MÉMOIRES
SECRETS
POUR SERVIR A L'HISTOIRE DE LA RÉPUBLIQUE DES LETTRES EN FRANCE, )EPUIS MDCCLXII JUSQU'A N OS JOURS; OU JOURNAL D'UN OBSERVATEUR,
CONTENANT les Analyses des Vieces de Théâtre qui ont paru durant cet wiewa-'le ; les Relations des Ajfemb!ées Littéraires ; les notices des Livres nON'tJUlttX , - , prohiie: j les Vicces fugitives rares ou mannicrites , en p:ose PU en uers, - les VaN- devtlles Jur la Ccur; les Anecdotes & Bons Mots 3 les Eloges des S axant s , des Artijhs , des HammH de Lettres morts, foc. &c. &c.
TOME VINGT-HUITIEME, t" I .!■ huc provins me, vos ordine adite, Hor. L. II, Sat. 3 , "IV. SI 8( si, A LONDRES, CHEZ JOHN A D A M S O N.
lri. D C C. L X X X V J.
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MÉMOIRES
SECRETS
POUR SERVIR A L'HISTOIRE DE LA RÉPUBLIQUE DES LETTRES EN - FRANCE , DEPUIS MDCCLXII, JUSQU'A NOS JOURS.
ANNÉE M. DCC. LXXXV.
1 Janvier 1785. r ON - feulement ledit d'em- prunt n'a point passé tout de fuite aux chambres assemblées le mardi 2. g ; mais il y a été arrêté des représentations au Roi , qui, vu les circonstances , ont été rédigées promptement & briévement , quoique fortes &. énergiques. L'on devoit faire accompagner le premier président » chargé de les prononcer , de la dépuration ordinaire ; mais le Roi a voulu qu'il n'y eût à cette cérémonie que le premier président & deux présidents. S. M. ayant perfifié à ordonner que
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l'édit fût enrégistré , il l'a été le 30 décembre, & publié hier 31.
Cet écit porte création d'un emprunt de cent vingt-cinq millions en vingt-cinq mille Mlets dt mille livres , proiuilant inrérêt à cinq pour cc nt , & remboutfables en vingt-cinq ans, avec arcroissement de capital.
L'emprunt est motivé sur la nécessité de continua avec exactitude l'acquittement des dettes de la guerre dernière , sur les engagements pris pour accélérer les paiements arriérés & sur ce qu'exige une fage prévoyance dans les circonstances présentes.
On a fait cet emprunt tel, qu'il puisse suffire, non - feulement pour éviter dans une même année l'inconvénient de recourir à de nouvelles ref- sources , mais aussi pour entretenir au tréforroyal cette utile abondance , qui facilite toutes les difpofitioos d'ordre & d'économie.
Outre que la grande quantité de numéraire qui exifle en circulation, permet de porrcr l'emprunt au taux où on l'a monté , le contrôleurgénéral y a été invité par l'emprdfemert du public.
Au reste, ce minière n'a garde d'abuser de la confiance excessive des prêteurs ; il re la regarde que comme un acheminement aux opérations e!krticl!es & salutaires qu'il a en vue : elles feroiert impraticables sans le crédit, & par el'es il deviendra inébran lable.
Après r;- ç belles phrases Se d'autres plus illu.
soirés , l'auteur ne disconvient pas que le volume des dettes <a:"roÎt par l'emprunt que les circons- tances nécessitent ; mais elles se trouvent, iiiivant lui, compenfces en grande partie par l'ex*
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tinction effectuée cette année de plufiegrs objett tembourfables à époques , telle que la loterie le 1777.On loue ensuite le plan de lempruot : il n'exige de la part des prêteurs , ni l'aliénation ie leurs fonds, comme dans les rentes perpétuelles ; ni leur anéantissement , comme dans Jfis rentes viagères : il n'oblige pas de jouer , comme dans les loteries : il ne met pas dans le.
-:as de recevoir des, mnbourfements morcelés, cimme dans les annuités.
Cet emprunt, au surplus, est calculé sur le _prix courant des effets publics , & il n'aura coûté ,ne deux fois le capital primitif à ion extinc.rien) tant pour les intérêts que pour tous les remboursements & accroissements de fonds.
Enfin les détails en font réglés par l'organisation la plus (impie , la plus c clàire , la moins flfceptible d'embarras principaux. La forme du.
tirage , par exemple, efi un modele de laconisme.
Il fera rembourré ci;::; niille billets chaque n.née, & ce tirage fera très-simpl. ïl n'y aura -"ue 2. i billets dans la roue, depuis un jusqu'à ringt-cinq., pour le premier, qui aura lieu eg janvier 1786 , & le numéro qui sortira , fera in-
dicateur de la férié des cinq mille à rembourser ; savoir: 1°. de la premiere férie depuis un jusqu'à cinq mille : 2,°. depuis cinq mille utl ijufqu'à dix mille, &c.
Le remboursement du capital croîtra en rceiure de ion retard , en forte que le dernier ou vingt-cinquième fera de cent pour cent.
1 Janvier. - C'est hier que le lieur Auiimt ,
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dont le spectacle , ainsi qu'on l'a dit, va être dirigé par les mêmes administrateurs des Variétés, a donné pour la derniere fois. On y jouoit : U Fin courmne l'œuvre , tou les Adieux , proverb e épisodique en un aéte, relatif à la circonstance.
Il a eu le plus grand succès ; tout le monde a été attendri jusqu'aux larmes. On a demandé le sieur Audinot, qui est venu , le mouchoir à la main , ainsi que ses acteurs , & n'a pu dire autre chose , sinon, en montrant ses camarades & lui : Messieurs vcilà notre compliment. C'est la
premiere fois qu'un théâtre forain offre une pareille feene.
Il est certain que le sieur Audinot est le pere : & le créateur de cette forte de spectacles. Avant lui , les honnêtes gens n'osoienty aller ; ilsétoient : réservés à la canaille, aux filles , aux libertins : les turlupinades , l'indécence , la crapule y régnoien t. Il a monté le tien peu-à- peu sur un ton plus honnête. Ses confreres se font piqués d'émulation , & le boulevard est presque devenu î*ccoîe des bonr.^ rrarjrs , tandis que les autres théâtres se degradoient.
Ce directeur devroit se retirer fort riche ; mais son inconduite l'a fait manger à mesure qu'il gagnoit , & il ne lui reste que de quoi vivre bourgeoisèment ; ce dont ne le contente pas aujourd'hui le plus mauvais farceur.
i janvier. Entr- les diverses épigrammes qui ont couru sur l'élection de M. l'abbe Maury.
déformais membre de l'académie françoise , voici la meilleure. Pour mieux l'entendre , il faut (avoir que cet intrigant , visant de loin à cette piace , est auteui d'un traité sur l'éto-
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quence , panthéon littéraire , où il déifie le plus grand , nombre des académiciens qu'il encenie tour-à -tour.
Du nouveau récipiendaire ; Dans le fein des quarante admis.
Quel est le titre littéraire ?
Il n'en a point, mais des amis.
J'entends ce fera quelque Mure.
Ou peut-être même Apollon !
C'est encor ce qui vous abuse : Nul ne l'avoue au double Munr.
Il a prôné , voilà sa rufe , Mannonîel, Thomas & Bofitnont.
1 Janvier. Le sieur Francafiel & conforts, qui ont entrepris la construction du théâtre des v d.
tittes au Palais - Royal, ont tenu leur engagement, & il s'est ouvert hier avec une affluencc de monde compolé non* feulement des amateurs ordinaires , mais des curieux de toute efpcc: courant après la nouveauté.
Le premier changement qui a frappé & qui a beaucoup déplu, c'est l'augmentation des places, dont la premiere espece est à 3 livres, la féconde à 1 livre 10 fous, & la troisieme à 1 livre.
La falie , non encore finie dans ses accessoires, a paru fort bien , quoiqu'un peu longue. Elle di terminée en verdure ; ce font les jardins de s'é.
miramis ; elle est éclairée par un lulhe modelé sur celui de la comédie françoise. Il y a orchestre, parquet assis , parterre debout , loges à l'année', premieres loges , galerie au lieu d'amphithéâtre, sécondes loges , paradis. Ou y remarque déjà
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Une prétention à finger les premiers spectacles & à gagner beaucoup d'argent.
Les directeurs ont aussi changé le titre. On prétend qu'ils sollicitent des lettres- patentes qui leur octroient celui de Théâtre des Variétés dra.
matiques; car ils craignent les difficultés, & les histrions ne l'ont pas moins délicats entre eux que les grands seigneurs. Quoi qu'il en foit , ceux-ci jouoient avant- hier sur les boulevarts fous la dénomination des Varités amusantes.
Ils se font affichés hier fous celle de Théâtre des Variétés tout court ; mais on observe aujourd'hui qu'ils ont changé & qu'ils s'annoncent fimpleinerrt comme Vanités au Valais- Royal. Apparemment que les comédies ou l'opéra les auront tracassés.
La feule nouveauté qu'ils aient donnée hier, étoit un prologue relatif à leur translation. C'étoit le Palais du bon goUt , pour l'ouverture, avec ses agréments : on y a trouvé de l'elprit , de la bonne critique , des faillies, de la justesse ; cependant l'allégorie trop fpreée est froide pat conséquent. Du reste , beaucoup de flagorneries pour le public. L'auteur n'avoit pu s'empêcher d'y mettre quelque chose en l'honneur du duc de Chartres, mais sans le nommer & enveloppé comme une satire ; en forte que l'éloge a glissé sans applaudissements & sans murmures. ,.., S A. S. étoit absente alors ; elle s'est présentée dans le courant des autres pieces, & n'a été claquée guere que par les gens de sa maison. Il n'en a pas été de même de madame la duchesse de Chartres : elle a été singuliérement fêtée du public , & quoiqu'en loge grillée , elle n'a pu se dispenser de s'en appercevoir & de faire ses remerciements par des révérences. I
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Les acteurs aujourd'hui font les irêmes ; les décorations & les habillements du prologue ont paru neufs & de très-bon goût ; il y avoit beaucoup de spectacle : quant aux danses, ce font encore peu de chose. Jusqu'à présent on ne voit rien qui doive exciter la jalousie des autres spectacles beaucoup plus que par le passé.
z Janvier. Un arrêt du conseil d'état du Roi, : en date du 2.1. décembre 1784, nomme pour Hiredeuis de la nouvelle caille d'amortissement, afin d'en suivre & régir les opérations , les lieurs M:cau!t d'Hawelriy 8c Loiseau de Berenger.
Le premier est encore garcie du trésor royal de se retire à la fin de l'année ; & l'autre est fermier - général.
Le préambu'e de cet arrêt est extrêmement curieux par les doges excessifs de ces deux finantiers , qu'on met dans la bouche de S. M. « In), formé, dit le Roi , que le lieur Micault d'Harl, velay est dans l'intention de transmettre , fours „ le bon plaisir de S. M. au sieur de la Borde , » Ton neveu , la charge de garde du trésor - royal , » qu'il exerce depuis long - temps avec honneur, )' & dans laquelle en toutes circonstances il a fii » rendre utiles à l'état fous le regne précédent, „ & fous celui de S. M. les forces d'un crédit „ soutenu par des opérations exactes ; il a voulu, "en agréant sa retraite pour l'époque indiquée, „ lui donner un nouveau témoignage de la fa"tisFatlion qu'il a toujours eue de ses bons fer,, vices , & en même temps les perpétuer dans ,, un autre genre non moins essentiel , quoique » plus tranquille. Et quant à son collegue , „ S. M. le fait jouir pareillement de l'estime ,, publique , & ses talents dans la partie des j~ w nances lui font connus. w A y
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i, ^.itsier. On a calculé le fucccs qu'avoît eu l'institution d'une compagnie de charité , occupée à travailler à la délivrance des prisonniers pour dettes de mois de nourrices. Depuis le zi dé:iem!..e 17° 3 jufgu'à la fin de 1784, il a été mis en liberté 884 p auvres peres ou meres de famille, & le numéraire de leurs engagements,, totalement acquittés, eR de i 1,, 82. livres.
Cette somme excede de plus d'un tiers celle des délivrances de l'anné 1783.
t. Janvier. On avoir remis à parler plus am, plement de l'opéra de Diane & Endymion, lorf^ ou'n feroit repris avec les changements que les, auteurs se propofoient d'y faire , s'ils étoien heureux & rcmenoient le public; mais ces changements font peu important ; ils ne touchent, ni au Yoni ni au dénouement de l'ouvrage ; ils ne le rendent pas plus intéressant ; il n'en efb pas meins d'un froid glacial : ainsi l'on n'ea dira pas davantage.
3 jan-, ier, Extiait d'une lettre de Rennes ». du *8 décembre 1784. U n'y a rien encore de décidé sur la statue de Louis XVI, si elle fera.
équestre ou pédestre. Les députés nommés à la fn des états pour aller en cour , feront chargés <l'en faire dresser le p!an , qui; fera présenté à la tenue prochaine.
Les présidents des ordres, le jour même oià le vœu dss étars s'est formé , ont été chargés d'écrire aux ministres pour leur témoigner toute la reconnoissance des états, en les priant de mettre iùus les yeux du Roi la délibération qu'on vo Doit de prendre.
3 Janvier. Un vieux adage dit : Virtus met* ..,es. ipsa jihi: - La vertu est sa propre rÙ()m
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sense. On ne pense plus de même ; on veut airjourd'hui que les bonnes aétions soient mercenaiies ; on fonde des prix pour toutes: Un particulier , ancien eleve de la communauté de Suinte - Barbe , vient d'établir d-lns cette maison un prix pour l'écolier qui , au jugement de tous (es condisciples, aura réuni dans le degré le plus éminent le; qualités du cœur & de i'esprit , la science & la vertu.
Le 4 décembre dernier, jour de sainte-Barbe, patrone de la communauté , on a ouvert le scrutin, & le sieur Jean - Baptisse Perrault, du diocele de Châlons sur Saône , véteran de rhétorique , a été proclamé vainqueur , dans ua exercice solemnel, auquel présidoit le recteur de l'univerhté 4 janvier. On fait aujourd'hui que les nouvelles boutiques du Palais Royal ont été construites économiquement aux frais du duc de chartres; que c'est l'abbé Beaudeau qui dirige cet établissement mesquin & peu digne d'un grand prince, ce qui fait dire que le Palais Royal n'est plus Palais ni Royal Indépendamment de ce calembour , on a fait une chanson qui , à force d'être plate, semble avo;r beaucoup de sel , à quantité de gens , parce qu'elle peint au naturel la p'atitude du proiet. Aussi fait elle fortune , & se chante- t- elle généralement.
Elle est sur l'air: Afonféigneiir d"orléa;zs Ó't".
J'ai vu flans un jardin , Un palais de sapin , Dont la. folidué > Fait la beauté ;
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Les raits, les murs & les montants, Sont faits de planches de bois blanc, Dont le plus ou moins de longueur N'a pas un pouce d'épaisseur.
Mais vive la coupe des plafonds, Qui font de toiles à torchons !; De face on croit voir le bain.
De Poitevin Et de travers Cinq chemins couverts >, Dont trois cintrés en contre-bas ,, Les deux autres font plats : Ceux-ci pour débaucher les passants Ceux-là pour nicher les marchands..
L'humidité le pourrira ; Un Lumignon l'enflammera Ou bien le vent l'emportera ; Mais jamais il n'enfoncera.
Il est posé sur les six rangs, De ces pilisrs à bonnets blancs, Que l'on prenoit l'hiver dernier * Pour des ruches en espalier.
Or. donc , il ne craint aucun fléau », Hormis le feu , l'air & l'eau..
4 Janvier. Deux arrêtés ont été faits au. par-lement, les chambres assemblées à l'occafon de l'édit d'emprunt.
Le premier, du z8 décembre, a servi de bafe aux repréfertations roulant sur l'augmentation de U dette nationale qui, bien loin de diminuer
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.us îe regne aétuel, malgré Ta bonne volonté i Roi & Ton économie personnelle , s'dl fauteue & est montée , suivant le calcul le plus moété , jusqu'à douze cents millions ; sur l'iliufioit ?s préambu les du ministre actuel des finances, pro~jettant les plus belles choses , & se conduisant : maniere a ne pouvoir les tenir, faisant de létres réductions ou suppressions d'un côté, & de autre chargeant l'état de fardeaux. énormes par 's emprunts élevés à un taux dont il n'y a pas icore eu d'exemple dans les criles les plus dif:iles ; enfin sur l'emploi de ces emprunts def.
nés à payer les dettes de la guerre & appliques payer les dettes des freres de S. M. à acheter grands frais des châteaux de plaisance , des rêts de chasse, tels que Saint- Cloud & Ram~uillet.
Le Roi ayant répondu à tout cela CJlfe les fonds l dernier emprunt n'avoient été nullement dit-- aits, mais appliqués utilement & spécialement l'acqlitrement des dettes de la guerre; en engiftrant l'édit, afin de ne point augmenter les, lamités de l'état par un diferédit national &: ranger , le plus grand malheur pour une adliniftration , on a pris un fécond (jlfr-é separé : l'enrégistrement , par lequel le parlement a large le premier président , en tout temps &: l tout lieu , de représenter au Roi que l'ordre Se.
caromie font les feules bases d'une bonne adinistration , & les autres lieux communs de.
ette eJpece, déjà répétés cent fois inutilement.
Messieurs conviennent eux - mêmes que ce n'est u'un arrêté de forme , dont le premier président s fera jamais usage ; ils ne doutent pas qu'aueu d'en parler nu Roi, il ne le laisse dans fOL!'
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porte • teuitt , pour aller à la chasse, dont on rai qu'il est fou.
1 Janvier. On fait que pour dédommager far doute M. revenue & Autan de toutes les satin qui ont couru sur son compte & effacer les mau ,val es impressions que ces libelles pourroient laisse dans l'esprit des peuples, on a fait entendre a Roi qu'il falloir te revêtir de quelque honnet éclatant, & qu'en conséquence il avoit été nomm cordon - bleu. Le premier jour de l'an il a été reç commandeur de l'ordre. Aujourd'hui il a donr une audience folemnelie , où il a paru avec nouvelle décoration. L'église s'étoit emprelléec le venir féliciter , & jamais il n'a eu tant c monde.
Il s'est répandu dans l'assemblée deux pied de vers à ce sujet, anonymes , parce qu'en efc elles ont autant l'air d'epigrammes que de mi drigaux dont on leur a donné le titre. voici premier : Marbœuf ne s'étoit point encore Vu du. cordon-bleu. revêtu : Louis aujou.d'hui l'en decore;; Il euenne en lui la vertu..
Voici te recond madrigal r Toi, que depuis long-temps balette.
Momus au sourire m jrdant , Te voilà , ciier Marbœuf, commandeur cependant, Ma.l.; é les traits malins de sa troupe falotte ; Ton vêtement rn, si - est de t Lu ~lisere : Meflieucs to de dent encor un c l,; p bi n acér é * i-t v.uus texea roygir, j'fcl^ere, ù calotte,
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Rien de plus burlesque , sans doute, que ce dernier ; il est digne de l'abbé de Launay. Aufit le conserve - t- on pour son ridicule rare. Chacun s'cft empre fte de les copier , & ils ont été bientôt répandus dans tout Paris.
5 Janv. Ma Converjion , par M. D. R. C. D. M. y c'est - à - dire , par M. de Riquetti, comte de MÍ- rabeau si s. Tel est le titre de cet ouvrage qui,, iquoiqu'imprimé dès 17X3, n'a commencé à percer que vers la fin de l'année derniere. Il efb' en effet d'une nature à ne se glisser que lentement & dans les ténebres. Il elt précédé d'une* 1Epitre dédicatoire à Monsieur satan. On peut j ger par ce début quel doit être le fond du 1 i v c., Le frontispice l'ann-once également. On y voit l'auteur à ton bureau. L'Amour & les trois Graces, transformées en trois Garces nuss, vr-:rs lesquels il le retourne , semblent guider sa plume. Orc diroit que le Diable , en face , n'attend que' '4e moment de rerevoir l'hommage de cevte pro.
; tiuétion, & Mercure le dispose à la publier.
Au haut est un médaillon où l'un lit : Mai conversion. Et au bas, pour légende : Au ri j'acm; famés. Cinq autres estampes enrichissent & developpent le sujet.
ta premiere roule sur le début du héros, qui: commence par une financière payant bien. Il est peint l'excitant vigoureusement & ne voulant- la satisfaire que lorsque l'or paroît. Au b.s on.
lit : voyez, fort cul, comme il b01ltit !
La féconde a pour titre : !.t Devote , avec cette exclamation : Ah ! mon doux Jifus ! C'est le, plaisir qui la lui arrache, on le juge à son attitude avec son amant. Un crucifix devant elle * JiLD. tableau de la Y^rge can&criiçnt une dévoie.
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Agnes efl la troisieme estampe , & le mot : Je déchire la nue. C'est une novice que le libertin introduit dans un couvent de débauche : en lui donnant une leçon de musique ) elle se précipite elle - même toute en pleurs dans ses bras , & est enfilée.
Elle vit dit pays fert de légende à la qua.
trieme. C'est une Baronne campagnarde qu'il éduque , & à laquelle il apprend toutts les poituies & toutes les maniérés de le faire.
La derniere estampe peint une orgie effroyable, où brille un moine. Elle est couverte d'un rideau qu'entr'ouvre le Roué. Plus bas est une autre orgie fort enveloppée qu'on suppose de tribades , d'après sa description , & le tout est terminé par ces mots : Le rideau cache les mœurs.
On ne fait si l'ouvrage est réellement de celui qu'indiquent les lettres initiales : mais malheureusement il est assez bien fait pour qu'on foit tenté de le croire. *
6 Janvier. Il court un quatrain sur le cordon bleu de M. d'Autun, plus ingénieux, plus juste & plus caustique que les précedents : A force d'en dire du mal , Voilà du cordon - bleu ■ Marbceuf que l'on décore.
Aimables persiffleurs , quelques pamphlets encore y Et vous le ferez cardinal.
6 Janvier. On assure que M. Necker , avant de s'occuper du livre qu'il a conipofé (ur l'administration des fnances de la France , en avoit demandé permission au Roi & que S. M. lui avoir permis de s'y livrer. On tft surpris en consé- queuce de ne point voir publier cet ouvrage é
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'ont tout le monde parle-sans l'avoir lu. Defï xcessivement rare encore , & l'on ne connoîc exemplaires que ceux envoyés en présent. On st allé en vain chez le sieur pankouke, qu'on disoit kargé de ion débit. Il a .déclaré en avoir déjà feu quelques ballots, mais ne vouloir mettre en 'ente le Lvre que lorsqu'il en aura l'édition cumlete ; ce qui a fait courir le bruit que le go Jernement s'oppofoit à sa distribution.
7 Janvier. La grande question du commerce les Colonies , libre ou non libre , qui agite demis quelque temps les ports & les cabinets du niniftere , continue à faire un bruit étonnant.
/oici les principales asertions des défenseurs du égime prohibitif.
i. Les Colonies ont étc créées par la métropole le pour la métropole.
:, 1. Elles lui font utiles, parce qu'elles consomment le superflu de ses productions , & qu'elles ai fournirent en échange les productions de eur crû.
3. Les agents de ces échanges font les négolants de la métropole.
4, Il n'y a pas une de nos Colonies qui ne (è ibit formée & soutenue par les avances continuelles que lui a faites le commerce de France ; avances qui, en très - grande partie, font tombées en pure perte pour les négociants , par la mort ou l'insolvabilité des Colons.
5, Malgré cela le commerce de la France a prospéré, parce que ces pertes ont été couvertes des profits qu'a donnés fous le régime des loix prohibitives , la vente des productions du sel ou des manufactures du royaume dans les Colonies, & parce que le marché des denrées col:"
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niale ayant été constamment & exclusivemen maintenu dans les ports du royaume , les étranger: ont été obligés d'y venir concurremment s'et approvisionner, d'où il est résulté les plus grand avantages pour les négociants françois en parti culier & pour le royaume en général.
6. Le régime des loix prohibitives a donc prc curé tout à la fois la prospérité des Colonies & celle de la métropole.
7. On a cru en France devoir déroger à ce loix prohibitives pendant la guerre mais 1 n'avoit pas encore été proposé de permettre l'en trie dans nos Colonies aux étrangers en temp de paix.
8. Les nations étrangères qui possedent comme rous des Colonies aux Antilles & sur le conti nent de l'Amérique , n'y ont jamais donné en trée en aucun temps, ni fous aucun prétexte, ; d'autres qu'aux nationaux ; ce qui sembleroit de voir être réciproque.
9. On propose aujourd'hui l'entrée dans no: Colonies pour les Ang!o - Américains.
10. On ignore quelle est la politique du gou vernement en accordant une aussi grande saveu a ces nouveaux républicains , mais elle est telli c,Li'on ne peut l'apprécier que par le tort qu'et recevra le commerce de France.
11. Par la nouvelle constitution des Etats - Unis leurs ports étant ouverts à toutes les nations de l'Europe indistinctement, il est clair qu'il feront toujours munis de toutes les marchandises qu< Ces diverles nations croiront propres à être consommées dans nos Colonies, ou elles feront introduites, foit par les Anglo- Américains euxmêmes, foie par les étrangers fous le pavillon
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i Américain , avec une profuiion qui excluera tous f les envois de la métropole.
ii. Gell ainsi qu'il a déjà été introduit , Tous ,le pavillon Américain dans nos Colonies , des toileries blanches & peintes de Silésie, de Saxe , de Suisse, &c. qui oat rendu invendables nos toiles de Bretagne, de Nantes , de Beauvais, de Cholet & du Béarn , &c. Si cela s'dl: fait avant que la liberté de la navigation ait été formellement accordée , que sera-ce lorsqu'elle fera ouverte légalement?
13 Nous disons donc qu'ouvrir nos Colonies - aux Anglo-Américains, c'dl: ks ouvrir indifiinct terri ep c c à toutes les nations de l'Europe.
14. Cette concurrence est ii dangereuse 5; il fort à craindre pour le commerce de France , iqu'on peut assurer que du moment qu'elle fera établie , on verra diminuer les armements dans tous les ports du royaume , & qu'enfin ils celTe.
ront tout-a-fait, lorsque l'expérience aura appris aux plus hardis qu'il est impossible aux armateurs françois de se mesurer dans ce genre avec des étrangers, par la raison qu'en France nous faisons iuncommerce de luxe , & qu'ils font un commerce :d'économie. C'est un vice inhérent à la nature des choses, auquel il est impossible de porter aucun remede. Cela tient à la richelle du fol de la France , à la variété de ses produdions & des jouiltances qui en font la fuite; enfin, c'dl parce que nous sommes François & que c'est notre maniere d'être.
ij. On peut assurer que les Holiandois &: les Danois qui ont des Colonies aux Antilles, & dans beaucoup de cas les Ang'ois pourroimt nous ouvrir impunément leurs Colonies , sans ce indre noue concurrence , & qu'à l'article des vins
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près, il n'y en a pas un sur lequel ils n'eussent far nous 1 avantage du bon marché. D'où il résulte évidemment que s'il y a une nation en Europe qui ait un grand intérêt à conserver ses Co.
lonies fous le régime des loix prohibitives, c'est la France.
16. Entre les maux innombrables que la cessation ou la diminution du commerce de nos ports avec nos Colonies à sucre causera au royaume, il fille placer fur- tout la pert* certaine & inappréciable des matelots; celle de la plus grande partie des fortunes, h désertion de tOJt ce qui tient aux conftrudions & aux armements , l'abandon d'une partie des manufactures , une émigration telle (p'il n'y en aura pas eu de pareille depuis ia révocation de l'édit de Nantes, & toutes les calamités qu'amene sur les campagnes & le cultivateur la non-vente de ses denrées.
17. Au surplus , les habitants des Colonies, pour lesquels on s'expoferoit à tant de malheurs, font les propriétaires des terres les plus favorisées sur le globe. Ils ont acquis ces terres tous les loix & à la condition du régime prohibitif qu'ils ne cessènt d'éluder depuis trente ans. Ils retirent quinze & jusqu'à vingt pour cent du revenu annuel de leurs terres, & par leurs demandes infa- tiables ils veulent ruiner aujourd'hui les propriétaires de terres du royaume, qui ont bien de la peine à porter le revenu des leurs à trois & quatre pour cent.
