceur, qui avoit pris ce' nom, a joué pendant plus de cinquante ans, dans là Troupe des Comédiens de l'Hôtel de Bourgogne. Il s'appelloit Henri-le-Grand , dit Belleville ou Turlupin. Il monta sur le Théâtre en 1583, dès son enfance, & n'en descendit que pour entrer dans la fosse , qui lui fut accordée en l'Eglise de Saint-Sauveur, en 1634. Tout le monde sait que lés turlupinades étoient de méchantes pointes 9 des jeux de mots, & des équivoques iniipides.
TURPIN , (M. F. H.) ancien Professeur en l'Université de Caen , Auteur de plusieurs Ouvrages historiqués très - estimés , a fait imprimer , vers l'an 1774, une Tragédie de Cyrus.
TYRON ( Antoine ) Auteur de deux Pieces,
VEnsant prodigue & JoJepfi.
VAC VAD
VA CH N, (M. ) a mis en Musique les Pieces suivantes : Renaud d'Ast , avec Trial ; seul , les Femmes & le secret, Hippomêne 6' Atalante ; Sara • ou la Fermiere Ecosoise. Il a eu part à Esopc 4 Cythere.
VADÉ, ( Jean-Joseph ) naquit en 1720 , à Ham en Picardie. Son pere , qui avoit un petit commerce , étant venu s'établir à Paris, l'amena dans cette Ville à
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l'âge de cinq ans. Il eut -la jeunesse la plus dissipée , la plus bouillante & la plus fougueuse. Il ne fut pas pofllble de lui faire faire ses études j & il n'a jamais sçu p!us de latin que Boursault. Peut-être cette ignorance , en le rendant moins difficile & moins timide , l'a-t-elle rendu plus original dans ses écrits. Il tira tout, en général , de son propre fonds ; cependant il corrigea, du mieux qu'il put, le vice de son éducation par la. levure des bons livres françois. Le genre poissard , dont il est créateur, & dans lequel il a excellé , n'est point un genre méprisable j & il y auroit certainement beaucoup d'injustice à le confondre avec le burlesque , cette platitude extravagante & facile du dernier liecle , qui ne pouvoit subsifler long-tems parmi nous. Le burlesque ne peint rien 3 le poissard peint la nature, basse y si l'on veut , aux regards dédaigneux d'une certaine dignité philosophique , mais très-agréable à voir , quoi qu'en disent nos délicats. Un tableau qui me représente avec vérité une Guinguette, des gens du Peuple dansans,dessoldatsbuvans&fumans, n'a-t-il pas droit de me plaire ? Vadé est le Teniers de la Littérature; & Teniers est compté parmi les plus grands Arstistes : quoiqu'il n'ait peint que, des Fêtes Flamandes , il n'y a point de Connoisseur qui ne soit enchanté de ses tableaux ; comme il n'y a point d'Homme de Lettres ni d'Amateur, qui n'ait vu jouer & qui ne lise même avec plaisir les Œuvres de Vadé. Mais je ne parlerai ici que de ses Pieces de Théâtre ; sçavoir, la Fileuse , le Poirier , le Bouquet du Roi , le Suffisant, le Rien , les Troqueurs , le Trompeur trompé, il étoit tems , la Nouvelle Bafliçnne,. les Troyennes de Champagne , Jérôme 6' Fanchonnette , le Confident heureux ,Follette Nicaise, les Raccoleurs , l'In-promptu du Cœur, & le Mauvais plaisant, avec une Comédie intitulée la Canadienne , qui n'a point été représentée. Le Canevas de la Veuve indéciJè est aussi de Vadé. Il cst
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est connu d'ailleurs par Ion petit Poëme de la Pipe cassée , ses Chansons dans le goût poissard, & plusieurs autres Poésies.
VAERNEWIC , dont on ne sçait autre chose , sinon , qu'il donna, en 1701, une Tragédie de Montmouth.
VALEF , ( M. le Baron de) a fait imprimer , dans le troisieme volume de ses Œuvres diverses , une Tragédie d'Electe.
VALENTIN, Auteur du Franc-Bourgeois.
VALENTINE , ( Louis Bernin de) Seigneur d'Ussé , Contrôleur de la Maison du Roi, connu par quelques Poésies, remit au Théâtre la Tragédie de Cosfroès, avec des changemens.
VALIER , (M. François-Charles de) Comte du Saufhy, Chevalier de Saint-Louis , Colonel d'Infanterie , des Académies d'Amiens & de Nancy, né à Paris au commencement de ce siecle , a. fait jouer à la Cour Eglé & le Triomphe de Flore.
VALLÉE dédia à la Duchesse de Modène , une Piece , dont le Titre est le Fidèle Esclave, & à Mademoiselle Laura Martinozzi, une Tragédie intitulée la Forte Romaine.
VALLIN, ( Jean) de Genève, fit imprimer, qg
1637, Israël affligé.
VAN-MALDER, (M.) Auteur de la Musique d'une Piece de Poinsinet, intitulée la Bagarre.
VARENNE , ( Denys de ) n'est connu que par une
Piece intitulée le Baron d'Asnon.
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VATELET , (M.) de l'Académie Françoise , a donné le plan , & fait une partie de la Comédie de Zénéide, que Cahusac a mise en Vers. „
VAUBERTRAND. ( M. ) Avocat, est Auteur d'une Iphigénie en Tauride.
VAUMORIERE, , ( Pierre d'Ortigue Sieur de ) d'une bonne famille d'Apt, en Provence, écrivoit agréablement. Il mourut en 1693 , laissant une seule Piece de Théâtre, intitulée le Bon mari. Il avoit achevé le Roman de Pharamond de la Calprenede.
VEINS, (Aymard) a publié en 1J99, une C/o- rinde.
VENEL , Auteur d'une Tragédie de Jepthé.
VERONNEAU, né à Blois , est Auteur d'une
Tragédie intulée l'Impuissance.
VËRONEZE, ancien Pantalon de la Comédie Italienne, a racommodé pluiieurs canevas de ce Théâtre. Voye1 CAMILLE. Voyez CORALINE.
Depuis le front, jusqu'au talon,
Tont s'exprime dans Véronèze ;
Et le Speftateur est fort aise ,
Quand il voit venir Pantalon.
On jouoit souvent, du tems de Veroneze, les Pieces suivantes, que cet Auteur avoit faites, retouchées , ou raccommodées , Coraline Magicienne y Coraline Jardïniere, Coraline Proteélrice de l'innocence , Coraline Fée , Coraline Intriguante , Coraline Esprit follet , les Folies de Coraline, Arlequin Coraline > Scapin Médecin, ou Heureux désespoir d'Arlejuin ct de Coraline , les Mariages
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ni ne*, le Piina de Salerne , le tan* Mnrqa'i v * * ! La, eux rjela\x , les Peux .S;;/;.. j j i' ,t
.-.t/c encit.intee , les £ cm 5 elles f les j"e'C>. itraies v Lï r'auffe nobic'J. y le I) cable engage rien; , les PeuxA rie qui.'ies , Ai L quia h-:!•■.: de ï Amour , :V.v Philo m iop'ies Militaires , Arlequi-i Geme , les Perdr.x ; ou. ie Tromyeur ttcwê , h le juin gLl'e ? le Retour -T Ar/.c^m n 5 les y 'vCi/,twV. , le» Intrigues Am-jurcjfe: , lès .!e.^u;emens amoureux , les L'eux .1riecfui /. l .v ùcupihs > iCS Conf entente us / oree* $ K'-J /• i'»:V,c/!'('î J'Arlequin & de Scayra, le /'//y J ¡' -, .'Tt»/; ! . le.-. /LAes Jd At'îour , les Jaloux, le Mu.rquis Ji'-l'poie t les /. ,:"'c.":'zc'; ç du Bal . Í L 1\ . les J'y è ens A'.n.'/;, /!<.•> , Arlequi 7 Lauareucr jaloux 9 L Pal.-'t ..V v c , la /•.'/'S:.' e.; i\vnuii , Arlequin » /■loi /: , les Achangés ) !'Oracle accompli, . la Pr-rcauno'i i rutile , Ynjclave rtitouvce } les
fx Infortunes dd-IAequin , les Voyageurs.
_ VIEILLARD DE BOIS-MARTIN, ( M.) Aiuiunzor, 1 ragédie 1771.
VIEUGET , Auteur des Aventures de Policandre* vf(;F,()N , (Bernard du ) Peintre en Mmiacuie, né à Paris, ou il est mort âgé de 77 ans , d laiss"é une Comédie intitulée la. Partie de Cam^ay/u-*
ViGNEAU , vivoir en ^)-7 , tems ou Il TMrllt:t sous son nom, une Tragédie d7/;c„
VILLARET , né à Paris, & mort en cette Ville en 1766 , fut un des Continuateurs de t'Hiitoire de France » commencée par i'Abbe V dly. Après avoir joué la Comédie en Province, & dirigé une Troupe de Comédiens , il revint a Paris j où li avoit composé en société , avec MM. Bret & d'Aucourt, la Comédie du Quartier d'hvver„
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VILLEDIEU > * ( Marie-Catherine-Hortense Desjardins de ) née à Alençon en 1632, vint à Paris à 1 âge d'environ vingt ans, & s'y fit estimer par son esprit. Elle épousa un Capitaine au Régiment .Dauphin, fit casser son mariage , épousa un M. de Challe , qu'elle perdit peu de tems après ; se remaria, dit-on, mais ne quitta jamais le nom de son premier mari. On connoit les Romans de Madame de Villedieu ; on connoît moins ses Pieces ,de Théâtre , qui sont Manlius ct Torquatus, Nitétis, & le Favori.
VILLEMOT ( J. ) la Conversion de St. Paul.
« ViLLENEUVE , ancien Maître de Musique de la Cathédrale d'Aix , a composé celle de l'Opéra de la Princesse d'Elide.
VILLIERS a joué la Comédie à l'Hôtel de Bourgogne , &: est mort vers l'an 1680. Nous avons de lui six Comédies, le Fejlin de Pierre, l'apothicaire devaitsé , les Ramoneurs, la Vengeance des Marquis , les Trois visages , & les Coteaux. On lui attribue encore la Veuve à lg mode.
VILLON, ( Francois .Corbeuil dit ) a paffé pour Auteur de l'Ancienne Farce de l'Avocat Patelin.
VLLLORIÉ , ( M. ) les Vieux garçons.
- VioNNET , (George) Jésuite , Professeur de1 Rhétorique au Collège de Lyon , né à Lyon en 1712, & mort en 1754, étoit Auteur d'une Tragédie de Xerxès.
VIREY , ( Jean) Sieur des Graviers, de famille noble, naquit aux environs de la Basïe Normandie. 11 prit d'abord le parti des armes, fous les Ordres du Maréchal de Matignon, Lieutenant-Général de sa Pro-
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'vitice , qui lui procura le Gouvernement de la Ville & du Château de Cherbourg , après les Guerres "• civiles , qui précédèrent & suivirent la mort de Henri III. Il traduisit en Vers françois le Livre des Machabées. Le courage de la Maréchale de ; Matignon, qui perdit tous ses enfans, & sur-tout le Comte de Torigny , tué à la Bataille d'Ivri , au gain de laquelle il avoit contribué parut avoir beaucoup de rapport avec la fermeté de la mere des Machabées. Encouragé d'ailleurs par l'exemple des Poëtes Dramatiques de son tems , il s'imagina qu'en détachant quelques centaines de Vers de son Poëme, il pourroit en composer une Tragédie , qu'il intitula les Machabées.
ViSE, (Jean Donne au , Sieur de) né à Paris en 1640 , étoit cadet d'une famiLle d'ancienne> Noblesse. Ses parens le destinèrent à l'état Ecclé-' siastique ; il en prit l'habit, & obtint quelques Bénéfices : mais l'Amour lui fit quitter cet état ; il se maria avec la fille d'un Peintre. Des. Nouvelles galantes & des Comédies l'occupèrent dès l'âge de 18 ans. Il commença, en 1672, un Ouvrage périodique sous le titre de Mercure galant, Journal qu'on a bien perfectionné depuis, sous celui de Mercure de France. Visé embrassa plusieurs genres avec des talens médiocres. Cet Auteur perdit la vue quatre ans avant sa mort arrivée à Paris, en 1710. Il avoit de l'esprit , de la politesse ; il connoissoit le monde , & lui plaisoit par les agrémens de son carattère. Ses Pieces de Théâtre font les Amans brouillés , les Amours de Vénus 6* £ Adonis , le Gentilhomme Guespin , les Intrigues de la Loterie, le Mariage de Bacchus , l' Inconnu , la. Devineresse ; ces deux-ci en société avec Thomas Corneille ; la Comete , les Dames vengées , le Vieillard couru , fk l' Aventurier. On lui attribue encore une Comédie des Dames vertueuses, qui n'est point connue * & Zélinde, Y Embarras de Godard , la Veuve
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à la mode, j Délie 9 les Amours du Soleil , & VU-
'•< ~ ~
VOLANT, (Paul) né en Touraine, & Avocat au Parlement de Rennes, a fait en 1*84 , une
Tragédie je Pyrrhus. :*
V (M. l'Abbé de) Auteur anonyme, auquel on attribue les Mariages îortis , la Coquette sixcç , la Jeune Grecque , lAmour & Psyché, &c &c. Ces Ouvrages ne sont anonymes que pour bien peu. de Lecteurs. L'homme de talent cherche en vain à garder l'incognito ; il est promptement découvert. L'Écrivain sans mérite, au contraire, a beau placer son nom à la tête de tous ses Ouvrages, il n'en est pas moins ignoré. La réputation est comme l'ombre -, elle fuit lorsqu'on cqurt après elle ; & elle suit toujours celui qui paroît vouloir fuir. Ce Théâtre anonyme seroit beaucoup plus considérable, si pn eût inséré toutes les Pieces dvi même Auteur , que d'autres Auteurs se sont attribues. Mais pour ne parler que de celles qui sont incontestablement de lui, toutes soutiennent- avantageusement la lecture; je n'en excepte pas même celles qui ne purent soutenir la représentation. Toutes, en général, caractérisent l'homme répandu dans le monde, & l'Auteur instruit des secrets de son Art. Il trace des tableaux & des préceptes également vrais. Le tour de ses Vers est heureux, facile, élégant ; Ion siyle a tout le brillant qu'exige le goût du siecle } & tout le naturel , toute la, solidité dont le siecle fournit peu d'exemples. Il est fertile en tirades ; mais il sçait les placer ; e4 la Coquette fixée prouve qu'il sçait conduire une intrigue , &, qui plus est , qu'il peut maniérée . . des çaractères. Les points de ressemblance qui se trouvent entre cette Comédie & la Princesse d'Elide , ne dérobent rien au talent du Poete moderne. C'est , & ce sera > sans doute, encore:
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plus par la suite, le sort des Pieces nouvelles , d'avoir, quant au fond , du rapport avec les anciennes. Les ridicules peuvent être inépuisables ; mais les combinaisons—théâtrales ne le sont pas. Un autre mérite qui distingue l'Auteur anonyme , ce sont les efforts qu'il fait, pour rappeller la Comédie à son vrai ton. Il eût pu , comme bien d'autres, s'égarer dans des routes nouvelles , mais tristes ou obscares ; il leur a préféré les voies connues , mais riantes & agréables. Il a imité ces Citoyens , plus jaloux de cultiver le sol de leur patrie , que d'y introduire de ces productions étrangères, presque toujours superflues, & souvent nuisibles.
VOLTAIRE , (M. François - Marie Arouet de) né à Paris le 30 Novembre 1694, a donné à l'Opéra , le Temple de Ix gloire ; au Théâtre François, Œdipe, Arthemire , Hérode 6* Mariamne , l'Indiscret, Brutus , Eryphile , Zaïre , Adélaïde, remise avec des changemens, sous le titre d'Adélaïde du Guesclin, Ahfire, \'Ensant prodigue, Zulime , la Mort de Ce sar, le Fanatisme ou Mahomet , Mérope , la Princesse de Navarre, Nanine , Sémiramis, Oreste, Rome sauvée, le Duc de Foix , Y Orphelin de la Chine r l'Ecossaise , Tancréde , l'Écueil du Sage , Olympie f les Scythes , les Triumvirs , la Sophonisbe. Pieces mon - représentées , les Guêbrès , Samson, Pandore , la Prude , Socrate , la Femme qui a raison , la Comtesse de Givry , Saïdi les Pélopides , le Dépositaire , les Loix de Minos.
Lorsque M. de Voltaire entra dans la carriere, tous les genres sembloient être épuisés : le grand , le sublime , par Corneille ; le tendre, le touchant, par Racine ; le fort, le terrible par Crébillon. Il falloit donc que M. de Voltaire se frayât une nouvelle route ; & il le fit. Il réunit ces trois genres > qui avoient > chacun à part, illustre trois
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grands-hommes ; il y ajouta une harmonie , un coloris , jusqu'alors inconnus dans notre Poésie , & une sorte de Philosophie encore moins connue sur la scène. Jusques-là, o-n s'étoit borné à rendre les grands crimes odieux ; M. de Voltaire fait plus > il rend la vertu aimable : chacun de ses Drames esi le panégyrique de l'humanité. Il en efi, peu , s'il est permis de le dire, dont on ne sorte plus honnêtehomme qu'on n'y étoit entré. Un tel genre , qui rassemble tous les autres , ajoûte à leur perfection , & manquoit à celle du Théâtre -, seul, il pouvoit assurer à l'Auteur une gloire immortelle.
VOZON, , ( Benoît ) Maître-ès-Arts , & Recteur du Collège de Saint Chaumont, a laissé une Comédie françoise intitulée l'Enfer Poëtique , sur les sept péchés mortels , 6' les sept vertus contraires , en cinq Actes, en Vers, 1586.
R XIM YON ZER
Xi lMENES,(M. le Marquis de ) a fait jouer , au Théâtre françois, les Tragédies d'Epicharis 8c d'Amalazonte ; & sur un Théâtre particulier, celle de Dont Carlos. ^
Y o N , né à Paris , Avocat, mort, ou mourant en 1774 , a laissé la Métempsycose , l'Amour ct La Folie i &: les Deux Soeurs.
YVERNAND , dont on connoît le Martyre de Ste. Urjule , & la Farce joyeuse de Martin Basson f squï rabat le caquet des femmes.
ZE RBIN, ( Gaspard ) Avocat de Provence , a fait plusieurs Pieces Provençales, qui n'ont d'autre titre que ceui de Comédie Prouvençalo ; &c un Prologue sur F Amour. .
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ADDITIONS,
POUR le Dictionnaire des Pieces de Théâtre qui forment les Tomes I si Il.
A
A BON CHAT BON RAT , Comédie en un Acte, en Prose, imprimée en 1773.
ABRADATE, Tragédie par M. d'Olgiband de la Grange, 1771.
ADÉLAÏDE DE HONGRIE , Tragédie de M.
Dorat, 1774.
ADELE DE PONTHIEU , Tragédie-Opéra, qui parut d'abord en trois Actes, & fut mise ensuite en cinq , par M. de Saint-Marc, Musique de MM. de la Borde & le Berton, 1772.