18. M ais quelle est la compensation de cs gl'an te; aciifices qu'on feroit aux Etats - Unis de l'Amérique ? Jusqu'à présent leur pavillon n'a presque pas paru dans nos ports depuis la paix.
Il flotte au contraire en grand nombre sur la Ta-
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mite, où l'on estimoit en juillet dernier qu'il y 4voit pour plus de quatre millions de livres fterrings d'expéditions faites depuis la guerre en ,n.dutl:ions ou en fabriques Angloises pour l'Amérique fe[rentrionale. Et cependant les Anglois ne reçoivent point leurs anciens sujets dans leurs colon ie:" 19. Enfin, si le systême du jour dure , il ne fc passera pas trois ans avant qu'on en ressente ies fâcheux effets, On les éprouvera quand on voudra armer une escadre, lever les impôrs dans les campagnes , ou que le Roi aura besoin des navires du commerce pour faire les transports des troupes ou d'approvisionnements, &Dieu veuille Igue nous n'ayons pas de guerre avec les Anglois.
8. janvier, Suivant, ce qu'on écrit de' Bcuilogr.e, M. Pilâtre; après avoir donné des ordres Ii soixante ouvriers pour la construction d'une tente de quatre-vingts pieds carrés sur cent vingt-cinq pieds de naut, d'une galerie de cinquante-neuf pieds & d'un réchaud d'un pied, .s'est embarqué pour Douvres, Cette traversée , ordinairement de trois heures environ , a été de cinquante - deux heures. Quoiqu'épuifé~de faim - de fois & de travail , l'infatigable' a'ronaute a voulu visiter furie champ Ifs travauj de M. Blan—1 thard > & il a gémi de voir tout disposé en'hui t jours. Il n'attaché plus aucune gloire à udveïfe?t -LJ.a Manche , s'il est dévancé.
8 Janvier. L'ouvrage intitulé : Ma Confession, irrai pendant du Portier des chartreux , par res —' tlétails obscenes, ses peintures chaudes, ion style groflk-r y diffère cependant de cet ouvragé, en œ que l'on n'y trouve- pas l'unité de cornpoÍÎtion 'fie l'autre , où toutes l'espsrties tendent au mêrrïfc
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frut de tenir le lecteur dans une éreion continuelle par une fuccdlion de tableaux toujours enchérissant de luxure. L'auteur du Portier dej Chartreux est un libertin qui , entraîné par la fougue de son temperament , se livre aux excès sans nombre d'une patIion effrénee. L'auteur de la Conftjfion est un homme à la mode , un prothée qui prend cent formes différentes) se monte à tous les tons pour duper les femmes qu'il veut rendre ses tributaires. Les peribnnages du premiei ne font choisis que dans une elafle inférieure & obscure ; ceux du fécond font pris dans les diverfirsconditions, financières, dévotes, femmes de' cour , abefles , Agnès , femmes de province , filles d'opéra , femmes à tempérament , femmes à sentiment,coquettes, prudes; il n'est point d'efpeceqti'll ne paffe en revue & ne subjugue il se fait payer des unes , il séduit les autres, il perfiflîe celles- là ildé.
masque celles-ci , aucune ne lui échappe c'est une variété ir croyable & d'héroïnes & d'incidents.
Cest quelquefois l'on&ion de Clarifie, le piquant de Cil - Blas) la finciïè de Zadig , l'atrocité des Liaisons dangereuses, l'impiété philosophique du t Système de la Nature. Du reste , une foule de portraits très ressemblants ; car la vérité est la premiere qualité du pinceau de l'auteur. Son héros est le prototype parfait de ceux du jour, de ce qu'on appelle eneigiquement un Roué. Tout ce qu'on peut lui reprocher c'est de l'avoir produit troti en déshabillé , trop nu ; d'avoir trop levé Je voile sur ces scenes intérieures , qu'il faut laisser couvertes des ombres épaiifts où elles se paient.
8 Janvier. Les folies philosophiques par un homme retiré du rnende. Deux paities très - courtes.
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• ta attribue cet ouvrage à l'auteur des Mémoires • ( vicomte de Barjac. Seulement celle - ci est une rie , c'efl - à - dire, la production d'une ima:,:nation encore plus déréglée. Il prétend , dans : bout d'avis en tête , que fous cette appaice de frivolité on trouve des choses trèsbien nfées ; que c'dl: l'avis d'un homme d'efprir.
1 pourroit lui appliquer justement le bon mot: u'il croit être profond & n'efi: que creux.
8 Janvier. Les bals de la Reine ont recommencé r hiver pour !a prem iere fois le mercredi 17 démbre. S. M. ne s'y rend qu'à dix heures & ne tnle point , à cause de sa grossesse. Ce retour un genre de plaisir uniquement destiné pour s femmes de la cour & auquel S. M. ne par;ipe que des yeux , fait pré fumer avantageufc- ent de la paix , puisque les premiers bruits de ipture avec (on auguste frere l'avoient détermi::e à rester dans la retraite & dans la douleur.
8 Janvier. Un M. Dubucq, ancien premier ¡mrnis de la marine & l'homme de confiance itrefois du duc de Choiseul en cette partie, qui roit dtjà plaidé pour la liberté du commerce ans ('s Colonies , a cru devoir se mêler de nouau de la querelle. Il a composé une erpece de 'émoire intitu!é : Le pour ( le contre sur un 5jet de grande discorde (y d'importance majeure.
y agite s'il convient à l'administration de céder art ou de ne rien céder aux étrangers dans le ommerce de la métropole avec se s Colonies? Il n a fait imprimer des exemplaires en grand ombre qu'il distribue dans le public Il se flatte avoir résolu le problême pour l'affirmative ; il en vante hautement & prétend qu'il n'y a point e rép'ique, & il a raison, car c'est un galimaas où l'on n'entend rien.
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9 Janvier. Extrait d'une lettre de Èoulognefi mer , du 4 janvier 1785, ", et M. Ptlàtre de R zÀer qui étoit parti vers Noël [Jour se rendre Douvres , est de retour ici. Arrivé feulement 17 décembre au lieu du déparc de ion rival, a vu avec douleur que celui-ci étoic prét n'attendoit que le vent favorable. Effrayé lu rriême du danger que court M. Blanchard, il dit que si celui-ci paffe féal, il y a Ex cont un à parier qu'il se noiera , & que s'il prer po ir compagnon le doétenr Jeiferies, le dang.
augmente, & il par:eroit dix contre un.
Le tg au matin M. Pilâtre a quitté Douvr & i n: allé à Londres , fous prétexte de faire d, acquittions d'instruments dont il a beibin pot - ion cabinet de physique.
Quoi qu'il en ioit, depuis fan retour il paro avoir mis de l'eau dans ion vin ; il n'a plus 1 meminué^ïdiré. Il convient que M. Blanchara qui n'ift pas aussï bon phylicien que lui, a plu d'avantage par la position , puifqu'il a des côt immenses à attaquer & trois vents favorables, tandis que lui , Pilâtre , n'a qu'un point & qu'u.
air de vent pour lui.
M. Pilâtre prétend au surplus que l'envelopl de son ballon ell imperméable à l'air inflammable qu'il pourroit rester six mois dans les airs fat s'en embar. aller, & que si le Ve'Pt ne le porto pas à Londres , il se tendruit en Amsriq i Tout ah) pure fanfaronnade. Le vrai est qu' s'a pas aiftL prévu les d;æ::ultc; , je ne dis p; de ion vr;y ,gc par lts airs & au ddFu d'ur immtnfîtv d'eau , mais du local , de la faifo 6e les circonstances. On croit qu'il remettra partie au mois de mai. Ce qu'il y a de sur ce
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c'rft que l'embarras seul d'élever la tente commandée pour abriter une machine aussi énorme que sa Montgolfiere) doit retarder au moins d'un mois l'enrreprife. Et puis comment l'exposer sur isbords de la mer , où les vents les plus vio.
lents soufflent presque continuellement dans l'hiver?
10 Janvier, On se ressouvient des. Mutinées du Roi de prusse : on croiroit qu'une brochure trèsrëcente, puifqu'eilg est timbrée de 1785, ayant ,pour titre : Les Soirées pbilofophiques du Cuisinier idu Roi de Prusse, feroit destinée à leur servir de :pendant ouï de parodie ; mais point du tout, c'est un ouvrage sur différents lajets détachés lilans le. genre des 'estions Encyclopédiques de.
1 voltli-ire. on feroit même tenté de le lui attri buer, s'il n'y réghoit beaucoup."plus de véritable 'érudition, & s'il n'y étoit parlé d'événements --.-ide la guerre derniere, postérieurs - à sa mort. On est. donc tenté de le croire plutôt de l'auteur Id'Errotica Brblicn. Quoi qu'il en foit, les soirées, lau nombre de dix - huit , forment autant de :chapitres. Ils roulent sur des matieres fort inteireffanres pour .4a plupart & vraiment philofo[phiques. Le ton en est gai , leste , comme dans 1 l'autre production ; & l'on y trouve cette ironie : eontinue, qui carattériCoit sur-tout les >œuvres de ce genre du vieillard de Ferney.
10 janvier. Outre le joli couplet sur les tri-''bades, on en chante un autre , qu'on peut regarder comme la réponse. Ce font les femmes ( qui parlent ; il est sur le même air de Figaro : Il feroit moins de cruelles , On en vaineroit chaque jour , Si les hommes pour les belles,
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Etoient fermes en amour: Mais leur foiblessè auprès d'elles » Promettant peu de retour , Les réduit au doigt de cour.
10 Janvier. Le courier de Boulogne » attiré suiourd'hui , a annoncé que M. Blanchard & le dodeur Jejftries étoient partis de Douvres dans leuj aérostat & étoient arrivés peu d'heures après sur la côte de France , où ils a voient defeendu sans nul accident. C'est un brcuhiha incroyable dans Paris , & les enthousiastes de la navigation aérienne parlent de se rendre en Amérique. Quoi 1 tl'il en foit, voilà une époque bien mémorable pour ce nouvel art.
11 Janvier. On attribue à M. de Champeenets une chanson sur les ridicules du jour. Elle ne laisse pas que d'avoir de la vogue & vaut mieux qu.e les autres du même aureur. Apres Irs clubs, Ils muÍèes, !es lycées, &c. il parle du mariage de. Figaro, de Mlle. Saint - Ht/berti, des charlatans Me/mer Se Delon , de Mlle. Contat, &c.
Cette chanson a six couplets , & est sur l'ait de. la Ronde de Richard. Comme elie n'est pas excessivement méchante, il faut espérer qu'elle fera bientôt répandue.
11 Janvier. Quelque chose de plus intéressant pour l'homme de lettres philosophe que tous les titres & dignités littéraires , c'est la découverte des intrigues & des menées qui y conduisent.
Alors il le console facilement de ne les point obtenir. Ce qui tout récemment a transpiré , au iujet des deux places vacantes à l'académie fransoiiè , est de rette nature.
A la, mort de M. de pompignan, l'abbé Maury
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u follicitoit depuis long - temps pour entrer dans cte compagnie , a redoublé d\:fhrts & de cales. 11 avoir un grand ennemi dans l'abbé Arnaud.
ZD elui-ci , quoique Ion compatriote, quoique de la tme robe, avoii t trouvé mauvais que l'abbé Maury * fût adressé à d'autres qu'à lui, n'tût pas voulu se ; Inger fous sa banniere) & l'a voit fait exclure : fja plulieurs fois. Il étoit heuteufement alité Se s lourant : il n'en a pas moins tenté en ce derier instant tout ce qu'il a pu pour satisfaire sa i: aine. Voulant le faire efifcacement, il a écrit ï M. le conirolourgénéral, afin de l'engager à : mettre sur les rangs. Ce minière, a vide de gloire ; e toute espece , n'en étoit pas éloigné ; le bruit ouroit même déjà qu'il auroit la place. C'efl ; : duc de Nivernois qui lui a déclaré être engagé n faveur de l'abbé Maur; , avoir une grande 'répondérancc dans la cOmF3.'J"Dle, & lui a saie.
répon d érance dans la com p agnie , & lui a fait =ntlr qu'il n'oublieroit rien pour soutenir fou trotégé, conséquemment pour l'exclure cette foiy, 4. de calonne, piqué , lui a répondu qu'il n'avoit ornais ibugé au faureuil f & lui faisoit feulenent part de la lettre qu'il ayoit reçue. C'est ilors que les adversaires de l'abbé Maury Ce font etournés du côté de Me. Target & l'ont poulie m avant pour contrebalancer le parti de l'autre candidat, qui cependant l'a (mporté, A l'égard it Me. Target, outre ce qu'on vient de dire, ce :: :]ui se pitiè est encore pire. Meilleurs conviennent •]ùe ce n'et fpoint un sujet académique j qu'il * Il'est nullement homme de lettres ; qu'il écrit mal; qu'il ne fait point là langue; qu'il n'etf pas même le premier orateur du barreau. Mais ils s'écrient que c'tt f leur ami 5 qu'ils vivent avec lui > 9tills y soupent tous les jours & que cela
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doit entrer pour beaucoup dans le choix. D'ailleurs, qu'apiès avoir servi de limulacre aux ennemis de l'abbé Maury lorsqu'on vouloir l'exclure, ce'feroit jouer trop cruellement cet iiluftre avocat, aujourd'hui que favorisé par les circonstances il se trouve une autre place vacante pour le dédommager , de lui donner l'humiliation d'un refus. En conféguence) depuis l'élection de l'abbé Maury , Meilleurs annoncent leur vœu de lamanière la plus illégale & la plus indécente. Ils déclarent hautement qu'il fera élu le jeudi i 3 de ce mois, & le candidat, non moins indifaet, s'en vante & en reçoit les félicitations d'avance.
De ces diverses relations l'on conclut aflfez naturellement que l'académie n'est plus qu'une pétaudiere sans pudeur & sans dignité.
11 janvier. Quoique le livre de M. Netktr n'air encore aucune publicité légale , il en paroît déjà une critique. On en envoya , il y a quelques jours , des exemplaires au salon. C'est un club qui a pris ce nom. Il est sur-tout composé de joueurs & de grands ftigneurs. M. le duc de Liancourt ayant lu quelque chose du pamphlet contre M. Necker, le ieta au feu & propora. faire un holocauste à l'ex - ministre des finances, des autres exemplaires. Un M. Aubert s'y opposa for- < tement, Il reprocha la partialité au duc , qui lui dit qu'il pourreit en faire autant du livre de M. Necker ; que les avis étoient libres. Quelqu'un, pour calmer cette fermentation & égayer la feene , répandit le quatrain suivant : Nargue d'hier, vive aujourd'hui, Fi de N,'cker, honneur à Colonne : A droite il prend , à gauche il donne; L'honnête homme il n'a rien pour lui;
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Et chacun de rire , de tirer le crayon & de copier. On assure que M. de Calonne a plaisanté lui - même de cette boutade.
On parle au surplus d'une chanron en sa faveur qui, contre l'ordinaire des éloges) est extrêmement jolie & piquante.
11 Janvier. M. le comte de Mirabeau voyant sa requête rejetée du conseil , tourmenté pac sa femme , abandonné par sa famille, craignant le ressentiment du garde - des- sceaux, poursuivi par ses créanciers & par la misere, avoit pris le parti, depuis quatre ou cinq mois , de passer en Angleterre , où sa plume pouvoit au moins lui procurer des ressources. On n'en parloir plus depuis ce temps. Le bruit court aujourd'hui que dans un excès de désespoir il s'est brûlé la cervelle à Londres. Cependant la nouvtlle n'est pas encore assez certaine pour ne pas se flatter qu'elle foit faulse.
u Janvier. L'on est toujours étonné de voir répandre des larmes sur le théâtre d'arlequin.
C'est cependant ce qui vient encore d'arriver hier à la premiere représentation du drame des deux Freres, en deux aétes & en vers. Il est tiré d'une historiette romanesque de M. Imbert, & comme l'auteur malgré la forte de succès que la pièce a eu, ne se nomme pas encore, on présume que le drame pourroit bien être du même pere.
il Janvier. M. Blanchard, le dodteur Jejferies, & M. Pilâtre de Rozier font arrivés hier ensemble de Boulogne à Paris. On allure que les ordres du dernier portoient de ne paffer la mer qu'autant qu'il ne feroit pas dévancé. Son rival ayant été plus heureux, il n'a plus rien à faire & ramcne ion ballon.
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Il janvier. Le bruit général de l'opéra hie seoit qu'on avoit arrêté M. de Champcenets ,(an «ju on dît où il étoit enfermé, On assuroit CJUI la cause de sa détention provenoit de toutes ce chansons satiriques qui courent, dont on luiat tribue une grande partie.
13 Janvier. M Blanchard est parti de Douvres le vendredi 7 janvier à une heure après Jnidi, par un vent de nori quart d'ouest à - peu près. Il est arrivé au - dessus des cotes de Franci entre Calais & DOJ.hgne; ayant laissé Gîtais à une lieue sur la gaache à trois heures précisès, & à trois heures trois quarts il a pris terre à detu lieues & demie du rivage au - delà de la forêt dt Guines , vers la pointe d'Ardres.
13 Janvier. On n'a p:>.s manqué de conflgne dans un couplet l'époque de la tranfiation de Varrétés au Palais-Royal. Il est toujours sur rait de Grégoire : Que le grand héros d'Ouessant, Toujours avide d'argent , Pour augmenter sa recette , Aux Pointus ( 1 ) donne retraite" De Jeannot foit le soutien, Gest bien, Très-bien ; Ce nom fou tiendra le fien.
Dans son palais, dira l'hifloire i Il eut la foire , Il eut la foire!
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( i ) C'eftle titre di différencespieces des V -,ri..
comme Jériine pointu « &c«
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t.. Janvier. Extrait d'une lettre de Calais, du. ff janvier. M. Blanchard ayant éprouvé par une MontgolfÙre lancée avant son départ que le vent éioit bien fait & portoit vers Calais , s'est embarqué avec le doreur, malgré l'augmentation idu poids qui en devoir résulter. Ils ont débarqué heureusement sur notre côte à quelque distance de cette ville. Dès le foir les officiers municipaux ont envoyé prendre les voyageurs dans une voiture à six chevaux. Les ord res étoient donnés par le commandant pour que les portes leur fussent ouvertes à quelque heure de nuit que ce fût, & quoiqu'il ne fût que deux heures du matin lor(qu.ils entrerent dans la ville , ils trouvèrent une foule de curieux qui crioient sur leur i passage : vive le Roi , vivent les voyageurs détiens ! Ils dr feendirent chez l'un des officiers municipaux , où ils couchernr, Dès le lendemain matin le pavillon frarçois i fat planté sur la porre de M. Blanchard ; le a.apeau de la ville fut hissé sur les tours, & les ci: rillons qui annoncent , suivant t'usage, les événements importants, furent mis en jeu. Bravant une puérile étiquette , dans leur enthousiasme le corps municipal & tous ceux des régiments qui composent la oarnifon, se rendirent le matin de bonne heure chez les voyageurs pour les complimenter. A dix heures on leur apporta les vins de ville & on les invita à venir dîner le jour même à l'hôrel - de - ville.
Avant le dîner , le maire présenta à M. nlanehard une boîte d'or, sur le médaillon de laquelle étoit gravé son aérostat dans le moment de la descente. Vous voyez que nous allons vîte en besogne. Le hasard lui avait fait heureusement ren-
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Montrer une boîte à la mode, c'est - à - dire, a ballon. Dedans étoient des lettres qui accordoiei à M. Blanchard le titre de citoyen de Calais.
cO: à espérer que nous ne rougirons pas de celles., comme de celles accordées au pauvre du Bello De pareilles lettres furent offertes au doétei Jeffèries, qui eut plus de Lens commun que ne officiers municipaux , & en sa qualité d'Anglo ne crut pas devoir les accepter.
Enfin l'aérostat ayant été placé dans la prit cipale église pour être mieux exposé aux regarc du peuple, le corps de vilie demanda, pour de nier honneur aux voyageurs ,d'y laisser leur ballo déporé à perpétuité , ainli que le fut autrefc en Espagne le vai/Teau de Christophe Colomb & il fut arrêté qu'au lieu de la defeente il je roit élevé une pyramide de marbre pour en pei petuer la mémoire. Dieu veuille qu'elle n'ait pc le fort du monument qu'on devoit construire sa le baffin les Tuileries en l'honneur de M. Charles Nos pcërcs n'ont pas manqué de s'exercer, 8 voiçi un quatrain de M. Rigaut de Repinoy , notr ancien maire , à i'uccaiion des deux voyageurs l'un François & l'autre Anglois : Deux peuples divisés par l'empire des mers , Ne font aujourd'hui qu'un , enfranchiflant les airs : Préface fortuné de l'union sinceré Qui va régner entre eux pour le bien de la terre !
Flatterie aussi fausse que platement énoncée. Elle est d'autant plus ridicule en ce moment que co: lett ts de Paris annoncent des bruits d'hostilité: commises par les Anglois cor.t:e nous aux Indes: nuis il n'cft pas étonnant que les ballons qui Qnt
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tourne la tête de vos philosophes) tournent celles des pauvres provinciaux.
14 Janvier. Il paroît que M. le duc de chartres est la fable même de la cour. On raconte que la Reine ayant témoigné la surprise de ne le point voira ion bal des mercredis, le comte d'Artois avoit dit : tt Madame , ne vous étonnez pas ; 93 vous ne l'aurez guere les jours ouvriers : M Notre Coujin efi aujourd'hui en boutique. »
15 Janvier. Le Mémoire des négociants de Nantes contre l'admission des étrangers dans nos colonies , se répand imprimé & contient dix - huit pages de grand in - folio.
Après un préambule éloquent & soutenu des citations les plus refpeétables , le rédacleur énonce les différents motifs que les Colons ont fait valoir en leur faveur.
10. La crainte exagérée d'une disette , prétexte (OIlS lequel ils ont louvent obtenu des généraux des permillions dont la durée a été quelquefois d'un an , d'introduire des vivres de l'étranger.
ic. L'impossibilité de tirer de France les bois de conlhuaion & les merrains.
3 q. Le besoin que les Colonies ont de bestiaux , de poiiîon falé & de morue, & l'abandon du commerce sur ces articles.
40. La nécessité de leur fournir un débouché pour leurs taiffas & sirops , dont l'entrepôt n'étoit permis en France que pour la traite des noirs.
50. Enfin , l'importation des noirs de traite étrangère , fous prétexte que le commerce de France ne fourniifoir pas la quantité nécclTaire à la confommarion.
L'on reprend toutes ces objeélions & on les détruit en détail. On finit par ex poser au con tIait
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les demandes du négociant pour réparer les pertct énormes que le commerce ne peut plus supporter., Ipour le (outenir, le ranimer & rendre à la navigation sa force & sa splendeur. Elles font d'obtenir: 10. La (llppretIion générale des entrepôts accordés aux étrangers, même de ceux de Sainte-Lucie du M le Saint-Nicolas.
2. If, L exécution des loix prohibitives.
3°. L'établi (Ternent d'une nouvelle loi qui oblige les Colons à payer exactement leurs dettes.
,& les intérêts.
4°. La permissîon d'interpo fer en France les.
taffias à la destination de l'étranger.
5°. Le retrait des passe-ports accordes à d'ce étrangers pour l'inrroduthon des negrss dan& quelques parties de nos Colonies.
Ce mémoire semble lumineusement écrit, &bim -isa - d, frus du galim-arias de M. Dubucq.
if janvier. Les remontrances annoncées du parlement de Bordeaux au suet des évocarions t, Jie doivent point en eâèt être bien agréables au .«:onfeil -qu'elles- traitent fort mal. Du reste, elles joulent sur une matiere déjà si rebatrue., qu'elles ne peuvent contenir nen de très - neug qhant aux principes Il est feulement question de cas particuliers , où l'interruption de la juftic-* est d'autant p'us criante qu'elle porte lur une des class-es dit peuple la plus indigente & la plus utile, quelle soustrait @ au supplice un citoyen coupable , mais accrédité.
Un article particulier de ces. remontrances concerne le vicomte de Not. où le parlement après avoir tracé en bref tout ce qu'a d'illégal, de vexatoire & de monflrueux la procédure exercée iceatre ce maire 1 rend saison de son fikncc , foadi
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sur ce que le parlement de Paris, placé plus prèg du trône , nanti par appel de l'affaire , étoit plus en état d'éclairer bientôt la religion du roi surprise.
Toutes ces remontrances font remplies d'une grande éloquence ; elles font écrites avec rapidité, concises & très - patriotiques.
15 Janvier. L'Avis au PHbLic. pamphlet dont les enthousiastes du livre de M. Necker ont jugé à propos de lui faire un holocauste au salon , n'entre dans aucune difcufflon de l'ouvrage. On y avertit feulement qu'il est composé des déblais, des matériaux qui ont servi à l'édification de fou Compte rendu ; qu'on y trouve encore le sédiment des rapsodies économiques qu'il a jadis exhalées dans les notes sur Colvert, & dans ses Differtattons sur la farine, faisant la clôture de fan sublime ouvrage de la Légiflatien & du commerce des grains ; que du reste ses tableaux font souvent inexadts & quelquefois infideles j que la plupart de ses principes font justes en eux- mêmes, mais aulIi connus de tout le monde & de tout temps. On le plaidante enfin sur son inftruétion si modeste, où pendant J 60 pages il entretient le public de tés regrets de ne pouvoir plus lui être utile; regrets qui s'annoncent dès l'épigraphe, qu'il a tronquée afin de la rendre plus juste. Cette satire est cruelle, en ce que malheureusement elle est vraie & qu'on juge l'homme par (es propres paroles.
t 5 Janvier. Le parlement de Rennes rentré a soutenu l'ouvrage He la chambre des vacations; il a maintenu les arrêts & en a rendu de nouveaux sur le tabac. Malgré la précaution du gouvernement qui craint la fermentation que certe façon de sévir pourroit occalîonner , & la ligue qui
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pourrait (e former entre les consommateurs pour ne plus user d'une denrée pernicieuse , il a percé dans Paris un arrêt de cette cour rendu les chambres assemblées) le 17 décembre. Il ordonne que les trente - sept barils de tabac , déposés au greffe des dépôts de la cour , & celui renfermé <dans deux boîtes de fer - blanc, feront brûlés dans Je jour au bas du cours de la ville, & tarde de faire droit sur les autres tabacs saisis dans différents bureaux de la province, lesdites faifîçs néanmoins: subsîstantes, &c.Comme en ourre que les procès verbaux de" cette expédition & des précédentes feront adressés au secretaire d'état , ayant le département de la prorince, & qu'il lui fera écrit pour le prier de les mettre fous les yeux du seigneur Roi , & que les copies en feront envoyées à M. le garde-des-sceaux, à l'effet de repréfenrer à S. M. la nécellîté 04 a été son parlement de pourvoir à la fureté publique en anéanti/Tant des tabacs aussi dangereux^Sc d'obtenir de son amour pour ses peuples la réforme la plus prompte des abus qui (e font introduits dans la préparation , la vente & la distribution des tabacs ; déclarant ladite cour que l'intérêt de l'humanité lui a preferit la défense portée par ses arrêts des 11 & 15 octobre dernier ( dont elle ne peut Ce départir ) de continuer la distribution du tabac en poudre.
Du reste , Nicolas Salzard , adjudicataire-général des fermes unies de France , est condamné dans tous les dépens.
16 Janvier. Tout le monde s'accorde à dire aujourd'hui que M. de Cbumpcencts est enferm é : au château du Ham, où il a déjà été. Il paroîc t. - •• • -•>
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que c'est sa famille qui a de nouveau sollicité sa.
lettre rie cachet pour prévenir un trairement plus sévere. Sa Famille est d'autant plus furieuse contre lui, que dans une chanson il plaisante sur (on pere & trouve qu'il vit trop long - temps. CDmmc on le juge incapable de résipiscence on lui a déjà ôté le gouvernement des Tuileries , qu'on a fait passer à son frere. Ou croit qu'il pourroit bien perdre aujourd'hui son emploi dans le régiment des Gardes. 1 16 janvier. Il y a une grande fermentation a !a caisse d'escompte ; les actionnaires n'ont pu s'entendre dans l'assemblée - générale du 11 de ce mois. Pour fixer le dividende il a fallu nommer des coinmiflaires qui doivent rendre compte dans une autre séance indiquée au 19.
Il paroît que le sieur Panchaut, profitant de l'autorité du contrôleur général dont il a l'oreillfc voudroit se rendre maître de cette ciilîe & la gouvernet ; ce qui déplaît au grand nombre , qui fufpeûent la probité de ce négociant) auquel on reproche déjà pluGlurs banqu routes. Il cherche de [an côté à prévenir les efptits par des écrits. Il en paroît trois de certe espece qui ont été envoyés auparavant aux actionnaires les plus prépondérants,, & il passe pour en être l'auteur.
16 Janvier. Dans l'assemblée du 13, ses acadctniciéns électeurs de l'académie françoise OQt nommé Me. Target, ainsi que c'étoit prévu & annoncé.
17 Janvier. Depuis quelques jours on parloit du lieur Radix de Sainte - Foy comme rentré en grace auprès de son ancien maître. Rien de mieux sonftaté aujourd'hui, M, le comte d'Ar/vi; lui. a
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titooigné publiquement combien il étoit fâché 'S des persécutions que ce bon fervireur avoit éprou- o vées. En conférence il lui a fait expédier un il brevet de directeur-général de ses domiines &i bois, dont le préambule contient les plus grandsb toges de l'administration de M. de Sainte- Foy,^.
Non - feulement on lui restitue la pension dsb 8000 liv. <]ue M. Necker avoit fait rayer, parce:*" qu'il en avoit été rembourré, mais on lui paie ri les arrérages , & l'on y aj )ute quatre mille francs) de plus. Enfin on lui donne cent mille fiancs , z d'autres disent même quarante mille écus, pouru indemnité des frais de son procès. En outre il est 1 iiommé ministre du duc des Deux - Ponts à Lond res. ï
On attribue tant de faveurs à sa maîtresse , rra- -i dame de Saint - Alban , qui a plaidé sa cause f avec tous ses charmes auprès de S. A. R. & l'a i leduite par son éloquence.
Aussî M. de sainte-Foy est p'us insolent que 91 jamais ; il se montre avec afftâtion. Il se tl promenoir l'autre iour à Paris dans un cabriolet V.
doré avec un jockey derriere. Il ctioit sans celse: :.
gare 1 gnre ! & a voit l'air d'un r. iomphateur dans a son charde viéloire. Tous les Roues font enchantés se & lui applaudiff nt.
17 Janvier. M. Pilâtre de Rozier déclare que 9 le gouvernement lui a donné de nouveaux ordres; i qu'il doir retourner incessamment à Boulogne, ; pour en partir dans son aérostat, & reporter en 1 Angleterre M. nlanchard & le docteur Jefferies.
17 Janvier. Les six couplets de M. de Champ- < tenets, ou du moins qui lui font Attribues , con- cernant les ridicules du jour , deviennent très•«cherchés depuis le bruit de la détention*
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,ctte nouvelle leur donne de l'importance, 8c Iff soid : Air : de la Fonde de Frgare.
Que maintenant dans Paris, Nos hér85 , nos beaux esprit Forment mille compagnies , Salons , clubs , académies
Et que je ne fois de rien , C'est bien, Très - bien , Cela ne m'eranne en rien Je ne pense comme perfonnc, Et je chansonne.
Qu'au seul nom de Figar.
J'entend e crier : bravo !
Et que tout ce coq- à-l'ilne Son procès & sa Sufanne.
Causent un bruit général, C'est mal, Très - mal , Mais cela m'est bien égal : Je pense comme mon grand - pere; J'aime mieux Moliere.
Que par- esprit de parti On claque Saint-Huierti, Qui n'a pour tonte maniere, Qu'une réte rninaudiere, eveç un fausset discord ;
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C'est fort :, Très - fort.
Mais ç'a m'et f gal encor, Moi , je hais la voix glapissante.
, J'aime qu'on chante.
Que le charlatan Mefmtr.
Avec un autre frater , J Guérissè mainte femelle ; Qu'il en tourne la cervelle.
En les tâtant ne fais ou , C'est fou, , Très-fou ; Et je n'y crois pas du tout : Mais je pense qu'il magnétise Par la {auife.
Que la bégueule Contat Mette en fort mauvais était
La jeunesse & la finance' D'un étranger d'importance, Qui ne vouloir que la voir , C'est noir r Très-noir; Mais c'est fimpla à concevoir ï * Elle pense comme sa mere , Elle est trop chère t Quoiqu'à dire son avis On trouve mille ennemis , tt qu'avec un peu d'adxefîè,<
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d'impudence & de caresse , On jauiffe d'un grand éclat , C'est plat, Très- plat ; Et je n'en fais nul état : Moi, je pense qu'il faut tout diré Et j'aime à rire.
18 Janvier. Le sieur Pankouke a mis en vente ilepuis quelques jours le livre de M. Necker , intitulé : de l'Adm inift ration des finances de lu France, en trois volumes aÍfez bien fournis.
Les colporteurs en vendent secrétement une autre édition qu'ils prétendent meilleure , en ce que celle du libraire françois a des cartons. C'est ce qu'il faudroit vérifier en les confrontant. Eu attendant , on s'entretient beaucoup de l'ouvrage , sur lequel les avis font si partagés qu'on ne peut se décider qu'après foi-même. Le seul point où tout le monde s'accorde , même les admirateurs les plus fanatiques de l'auteùr , c'est qu'il y regne cet amour-propre excessîf dont étoit infetlé fou Compte rendu; c'est qu'il y témoigne à chaque page le regret le plus vif & le plus amer de n'être plus à la tête du contrô le-généra l
18 Janvier. Le conte de M. Imbert, dont est tiré presque sans aucun changemenr le drame des deux freres , a pour titre: le Modele des freres & peut se lire dans le Mercure du M octobre 1783.
En général , la naissance de l'un des deux eit vicieuse , mais on l'ignore, ainsi que lui. La mere offre de faire cette révélation : aiTaut: de tendressè entre eux pour que ce lecret refle toujours enveloppé des ombres du mystere, & pour partager
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également leur fortune. On juge à cette foible esquille que c'est le sujet d'Heraclius traité bourgeoisement. Quoi qu'il en foit du peu de mérite de l'auteur , en supprimant quelques longueurs, on a rendu plus inréréflant le drame qui a eu un succès décidé à la feconde représentation. On a demandé le poëre : M. Granger est venu dire qu'il étoit absent de Paris, & qu'il s'appelloit mondeuc Milcent, 18 janvier. On continue à s'occuper très-sé- rieufement de l'amélioration des laines en France.
Un mémoire de M. d'Aubenton lu à l'académie des sciences le ij août dernier , où il rend compte des nouveaux progrès de sa doctrine & de ses expériences, a frappé le ministere de plus en plus , & non - feulement M. de Galonne , que cette matiere regarde comme contrôleur - général, s'efforce d'y concourir de tout son pouvoir , mais M. le comte de Vergennes , convaincu de la nécessité prenante de perfectionner les laines de France pour le bien du commerce, fait dans ses terres soigner ses troupeaux par un berger formé dans la bergerie de l'académicien.
On a fabriqué à la manufacture royale du château du Parc , depuis le drap fort , fait avec les laines améliorées de M. d'Aubenton , qui avoit bien réussi , des draps souples. La mauvaise faison de l'hiver n'avoit pas permis de les filer d'abord assez fines, & de les fouler assez pour avoir dcî draps souples.
Le manufacturier a jugé que les nouveaux draps éroient auili doux que ceux fabriqués avec la plus belle laine d'Espagne. Il a reconnu dans chacune des opérations successives de sa fabrique Que la laine améliorée avoit un nexf particulier.
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: c'est- dire, plus fort & plus sensible que celui : de la laine d'Espagne : observation qui n'avoit point échappé d'abord en fabriquant du drap fort.
19 Janvier. Les trois écrits attribués à monsieur Panchault (ont : 1 °, Dialogue sur la caisse d'escompte , entre un Parisien & un Lyonnois , décembre 1784; 2°. Caisse d'escompte, observations relatives à la fixation du prochain dividende , 6 janvier 1785 : 3°. Les dividendes de la coss-f, d'escompte feront - ils fixés a 130 liv. ou à 180 liv, pour le femejlre des six derniers mois 1784? On croiroit trouver dans ces pamphlets de giands éclaircificments , & voici le peu de faits à extraire de ce bavardage très - ennuyeux.
Le prix des actions de la caisse d'escompte dans l'origine de la valeur intrinseque de 3,000 liv.
& depuis la crise doftobre 1703, à 3,500 liv.
eit monté aujourd'hui jusqu'à 8,000 livres.
On convient généralement que la caisse , à l'expiration du semestre dernier aura gagné onze cents mille livres, dont il faut déduire pour les frais de régie 100,000 livres. Reste un million , ce qui donneroit un dividende de mo livres pour chaque action. C'est ce qu'avoit calculé l'auteur d'une brochure intitulée : Orservations sur la ra,jf, d'escompte, qu'on ne nomme pas. Il s'est trompé i entendre le Lyonnois. Outre les frais de régie , il faut encore déduire une non - valeur des lettres de change en souffrance , estimée au moins 130,000 livres, & pois l'interêt des lettres de change non échues , mentant à 48 mi liions Se formant un déficit de 140,000 livres, enfin les non - valeurs qui peuvent se diminuer sur cette aatre quantité d'uu huitième pour cent, c'est-à-
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dire, 60,000 livres : ce qui réduit le million fâgc ment établi à un bénéfice net & ~imperturbable de î70,000 livres, & le dividende à 114 liv.
Suivant la seconde brochure , les actionnaires s réduisent à demander 180 livres. On veut Jeu prouver qu'il est encore trop fort. On y fait li tableau des bénéfices toujours croissant par l'mih prévoyance de laisser toujours des fonds en arrière Depuis juillet 1777 jusques & compris juil'e 17^3 > il y a eu treize dividendes; savoir, 75 !iv.
80 liv. 80 liv. to liv. 85 liv. 90 liv. ico liv, 100 liv. 105 liv. 110 liv. 110 liv. 120 liv. & 130 liv.
Ce dernier est le plus fort, & cependant les bé.
néfices apparents du semestre de juillet 1783, montoient à 1,109,000 liv.
Dans la troisieme brochure , ce ne font plus des spéculations , mais des faits. La somme de?
escomptes durant les six derniers mois 1784, cft décidément de T, il c,eoo livres; en dédu-fant de ce capital les frais de régie & les non - valeurs connues sur l'eftimarion du Lyonnois , resteroit une somme de 920,000 livres , qui donneroit en effet un dividende de 184 livres ; mais il feroit abusif d'après ce qu'on dit, & l'on doit se contenter d'un dividende de 130 livres de bénéfice , vraiment réalisé & acquis, puisque suivant l'estimation la plus juste, il ne passeroit pas 136 liv. d'après les principes posës dans la première brochure.
Le léfultat vraiment clair de ces écrits, c'est qu'il y a une lutte entre les chefs de la caisse al'escompte & les simples actionnaires; que les premiers, (e prévalant de l'autorité qui les soutient, voudroient réduire les derniers au moindre bénésice possible & attirer tout le reste à eux.
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? 19 Janvier. Voici une critique raccourcie dit vre de M. Necker en style lapidaire, qui la fait ilembler allez à une épitaphe : Ton introduétion , Sans prévention , - N'est qu'une vision ; C'est le fruit de l'ambition , De la passion , j De la prétention.
Cette orgueilleu se déclamation Fixe pendant un temps l'attention; Mais la réflexion Détruit l'opinion Que veut établir la fiction.
Je vois s'évanouir l'illusion : Chacun condamne ton intention ; Et l'indignation Succede à ta réputation.
19 Janvier. La réponse des rribades n'est pas eflée (ans réplique. Voici un couplet à ce sujet , enfanté vtailèmblablement dans quelque souper ie filles. C'en est une (Jui rparl e & une des plus iévergondées. Il porte à la fois sur une héroïne de chaque genre : Que la tribade Raucourt, Trouvant un hemme trop lourd, * De sa brûlante matrice Se faffe frotter l'orifice, - Par quelque doigt féminin, -
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C'efl bien , Très - bien ; Cela ne nous blesse en rien: Moi, je pnnf,'! comme Adeline; J'aime la pine, J'aime la pine.
19 Janvier. Les Italiens, suivant leur règlement, devant toujours avoir en tiain une piece à ariettes, aujourd'hui que Richard tire à sa fin , lui ont substitué avant- hier Alexis & Justine.
Cette- ci est en deux aas & en prose. La nmfique de M. Dezaides a fait beaucoup de plaisir. Il y a cependant quelques contretens qui ont révolté.
Quant au poëme, il est très - mal fait. Le fecond adle sur • tout efttrès- ennuyeux.
La dame D!lgavm a fait beaucoup d'impression èam le rolè de Justine , & le public l'a demandée à la fin ; honneur dont n'avoit encore joui aucune actrice à ce théâtre, ni même à d'autres.
19 janvier Extrait d'une lettre de Vienne,du 17 décembre 17S+ Le pape vient d'excommunier M. Eybel, l'auteur de l'ouvrage fameux & hardi : Qu'est-ce que le Pape ? &; d'autres écrits contre les moines. Sa sainteté dit - on, s'est décidée à lancer cet anathême , qui n'a pas fait la moindre sensation ici , sur l'avis de plusieurs évêques; ils ont jugé la doctrine de M. Eybel hétérodoxe; ce qu'il ne nie pas.
M. Qlt-urmher, qui a fait des poésies fugitives sur le même sujet, est menacé du même sort, & se réjouit d'avtnce de la célébrité qu'il aura.
19 Janvier. M. Blanchard & le docteur jeferies; ayant été se faire voir bier à l'opéra , y ont été
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maudis. Malheureusement c'étoit un mardi j ouoit Diane & Endymicn ; il y avoit peu de ~onde; ils font venus trop tôt; leurs partisans D oieat pas en ailtz grand nombre , ni assez ;.* uds ; en forte que l'explosion a été foible & sembloit à des battements mendiés.
.0 janvier. La faculté de droit de Paris compte i mi Tes anciens membres distingues , un Jean A'.rtis , jadis antécesseur, docteur d'un savoir ment , & d'ailleurs auteur de fondations utiles -,, compagnie. En conséquence, par uncdélibéraJ.1 unanime du y décembre dernier l'assemblée convenue d'admettre à titre d'honneur , le fils 'd,M, d'Artis , procureur au parlement , de la ~faille du grand homme en question , prêt à trer dans la carriere du droit , aiufi qu'à pertruité , tous ceux qui porteront ce nom illustre, ; :itre de parents.
to Janvier, M. le baron de Breteuil dimanche ■ mier a déclaré à quelques académiciens dînant à table, que la veille, le roi avoit accordé au ur Blanchard, une gratification de cinq cents iis, & une penhon de 1,1.80 liv.
11 Janvier. M. le duc de Penthievre , désolé de voir en feene depuis si long-temps par les ictums dont le comte d'Arcq ne cessoit d'inonder France, a cru ne point blesser sa conscience en voquant à son secours l'autorité contre un auvais sujet, quoique son frere naturel , suivant notoriété publique. Il a obtenu un arrêt du onseil qui évoque l'affaire , c'est-à-dire , qui raifemblablement la rend interminable. En outre, a fait figniSer par M. le garde - des- sceaux, cferfes à tous les imprimeurs de prêter leur ministere à aucun mémoire dans cette cause. Tout
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tela ne lame pas que de produire un mauvai effet contre le prince , ou plutôt contre son confe & ses casuistes qui l'ont porté à priver ainii fo adversaire de tout moyen de recourir à la juftic & d'inflruire le public. n Janvier. Les assemblées de chambres on recommencé à l'occasion du grand - aumônier é de ion affaire des Quinze-vingts, le mardi 1 janvier. M. à'Epremejnil a dénoncé huit nouveau: faits qui ont paru mériter l'attention de la cour & sur lesquels elle a ordonné qu'ils fuirent com muniqués à la huitaine.
Le mardi 18 , Me. Séguier a repris les fait dénoncés , a dit qu'il s'étoit procuré les renseigne ments nécessaires , & qu'il n'y voyoit rien qu méritât l'attention de la cour. Sur quoi les cham bres indignées de cette partialité manifeste, fan faire attention au dire de Me. Séguier , sans mêmi ordonner (humiliation rare & très- grande pou les gens du Roi) qu'il en fut fait registre , ORI rendu également arrêt pour qu'il fût informé de faits dénoncés , afin de les joindre aux nouvelle: remontrances & d'en faire partie , s'il y avoil liey.
Le parlement se ressouvient avec douleur qui le Roi dans sa réponse à ses dernieres remontrances lui a reproche qu'il apportoit des faits saus au pied du trône , & veut te mettre sans doute dans le cas de pouvoir convaincre juridiquement le monarque.
11 Janvier. Le fleur Panchault, malgré [el déclamations dans l'assemblée des actionnaires & maig é ks pamphlets , craignant que ion avis de reduire le dividende à un taux bien moindre ne le désiroit le grand nombre des actionnaitej
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maires, ne prévalût pas, a fait intervenir l'autorité, & il a été rendu le 16 un arrêt du confeii , concernant la fixation du dividende conforme à (es vues: arrêt qui, ayant été lu à l'assemblée du 19, a révolté & causé de grands débats. Cette affaire est très-grave & mérite de plus grands détails.
ii Janvier. Voici de nouveaux couplets attribués à M. de Champcenets , peignant assez bien nos Roués de cour & de ville,. Le dernier contenant une plaisanterie atroce contre les peres, auroit été bien propre à mettre le fien en colère Se le porter à ratte de violence exercé envers ion fils.
Ces couplets , au nombre de quatre , (ont sur l'air, On compter oit les diamants, 6c, De Louvois suivant les leçons, Je fais des chanFons & des dettesi Les premieres font sans façons, Mais les secondes font bien faites.
C'est pour échapper à l'ennui, Qu'un homme prudent se dérange., Quel bien est Folide aujourd'hui ?
Le plus sûr est celui qu'on mange, (bis ) Eh ! qui ne doit pas maintenant !
C'est la chase la plus confiante ; Et le plus petit intrigant De cent créanciers se vante.
En vain ces derniers font mutins : Jamais leur nombre ne m'effraie ; Ils ressemblent fort aux catins , Plus on en a, moins on en paie. ( bis )
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Le courtisan doit sa faveur A quelque machine secrette : La coquette doit sa fraîcheur A quelques heures de toilette.
Tout s'emprunte, jusqu'à l'esprit ; Et c'est, dans ce siecle volage , Ce qu'on a le plus à credit Et ce qui s'use davantage. (Bis ) Mais avec un peu de gaîté , Tout s'excuse , tout paffe en France : Dans les bras de la volupté Comment songer à la dépense ?
Vieux parents, en vain vous prêchez ; Vous êtes d'ennuyeux apôtres : Vous nous fîtes pour vos péchés, Et vous -vivez trop pour les nôtres. ( bis )
xi Janvier. Hier l'affaire des bénédictins a repris aussi au parlement. Il a été dénoncé aux aux chambres assemblées un arrêt du conseil, qui confirme & canonise tout ce qui a été fait. Sur quoi ordonné qu'il feroit remis aux commissaires chargés des remontrances nouvelles, pour en faire partie.
zi Janvier. M. de Calonne a fait au' sieur Tilâtede Rozier , de vifs reproches d'être revenu.
Il lui a dit que le gouvernement n'avoit pas dépensé 40,000 liv. simplement pour le faire voyager sur les côtes de Picardie ; qu'il falloir faire u âge de sa machine , traverser la mn, ou du moins le tenter. - En conférence le sieur Pilâtre est reparti hier,
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11 Janvier. Voici la chanson en l'honneur de M. de Calonne , que ses ennemis voudroient faire passer pour une ironie ; ce qui la rend assez rare.
Cependant l'auteur semble de bonne foi : on en jugera.
Elle est en cinq coup'ets sur l'air : Que U Sultan Saladin , &c.
Qu'on aime tant qu'on voudra Les ballons & l'opéra ; Qu'on parle de politique, Du fluide magnétique
Sans s'intéresser à rien , C'ett bien, C'est bien, On n'est pas François pour rien ; Mais moi qui bonnement raisonne, J'aime Calonne. ( bis) Demandez au Roi Louis, S'il n'est pas de mon avis : Il dira : ma bourse est pleine; Calonne, sans foins ni peine , Me rend riche & généreux, Corbleu, Morbleu , Malheur à ses envieux !
Chantez le refrein que je donne: J'aime Calonne. ( iÎ ) L'amour, ce malin enfant, Dit qu'il est un peu friand : En-ce un crime , je vous prie, Que d'aimer la sucrerie ?
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Henri-Quatre l'aimoit bien , C'est bien, C'est bien, J'entend,s ce petit vaurieh) Qui dit à la race Bourbonne : Aimez Calonne. ( bis ) 0 François , mes bons amis !
Trop aimables étourdis , Jadis dans votre délire , Ce Calonve qu'on admire , ÎS'etoit, ma foi, propre à rien.
Eh bien !
Eh bien !
Bénissez votre destin ; Tout, jusqu'à la gente Bretonne , Aime Calonne. (bis) Feu Necker, dans son métier , Se croyait un grand fo cier ; Mes amis , cela peut être : Mais Calonne est bien son maître, Soit dit sans être flatteur, D' honneur, D'honneur , Car il est un enchanteur : C'est le mot qu'a dit Antoinette , Qu'on le répete. ( bis) 13 janvier. Extrait d'une lettre de Bordeaux, du 1 janvier. « Notre archevêque , témoin des merveilles de l'abbé dç l'Egée, a imaginé de
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lUI àdresser M. l'abbé siccard , ecclésiastique de ce diocese , homme très - savant dans la ni sique des langues & exercé à l'éducation de la jeunesse pendant ion séjour à l'oratoire , dont il a été membre. Quand cet éleve aura été tonné suffisamment, M. de Cicé se propose de -lui faire ériger , par lettres - patentes , à Bordeaux , une chaire d'éducation pour les sourds & muets de naissance. «
13 Janvier. Le différend élevé à la caisse d'ef..
compte au sujet du dividende qui sembloit devoir se déterminer tout uniment, comme il est d'usage, dans les assemblées libres , à la pluralité des voix , a été le prétexte de l'arrêt du conseil annoncé, en ce qu'il résoud les doutes des actionnaires sur les principes cui doivent régler la fixation du dividende. En conséquence il maintient l'article XVI de l'arrêt du conseil d'établissement de la caissè) du 14 mars 1776, dont le sens clair est que le dividende ne se calculera que sur les bénéfices faits & réalisés dans le semestre écoulé.
Les actionnaires en général ont été fort feandalifés de cet arrêt : ils se font récriés contre le despotisme qui s'introduisoit dans leurs délibérations. Le sieur Panchault a voulu pérorer pour le soutenir , mais M. Cottin l'a repoussé vertement. Celui - là avoit amené à son secours le sieur de Beaumarchais , qui a repris la parole. M. van den Yver lui a répliqué & lui a fait voir qu'il n'y entendoit rien. Enfin les mécontents ont rélolu d'adresser au Roi des représentations fut le tort que pourroit causer cet arrêt au crédit de la caisse.
Le sieur panchauît craignant cet éclat en a prévenu le contrôleurgénéral, qui a mandé les
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députés nommés pour Ce transporter à Versailles.
Ce ministre les a réprimandés vertement ; il leur a dit qu'ils n'étoient point des cours louveraines ; qu'il n'appartenoit qu'a celles-ci de méconnoîcre un arrêt du conseil , une loi émanée du propre mouvement de S. M. , de ne point l'exécuter , d'y résister & de faire des repréCentations; que , fussent - ils quarante , il les feroit arrêter tous, s'ils donnoient fuite à leur délibération. Les députés n'ont rien répondu , ont fait une grande révérence à M. de Calonne , font remontes en carrosse & partis sur le champ pour Versailles. Ils ont remis leur mémoire au comte de vergennes & à tous les ministres , qui leur ont déclaré ne pouvoir rien dans cette affaire, & qu'ils eussent à se pourvoir pardevers le ministre de la finance.
Le chef du conseil - royal des finances ne leur a pas donné plus de solution. Il a feulement écrit une lettre à M. le contrôleur-général & l'a prié de faire attention à leurs plaintes.
Cependant il se passoit à la bourse une scene affreuse. Un des acolytes du sieur Panchault est Je fleur Claviere. Le sieur Poura , banquier de Lyon , parloit à un de les amis dans l'assemblée & s'expliquoit en termes très- énergiques sur le sieur Panchault & fcs adhérents. Le fleur Claviere l'entend , vient à lui , l'apostrophe & lui donne, les uns disent , un coup de poing ; d'autres , un soufflet , peu importe. Toute la bourse indignée s'assemble autour de l'allaillant & l'étouffoit à force de le presser , lorsqu'il crie miséricorde , & l'on vient à Ion secours. Cependant le sieur Poura est allé faire sa déposition chez un commissaire, rendre une plainte , & il en resulte aujourd'hui un procès criminel contre le sieur Claviere.
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Ces tracasseries prouvent ce qu'on a dit & écrit tent fois , que tout établilTement de cette espece est impraticable en France , parce que l'autorité veut se mêler de tout & 'gâe tout ; parce que la liberté des suffrage, qui est l'ame des délibérations , n'y est presque jamais, sur - tout dans les instants critiques ; qu'il s'y glisse tou jours des intrigants qui gagnent le ministere , le font agir en leur faveur & s'enrichissent en ruinant lafociété, ainsi qu'il est arrivé à la compagnie des Indes.
24 Janvier. Un M. Morel qui , en sa qualité de bras droit de M. de lu Ferté dirige l'académie royale de musique , a la manie de faire despoëmes & profite de son crédit pour employer les meilleurs musiciens & faire jouer ses ouvrages exclusivement aux autres, en forte qu'il occupe la feene prefqu'à hii seul. C'est aujourd'hui Panurge dans fijle des Lanternes, comédie opéra en trois adtes dont il s'agir , & qui doit se jouer demain pour la premiere fois. La musique est du Heur Gretry. Il y a d'excellentes choses dans celle-ci, mais les paroles font détestables : du moins elles ont para telles aux répétitions. Il faut savoir que dans un ballet il y a un personnage qui tient un tambour & un autre qui bat sans relache dessus avec un fouet. C'est ce qui a donné lieu à l'épigramme suivante : Que nous indique la rage De ce vigoureux fouailleur r C'est le Dieu du goût, je gage , Et le tambour est l'auteur.
14 Janvier. Extrait d'une lettre de Langres , du 18 janvier. La ville de Castres o'ett pas
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la feule qui jouisse de l'avantage d'avoir un cours gratuit pour les accouchements. La notre en a depuis plusieurs années l'obligation à M. Rouillé, intendant de Champagne, & vous voyez qu'il n'y a pas mis grand e ostentation , puisque le public l'ignoroit & attribuoit à M. l'évêque de Castres une idée patriotique due à notre commissaire départi. Il est vrai qu'il a été très-heuieufement fécondé par le zele du corps municipal & par les talents de M. d'Arantieres, médecin du Roi en cette ville. Nous avons auiïî des prix. Il est forti déjà de notre école des fagesfemmes en état de prévenir, dans lesaccouchements les plus difficiles, les accidents auxquels les meres & les enfants ne font que trop souvent exposés.
14 Janvier. Un sieur Jean-André Benin Bergstrasser , professeur & membre honoraire de plusieurs académies , écrit de Hanau , en dare du il décembre 1784 , qu'il s'engage de résoudre le problême fui van t: « Il s'agit de dicter dans un camp de deux 95 cents mille hommes plus ou moins, un ordre M à tous les généraux à la fois, & précisément auM tant que chacun en doit savoir, & d'une maD3 niere peu dispendieuse ; ce qui pourra se faire e, de jour & de nuit, & avec plus de vélocité qu'un »j aide de-camp ou un courier rapide à cheval, as n'est en état de le communiquer, & cela fui» vant une méthode qui affure à chacun le secret, to non-seulement contre le traître, maisauffi conM tre ceux à qui la solution dudit problême feroit w parfaitement connue. »
Comme il s'agit d'argent & d'une fouferiptioa pour avoir son secret on ne peut encore rien fia-
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tuer sur ce bon Allemand , qui pourroit bien c re un charlatan & un imposteur comme tant d'autres. Du reste, il prétend avoir dévancé M. Linguet & tous les autres arcantfles de ce genre, puisque (on ouvrage était achevé dès 1780.