ALCIBIADE. Un Officier , passant par Lyon , où l'on jouoit cette Piece de Campiflron , indigné , au quatrieme aébe , de la maniere cruelle dont l'Actrice qui jouoit Paltnis , traitoit un Héros si passionné & si intéressant, se leva de sa place , & par un enthousiasme de bonté d'ame , dit tout haut à l'Aéfceur rebuté : » eh que diable ! donne lui si quatre louis, comme j'ai fait tantôt ; & tu en viendras à bout, sur ma parole.
ALCIDONIS , ou la JOURNÉE LACÉDÉMONIENNE , Drame anonyme- en trois Adtes , avec des intermèdes, à la Comédie françoise , 177,'.
ALCIMATENDRE , Parodie d'Alcimadure , Pantomime en un A cte, par M. Arnould, 1775*
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... - *
DAMANS GÉNÉREUX, (les) Comédie on' Cinq Actes , en Prose, par M. Rochon de Chabannes, aux François, 1774. î » * À
- AMANS INDISCRETS , ( les ) ou la COMTESSE D'OLINVAL , Drame en cinq Actes, par Mau- | comble, imprimée vers l'an 176 !
AMOUR A TEMPÉ , l) ajoutez, Pastorale érotique, par Madame Chaumont.
AMOURS VILLAGEOISES, (les) Opéra-Comique en deux Astçs, Mulique de M. Renaut, paroles de M. Rouhier , 1771-
AVARE. ( Y ) Un Acteur , jouant le Rôle d'Harpagon dans cette Piece, se laissa tomber en courant, & en criant au voleur , à la Sçene de la Cassette. Loin de chercher à se relever, il eut là. présence d'esprit de continuer son rôle par terre , comme un homme affaissé sous le poids de la douleur & du désespoir. Il ne se releva qu'à l'endroit où la nature & la vérité lui permettoient de le faire j & le Public fut persuadé qu'il étoit tombé exprès, pour mieux rendre son jeu.
A
AZOLAN , ou le SERMENT INDISCRET , OpéraBallet, en trois Actes , par M. le Monnier, Mutique de M. Floquet, 1774. -
B
B A L , (le ) Opéra en un 'Aâe , mis en Musique par M. Pételard , paro letde M. Rouhier , imprimé à. Copenhague en 1770, îk joué à Venlenciennes , en 1773.
BÉVERLEY. Une vieille Dame , retirée dans son Château, n'avoit qu'un fils, joueur, débauché,
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mauvais sujet, qui s'étoit fait Comédien, parce que sa mere ne vouloit plus le voir. Le hasard fit que la Troupe , où il étoit engagé, vint précifément palier l'hyver dans la Ville voisine du Château- Quelques personnes l'ayant reconnu , en avertirent la mere , qui fut curieuse de voir jouer son fils. Elle fit louer , sous main , une loge , & se rendit secrettement à la Comédie avec deux ou trois de ses amis. On donnoit BéverLey , ou le Jouçur Anglois ; & le rapport qui se trouvoit avec son fils, chargé du principal personnage, parut si frappant à cette femme , qu'à chaque trait elle s'écrivit : « le voilà , le gueux, le coquin, toujours 3) le même ; il n'a point changé » ! L'illusion augmentant chez elle à mesure que la Piece avançoit , quand elle vit , au cinquieme Aste j l'Acteur lever la main pour massacrer son enfant, elle dit d'une voix terrible , avec le frémissement de la nature : « Arrête, malheureux ! ne tue?pas ton enfant ; je le prendrai plutôt chez moi ». Ce qui causa la plus grande émotion dans le Spectacle, & fit même, dit-on , défendre la Piece aux Comédiens.
BOUQUET DE LA SAINT LOUIS , (le) par M. Dorvigny , joué à Compiegne, & imprimé en 1773.
BRACONNIER, (le) Pantomime en un Aste, par M. Arnould, 1773.
BRITANNICUS. Un Spectateur extrêmement attentif à - cette Tragédie , où Narcisse répète à Néron, ce qu'il a dit à Britannicus , & les trompe alternativement l'un & l'autre ; cet homme , par un mouvement de franchise & d'intérêt, s'écria ; (c Ne le croyez pas, Monsieur ; il en vient » de dire autant à M. votre frere ».
BUCHERON, (le) Comédie en un Acte, mêlée
4'Ariettes, par M. Castet, 1763.
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C
CASTILLE ET FANNI, Comédie en un Acte, mêlée d'Ariettes, par M. Rouhier , musique de M. Larti, 1769. x
CÉPHALE ET PROCRIS , ou L'AMOUR CONJUGAL , Tragédie lyrique , en trois Actes, par M. Marmontel, musique de M. Grétry, jouée à la Cour, 1773.
CLÉMENTINE,ouI'AsCENDANT DE LA VERTU, par M. le Baron de Margueritte , Drame en cinq Actes, en Prose, représenté à Nimes, vers l'an 1773-
• • CINQUANTAINE DRAMATIQUE DE M. DE VOLTAIRE , ( la ) suivie de l'inauguration de sa Statue, intermède en un Aéte, orné de chants & de danses, par l'Auteur du Poëme du luxe , 1773.
COMTE D'ESSEX. ( le ) Lorsque Baron , dans cette Piece , laissa tomber sa jarretiere sur le Théâtre, si cet accident lui fut arrivé étant en Scène avec la Reine ou la Duchesse , certainement , il n'auroit pu la rattacher en présence de l'une ou de Fautre , sans choquer les règles de la bienséance & du respeB: ; au lieu que , ne se trouvant, en ce moment , que vis-à-vis du traître Cécil, qu'il étoit en droit de traiter avec hauteur, rien ne l'empêchoit de remetre sa jarretiere devant lui, la jambe appuyée sans façon sur un des balcons du Théâtre , & de continuer à lui parler comme il fit, en le regardant à Ipeine, ou ui tournant le dos : ce n'étoit même , pour lui * qu'une belle attitude de plus , qui ajoutoit encore à la vérité de la situation. C'est donc au seul hasard, que Baron dut cette occasion de manifester
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ce- trait d'aisance Théâtrale, qui lui a fait tanc d'honneur. D'autres Acteurs voulurent l'imiter depuis , mais toujours infructueusement, comme tant 'de, çhoses qui, n'étant que l'effet du moment , ne sçauroient être répétées avec quelque succès , dès qu'elles paroiss'ent préparées avec affectation.
Un bon' Acteur débutoit par le rôle du Comte d'Essex. Une forte cabale étoit acharnée à l'interrompre , chaque fois qu'il alloit parler ; mais, à la seconde Scene, à peine la Duchesse avoit-elle achevé de lui dire, en parlant du courroux de te Reine :
lqe VOUS aveuglez point par trop de confiance.
C'eitpar son ordre exprès > qu'on s'informe, on s'instruit.
Que cet Acteur, sans se déconcerter du brouhaha réitéré , prit l'Actrice par la main ,'!a 'condui1it fièrement au bord de la Scène ; &, après une petite pause pour fixer l'attention générale, lui dit avec cette assurance modeRe qu'inspire le yrai talent, comme il y a effectivement dans le rôle du Comte :
L'orage , quel qu'il soit 5 ne fera que du bruit ;
La menace en cst vaine & touche peu mon ame.
La cabale, frappée & de l'application & de la présence d'esprit de l'Acbeur , se trouva désarmée tout d'un coup , finit par l'écouter attentivement , & rendit justice à les talens :
COURTIS ANNES , ( le$ ) Comédie en trois Actes , en Vers, par M. Palissot, lue en 1775*
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DÉSERTEUR, (le) Les Parisiens ne laissent échapper aucune occasion de faire éclater leur
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'amour pour leurs Majestés. Le jour de l'ouverture des Spectacles , qui avoient été fermés à la mort de Louis XV , au moment où Monte-au-Ciel, dans l'Opéra-Comique du Déseneur, chante, VIVE LE ROI , tout le Parterre répéta ces mots avec acclamation , ainsi que les loges ; & un Acteur ajouta, VIVE LA REINE; cè qui fut encore répété d'une voix unanime. Au Théâtre François, le Public V ne manqua pas de faire l'application du dernier \ Vers de la Tragédie d'Héraciius.
Montrez HéracliaS au Peuple qui l'attend.
DEUX PERES , ( les ) Comédie imprimée à Copenhague, & jouée sur le Théâtte de la Cour de Danemarck; par M. Rouhier , 1770.
E
ÉCOLE DES FEMMES. (P) La DUe. de Brie avoit joué d'original, le rôle dAgnès , dans cette Comédie. Ses., camarades , la voyant vieillir , lui conseillerent de céder ce rôle à une Actrice plus jeune ; mais dès que celle-ci parut sur le Théâtre * le Parterre demanda la Dlle. de Brie avec tant d'inltance , qu'on fut obligé de l'aller chercher. Elle vint jouer le rôle, en habit de ville, & fut si applaudie , qu'elle Continua à le jouer jusqu'à l'âge de soixante-cinq ans. On fit ces Vers à cette occasion :
- Il faut qu'elle àit été charmante;
Puisqu' aujourd'hui, malgré s6s ans,
A peine des attraits naiflans
Egalent sa beauté mourante.
EGOÏSTE ) ( 1' ) Comédie - Ballet , en quatre Actes, en Vers, par un Anonyme, imprimée en 1774.
ESCLAVE , ( 1' ) ou le MARIN GDN-ÉREUX >
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intermède en un Aste, rédigé de 1 Italien , par un Anonyme, 1773.
F
FAUSSE PEUR, (la) Comédie en un Acte , mêlée d'Ariettes, par M. M 1'.... Musique de M. d'Arcis le fils, aux Italiens, 1774.
FÊTE A L'IN-PROMPTU, (la) par M. d'Orvigny, Piece jouée à Compiegne > & imprimée en 1773.
FÊTE DE COLETTE, (la) divertissement Pàntomime en un Ad:e , par M. Arnould, 1773.
FLEUR D'AGATHON , ( la-) Drame par M. Dolgiband de la Grange, 1773.
FOLIE DU JOUR, (la) Opéra Bouffon, par M. Dolgiband de la Grange > qui en a aussi fait la musique , 1773.
G
GÉNIE DES DAMÉS, (le) Comédie Italienne e'n quatre Aâes , avec Spectacle & divertilfemens, 1773.
GEORGE ET MOLLY, Drame en trois Actes, mêlé d'Ariettes, imprimé en 1773.
GLORIEUX, (le) Un Asseur débutant par le rôle du Glorieux , s'embarrassa tellement dans Id tapis, en sortant avec Lisimoft à la fin du second Acte, qu'il se laiss- tomber. Jnsques-Ià , il n'y avoit rien qui ne pût bien arriver à tout autre ; mais ce qu'il y eut de p!aitant , c'est qu'incontinent après, Pasquin, ressé seul sur la Scène , se trouva dansée cas dr dire ce Vers de son rôle ;
Voilà mon Glorieux bien tombé ....
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L'application de ce Vers produisit d'autant plus d'effet, qu'il s'y trouva un rapport singulier avec 4 l'Acteur ,, qui, outre sa chute physique, a voit peu reussi dans son début. |
* » !
H i
,HENRI IV, Drame en trois A ctes, en Prose, avec des Ariettes , par M. de Rosoy, musique de M. Martini, aux Italiens, 1774.
HÉROS FRANÇOIS, (les) ou le SiEGE DE SAINT-JEAN DE LONE , Drame Héroïque en trois A ctes , en Prose , par M. Dussieux, imprimé en 17.74. ••• - ' ' 1 '
HOMME A LA MODE, (P) ou les BANQUEROUTIERS, Comédie en deux A8:es, en Prose , par M. P. de Deg. 1775*; { '
HORACES. ( les ) Lorsque Mlle. Duclos , jouant le rôle de Camille dans les Horaces , se laissa tomber sur la Scène après son imprécation, par la précipitation avec laquelle elle vouloit fuir son frere ; un Asseur intelligent , jouant le rôle .d'Horace , n'auroit, sans doute, pas manqué de saisir cette occasion , pour la poignarder dans sa chute même ; au-lieu de faire comme le sienr Baubourg , qui
ôta son chapeau d'une main, & lui présenta 1 autre fort civilement, pour aller un instant après l assafliner froidement dans la coulisse. La singularité de cette accident bien saisi , eut corrigé, peutêtre, l'attrocité de l'action, & la faute même du Poëte.
1 v
JALOUX HONTEUX DE DUFRENY , (le) ajoutez , retouché Far M. Collé , & réduit à trois Actes. "
JEAN
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JEAN SANS TERRE , ou la CLÉMENCE DE
PHILIPE AUGUSTE,,'Tragédie, 1774.
JUGE, (le) Drame en trois Astes, en Prose par M. Mercier, imprimé en 1774.
IN-PROMPTU DU SENTIMENT ». ( 1' ) Comédie en un Acte , en Prose, à l'occasion du Mariage de M. le Comte d'Artois, par un Anonyme , 1773-
IPHIGÉNIE EN AuLiDE , Tragédie de Racine, réduite à trois Actes, & coupée eu' OpéFa , par M. du Rolley, muiique de M. Gluck, 1774,
ISMF-NOR , Ballet Héroïque en trois Aétes, par M. des Fontaines, musique de Rodolphe, représensée à la Cour, pour le Mariage de M. le Comte d'Artois, 1773.
.M
MAGNIFIQUE ,(le) en trois A Actes, en Prose, mêlée d'Ariettes , par M. Sedaine, musique de M. Grétry , aux Italiens, 1773.
; MALAGRIDA , Tragédie, , ajoutez, par M. de
Longschamps.
MANON1 LESCAUT , ou la COURTISANNNE VERTUEUSE , pour servir de suite au Théâtre de société , par M* D ..., 1773*
MARQUIS DE SALANGES , (le) Drame en un Acte , en' Prose, par M. Rouhier, joué à Valenciennes en 1772.
MÉTROMANIE. Dans cette Piece , Lisette > comme l'on sçait, ouvre la Scène , un rôle à la main , avec le Valet, à qui elle dit :
Témoin ce rôle ençor, qu'il faut que j'étudie.
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L'Actrice se trouva arrêtée, par l'incapacité du Souffleur , à la seconde Scène du second Acte,
,, après cet autre Vers :
Et je prétends si bien représenter FIdoIe ....
Sentant que la mémoire lui manquoit, & qu'elle ne pouvoit pas aller plus loin, elle y suppléa tout de suite, pir le hasard le plus iingulier, en s'avisant de dire :
Mais ... j'aurai plutôt fait de regarder mon rôle.
Ensuite , elle le tira tout naturellement de sa poche, tel qu'elle l'avoit montré dès la premiere Scène ; & c'étoit en effet celui de la Piece même. Alors s'étant remise tranquillement, elle continua sans se déconcerter , ni faire souffrir le Public , comme si ce n'eût été qu'un jeu de Théâtre. Cette petite faute de mémoire tourna d'autant plus à la gloire de l'Actrice, que sa présence d'esprit & la continuation de la Piece sembloient la justifier doublement.
Un Capitoul de Toulouse, se trouvant à 'la
Métromanie , se crut apostrophé par ce Vers :
Monsieur le Capitoul, vous avez des vertiges. >
Tout furibond, il interrompit le Speétacle , envoya l'Acteur en prison , & ht défendre la Piece de son autorité privée ; sur quoi les Étudians s'ameuterent d'une telle force , en demandant chaque jour la Métromonie à haute voix , qu'on fut obligé de la redonner huit jours après. Ensuite vint un ordre qui portoit que , puisqu'on avoit fait une premiere sottise d'interdire cette Piece , on n'en auroit pas dû faire encore une plus grande, de la laisser rejouer ; & en conséquence , on la défendit une seconde fois. -
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N
NAMIR , lisez THELAMFRE , & ajouteïy par
M. le Marquis de Thibouville.
NIMPHE DE DIANE, (les) ajoutez, remises au Théàtre par M. Anseaume , avec de la mufique de M. Moulinghem, aux Italiens, 1774*
NOUVELLES MÉTAMORPHOSES D'ARLEQUIN , (les) Comédie Italienne en cinq Actes , ornée de Spectacles , par M. Carlin , 176,.
O
OISEAU CHÉRI, (1' ) Pantomime de M. Arnould J
1773.
ORPHÉE ET EURIDICE , Drame lyrique, en trois Actes , traduit de l'Italien en François , & ajusté par M. Moline à la musique de M. Gluck » I773*
P
PARTIE DE CHASSE DE HENRI IV, (la) ajoutet j représentée à la Comédie Françoise en I774'
Un vieux Grenadier qui étoit en faction sur le Théâtre , dans une Ville de garnison , pendant qu'on représentoit cette Piece , dans le moment que les Acteurs , à table, chantent & boivent à la santé de Henri IV , par un mouvement d'amour pour son Roi, dont il s'impatientoit de n'entendre point parler , s'oublia au point de s'écrier avec humeur : « Eh ! morbleu, vous autres, à la santé de Louis XV ; quand est-ce que vous y boirez donc » ? Ce qui fut saisi avec de tels applaudissemens» que le public, égayé par cette saillie
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militaire, voulut se mettre aussi de la partie, & finit par crier de même , à la santé de Louis XV , avec des acclarpations réitérées, qui terminerent le -Spectacle avec la plus grande gaieté.
. Il y a quelques années qu'à Bruxelles on donna 'cette (mèrtie Piece , pour célébrer la convales'sepce du Prince Charles de Lorrainej, la premiere rois qu'il vint au Spectacle, après une maladie dangéreule , qui avoit jette l'allarme dans tous les coeurs. Il n'est pas'possible de se figurer la ■sensation prodigieuse que'fit cette Comédie, tant par le rapport singulier, qui sembloit naturellement se trouver entre les quartés & sur tout la bonté d'ame des deux Héros, vque par l'application continuelle que le^publiçr se ,p}aisoit àr en faire , comme tsi la Pièce eut effectivement été composée exprès. Mais l'endroit où les transports, les sattglots les autres,marques çle l'amour de tout un pays pour son Prince, commencèrent à éclater, ce fut à ce passage de Mictaaut : « C'est lorsqu'un Prince est bien malade ,: qu'on peut connoître à quel » point il est aimé de ses sujets » : on eût dit alors que la Salle alloit se bnser ; & cet enthousiasme ne fit que redoubler, jusqu.à,, la fin du..Spectacle. Le grince Jut, plus d'une heure à arriver de son Palais à la Comédie , par la quantité de peuple qui arrêtoit sa voiture dans les rues , en perlant des larmes, & en poussant des cris de joie.
y PERRIN LUCETTE , Comédie en deux Actes , en Prose, mêlée d'Ariettes, par M. dlA.veshes , musique de M. Cifoielli, aux' Italiens , 1774.
, PLUS HEUREUX QUE SAGE , Comédie - proverbe en trpis Actes en. y ers, par M. le Mar.quis de Thibouville jouée en sôciété . & imprimée en 1771.
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PRINCE ROSIER, (le) Comédie en un Acte , en Prose , par A^adame de Beauharnois, jouée > en société 1773.
Q
QUI NE RISQUE RIEN N'A RIEN , ComédieProverbe y en trois Aétes , en Vers par M. le ? Marquis 'de Thibouville , jouée en' société, imprimée en 1771. "
R
RENDEZ-VOUS BIEN EMPLOYÉ , ( le ) Comédie; en un Aste , en Vers, mêlée d'Ariettes, par M. Arisèaume ,musique de M. Monsign'y, aux Italiens, 1774- ~ !
RETOUR DU PRINTEMS , (le) ou le TRIOMPHE DE FLORE', en un Acte, mêlé de Vaudevilles , par M. Nougaret , aux Boulevards, 1767.
RETOUR DË TENDRESSE, (le) Comédie en un A cte, en 'Vers, mêlée d'Ariettes , tirée de la réconciliation VilJageoise de Poinsinet , par M. Anieaume , musique dç M. Méréaux','aùx Italiens" 1774. ' 1 ;
RÉVOLUTION DE PORTUGAL, (la) Tragédie, par M. le Baron de Margueritte, 1773. '' ~
" RICHARD ET SARA , Pastorale en un Acte , en Vers, imprimée en 1773.
RODOGUNE. Dans une Ville de garnison , où l'on donnoit cette Tragédie , au moment où Antlochus j désespéré dé la mort de son frère , veùt sçavoir qui'de sa mere ou de son épouse a pii le faire assassiner, & dit : \ '
' « .. . Une main qui nous sut chère!
Madame , cst-ce la vôtre > ou celle de ma mere ? "
Est-ce vous. &c ?
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Un Grenadier en faction sur le Théâtre , & qui tt'avoit pas perdu un mot de la Tragédie, s"efforçoit , pendant toute la Scène, de faire entendre au jeune Prince, que c'étoit Cléopâtre qui avoit fait le coup , tantôt par des clins-d'œil ou signes de tête, tantôt par certains mouvemens de la main , à la dérobée , & autant que pouvoit le permettre la contrainte de l'attitude du Factionnaire ; de sorte que le Public, s'étant apperçu de cette Pantomime , se livra à de tels éclats de rire , qu'il eut bien de la peine à rappeller son attention pour le reste de la Tragédie.
- ROSIERE , (la) ajoutez : nos Poëtes ont célébré le Village de Salancy , la Fête de la Rose , & la Couronne qui se donne tous les ans à la jeune fille la plus vertueuse. L'honneur de donner la Couronne a fait naître une contestation entre le
Seigneur & les Habitans. Ceux-ci prétendent que c'est à eux, qu'appartient le droit de choisir les trois jeunes filles qui doivent disputer le prix, & au Seigneur le droit d'élire &: de nommer celle qui doit le remporter. Le Seigneur prétend à l'honneur de la choisir seul, sans le concours & la présentation de ses Vassaux. Cette Cause engagée au Parlement, a été jugée en faveur des Habitans.
On retrouvera ici, avec plaisir, quelques Anecdotes sur l'origine de cette Fête , plus étendues que ce que nous en avons déjà dit.
Saint-Médard , Evêque de Noyon & Seigneur de Salancy , qui vivoit du tems de Clovis y voulant que , tous les ans, on donnât un chapeau cfe rose & une somme de vingt-cinq livres, à celle des filles de sa Terre, qui feroit reconnue , par les Habitans, pour être la plus vertueuse, détacha pour cela de ses Domaines plusieurs arpens de terre, qui forment aujourd'hui ce que l'on nomme le Fief de la Rose, 6c en affecta le revenu au paiement
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des vingt-cinq livres, & aux frais du couronnement. Ce Saint Prélat eut le bonheur d'entendre la voix publique proclamer Rosiere l'une de ses soeurs , & de lui donner lui-même le prix glorieux de sa sagesse. On voit encore un tableau placé au-dessus de l'Autel de la Chapelle de Saint-Médard , où cet Évêque est représenté en habits Pontificaux , posant la Couronne de rose sur la tête de sa Íœur, qui est à genoux & coëffée en cheveux. Depuis ce tems, la Couronne de rose a toujours été la récompense de la plus sage Salancienne, qui ne manque guères de trouver un mari dans l'année de son couronnement.
Le jour de cette fête, après une procession solemnelle , on fait dans la Chapelle de SaintMédard la bénédiction du Chapeau de Rose, qui est garni d'un ruban bleu , à bouts flottans, & orné d'un anneau d'argent, depuis que Louis XIII daigna , à la priere de M. de Belloy , Seigneur de Salancy , faire donner à la Rosiere la Couronne, en son nom. Ce fut le Marquis de Gordes , son premier Capitaine des Gardes, qui apporta à. la sage Salancienne , de la part de Sa Majoré , un cordon bleu & une bague d'argent.
En 1766 , M. le Pelletier de Morfontaine , Intendant de Soissons, s'arrêta > en parcourant sa Généralité , à Salancy. Le Bailli, à la réquisition des Habitans, le pria de vouloir donner le Chapeau de Rose à la fille choisie par le Seigneur. Cet Intendant se fît non-seulement un plaisir de conduire la vertueuse Salancienne à l'Autel : il eut encore la générosité de la doter de quarante écus de rente réversible , après sa mort, en faveur de toutes les Rosieres qui en jouiront chacune pendant une année.
ROSIERE,(la) de M. de Pesay, ajoutez, aux
Italiens » 1774.
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RoUE VERTUEUX , ( le ) Pièce imprimée , non jouée , espèce dé Parodie de l'Honnête Criminel, pàr M. Coqueley de Chaussepierre.
; S
SABINUS, Tragédie-Opéra , en quatre Actes, par M. de' ChaHânon , Musique de M. Gossec , à a Cour , 11773. C'est le- même sujet que sa Tragédie d'Éponine.
SAM SON. On j ou oit cette Tragi-Comédie dans une Ville der Parlement. On sçait qu'Arlequin a' coutume de se s£rvir d'un gros, dindon pour parodier le principal personnage, lorsqu'il emporte Ion père sur sés épaules. Mais le dindon s'étant échappe de' l'endroit ou on l'a voit enfermé , pa:rut sur le Théâtre au milieu de là petite Piece , ( on donnoit |Lucile ) &tout effrayé , s'envola dans une loge occupée par un Magistrat qui étoit' au Spettade avec sa femme &'ses enfans. Comme toute cette fàmille rie passoit pas pour être la plus spirituelle du pays, Un plaisant s'avisa de chanter, sur l'air du premier quatuor de Lucile ,
Où peut-on être mieux qu'au fiein- de sa famille ?\ i
Ce qui', sur lé champ, fut répété en chorus. -
SARA, ou là FERMIERE ECOSSOISE , Comédie en deux Actes , en Vers, mêlée d'Ariettes , par M. Collet cfe Messine, musiqué de M. Vaclion,' aux Italiens, 1773.
SOIRÉE DE VILLAGE, (la) divertissement en * tfn Aâë pai- M. Rouhier, musique de M. Petelard, 1768...
SOPHONISIE? ajoutez , jouée aux François, en 1774 , avec les réparations faites par M. Voltaire.
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T
THÉLAMI RE" , effacez NAMIR..
PH OMÉ, Tragédie Anonyme, en trois Actes ;
1774.
TRIOMPHE DE L'AMITIÉ, (le) Drame de M.
Fardeau, imprimé en 1773.
TRIOMPHE DE LA RAISON , (le) Opéra-, Comique de M. du Croiss, joué. eii Province en, 1772.
Tois JUMEAUX VENITIENS , (les)Piecc Ita-, lienne, en quatre Astes, par M. Colalto,, aux, Italiens, 1774.
v
VENCESLAS. Le Samedi, 30 Avril 11774 > on donnoit cette Piece à la Comédie françoise ; & l'on en étoit au quatrieme Aâe , lorsqu'il arriva un ordre de la Cour, de cesser , & de fermer le Théâtre, à cause des priere des quarante heures, commandées pour la maladie de Louis XV. Les Spectacles ont ensuite été interrompus pendant quarante-cinq jours, après la mort de Sa. Majesté.
VENISE SAUVEE. A une des premieres représensations de cette Tragédie, un spectateur demandoit de la meilleure foi du monde : « quand » est-ce que Venise arrivera donc i) ?
VIGNERONS , (les) Opera.-Bouffon , de M. d'Olgiband de la Grange 1773.
VINDICATIF , (le) Drame en cinq Actes, en
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Vers libres, par M. Dudoyer, aux François, 1774.
ViNGT-ET-UN , (le) COMÉDIE en un Aste , en Prose , mêlée de Chants & de Danses , par M. Lamery, Comédien de Province, 1769.
Z
ZÉLINE , ou le PREMIER NAVIGATEUR, Comédie en un Atte, en Vers libres , par M. cKOlgiband de la Grange , jouée sur le Théâtre de' Valenciennes , en 177o.
ZEMIRE ET MELITE , Piece en deux Actes, par M. Fenouillot de Falbaire , jouée à Fontainebleau en 1775.
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ADDITIONS,
POUR le Dictionnaire des Auteurs ct des
Acteurs , qui forme le Tome 111.
A
AN NSEAUME , ( M. ) ajoutei, le Rendez-vous bien employé , le Retour de tendresse.
ARMAND , ajoutei : on a fait sur cet excellent A deur de la Comédie Françoise, ces quatre Vers :
Sitôt qu'on voit Armand parottre,
Le plaisir s'empare des cœurs ;
Il faut , pour plaire aux Speftateurs ,
Qu'un bon Valet foit un grand Maître,
ARNOULD, ajouter. l'Oiseau chéri.
B
BACHELIER , (M. Jean-Jaques) Diresteur des Écoles gratuites de Dessin, a fait le Conseil„de Famille, Proverbe en un acte , 1774.
BEAUHARNOIS , ( Madame de ) le Prince Rosier ,
1775.
C
CARLIN , ajouteç, les Nouvelles métamorphoses d'Arlequin.
CASTET , -(M. ) a composé pour le Théâtre Italien , en société avec un M. Richard , le Bûcheron.
CHAUMONT , (Madame ) a fait en socitté.avec
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Madame Rozet, l'Heureuse Rencontre , & a coraposé feul&, l'Amour à Tempé.
CIFOLELLI, ajoutez, l'Indienne,' Perron &
Lucette.
COQUELE Y DE. CHAUSSEPIERRE , (M. ) le Roué vertueux.
DARCIS , fils , ajouteÇ, la Fausse Peur.
DES EssARTS , Comédien à la Haye, ayant été surpris à la chasse , sur les plaisirs du Stathouder, sçut profiter à propos de son art, pour sortir d'embarras. Un' Garde - Chasse, qui n'avoit vu' cet Adreur que. dans. des rôles de Princes, lui demanda de quel droit il chassoit en ce lieu ? Des Essarts, avec l'air ton de la fierté la plus héroïque, lui répondit
De quel droit dites-vous
Du droit qu'un esprit vaste & ferme en ses desseins >
A sur l'esprit grossier des vulgaires humains.
Ces Vers récités d'un ton tragique & théâtrale , en imposerent tellement à cet homme, que tout étourdi du top & de la réponse, il se retira en disant ! c'est autre chose ; excusez, Monsieur ; a; je ne slvois pas cela ».
DESVALIERES , au Théâtre Italien, la Parade de Tancrede. ' •
* DORVIGNI ( M. ) a fait jouer à Compiegne , la Fête à l'In-promptu, & le Bouquet de la Saint-Louis.
DUCROIS i a fait représenter en Province, le
Triomphe de la Raison.
( M. ) est Auteur du Vindicatifs.
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F
FloqUET , ajoulet Azolan.
L
LA SALLE , ( M. le Marquis de ) Auteur de la inusique , & non des paroles , de l'Amant Corsaire.
"EA "THORÏLLIERE , ajoutez : quoi que Gentilhomme & Capitaine de Cavalerie, 'il se sentit un goût si décidé pour jouer la' .Cbrhédie , ,qu'il se détermina à demander à Louis XIV , la permission 'd'entrer dans la Troupe de Molière. Le Roi , furpris de cette demande , lui donna quelque tems pour faire des réflexions sur le/ parti qu'il vouloit prendre. La Thorilliere persista dans le dessein de se faire Comédien; & Sa Majesté y consentit. En 1667 , Molière le chargea d'aller avec la Grapge, ion camaVade, présenter un placer au' Roi, dans on camp devant Lille en Flandres , sur la défense faite à ce.t Auteur de jouer le Tartuffe. Après la. mort *'de Molière, la Thorilliere entra à l'Hôtel de Bourgogne, &. mourut du chagrin que lui causa le mariage de sa fille; Thérèse le Noir, avec Dancourt, que ce dernier avioit enlevée.
La Thorilliere étoit grand &. fort bel homme, & avoit les yeux extrêmement beaux. Il jouoit admirablement bien les rôles de Rois & dé Paysans, Cependant on remarquoit en lui un défaut , qui étoit d'avoir un visage 'riant dans les passions les plus sérieuses, Bi les situations les plus'tristes.
" LA THUILLERIE , ajoutez : comme on croyoit -qu'il n'était 'que le Prête -nom des Tragédies d'Hercule & de Soliman que d'ailleurs , - il. ne passoit pas -p'Out avoir beaucoup d'esprit, on;lui fit cette Epitaphe : ;
Ci-gît qui st norfimoir Jean ,
Et croyoit avoit fait Hercule & Soliman. ••
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LE BLANC , ( M. ) ajoute", Albert 1 , Tragédie.
LE MONNIER , ( M. ) ajoute", Azolan.
M
MARGUERITTE , ( M. le Baron de ) est Auteur de deux Pieces jouées en Province, sçavoir, d"e Clémentine ou l'Ascendant de la vertu, & de la Révolution de Portugal.
MARTINI , ( M.) ajoutc" Henri IV.
MERCIER, (M.) ajoute£ le Juge, la Brouette du
Vinaigrier.
MOLINF, , ( M. ) ajoutez, Orphée.
N
NOUGARET, (M.) ajoute", le Retour du Printems. p
PALISSOT , ( M. ) ajoute" les Courtisannes.
R
ROCHON DE CHABANNES » ( M. ) ajoutei, les
Amans généreux.
ROSOY , (M. de) ajoute", Henri IV.
T
T ACON ET , ajoutez : Cet Acteur est mort cette année à l'Hôpital de la Charité , après une maladie assez longue. On raconte que peu d'heures avant de mourir , il se tourna du côté d'un lit voiiin , dans lequel étoit un Charpentier moribond , & lui dit : Dépêche-toi, mon ami, d'aller làbas dresser un Théâtre ; & dis à Pluton que j'y jouerai ce soir , à sa Cour , l'Avocat Savetier &
» la Mort du Bœuf-gras ».
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ADDITIONS, :
P OU R les Anecdotes Etrangeres ct Françoises.
L'A NG LOI s A PARIS. Il y avoit long-temp que les Auteurs dramatiques de la grande Bretagne lembloient être invités à donner ce sujet de Comédie , pour être comme le Pendant du François à Londres. Une Dame Angloise, Milady Montagu , l'a voit déjà tenté en France ; & sa Piece , encore manuscrite , est pleine de traits forts & vrais , mais quelquefois durs & trop chargés. Son pinceau , qui n'a point flatté sa propre Nation, a peint, avec des couleurs riantes , la llé*géreté , la frivolité de la nôtre : les airs , le ton , la prétention, le persiffiage , enfin tout ce qui compose la superficie françoise, est heureusement saisi , & agréablement rendu ; mais le fond des mœurs & des sentimens n'y est pas traité avec la même délicatesse : il y a de la charge & un tour Anglois dans les caractères.
Si M. Foote n'a pas été beaucoup plus indulgent pour ses compatriotes, il a moins maltraité les nôtres. Son plan ne lui a pas fourni les occasiôns - de nous avilir , en introduisant des François odieux - ou ridicules. Quoique la scène soit en France , tous ses personnages sont Anglois ; & sa Comédie est plutot la satyre des mœurs de Londres, que des travers de Paris.
La dédicace de cette Piece est singuliere; elle s'adresse au Libraire. « Comme je n'ai, dit M. ' 3> Foote , nulle obligation à aucun grand Seigneur 9 « ni à aucune grande Dame de ce pays-ci, & que » je délire d'ailleurs, que mes écrits n'aient jamais
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» beioin de leur protection , je ne connois per» sonne, dont les bons offices me soient aussi né» ceffaires, que ceux de mon Libraire;c'est pourquoi, 5ï Monsieur Vaillant, je vous remercie-de Ja netteté 3) de l'impression, de la beauté des' caractères, & « de la bonté du papier , dont vous avez décoré l'ouvrage de votre très-humble serviteur Samuel
* « Foote ». '* **
Le Prologue , qui suit la Dédicace , est en Vers ; l'idée en est bisarre ; c'est une .dispute trop vive * entre un Adreur & sa femme , dont ils veulent - faire juge le Parterre. Il s'agit de sçavoir en quoi: consiste la différence de l'homme à la brute. v L'Actrice soutient que c'est dans le rire ; son mari * prétend au contraire , que c'est dans l'action de ~ tiffler. « J'en appélle , dit-il, aux critiques : n'est-ce f 3, pas pour eux le bonheur suprême ? & qu'est-ce , ~ à leur goût , que le plailir de rire-auprès de ' celui de siffler ? Eh bien ! répond' 'l'A&rice , ' qu'est-ce. que cela prouve ? Si vos Comédies ont » été sifflées , n'a-t-on pas ri de tout ton cœur * » à vos Tragédies » ? Mais voici, felon elle , la ; raison décisive en faveur du rire: « L'Homme seul " i» pôsséde cette faculté exclusivement aux bêtes; " au-lieu que celle de siffler lui est commune avec les serpens & avec les oies.. 'N'avez-vous a> pas honte , s'écrie l'Adrice , ô Critiques ! de » ressembler à ces -vils animaux ?" Oh! point du tout, lui réplique-le Comédien apologiste des » sifflets ; c'est au contraire une pratique très-utile » ici, de reprimer ainsi les abus des mauvais Poètes ' » & des maussades Acteurs. Si cependant, Messieurs , vous voulez prendre mon avis , n'allez pas "" siffler comme des oiseaux , hors de propos & sans sçavoir pourquoi ; imitez le serpent : soyez , » comme lui, prudens & subtils ; mais, s'il se peut, exempts de son venin. Qu'en dites-vous , Mes« sieurs ? n'est-ce pas votre jugement ? Attendons , » attendons plutôt , interrompit la Comédienne ,
* » que
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îï que notre Piece soit jouée : son sort décidera. » la question ; & j'espere que ce sera en ma. » faveur ».
Le Sieur Hogarts, fameux Peintre Anglois , vouloit avoir le portrait de Fielding, Auteur du roman de Tomes-Jones & de quelques autres bons Ouvrages9 pour le placer à la tête d'une édition de ses OEuvres : mais celui-ci étant mort, & ne s'étant jamais fait peindre, on étoit fort embarrassé pour avoir sa ressemblance , lorsque le célèbre & étonnant Comédien Garrick , informé du désir du Peintre , son ami , & ayant d'ailleurs beaucoup vécu avec Fielding, se présenta un jour au regard de l'Artisse, avec la figure du défunt ; tellement qu'Hogarts en fut épouvanté, au premier abord , jusqu 'à se trouver mal : mais, s'étant remis , il se dépêcha d'en tirer l'esquisse, qu'il fit ensuite graver ; & c'est la même qui est à la tête de Fielding. Elle est, dit-on, très-ressemblante.