- 11 Janvier. Mot de l'énigme du dividende des actions de la caisse d'cfrompte, ou Explication d, tout ce qui a été imprime recemmcnt à ce sujet.
Dans ce pamphlet, très-court, on attribue à l'avidiré de trois intrigants les troubles qui agitent aujourd'hui les aiiemblées des actionnaires.
Le premier est le sieur Panchault , fondateur de la caisse, banquier Anglois , qui a fait à Paris successivement trois banqueroutes occasionnées par de fausses spéculations dans les fonds publics.
Le fècond , le sieur Cazenove, qui en a fait deux à Amsterdam par la même caule.
Le troisieme , le sieur Claviere, qui a joué un rôle à Genève durant les troubles de la république.
Ces trois messieurs ont voulu agioter sur les allions & les dividendes , & l'on raconte à ce sujet leurs manœuvres , dont le développement exigeroit un trop long détail. Il suffit de savoir qu'il s'enfuit de leur agiot qu'ils ont un intérêt sensible de faire accorder un dividende le moins fort possible pour ce semestre.
De - là tous leurs écrits , routes leurs menées, tous leurs efforts , qui leur produiroient un bénésice de plusieurs millions s'ils réussissoient ; irais il résulte au moins de cette découverte que leurs par; doivent être annullés.
Il faut voir comment tout cela tournera dans l'assem blée générale du mercredi z6 , où les cornmiifaires nommés par les attiollDaÍres doivent tendre compte de leur travail. C 1
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Afin d'étourdir le public sur ces débars, on a affedé de faire imprimer dans le Journal de Paris ) le discours prononcé par le préfidcnt de la caisse d'exempte dans l'assemblée du u. Vrai galimatias , viai chefd'œuvre de ridicule, où , à travers les fenrimems patriotiques dont il se pare , perce t'écrit de cupidité qui l'anime.
Aual le public ne semble pas avoir pris le char ge, & tous ces jours - ci on a retiré beaucou p d'argent. Si cela dure, la crise de 1783 pouraa bien se renouveller.
25 Janvier. Madame de la Rure est fille d'un ancien apothicaire de la Reine, nommé Martin.
Elle avoit été très- bien élevée; elle a voit des talents , & dans son remps étoit la premiere vutuofe pour le clavecin; ce qui l'àvoit rendue célèbre dans Paris Elle a aujourd 'hui soixante-quinze ans ; veuve d'un fous fermier depuis nombre d'années , il ne lui relie qu'un fils , offirier aux gardes , qui , en conséquence , se qualifie de marquis de la Rure & marge son bien avec des filles.
La mere , désolée , a pris le parti de se marier- : elle a épousé un garde du - corps, le plus beau cavalier de la compagnie éc ssoise , âgé de trentetrois ans feulement. C'est lui qui, dans le fameux bal donné à l'occasion de la naissance de M. !e Dauphin , a eu l'honneur de danser avsc la Reine. Il se nomme aujourd'hui comte de hloret.. .Après la noce, madame la comtesse de Moret a dit a (on nouvel époux qu'elle sentoit bien n'être plus en ctat de lui inspirer aucun désir ; qu'eue n'attendoit de lui que de l'amitié & de bons traitements; qu'en conséquence elle lui avoit fait préparer un appartement particulier où il pou-
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voit se retirer. M. de Morct lui a répondu qu'il ne compeoit pas sur une si prompte réparation. Il lui a demandé la permission d'user rte les droits & de paffer la nuit avec elle , & l'anecdote eil qu'il a trèsbien fètoyé sa douce amie. Prodige qui paffe de bouche en bouche & amuse les cercles aujourd'hui.
16 Janvier. Le mariage de Figaro est à sa soixante - onzieme représentation & ne finit pas ; ce qui a donné li.u a la boutade suivante , dont tout le mertte est ians l'à-propos. Il faut se rappeller que le fécond titre de cette parade est la folle journée.
Pourquoi crier tant haro Sur l'cternel Figaro !
Chez nous , la folle journée Doit être au moins d'une année.
16 Janvier. Panurge, malgré la mauvaief opinion qae l'on en avoir allez généralement, a été représenté hier avec une grand e affiuence de spectateurs. Rien de si plat en estet que le poëme, bouffon (ans erre gai , ridicule làns faire rIre, rempli de prodiges sans exciter la curiosité. La musique, au contraire, n'a pas été trouvée aussi excellente qu'on se l'étoit imaginé; rien d'extrêmement piquant. On reproche au sieur Gretry un manque absolu de goût en travailla: t sur un fond aussi puérile & aussi misérable. Du rtfte , des danses charmantes , des décorations riches & multipliées à l'infini. En un mot, tous les accessoires du luxe, propres à éblouir les yeux des sots.
17 janvier. Relation de la séance publique
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de l'académie françoise , tenue pour la réception de M. l'abbé Maury.
Le récipiendaire a pasTé beaucoup de temps à composer son discours. Il avoit de grandes difficultés à vaincre. Il (uccédoit à M. de Pompignan ; il devoit en faire l'éloge , il le vouloit & y trouvoit une matiere abondante. Elle lui avoit fait naître des idées heureuses ; il se proposoit des digressions sur chacun des ouvrages de ce littérateur très-varié ; tout cela lui rioit infiniment. D'un autre côré, à peine auroit - il prononcé le nom de Pompignan, & c'étoit rappeller à l'instant à l'assemblée le ridicule versé par voltaire à si grands flots & pendant si long temps sur ce personnage ; chacun des spectateurs ne imanqueroit pas de réciter à sen voisin ces deux yers très - plaisants & qui font devenus proverbe : On ne fait de Cesar où la cendre repose, Et l'ami Pompignjn croit être quelque chose !
Enfin, comrrent omettre la réception de son prédécesseur à l'académie , & comment en parler ?
Comment rappeller ce jour qui devoit être un des plus heureux de ra vie & qui en empoisonna tout Je resse; ce jour où il parut pour la prem iere & la derniere fois parmi ses ronfreres ? Que dire '<le son difeours qui lui valut aussi tôt tant d'ennemis & de sarcasmes ; qui l'obligea de faire divorce pour jamais avec la compagnie dont il avoit fol'icité l'adoption ? Enfin un mirtiftre de l'Evangile pouvoit- il blâmer le zele apparent du léci.pi: nd?:rc pour la religion , qui lui infpirn sa soisse mémorable & violente contre la philosophie & les philofoplies modernes t Oseroit- il
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i i pprourer devant la plupart de ceux qni cm voient alors témoigné leur indi gnation , qui t voient lâchement resuré à leur nouveau con- re la fatisfadion qu'il exigeoit de l'opprobre- .rit l'un d'entre eux Pavoit couvert & des our?ges qu'il en recevoit iournellemert? Une po..
tion aussi critique embarrafloi r l'abbé Maury : it 'avoit témoigné à les amis, le bruit s'enétoit ipar.du dans le public, & l'on s'étoit empresse :e voir comment il s'en tireroit. C'est au milieu Je ces anxiétés devenues celles de l'auditoire qu'il :, commencé.
Dans son début, très - adroit, très - intéressant le d'un genre neuf, M. l'abbé Maury n'a point lissimulé l'obscurité , la pauvreté de sa naissance j.
i 5" 11 peim comme un être isolé , sans parents 3 sans amis , sans secours , sans guides , ne suivant que son ardeur de la célébrité. De - là, l'énumération de ses progrès successifs ; l'étalage naturel de ses titres littéraires , de ses éloges, de ses panégyriques , de ses difeours oratoires, de ses.
fermons. De- là la filiation de ses liaisons avec ;grand nombre d'académiciens devenus fts amis i& désirant l'avoir pour confrere. De - là, une itranfition sur l'académie & sur son fondateur le -cardinal de Richelieu. De-là il s'est plus particulièrement étendu sur son prédécesseur & e(t proprement entré en matiere. Dans les détai!s nombreux que lui a fournis son sujet , malgré sa longueur , il a coflftamment soutenu l'artell..
tion générale par des préceptes d'un goût [ain) par des tournures piquantes , par unefoule d'image ingénieuses, belles & grandes. D'ailleurs on sentoit que ces fréquents écarts étoient autant de délais "lu'iL prenoii pour aiafi dire, afin d'éviter d'ea
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tenir à l'endroit délicat ; moyen adroit de fo tenir & de réveiller sans cesse la curiosité. Il arai pourtant y arriver, & l'on doit avouer que n'elt pas le point de son discours le mieux tiai Il a termine par les éloges de Louis X VI & ':.
LOUIS ), 1 l'.
M. l'abbé Maury qui n'échappe aucune occ; sion d'otfiir, lorlqu'elle le prefenre, quelque gra d'encens aux Mécènes qui peuvent lui être utilen'a pas manqué dans l'eloe de Louis XVI , < faire figurer le marquis de Chatelux , l'un d quarante, quia fait la guerre chez les Etats - Unû; a écrit sur ces peuples , & leur a procuré tout re cemment , de la bibliothèque du Roi , une ca, lection précieuse de livres envoyés par S. M. e.
pieunt à deux universites de ces contrées.
Quant à Louis XIV, il l'a célébré d'une ma niere grande & vraiment sublime , & l'a peu s'offrant aux yeux de la posterité entouré de cetl foule de grands hommes dans tous les genrt qui ont illustré son regre & qu'il suffit de nom mer pour en faire connoître le mérite.
Telle est la marche du discours du récipier daire, qui doit taire époque & être dû peti nombre de ceux surnageant sur cette énorme compilation de bavariages oratoires dont est com pose le lecueil de l'academie françoise.
C'eut ete M. l'archevêque de Toulouse qui, et qualité de directeur du trimtflre auroit du ré pondre à l'abbé Maury ; mais ce prélat étani abient , le chancelier ou le vice-dirtdeur l'a remplace. L s'est (.uuvé être le duc de Xfoernois , & le pub ic n'a pas été faché du hasard. Il aime cc leigneur , & toii ton ltfle lui plaît. Il a mesveilleusement contraste avec le ton oratoire &. lUI
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~eu emphatique de M. l'abbé Maury. D'ailleurs 1. de Nivernois, dans sa brièveté, n'a pas laiiTé ,ue de rassembler plusieurs anecdotes précieuses à onferver. L'une à la gloire de M. de Pompignan , our avoir, dans une téance publique de la cout ies aides de Montauban, dont il étoit niembre , irononcé un discours sur les impôts, que le génie ifcal fit envisager comme trop fort & propre i ;xciter de la fermentation dans l'esprit des peuples..
t Les deux autres concernent l'abbé Maury. Dans .a premiere, dont celui-ci avoit déjà tait merr:ion , dont le souvenir en effet étoit mie x placé ians sa bouche que dans celle du repréfemant de la compagnie , il s'agit de l'abbaye qu'elle follicira pour lui, lorsqu'il eut prononce devant elle le panégyrique de 'aint Louis & entraîné 1'02 admiration. Dans la fécond ? le diretteur, en reprenant une phrafedu dilcours du récipiendaire, où il observa que Louis XvI est le premier Roi qui ait eu l'idee patriotique de décerner dvs Itatues à lès sujets, dont beaucoup en ont éié plus dignes que les monarques, félicite l'abbé Maur., d'en avoir procuré une à saint pincent de Paulo,.
le fondateur des lazaristes. En effet , chargé deprononcer son panégyrique, ce prédicateur le rzprésenta non-seulement comme un &ii tr mais coirme un homme d'état digne de figurer parmi les grands hommes & illustrant la France, sa patrie. Cette idée trappa, & il fut arrêté qte saint Vivant de Paule auroit une statue & seroit placé dans le Mujéium qu'on établit au Iouvre.
En fortey ( ajouta M. de Nivernois, en apostrophant le récipiendaire , auquel le directeur parletoujours directement ) que 'iJOII£ avez plus fait pcur lui que sa canonisation. Phrase qui, pronoa»
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cée plus gravement, auroit pané pour impie mais qui a gliffc à la faveur de la gaieté, de h légéreté du débit de l'orareur. Elle auroit fcanla liré dans une aure bou'he & n'a semblé qu'ut perfiffiage dans !a sienne Les abbés , les théolo giens, les moines, les évêlues, les cardinaux tout Ic clergé, qui abondoit à la réception d'u: de ses membres, d'un prédicateur fameux, a four & même a battu des mains.
Après ces difeours d'usage , M. Gaillard a repris la parole & proposé de lire quelques arti- cl es dont il est chargé pour inférer dans la nou- ,velle Encyclopédie. Il a commencé par celui dt Démosthene. On étoit déjà fatigué d'entendre df la prose ; des vers auroient mieux réveillé. D'ai!
leurs tout le monde s'est apperçu que le morceau ne contenoit rien de neuf. Enfin M. Gaillard débitoit son ouvrage d'un ton qui a excité le rire de quelques malins. L'ennui a gagné; il s'est élevé des murmures dont le lecteur s'est apperçu. Son amour- propre a fouifert; il a voulu faire bonne contenance ; il a voit copieusement dîné. En peu de temps il s'est trouvé mal. On lui a apporté un verre d'eau; on lui a palTé des flacons de di.
verses eaux spiritueuses. Tous ces secours n'y faisant rien , il a fallu le transporter dans la salle voisine & clorre la séance.
Ce contre-temps a empêché d'entendre un morceau de M. Marmontel, lur l'autorité de l'usage , dans lequel on assuroit qu'il y avoit d'excellentes choses. Malgré les regrets qui en ont résulté , peut- être est-il heureux pour le fecreraire qu'il ait été dans le cas de ne le point tirer de fort porte-feuille & de le garder pour une occalio.
plus favorable.
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17 Janvier. On peut se rappeller l'anecdote torique d'un jeune officier Anglois nommé gyl , que les Américains ont tenu long -temps .-tre la mort & la vie , & dont les gazettes onc - rlé si amplement. Un M. Mayer en a déjà fait i roman ; M. de Sauvigny a imaginé de consc lire un drame delTus. Il a cru que ce sujet morne & intéressant produiroit beaucoup d'dtèr.
: iais, obligé par la police de dégurfer les noms ses personnages & de changer le lieu de la feene, a d'abord privé l'ouvrage de son premier mcte ; ensuite le défaut d'étoffe forçant le poëce imaginer des incidents pour alonger sa fable y n'en a pas trouvé d'heureux & il a gâté ses aracteres en les affoiblissant. Malgré cela il n'a u traiter ion (ujet qu'en quatre actes, & ils ont ncore paru de beaucoup trop long hier à la preniere représentation. D'ailleurs il auroit fallu aa noins la soutenir par une vérification forte & leine d'énergie , & c'est par où peche le plus le iouveau drame tragique, autli pauvre de coloris ue de fond.
17 janvier. Extrait d'une lettre de Bordeaur , lu 4 janvier. Il paroît que la présence de messieurs Boutin & de Boifgibault , commissaires du Roi pour, en l'absence de M. Dupré de Saint - Maury faire les fondions de ce commissaire départi, loin ie concilier les esprits , n'a servi qu'à les aliéner, Ils ont rendu le 19 odobre dernier une ordonnance qui a été dénoncce le 19 novembre aux chambres assemblées. Cette ordonnance a pour objet le rachat des corvées; elle rend à faire exécuter le plan du commilTaire départi , dont le parlement a développé les abus en résultants * dont il a porté au pied du trône les preuves lss plus multipliées.
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Le Roi par (es lettres- patentes du 17 mai p' cédent, a promis qu'il ferolt connoître,dans la fort accoutumée , ses intentions sur tout ce qui concer les travaux des grands chemins : cependant l'c donnance des commissaires prévient les volont du monarque & va toujours en avant.
Dans la dénonciation qui est imprimée & pa venue ici , on discute le sens de cette otdonnanct de ses diverses dispositions & l'on en fait voir vice & le danger.
Aussi la cour a arrêté que le bureau des con milfaires , établi au sujet des corvées , s'aflerr blera incessamment, qu'il écrira aux lieutenant généraux , ou autres officiers des sénéchaux , o même à toutes les autres personnes qu'il croir nécessaire pour avoir des renseignements , foi en particulier sur l'exécution de l'ordonnant du 9 odobre , foit en général sur tout ce ql concerne le régime aduel des corvées dans la gé réralité de Guienne , telle qu'elle existoit avan le dernier démembrement fait par le Roi.
Arrêté en outre que tous memeuis ies orcicier de la cour font invités de vouloir s'occuper per fonnellement de se procurer lesdits renseignement & de les adresser au bureau.
Le bureau enfin devoit rendre compte de l'obje dont il est chargé , le vendredi 7 janvier , am chambres assemblées.
xb Janvier. La loi contre le vol domestique en France est claire, précise & si rigoureuse dan; tous les cas, qu'elle devient souvent injuste. Elit prononce toujours sans exception la peine de mort M DUpMy) président de tournelle de Bordeaux , s'est trouvé trois fois dans le cas d'invoquer le secours du législateur & de faire adoucir l'arrêt
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a déterré une lettre du garde- des - (ceânx d' A" monvil/e) écrite en 172.4 au conseil souverain Colmar & déposée dans les archives de ce bunal , où en interprétant cette loi, le chef •la justice déclare que l'intention du Roi n'a s pu être de punir également le plus léger vol le plus grave , sur - tout quand les circonf:■ nces font en faveur de l'accusé. M. Dupaty enlanté de cette découverte , pour la faire conbître aux magistrats, a écrit lui-même une lettre ar la matiere que rapporte le journal encycloidique. M. lIfars, rédacteur de la Gazette des tribunaux , s'en est emparé & l'a inférée dans uelque liurréto. Le procureur - générel scandalisé u'on infirmât ainsi une loi en vigueur, a fait jupprimer cette gazette & interdire le censeur Dtquelay de Chaussepierre. Heureufemert M. DHnaty a l'oreille du garde - des-sceaux & travaille, somme on a dit, fous ses auspices à la réforme de la justice criminelle ; il a fait arranger lafiaire, & l'auteut & le censeur viennent d'être rétablis.
18 janvier. Le livre de M. Necker est toujours rare. Un libraire en a profité pour faire une spéculation. Il a imaginé de contrefaire régèrement l'Introduction. Afin de donner à ce larcin on air d'honnêteté , il l'a enrichie de notes.
uelq ues - unes , & c'est le très- petit nombre, contiennent des faits & des anecdotes vraiment Utiles & qu'il faut savoir ; quelques autres ne [font pas justes 3 il en est de trop .:.¡es pour le g ros du public 5 mais la plus grande partie en est très-commune , & s'offrant d'elle - même: à refprit de tout lecteur devenoit inutile.
Dans la conclusion) le critique reprend un ca-
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raere d'impartialité & résume assez bien Ce che d'œuvre aux yeux des enthousîastes aveugles c M. Necker.
Suivant lui , malgré l'expression de beaucou de sentiments louables, on ne peut s'empêcbt d'y remarquer d'abord un abus de confiance quu rien ne peut excuser ; enfuire un excès de vanit dont il n'y a pas d'exemple , & par - tout les effort mal déguisés d'une ambition au désespoir. So style , qui a des charmes malgré fts incorrec tions , qui est noble quand il n'est pas empha tique , qui est chaud quand il n'est pas entortillé qui a du mouvement oratoire quand il n'est pa pédantesque eu mystique , devient fatigant S monotone par un égoïsme continuel. Il y a de bramés de détail dans ce morceau, il y a d< grandes vérités ; mais elles perdent , les unes d< leur prix , les autres de leur intérêt ; parce qu'on voit trop clairement qu'elles se rapportent toujours à un violent amour de foi. même.
On attribue cette critique à M. Loiseau 4t Berenger, fermier - général & frere d'un Loiseau, avocat, qui a eu de la réputation dans son temps, & sans doute en auroit eu davantage s'il n'é.oit mort à la fleur de l'âge.
2,8 janvier. Le maréchal de Segur, attaqué de la goutte depuis quelque temps, s'est trouvé e* état d'aller au conseil : le Roi en entrant l'ayant vu debout, l'a pris par l'épaule , & lui a dit : « Je M vous soutiens ; irais asseyez - vous , vous 'erez »3 plus surement. » Ce mot a paru ch,rmantdans la bouche de S. M, & dans la circonstance où l'on parloit de la disgrace de ce ministre. On ajoute que S. M. a chargé M. de Vergennes de éciarer qu'elle ignoroit pourquoi on faisoit coa-
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lin: de pareils bruits , qu'elle étoit contente des o services de M. de segur & entendoit le conserver.
.1$ Janvier. Bien des gens pensent qu'il en ra de Fanurge comme du Mariage de Figaro ; le tout en disant de cet opéra beaucoup de mal j'il mérite , on s'y portera en foule à cause de rr. musique. Quoi qu'il en foit, il court sur ce ectacle un calembour sanglant contre l'auteur : 1 poëme) qui fait fortune. La feene étant dans ile des Lanternes , le théâtre est éclairé par es lanternes : on dit qu'elles font de papier , arce que M. Morel ne fait pas faire de verres de vers), & l'on en cite une quantité qu'on a etenus pour leur platitude & leur ridicule; ils ont en quelque lorte proverbe.
xy janvier. Voici une polissonnerie née de la : )iece des Docteurs Modernes; quoiqu'elle roule sur me idée mille fois rebattue elle plaît encore , sur-tout quand elle est chantée. Elle est sur l'air du vaudeville de Figaro & contient dix couplets; ce qui est trop long de beaucoup pour une facétie semblable.
Il est un Dieu tutélaire , Un doéleur couru , fêté, Dmt le geste faluraire Est un figne de fan té : Aax flmmes il a su plaire, El par un accord flatteur , Toutes veulent le docleur. ( ) Pour elles di ferer, habile, Il réussit chaque jour ; Le doéleur est à la ville t Le docteur est à la cour ;
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D'une cure difficile Pour abréger la lenteur, Il ne faut que le docteur. ( bis) Le docteur qui regne en France Est moins savant qu'on ne croit, I! n'a pas grande science, Pourtant il est maître en droit ; Et c'est: pour cela , je pense , Que bien des femmes d'honneur Ont du goût pour le docteur. ( bis) Le doéteur flatte , intéressè Les femmes dans tous les temps ; Il gouverne avec adresse , Et leur esprit & leurs sens : On fait naître la tendressè Dans un foible & jeune cœur En lui montrant le doéleur. ( his ) ; Doéleur chéri d'une belle, Par lui près d'elle on peut tout.
Nes amis , d'une cruelle Voulez-vous venir à bout?
Laissez dire la rebelle , Et bravant sa sombre humeur Faites-lui voir le docleur. ( bis) o maris ! qui de vos femmes Voulez conserver le cœur , Employez près de ces dames, Non les soupirs , la longueur :
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Pour commander à leurs ames Il n'est qu'un moyen vainqueur , L'entremise du doreur. ( bis) Pour la paix de son ménage Orgon se servoit de lui ; L'épouse fut douce & fage Très-long-temps ; mais aujourd'hui Elle crie , elle fait rage , Et pourquoi ! C'est qu'au barbon Le docteur a fait faux-bon. ( bis) Vieilles , jeunes, laides, belles , Toutes aiment 4e doéteur , Et toutes lui font fidelles ; Toutes ! non ! c'est une erreur : On dit qu'il en est entr'elles Dans Iî crainte de malheur Qui se passent du doéleur. (bis) Quoiqu'on dise & qu'on plaisante Sur cet être féduéleur, Par-tout on offre, on presente, On introduit le docteur.
Il répond à notre attente Et nous fert avec ardeur, Tout se fait par le doéleur. ( bis ) Sexe aimable , fait pour plaire, A qui j'offre mes couplets j Si cet éloge sincere
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Près de vous a du succès, J'en demande le salaire ; Belles, souffrez que l'auteur Vous présente le docteur. ( bis) 2,9 Janvier. Les commissaires députés des a tionnaires de la' caisse d'efccmpte font retourn le dimanche 2.3 à Versailles & ont porté leurs r présentations en forme de requête au Roi , cy a daigné les recevoir par l'entremise de M.
comte de Vergennes) comme chef du conseil d finances. Ils y avoient établi que depuis trois moi : & notamment dans les derniers jours de décen bre, il s'étoit fait sur les dividendes des attiOl de la caisse un trafic tellement détordonné , qu* s'en étoit vendu quatre fois plus qu'il n'e existe réellement ; qu'ils croyoient de leur d( voir de dénoncer à S. M. un abus qui pouvo compromettre la fortune de (es sujets & le fei ptincipe des discussions fâcheuses élevées parrr les actionnaires , lesquelles cesseroient indubita blement par la sévérité qu'ils fupplioient f majesté d'employer pour proferire & annuller de conventions également contraires à la bonne foi au bon ordre & au crédit. public.
En même temps il a été mis fous les yeux dt Roi une grande quantité de marchés en preuve de faits allégués.
Il rélultoit de ces marchés que , foit de la par des vendeurs , foit de celle des acheteurs , or avoit voulu se prévaloir insidieusement de con noiffances qui promettant aux uns ou aux autre, des avantages certains , rendoient les condition: inégales & ne pouvoient produire que des gain: illicites ) que de pareils actes, enfantés par ur vi
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vil excès de cupidité , avoient le caractere de cs$ jeux infïdeles que la sagesse des loix du royaume a proscrits , & qu'ils tenoient à un esprit d dgtcctage qui depuis quelque temps s' introduit d'An--.
gleterre en France , & fait des progrès aussi nuiCibles à l'intérêt du commerce & ïb aux spéculations honnêtes , qu'au maintien de l'ordre public..
Le Roi a été indigné du spectacle de ces friponneries; & dés le 24 janvier il a été rendu un arrêt du conseil , qui déclare nuls les marchés de primes & engagements illicites, concernant les dividendes de la caisse d'efcompte& autres de pareil genre.
Ce dernier articl e regarde l'emprunt de décembre, à l'occasion duquel on a vu négocier jusju'à l'espérance d'y être admis, & s'élever ensuite des discussions scandaleuses sur la prétendue valeur emciits nécessairement illufeires.
1 • 30 janvier. Le mercredi i6 , M. le lieutenant* général de police s'est rendu au bureau des nourrices , & y a donné le prix à la noinmée Anne.
Bouvet , femme d' Hildevert Diet > de la paroisse de Trilbardou ; près Meaux , terre dont M. le Noir a fait depuis peu l'acquisition.
Ce prix , suivant l'intention du fondateur, consistoit en une médaille d'or & en un gobelet d'argent. sur lequel l'historique du prix avoit été tracé. La médaille portoit, d'un côré , le portrait de la Reine , & de l'autre ces mots : à la bonne nourrice.
M. le Noir, en couronnant cette femme comme bonne nourrice , lui a dit : il rest eà vous récompenser comme bonne citoyenne & mere de famille; rvozn avez, donné sept enfants à l'état, ce prix ma regarde & je m'en çharge.
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Cette cérémon ie a fait spectacle & il a ëjé récité des pieces dé vers y relatives, 30 janvier. Dans l'assemblée générale des actionnaires de la caisse d'escompte , les députés ont rendu compte de leur mission » 8f au-moyen i de l'arrêt du conseil du 14 qui proiLIoit la 1 séance a été fort tranquille & le dividende fixé j à 150 livres. | On allure que le sieur,Panchault est disgracié de M. le contrôleur- général, & a reçu dérenfes l de paroître chez ce ministre. On veut que ce foit : M. le lieutenant - générai de police, ami de M. de : calonne , qui lui ait dessillé les yeux & fait con. «
noître que ce banquier avoit Turpris sa religion.
M. le Noir s'est trouvé par bonheur à Verfailies au jour de la députationi il a entendu les plaintes des commissaires , il a vu la fermentation qu'elles, causoient dans la galerie; il est allé chez M. le contrôleur-général, & l'a disposé à les écouter , il l'a même engagé à les envoyer chercher & à mieux s'intruire de leurs griefs.