TOMPSON , Auteur du Poëme des Saisons & de plusieurs autres Ouvrages de poésie, étoit quelquefois , par son peu de fortune, réduit aux derniers expédiens. Le Sieur Quin, célébre Acteur Anglois, informé que cet illustre Écrivain venoit d'être arrêté à Londres par un de ses Créanciers, va le trouver , & lui dit : (c Monsieur , je viens vous remercier ; j'allois mourir d'une maladie de langueur, lorsque je me suis fait lire votre Poëme des Saisons ; mais il m'a fait tant de DÎ plaisir, què, pour marque de ma reconnoissance, je vous avois mis dans mon testament pour deux» cents livres sterling ; actuellement que ma santé est rétablie, grace en partie à votre charmant ouvrage , 31, & peut-être pour plus long-tems que je ne l'espé3) rois, j'ai cru qu'il valoit mieux vous payer ce 5> petit legs de mon vivant, que d'en donner, plus » tard , la peine à mon Executeur-testamentaire. » Voilà donc ma dette, dont vous me permettrez
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3) de m acquitter ; » & après avoir glisse sur la table un billet de banque de cette somme , il disparut sans laisser même à Tompson le tems de lui répondre.
L'Envoyé Turc à la Cour de Vienne, se rendit au mois de Juillet 1774 , avec la plus grande partie de sa suite au Théâtre Allemand, & assista à la représentation d'un Opéra Bouffon. Il parut trèssatisfait de la munque & du ballet qui terminoit le Spectacle, & dont le sujet étoit l'Orphelin de la Chine., Pendant le second Aéte de l'Opéra , l'heure d'une des Prieres auxquelles les Musulmans sont assujettis, étant arrivée , ce Ministre & toute sa suite s'acquitterent de ce devoir , sans sortir de leurs loges } & cette Scène religieuse occupa plus les Spectateurs, que celle qu'on représentoit alors sur le Théâtre. On sçait que dans leurs Prieres, les Turcs se mettent à genoux, se prosternent & se relevent plusieurs fois, tantôt en élevant leurs maias, tantôt en les portant à leurs oreilles.
Le célebre Farinelli, qui présidoit à l'Opéra de Ferdinand VI, Roi d'Espagne , avoit commandé à un Tailleur un habit magnifique. Quand celui-ci le lui apporta, le Musicien demanda son mémoire. « Je n'en ai point fait , répondit le :» Tailleur , & n'en ferai point. Pour tout paie» ment, je n'ai qu'une grace à demander. Je sçais que. ce que je desire est d'un prix ineflimable ; c'est un bien réservé à des Monarques ; mais puisque j'ai eu le bonheur de travailler pour un homme dont on ne parle qu'avec admiration , je 3) ne veux d'autre paiement, que de lui entendre chanter un air Farinelli tenta inutilement de lui faire accepter de l'argent ; le Tailleur ne voulut jamais y consentir : enfin , après beaucoup de débats , le Musicien, vaincu par l'extrême desir que cet homme avoit de l'entendre , &: plus flatté
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peut - être de la iigularité de cette aventure , que de tous les applaudissemens qu'il avoit reçus jusques-la, s'enferma avec lui, chanta les morceaux les plus brillans , & se plut à déployer toute la supériorité de ses talens. Le Tailleur étoit enivré de plaisir : plus il paroissoit étonné ou attendri 9 plus Farinelli mettoit d'expression & d'énergie dans son chant , plus il s'eftorçoit de faire valoir toute la séduction & toute la magie de son art. Quand il eut chanté , le Tailleur, hors de lui-même , lui faisoit des remerciemens., & se préparoit à sortir. ce Non, lui dit Farinelli ; & ce n'est même que par-là, que j'ai acquis quelque avan3) tage sur la part des autres chanteurs. Je vous 3) ai cédé ; il est juste que vous me cédiez à votre 3) tour. En même-tems il tira sa bourse , & força » le Tailleur de recevoir au moins le double du. » prix de son habit ».
ORPHÉE , Opéra Italien de M. Gluck, fut représenté , pour la premiere fois, à Vienne en 1764. Cette nouveauté excita d'abord un grand soulèvement de la part des Amateurs du goût Italien ; mais les grandes beautés dont il étoit plein , subjuguerent bien-tôt toutes les préventions. A la cinquieme représentation, l'Opéra fut généralement applaudi ; & il suc suivi, à pluiieurs reprises, pendant deux ans de suite, avec le plus grand succès.
M. Gluck ayant été appellé à Parme pour les fêtes du mariage de l'Infant , proposa de jouer ce même Opéra. On s'éleva d'abord contre ce projet ; parce qu'on craignit que ce nouveau genre ne déplût à un peuple jaloux de sa musique, & accoutumé à servir de modèle, à cet égard, aux autres Nations. Le Compositeur connoissant le, peuple à qui il avoit affaire, & le jugeant encore plus sensible que vain > plus attaché à ses plaisirs qu'à ses opinions, insista & prit sur lui les risques,,
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de l'événement. L'Opéra emporta tous les suffrages dès la premiere représentation ; & lorsqu'après un certain tems, on voulut en remettre un autre , l'Orphée fut redemandé à grands cris. Il a été depuis donné avec un succès confiant sur la plupart des Théâtres de l'Europe.
Un autre singularité qui distingue cette composion, c'est qu'Orphée est le premier Opéra Italien qui ait été gravé. On sçait qu'en Italie , on se contente de copier à la main les plus beaux airs de chaque Opéra nouveau.
GAUBIER DE BANAULT, étant Ambassadeur en Espagne , aflîstoit à une Comédie où l'on représentoit la Bataille de Pavie ; &: voyant un Acteur Espagnol terrasser celui qui représentoit le François, en l'obligeant de lui demander quartier dans les termes les plus humilians , sauta sur le Théâtre, & en présence de tout le monde, passa son épée au travers du corps de cet Aéteur.
Dans une Ville de France , un particulier, d'une profession très-honnête, qu'on se dispensera de désigner, surchargé de famille, &, par des malheurs imprévus , réduit à la derniere indigence , fut obligé d'avoir recours à la bienfaisance de ses confreres, pour se tirer de la situation où il se trouvoit. On fit une quête , où l'on ramassa environ quatre à cinq-cents livres ; ce qui étoit peu de chose, vu le nombre considérable des personnes de cet état. Quelques mois après , un simple Danleur de la Comédie se rompt , ou se démet le tendon d'Achille , & se voit hors d'état d'exercer jamais sa profession. Les Acteurs s'assemblent ; & dans le petit nombre de sujets qui çomposent la troupe, on fait, dans l'instant, une bourse de près de cent-cinquante louis pour le Panseur estropié.
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Un.des premiers Gentilshommes de la Chambre réprimandait les Comédiens > de ce qu'ils avoient cessé, au quatrieme Adte, une Tragédie nouvelle , généralement huée jusques-là. cc Ma foi, Monsei» gneur , dit une Aétrice, je voudrois bien vous « voir sifflé pendant quatre Aétes , pour voir » quelle mine vous feriez au cinquieme ».
Un des principaux Adteurs de la Comédie Françoise s'arrêta court, dans une Tragédie , à ce passage :
J'étois dans Rome alors
Il eut beau recommencer deux ou trois fois, il ne put jamais ratraper le fil du rôle. A la fin * voyant qu'il n'y avoit pas moyen d'en sortir, & que le Souffleur , distrait ou déconcerté , le laissoit là mal-adroitement, il fixa celui-ci d'un œil de hauteur, en lui disant avec un ton de dignité : « Hé bien ! maraud , que faisois-je dans Rome » ?
Une Adtrice, qui n'étoit rien moins qu'aimée à.' Tôulouse , quoiqu'elle ne fùt pas sans talent , jouant dans une Tragédie qu'on donnoit pour la. clôture du Théâtre , fut accompagée , à sa derniere sortie , de quelques huées du Public ; mais s'étant retournée , & ayant regardé un moment le Parterre en pitié , elle se contenta, sans dire un seul mot, de lui faire , en face , un grand signe de croix , pour lui marquer toute l'étendue de sba mépris.
Un mauvais Comédien, accoutumé à être sifflé dans chaque Ville où il alloit, se voyant un jour plus maltraité qu'à l'o rdinaire, se retourna tranquillement , en sortan t de la Scène , & dit au Parterre : « Meilleurs, vous vous en lasserez ; « on s'en est bien lasse aileurs ». Cette naïveté fit rire ; & depuis, le public le reçut toujours avec
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bonté , quoiqu'il n'en fût pas devenu meilleur
Le Lundi, z3 Avril de l'année 1770, les Comédiens François prirent possession de la Salle de Spectacle des Tuilleries, en attendant qu'on leur en bâtit une nouvelle, dont l'emplacement devoit être à l'Hôtel de Condé. Ils avoient ouvert leur ancienne Salle par la Tragédie de Phédre & le Médecin malgré lui, le 18 Avril 1689 ; & la recette fut de 187© livres. Ils l'ont fermée par Béverley & le Sicilien , en 1770 ; & la recette a été de 32.50 livres. L'ouverture de la Salle des Tuilleries s'est faite également par Phèdre, comme celle de l'ancienne ; & voici de quelle maniere le Sr. d'Alainval, Comédien, annonça au public ce changement de 'Théâtre dans son compliment de clôture.
MESSIEURS,
» Le Théâtre François touche enfin à l'époque 3) la plus flatteuse qu'il pouvoit espérer. Le Gouvernement daigne fixer un moment son attention sur lui, &: s'occuper des moyens de faire élever un monument digne des chef-d'œuvres » des hommes de génie qui vous ont fait l'hom» mage de leurs veilles. La Scène lyrique vient d'offrir à vos yeux les ressources de l'Archited:ure. Vous avez rendu justice au travail de » l'Artisse célébre ( M. Moreau ) qui a eu le courage de s'écarter des routes d'une imitation ser3) vile , & qui a été assez heureux pour vous plaire, en osant innover. Il est tems que le Théâtre national jouisse des mêmes avantages ; il est tems 1) que les mânes de Corneille , de Racine & de » Molière viennent contempler les changemens 3) dont ce Théâtre est suceptible, & nous dire : 3) Voilà le temple où nous aimons à être honorés ». « Il est tems, enfin, de faire cesser les reproches « très-fondés des autres Nations jalouses de la
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» gloire de la notre. Accoutumés depuis long-tems 3> à votre bienveillance, nous ne cesserons jamais 33 de vous donner des preuves de notre empresse>» ment à vous offrir des productions dignes de vos suffrages. C'est dans ces ient.imens que nous quittons un Théâtre, où vous avez tant de fois 33 secondé nos efforts. Pénétrés de la plus vive 35 reconnoissance pour les bontés dont vous daignez 33 nous honorer, nous ôsons vous en demander la 35 continuation sur la nouvelle Scène que nous 33 allons occuper, &c 35.
Un Comédien plaignoit un de ses confreres; obligé de se retirer du Théâtre, avec seulement 15°0 livres de pension. Sur quoi un Officier retiré, Chevalier de Saint-Louis, lui dit : cc il convient » bien à un Comédien de se plaindre , tandis 3, qu'un homme comme moi, criblé de blessures y » se contente de six-cents livres !. Eh ! comptez-vous 35 pour rien de pouvoir nous le dire, répliqua l'Ac35 teur 35 ? L'Officier, sentant l'énergie de cette réponse, finit par lui faire des excuses.
V
On lit dans le deuxieme volume du Mercure de Juillet de l'année 176* , & dans l'Almanach des Théâtres de l'année suivante , que Crébillon avoit eu autrefois l'idée de traiter la Mort de Juba. C'est, une erreur; ce fait regarde Campistron, à l'Article duquel nous avons rapporté les deux Vers qu'on attribue mal-à-propos à Crébillon.
Un grand danseur de l'Opéra disoit de la meilleure foi du monde : « Je ne connois aujourd'hui, 33 en Europe, que trois hommes uniques dans leur 3» espece, le Roi de Prusse , M. de Voltaire, & « Moi ».
Un Comédien dit à un Officier, qui cherchoit à l'humilier ; « Avec quatre aulnes de drap .
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» le Roi peut faire en deux minutes un homme comme vous ; & il faut un effort de la nature, -n & vingt ans de travail, pour faire un homme comme moi 3).
On disoit d'une Adtrice qui étoit assez bonne , mais fort laide : « on a beau l'applaudir, elle fait toujours mauvaise mine ».
Les Comédiens Italiens viennent d'arrêter de donner aux Auteurs , pendant toute leur vie , les honoraires de leurs Piéces toutes les fois qu'elles seront représentées. On espere que les Comédiens François ne tarderont pas à suivre ce généreux exemple.
/ La Reine , Monsieur, Madame, & M. le Comte «l'Artois ont honnoré , le 13 de Janvier 1775 9 l'Opéra, de leur présence. On jouoit l'Iphigénie de M. Gluck. Au divertissement du second Aéfce , quand Achille , en se tournant du côté du peuple, lui adresse ces paroles :
Chantons, célébrons notre Reine : l'Assemblée s'empressant d'adopter une expresiion si heureuse, la fit répéter deux fois ; ce qui ne s'étoit peut-être jamais vu à l'Opéra , & témoigna, par de très-longs applaudissemens , sa joye & son amour à l'auguste & charmante Princesse, qui voulut bien se prêter à cet hommage , & le justifier par la sensibilité dont elle donna des marques.
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ARRETS
ET RÉGLEMENS,
Concernant la Comédie Françoise.
EN 17 5 7 , le 18 Juin, il y eut un Édit du Conseil d'État du Roi, qui dit que SA MAJESTÉ s'étant fait rendre compte des affaires de la Troupe de ses Comédiens François , & voulant donner des marques de sa prote&ion pour ce Spectacle formé en France par les talens des plus grands Auteurs, Elle s'est fait représenter les Réglemens & Arrêts rendus en divers tems au sujet de l'établissement & de l'administration de ladite Troupe. Tous ces Arrêts & Réglemens ont été révoqués & annullés; & ceux qui leur ont été substitués sont renfermés dans 40 Articles que voici ;
ARTICLE PREMIER.
Le fonds de l'établissement de l'Hôtel sera & demeurera fixé à la somme de deux-centsmille-huit-cents-Iept livres, seize sols , six deniers ieulement ; sçavoir , cent quatre-vingt-dix-huit mille-deux-cents livres seize sols six deniers , à quoi ont été fixées , par le Traité de 1692., les cîépenses faites tant pour l'acquisition des fonds, sur lesquels les Comédiens prédécesseurs ont fait bâtir ledit Hôtel, la construction du Théâtre, que pour l'achat des décorations & autres objets formant ledit établissement, & deux-mille-cinqcents-soixante-, quatorze livres, payées par lesdits Comédiens pour le rachat de la taxe des boues & lanternes à cause dudit Hôtel , dérogeant à cet égard au Traité de 1705.
II. Le fonds ci-dessus sera', comme ci-devant, divisé en 23 parts égales, dont chacune sera de
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8730 liv. 15 lois, 5 deniers seùlement, au heu de 13130 liv. 15 sols, à quoi avoit été fixé le fonds de chaque part par le Traité de 1705 ; sçavoir 8618 liv. 17 sols 2 deniers pour chaque part dans lé fonds de l'Hôtel; III liv. 17 sols 10 deniers, pour le rachat des boues & lanternes, & 4400 liv. fous le titre de récompense aux Aéteurs & Aétrices retirés ou à leurs héritiers, lesquelles 4400 livres ne pourront être à l'avenir prétendues par les Aéteurs ou Acbrices > ni leurs Successeurs , ou héritiers sous quelque prétexte que ce puisse être , non plus que les 1200 liv. pour prétendue indemnité , à cause de l'entretien des décorations du Théâtre suivant le Traité de 1705.
III. Et voulant Sa Majesté procurer à ladite Troupe le moyen de se soutenir, ordonne que, pour rembourser les Aéteurs ou Aftrices qui ont fait ledit fond ou portion d'icelui , au sur & à mesure de la retraite ou décès desdits Aéteurs ou Aétrices, il sera fait fonds dans les états de dépenses extraordinaires des Menus, des sommes qu'ils se trouveront avoir payées au jour de la clôture du Théâtre de la présente année : à l'effet de quoi il en sera dressé état par les Sieurs Intendans des Menus, dont un double ligné d'eux sera annexé à l'aéte de société mentionné en l'article XXXVIII, ci-après ; entendant néanmoins Sa Majesté , que les intérêts desdits fonds ou portions de fonds, soient payés par la Troupe jusqu'au jour du remboursement aétuel auxdits Aéteurs ou Actrices , ou à leurs héritiers ou représentans, à raison de cinq pour cent, francs &: quittes de toutes charges & impositions, à compter du jour de la clôture du Théâtre de la présente année. Comme aussi qu'après l'entiere extinétion des sommes qui se trouveront audit jour avoir été payées pour ledit fonds ou portion de fonds, conformément audit état, le remboursement desdites 87.30 liv. 15 sols S deniers aux Atteurs ou Aétrices l'étirés, & aux
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héritiers ou repreientans de ceux qui seroient . décédés, demeurera à la charge de ladite Troupe.
IV. Chaque part sera susceptible de division en demi-part ou autre portion de part comme cidevant.
V. Le fonds dudit établissement ne pourra être aliéné ni engagé sous quelque prétexte que ce puisse être , pour les besoins d'un ou de plusieurs Particuliers , mais seulement pour l'utilité & le besoin commun de la Troupe en général, & en vertu de délibérarion prise en la forme qui sera prescrite ci-après.
VI. Aucun des A&eurs & A&rices ne pourra prétendre le remboursement du fonds de sa part, si ce n'est dans. le cas de retraite 5 & ledit remboursement dans le cas de décès d'aucuns d'eux , sera fait à leurs héritiers, ou ayant droit dans la forme désignée par l'article III. ci-dessus.
VII. Aucun desdits Aéteurs ou Actrices ne pourra pareillement engager ni aliéner le fonds de sa part, ou autre portion de part dans ledit établissement, ni aucuns de leurs Créanciers Particuliers poursuivre le paiement de leurs Créances, par saisie réelle , mais seulement par saisie mobiliaire desdites parts ou portions de parts , dont les fonds seront, s'il y.écheoit, contribués entre lesdits Créanciers ; lesquels ne pourront procéder par ladite voie de saisie mobiliaire desdits fonds de part, que dans le cas de retraite ou décès des Aéteurs ou Adrices leurs débiteurs.
VIII. Les Acteurs ou A&rices qui seront à l'avenir admis dans la Troupe , seront tenus de payer , sans intérêts néanmoins , la somme ci-dessus de 8730 livres 15 sols pour une part, & ainsi à proportion pour une demi - part ou autre por-
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.tion de part, entre les mains du Caissier de la Troupe, qui sera tenu de s'en charger, en recette , & d'en faire emploi, ainsi qu'il sera ordonné par l'article XXV. ci-après.
IX. Pour faciliter aux nouveaux Acteurs ou Actrices le paiement desdits 8730 livres 15 sols, il leur sera retenu , à moins que de leurs deniers ils ne veulent faire ledit paiement de 8730 livres is sols, par chaque année, & jusqu'à concurrence , la somme de 1000 livres par part, & ainsi à proportion, & ce , par privilége & préférence à tous leurs Créanciers particuliers ; de laquelle retenue les intérêts leur seront payés par la Troupe à la clôture du Théâtre de chaque année, conformément à l'article. III. ci-dessus.
X. Tous les Acteurs ou A&rices qui seront renvoyésaprès quinze années accomplies de service , jouiront de 1000 livres de pension viagere , laquelle leur sera payée annuellement par la Troupe, sans aucune retenue ni diminution des impositions prélentes & à venir quelconques , de six mois en six mois, à compter des jours & dates des ordres du Gentilhomme de la Chambre lors en exercice , sur lesquels seront expédiés les Contrats de constitution desdites rentes auxdits Aéteurs ou A&rices ainsi retirés.
XI. Il sera libre auxdits Acteurs ou Actrices de se retirer après vingt années de service , & auxdits cas ils jouiront de la pension de 1000 livres » laquelle sera constituée à leur profit, conformément au précédent article ; sauf néanmoins que ceux desdits Acteurs ou Aétrices qui .seront jugés nécessaires après lesdits vingt ans de services , ne pourront se retirer, mais auront 1500 livres de pension, en continuant par eux leur service pendant dix autres années.
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XII. Et néanmoins s'il survenoit à quelques Acteurs ou Actrices, avant ledit terme de quinze années, des accidens ou infirmités habituelles qui les missent hors d'état de continuer leur service, lesdites peniions de iooo livres seront constituées à leur prosit, en conséquence d'une délibération lignée de tous ceux qui composeront alors ladite Troupe , pour leur être payées, ainii qu'il est porté à l'article. X. ci-dessus, à compter des jours & dates des ordres du premier Gentilhomme alors en exercice.
XIII. A l'égard des Pensions actuellement subMantes , ordonne Sa Majesté qu'il en sera incessamment fait un état sut lequel, à Elle rapporté , Elle se réserve d'ordonner ce qu'il appartiendra.
XIV. Toutes les Pennons , telles qu'elles ont été réglées par lesdits articles X , XI, XII, ou qui seront conservées par Sa Majesté entre celles qui subsistent ad;uellement, seront dorénavant à la charge de la Troupe ; en sorte que tous ceux ou celles qui succéderont aux Aébeurs ou A&rices qui viendront à décéder ou à se retirer , n'en soient aucunement tenus : comme aussi ceux ou celles qui doivent a&uellement aucunes desdites Pentions au terme dudit Aéte de 1691, & autres subséquents, en seront & demeureront déchargés à compter du jour de la clôture du Théâtre de la présente année.
XV. L'Hôtel où se font les représentations de la Comédie , & ses dépendances, & généralement tout ce qui compose ledit établissement , seront affedtés spécialement & par privilèges, auxdites Pensions, lesquelles ( comme Pensions alimentaires) ne pourront être saisies par aucuns Créanciers des Pensionnaires.
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XVI. Il y aura trois Semainiers qui serviront suivant l'ordre de leur réception., & dont le plus ancien de chaque semaine, iortira de fonction, & sera remplacé par le plus ancien des deux restans ; & ainli successivement de semaine en semaine ; les fondions desdits Semainiers consisteront dans l'administration , police intérieure , & discipline de la Troupe , ainli qu'il va être ordonné , & qu'il le sera pour le surplus , par un règlement qui sera fait par les premiers Gentilshommes de la Chambre de Sa Majesté.
XVII. Arrivant le cas de décès ou de retraite d'aucuns desdits Atteurs ou Actrices , ceux qui se retireront, & le plus ancien Semainier , à l'égard de ceux qui viendront à décéder , seront tenus de se retirer par-devers le premier Gentilhomme de la Chambre alors en exercice, pour, sur le rapport qui sera par lui fait à Sa Majesté, ordonner des parts & portions vacantes par brevets particuliers, expédiés par les Sieurs Intendans des Menus.
XVIII. La Recette générale sera faite par un * seul Caissier , auquel les Receveurs particuliers des différens bureaux , seront tenus de compter chaque jour, après le Spe&acle ; ainsi que le Contrôleur de remettre l'état des crédits de chaque jour : en conséquence le Caissier tiendra registre de ladite recette effeétive, ensemble desdits crédits, jour par jour , duquel registre un double , pour le Contrôle de ladite caisse , sera tenu par le plus ancien des Semianiers en exercice ; &: chacun - desdits Régistres sera signé en premiere & derniere feuille, & paraphé sur chacun des feuillets par un des Sieurs Intendans des Menus. Ordonne Sa Majesté, audit Caissier, de veiller avec la plus scrupuleuse attention à l'exactitude desdits Regivres , sous peine de radiation de ses appointe- 1
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mens , & de plus grande peine , si le cas y écheoit.
XIX. Les deniers de ladite Recette effective, ainsi que ledit Registre de caisse, seront renfermés dans le coffre-fort, qui est dans l'Hôtel, le- quel fermera à deux clefs , dont une demeurera ès-mains du plus ancien des Semainiers en exercice, & l'autre en celles dudit Caissier.
XX. Ledit Caissier sera seul chargé de la dé-, pense , & ne pourra faire aucuns paiemens que sur des mandemens signés des trois Semainiers , & de six personnes au moins, tant A&eurs qu'Actrices ; & tiendra ledit Caissier pareillement Registre de la dépense aussi jour par jour , duquel RegiH:re il sera tenu un double pour servir de contrôle ; lesdits deux Registres, en la forme &: ainti qu'il a été réglé pour la Recette par les articles XVIII & XIX, ci-dessus, & celui du Caissier sera, comme dit est , renfermé dans ledit coffrefort, suivant l'article précédent.
XXI. A l'égard des Registres de contrôle desdites recette & dépense , ledit Semainier le plus ancien en exercice , sera tenu de les renfermer chaque jour dans une des armoires étant dans la chambre des aiTemblées.
XXII. Pour éviter la multiplicité des quittances, le Caissier dressera des états des gages & appointemens de Gagistes & autres employés au service de la Troupe à la fin de chaque mois, lefquds éti:s seront émargés par chacun desdits Gagif es autres, après néanmoins qu'ils auront été an êtés par trois Semainiers.
XXIII. S'il arrivoit que les mémoires des Ouo: vriers & Fournisseurs ne pussent être acquittés en entier, sur le produit de la Recette du mois, i)
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en iera dressé un Etat double , dont un restera ès-mains des Sieurs Intendans des Menus , & l'autre en celles du plus ancien Semainier en exercice ; & sera le montant desdits Mémoires , autant que faire se pourra , acquitté des premiers deniers du mois suivant. ; -
XXIV. A la fin de chaque mois les Registres de Recette 8c dépense , ainti que ceux de contrôle , seront représentés à l'un des Sieurs Intendans des Menus pour , par lui, les viser & arrêter.
XXV. Sur le produit de la totalité de la Recette seront prélévés. il. Les trois Cinquiemes du quart, ou le Neuvieme au total, sans aucune déduction quelconque , pour l'Hôpital - Général. 2°. Le Dixieme en faveur de l'Hôtel-Dieu , déduétion faite des 300 livres dont la retenue a été ordonnée par Sa Majesté pour les frais par'chaque jour de représentation. 3". La Rente annuelle de 250 livres due à la Manse Abbatiale de Saint-Germain-des-Prés, par transa&ion du 24 Août 1695.
40. Les Pensions viagères dont la Troupe sera chargée. 50. Les intérêts des fonds ou portions de fonds , ainsi qu'il est porté par les articles III & IX , ci-dessus. 6°. Les sommes payées pour fonds ou portions de fonds dans le cas prévu par l'article III, ci-dessus. 71 Les appointemens du Caissier, des Receveurs particuliers , & des Gagistes & autres Employés au service de la Troupe ; & finalement seront payés & acquittés tous les frais ordinaires & extraordinaires à la charge commune de la' Troupe. Et quant au surplus du produit des Représentations journalières , il sera divisé & partagé en vingt-trois portions égales , & distribué auxdits Aéteurs ou Aéfcrices , à proportion des parts ou portions de parts , appartenantes à chacun d'eux dans le fonds dudit établissement.
Entendant Sa Majesté que les deniers provenans des payemens qui seront faits par les nouveaux A&eurs
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Acteurs ou Attrices pour leurs fonds ou portions de fonds, ne puissent être employés qu'au payement des Créanciers de la Troupe.
XXVI. A J'égard de la Pension de izooo livres chaque année , accordée à ladite Troupe par btevet du 24 Août 1681, elle sera pareillement partagée en vingt-trois portions égales , conformément à l'article précédent ; & chacune desdites portions sera & demeurera, comme par le passé , non saisissable par aucuns Créanciers particuliers desdits Atteurs ou Aârices.
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XXVII. La part de chacun desdits Afteurs ou Actrices dans le produit des représentations journalières , sera divisée en trois portions égales ; sçavoir deux tiers libres & non-saisissables par les Créanciers , pour être appliqués l'un aux alimens & l'autre à l'habillement & entretien de chacun d'eux; quant à l'autre &: dernier tiers, il sera affecté aux Créanciers des Afteurs & Aârrices sur lesquels il surviendra des saisies ; en sorte qu'après le rembourseipent & entier payement du fonds de la part ou portion de part de chaque Aâreur ou Actrice , lesdites saisies vaudront 8c auront leur effet , sans qu'il soit besoin de les re-1 nouveller, sur le tiers de la portion entiere à lui appartenante dans le produit desdites représen-tations ordinaires.
XXVIII. Les deniers qui composeront le tiers deviné aux Créanciers seront retenus par le Caissier , pour être par lui remis à la clôture de chaque année ès-mains du Noraire de la Troupe , par lequel ils seront payés ou contribués, s'il y écheoit, entre les Créanciers sai(iiTans, & seront les contributions arrêtées par les débiteurs, en présence de deux anciens Comédiens stipulans pour la Troupe, ainlî qu'il s'ert pratiqué jusqu'à présent.
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XXIX. Les exploits des saisies qui seront faites , seront portés par le Caissier sur deux Registres , dont un restera en ses mains, & l'autre en celles du Notaire de la Troupe, les maine-levées seront pareillement transcrites sur les mêmes Hegisires, & les exploits des saisies & expéditions des mainslevées, mises dans l'armoire fermant à clef, qui est dans la chambre où se tiennent les. Assemblées.
XXX. S'il étoit nécessaire d'occuper ou défendre sur lesdites saisies , elles seront remises par le Receveur ès-mains du Procureur au Châtelet, de la Troupe, ou de son Procureur au Parlement.
XXXI. Chaque année à la clôture du Théâtre, il sera dressé par le Caissier trois Etats; le premier contiendra les parts ou portions de parts de chaqùe Asseur ou Adrice , dans le fonds de l'établiiTement, & ce qui en aura été acquitté, & restera à acquitter ; le Fecond contiendra les dettes passives de la Troupe ; & le troisieme , les pensions viagères dont elle se trouvera lors chargée , lesquels Etats seront arrêtés, approuvés & reconnus par tous . les A&eurs & A&rices , & ensuite rendus au Caisfier , après avoir été transcrits sur un Regissre sur lequel seront portées toutes les délibérations , & qui sera renfermé par le plus ancien Semainier dans l'armoire étant en la chambre des assemblées > 6c de la conservation duquel ledit Semainier, demeurera personnellement garant.
XXXII. Il ne pourra dorénavant être fait aucun emprunt que pour dépénses forcées, ainsi qu'il est porté par l'articl6 V, ci-dessus, & non pâr billets particuliers ; mais seulement par contrats de constitution , autant que faire se pourra , ou par obligations , lesquels contrats ou obligations seront signés par tous les Auteurs & Actrices, & ne pourront être passés que par-devant le Notaire de la
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Troupe qui en gardera minutes -, le tout en vertu de délibérations, qui seront remises aux Sieurs Intendans des Menus, pour être présentées au premier Gentilhomme de la Chambre en exercice, & être donné les ordres nécessaires, après néanmoins avoir pris l'avis des Avocats composant le conseil de la Troupe ; déclarant nuls tous contrats , obligations ou billets qui ne seroient pas faits dans la forme ci-dessus prescrite.
XXXIII. Néanmoins les Obligations & Billets subsistants actuellement , après que les tommes , les dates & même les noms des Créancieré, autant que faire se pourra, en auront été constatés à la clôture du^Théâtre de la présente année, & ainsî successivement, par une délibération signée des six: plus anciens Afteurs , suivant l'ordre de réception, feront convertis en contrats de constitution , ou. renouvellés au plus long délai qu'il sera possible » par lesdits six plus anciens Acteurs, à l'effet de procurer à la Troupe la facilité de faire des emprunts à conHitution de rente, pour rembourser le montant desdites Obligations ou Billets.
XXXIV. Il sera fait incessamment par le Notaire de la Troupe,, qn inventaire double par bref état des titres & papiers des archives, lesquels seront remis dans des boëtes étiquetées chacune des cottes qu'elles contiendront, & seront lesdites boëtes, ainsi que l'un des doubles dudit inventaire, renfermées dans une des armoires étant dans la. chambre d'assemblée , laquelle sera fermée à deux clefs, dont une demeurera entre les mains d11 plus ancien des Semainiers, & l'autre entre celles du Notaire de la Troupe , qui gardera par-devers lui l'autre double dudit inventaire.
XXXV. Il ne pourra être retiré aucuns titres ni papiers de ladite armoire, qu'en vertu de Délibérations , signées des trois Semainiers, & de trois
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autres anciens Attenrs, & sur les Récépissés de Ceux qui auront retiré lesdits titres ou papiers , les. quels Recépissés demeureront en leur lieu & place, jusqu'à ce qu'ils ayent été rapportés, & le rapport en fera constaté en marge desdites Délibérations, par la mention qui en sera faite & signée par lesdits Semainiers & anciens Acteurs.
XXXVI. Veut & ordonne Sa Majesté, que lesdits Comédiens ordinaires soient tenus de représenter chaque jour , sans que sous aucuns prétextes , ils puissent s'en dispenser.
XXXVII. Ordonne pareillement que le Conseil de la Troupe sera composé de deux anciens A vo-' cats au Parlement, & d'un Avocat en ses Conseils.
XXXVIII. Il sera incessamment pourvu au surplus de l'administration , police & discipline intérieures de ladite Troupe, par un Règlement qui sera fait par les premiers Gentilshommes de la Chambre de Sa Maiesté, & qu'elle entend être exécuté, ainsi que s'il étoit contenu au présent Arrêt.
XXXIX. Ordonne en outre Sa Majesté., qu'ausfitôt après qu'il aura été fait lecture dudit Arrêt dans une assemblée générale desdits Acteurs 8c Actrices , ils seront tenus de passer en conformité un Acte de Societé entr'eux, par-devant le Notaire de la Troupe, lequel Aste , représenté à Sa Majessé', sera par elle approuvé & confirmé, s'il y écheoit.
*
XL. Veut & entend Sa Majesté , que le contenu au présent Arrêt, soit exécuté sélon sa forme Se teneur, & que tout ce qui y seroit contraire, soit regardé comme nul Se non-avenu, ainsi qu'elle. l'a déclaré Se déclare dès-à-présent. Mande Sa
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Majesté , au premier Gentilhomme de sa Chambre & aux Intendans dès Menus, de tenir la main , chacun en droit soi , à l'exécution du prêtent Arrêt. Fait au Conseil d'État du Roi,. Sa Majesté y étant, tenu à Versailles le 18 Juin mil sept* cent-cinquante-sept.
PHEL I F E AU X.
t Ces quarante Articles ont été confirmés par des Lettres Patentes du 2Z Août 1761 , lesquelles ont été enregijlrées au Parlement le 7 Sçptembre de la même année.
R É G LEM M E N T ,
Concernant t l'Opéra , donné à Versailles le II Janvier 17 1 3. v
D E P A R L E R Os.
S A Majesté étant informée que depuis le décès de feu sieur Lully ^ on s'est relâché insensiblement de la régie & du bon ordre , dans l'intérieur de l'Académie Royale de Musique , quelques soins que les Donataires aient pris pour l'empêcher, & que par la confusion qui s'y est introduite , ladite Académie s'est trouvée surchargée de dettes considérables, & le Public exposé à la privation d'un Spettacle quidepuis long - tems lui est toujours également agréable : & Sa Majesté voulant pour la suite prévenir de pareils inconvéniens, Elle a résolu le présent Règlement, qu'elle veut être suivi & exécuté sélon sa forme & teneur.
ARTICLE Pr e mt e r.
Le sieur de Francine , Donataire du Privi- vilége de ladite Académie , & Diretteur, aura
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loin de choisir les meilleurs sujets, qu'il pourra trouver, tant pour la voix, que pour la danse & les instrumens. Aucun desdits Sujets ne sera reçu sans l'Approbation du sieur Destouches, InspetteurGénéral.
II. Pour parvenir à élever des Sujets propres à remplir ceux qui manqueront, sera établi une École de Musique , une de Danse & une d'Instruipent; & ceux qni y auront été admis, y seront ienseignés gratuitement.
III. Tous gens employés au ser vice du Spectacle se trouveront, tant pour les représentations que pour les répétitions , aux lieux & heures marqués par le Directeur, à peine de trois livres d'amende ; & sera ladite amende, ainsi que toutes les autres ordonnées par le présent Réglement , appliquable à l'Hôpital-général.
IV. Tou.s Aîtpurs & Attrices de Musique & de Danse , seront tenus d'accepter & d'exécuter les Rôles ou Entrées qui leur seront donnés, -seit pour exécuter en premiere, ou pour doubler lesdits Rôles ou Entrées, à peine d'être privés d'un mois de leurs appointemens pour la premiere fois , d'être congédiés en cas de récidive.
V. S'il arrive qu'aucun des A8:eurs ou Actrices de Musique & de Danse ou des Symphonistes de l'Orquestre, trouble par quelques rumeurs le bon ordre nécessaire pour le service du Spe&acle , il sera imposé à une amende de. six livres pour la premiere fois, & en cas de récidive, congédié sur le champ.
VI. Ne pourront lesdits gens employés au. service de ladite Académie , s'absenter sans la permilIion du Directeur, sous peine de six livres d'amende ; en cas de maladie,: seront obligés de l'avertir
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assez à tems, pour qu'ils puissent être remplacés , i en sorte que le service n'en souffre point.
VII. Ne pourront pareillement lesdits gens employés , se retirer ni prendre congé absolu , qu'en le demandant trois mois d'avance , à peine de punition , suivant l'exigence des cas.
VIII. Le nombre des Acteurs 8c A&rices de Mufique &de Danse, d'Hommes & Filles des Chœurs, 8c des Symplionistes devant être toujours rempli suivant l'État arrêté dans le présent Règlement , l'Inspecteur-Général tiendra la main à ce que lesplaces qui vaqueront , soient nécessairement remplies par de bons Sujets.
IX. Les appointemens desdits A&eurs & Actrices de Musique 8c de Danse, d'Hommes 8c FH!es des Choeurs , 8c des Musiciens de l'Orquestre, seront 8c demeureront fixés suivant l'État arrêté dans le présent Règlement, 8c ne pourra ledit État être augmenté ni diminué.
X. Conformément audit État , en sera dressé un où les noms desdits A&eurs 8c Actrices de musique 8c de Danse, d'Hommes 8c Filles des Chœurs, 8c des Symphonistes de l'Orquestre , seront inscrits avec attribution des appointemens qui devront être payés à chacun , suivant l'ordre prescrit par le préseut Règlement; Se lorsque l'on fera obligé de remplir aucun des Sujets inscrits audit Etat, le nom du Sujet par qui il aura été remplacé , fera substitué dans ledit Etat; émargé par le Directeur 8c par les Syndics , 8c visé par l'Inspedteur-Général.