30 janvier. Extrait dTune lettre de Bordeaux, du 15 janvier. Ourre la lettre d'un subdélgué de la Généralité de Guienne à _m. le Duc de *** , ; relativement aux corvées , que 'vous ave?.-vti fuî-e- ment dans le temps , il a paru ici un autre écrit ; intitulé : Mémoire important sur l'adminiifration 1 des Gorvées dans la généralité de Guienne a &.
observatiôns sur -les- Remontrances du Parlement de Bordeaux du 13 mai. 1784 , par Mmfimr Dii-pré de Saint - Maur , intendant de Guienne, Ces deux imprimés ont été dénoncés au parlement ; il y a el des voix pour les brûler; enfin !
hier 14 il a été arrêté les chambres assemblées, lje Fl,¡r toute réponse lès çncjuêtcs faites eu
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conséquence des arrêts du 2.7 mars & du 2.8 avril dernier, ensemble toutes les pieces justificatives qui y font jointes r ainsi que celles qui font parTenues au parlement, ou pourront lui parvenir en exécution de l'arrêt du-19 novembre dernier, [rronc imprimées; que le bureau des commissaires établi au sujet des corvées, est chargé de -,viller à la prompte exécution du présent arrêté.
La cour a de plus délibéré que lepréfent arrête iferoit imprimé. Ainsi voilà un combat à mort —entre la compagnie & l'intendant. La publicité de cet arrêté étoit d'autant plus nécessaire que le mémoire de M. Dupré de Saint- Maur, imprimé ile répandu avec profusion, accumule contre le iparlemDt les accufaiions les plus graves & les 1lus calomnieuses ; qu'il est précédé d'une lettre .adressée au Roi , ce qui feroit croire que sa ma- jessé a connu & approuvé ce que contient ledit mémoire : il étoit donc bien essentiel de faire connoître les pieces qui ont servi de bafe aux remontrances , & de prouver ainsi que la tour n'a --''Pas celle de mériter la confiance du monarque iiife l'efrime publique.
Cette affaire majeure se lie nécessairement à la délibération. qui devoit .avoir lieu le 7.
Il est à observes que la cour des aides qui a fait aussi des remontrances sur les corvées , est également calomniée & peinte fous les couleurs îles plus noires.
3 o Janvier. Me. Pincemaille est le confrere qui la prêté fonnom à Me. Martin de Marivaux pour signer le dernier mémoire contre M. saussaye; lequel mémoire a mérité l'animadversion de la chambre des comptes : heureusement que l'ordre we regarde pas cette cour comme compétente pour
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donner des qualifications à l'écrit d'un de Tes membres; en conséquence les plus ardents étoient d'avis de s'élever contre la clause de l'arrêt concernant le mémoire , ce qui auroit engagé une querelle grave avec la chambre des comptes: les avocats pacifiques voulant l'éviter , l'ont emporré, & Me Pmumaillf) tout jeune d'ailleurs & fins expérience, en a été quitte pour une légere admonition.
30 Janvier. M. Forgeot , l'un de nos jeunes auteurs dramatiques donnant le plus d'espérance ; aujourd'hui, vient de l'augmenter hier à la comédie francoise par un fécond essai. Les Epreuves font une piece de sa composition en un aéte êc -I en vers , qui a eu un succès tel , qu'aucune de -- ce genre n'en avoit éprouvé depuis long - temps.: L'intrigue , quoique peu de chose & roulant sur les picoteries de la jalousie remaniées cent fois au théâtre, est agencée avec beaucoup d'art ; le flyle tft naturel , noble ; le dialogue rempli d'esprit sans affectation , de sentiment qui n'efi point outré ; & , ce qui est trèsrare , le spectateur dont l'attention est toujours fouteoue ne ressent pas un instant de longueur ou de distraction durant cet aéte bien rempli. On doit avouer aussi que le jeu délicieux de Mlle. Contat & du sieus Molt contribue beaucoup à faire valoir cet ouvrage : la premiere sur - tout acquiert une perfection , dont il y a quelques années on ne l'auroit jamais cru capable.
3 1 Janvier. L'académie royale des inscription; & belles-lettres , vient de recevoir une marque de la bienveillance du gouvernement. Huit membre: de cette compagnie font choisis & ont un traitemen particulier, pour faire connoître au public, pa;
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i des notices exa&es & détaillées, des extraits raiformés, souvent par la traduction, quelquefois même par l'édition de certaines pieces dans les langues originales, la colledion précieuse des manufcrits de la bibliothèque du Roi. Deux s'occuperont des manuscrits orientaux , trois des ma* nufcrits grecs & latins , & les trois autres des manuscrits concernant l'histoire de France & en général les antiquités du moyen âge.
Les huit académiciens nommés par le Roi font MM. de Guignes, de Brequigny, Gaillard, du Theil, de villoison , de Keralio, l'abbé Brottier) de vaNilliers.
C'effc M. le baron de Breteuil qui, en sa qualité de ministre de Paris & des académies , a suggéré #u Roi cette munifience ; on ne dit pas encore Je traitement pécuniaire des académiciens , qui n'est peut - être pas réglé.
Au reste, les savants, tant de la capitale que des provinces, font également invités à concourir à ce travail, en faisant connoître de leur côté ce que les différents dépôts publics ou particuliers peuvent contenir de nouveau & d'utile: ils font exhortés à envoyer le résultat de leur travail à M. d'Acier, secretaire de l'académie.
-Les divers mémoires- ou extraits feront lus dans un comité composé, outre les huit académiciens chargés particulièrement du travail , des officiers de l'année , de quatre académiciens- commissaires & du secretaire perpétuel, qui doit y remplit les mêmes fonctions qu'à l'académie.
Ces mémoires feront imprimés comme fuite 4e ceux de l'académie & avec le nom des auteurs.
On formera des volumes séparés des mémoires s fayants' étrangers à l'académie.
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31 Janvier. Le sçhisme continué toujours entre les deux musées littéraires ; les schismatiques , fous la direction de l'anti - président , Cailhava d'Efiandoux > ont suivi le sieur Pilâtre dans son nouveau local rue Saint - Honoré , fie y ont tenu le 9 décembre dernier , leur séance publique de rentrée.
Cette séance a été remarquable par la présence d'un prince negre , héritier présomptif du royaume d'Ouaire à la Côte-d'Or. Son pere l'a remis au capitaine Landolphe, de Nantes, & il est à Paris : depuis quelques mois. Quoiqu'il n'entende pas la : langue frspcoife qu'il apprend , mais dans laquelle il fait peu de progrès, il a été complimenté par un M." Moreau de Saint- Mery , qui s'est étendu sur Ces qualités p?rfonnelles, & a remarqué combien étoit flatteuse pour la nation françbife la confiance du roi d'Ouaire , de nous envoyer : ainli son fils âgé de vmgt ans. C'est dans un difeours sur les usages & les mœurs du royaume d'ouairc que l'orateur a fait entendre vraisemblablement pour la premiere fois la flatterie aux ; oreilles du prince negre > qui cependant y a été : moins sensible qu'à des expériences de physiquequ'a fait ensuite le sieur Pilâtre ; elles l'ont fort amusé.
1 Février 1785. Histoire de Marguerite , fille de Suzon , niece de D. B. , suivie de la-Cauchoile, avec figures. Tel est le titre de deux nouvelles brochures réunies ensemble , à joindre à la nombreux bibliothèque de tant d'autres sur la même rnatiere. La premiere est aussi plate que dégoûtante.
La féconde , c'eft- à- dire, la Cauchoise , elt: le roman d'une fille entretenue , qui ressemblè
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à mille autres. Ce qu'il y a de mieux, c'est ua catalogue assez détaillé de tous les ouvrages en vers & en prose sur la même matiere , avec Je nom.
des auteurs. On y trouve aussi quelques pieces de vers grossiers ,mais où il y a de l'énergie: quant aux figures , elles foot à faire mal au cœur.
i Février. Le jeudi 17 janvier a été jugée à lâ tournelle une caure très- intéressante qui occupe les tribunaux depuis sept ou huit ans. Il s'agit d'un nommé la FlanelJc, commis du sies.U"oM a..
fotte, receveur des tailles d Ancotilt-'rf-!e , accusé de vol par celui-ci, condamne à être pendu par la cour des aides; dont l'arrêt a ère cauë au conseil , puis mis hors de cour au châtelet, & autarifé à demander des dommages & intérêts à son accu sateur, comme l'ayant tenu en chartre privée.
Aujourd'hui le parquet l'a vu d'une voix unanime innocent , & les magistrats , au nombre de dix - neuf, l'ont condamné unanimement à être pendu. Heureusement il n'étoit pas conflitué prisonnier L'avocat de la l'lanche, M. Polverel, obligé de quitter le barreau de Bordeaux pour son zele trop ardent à défendre ses parties , avoit fait an mémoire si violent contre la cour des aides , & en général , si injurieux à la magiflrature, qu'il a été ordonné qu'il feroit dépose au greffe , pour être pris par le procureur - général telles concluions qu'il aviflra bon être. Ce qui occasionne une grande affaire avec les avocats.
t Février. Voici encore une Conversion , mais bien différente de ce!le de M. de Mirabeau , dont: l'ouvrage est plus justement qualifié par les connoisseurs, le Libertin de Cour. La Conversion dont
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si s'agit, est une simple correspondance entre deux filles , dont l'une s'appelle Hortense , & l'autre Re monde. Revenues de leurs égarements. elles font mariées & vi vent en bonnes bourgeoises.
Jusqu'à présent, on n'a que la premiere partie de l'ouvrage , c'est - à - dire , les lettres d'Hortense à Remonde ; elles font toutes datées & embrass'ent un espace de près de deux ans , depuis le n avril 1781, jusques au iz janvier 1784. Remonde promet les siennes si le public les désire. Í
Ce recueil n'est "piquant que parce qu'on 11 retrouve quantité de filles célebres & d'autres personnages connus par leurs aventures galantes.
ils y font nommés en toutes lettres. Il y a auili nombre de pieces de vers iaférées sans beaucou p d'adresse , mais dont plusieurs ont du sel & caractérisent quelque talent pour la poésie ; on juge que c'est un jeune auteur qui ne Tachant comment vaider ton porte-feuille, a bonnement imaginé un pareil cadre ; ce qui confirme encore mieux ce parei-l < cadj re ; ce qut conh/r rme encore mieux ce ioupçon , c'est que dans les demieres lettres l'héroïne voyage avec un anglois & parle de la Suisse & de l'Italie , très - superficiellement sans doute,, mais toujours ne devoit - on pas s'attendre à rencontrer pareille matiere traitée dans une telle correspondance: Non erat hic loCHS , & si l'écrivain eût eu tant fait peu de goût, il l'auroit supprimée.
2. Février. Me. de Seize a patTé du chàtelet au palais & y a plaidé avec non moins de succès. Il a débuté à la tourneile par une affaire très - piquante. Il s'agissoit de défendre un Joss du crime d'usure , crime si commun & si généralement reproché à to.ite sa nation. L'adversaire heureusement éto t un jeune libertin, abymé de.
dettes & perdu de débauches : au contraire , U
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partie de Me. seize, un personnage estimé parmi ses concitoyens, distingué par des aétes patriotiques, & dont mille traits généreux doivent faire conserver le nom chez la postérité.
Le plaidoyer & la réplique de Me. Seize ont fait la plus grande sensation au palais , non - seulement à railon du fond de l'affaire déjà très-important , mais à raison du talent qu'il y a répandu. Il les a femés d'épisodes extrêmement curieux sur les Juifs , sur leurs usages, leurs privileges en France. Il a mis tant d'art dans cette cauie , qu'il a intéressé & pour son client & pour toute la nation juive, depuis trop long-temps en horreur aux autres ; ce qui a fourni l'occasion à l'orateur de dire des choses sur la religion trèshardies , mais placées de maniere à ne pouvoir choq uer.
M. l'avocat - général qui portoit la parole dans cette cause , n'a pu s'empêcher de faire un compliment flatteur à l'orateur Bordelois, & de féliciter le barreau de Paris d'une auili excellente acguifition.
Le samedi 2.9 janvier cette affaire a été jugée; l'accuîation contre le Juif a été déclarée calomnieuse, & il lui a été accordé tous les dépens, dommages & intérêts d'usage en pareil cas, avec autorisation de faire imprimer & afficher l'arrêt à Paris & dans sa patrie.
Ce Juif célebre le nomme Worms, & sa partie étoit un militaire appellé M. le Saint-Janvier, 2. Février. Le ministre des académies a déterminé aussi S. M. à déployer sa munificence envers l'académie françoise Les jetons , à commencer du premier janvier, doivent être de la valeur d'un écu; ce qui les augmente de plus d'un tiers, & ce
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qui vaudra sept à huit cents francs de plus par an aux jetonniers. -
3 Février. Dans la rapsodie intitulée : Ma Con,,verfton , il se trouve une lettre datée du dimanche 4- mai 1783 , où l'on lit un paragraphe remarquable. Hortense en partant pour ses voyages y envoie à Remonde fcm amie une pacopille de chiffons & ajoute ;- cc Tu trouveras parmi ces chiffons un ouvrage charmant , délicieux , enrichi de y, très - belles figures en taille- douce intitulé : j,, Le Libertin de qualité , ou Confidences d'un pri33 fonnier ttlj, château de Vincennes, écrites par luiv même.C'est l'histoire véritable d'un de nos ilIuCtrès roués , eompofée avec le goût le plus exquis „ & du style le plus élégant dont un ouvrage libre foit susceptible -t c'est le récit d'une vie : :p passée dans la volupté la plus épicurienne ; eeft- ;" l'histoire scandaleuse de nos femmes de cour y ; y, c'est le tableau des mœurs dépravées de presque „ tous les gens de qualité Les prélats , la hord.e „ méprisable de !a sacrée milice , tout y eft- mis „ à découvert, tout y eftdévoilé. Ilariiveau héros ;a, de l'hifuire mille aventures les plus plaisantes ,3 & lss plus agréablement racontées, ce Qui augn ente l'intérêt, c'eâ que tout le monde a deviné ,, le prisonnier du châtçau de Vincennes y - c'efrle ,. comte de Mirabeau que sa famille a fait en,, fermer , je crois pour I? troisieme fois. Gdt- y, bien le plus aimable libertin , le plus grand „ génie en tout genre qui foit au monde.. Il,2, - fait plusieurs ouvrages du. plus grand mérité & qui lui ont valu la haine de sa famille & la - j, perfécuticn du gouvernement. 3 ..r Ii paroît très singulier que dèsmai 1783, on parlât d'uii ouvrage qui n'a percé à Paris qjue yers la ua!
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de 1784 & qu'pn lui donnât un titre qu'il n'a plus; car on ne peut douter que le Libertin de qualité dont il s'agit ici, ne foit Ma conversion dont il a c'tç rend u compte. Cela feroit présumer que l'auteur avoit d'abord eu envie-de prendre ce titre & qu'il en a été détourné par la crainte de causer trop de scandale, à raison de portraits plus directs de femmes du haut parage , sur qui le libertin de cour auroit fixé les yeux plus décidément. Quoi qu'il en foit , on conçoit par-là que la prétendue Hortense étoit grande amie du héros de la premiere Conversion , le connoissoit du moins beaucoup. Du reste , on ne peut qu'applaudir à la justesse du jugement porté sur son infernale production.
3 Février. Extrait d'une lettre de Besancon , du 15 janvier.,. Le différend de nos avocats avec le parlement est toujours pendant au conseil.
Me. Monnot, las de guerroyer inutilement, est revenu de Paris , & l'ordre y a député Me. B afin.
Celui- ci a vu récemmenrM. le garde- des- sceaux, qui lui a dit pour toute réponse : « ue '!Jou!ez.» vous qu'on faffe contre une compagnie ? o Les affaires ressent toujours en stagnation. Les procureurs font bien autorisés à plaider ; mais ils ne peuvent le faire dans les questions de droit, & les avocats se tiennent ferme pour rester dans l'inaction. Ils se plaignent au reste du bureau de Paris , qui a d'abord paru vouloir prendre fait Se cause pour lui & puis l'abandonne lâchement.
3 Février. Le mémoire pour le commerce de Bordeaux , qui n'a eu connoiflancc que le xo novembre de l'arrêt du conseil concernant le commerce des Colonies, est irnD¡ imé & commence à ferépandre ici. On le dit très- bien fait, encore' Jbicux développé que celui de Nantes & répon-
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éant plus directement & plus péremptoirement aux objections.
On assure que le parlement de Bordeaux veut intervenir , prendre parti dans cette grande querelle & fourenir les négociants de ce grand port, qui le font valoir & l'ont porté au point de splendeur où il est,dont il décherroit bientôt si l'arrêt contre lequel ils réclament avoir long-temps son exécution.
4 Février. M. Faur, secretaire de M. le due de Fronsac , à (luil on attribue assez généralement aujourd'hui le drame & Amélie & Monrofe, après, avoir fait pleurer le public à cette piece intéressante, l'a voulu faire rire par une farce digne duj.
jeudi gras. Il a fait exécuter hier la premiere.
représentation de Colombine & cassandre le plu-t reur. Cette parade en deux atres) en vers , mêl'ée d'ariettes & vaudevilles, n'a eu aucun succès; elle a paru triste comme un enterrement ; les.
sifflets sur la fin du fécond acte servoient d'accom-pagnements aux paroles, & les aéteurs ont été.
obligés de se retirer avant la, derniere scene.
La musique est de M. Champein. On y a applaudi quelques jolies choses ; mais en général elle est trop phrasée; ses ariettes font trop longues, & ses monts font vagues & fanscaradere. On a cependant fait répéter à Mlle. Adeline une ariette.
4 Février, Requête des DeriJoiJelles de Paris a W. le Baron de Breteuil. Secretmre d'Etat de ce Département & Almftre du Clergé. Tel est le, vrai titre de la plaisanterie que nous avons annoncée l'année derniere & qui ne nous tombe qu'en ce moment dans les mains. Comme elle est toujours manuscrite & excessivement rare, nous.
l'allons inferire , quoiqu'un peu longue; - ;
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MONSEIGNEUR,
* Dans l'excès fie notre désespoir , nous Ténors DOUS jeter à vos genoux & implorer votre pitié, ou plutôt votre iufiic;, nous venons-en appeller de vous - même à vous-même. Sans le vouloir & croyant opérer le bien, vous avez surpris i l'a religion du Roi par votre lettre du 16 octobre dernier , circulaire à tous Us prélats dit royaume , de sortir promptement de Paris , de fè- rendre dans leur diocese respectif & d'y réfidet à l'avenir constamment, sans jamais le quitter que pour nécessité abrolue.
» Vous vous [élicuez. Menfeigneur , de ce règlement , comme tagement imaginé. Vous le.
regardez comme un monument immortel de votrezele pour le service de la religion & de l'état.
Nous ignorons ce que la premiere y gagnera, mais nous osons vous représenter que fous le (econd rapport vous vous êtes étrangement trompé..
En signant un pareil ordre, vous avez en même temps proferit quarante mille sujetes de S. M., car telle est la quantité de courtisanes qu'on compte dans la capitale de la France ( i ) , & dans quelque classe infinie qu'on nous range , ce nombrecomposant à- peu- près la vingtième partie desa population , mérite quelque attention de la parc du gouvernement. Mais sommes-nous aussi viles, que le préjugé voudrait le faire croire ? Ne sommes-nous pas utiles & même nécessaires' il
( i ) Consultez le savant aureur de l'Erroriluz Bij blion , tUnj fou chapitre du Thalaba, p. 66.
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Cest ce qae nous discuterons d'abord , ponr mieux faire sentir les conféquenccs funestes d'interdire le séjour 1e Paris au corps épiscopal, à ce qu'on nomme le haut clergé, si essentiel à notre bienêtre & à notre subsistance.
» Pour mieux détruire les notions qu'on a de notre état, nous allons définir ce qu'on doit entendre par le mot de courtisane. C'est une personne du sexe qui , douée de talents naturels ou acquis pour l'art des voluptés, le pratique & l'enseigne aux autres. Or , cet art a été fort en honneur chez les anciens , à commencer par le peuple juif ( 1 ). Les auteurs grecs & romains: nous apprennent à ce sujet d'étranges choses. A Samos il y avoit ce qu'on appelloit le Temple de la Nature. C'étoient des lieux publics où ks hommes & les femmes , pêle - mêle , s'abandon-; noient à tous les genres de libertinage. A Corinthe, dans certains temples, on adressoit sans cesse des prieres aux dieux pour augmenter le nombre des prostituées. A Rome , combien de fêtes où brilloienr sur - tout nos semblables ! Et ces vestales, symbole dériloire de la virginité, n'étoient - elles pas confacrécs à attacher l'image du membre viril aux chars des triomphateurs? fondions qui assurément rdrembent beaucoup aux nôtres ( i ). Enfin dans l'isle de Sardaigne , la reine Omphale présidoit à nos jeux & les dirigeoit.
M On nous objectera peut-être que ce qui dé-
( i ) Voyez l'Errotika Biblion , dans son chapitre de la Toproide.
( a ) Voyez encore l'Errotika Biblioll'"
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;grade notre état aujourd'hui, c'est b : : tion que nous en recevons. Mais qui ne se L., ipayer, en remontant jusqu'aux prêtres & au chef suprême de l'église ?
M Au reste , nous devons à nos contemporains la justice de convenir que la philosophie commence bien à les éclairer à cet égard. La fréquentation habituelle avec les Anglois qui ne pensent pas de même ; les voyages de nos jeunesi sel crmurs à Londres, où l'on vo't les cendres de quelques-unes de nos plus célèbres héroïnes rej-poser auprès de celles des hommes illustres & des souverains, n'ont pas peu contribué à cette révoI lution. De grands seigneurs , des militaires diÇr tingués y des citoyens honnêtes , de bons boucgeois, classe dans laquelle les préjugés font ordinairement plus enracinés , épousent aujourd'hui, sans beaucoup de scrupule, des courtisanes. Eh.!
n'avons nous pas vu le feu Roi en choisîr une pour sa couche & l'associer en quelque forte à son.
trône ?
» Dans le cas-, au surplus, où l'on seroit assez.
injuste ou assez aveugle pour nous refuser toute considération per{onndle) fous le point de vue de la politique & d'une administration bien entendue , l'on ne peut nous contefler une utilité réelle., Si la ptemiere qualité du citoyen est de peupler, qui le fait mieux que nous ? Un célébré prédicateur, dans la chaire de verité même a été forcé,.
en s'élevant contre la corruption des mœurs , de faire notre éloge, & croyant nous décrier dans l'ordre de la religion , nous a fait valoir dans l'ordre, Jocial. Il a calculé, qu'à nous feules s nous avions,enrichi l'état à cette époque de plus
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dc la moitié ces enfants nés dans Pians ( i )..
,, Du côté du commerce & de la circulation da numéraire , qui plus que nous donne de l'ame ati premier, & du mouvement au fécond ? Quant à l'un , pour ne nous arrêter qu'à une branche , celle des modes , si précieuse , si glorieuse pour la nation françoise, qui soumet de la forte à ses loix les peuples les plus reculés de l'univers, peut-on Dier qu'elle ne nous doive infiniment ? On est effrayé de la multitude énorme de poufs , de chapeaux , de gazes , de rubans, d'épingles que nour consommons ou faisons consommer par Tinftabi- lité continue de nos caprices , auxquels se fou-
mettent les honnêtes femmes & les têtes les plus i.
auguttes ( i ) ? Quant à l'autre, il est fâcheux que : ce grand ministre des finances ( 3 ) ,qui ne vouloit pas laisier un lèul écu oisif, ne foit plus en place Il pourroit mieux que personne nous rendre justice , & calculer de quel avantage noug sommes au rouage général de la machine , à laquelle il avoit imprimé une rotation si rapide „ M'is nous allons plus loin , & nous préten-
dons que nous sommes nécessaires dans un état
( 1 ) Fn 1780 , M. l'abbé Afaury , prêchant le carême devant le Roi , mit en fait qu'il 1 avôft eu cette annee, chose sans exemple encore , treize mille enfants trouves, tandis que le nombre des naissances dans Paris ne monte guere que de vingt-un à vingtdeux mille ames.
( 2 ) Nous avons lu quelque part que la Reine ne clériaignoit pas de consutrer en certaines occasion JVl 11• : Guimard sur les choses de goût , concernant son ajuitein m , relativement aux speclacles, aux bals- & aux feres
( 3 ) M. Necker,
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bien policé que Paris, si admirable par le bel.
ordre qui regne dans Ton fein , ne feroit plus , sans nous , qu'un théâtre de crimes , d'horreurs & d'abominations si multipliés & tels, qu'il ne pourroit subsister long-temps. Notre premiere proposition a été généralement reconnue de tous leslégilfateurs, & l'application que nous err avons faire à la capitale est juftiftée par l'éreaion d'une place de magistrature , spécialement afteélce , non là nous détruire, mais à nous régiracr, à nous 'gouverner , à nous soutenir : magistrature difsicile, honorable, exigeant de grands talents y iptl;Cqu'on en a tiré plufienrs ministres pour les lautres départements. Nous ne ferons point un igrand étalage d'érudition afin de prouver notre lafîértion ; nous ne cirerons qu'un moraliste,qui itout récemment l'a défendue dans un ouvrage ifftimé , quoique flétri par la sorbonne ( i ). Ce inoralifte , auquel une assemblée de rages prdi: liant à radminiftration d'une république .vertueuse s'eftadrefleepour leconfulter sur sa législation (L) > i efëcide formellement que c'est à nous qu'un jeune homme doit recourir pour vaincre , en fucconi- bant, la passion si funeste de l'amour jusqu'à ce qu'il (bit marié.
)1 Vous - même, Monseigneur, ne femb!ez pas éloigné de cette façon de penser. L'intérêt que
( 1 ) Le livçe des Principes de Me mie, par l'abbé ie Mably*
F ( 2 ) On prétend que le congrès des Etats-unis de r Amérique a consulté M. l'abbé de Aîably pour la *«<iu<îtion de fès.loix»
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presque dès votre avènement au mmiftere vou avez pris à l'opéra , en améliorant le fort de: sujets ( i ) d'une instîtution formée en queiqin forte pour nous & par nous; la protection dont vous avez couvert un fpedacle forain (i), ut de nos séminaires les plus abondants , accueilli chez un grand prince ( 3 )> qui lui- même plein de zele pour notre ordre , s'occupe à transformer son palais en un vasse rarthenon (4), tout prouve à cet égard vos vues fages & patriotiques.
Comment donc contraririez - vous vous-même vos intentions, & détruiriez-vous d'une main ce: que vous ériinez de l'autre ? C'est ce qu'il nous reste à vous démontrer.
« Oui, Monfeigoeur, nos plus grands profits, nos revenus les plus clairs font dus au clergé. On estime ses tichtiles en France, à uo millions de lentes. Hé bien, la moitié peut - être nous en passe dans ls mains , qui revient sans cesse dans celles du gouvernement par les filieres de toute espece qu'a imaginées la fiscalité. En exilant les évèques de Paris, vous arrêtez tout-à-coup cette circulation , non - feulement par rapport à eux , mais par rapport à la foule de grands-vicaires , de secretaires, d'abbés, de clercs) de suppôts, de cau-
( 3 ) Autrefois la meilleure aélrice de l'opéra n'avoir que mille écus ; elle a 9,000 livres aujourd'hui.
( 2 ) Les Variétés amusantes , transportées au Palais-Royal avec beaucoup d'avantage.
( 3 ) Le duc de Chartres.
( 4 ) Mot grec dont se fert M. Réts iie la Bretonne f ims un ouvrage très - favam ic tout a notre gloire.
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àataire qu'ils entraînent à leur fuite ; relativement sur-tout à l'émulation générale que causoit dans le clergé séculier & régulier leur exemple , qui , répandu de proche en proche, animoit à J'envi tout ce grand corps. On ne sauroit calculer Jes effets de cette émulation , qui va s'éteindre dans léloignement & la retraite. Les prélats', après avoir assouvi sourdement & à petits frais leur tJuxnre) vont se livrer à une autre padion , à Tavarice qui , la premiere cessant , les domine presque toujours, &, si nous en croyons le grand.
administrateur déjà cité , est la plus funeste à i l'état. 4 « Ce confidété , Monseigneur , il vous plaise déreminer S. M. à révoquer la leitre d'exil des évèques-, & leur permettre de rentier dans Paris, où ils feront infinimert plus utiles que dans leur r-diecefè; & nous ne céderons, Monseigneur, de rprier Dieu pour votre confervarion & pour votre prospérité dans un ministere que vous remplirez iavec autant de zele que de capacité. »< 5 Février. M. de Pici a toujours un attache..
ment dont il ne peut se défaire pour les comédiens i italiens, malgré les désagréments qu'ils lui ont donnés. Il a imaginé , d'après la premiere idée d'un artiste, homme de goût, un ornement qui contribueroit beaucoup au décore du frontispice trop nu de la nouvelle salle.