XI. Tous les Acteurs 8c A<£trices de Musique & de Danse , Hommes & Filles des Chœurs, 8c Symphonistes de l'Orquestre , feront payés régulièrement) au dernier jour de chaque mois * du total
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de leurs appointemens, pendant ledit mois , suivant ledit Etat ; & les gens de service pour les Machines & Décorations, du total de ce qui leur sera dû à la fin de chaque semaine, sans que lesdits payemens puissent être différés , sous quelque prétexte que ce soit, sI ce n'est qu'aucun des Em-, ployés audit État fût tombé dans le cas des amendes ordonnées par le présent Règlement, le montant desquelles sera déduit sur leurfdits 'appointemens ; l'Inspeéteur-Général tiendra particulièrement la main à l'exécution du présent Article dont il rendra compte à la fin de chaque mois par état desdits payemens, figné desdits Directeur & Syndics, & visé de lui ; & par autre état ' de fonds, ressant en Caisse , pareillement signé & visé.
XII. Sera fait un fonds de quinze-mille livres pour être distribué par forme de gratification aux Adteurs & A&rices de Musique & de Danse, aux Hommes Filles des Chœurs, & aux Symphonistes de l'Orquestre , qui le mériteront le mieux par leur capacité & par leurs services. L'état desdites gratifications sera d reUe & arrêté en la même forme que celui des appointemens, & ne pourra y être fait aucun changement, augmentation ni diminution , sans qu'au préalable l'Inspecteur-Général en ait rendu compte.
XIII. Sera aussi fait un fonds de dix mille livres, y compris celui dont l'Opéra se trouve déjà.chargé, par Lettres-patentes du
, pour les Pensions des Aéfceurs & A&rices êc autres gens de Musqué & de Danse & Symphonirtes de l'Orquestre, qui, après avoir servi pendant quinze ans, seront par leur âge ou par leurs infirmités, hors d'état de' continuer leurs sevices , lesdites pensions seront réglées 3 sçavoir , à ceux ou celles qui ont quinze-cents ivres d'appointemens à mille livres -6c ceux où celles donc les
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appointemens sont de douze-cents livres, ou audessous, à la moitié de leursdiçs appointemens , sans que ledit fonds de dix-mille livres puisse être augmenté : en sorte que se trouvant rempli, & arrivant que quelqu'un desdits Aéteurs ou A&rices & autres gens de Mulique & de Danse tombe en se retirant dans le cas de la pension , il ne pourra. l'obtenir que quand il vaquera aucunes desdites pensions, lesquelles ne pourront être données sans qu'au préalable l'Inspecteur - Général en ait rendu compte ; & lorsque le fonds de dix-mille livres qui y doit être employé ne se trouvera point rempli , soit par mort des Pensionnaires ou par défaut de ceux qui ont droit d'y prétendre , l'excédent sera en revenant-bon à la Caisse générale.
XIV. En cas qu'il arrive cessation de Spectacle par ordre supérieur , les Afteurs & Achices, & autres gens de service de l'Opéra , ne seront payés que de la moitié de leurs appointemens & gratifications, pendant tout le tems que durera ladite cessation.
XV. Les Auteurs des Pièces de Théâtre, tant pour les Vers que pour la Musique, seront payés sur le produit des représentations de leurs Pièces: sçavoir, le Poëte à raison de cent livres par chacune des dix premieres représentations ; & le Musicien pareillement à raison de cent livres par chacune des dix premieres représentations ; & à raison de cinquante livres pour le Poëte , & de pareille somme pour le Musicien par chacune des vingt représentations suivantes, pourvu néanmoins que lesdites Pièces soient jouées sans interruption 3 en sorte que si par le dégoût du Public elles ne peuvent aller à la dixieme , ou à la vingtieme représentation , les Auteurs des Vers & de Murique desdites Pièces ne pourront prétendre aucun payement par-de-là leur cessation. Au surplus , lesdites Pièces > à quelque nombre de repré-
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tentations qu'elles puissent aller, appartiendront à ladite Académie , & seront représentées quand il conviendra, sans que lesdits Auteurs puissent y rien prétendre.
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XVI. Lesdits Auteurs auront entrée sur le Théâtre pendant les repré tentations de leurs Pièces seulement, pour être à portée de veiller à leur exécution , sans que sous ce prétexte ils puissent y avoir entrée en d'autres tems.
XVII. Aucune nouvelle Pièce de Théâtre nç sera reçue ni représentée , qu'elle n'ait été préalablement vue & approuvée par ceux qui seront chargés de l'examen ; & on ne pourra pareillement mettre- aircune Pièce en état d'être représentée de nouveau , sans qu'au préalable l'Inspecteur-Géfiéral en ait rendu compte.
XVIII. L'Inspecteur-Général tiendra exactement la main à ce qu'en exécution des déFenses faites, aucun n'ait entrée sur le Théâtre , que ceux qui font absolument nécessaires pour le service aftuel du Spectacle ; aucun Acteur ni A&rice de Mufique'& de Danse ne demeure sur le Théâtre avec d'autres habits que ceux de Théâtre, & seulement quand il faudra être à portée de paroître sur la Scène ; aucun desdits Acteurs n'entre dans les loges des Actrices ; aucune Actrice n'entre - pareillement dans celles des Acteurs ni dans l'Orquestre, & en général à ce que la police & le bon ordre soient régulièrement observés.
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RÈGLEMENT,
A U SUJET DE L'OPÉRA.
A Marly, le 19 Novembre 1714.
D E P A R L E R 0 r.
LE Roi, par Arrêt ce jonrd'hui rendu en san Conseil , ayant terminé les contestations qui s'étoient formées entre les Propriétaires du Privilège de l'Académie Royale de Mulique, &: les Cessionnaires dudit Frvilége, & jugeant nécessaire à cette occasion de tire quelques changemens & additions aux régies prescrites pour la Régie & Police intérieure de ladite Académie par le Règlement de 17x5, Sa Majesté a révoqué ledit Régle/ ment, & a ordonné ce qui ensuit.
ARTICLE PREMIER.
Les Syndics des Créanciers , Cessionnaires du Privilége de l'Opéra , s'assembleront inceiTamment. pour choisir & nommer par délibération deux d'entr'eux , dont l'un soit & demeure seul chargé du soin de veiller & agir pendant les Répétitions & Représentations < en sorte que les A&eurs & Aétrices, Commis & Ouvriers de la Salle de l'Opéra n'ayeht à répondre qu'à lui; l'autre , pour avoir soin du Magasin., de' la Caisse & de tout ce qui en dépend ; & faute pa.r lesdits Syndics de procéder incessamment à ladite nomination il y sera pourvu d'Office. -
II. Les fondions des autres Syndics seront & demeureront restreintes au soin d'entendre, à la
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tin de chaque mois, le compte que les deux syndics chargés de la Régie du Théâtre , de la Caisse 6c du Magasin , seront tenus de rendre de leur administration.' s v
III. Pourront néanmoins lesdits autres Syndics, ainli que le sieur Destouches, Inspecteur-Général, assilier au compte particulier de chaque Représensation ; & en cas de maladie ou d'affaires imprévues de l'un ou des deux Syndics en fonction , ils seront remplacés par ceux des autres Syndics à qui ils auront soin d'en donner avis.
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IV. Les Acteurs 6c Actrices, 6c gens de l'Orquestre , se conformeront exattement à ce qui leur sera prescrit par ledit Inspefteur , & par le Syndic - chargé de la Régie du Théâtre , qui agira de concert avec lui de tout ce qui sera de son inspection, dont les fondions sont ci-après réglées.
V. L 'arrangemnt des Pieces qui devront être mises au Théâtre , sera fait iix mois avant la premiere représentation de celle par laquelle on devra commencer ; en sorte que le Plan d'Hyver soit toujours dans la Semaine de Pâques, 6c le Plan d'Été dans le cours du mois de Novembre ; ce qui sera fait par un arrêté du Syndic chargé de la Régie du Théâtre, visé par l'Inspecteur.
VI. Les Représentations d'Hyver commenceront toujours par une nouvelle Tragédie, qui sera tenue prête, ainsi que les habits & décorations, pour le dix ou' quinze Oârobre , afin de pouvoir être donnée au Public le vingt-quatre du même mois au. plus tarda 5 -
VII. Dès que cette nouvelle Pièce cessera de produire suffisamment deux semaines de suite, on lui substituera un ancien Opéra du sieur Lully, dont on sera convenu, observant toujours de le.
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tenir prêt, s'il est possible , presqu'en même tems que la premiere Pièce dont il aura été précédé.
Mais s'il arrive que cette premiere Pièce puisse être poussée jusqu'au Carême , pour lors , au lieu de l'Opéra du iieur Lully qu'on ne jouera point, pour ne pas l'user inutilement , on donnera la. troiiieme Pièce dont il sera parlé dans l'Article IX.
VIII. A l'égard des Représentations d'Été , supposé que la derniere Piéce du Plan d'Hyver ne puisse être conduite au - delà de Pâques ; elles commenceront toujours le lendemain de Quaiimodo, par une Tragédie nouvelle, ou du iieur Lully, qui sera suivie d'un Ballet.
IX. Outre les quatre Opéra ci-dessus, dont de ux pour¡l'Hyver & deux pour l'Été, on conviendra encore une troiiieme Pièce pour chaque Saison , en cas que les autres ne puillent pas fournir.
' X. Pour 'prévenir les inconvéniens où l'on est tombé tant de fois dans la chute inopinée des Opéra qui étoient a&uellement sur le Théâtre , le Syndic, chargé de la Régie du Théâtre , aura soin dès le jour même de la premiere représentation de chaque Pièce, de faire distribuer les Rôles & Parties de celle qui devra suivre immédiatement après ; & à cet effet, dès que chaque Plan d'Hyver & d'Eté auront été arrêtés, il fera copier, incessamment & sans délai , les Rôles & Parties des trois Pieces qu'on aura résolu de donner au Public.
XI. Comme on ne sçauroit parvenir à donner les Pièces dans le tems requis, si l'on n'est attentif à en accélérer les Répétitions , dont la lenteur a. toujours retardé jusqu'à présent. les premieres re-' présentations , dès que la Pièce nouvelle cesisera de réussir & menacera d'une chute prochaine y on
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fera la premiere Répétition de la Pièce qu'on aura jçésolu de lui substituer ; les Répétitions suivantes en seront faites alors de deux à trois jours l'un, sans discontinuation ; en sorte que la derniere & la plus complette ne soit éloignée que de quinze jours de la premiere, ou de moins de tems s'il cst possible.
Après que les Répétitions seront finies, les Batteurs de mesure & Maîtres des Chœurs retireront des mains des A&eurs & Symphonistes les Rôles & Parties, pour les remettre au Magasin.
XII. Comme on a eu lieu d'observer par de fréquentes expériences, que la mauvaise manœuvre de ceux qui conduisent les Repétitions eH: trèssouvent d'un grand préjudice pour le succès des pièces , celui qui aura fait un Opéra , pourra ieul , il bon lui semble , conduire les Répétitions , & battre la mesure, même dans les Représentations, sans qu'aucun autre puisse s'en mêler que de son consentement.
XIII. Les paroles destinées pour être mises en Musique, seront examinées par gens d'esprit à ce commis, avant que le Musicien puisse commencer d'y travailler.
XIV. La Piéce de Poésie ayant été une fois approuvée, elle sera reçue par un arrêté du Syndic chargé de la Régie, & visée par l'Inspecteur ; l'Auteur sera tenu de nommer le Compotiteur dont il prétendra se servir , sinon il y sera pourvu.
XV. Lorsque la Musique sera achevée, le Compositeur sera tenu de la faire entendre, & de l'expose-r entièrement finie au jugement de gens à ce Commis, ainsi qu'il vient d'être prescrit par l'Article XIII, ce qui sera exécuté lix mois avant
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que la même Pièce puisse être mise au Théâtre
XVI. Les Auteurs des Tragédies en cinq Aétes , tant pour les Vers que pour la Musique, seront payés sur le produit des Représentations de leurs Pièces ; sçavoir , le Poëte à raison de cent livres, & le Mulicien pareillement à raison de cent livres par chacune des dix premieres Représentations , & à raison de cinquante livres par chacune des vingt Représentations suivantes , pourvu néanmoins que lel dites Pièces soient jouées sans interruption ; en sorte que si, par le dégoût du Public, -les Représentations n'en peuvent être données jusqu'au nombre susdit, lesdits Auteur®, ne pourront rien prétendre par-de-là leur cessation.au surplus , lesdites Pièces , à quelque nombre de Représentations qu'elles puissent aller, appartiendront à l'Académie , & seront représentées de nouveau , sans que lesdits Auteurs puissent y rien prétendre. , JM
XVII. La même règle aura lieu à l'égard des Ballets & Pièces en trois Actes, avec cette différence que les Auteurs, tant des Vers que de la Mùsiqne, ne seront payés qu'à raison de soixante livres chacun par chacune des dix premieres Représentations, & de ente livres par chacune de$ vingt suivantes. T "
XVIII. Les Aâreurs Se A&rices , Danseurs » Danseuses , & gens de l'Orquestre ne pourront être reçus à l'Opéra qu'après avoir fait preuve de leur habileté dans quelques Représentations > & y avoir mérité les suffrages du Public ; &: la réception n'en pourra être faite, ni leur congé absoiu leur être donné que par un arrêté du Syndic chargé de la Régie du Théâtre , visé de l'Inspecteur.
f
- XIX. Ndjs Aâeurs , ou Actrices, ne seront
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admis, s'ils ne sçavent assez de Musique pour pouvoir étudier seuls les Rôles & Parties qui leur seront confiés, £ moins que ce ne soit des Sujets de grande esperance ; & en ce cas ils seront obligés , ainsi que ceux & celles qui servent actuellement , d'acquérir dans un an ce degré de capacité, faute de quoi ils seront renvoyés.
XX. Le nombre des A&eurs & Actrices, tant de Rôles que de Choeurs, Danseurs & Danseuses, gens de l'Orquestre & autres, sera fixé par le nouvel état qui sera dressé expreiTément , sans .qu'on puisse l'augmenter à l'avenir, si ce n'est pour favoriser quelqu'un d'un rare mérite.
XXI. Tous les A&eurs & A&rices, à l'exception de ceux & de celles qui occuperont les huit premiers Rôles , seront obligés de servir dans les Chœurs, & d'y chanter, lors même quils seront chargés de quelques petits Rôles ; après l'exécution duquel ils reprendront leur place ordinaire.
XXII. La distribution des Rôles & Entrées de Danse se fera par un arrêté du Syndic , visé de \'Inspeaeur, après avoir pris l'avis du Compositeur j si c'est un Opéra nouveau , les Atteurs & Aétrices, Danseurs & Danseuses , seront tenus d'accepter la place qui leur aura été assignée , & d'y faire leurs fondions tans pouvoir s'en dispenser sous aucun prétexte , à peine d'une amende de six livres pour la premiere fois, de la privation d'un mois de leurs gages pour la seconde , & d'être congédiés pour la troiiieme.
XXIII. Comme aussi seront obligés de jouer, danser & chanter avec les habits qui' leur seront donnés à cet effet, sans pouvoir en prétendre d'autres.
XXIV.
L
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XXIV. Si quelque Acteur & A&rice de Musique & de Danse, ou Symphonifle de l'Orquestre, trouble , par quelque rumeur , l'ordre nécessaire pour le service du Spe&acle , il sera imposé à une amende de six livres pour la premiere fois , sera privé d'un mois de ses gages pour la seconde, 8c sera congédié pour la troilieme.
XXV. Tous les Acteurs & A&rices , Danseurs & Danseuses , & geiis de l'Orquestre étant aux gages de l'Opéra:, ne pourront s'en retirer , ni prendre congé absolu , qu'après l'avoir demandé trois mois d'avance, à peine du punition, suivant l'exigence dn cas.
Et s'il arrive que quelques-uns d'eux quittent rOpéia d'eux-mêmes & par caprice , ils en seront exclus pour toujours , & n'y pourront rentrer , quelque mérite qu'ils aient & sous quelque prétexte que ce soit.
XXVI. Les emplois de Batteur de Mesure & de Maître de Mulique pour les Auteurs & Actrices, qui ont été confondus depuis quelque tems, seront distingués & séparés à l'avenir, attendu l'impossibilité de faire remplir par la même personne les fondions de ces deux différens emplois. j XXVII. Celui de Batteur de Mesure sera nonseulement tenu de battre la Mesure, tant dans Représentations que dans les Répétitions, mais encore de veiller sur tous les gens de l'Orquestre, de tenir la main à ce qu'ils se rendent aux heures précises , pour .s'acquitter de leur devoir, & d'empêcher qu'ils ne quittent leurs places & leurs Instrumens pendant l'Opéra ; & il informera tant l'Inspecteur que le Syndic des défaurs qu'il remarquera , afin qu'il y .soit renrédjé.
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XXVIII. L'emploi de Maître de Musque sera de se trouver au moins trois fois la semaine tous les matins à neuf heures précises au Magasin , où il y aura une salle ou chambre devinée , dans laquelle il fera étudier & répéter les Rôles aux Actrices qu'i s'y rendront à cet effet. Il sera encore chargé d'y montrer la Musique à celles- qui ne la sçavent pas.
Dans toutes les Répétitions & Représentations , il sera dès premiers à l'Opéra , pour veiller à ce que les Filles de Chœurs s'habillent & se tiennent prêtes pour chanter ; il prendra le même soin pendant la Pièce , & se tiendra dans l'une des Coulisses , le papier à la main , pour mettre les Chœurs en mouvement, & leur faire observer la mesure ; informant pareillement tant l'inspecteur que le Syndic des prévarications qui pourroient se glisser dans tout ce qui sera de son département.
XXIX. Le Maître de Ballet travaillera comme de coutume à la dispoiiûon des Danses & Ballets pour chaque Opéra, & indiquera les Aétèurs & Actrices ausquels -il -conviendra de distribuer les Danses , afin de se faire autoriser à cet effet par 11n arrêté du Syndic , visé de l'Inspesteur ; il sera tenu de montrer & faire répéter lesdites Danses par lui-même , ou par le Maître de Salle, sous ses ordres.
L'un & l'autre assisteront à toutes les Répétitions & Représentations pour faire exécuter les Dasifes- dans,le goût qu'elles auront été composees , pu pour contenir les Oanfeurs & Danseuses dans 4e cievoir > observant tous deux d'avei-tir , tant l'Inspecteur que le Syndic des contraventions qui pourroient surveni:r à cette égard.
Le Maître des Salles sera encore obligé de fè «trouver au moins trois fois là semaine à neuf heures du Matin dans une Salle du. Magasin , pour y
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enseigner la Danse aux Danseuses & Chanteuses qui auront ordre de s'y trouvée , à quoi le Maître de Ballet tiendra la main, Se sera présent le plus sou vent qu'il pourra.';
XXX. Tous les Aâeurs & A&rices, tant ceux qui auront des Rôles marqués , Doubleuses & Doubleurs, que les Gens des Chœurs & de l'Orquettre , Danseurs & Danseuses se trouveront pon&uellement aux Répétitions au lieu & à l'heure déiignés , sous peine de six livres d'amende pour la premiere fois, de suppression d'un mois dégagés ' pour la séconde, d'être congédiés pour la troi1ieme : ne pourront en outre les Chanteurs & Chanteuses répéter les Rôles & Parties en lisant sur le papier, mais seront en état de chanter par cœur.
XXXI. Les uns & les autres seront pareillement dans l'obligation , sous les peines portées par lé, précédent article , de se trouver avec la même exactitude aux Représentations , sans qu'aucuti d'eux puisse s'en absenter pour quelque prétexte que ce soit , à moins que d'en avoir pris une permission par écrit, signée du Syndic & visée de l'Inspecteur ; & en cas de maladie ils en feront donner promptement avis, afin qu'on puisse pourvoir à leurs Rôles. \ "*■ < ■, •• {
XXXII. Attendu que l'Opéra doit commencer à cisiq à heures un quart, ceux qui représenteront ou danseront dans le Prologue , ainsi que leit Symphonifles, seront tenus de se trouver sur le Théâtre & dans l'Orquestre pour y faire leurs fosidrions , à cinq heures précises , immédiatement après le son de la cloche.
XXXIII. Tous les autres pareillement qui auront à jouer ou danser dans le cours de la Pièce , seront habillés à la même heure 9 & en état de
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paroître sur le Theâtre lorsque leur tour viendra: nuls d'entre eux , sur les peines ci - dessus, ne pourront. se .décharger de leurs Rôles &c Danses , pour les faire exécuter par d'autres , à moins de s'être fait dispenser par permisuon signée du Syndic, visée de l'Inspeâeur. '
- XXXIV. D'autant que les Représentations ont jeté quelquefois sur le point de manquer par l'indisposition subite de quelques Acteurs , les Doubleurs & Doubleuses , seront tenus de se trouver " à toutes les Représentations de l'année, sans distinaion , pour y remplir leurs Rôles, s'il en est besoin. m , v ^ \
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XXXV. Il. est expressement défendu aux Acteurs de Muiique & de Danse de se tenir sur le Théâtre avec d'autres habits que ceux du Spectacle, & avant que leur tour soit venu de paroître sur la Scène ; nul d'entre eux ne s'arrêtera dans les Coulisses, & n'ira dans l'Orquesire ; comme aussï aucun des Aéteurs n'entrera dans les Loges des Aéèrices , ni aucune des Aétrices dans celles des des A&eurs cela sur mêmes peines ci-dessus.
XXXVI. Les fonds destinés pour le payement des gages des Acteurs , Actrices , Danseurs , .Denseuses & Symphonifles, Batteurs de Mesure , Maitre de Muiique , Maitre de Ballet , Maître de Salle, Copiste-, ainii que ceux du Dessînateur, des deux Maohinifrres & du Maître Tailleur, ne pourront excéder la somme de soixante-huit livres, ainn qu'il a été ci-dessus réglé.
XXXVII. Les gages de tons les Gens de Musique , de Danse , de l'Orquestre , & autres Sujets , demeureront réglés par rapport à leur mérite & emplois , &: conformément à l'état arrêté en illi , sans pouvoir être augmenté dans la suite : les gages vacans par le changementou-
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suppression des Acteurs & Actrices , ou autres Sujets inutiles , seront appliqués au profit de la Caisse ou employés, tant à acquérir de nouveaux Sujets que leurs talens distingués feroient recevoir surnumérairement, qu'à gratifier extraordinairement. & manuellement ceux que leur application & leur expérience mettroient en état de servir plus utilement que par le passé ; ce qui se fera par un certificat du Syndic, visé de l'Inspecteur.
XXXVIII. Les gratifications portées par l'état de 1713 & 1714, subsisteront, tant que ceux &' celles à qui on les a faites demeureront en place; mais à mesure que les uns & les autres viendront à quitter ou à être congédiés , elles demeureront éteintes, sans que le Syndic soit obligé d'en disposer en faveur d'autres Sujets ; de maniere que' ledit état de gratification arrêté en 1713 & 17'4 ," puisse être entiérement sup,primé par la suite des tems. • -
XXXIX. L'état des pensions qui seront payées aux A&eurs & Attrices, Danseurs & Danseuses, & Gens de l'Orquestre, hors de service , ne pourra monter plus haut que la somme de dix mille livres , y compris les quatre-mille-cent-cinquante livres portées par le traité du 14 Décembre 1713 , pour des pensions de même espèce ; & ne pourra ledit état être augmenté pour quelque cause que ce soit, en sorte que venant une fois à être rempli, ceux qui pourroient mériter la pension, seront obligés d'attendre qu'il y ait; quelques fonds de vacans.
XL. Nuls AB:eurs , A&rices, ou autres Sujets , conformément au Règlement de 1713 , ne pour- ront être admis au nombre des Pensionnaires, que lors qu'après quinze ans de ser vice , non-interrompus f ils se trouveront hors d'état de les
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continuer pour raison d'infirmité, Vieilleile , oti autres semblables.
XLI. S'il arrive que quelques Aéteurs, A&rices, ou autres Sujets viennent à être estropiés au service de l'Opéra, ils seront reçus immédiatement après à la pension, & seront dispensés en ce cas de la régie des quinze ans.
XLII. Le montant de chaque pension sera fixé ; sçavoir, à mille livres k ceux & celles qui s auront quinze-cents livres de gages, &"pour tous les autres à la moitié seulement des gages qu'on leur aura payés chaque année pendant le tems de leur service, sans qu'on puisse avoir aucun égard dans cette Exation, aux gratifications que les uns & les autres auroient touchées par le passé au-delà de leurs appointemens.
XLIII. Le payement des gages & gratifications des Aéteurs, & autres appointés de l'Opéra se fera réguliérement an, bout d e, chaque mois au Bureau de l'Académie , dans le Magasin, en préfence du Syndic qui sera chargé de la Caisse , pour toucher ce qui leur sera dû ; Sç le payement du salaire des Ouvriers & gens de service pour les Machines & Décorations, à Ja fin de chaque serhaine ; chacun d'eux sera tenu de s'y trouver aux jours & heures indiqués, sans pouvoir exiger que le payement se faffe ailleurs, & sans que les États puissent être transportés hors du Bureau par le Caissier, qui fera émarger quittances par ceux qui recevront les sommés à eux assignées , sur lesquelles déduttion sera préalablement faite des amendes qu'ils pourroient avoir'encourues.
A l'égard ds pensions, elles seront payées par quartier , de trois mois en trois mois, au même lieu & de la même maniéré.
XLIV. Lorsque quelqu'accident inopiné , ou
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ordre supérieur de la Cour obligera de fermer le Théâtre dans les tems destinés aux Représentations, les Acteurs & Actrices, & autres, ne pourront prétendre que la moitié de leurs gages qui auront couru pendant le tems de l'interruption.
XLV. Sous prétexte de se dédommager de semblables pertes & d'obtenir de quoi fournir au payement de leur Capitation , ils ne pourront exiger qu'il leur soit accordé aucune Rèpréfeutation à leur profit, ainsi qu'on l'a quelquefois pratiqué ; ces concessions extraordinaires dépendront uniquement du Syndic chargé de la Régie du Théâtre , qui sera Maître de ne le's faire que par pure gratification , &. lorsqu'il aura lieu d'être satisfait des services rendus par lesdits Aéteurs.
XLVI. Il sera fait un extrait de ceux des Articles dudit Réglement qui concernent les devons & obligations des AAeurs , & il n'en sera reçu aucun à l'avenir qu'après avoir pris lecture desdits Articles, pour t'y conformer. »
XLVII. L'Inspecteur sera tenu , conformément à l'Arrêt cejourd'hui rendu au Conseil, d'informer des contraventions qui pourroient être faites au présent Règlement. Fait au Conseil d'Etat du Roi, tenu à Marly le dix-sieuvieme jour de Novembre mil-sept-cent-quatorze. Signé LOUIS.
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RÉGLEMENS,
CONCERNANT la Comédie Italienne.
î
:TRoi's Semainiers veillent à l'exécution des Ré-glemens & de là Police du Théâ,tre, & sont chargés y en leur propre & privé nom , des contraventions qui pourroient y arriver, s'ils n'en informent l'Intendant des Menus qui est obligé à son tour d'en instruire MM. les Gentilshommes de la Chambre.
Le premier Semainier a sous sa garde les Registres de Contrôle pour la Recette .U la dépense, -la double clef de l'armoire où sont les Archives & les Registres du contrôle de la caille.
Il convoque les Assemblées ordinaires & extraor;dinaires , & y propose les différentes affaires qui doivent y être mises. en délibération.
Il remet à la Troupe les Etats & les Mémoires cle dépense, qui, étant signés par les deux tiers, sont exécutés comme s'ils étoient signés par toute la Troupe.
< Il doit proposer les Pièces capables de former le répétitoire de la semaine , celles qu'il convient remettre -au Théâtre, & inscrire le rang des Auteurs, afin de faire jouer leurs Pièces à leur tour y & éviter !es sujets de plaintes de leur part.
Il conflate l'état des A&eurs & A£brices présens à chaque Assemblée , & arrête la distribution des jetons payés à chacun pour son droit de présence , n'oubliant pas d'effacer de dessus la feuille, celui qui sortiroit avant qu'elle soit finie.
Enfin, il a soin de l'impression & distribution des Billets & Contremarques , d'annoncer ou faire annoncer les Pièces ; de donner les affiches & de faire commencer aux heures ordinaires, qui sont
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£inq heures & un quart, depuis le premier Mai jusqu'au premier Novembre; & cinq heures & demie depùis le premier Novembre jusqu'au premier Mai.
Le second Semainier est chargé de faire exécuter le répertoire réglé à l'Assemblée » il prend connoissance des Pièces qui sont à l'étude, & en indique les répétitions.
Il a inspe&ion sur le Décorateur, le Maître des Ballets, l'Orchestre & les Magasiniers , ainsi que sur les gens qui occupent les différens postes, & doit en conséquence , pendant Je Spectacle , s'il ne joue pas , faire deux ou trois fois sa tournée dans les corridors & autres lieux , & quand il joue, c'est l'un des deux autres Semainiers à le remplacer.
Le troisieme Semainier est personnellement chargé de rendre compte de ce qui se sera pasTé à chaque assemblée , d'en informer l'Intendant des Menus, & d'instruire ses Camarades des ordres qu'il a reçus concernant le service de la Cour, dont chaque voyage est payé aux Comédiens 650 livres, par abonnement fait avec ledit Intendant des Menus.
Il veille aux provisions de bois, de charbon & ustensiles de l'intérieur de l'Hôtel, & est chargé de l'inspettion sur les feux , poëles & lumieres del'intérieur du Spectacle , & ne peut sortir de la Comédie, qu'après que tout est éteint & qu'il a fait sa ronde.
Les Semainiers sont obligés de se trouver à quatre heures précises à la Comédie , d'y demeurer jusqu'à la fin de la Représentation , & d'affilier tous trois au compte de la recette , qui doit être chaque jour signée par eux, ainsi que les états de crédit de chaque jour.
Chaque Semainier est en exercice pendant trois semaines ; la premiere , il fait les fonftioîls de troisieme ; la semaine suivante, il vient à la p!ace du sécond} &; pendant la troisieme il fait l'office
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de premier ; ainli à la fin de chaque iemainc, le premier Semainier sort d'exercice , & il en entre un nouveau ,en qualité de troisième ; chacun d'eux tient un Journal de sa gestion , où sont portées les amendes qui ont été imposées conformément aux Réglemens, & qu'il signe avant de le remettre à celui qui lui succéde.
: Assemblées.
Tons les Samedis à onze heures du matin, il se tient , dans la Salle de l'Hôtel, une Assemblée , à laquelle tous les A&ëurs & Actrices sont présens. Dans cette Salle il y a une grande table , à rçn des bouts de laquelle se placent les trois Semainiers , les autres A&eurs se rangent aux trois côtés vacans, suivant l'ordre de leur réception ; aucune personne étrangère ne peut y être admise : chacun des Aâreurs & A&rices reçus à part , portion de part ou appointemens , reçoit du Çaiaier deux jetons , le troisieme Semainier en a trois , le premier & le second chacun quatre. Ceux & celles qui arrivent après onze heures sonnées à la pendule de l'Hôtel , perdent leur droit de présence , ceux qui sortent avant qu'elle soit finie , encourent la même peine.
Quand l'Assemblée est commencée & le répertoire arrêté , le premier Semainier propose les affaires sur lesquelles il convient délibérer, & rendt compte ainsi que les deux autres de sa geltion.
Les affaires sont réglées à la pluralité des voix, selon la différence des objets & la nécessité de discussion, & les Semainiers ont attention de fournir à chacun une fêve blanche & une noire, & après la délibération ils écrivent la décision, soit verbale , soit au scrutin.
. Les ordres venant de MM. les Gentilshommes de la Chambre , par les Intendans des Menus ou autrement , sont aussi par les Semainiers exposés à l'Assemblée ou notifias à ceux qu'ils regardent
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particulièrement &: qui ne peuvent ie dispenser de s'y soumettre sous peine de désobéiflsance.
Les discussions sur les Rôles sont portées devant l'Intendant des Menus qui en informe le Gentilhomme de la Chambre en exercice , & dans le cas de retraite ou de décès d'un A&eur ou d'une Actrice , tous les Rôles qui formoient son emploi > appartiennent à celui qui remplace, & aucun ne peut se dispenser de jouer sçs rôles , sous peine de cent livres d'amende, si ce n'est pour cause de maladie.
Chaque Acteur a un emploi fixe & décidé, dout il cst.obligé de jouer indistinctement tous les Rôles, sans qu'il lui soit permis de se débarrasser de ceux qui lui déplaisent, & les Pieces marquées dans le répertoire n'en sont pas moins jouées1 , quand quelques-uns de ceux qui ont les Rôles en premier , ne peuvent pas jouer pour cause de maladie ou de voyage à la Cour; les doubles les remplacent & sont obligés de s'y tenir prêts, sous peine de cent livres d'amende.
Tout Comédien reçu à part ou portion de part, est obligé de se fournir à ses frais tous les habits & ajustemens nécessaires à son emploi, tant pour les Pièces nouvelles que pour les anciennes , le Magasin ne devant fournir des habits de caractère qu'aux Aéteurs à appointemens & aux Danseurs. * x
Débuts.
Nul Auteur ou A&rice ne peut débuter sans un ordre exprès d'un Gentilhomme de la Chambre, & lorsqu'il l'a obtenu , il va le présenter à l'Asfemblée le fait euregistrer & fait mettre sur le répertoire jes Pièces que le Débuant demaside, afin d'en indiquer les Répétitions nécessaires ; mais il ne peut les choisir que parmi celles qui ont été jouées depuis cinq ans.
Les Acteurs &: Attrices qui ont des Rôles dans c.es Pieces, ne peuvent se dispenser de jouer sous
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la peine de cent livres d'amende , & d'autre punition plus grave contre ceux pu celles qui par haine & par cabale , chercheroienr à rebuter les Débutans ou à leur nuire.
Si le Débutant est reçu , il esi obligé -de faire à la masTe un fonds de 15 000 livres, s'il est à part ; ou de 75 00 livres, s'il n'est qu'à demi part, &c.
sinon cette somme lui sera retenue par quar t chaque mois , sur ce qui lui revient, jusqu'à ce qu'elle soit complette ; l'intérêt lui en est payé & le capital lui est remis lors de sa retraite.
" ** Des Pieces nouvelles 6* des droits des Auteurs.
; ; h 3
r La Proportion de toute Piece nouvelle doit être adressée à un Comedien , ou à M. Anseaum'e , Sécrétaire, de la Comédie ; cependant M. Clairval en a jusqu'à présent été plus ordinairement chargé. Le Préposé la lit en particulier, en fait part à l'Assemblée le Samedi suivant , s'il la juge digne d'être lue, & l'on convient à la pluralité des voix , du jour pris pour la levure, dont il est besoin de prévenir l'Auteur , qui seul a le droit d'y assifler , s'il n'aime mieux la lire lui-même. La Piece lue est discutée, s'il y a lieu, entre l'Auteur & les Comédiens , après quoi, il se retire afin de ne pas gêner les suffrages par sa présence. La réception est tirée au scrutin , chacun met selon son opinion sa fêve blanche pour l'acceptation, noire pour le refus, ou marbrée pour l'admission à correction. Ensuite le second Semainier est chargé de mander à l'Auteur le vœu de l'Assemblée ; s'il s'agit de taire des changemens , un Semainier ou tel autre que la Troupe voudra choisir, se charge de communiquer à l'Auteur les réflexions de l'Aflemblée ; s'il s'y soumet, il demande après ses corrections ' une seconde lecture, qui se fait dans la même forme ,que la premiere, & le scrutiu simplement par
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fèves noires & blanches. Quand la Pièce est reçue ,
on l'inscrit sur le Registre des délibérations, 6c l'Auteur doit se munir de l'approbation de là Police.
Comme la plupart des Pieces qui se jouent présentement sur le Théâtre de la Comédie Italienne , sont mêlées d'Ariettes, il faut aussi que
la Mutique en soit agréée par les Comédiens.
Les Auteurs sont les maitres du choix des Atteurs auxquels ils dessinent leurs rôles, pourvu , toutefois , qu'ils ne soient pas hors du genre ; mais il peut don-
ner la préférence entre deux Aéteurs du même emploi.
Les Comédiens sont tenus de jouer les Pièces reçues chacune à leur tour, & de remplir exactement les engagemens pris avec les Auteurs, sous peine de trois-cents livres d'amende, dont un tiers appliquable aux pauvres de la Paroisse, & les deux autres remis au Caissier en sequestre , pour être distribués suivant les ordres de la Chambre , - 1 & si une Pièce n'étoit pas jouée par la faute de quelque particulier, l'amende feroit payée par le coupable.
La part d'un Auteur est d'un neuvieme pour les grandes Pièces en trois ou quatre Astes , un douzieme pour celles en deux A&es, & un dix-huitieme pour celles en un Aâre , partageable maintenant entre l'Auteur des paroles & celui de lg. Muiique. Lesdits honoraires prélevés sur la reçette nette , les frais ordinaires préalablement prélevés.
Les Auteurs ont le droit de donner les jours de ./ Representation de leurs Pièces, deux Billets à l'Amphithéâtre , & deux- aux troisiemes Loges,
& pour les trois premieres Représentations des Pièces seulement , vingt au Parterre , tous les autres par-delà ce nombre devant être payés sur
la part d'Auteur.
Lorsqu'une Pièce a eu trois Représentations , l'Auteur n'est plus le maître de la retirer, si ce
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n'est du consentement des Comediens , pour se ménager une reprise.
Tant que dureront les Représentations d'une Pièce nouvelle , l'Auteur reçoit ses honoraires jusqu'à ce que la Recette soit deux fois de fuite ou trois "fois, en différens tems , au-dessous de mille livres l'hiver, & de huit-cents livres l'été : alors la Piece appartient aux Comédiens.
Les Auteurs doivent avoir après la sixieme représentation de leurs Pièces, le choix de celles içues , qui seront jouées avec les leurs , observant seulement de ne pas mettre deux Pièces nouvelles ensemble.