Il leui a écrit une lettre, dans laquelle il observe que l'acrotere élevé au - dessus de l'ordre du frontispice , recevroit à merveille un superbe méridien. Il y joint une inscription ou légende , ui entoureroit la tête de Pboebas ; Intua App(}ll,,
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Soi extra. Il se commente ensuite par ce quatrain en vers françois : Sous mes deux noms dans ces demeurei Marquant tour-à-tour mon pouvoir) A midi je fixe les heures , Que je fais oublier le foir.
On ne fait pourquoi cette imagination assez.
heureuse , n'a pas été exécutée.
5 Février. Le sieur de Beaumarchais , désespéré que Ton Barbier de séville) mis en musique par le fameux paëjicllo, n'eût pas été mieux accueilli à la cour, & n'ait pu , depuis six mois , être joué, foit à l'opéra , (oit à la comédie italienne, comme il l'auroit défirc , propose aujourd'hui la tournure de le faire exécuter sur le théâtre des menus , & d'en abandonner le profit pour un don de bienfaisance. Quelle générosité! Quelle belle amel Le moyen de lui rédfter!
6 Fevrier. La meilleure maniere , sans doute, d'avancer les progrès de la philosophie, c'est de la mettre en action. Fauflin ou le jiccle philosophi.
que , est un ouviage de ce genre. L'auteur , en faisant voyager son principal personnage , releve une infinicé de préjugés , de momeries , de ridicules , d'abus , d'abfurdirés , d'horreurs , auxquels l'Europe est encore en proie. On le croiroit étranger & sur-tout Allemand, parce que l'Allemagne est le pays où il s'arrête davantage & dont il se montre le plus au fait. Parmi les souverains , ses deux moddes font le roi de Prusse & l'empereur. Il trace une esquisse cutieufe de ce que le dernier a déjà fait pour éclairer ses peuples & 'es
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*ndre tolérants. Son héros entre les écrivains est ,.',/taire. C'est à cet apôtre de l'humanité qu'il apporte la révolution opérée dans les esprits , c l'époque s'en doit fixer, suivant lui, à la paix de 748.
Dans cet ouvrage , d'une critique rapide & 'emé d'anecdotes, dont quelques-unes ne font qu'indiquées, la plus singuliere est celle du rétablissement de Pinquifition en Espagne. Elle fut lue à la rufe du gros père arma, confesseur de ■>. M. catholique. Durant une nuit orageuse , il St mertre des vers-luilants dans la chambre du roi, qui , réveillé en sursaut , crut voir des flammes infernales, & tomba malade de frayeur.
.Le moine fit ensuite le. rôle de la vierge , qui apparut au monarque dans un fonge prétendu , !& lui déclara qu'il ne guériroit qu'après avoir fait iyœu de remettre en vigueur le saint- office.
-Le Portugal est le royaume qui attire le plus l'indignation du voyageur, en le voyant retombé fous le joug de la superstition dont l'avoit délivre ice Pombal, la première viétime qu'il s'est immolée à l'avènement de Marie sur le trône. Il y compte ijooo - couvents , &: un moine sur onze Dabirams.
La guerre des épaulettes de Brest que raconte l'historien ; la solution par laquelle , après plu..
sieurs duels ou périrent quelques combattants , après nombrt de séances du conseil de marine, il fut décidé que les oiffciers des vaisseaux de rÕi porteroienr leur épaulette d'or pur , & les auxiliaires de foie avec trois fils d'or feulement.
Tout cela feroit présumer que l'auteur auroit tenu en quelque chose à la marine. Quoi qu'il en foit, il est fort instruit , mais traite chaque article
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superfîciellement pour ne pas ennuyer , & d'aU..
leurs assez pour remplir son objet qu'il ne pefdc: jamais de vue. Il est gai & a une façon de narro - qui n'appartient qu'à lui. Son style » sans être:, parfaitement noble , est vif & précis. En un mot, ic'est un livre d'un caraétere d'originalité , qui le.
diffcingue de la foule des autres du même genre.
6 Février. On ne celle d'accabler M. Marel pour son mauvais opéra de Panurge. Les ameurs qu'il', a écartés du théârre lyrique par son crédit feï vengent , & non - feulement critique ses vers,!
mais remontent à Ion origine , suivant la ifliation; de sa fortune & le chanfonnent cruellement. C'efti ce qu'on observe sur-tout dans une qui circule] dans les foyers des spectacles.
6 Février Le duc de Sully est le premier en: Trance qui ait eu l'idée de s'occuper des routes
publiques. Il fit créer à cet effet la charge rie i grand-voyer. Quelques-unes furent allignées &.
ornées par des plantations d'arbres. M. Desmarets fit plus, il crut devoir établir un corps d'ingénieurs qui s'occuperoient uniquement des ponts & chauffées ; mais tous deux s'étaient bornés à faire redresser les chemins , à les élargir convenablement , à en adoucir un peu les pentes , à construire des levées dans les endroits bas & marécageux : par - tout on laiiïbit le fond dans son état naturel & sans chercher à le confQlider.
Il n'y a que cinquante ans environ qu'on a commencé de s'occuper plus essentiellement des grandçs routes. En co-aféquence , deux ou trois intendants prirent sur eux d'exiger des communautés d'habitants de leur ressort le sacrifice de quelques journées pour travailler à la confection ou à l'entretien de ces joutes, Les uns en demandeisn;
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t)is par année , d'autres quatre , d'autres six Se me jusqu'à douze , &c. L'espece d'analogie .tre ces travaux gratuits & les corvées feigneudes) leur a fait donner le nom de corvées yales.
.Telle fut l'origine de la corvée , qui n'avoit i qu'une marche incertaine jusqu'à l'instruction voyée en 1776 par S. M. aux commiiraires parcis. Son état aétuel n'a même encore aucune rme légale & authentique. Il offre en quelque ; rte autant d'elsass que de méthodes diffé: .nC('s.
L'ancienne corvée n'est plus suivie que par les ::néralités d'Orléans , Cbâlons, Metz, Soissons, lermont) Grenoble & Dijon.
Dans douze autres on a adopté le système des -cultés. La répaitition s'y fait au marc la livre d| importions. Ce font les généralités de urdeaux, Blyonne. Caen , Alençon , Rouen , 'ours , Poitiers) Amiet.), Moulins , Lyon, la .ochelle & Besancon. Dans quelques unes , par xemple dans celle de Caen , tout s'exécute à prix 'argent, tandis que dans les autres une partie du lavail se fait en nature.
» A Nancy , Perpignan & Auch , l'inftruélion le 1776 est un peu plus littéralement cbfervée, nais cependant avec des différences dans chaune de ces provinces.
Le Limouun, le Languedoc, leBerry, MontauJan) la Flandre, l'Artois , 'la Provence", ainsi lue la Urene & le Bugey , avec le comté de Gex Se de Dombes , ont établi une impolltion. On troit qu'il en est de même en Alsace.
Dans les généralités de Paris & de Valenciennes, orç n'exige que les corvées de voitures & l'on
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supplée à la corvée de bras par des fonds part culiers.
Les états de Bretagne asignent la corvée ( nature & par tâche fixe , au prorata des imp iftions.
Il résulte de ce tableau , que dans les quat cinquièmes des provinces du royaume, on a abatdonné l'ancienne corvée.
C'est ce qu'établit d'abord M. l'intendant c Guienne dans Ion Mémoire important sur l'aam ntftration des corvées.
Ce mémoire auroit paru plutôt, mais il a Ci ne devoir le publier qu'après le retour des corv miflaires envoyés dans la province , temps où i; ministere lui - même avoit renvoyé à s'occuper Ci cette affaire. C'est ce qu'on voit dans un A'TJertiú ment de l'auteur.
Dans les exemplaires qu'il distribue aujou d'hui, sa Lettre au Roi est supprimée , on ne sa pas pourquoi.
On reviendra sur ce mémoire très-long & vér tablement important.
7 Février. La nouvelle chanson contre M. More: dl: sur l'air : Accompagné de plujteurs autres. I refrein est très bien choisi & contribue à lu donner du sel & de la gaieté. Elle est en hui couplets que voici.
Au bas d'un pont, dans un bureau , • Àîorel vifoit le numéro De mes voirures & des vôtres , Quand il se dit un beau matin , Je veux faire aussi mon chemin; Je le vois bien faire à tant d'autres !
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Ma, figure, dont chacun rit: Ett plate ainsi que mon esprit : Quels protecteurs feront les nôtres ?
Mince en fonds comme en revenus, Grofliiîbns - nous par les menus , Comme on en voit grossir tant d'autresi Il part, il vient, chante à Paris.
Beautés piquantes, à tout prix , J'en ai pour vous & pour les vôtres ; J'ai des Hollandoifes sur-tout, Persannes , Angloises de goût, Pour les seigneurs & pour les autres Roi des dramatiques tripots, Lu Ferté voyant mon héros, Dit : Bon ! il faut qu'il foit des notre:., Pour mon argent toujours dupé , Toutes mes catins m'ont trompé : Allons , Morel, cherche-m'en d'autrett Voilà Morel chef d'opéra, Traitant la ville 6* estera : Ses vins valent mieux que les nôtres ; Et dans un carrosse brillant, Monte ce valet insolent, Accompagné de plusieurs 4utru,' Mais c'efl bien pis, le directeur , Muni d'argent veut être auteur , Pour ses péchés & pour les nôtres!
Par-iout il fait brocher des airs ,
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Sur vingt ades de méchant vers-, Qu'il a fait raturer par d'autres.
Quand on vend si bien le plaisir , Il faut au moins savoir choisir, Sur-tour quand il s'agit des nôtres: Fournisseur de marchés divers , Ah! quand vous achèterez des vers , Par graçe , marchandez-en d'autres.
Pourtant votre gloire va bien , Et vos talents ont, j'en conviens, Créé des proverbes modernes : Vous avez changé le diélon ; Cela brille aujourd'hui, dit-on , Comme un Alorel dans mes lanternes i
7 Février. M. Dupré de Saint- Maur trouve eue le parlement de Bordeaux dans ses remontrances , a eu deux objets dînindts & séparés.
L'un , d'attaquer par des moyens généraux le régime de la corvée établi en 1776 ; l'autre f d'inculper d'une maniéré plus particulière, les agents de l'aiminiftration chargés d'en suivre les détails.
Il croit avoir suffisamment traité lie premiei objet dans la Lettre Wun subdélégué de Guienne) dont il a été rendu compte & qu'il avoue aujourd 'hui formellement. Il prétend avoir prouvé dans cet ouvrage les avantages de la nouvelle méthode des corvées sur l'ancienne. Tel est le premier point de son apologie qu'il intitule: Observations sur les remontrances du parlement de Bordeaux * du zj mai 1784,
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Dans la féconde partie, M. Duprl de raintlMttur fournit un Extrait des enquêtes & ses ré.
ponfes. Il contient vingt- six articles ,. dont quelques-uns fous-divisés en une foule de paragraphes. En supposant même la vérité de tout ce qu'avance le commissaire départi, on ne le juge 'pas encore pleinement justifié.
A la fuite font des Réflexions générales sur les itérât t'y es remcntrances du parlement è sur celles, IJe la cour des aides. M. Dupré de Saint - Maur, fort ici de la modération qu'il avoit off-eee jusques* là. Il prétend que la fausseté & l'infidélité semblent avoir exclusivement fourni les matériaux d'après lesquels ces deux ouvrages ont été tissus » :& malheureusement il ne prouve rien.
Dans sa conclusion) après s'être félicité d'ayolt ! détruit pièce à piece cette oeuvre d'illusion , ce vain fanrôme dont le parlement de Bordeaux s'est servi pour transmettre à la nation des terleurs qu'il avoit conçues lui-même trop légérement , il convient cependant de négligences, d'erreurs , de fautes d'incapacité ou d'ineptie à reprocher aux agents de l'ai rniniftration , & il le condamne en quelque forte lui-même. Il anticipe le jugement de la cour; il convient de son insuffi- sance pour opérer !e bien en Guienne, & de la necesité d'y nommer un administrateur plut -
8 Février. Un M. Montagne, fils d'un anciea i médecin de Bordeaux , jouissant d'une grande réputation dans son temps, mais dépeniïer, Se ayant laissé sa famille mal à l'aise, s'est jeté dans la littérature. Il vient d'arriver à Paris avec une j petite comédie , intitulée : le Musée de Channion.
Il se proposoit de la faire repréfeater aux variété*.
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Ces comédiens françois) en ayant eu communication , fui vant leur privilège l'ont retenue pour leur théâtre. L'auteur leur a témoigné sa satisfaction de l'honneur qu'ils faisoient à on ouvrage , mais en même temps ion déplaisir de manquer son principal objet , qui était d'avoir de l'argent sur le
champ , ce qu'il ne pouvoit espérer chez eux , où il falloit attendre son tour pendant fort long-.
temps. Sur cet exposé l'assemblée des comédiens a r arrêté de lui donner à l'instant un à-compte fut i les honoraires.
8 Février. Le procès criminel entre les sieurs ?
Marot & la Planche est si étonnant par les con- tradictions qui se trouvent dans les divers juge..
ments & arrêts qu'il a occasionnés , qu'on ne peut s'empêcher d'entrer dans quelques détails à cec j^gard. , 1 1 Le financier accusateur étoit déjà ma l famé par ; une usure mordante qu'il exerçoit publiquement à Angoulême) & qui lui auroit attiré une vindiae *, publique de la part du parlement, si l'affaire n'eût été évoquée au conseil, & jugée fous le mihistere de M. Turgot, qui avoir sur l'usure des principes très - différents de ceux de cette cour. Il se prévaut pour sa juftificaticm de plusieurs arrêts ,
& notamment de celui du 16 juillet 1774, & d'un autre du 9 septembre 1776, qui supprime lit requête contre lui comme téméraire) injurieuse, contraire au refped dû à S. M. , avec défenses très - expresses à Me. Droit, d'en signer de semblables à peine d'interdidion. Il a été parlé dans le temps de cette acculation , & des mémoires de cet avocat aux conseils.
Le 17 août 1778 , le fienr Marot pere , ayant ^ôuvé un vuide dans sa caisse p rend plainte à
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l'élection contre le Heur la Planche , commis al écritures de 1cm bureau , quoiqu'elle parut devoir être dirigée plus naturellement contre-le sieus Canrin , ion causier Par un acte FêdTé du 18 août, le sieur la Planché y confdlè (es vols; il s'avoue coupable de falsifications sur les registres , & débiteur de 40,830 lir.
& le termine par une ceilion générale de tout ci qu'il possede au caitller Cantin.
Il se rend à Paris ; sa femme , très- jolie, l'y vient joindre, & un marquis de Château - Neuf, son amant prétendu , & qui s'étoit engagé à payer pour la Planche 10,750 livres, par deux lettres de change. Us vont trouver Me. Drou, l'avocat aux conseils , qui s'étoit déjà signalé contre 1« heur Marot. Par son avis ils reviennent à Angoulême & rendent plainte le 19 en la sénéchaussée s iQ. En chartre privée ; i". en sévices Se mauvais: traitements; 3 °. en calomnies; 40. en enlevement par force de tous leurs meubles , effets mobiliers , argent comptant, autres effets, papiers, &c. sur laquelle le 7 décembre interviennent des décrets d'ajournement perlonnel contre Marot & adhérents.
Le 6 décembre , le fleur Marot avoit rendu plainte de son côté contre le sieur la planche en vol de deniers de la caisse) à la faveur d'une fausse clef de ladite caisse, & le 14 la planche eftdécrété. Il avoit en outre interjeté appel à la cour des aides, de la plainte & des décrets , & obtenu des déFenses de les exécuter.
Le lieur la planche avoit également interjeta appel au parlement & obtenu un arrêt qui ordonnoit l'apport des charges & informations reupedi.
ves. De là , un conflit de jurisdiction entre les deux cours. E 3
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Premier mémoire à consulter & confulratioa de Me. Drou qui , comme avocat au parlement, développe amplement cette affaire, & paroît établir.
la nullité de tous les aveux & attes de la planche faits par force , &c. Sa consultation est du 17 février 1779.
Les fleurs Marot , pere & fils , répondent par un autre Factum , figné feulement d'un Me. Ptchillon, procureur ; écrit informe , peu concluant. & plus destiné à diffamer le sieur la planche* qu'à rétablir la réputation des sieurs Marot. On l'attribue à Me. Falconnet.
Le conflit durant cet intervalle, est porté aa parquet des gens du Roi du parlement & de la cour des aides réunis Intervient arrêt qui ordonne que la plainte de Marct sua préférée , comme préfenunt un cas plus grave, attendu qu'if s'ngic &l'un vol de deniers royaux , & que l'é-le&iun restera saisie du procès. L'arrêt est du 7 j d i11 1779.
Le sieur la Planche vient librement se constituer prisonnier à Angoulême. Il y demande sa liberté provisoire Sur le refus de l'éleétion il Ce pourvoir à la cour des aides , & d'après le rapport de M. Negre des Rivieres, l'un des magistrats les plus éclairés & les plus intégrés de cette cour.
il obtient sa demande : son décret de prife- de.
corps est converti en décret d'ajournement perfon11e 1, & Marot condamné aux dépefts par arrêt du ai octobre 1179.
Alors le sieur Marot sollicite une contrainte par corps au fU:t't des lettres de change échues & l'obvient , & le r4 Aoû: 1780 le sieur la Planche est replongé de nouveau dans les prisons. Enfin, sentence de l'élection du 4 leptembre suivant qui ,
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sans égard à la plainte de chartre privée, iXC violences, voies de fait , le déclare duement at: teint & convaincu d'avoir volé le ifeur Marot, Se véhémentement suspect d'avoir volé dans la caisse. En conséquence le condamne à cinq ans de bannissement ; ordonne que deux mémoires imprimés à Paris. l'un pour le conflit l'autre pour la liberré provisoire , & dont par conséquent l'objet est rempli, feront supprimés & ne feront ;point partie de la procédure , comme injurieux ¡¿: calomnieux au lieur Marot, &c. Il est à obsèrver cjue les concluions du minitfere public étoient toutes en faveur du piifonnier, & que des trois juges l'un l'étoit aussi. La planche interjette sur le champ appel en la cour des aides, & des prisons .d'Angoulème cft transféré à Paris.
Me. Goupille au de Villeneuve prend sa défense.
III le fait avec beaucoup de clarté, de force, de méthode & de logique. Dans deux mémoires il ! s'éleve contre le faÜum de Padverfaire, produflion monstrueuse) enfantée dans le délire, indécente dans son style , horrible dans son contenu; cependant accueillie par les élus d'Angouléme , qui n'ignoioient pas que la cour en avoit décrété l'auteur.
Ici le fils Marot intervient pour se défendre d'une plainte en diffamation) rendue contre lui par le marquis de Château- Neuf, à l'occasion du Faclum qualifié ci - dessus , auquel il avouoit avoir une très - grande part. Son mémoire est figné de Me. vtrmeil. •
C'est à cette époque qu'arriva l'aventure du fouffiet donné à la redoute par le ifeur Marot fils:, ià Me. Goupilleau de villeneuve, & dont il a été fait mention dans le temps.
Me. Drou repaioît sur l'arene ,par des obfe
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varions où , en dévoilant que Me. Talcennet est le "éritable fabricateur du premier mémoire ck ; Marot, il reproche à Me. Vermeil d'avoir défendu le siss anonymement dans l'affaire du souffret reçu par son confrere , & où- il déclare qu'obligé poux affaires majeures de retourner au conseil du Roi, c'est lui qui a indiqué à M. la Planché.* Me. de Villeneuve dont il connoissoit la probité, les lumieres & les talents ; que ce dernier est le icul compositeur des écrits subséquents.
Arrêt du 6 septembre 1781 , qui condamne III planche à être pendu. C'étoit contre les con- cluions du parquet. M. Chevalier de jowvency (ubfiiht de M. le procureur - général, qui avoit fait tout le travail de cette affaire, se rend à la premiere chambie de la cour des- aides , cù mdlieurs étaient assemblés ; il leur déclare que l'arrêt n'a point changé l'opinion des gens du Roi;- il leur parle avec toute la force d'un homme inf-i truit & vertueux , & bientôt après vend là.
c harge.
M. le garde-des- sceaux accorde un furny.
Le Roi crée la commilIion des graces à l'occalion de la naissance du Dauphin. La- planche est interrogé par le cardinal de Rohan. Il déclare qu'il De veut point de lettres de grâce, parce qu'il ne peut renoncer à son honneur en s'avouant coupable. Son émineace i 'a depuis atttfté de même dans une lettre datéi de Paris, le 17 août 1784, écrite à pluci, urs mo gifttats.
Arrét duccnfeil du l décembre 1781, qui c?.ffe toute la procédure , & renvoie l'affaire au Chi- telet, fauf l'appel en la cour.
Par sentence du 18 juin 1784 , les deux Muret pm été atteints & convaincus d'avoir détenu en-
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chartre privée la Planche de lui avoir fait souscrire diiférents attes, &c. En cor,séquence le Châtelet les a mandés , pour être admonestés ; défenses de récidiver, à peine de punition exem plaire ; 3 livres d'aumône , & condamnés aux dépens.
Sur les plaintes de Marot contre la Planche, en vol des deniers de la caille & falsification des registres, les parties ont été miles hors de cour & de procès , &c.
Enfin l'affaire est venue par appel au parlement".
Après un rapport qui a duré cinq séances & quatre heures d'opinions , est intervenu l'arrêt dont oa a parlé.
9 Février. La jo'ie piece des Epreuves donne occasion de s'entretenir de 10n auteur, monsieur Forgeot, qu'on a dit être fils d'un procureur peu riche, & ayant beaucoup d'enfants ; ce qui a déterminé celui - là de chercher un bien-être en épousant Mad. Vertueil, une des principales actrices de la comédie italienne.
9 Février. Par l'arrêt du 17 invier, tous les mémoires de la planche à Angoulême, à élection à la cour des aides, au châtelet & au parlement, font supprimés ; mais ceux lignes polverel, doivent être déposés au greffe , assisi qu'on a dit.
C'est la premiere fois qu'un mémoire figné d'un avocat, est déposé au gressè. & dénoncé au procureur - , général. Ce qui a fait se remuer le bâtonnier & l'ordre. M. Chuppin , le concilier rapporteur , a tenté tous les moyens possibles pour ramener memeurs, & faire changer cette clause de l'arrêt avant de le signer ; il n'a pu réussir.
Dans le préambule de son grand mémoire intitulé feulement Dômes » réflexions & résul
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tats, Sic. Me. polverel, après avoir gémi suff la barbarie de notre législation qui ordonne que dans les affaires criminelles, les charges & informations ne puissent être communiquées qu'aux iuges & à la partie publique : ce ces loix, dit - il >, „ fléchissent quelquefois fous le poids de l'or ; », mais la planche n'a .point d'or à répandre, & 3, quand il en auroit , peut- être (e respecteroit-il >. assez pour ne vouloir pas l'employer à corrompre.
w C'est à l'humanité de ses juges qu'il a recours.
J, Ii leur dit: voulez - vous donc me juger sans ,, que je puisse me défendre? Peut-on me déw fendre sans connoître les. charges ? Tous onc ty g-émi , aucun n'a entrepris de justifier la loi,, M mais tous ont dit : la loi exifle; c'est à nous, ., à l'exécuter, & non à la juger.
„ Et au moment où les juges de la planchen tenoient ce langage, son accusateur Ce jouoic „ impudemment de la loi ; il avoit une copie de ,, la procédure ; il inféroit dans ses écrits ce.
T, qu'il croyoit de plus fort contre la planche,,.
dans les dépositions des témoins. Il a porté la >9 licence & l'abus jusqu'au scandale. Ces fra g, ,, ments de dépositions, il les a fait imprimer ., en caractères italiques dans un mémoire à 0, consulter, & les avocats consultés, qui les ont y, lus dans ce mémoire , ont pourtant dit dans „ leur consultation : la loi nous fait un secret des 3> charges !
On trouve encore dans cet écrit d'autres palagraphes, foit contre M. l'Escot de verville t lapporteur du procès à la cour des aides , fois contre cette cour même ; paragraphes qu'on pourroit inculper de twp de témérité & de Luiietfe.
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Dans un autre , Me. Polverel avoae que c'en: lui qui a forcé Ton client de ne point se constitues prisonnier , de ne point Ce prélenter pour être interrogé. Il ajoute : Nous sommes convain„ cus de l'innocence de la planche, autant qu'on < ,, peut l'être sur les faits d'autrui : les lumieres ,, & l'intégrité de ses juges nous inspirent la ,, plus grande confiance. Mais ce n'est pas de ,, notre vie dont il s'agit , il s'agit de la vie ,, d'un autre , qui est en dépôt dans nos mains.
)> Quelque mot équivoque dans les charges, que ,, nous ne connoissons point ; quelque fait mal ,, expliqué pourroit induire les juges en erreur, „ & l'erreur de la cour des aides, si elle ne doit » pas faire trembler les juges, est du moins „ effrayante pour quiconque est chargé de con-, seiller un accusé „ 10 Février. L'aventure du capitaine Afgill a frappé l'imagination de différents compositeurs.
M. Mayer en a fait un rcman , M. de Salt'Vign¡ un drame héroïque. Un M, Eve de Maillot nous apprend aujourd'hui qu'il avoit précédé ces deux écrivains, & qu'il l'avoit arrangée en une tragédie - opéra en trois atl:es pour le théâtre lyrique , fous le nom de SlIdmer. Dès le 3 octobre 1783 » il en avoit fsit lecture au comité de l'académie royale de musique. Un célrbre compositeur étranger devoit mettre en musique cet ouvrage. Il est aujourd'hui , à (on refus , entre les mains d'un de nos plus habiles compositeurs françois : voilà les raisons du retard. Du reste , meilleurs du comité, dans leur certificat du 18 mars 1784, pensent que cet opéra mis au théâtre fera accueilli du public , si la musique répond à tous hi eifets desfeenes qu'ils y ont remarqués.
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: En conséquence , M. de Maillot , dans une lettre à MM. les auteurs du journal de Paris.
en date du 2.8 janvier dernier, réclame Ton droit d'ancienneté, déclare n'avoir ni vu , ni lu aucun des autres ouvrages sur ce sujet , & atteste au contraire le témoignage de plus de cinq cents personnes, tant à la cour qu'à la ville, qui connoissent sa tragédie depuis deux ans.
10 Février. Les créanciers du prince de Guirnené , après avoir touché pour la forme un léger à-compte que les frais ont absorbé presque en entier, fout laissés aujourd'hui dans le plus profond oubli. Ils attendent le jugement sur la question renouvellée de la propriété de la ville de l'Orient, jugée favorablement, il y. a quelques années, pour cette maison , & qu'on fait réclamer aujourd'hui par le Roi. Cette affaire majeure doit se juger en grande diredion , & c'est M. Albert qui en est aujourd'hui le rapporteur.
10 Février. On ne connoît encore le voyage de M. Blanchard, lors de sa traversée du Pas - deCalais, que par des rapports étrangers: on attend avec impatience te fien même qui ne paroît pas.
Il s'agit deconftater le degré de danger , si effectivement il a été pendant près d'un quart - d'heure entraîné vers les mers du nord , & si c'est à l'aide de ses ailes qu'il s'en est tiré. Toutes les relations s'accordent à dire que le ballon a baillé considérablement, puisque les voyageurs ont été obligés de jeter tout ce qu'ils aVQiet, & leurs hardes te jusqu'à l'ancre si bien imaginée pour fixer la machine à terre. On veut que M. le dodeut jefferies ait sacrifié même son pavillon Anglois, & qu'il ait été au point de dire à son camarade, JQur exécuter sa parole d'honneur : Me voilà
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„ prêt à me précipiter aussi, quand vous là ,, jugerez nécessaire.,, Quoi qu'il en foit, Tarées naute françois, après avoir eu la gloire de faira flotter le pavillon de sa nation sur toute l'Angleterre , a encore eu en cette occasion celle de marquer sa supériorité en le con servant, l'oiTque ion camarade a dû renoncer au lien. AulIi ce pavillon est-il devenu l'objet de la curiofué des savants. Le dimanche 16 janvier , jour auquel M. le baron de sreteuil annonça les grâces du IRoi à M. B lanchard, & l'invita à dîner, plusieurs :mcmbres de l'académie des sciences qui étoient de ce repas , lui demandeient son pavillon, vraisemblement pour le déparer dans le salon de l'académie.
Quant au ballon, il doit en effrrêtre suspendu dans l'église principale de Calais , & la ville 3 en dédommagement, veut, dit-on, accordera son < ; propriétaire une gratification de 3,oeo li vres, & une pension annuelle & viagere de 600 livres.
Quant à la pyramide qui fera construite sur lé lieu où cet aéronaute est defeendu t el'e doit être élevée aux frais des habitants de Gurnes.
En parlant de M. Blanchard , il ne faut pas omettre une anecdote infiniment honorable & dont on a peu parlé. La Reine jouoit, lorsqu'elle apprit la première nouve!le du p^flage de l'aéra.
naute. Elle déclara que c'étoit pour lui qu'elle mettoit sur telle carte. La cane gagna une trèsgrosse somme , qui a été délivrée au sieur blanchard.
11 Février. On parle beaucoup d'un arrêt du conseil, figné Louis , contiefigné baron de Breteuil, par lequel, au rapport de M. Foulon , contrôleurgénéral des finances, on décla:e une banqueroute
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générale. Dans cette facétie politique, on anticipe ainsi sur l'événement qu'on annonce comme trèsprochain , puisqu'elle est datée du mois d'avril 1785. Gens digne de foi assurent avoir lu ce prétendu arrêt imprimé. Le gouvernement est indigné d'une telle audace , & l'on cherche à en découvrir l'auteur, l'imprimeur & les distributeurs.
11 Février. Extrait d'une lettre de Londres, du 18 janvier 1785. Vous vous êtes-alarmé mal. à-propos sur le fort de M. le comte de Mirabeau , que nous avons en esset le bonheur de posséder ici. Il n'est point dans le cas de se tuer ; ion génie lui fert de ressources, & jU[lJu'à des temps plus favorables, il peut subsister glorieusement avec ses ouvrages. Il en a fait depuis peu paroître deux.
Dans l'un , il expose ses doutes sur la liberté da l'Escaut réclamée par l'impereur. Sous ce titre modeste , il combat les alertions hardies de Me. Linguet , & le terrasse absolument.
Dans l'autre , on trouve ses. Confidératiens sur l'ordre de Cmcinnatus, qu'on avoit annoncées depuis quelque temps comme premifes à monsieur FMnklm. On y trouve d'autres pieces politiques & philosophiques , qui en forment un Miscellanée très - intéressant.
Les Anglois ne peuvent qu'accueillir avec enthousiasme , & goûter beaucoup les productions de l'auteur du livre des Lettres de cachet & des Détentions illégales.
fcn outre , M. le comte dé Mirabeau a amené avec lui la jolie madame de Nerac, non moins propre de son côté à séduire nos milords & à u.
capu ver.
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J'oubliois de vous ajouter que dans la préfacé de ce dernier volume, l'auteur déclare le qu'il n'a ,, jamais imprimé fous un nom que son pere- „ a rendu difficile à porter. mais qu'il ne „ publiera rien déformais sans l'avouer.„ 11 Février. Le Roi vient de créer dans l'académie des belles - lettres une nouvelle classe fous le titre ci' Associés libres résidants à Paris. Le nombre en est invariablement fixé à huit. Ils peuvent être tirés de tous les rangs de citoyens, sans en excepter les ordres religieux. S. M. pour cette fois seulement, s'en est réservé le choix & a nommé dom Clément, bénédictin de la congrégation de Saint'Maur ; dom poirier , idem ; meilleurs Monges y chanoine régulier de Sainte-Génevieve; Bailly, ;de l'académie francoise & de celle des sciences; j IJarthès, premier médecin de M. le duc d'orléans associé de l'académie des sciences ; Camus, avocat :au parlement; Henin , secretaire du conseil d'état j Sylvestre de sacy, conseiller à la cour des motiinoies. Du reste , à mesure que ces places viendront là vaquer, l'académie procédera pour les remplir dans la forme usitée pour l'election des associés : ordinaires.
L'objet de cet accroiffemenr de membres est de procurer à l'académie des belles - lettres la facuké de s'associer des gens de lettres dont les travaux & les lumières peuvent lui être utiies , & qu'il lui i ctoit difficile d'admettre comme académiciens.
ordinaires ; les uns , parce qu'ils étoient en quelque forte exclus par les règlements ou par l'usage; les autres , parce qu'ils exercent des charges ou des emplois qai ne leur permettent pas d'être assidus aux assemblées > &: d'exercer dans toute leur étendue les devoirs imposes à ha(lue membre de la compagnie,
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ri Fevrier. Le bâtonnier de l'ordre des avocat est allé trouver M. le procureur- général & l'a pric de ne rien requérir contre Me. Polverel, jusqu'à ce que l'ordre eût pris connoissance de l'affaire.
11 Fevrier. Il parcît une troisieme brochure dt parti adverse de M. Necker. Aujourd'hui c'est for ancien bras droit , M. de LeJfart, qu'on met en fcere dans une Lettre à madame NJf>f->f->f->f->f- , la vertueuse compagne du grand homme. Le perfifflage du nouveau pamphlet , plus court de beaucoup que la Lettre du marquis de Caraccioli, fembleroil sortir de la même plume; l'auteur est aussi trèsinftruir des anecdotes de la cour.
M. Lessart reproche à M. Necker, par sa précipitation à publier ion livre , d'avoir détruit tout ce qu'on avoit fait en sa faveur depuis six mois. Il se donnoit une peine infinie pour disposer les choies & préparer son retour. L'abbé de Vermont ctoit le premier agent de la cabale. On remplaçoit M. de Fergennes par l'archevêque de Toulouse ; r. de Miromesnil, par le préiidenr de Lamoignon.
Celui - ci devoit son avancement & à sa manœuvre adroite dans le parlement lorsqu'on a voulu urne." ner en France le sieur de sainte Foy, & à ses déclamations contre les freres du Roi, & alors il n'y auroit plus eu dedifficulté pour renverser le Calonne.
Suit une énumération des divers chejs d'émeute en faveur de monsieur Necker. L'il!uflre Guibe't" tient toujours le premier rang entre les prôneurs académiques. Le maréchal de Castries dirige toutes les caillettes titrées de la cour & les sots importants. On avoit aussi débauché le duc de Choseul.
quelque temps indécis s'il feroit ingrat envers son bienfaiteur qui lui avoit procuré û à propos t¡mme millions , & déterminé par la promesse
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d'un supplément de deux , dont il aura besoin incessamment: ce à quoi n'avoit pas peu contribué la maréchale de Bcawveau , finguliéremcnt eagouée du Nccker.
C'est à cette époque qu'il va montrer ion livre , qu'il en répand douze mille exemplaires dans les provinces méridionales , foyers du prcteftantifme.
On fait sentir que cette distribution illégale pourroit bien allumer le zele du parlements afin de faire mieux connoître la nécessité peut-être ide sévir contre l'ouvrage & contre ton auteur , i on introduit ici Monfmr , & on lui met dans la i bouche un discours plein de nobldfe & de vigueur, adressé au Roi son frere , où i'on développe dan's tout son jour la conduite coupable d'un homme qui , ayant été à la tête des finances, & , redevenu simple particulier, en revele les secrets par une gloriole indiscrete, ose insulter le maître qui l'a renvoyé , par un appel à la nation, & menacet publiquement l'état de là ruine , en annonçant qu'il est lefeul homme capable de l'empêcher.
il Février. Un M. le Barbier le jeune fait auiîî Une réclamation au su jet du drame & Afgtll. îl produit un certificat des comédiens italiens, qü'e cet ouvrage en prose & en cinq ades a été lu à leur comité le 7 août 1783. Au surplus , il fil faut conclure qu'ils n'en ont pas été fort contents, puifqu'ils ne l'ajoutent pas , & que d'ailleuis l'auteur déclare que son drame va bientôt s'imprimer.
Dans le certificat des comédiens italiens on lit avec. étonnement cette phrase : et Nous „ Courcelle & Granger , avons été consultés „ plusieurs fois par ledit sieur le Barbier sur des corrections à Ion ouvrage. ,, Cette énonciation
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est on ne peut pas plus indécente , insolente même , de la part de tels hiftriorrs envers ua homme de lettres.
13 Février Me. polverel a comparu dans une premiere assemblée des députés des bancs , & a péroré pendant une heure & demie. Les avocats, sarigués, ont levé la séance, & l'ont renvoyée au jeudi 10. Il y a eu des voix pour la radiation.
Le parti de la douceur a prévalu , & il a été arrêté feulement qu'il recevroit une vespérie de M. le bâronnier, & feroit interdit pendant un an.
Me Pelverel pourroit en appeller à l'assemblée générale de l'ordre; mais on croit qu'il lè tiendra pour bien jugé. De son côté le parlement a promis de ne point aller en avant.
13 Février. M. le chevalier de la Morliere vient de mourir , sans qu'on apprenne plus de détails sur cet événement. Son inconduite , la dépravation de ses mœurs, & un manque ablolu de principes , ne pouvoientêtre compensés chez lui par ses talents , car il en avoit. Il étoit fort instruit sur l'histoire ; il connoissoit parfaitement bien le « théâtre , mais n'a fait que des ouvrages mauvais ou médiocres, sauf Angola.
1 j Février. L'assemblée des actionnaires de la caisse d'escompte, voulant reconnoître les foins que se font donnés les trois commissaires députés.
chargés de présenter leurs réclamations aa ministre, les a gratifiés chacun d'une médaille d'or.
Du reste , les actions ont un peu baissé depuis la fixation du dividende. Elles le font faites à 7,500 iiv.
13 Février. Le voyage de Figaro en Espagne.
est une brochure d'un gentilhomme francois qui,
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TOS un petit volume , nous en apprend plus fiîf j royaume que de gros in-folio. Tout y est neuf, omme dit l'éditeur; faits, chores, expressions, infées , manière de les rendre. Il feroit à desirer ins doute que l'histoire du monde fût écrite ainsi.
du reste, ce volume doit être suivi d'un feccnd.
14 Février. Entre les bonnes & excellentes :)ix que l'Empereur vient de faire pour ses états n trouve un Règlement concernant l'émigration, e réglement a révolté un philosophe qui a pris A plume, & fous le titre d'un Défenseur du peuple, à joseph H , lui communique ses réflexions.
"1 prouve que l'émigration des arts & des hommes 1e peut jamais être empêchée par la force ; que la mnir est une atrocité infructueuse; que les aureurs de l'émigration ne font pas plus coupables ijue l'artiste & le manufacturier qui portent ailleurs leur talent; que le vrai moyen de conserver ies arts & les hommes , est de leur accorder une entiere liberté. Dans ce difeours , quoique diffus , ■ l'orateur a mis beaucoup de feu & d'énergie. Il apostrophe l'Empereur même ; il le tutoie, mais sans s'écarter du respect du à une tête couronnée: : il le loue sur le plus grand nombre de les institutions ; il lui reconnoît les meilleures vues , r jointes à beaucoup de lumieres; & ce règlement, sans doute, qu'il appelle un Edit d'esclavage, est dans le fage monarque une erreur de son ■ esprit & non de son cœur.
14 Février. Par ses neureufes innovations, Il'Empereur a donné lieu d'éclaitcir une infinité de points auxquels on n'osoit toucher. Voici encore un ouvrage très - utile de ce genre. L'antorité législative de Rome anéantie , ou Exa-rlJen rapide da l'histoire & des sources du droit ¡,an'
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nique, dans lequel on prouve les incertitudes les abus & la nécessité de lui substituer , pour dilcipline de I'église , des loix simples.
Cette dissertation est d'un écri vain très - instruit qui a étudié presque tous les droits & sur-tout droit canonique. Elle est rapide , & dans la ni.
niere des écrits de voltaire sur cette matiee.
mais soutenue d'une érudition plus vraie & no moins amusante, par cet art aimable de présente les choses du côté ridicule, & d'inspirer gaiemen l'horreur peur tant de décidons absurdes & bai bares des papes, des peres & des conciles Il paroît que le philosophe, d'une logiqd très-pressante, s'est principalement proposé d réfuter le jésuite Griffet, qui , dans fan Traité d la loi naturelle , cherchant à prouver par la raifoi l'infaillibilité de l'église , s'est servi d'un fo phiime assez spécieux.
14 Février. On juge par le bousillage de l'arrêt du conseil fictif dont on n'avait encore fait mention que sur parole , qu'il a été imprimé au rouleau; en forte que la quantité d'exemplaile tirés ne peut être confidcrable.
Quoi qu'il en foit , nous en avons un foùî les yeux. Il n'est point daté du mois d'avril, mais du 30 décembre 178 j. Il porte pour titre: Arrêt du conseil d'état du roi, en faveur du dernier emprunt. On n'y a pas employé le nom sacré du Roi ; il n'est point {igné Louis, comme on l'avoir raconté; il n'est que figné baron de Breteuil Ce pamphlet encore très-scandaleux par le ton indécent qui y regne & les injures contre monlieur de Calonne , a été envoyé anonymement à beaucoup de gens de la cour. On ne doute pas qu'il ne foit le fruit d'un complot pour supplanter se ministre actuel des finances.
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On veut que l'abbé de Ferment qu'on suppose li être oppose, ayant reçu un paquet de cette spece par la poste à Versailles , ait affecté de le .nvoyer à M. d'Oigny , se doutant que cet intentant des polies feioit obligé de le mettre fous Jes eux du Roi ; ce qu'il a fait. On ne dit point que e pamphlet ait produit l'effet désiré en indif- posant S. M. contre M. de Calonne. On assure Il contraire qu'elle en a été indignée , & a chargé M. le Noir de remonter à la source d'une pareille méchanceté.
Ce magistrat a promis de faire tout ce qu'il )ourroit , nuis en même temps a repréienté an monarque que le libelle ayant été imprimé au rouleau, y ayant une quantité d'imprimeries de :ette espece chez les grands seigneurs à Versailles, & peut être jusques dans le palais de S M.; imprimeries qu'il étoit impoihbie d'empêcher & de découvrir: il regardoit la chose comme presque impossible, à moins qu'un heureux hasard ne vînt à son secours.
L'objet du prétendu arrêt du conseil n'est pas non plus une banqueroute générale , mais une réduélion des intérêts & des bénéfices de 'l'emprunt.
14 Février. On peut se ressouvenir d'un certain Brisset de Warville, qui avoit répandu le ProfpritUJ d'un lycée françois qu'il vouloit établir à iLondres. Il paroît que cet intrigant s'est servi de i ce prérexte pour escroquer l'argent de plusieurs souscripteurs, & entr'autres d'un qui l'attaque en ; cr. moment pardjvanr les tribunaux de Londres.
C'est ce que lui reproche amé/ement le rédacteur d,u Courier de l'Europe da; s son N. 9, du mardi l février, qui parle aussi des menées souteraines
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de ce prétendu secretaire perpétuel d'un établissement oui n'a jamais existé. On juge encore par uoe diatribe du N précèdent contre ce même homme , que le sieur Pilâtre de T<oz.ter a été aussi sa dupe pendant Ion séjour à Londres , & a eu lieu de Te repentir de s'être confié à un pareil introducteur en Angleterre.
15 Février. Il raroît confiant que l'ouvrage de M. Necher a été dénoncé aux états de Bretagne le mardi 2.5 janvier car quelques membres de la noblesse, en ce qui pourroit concerner & intéresser lenrs privilèges; que sur cette dénonciation les états ort chargé M. de la Bourdonnaye, procureur-général- syndic, d'examiner ce livre & d'en rendre compte incessamment; qu'il s'est acquitté sur le champ de cet examen , & en a fait son rapport le 17 jnnvier. Sur quoi les états ont résolu de dénoncer au parlement le livre ayant pour titre: De l'administration des finances de France, par M. Netker , sans nom d'imprimeur , & d'en demender la suppression comme attaquant la franchise de :a province , & tendant à répandre l'alarme dans l'esprit d'un peuple libre.
En effet, M. de Caradeuc, fils de M. de la Cha.
lNais. en sa qualité de procureur- général, a fait aux chambres assemblées un réquisitoire contre ce livre , où il en a demandé la suppression & condamnation avec qualifications : (v. ayant été imprimé & distribué en contravention aux règlements de la librairie ; t. Q. comme détruitant les privilèges des provinces & révélant sans nécessité les opérat ions de l'administration & les secrets de l'état ; 3 enfin en ce qu'il prévient le feigneuc Roi contre ses fideles serviteurs , & détourne S. M. de les récompenser comme au pâlie par des
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nlions. On n'apprend pas que le parlement ait - cueilli cette dénonciation avec beaucoup de laleur ; il a feulement nommé pour la forme :s commissaires qui ne doivent rendre compte ? l'examen de l'ouvrage que dans un temps ttcs.
oigné, on dit même en 1789 : ce qui semblé une trision.
15 Février. On voyoit ces jours" derniers au usée du sieur Pilatre de Rozier , un bulletin oà ¡}n apprenoit que le vent avoit beaucoup dérange '0 appareils avoit été à la veille debrifer Ton ballon, ue par une balourdilé plus fàcheuse un ouvrier, en ûsant jouer une manœuvre, avoit ouvert la sou;ipe , & que tout le gaz s'écoit évaporé ; qu'en con- : quence il avoit demandé de nouveaux ordres.
Depuis il s'est répandu parmi les disciples un - ruit lourd , que le sieur Pilâtre étoit venu [ecré.
ment en personne conferer avec le ministre dont avoir été très - mal accueilli , que l'on n'avoit eu aucun égard à ses sollicitations, & qu'on lui avoit t pondu séchement qu'il falloit qu'il tînt les engagements pris , qu'il étoit aiTez bien payé pour cela; que cependant depuis, pour compenser certe ureté , on lui avoit remis un paquet cacheté otir n'ètre ouvert qu'à Londres, quand il s'y feraendu. par les airs. On veut que dans ce paquet il ait le cordon noir & un brevet qui convertit t i pension de 2,000 livres en une pension de' ,,000 liv.
Cet intrigant est reparti avec cette consolation, t travaille à avoir du gaz de tous les côtés.
16 Février. Il paroît un Recueil des pieces tdatives à la fixation du dividende des actions de et caisse d'escompte. Il contient ce qui s'est paffé , tfftjues & compris la. délibération du 16 janvier.
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On y trouve , ic. les différentes délibérations de actionnaires sur les difficultés relatives à la fixatioi des dividendes ; 2. Q. les mémoires & requête présentés à ce sujet ; 30. les arrêts du conseil de 1 tf & 14 janvier dernier; 4°, la lettre de M.L contrôleur- général, à qui une députation a su le champ porté les témoignages de la plus vivi reconnoissance, qui lui ont été décernés unani mement par l'assemblée.
Les membres de l'opposition se plaignent sors de ce récit, où tous les faits font tronqués & altérés suivant eux , où la plus baffe adulatior donne continuellement des entorses à la vérité 16 Février. Voici l'arrêt du conseil fictif, qui est à conserver comme piece originale & qui pourroit quelque jour embarrasser la postérité , si l'on n'en suivoit la filiation.
Le Roi s'étant fait représenter en son conseil l'édit de décembre 1784, portant création d'un emprunt de izf millions ; & s'étant fait en même temps rendre compte de tout ce qui concerne les plaintes qui se font élevées de la part des banquiers de sa bonne ville de Paris , de ceux de Lyon , & même des pays étrangers, contre ladiftribution dudit emprunt, sa majeflé a reconnu que les abus dont on ie plaint, résultent de la nature de l'emprunt & des qualités de ses auteurs & agents ; que pendant plus de quinze mois le trélor royal a été en proie à la cupidité de deux hommes , dont l'un y a dilapidé plus de 80 millions, & l'autre joueur factieux dans les fonds publics, & trois fois banqueroutier, étü:,t chargé par le premier de la direction des finances & du jeu des fonds. S. M. est restee à cet égard dans une ignorance presque invincible des désordres
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désordres de cette scandaleuse association, parce que d'une part le chef calculant dès les premiers jours de Ton ministere tout ce qu'il pourroit s'y permettre , avoit commencé par supprimer de fait le comité des finances ; & d'autre part le silence & les flatteries des courtisans (éduits pat ses formes foi - disant agréables, ofrcoient sans cesse les apparences de la confiance des peuples: c'est ainsi que s'est opérée la surprise faire à S. M.
sur le dernier emprunt, dont l'édit n'a été préfenté & certifié que sur le taux d'intérêc à six trois quarts; tandis que si l'intérêt de 115 millions [pour vingt-cinq ans à cinq pour cent donne 81 millions , les 12,5 que coûtera l'emprunt, donne donc plus de sept & demi. Mais en le foumettant à un calcul plus précis, il est démontré qu'à raison de 750,000 liv. données dès la premiere année pir accroissement de l'intérêt légitime , le principal exifUnt au trésor royal , n'est plus réellement la féconde année que de 115», 150,000 livres, & cependant l'intérêt feroit payé sur 110 millions , indépendamment de raccroiffement A la troisieme année le capital ne seroit plus que de 113,462,500 liv. & ainsi de dégradation en dégradation feulement du capital; à la dix- huitième année, au lieu d'être de 40 millions, il fera réduit à 5,907,143 livres, pour lesquels on paiera 4 millions d'intérêts ; & à la dix - neuvième année , tout capital étant totalement absorbé, il faudroit un nouvel emprunt de plus de 15 millions pour acquitter les seuls intérêts & accroissements des six dernieres années; ce qui porteroit l'emprunt à plus de dix pour cent, intérêt d'autant plus illégal que cet emprunt n'exige de la part des prêteurs, ni l'alié-
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nation de leurs fonds , comme dans les rentes perpétuelles , ni leur anéantissement, comme dans les rentes viageres; il n'oblige pas de jouer comme dans les loteries; il ne met pas dans le cas de recevoir des remboursements morcelés comme dans les annuités ; il conferve au propriétaire de la mise ion capitail entier & lui affure la rentrée dans l'espace de vingt-cinq ans.
Une telle opération , loin de prouver le crédit public , n'annonce donc au contraire que la détresse effrayante des finances. D'ailleurs les baffes menées des agioteurs J l'empressement des propres agents du tiefor royal , loin d'être des témoignages éclatants d'une juste confiance, n'ont été que dlo.s actes indécents d'une avidité punissable : on a vendu des préférences , agioté des agréments de soumissions , on a gratifié des favoris , prodigué aux amis , & tandis qu'on manquoit à des engagements formels envers les maisons de banque les plus recommandables , & au_ devoir envers le public pour qui la distribution de millions dans l'emprunt étoit annoncée, & à qui, par d'indignes manœuvres, on n'a pas lailTé le temps d'en retirer le tiers, on osoit foi-* même spéculer sur l'excédant mis en réserve pour s'approprier le profit de sa revente. S. M. [e propose d'approfondir des délits qui méritent toute son attention , & toute la vengeance des loix. Quant à présent, toujours jalouse de remplir ses engagements envers ses peuples , elle en renouvelle le ferment ; mais leur intérêt même exige qu'elle explique ce qu'en pareille cireonftance elle doit fidèlement exécuter , & ce qu'elle ne peut légalement maintenir. Considérant en conséquence que l'exécution littérale du dernier em
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prant n'intéresse véritablement qu'une troup e "d'JgÍüteu[s, d'usuriers & de banqueroutiers , mais qu'elle grève ses peuples; qu'en augmentant la' 4rre elle accroît la nécessité de l'impôt, & rend incurable la plaie de l'état, en le mettant dans la dépendance absolue des marchands d'argent s déformais accoutumés aux gains les plus usuraires; & voulant y pourvoir : oui le rapport du sieur Foulon, conseiller d'état & ordinaire au confeii de' commerce , contrôleur- général des Finances, le Roi étant ion confei l , a ordonné & ordonne qu'à compter du premier janvier 1786 , les intérêts des 119,250,000 livres restant du capital de l'emprunt de 1784, ne feront payés à l'avenir qu'à raison de cinq pour cent sans retenue : les remboarfements annuels indiqués continuant d'avoir lieu aux termes de l'édit, qui fera au surplus exécuté félon sa forme & teneur, tant que des circonftanees impérieuses n'obligeront pas d'y déroger. Fait au confeii d'état du Roi , S. M. y étant , tenu à Versailles , le 30 décembre mil ièpt cent quatre - vingt - cinq.
, Signé, le baron de Breteuil.
17 Février. On voit ici une médaille allégorique, relative à la guerre , dont l'idée est plus sérieuse & plus noble que - la caricature dont on a parlé.Cette médaille représente la Hollande fous la figure d'une femme , qui renverse une urne remplie d'eau , sur laquelle est gravé le mot latinrScaldis ( l'Escaut. ) L'eau fort avec impétuosité de cette urne & inonde les environs : la femme elle-même -fe trouve avoir les pieds dans l'eau.
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l'on voit d'ans l'air , au milieu d'un nuage épais, un double aigle qui tient la foudre dans ses ferres. Au bas se trouve une ancre unie aux armes de deux puissants monarques. Au haut » l'œil de la Providence entouré de rayons , avec cette inscription : vivit Deus patri¿¿ Pater ptimus.
Dans cette composition simple, vraie & ingénieuse, on ne trouve que l'œil de la Providence de trop. Au surplus, il annonce le caractere religieux de Ion auteur , M. Holtzhey , graveur ollandois , renommé & zélé patriote. Cet ouvrage est digne de nos Roëttiers & de nos Duviviers.
17 Février. On assure que le procureur- général du parlement de Bordeaux , d'après le mémoire des négociants de cette ville , a fait en effet un réquisitoire aux chambres assemblées contre l'arrêt du conseil du yo août, qui blesse si étrangement le commerce maritime de France , l$ç qu'en conséquence cette cour a écrit une lettre au Roi , qui a produit assez d'effet pour déterminer à revoir l'affaire au conseil & discuter les plaintes des différents ports.
17 Février. On parle beaucoup d'une espece de concours qu'il y a eu chez madame Duboccage entre différents rolitiques, savants , gens de lettres qui composent le bureau d'esprit que tient cette vieille minerve, toujours aimable. Il étoit queG tion du livre de M. Necker qu'on a mis sur le bureau. L'abbé de Mably l'a pris, l'a discuté & pulvérisé d'un bout à l'autre , de manière à laisser sans réplique les nombreux enthousiastes de l'auteur.
f 7 Février. M. Desforges, poëte presque n.
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moins infatigable à fournir des pieces aux Iti-t liens, que ceux-ci le font à les jouer, leur a fait exécuter encore avant- hier un ouvrage 3e se façon. C'est une production de grande maniere, une piece en cinq aétes & en vers, une comédie de caraétere : la Femme jalouse. Quoique l'annonre ne foit pas parfaitement bien remplie , que ce foit un drame plutôt qu'une comédie, où il y ait plus à pleurer qu'à rire, la Femme jalouse a eu un plein succès & le mérite. On y reviendra , lorsqu'elle fera débarrassée de quelques longueurs qu'il faut élaguer.
17 Février. Entre tous les clubs formés depuis quelque temps , quelques-uns étolent devenus devrais tripots où se cantonnoient les joueurs, & il s'y faisoit des parties énormes. La vigilance de la police s'est éveillée à cet égard , & il est - venu dans tous défenses de jouer aux jeux de cartes , de dez à chances inégales, -au billard , & même aui jesx de société.
18 Février. Quoique le ministere ne se soucie pal infiniment que les observations des négociant de Bordeaux, annoncées, foieot connues du public, en ce qu'on y releve les erreurs dans lesquelles il s'est laissé trop légèrement induire par les colons, puissants par eux mêmes, ou alliés aux familles puissantes de la cour , il ne peut qu'en empêcher la vente publique. Il nous en est tombé fous la main un exemplaire.