Aulli-tôt que la Pièce d'un Auteur a été reçue, il jouit de son entrée dans toute la Salle du Spectacle , excepté aux secondes Loges & au Parterre; l'Auteur de deux grandes Pièces ou de trois Petites, a ses entrées sa1 vie durant 3 pour une grande Piece, il en jouit deux ans, & pour Une petite . un an seulement , lans qu'aucun Comédien puisse l'en empêcher , sous peine de vingt livres d'amende , à moins qu'un Auteur ne soit convaincu d'avoir troublé le Spectacle par [es cabales , auquel cas il est privé de ses entrées après que la preuve authentique des faits a été produite devant MM. les Gentilshommes de la Chambre.
Des devoirs des Comédiens.
Il est défendu à tout Acteur & Actrice , de jouer , chanter , danser, ou paraître sur aucun autre Théâtre, que celui de l'Hôtel de Bourgogne , foit publique, soit particulier, sans en avoir obtenu la permission de ses Supérieurs, fous peine de cinq-cents livres d'amende, & celui qui, pour se dispenser de jouer un jour où il sera oblige , snivant le répertoire , prétexte une maladie , s'il est p-rouvé qu'il foit sorti de sa maison ce jour-là .P
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eit condamne a une amende de cent livres, applicable à la masse.
Tout Acteur ou A&rice, Semainier ou autre , qui est convaincu d'avoir prêté des habits, décorations du Magaiin , Pièces écrites ou imprimées, ou autres effets appartenans à la Troupe, doit être condamné à cinq-cents livres d'amende * applicables comme ci-dessus. " *
Recette.
Chaque soir , après la Représentation, la Recette est portée par les Contrôleurs , &: véritiée devant les trois Semainiers par les Receveuses de contre- x marques , qui sont aussi obligées de se rendre à la Chambre des Comptes > ensuite elle est remise au Caissier, qui en compte chaque mois, & est chargé de payer sur les mandemens des Semainiers, les Gagistes, Pensionnaires, mense , jetons, présence , tontes les dettes & mémoires de dépenses faites par la Troupe , dont l'état doit être' vite par l'Intendant des Menus.
Chaque année , à la clôture du Théâtre , il est drelTé par ledit Caissier trois états ; le premier contient les parts & portions de part de' chaque Aéteur retiré , & ce qu'ils ont de fonds faits;
le sécond porte les dettes passives de la Troupe, ainsi que les fonds dus aux Adteurs retirés ; & le troilieme , les pensions viagères dont la Troupe se trouvera lors chargée, lesquels états sont arrêtés , approuvés & reconnus par tous les Auteurs & Ad-rices , & ensuite rendus au Caitlier, après avoir été transcrits sur le Registre des délibérations v en la garde premier Semainier.
Le Comité.
Les affaires tontenrieuses sont examinées par ' un Comité qui s'assemble tous ks Lundis, ëç
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devant lequel doivent être portes les engagemens, contrats , obligations , remboursemens, acquits de mémoires , dépenses journalieres &. extraordinaires , emprunts, vérifications de la Caisse & des Registres, comptes, dépenses pour les voyages de la Cour , impression des Billets , Répertoire ,
généralement toutes dépens-payables par le
Cimier.
ÉTAT
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ÉTAT
DES PERSONNES
Qui composent l'Académie Royale de
Musique , en Janvier 1775.
ADMINISTRATEURS GÉNÉRAUX.
M. REBEL , Chevalier de l'Ordre du Roi, &
Sur , Intendant de sa Musique.
En survivance & en fonction conjointement.
M. LE BERTON , Maitre de la Musique du RoL
DIRECTEURS.
M. D'AUVERGNE , Sur-Intendant de la Musique du Roi.
M. JoLlVE AU.
Secrétaire perpétuel de l' A cademie, breveté du Roi,
M. DE LA SALLE.
ÉCOLE DE CHANT.
MESSIEURS ,
Fer ret y Maitre ce Chant.
Parànt, Premier Maître de Musique. Despréaux , cadet , Accompagnateur de Clavessin. Lefevre , Copijle de Musique.
Bontin , Accordeur de Clavejjin.
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ECOLE DE DANSE.
MESSIEURS,
Gardel, Maître de Danse.
Gardel le jeune , Éleve.
Rogier , pour l'infpe&ion du ferv'ice des Balletsi Mlle. Dorival, Eleve.
M. Devaux , Violon pour les Répétitions.
ACTEURS
CHANTANT SEULS.
Baffes - Tailles.
MM.
Gélin, Larrivée, Durand, De la Suze & Beauvalet.
Hautes - Contres.
MM.
le Gros, Muguet, Tirot, Cavallier, & Lainez
ACTRICES
CHANTANT SEULES.
MESDEMOISELLES,
Larrivée, Arnould, Duplant > Beaumesni!, Rosalie, ,Duranci , Châteauneuf, Davantois , Girardin > Laguerre, Mallet.
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-
ACTRICES
En double > & chantant dans les Chœurs.
MESDEMOISELLES,
Le Bourgeois, Garnis, & Laurette. 7 ^
.1
CHŒURS.
Basès- Tailles.
MM.
Tourcati, l'Eccuer , Cailteau , Héri, Vatelin , Lagier , Vanhecke , Capoi , Ghuiot Martin, Candeille , Legrand.
Hautes - Contre s.
' MM.
Boi > Huet, stasse , Parant , Jouve , Patoulet.
Tailles.
MM.
Déon , Beghain , Cleret , Tacuffet , Bâillon ,
Delori , Fagnan.
MESDEMOISELLES,
Fontenet, Delor, Dagée, Ghenais , Desrosïeres ?
Renard , Veron , d'Auterive , Denis , Rouxelin ,
De Meirey, Montgeot, Thaunat, Dufrelhoi j, Bellier, Héri.
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D A N S E.
Compositeur fst Maître des Ballets.
M. V E S T R I S.
ADJOINTS.
MM.
Cardel, Dauberval.
- DANSEURS SEULS.
M M. *
Yestris , Gardel , Dauberval.
0 DANSEURS EN DOUBLE.
's
MM.
Trupti, Doflîon, Liesse, Giguet, Delarue, Aubri, Gaster > Henri ; Hennequin , lainé \ Hennequin, cadet ; Duchaine, Abraham ; Leroi, i. Leroi, z. Rivet, Guillet, Simonin, Le Doux, Giroux , Huart, Des Bordes , Dangui, Dupré , Barré , Pladix , Lebreton , Petit y Largilliere , Fontaine.
SURNUMÉRAIRES.
MM.
Roifli, Dusel.
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DANSEUSES SEULES.
MESDEMOISELLES, , /
Peflin, Guimard , Heinel, Asselin.
DANSEUSES EN DOUBLE.
MESDEMOISELLES,
Vernier , Leclerc , Compain , Julie, Richer.
Danseuses en double & Figurantes.
MESDEMOISELLES,
Delfevre , Anberte , Rosé , Lehoux , Thevenet, Martin , Dumesnil, Jouveau , Henriette , Deshayes > Gertrude , Lallin , Adeline , Cléophiie , Dubois, Dumont, Perolle , Adrienne, Lolotte.
SURNUMÉRAIRES.
MESDEMOISELLES,
Lebel, Huet, Delmart, Augé, Fe!mé, Belletour > Saint-Ouen, Lemonier , Dubauchet, Leclerc , Deschamps, Duval , Tressan , Quinci, Lillia , Seiffret, Duparc, Renard > Thévenin, Verteuille, Villete ? Tiste, Fanfan, Duolan, Dur ville, Ester, Dupin , Gravelle.
ORCHESTRE.
Maitre de Musique.
M. Francœur.
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- Clavessin.
M. Parant. -
Baffes du Petit Chœur.
: :j M M. /
Samblai, Giraud > Nochez, Hanot, & Hivart.
Violons.
MM.
Despréaux > premier Violqn ; Caraffe , l'aîné ; Tarade , Dun ; Bornet, l'aîné ; Granier, Debar, Lemaire , Bornet, Bonnay , Michault, Imbau!t, Glachan , De Paris , Allard, Bayon , Lambert, Caune ,
Lancet, Benoist, Rousseau, & Devaux.
Basses du Grand Cœur.
MM.
Labbé, Sallantin, Desplanques ; Louis, 1.
Contre-Baffes.
Malbrancq, Lobri ; Louis, 2. ; Moreau, Rochefort 9
& Erneste.
Quintes.
MM.
Despréaux, Coppeaux, ScharfF, Tissïer 3 Floquet,
Premiere Flûte d'accompagnement.
M. Renault,
------------------------------------------------------------------------
Flûtes & Hautbois
MM.
Salîantin , Bureau , Palliou , Pillet , Duboisf * i Cors de Chasse.
MM.
Mozer , Sieber.
Baffons.
MM.
Bralle , Dard , Cugnier , Richard, Lemarcliand >
Garnier, Félix, Parisot.
Trompette.
M. Caraffe , cadet.
Clarinette»]
M. Ernest.
T imballe.
M. Caraffe, laine.
Tambourin.
M. Le marchand.
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É T A T
J)ES COMÉDIENS ORDINAIRES DU ROI,
5
En Janvier 1775 >
Suivant l'ordre de leur Réception.
% A C T E U R S.
MM.
Le Kain ; » • » « * * . 17 51 Bellecour , . , 1751 Préville , • . • . J75 i Brizard , • . • • * • • 17s Molé >761 Dauberval, , . 176: Augé , ... 176: Bouret , ./ 176, Da!ainvat , . t 1769 Monvel , . 177: Dugazon, - 177. Des Essarts , - - - . q - - - - 177
ACTEURS A PENSION-
MM. 1
Bellemont, Ponteuil, Courville, Séguin, Reymonc
ACTRICES,
MESDEMOISELLES ,
Dumesnil 173
Drouin ^ e t . q 1 1 e . f 9 Il 6 X71
------------------------------------------------------------------------
Bellecour , ......... . .
Hus . 1753 Préville
Molé, 176 j Doligny, 1764 Luzy, , . 1764 Fanier, 1766, Saintval ............. 1767 Dugazon, 1768 Veltris . 1769 LaCha-Haigne, .... 1769 Raucourt, .... ........ 177J
ACTRICES A PENSION.
MESDEMOISELLES,
Bonioli , Saint-Gervais.
Secrétaire , Répétiteur & Souffleur.
M. Delaporte ,
Second Souffleur.
M. Seigneur.
DANSE.
MM.
Deshayes, Compositeur & Maître des Ballets•
Pesnoyers, premier Danseur,
DANSEURS SEULS ET FIGURANS.
MM.
Guiardelle, çadet; Victor, Hcn.i.
------------------------------------------------------------------------
DANSEURS - ET* FIGUR ANS;
« • *» 41 f
• MM; * : '
Marchand, Giguet; Guiardelle, l'aîné; Antoine,; i Debray, Colson.- * * „ •
E N F A N S. "
'•MM.
Kivelon y Goyon.
PREMIERE DANSEUSE.
Mlle. Consiance - Cholet.
'DANSEUSES SEULES ET FIGURANTES.
• MESDEMOISELLES ,
Adélaïde, Sophie, Noziere.
DANSEUSES ET FIGURANTES.
MESDEMOISELLES,
r-
Wo!y, Coulon ; Duchaumont, l'aîné ; Dupléssis,
Surnuméraire ; Duchaumont , cadette.
E N F A N S.
MESDEMOISELLES,
Joly , fille ; Coulon , siïle.
M. Chaudet, Répétiteur.
M. Poublet , Copifie.
------------------------------------------------------------------------
ORCHESTRE.
t * *>
Violons..
Premiers Dessus.
MM.
Baudron, Chaudet , Meunier , eole > Lalance
Seconds Dessus.
MM V * Desmarais , Cunissy , Helbert, GagnoI, Fillion.
Surnuméraires.
MM.'
Le Jeune , Dalaincourt.
Basses.
MM.
Cosirard , Doublet ; Rousseau, cadet.
Bassons,
MM.
Vocheris, Thausch.
Contrebasse• : M. Dessé. '
------------------------------------------------------------------------
Quintes
v •; '? ? M M. : J
Le Det, Verrons
Premier Hautbois.
M. Béraut, pere.
Second Hautbois.
M. Béraut > '
Premier. Cor-de - Chasse,
M. Dumonet.
— - Seçond Cor - de - Chasse.
M. Heina.
Surnuméraire,
M. Varin.
É TI A T
DES COMÉDIENS ITALIENS ,
ORDINAIRES DU ROI, Suivant L'ordre de leur Réception.
ACTEURS.
MESSIE U R S ,
Carlin Bertinazzi , Arlequin I7422annuzzi , a e e .... - - q 176*
------------------------------------------------------------------------
Colalto , Pantalon 1760 La Ruette 176x, Ciairva! 1762. Veronèse 176y Tr iai 1769 Nain ville « 1769 Camerani, Scapin 1769 Vestris 1769 Julien 1772 Suin, 1773 Narbonne ........... 177}
ACTEURS A PENSION.
M M.
Defbroffes, Thomassîn, Touvois, Gaillard, Demery,
Rouffel, Desormery , Morel, Leclerc.
ACTRICES.
MESDEMOISELLES,
Desglands ; • 1760 l.a Ruette 1761 Bérard 1761 Beaupré 1764 Trial , 1767 Zanerini 1769 Billioni , 1709 Moulinghen, - ........... 1770 Colombe y ......... 6 .. 1773
ACTRICES A PENSION.
MESDEMOISELLES,
Bacelli, Gault ? Lefevre ? Gaillard, Du Fayel.
------------------------------------------------------------------------
DANS E.
« ... Directeur de Ballets.
M. De Hesse. ;
\ : [ Premiers Danseurs,
: . MM. Berquelaure, Hamoire.
Danseurs sigurans. /
MM.
Rousseau, Adenet, Guillet, Le Dée, Frédéric,
Boyer , Blanche , Boucher , Riou.
' Premieres Danseuses.
Les deux Dlles. Lefevre, & Mlle. Hamoire.
f " Danfiufes sigurantes.
M E S P E M 0 I S E L L E S ,
Colombe, Crepeau ; Leclerc ; l'aînée ; Leclerc , cadette ; Courtois , l'aînée ; Courtois , cadette ; Léger , Carré. '
------------------------------------------------------------------------
ORCHESTRE.
Premier Violon.
M. LE BEL y Musicien ordinaire du Roi. i
Premiers Dessus.
MM.
Mou!mghem , Deblois , Maigrot , Lécuyer t
Maillard.
Seconds Dessus,
MM.
Mahony le Breton, Lescot , Loullier , Vaflbu $
Renaudin.
Flûtes & Hautbois
M M.
André, Kretlay.
Cors - de - Chasse.
M M.
Dargent, cadet ; Holluba.
Violoncelles.
MM.
Berard , Haillot, Solier.
Quintes.
MM.
Huguet, Monin.
------------------------------------------------------------------------
Bassons.
Petit , Boehme.
Contre-Basses
MM.
Dargent, l'aîné ; Savoye.
Timballe.
M. Moreau.
Copifîe de Musique.
M. Houbaut.
Symphonijles retirés avec Pension de la Comédie.
*
MM.
Castelin > Sodi.
FIN du troisieme & dernier Tome.
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APPROBATION.
J-A 1 iû par ordre de' Monseigneur le Chancelier un Manuscrit qui a pour titre, Anecdotes
Théâtrales, & je n'y ai rien trouvé qui puisse en empêcher l'impression. A Paris, ce 3 Septembre 1771. Signé, GUIROY.
PRIVILEGE DU ROI.
LOUIS, PAR LA GRACE DE DIEU, ROI DE FRANCE ET DE NAVARRE : A nos Amés & Féaux Conseillers les gens tenans nos Cours de Parlement, Maîtres des Requêtes ordinaires de notre Hôtel, Grand Conseil, Prevôt de Paris, Baillifs, Sénéchaux , leurs Lieutenans Civils, & autres Justiciers qu'il appartiendra; SALUT. Notre amée la Veuve Ducheihe, Libraire, Nous a fait exposer qu'elle desireroit faire imprimer & donner au Public , des Anecdotes Dramatiques , s'il Nous plaisoit lui accorder nos Lettres de Privilege pour ce nécessaires. A CES CAUSES , voulant favorablement traiter l'Exposante, Nous lui avons permis & permettons par ces Présentes, de faire imprimer ledit Ouvrage autant de fois que bon lui foulera, & de le vendre, faire vendre & débiter par tout notre Royaume, pendant le tems de fix années consécutives, à compter du jour de la date des Présentes. Faisons défenses à tous Imprimeurs, Libraires & autres personnes, de quelque qualité &c condition qu'elles soient, d'en introduire d'impression étrangere dans aucun lieu de notre obéissance. Comme aussi d'imprimer, ou faire imprimer, vendre j faire vendre, débiter ni contrer
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faire ledit Ouvrage, ni d'en faire âucuns Extrait?, sous quelque prétexte que ce puille être , sans la permission expresse & par écrit de ladite Exposante, ou de ceux qui auront droit d'elle, à peine de confiscation des Exemplaires contrefaits, de trois mille livres d'amende contre chacun des contrevenans, dont un tiers à Nous , un tiers à l'Hôtel-Dieu de Paris, & l'autre tiers à ladite Exposante, ou à celui qui aura droit d'elle , & de tous dépens, dom. mages & intérêts; a la, charge que ces Présentes feront enregistrées tout au long surie Registre de la Communauté des Imprimeurs & Libraires de Paris, dans trois mois de la date d'icelles ; que l'impression dudit Ouvrage sera faite dans notre Royaume &'non ailleurs, en beau papier & beaux caracteres , conformément aux Réglemens de la Librairie, & notamment à celui du dix Avril mil sept cent vingtcinq, à peine de déchéance du présent Privilege; qu 'avant de l'exposer en vente , le manuscrit qui aura servi de copie à l'impression dudit Ouvrage, fera remis dans le même état où l'Approbation y aura été donnée, ès mains de notre très-cher féal Chevalier , Chancelier Garde des Sceaux de France, le Sieur DE MAUPEOU; qu'il en sera ensuite remis deux Exemplaires dans notre Biblio-* theque publique, un dans celle de norre Château du Louvre, & un dans celle dudit Sieur DE MAUPEOU , le tout à peine de nullité des Présentes : du contenu , desquelles vous mandons & enjoignons des faire jouir ladite Exposante & ses ayans cause , pleinement & paisiblement, sans soufïVir qu'il leur soit fait aucun trouble ou empêchement.; Voulons que la copie des Présentes, qui sera imprimée tout au long, au commencement ou à la fin dudit Ouvrage, soit tenue pour duement lignifiée, & qu'aux Copies collationnées par l'un de nos amés & féaux Conseillerstaires, foi soit ajoutée comme à l'Original. Commandons au premier notre Huissier ou Sergent for
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ce requis, de faire pour l'exécution d'icelles, tous actes requis & nécessaires, sans demander autre permission, & nonobstant clameur de Haro, Charte Normande, & Lettres à ce contraires : CAR TEI EST NOTRE PLAISIR. Donné à Versailles, le trenteunieme jour du mois de Décembre l'an de grace mil sept cent soixante-onze, & de notre Regne le cinquante-septieme. Par le Roi en son Conseil, Signé 9 LE BEGUE.
Registré sur le Registre XVIII de la Chambre Royale & Syndicale des Libraires 6* Imprimeurs de Paris f N. 1 )89 9 fol, s 96, conformément au Réglement de 1715.
A Paris, ce 17 Janvier iyyt^ôigrre^. L. F. LSCISRC >
Adjoint,