Dans ce mémoire, infiniment cher, très-bien déduit & d'un ràisonnement invincible , si lies bases qu'on y établit font certaines , il est prouvé, après avoir rendu justice à la pureté d'intention quia présidé à l'arrêt du confeildu 30 aOÛt 1784, contre lequel oh réclame : 1
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1°. Que l'état aauel des choses dépose hautement contre le besoin de la loi dont il s'agit & qu'il en atteste le danger.
te. Qac quand on fuppoferoit contre l'évidence de cet état des choies , la nécessité d'admettre le concours des étrangers avec nous dans quelques-unes des branches du commerce des colonies, l'établissement des entrepôts indiques rendroit infruttueufes toutes les précautions qu'on a cru devoir prendre contre l'exienfîon fiauduleufe du commerce permis aux étrangers.
3 o. Que le prétexte de la loi n'est vraiment qu'une méprise , puisqu'on peut démontrer que le commerce de la métropole a tous les moyens , , toutes les ressources nécecaires pour remplir tous les objets pour lesquels on croit devoir appeller le commerce des étrangers.
- 4°. Enfin , que la loi doit être révoquée , p.irrç qu'elle eil: pernicieuse fous tous les rappc-its , qu'en détruisant le commerce maritime de la France, Ton induCtrie, sa culture & sa population, elle ne pourroit que nuire à la fureté , à la profférité des colonies elles-mêmes.
18 Février. Voici encore un livre dans les principes des économistes, & qui ne peut provenir eue de quelque écrivain de la Cede. C'cfc le Roi voyageur, ou Examen des abus de l'administratien de la Lydie. Il est ai e de juger au titre , Se du cadre & du fond de l'ouvrage. On conçoit que c'est une allégorie continue , & que la Lydie n'est autre chose que la France. Quoiqu'il n'y ait rien d'absolument neuf, comme il contient d'excellentes idées , on ne sauroit trop les répéter. D'ailleurs cette mariere de rrettre la morale & la.
politique en attiou, en faifaut éprouver, succes-
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sivement au jeune monarque des aventures qui amenent naturellement les axiomes de la science & les rendent plus sensibles, est le moyen sur de faire germer tôr ou tard ces vérités , à force de les répandre & de les faire lire.
Le Roi voyageur est divisé en trente chapitres, la plupart très-courts. Dans quelques-uns on trouve des vues moins rebattues , même neuves.
Tels font les chapitres sur les loix criminelles, sur les académies , les rosieres , les soldats, sur les évêques administrateurs , sur les dernieres réformes de l'empereur. Il en est audi de trèspiquants, où l'auteur offre des tableaux pleins de vérité & d'énergie , qui ne peuvent manquer de faire impression & d'inspirer au prince le désir de remédier à des maux aussi affligeants on aussi révoltants.
A la fin font quelques notes qui développent davantage le texte. On juge par une , que l'écrivain est un enthousiaste de M. de Morfontaine , prévôt des marchands actuel, & ci-dtvant intendant de Soissons. Il en fait un éloge outré , & qui tienc trop de l'adulation.
Le style en est noble, doux , insinuant, & ne manque pas de force quand il le faut.
i 8 Février. Le mandement de M, l'archevêque de Paris pour permettre l'usage des œufs dans le carême , étant d'usage & de style en quelque forte , n'avoit pas d'abord attiré la curiosité; mais il devient très-recherché aujourd'hui qu'on est instruit qu'il contient des détails très-intéressants sur différentes choses , telles que les courtisànes , les mauvais livres , les spectacles des boulevards , le Mariage de Figaro désigné à ne pouvoir s'y méprendre , enfin la nouvelle édition
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de voltaire, à l'introduélion de laquelle il déclare avoir été spécialement chargé de s'opposer par la derniere assemblée du clergé.
19 Février. Le sieur panchault fait paroître une justification imprimée. Elle vient un peu tard , puifqu'elle n'est datée que du 14 de ce mois. Il l'appelle: un mot de Réponse au mot de l'énigme & autres libelles. Or il y établit : iç. Qu'il n'avoit parié que mille dividendes évalués à 185 livres chacun , & non quarante mille.
29. Qu'il fit ce pari le 30 septembre , époque eu l'incertitude des [bénéfices durant le fecond trimestre pouvoit le rendre igal de chaque côté.
3q. Que dès que l'arrêt du conseil du 16 janvier, qui rendoit son pari sur, fut connu , c'est - à - dire, le 19 , il résolut d'offrir d'annuller le pari. Ce qai fut fait le n & figné le 13.
M. panchault rapporte pour pieces justificatives : 10. Le certificat du sieur Roux de la Corbiere, courtier de change , chargé de la négociation du marché & de son annihilation. Il est daté du 30 janvier.
1°. Le marché fait entre les lieurs Lltval & Wilfesheim pour la vente de mille dividendes.
3°. L'annullation du marché.
On ne trouve point le sieur Panchault pleinement justifié par cet exposé.
1°. L'on voit bien qu'il n'auroit gagné sans bourse délier que 35,000 livres, au lieu de quelques millions : mais à qui la faute ? C'est que vraisemblablement il n'a pas rencontré plus de dupes.
le. Pourquoi ses adyerfaires se présèntant en
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nom, pour^uoi cachoit-il le sien , & vouloit-il iefter .inconnu. jusqu'après le paiement du pari?
-On en conclut assez naturellement que le paei ayant, eu lieu le 30 [eprembre, époque où les liaisons avec le ministere étoient déjà connues; le sieur panchault craignoit que personne ne voulût parier contre lui.
3 e. Pourquoi a-t-il attendu la fin de l'assembl du 19 pour proposer d'annuller le pari ? Pourquoi a-t-il souffert que Ces adversaires remiflent cette piece aux mains des commissaires ? C'est qu'il avoit sans doute l'espoir jusques - là de pouvoir les forcer à tenir leur engagement, & qu'il ne s'en est désisté que lorsqu'il a fenri le scandale qui en alloit résulter à Versailles & a vu les difposissons de M. de Calonne changées à Ton égard.
Au surplus M. panchault, qui s'élève beaucoup contre les libelles , n' ignore pas l'usagé de s'en servir au besoin , & tout le monde lui attribue plusieurs pamphlets lâchés ainsî dans le temps contre M. Necker tels que la lettre d'un Liégeois, où le directeur des finances est , sinon calomnié.
au moins injurié, maltraité. vilipendé.
19 Février. Extrait d'une lettre de Besancon , du 8 février. Je n'entends plus parler du procès du pere Césaire , accusé de pédérastie, dont vous me demandez des nouvèlles. Comme il s'est en quelque forte }ugé & condamné luimême par son évasion, il y a grande apparence que l'affaire restera-là , par le danger de trop éclairer le public sur ces horreurs secretes. Nous ne sommes pas en province aussi familiarises avec le vice de la S. que vous l'êtes à la cour & à Paris. Quel scandale , quand on y songe, de voir un vieillard , un religieux, an provincial
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de son ordre , un prédicateur, obligé de se defendre d'une telle accusation I Au reste , le B*****'
dt à Rome, dit - on , dans le centre de ces « messieurs.
Au moyen de sa fuite, le pere Césaire ne pourra- t pas prfider à l'édition des fermons de fin cousin & confrere le pere Elysée , qu'on fait actuelle- ment. La défroque de celui-ci, comme vou i savez, avoit occasionné un grand procès entre les carmes déchaussés de Paris , & ceux de- Franche. Comté. Les derniers appuyoient ;eu"r droir sur ce que le défunt étoit de la province tles premiers sur ce qu'il s'étoir en quelque forcenacuralifé parmi eux , en y féjournanc pendant tout Je temps de sa célébrité. Enfin on est convenu de partager en bons freres , ces dépouiles considérables pour un moine, sur-tout à railon de Ix bibliotheque.
Un autre différend s'éto;t élevé au sujet des fermons, que l'archevêque de Besançon vouloit approuver comme les œuvres d'une de ses ouailles.
Les chefs de l'ordre ont soutenu que n'étant point soumis à l'ordinaire , ils ne dévoient point ctt-r déférene au prélat, & je crois qu'ils l'ont emporté. Ainsi rien ne s'oppose plus à la publicité de ces fermons que vous aurez incedammenr.
10 Février. Vendredi matin à onze heures, il a été presenté à la grand'chambre & tournelle assemblées des lettres - patentes, par lesquelles le Roi fr.it don à la Reine de 6 millions provenant de 'a vente du Château - Trompette à Bordeaux, Quelques-uns de messieurs ont prétendu que l'affaire devoit être portée aux chambres assemblées.
On est allé aux voix. Seize ont été pour enrégdlc-r sur le champ purement & simplement; quatou.?:
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contre. En forte que l'enrégistrement a eu lieu.
Par ces lettres-patentes, la Reine est autorisée à faire de ces 6 millions tel emploi qu'elle voudra, pour jouir en toute propriété & disposer comme bon lui semblera des terres & acquisitions qu'elle en voudra faire. Tout cela est radicalement nul, comme contraire aux loix , & messieurs des enquêtes font furieux de la précipitation des meilleurs de grand'chambre.
20 Février. Hier l'académie royale de musique a donné uo concert de bénéfice pour les enfants aveugles - nés, dont l'école gratuite s'est ouverte en même temps par M. Haiiy, leur infiituteur.
On avoir choisi pour ce fpeétacle la nouvelle salle du concert spirituel , qu'on a trouvée moins nue que la premiere fois , mais toujours triftc, laIe, enfumée & sur-tout très- sourde.
Mesdames de l'académie-, les premieres pour la déclamation , le chant & la danle , formoienr un ceintre sur l'avant - scene du théâtre & présidoient, comme de rai son , à la fête : au milieu d'elles étoit le pupitre où venoient exécuter les solo ou autres coryphées.
Au bas on avoit formé une enceinte , où l'on avoit placé les enfants aveugles des deux sexes, au nombre d'une quinzaine: pour ne point effrayer les dames, ils avoient tous sur les yeux des bandeaux noirs, verds, &c.
L'académie royale de musique avoit voulu tont tirer de son propre fond, & en conséquence avoit refusé les virtuoses étrangers qui s'étoient pré*fentés pour ce concert ; en forte qu'il n'a pas été brillant dans la partie instrumentale.
Quant au chant, on a exécuté un duo, un Irio) un quatuor & un quinque.
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Le duo étoit celui du Barbier de séville) par Paésiello, & le public en a été si enchanté qu'il l'a fait répéter.
L'ô Salutaris, motet du sieur Gossec , a été exécuté par les lieurs Rousseau, Lais & Cheron, & ce trio déjà très-connu, n'a pas fait moins de plaisir.
Un hymne relatif à la circonstance & en vers François , dont l'auteur est resté anonyme , mis en musique par les aveugles mêmes , a donné lieu au quatuor, dans lequel , outre les trois chanteurs ci - deuus, est intervenue Mlle. Ga.
'Vaud,;;a, cadetté. Ce mo-ceau neuf ne vaut pas l'autre. L'harmonie des chœurs en a paru trop bruyante, & trop dure dans l'exécution.
On a terminé par la finale très-répétée de l'Inconnue persécutée : Mlle. Maillard , jointe aux quatre sujets ci - dessus , a exécuté ce quinque.
Le concert fini, M. Haüy s'ed présenté , & a été. reçu avec des applaudissements universêls ; on eût désiré que M. l'abbé de l'Epée , l'instituteur des sourds & muets , préftnt à ce (peébcle) mais à qui la modestie faisiit garder l'incognito, eût été offert aulli aux regards & à l'admirarioa du public.
Quoi qu'il en soit, tous les instruments gc ustensiles nécessaires apportés & préparés , le sieur le Sutur, aveugle- né , s'est mis devant un bureau , & a fait les exercices , auxquels (on maître l'a formé depuis le mois de juin dernier.
1 Q. M. Hauy a présenté un livre aux spectateuis les plus voisins, & les a priés de déligner h phrase qu'ils voudroienr, à lire par son éleve.
Ce premier exercice n'a pas réurli : après trois
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mots, l'indituteur a dit que le jeune homme se troubloit.
zl. On a passé à l'arithmétique. Plusieurs personnes ont successivement désigné des fra&ions d'especes différentes , que le sieur le Sueur a rassemblées , décomposes & réduites fous un même dénominateur allez promptcment & sans se tromper.
3°. Les sieurs Rousseau, Lais & Cheron, avec des caracteres de musique qu'on leur a présentés, ont sur le champ compolé un air , dont il a déchiffré successivement chaque note & sa valeur, 40. On a mis devant le sieur le sueur plusieurs cartes de géographie , en lui difanr quelle partie du monde chacune conrenoit & , suivant qu'on lui a demandé , il a désigné le villes principales, les rivieres, leur position respective.
5°. Ayant rassemblé à sa portée tout ce qui étoit nécessaire pour imprimer, il a montré son talent typographique, & il est forti de dessous la presse une phrase de sa composition , qui étoit vive le Roi , vive la Reine, vive la famille royale.
6°. Enfin , il a donné lui-même leçon à ses petits camarades , qui font venus se ranger autour de la table, chacun son livre à la main. Il a commencé par un petit difeours qu'on lui avoit composé sans doute, mais qu'il a récité comme de lui même avec beaucoup de netteté & de gtace. Cette premiere leçon rou'oit sur les éléments de la lecture.
Un éleve s'est levé & a demandé la libené de faire une objedion , que le petit-maître a résolue.
On ne cesToit d'encourager le sieur le Sueur
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par des battements de mains. multipliés , & à chaque succès qu'il avoit , on voyoit la joie se jeirdre sur la physionomie.
Cette scene intéressante a été terminée par deux pièces de vers qu'on a lues : l'une , d'une certaine étendue, où l'on faisoit parler les élevés aveugles - nés, & remercier le public ; l'autre, uti Impromptu plus court , où l'on exaltoit la bienfaisance de MM. de l'académie royale de musique.
21 Février. Le mandement de M. l'archevêque de Paris elt fort long , & l'on assure qu'il l'a composé lui - même avec les faiseurs , ainsi que le premier qui étoit plus dans son genre. Il commence par ft- féliciter du succès de celui - ci. et Plusieurs „ des pasteurs l'ont assuré que les folemnités faintes „ avoient été plus fréquentées, & que les tribu,, naux de la réconciliation avoient été environnés ,, d'un plus grand nombre de pénitents, ,, Mais cette consolation est bien légère , quand le prélat fonge à la plaie générale qui afflige son église: de-là une peinture effrayante des desordres de la capitale. I!s les attribue piincipalement aux mauvais livres qui , malgré les précautions de M. le garde - des - keaux, se répandent avec plus de profusion que jamais. « On ose étaler & vendre publiquement les tableaux & les estampes les ,, plus contraires à l'honnêteté publique : les ,, vcftibules des palais en font couverts , les por„ tiques mêmes de nos temples ne font pas ,, respectés.,, Il palle aux spectacles. "Le théâtre françois y, même, qui s'étoit fait une loi de la décence, n a t-il pas tcntéde secouer les restes d'honnêteté ,, qu'il avoit conleiyés, & d'introduire sur la
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;, scene une licence de principes inconnue à nos peres ? »
L'orateur n'oublie pas ces spectacles forains de tome espèce ; seminaires où l'enfance se corrompe presque en sortant du berceau , où l'artisan vient consumer en peu d'heures le fruit de (on travail & la subsistance de sa famille ; pépinières où se multiplient ces prostituées dont le nombre tk l'audace s'accroiffenc de plus en plus.
Le libertinage des colleges fait l'objet d'un paragraphe entier : des pets , des meres alarmés font venus déposer leurs inquiétudes dans le fein du prélat ; des instituteurs publics luiont demandé par quel moyen sauver les mœurs de leurs disciples.
L'orateur en vient à l'édition de Voltaire: .e Ce recueil immense de tous les écrits de cet „ homme fameux, qui devoir être, par la fupé„ riorité de son génie , la Iumiere & la gloire „ de son siecle, & par l'abus de ses talents est ,, devenu le fléau de la religion & des mœurs ; ,, cette entreprise si redoutée, non - feulement ,, des ames pieuses, mais de toutes celles qui y, conservent encore du respect pour l'honnêteté, „ ce monument de scandale - décoré de tous les n ornements de l'art, & multiplié fous toutes „ les formes possibles , pour le faire circuler plus „ facilement dans toutes les mains; cette œuvre ,, préparée dans ur.e terre étrangère , car !a.
,, France n'a pas voulu qu'elle fut exécutée dans j, son enceinte ; cette œuvre de ténebrts est donc j, bientôt consommée. Il ajoute: ,, Nous vous devons à deux titres, nos trèsIl chers freres , cette léclanution solemnelle , Se J) comme vocte pasteur, & comme le dérolltaiI¡:
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)t & l'intérprete des alarmes de la derniere afj, femblée du c!ergé de France, qui nous a chargés ,, spécialement de continuer après sa réparation , ,, les efforts qu'elle avoit commencés, pour pré- ,, ferver les mœurs de cette calamité.,, L'archcvéque déclare qu'il pourroit ici faire tonner les foudres de l'église ; mais après ce quos ego. il se calme , il enrifage des jours plus heureux, & finit par permettre de manger des et tifs.
Bien des ecclésiastiques, amis de la paix , ne font pas contents de ce mandement, qu'ils regardent comme rempli de déclamations de rhéteur , & ne ressemblant nullement à ceux de M. de Noailles.
Quoi qu'il en foit, à n'envisager l'ouvrage que comme littéraire , il est oratoire, plein 4e mouvement , & écrit avec autant de force que d'élégance.
n Février. L'invention du monstre fabuleux, annoncé il y a quelques mois , paroît rester toute entiere à onjieNr. Quant à l'allégorie qu'on y foupcornoit , S. A. R. n'a pas jugé à propos de la révéler. Un faiseur de pamphlets a profité de cette anecdote pour en supposer un à sa maniere, dans une brochure qu'il a intitulée : Description hijlorique d'un monstre symbolique, & connu vulgairement fous le nom de LA HARPIE. Il l'applique au contrô!eur - général actuel des finances. Cette satire est Ci gauche, si plate & si bête , qu'elle ne produit que de l'indignation ou du dégoût ; le style est proportionné au ton des interlocuteurs qui font des laquais. Ce qu'il dit sur la pièce de Figaro & sur son auteur , est plus juste : quant au docteur Mesmer., il veut l'envelopper aussi dans sa diatribe , mais sans sel & sans esprit.
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il Février. On observe dans la Femme jaseuse, quatre caraaeres bien prononcés, très- diftinéts, & même tout-à - fait opposés: celui d'une époure lui , par un excès d'attachement, fait le toutment le son mari & de tout ce qui l'environne. Le nari, dont l'amour prenant une autre teinte , n'ose la contrarier & par foiblesse tolere tous les excès , toutes les fureurs de sa femme. Un • ami , dont la ftrmeté releve & fait sortir singuliérement la molle complaisance du mari, & qui , par cette qualité même, ramene la jalouse & la corrige. Enfin , une jeune personne , fille des deux époux , d'une naïveté tout-à - fait aimable, & jetant dans la piece le feu! piquant, la feule gaieté dont elle est susceptible. Les autres ; personnages. font, l'amant de la jeune personne, une soubrette & un valet, amoureux épifodigues, hors - d'œuvre froid qui rallentit l'adion : im iancien domestique de confiance , pere de la :premiere: voilà les divers adteurs. Voici maintenant en bref le sujet.
La Femme jalouse dans un de ses accès de défiance ouvre le secretaire de son mari ; elle y trouve ure boîte, dans laquelle est caché le portrait d'une véritable beauté : il arrive que le portrait ressemble fort à une inconnue que le mari fait Tenir de province & qui, grâces à des contre-temps ménagés par le poëte , ne peut échapper aux recherches , aux regards & aux questions de sa rivale furieuse , croyant du moins en avoir une en la jeune personne. Point du tout , c'est ure fille de Dorfan , nom de l'époux ; elle est le fruit d'un mariage clandestin , que ses parents n'ont jamais voulu ratifier, & qui a dû rester caché pour sa femme, exigeant comme un préalable essentis
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qu'il ne fut ni pere, ni veuf, ni n'eût même d'autres passions : bizarrerie assez adroitement m nagée par le poëte, afin de mieux annoncer caraétere extraordinaire de la Jalouse & de bif rétablir; .car au fond sa jalousie est motivée 1.
très- raisonnable depuis l'ouverture du fecretair Cette premiere démarche d'une curiosîté indi crete & malhonnête, est le seul trait qui déce véritablement le germe de la passion dont elle e dévorée.
Il résulte du fond de la piece, que la mora!it concerne également le mari & la femme ; - que elle ouvre les yeux de celle-ci sur l'injustice d ses soupçons, elle apprend à l'autre à ne poin tromper une amante foible & crédule qui s'en rap porte à sa parole. Le succès de cet .ouvrage doit s'attribuer prin cipalement aux caraderes extrêmement bien (outenus & contrastés, à la peinture énergique des in.
quiétudes , des angoisses s des tourments, des horreurs de la jalousie ; à sa conduite ingénieuse & fertile en situations attachantes ; enfin au dialogue naturel femé de vers heureux , où l'on fent, même dans les morceaux de force, le langage de la passion, & l'on admire des tirades d'une éloquence déchirante.
La femme jalouse , de beaucoup fupériegre à Tom - Jones du même auteur, confirme an talent réel, & ne feroit point déplacée sur le théâtre françois , où certainementelle n'auroit pas été mieux jouée. Madame verteuil , le sieur Granger , le sieur Courcelle & la demoiselle Carline rendent le< quatre premiers rôles de maniéré à étonner & satisfaire les connoisseurs les plus difficiles.
2 2, Fivrier. On étoit inquiet de M. Dombey <
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'médecin botaniste, dont on a dans le temps annoncé le départ pour le Pérou fous le ministere de M. Turgot; ce qui prouve une absence de près jJe dix ans. On a su enfin qu'il en étoit » reparti le 14 avril 1784; qu'il étoide 15 juin vers 60 degrés de latitude, & après avoir eu beaucoup de jpeine à doubler le cap Horn , avoit été trop heureux de relâcher à Rio-Janeiro, où il écoit arrivé ,le 14 août. Son bâtiment en très-mauvais état devoit s'y réparer , l'équipage fatigué & épuisé s'y refaire, & il n'espéroit s'y rembarquer qu'au 'mois de janvier de cette année. Son projet- est d'aborder à Cadix. Il rapporte avec lui foixante: treize caisses remplies de curiosîtés naturelles.
xj. Février. Les nouvelles remontrancesdu Farlement au [njec de l'affaire des Quinze-vingts & ¡<lu grand-aumônier , ont été portées au Roi le dimanche 13 de ce mois à l'heure & de la mai niere indiquée par sa majesté. Elle a répondu, suivant l'usage , qu'elle les feroit examiner dans son conseil.
23 Février. L'arrêt du conseil concernant -la congrégation de Saint-Maur , dénonr é dans le mois dernier au parlement & qui dcvoit être un des objets de ses remontrances, est du S janvier 1785 , & n'est connu du public que depuis peu.
Sa majesté voulant prévenir le trouble , la division , l'insubordination, & donner en même temps une nouvelle marque de sa protection à une congrégation distinguée par les services qu'el'e a rendus à l'église , à l'état & aux lettres , cherche à en assurer la durée par le maintien de ses constitutions.
il s'agit de celles autorisées par les lettres - patenQ n juillet 1769 : S. M. ordonne qu'elles
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soient exécutées tant par les supérieurs majeurs & locaux , que par les officiers & (impies religieux Elle enjoint à tous les membres de la congré gation de rendre aux chefs nommés par le cha pitre de Saint-Denis , l'obéissance due à des supé rieurs légitimes, fous les peines portées par lef.
dites constitutions. Le surplus n'est qu'une extenhan de cet article & concerne des teligieux ré.
fractaires qui, sans doute , avoient cru pouvoii se soustraire par la fuite à une autorité qu'ils Ie.
gardoient comme illégale & tyrannique.
23 Février. Le bruit général fft que M. Necker a reçu de M. le baron de Breteuil une lettre , qui lui enjoint au nom du Roi de s'abfienir de venii à Paris & de tester où il eH:, c'erc. à. dire, anprès de Montpellier, avec madame sa femme qui se meurt : il en fut parlé lundi au dîner de M. le garde - des - sceaux , qui ne dit ni oui ni non; ce qui confirma pour le conseil la vérité de cette rameur.
Il faudroit conclure de cette espece d'exil , que M Necker n'a pas , comme l'ont assuré les partisans, demandé au Roi la permission de faire imprimer l'on livre. En effet, ayant eu le secret du ministere, il devoir s'abstenir de parler de matieres où il ne pouvoir s'empêcher de le révéler; & ce qui auroit été une aaion indifférence d'un particulier, devenoir de sa part une indiferétion tout a a moins : d'ailleurs en introduisant ion ouvrage avec profusion dans les provinces méridionales , il contrevenoit aux loix du royaume: &ui:e grief toujours plus grave dans un ex - mini ffe.
Ses amis veulent qu'on ait feulement craint que sa présence n'augmentât la fermentation déjà très»
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ande depuis la publication de Ton manifeste, iixme l'appellent ses adversaires.
23 Février. Il est grandement question d'un mémoire que les receveursgénéraux des finances int,en réponse du chapitre de l'ouvrage de mon:ur Necker qui les concerne ; on a vu que les :ats de Bretagne réclamaient également pour sur partie; on dit que d'autres coxps se difpo- '.t encore à relever les erreurs dans lerquelles ( est tombé.
*4. Février. Il paroît que les 6 millions donLes par le Roi à ion auguste compagne doivent tre employés à payer la vente de Saint-Cloud.
u Reine avoit fait assembler extraordinairemcnt on conseil le dimanche 13, où elle avoit voulu résider elle- même pour terminer cette grande iffairc , sur laquelle il y a depuis six mois des rariations infinies.
24 Février. Extrait d'une lettre de Rennes , du 1 ï février., Nos états font finis avec un calme dont il n'y a point d'exemple. Les derniers événements dignes de remarque font l'accouchement de madame la comtesse de Tremerga , la femme ;u président de la noblesse. Il est d'usage que l'enfant, lorsque c'est un garçon, foit tenu par les états, qui ont choisi pour marraine madame la commandante. Cette cérémonie religieuse a servi de nouveau lien pour attacher la province à madame la comtesse de Montmorin., qui avoir déjà séduit ks. coeurs par les grâces, sa bonté & ses vertus, Jl est de réglé encore que les états fassent un présent à madame la commandante ; on l'a fixé à dix mille écus : elle ne pouvoir les refuser ; mais elle l2 désiré qu'ils fussent consacrés en choses utiles, Sa réponse a occasionné les plus vifs applaudissements
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& pour s'y conformer, les états ont donné le fond; tv de 10 ,000 livres pour chacun des hôtels de gentilshommes & des demoiselles, & 10.000liv l à la disposition de l'ordre du tiers: madame le comtelfc de Montmorm aura la nomination den deux premières places dans ces hôtels.
L'introduction du marquis de la Fayette damai l'assemblée des états à la séance du lundi î.4 jan-éi vier, n'etl pas moins remarquable. La coriiml fflotdi.
pour l'examen des opérations concernant les ca- nanx commençoit fort rapport, lorsqu'il parut au, son retour d'Amérique. Il fut reeu avecacclamarion & on le fit placer sur le banc des barons, auprès de M. le président de la noblesse , M. l'abbé de Borsbilly, qui parloit en ce moment , reprit ion difeours, qui rouloit sur l'utilité dont les canaux se oient pendant la guerre & sur le fruit qu'on en retirerait en temps de prix. Il prit occasion de ce mot pour complimenter le jeune héros. Il ajouta : Combien n'est - il pas flatteur d'avoir 33 fous les yeux un de ceux qui ont contribué à S3 nous procurer cette paix désirables » Le marquis de la Fayette , en se retirant avec sa mode.ie ordinaire , témoigna aux étars fafensïbilité sur la diftinélion glorieuse dont ils venoient de l'honorer, & dit qu'il espéroit bien.
tôt devenir un des membres de cette auguste assemblée.
Mais le spectacle le plus singulier & le plus incroyable , c'est de voir des membres des états se rendre les vengeurs en quelque forte de M. de calonne, en dénonçant à l'assemblée un ouvrage dont le but indireét sembloit être d'attaquer l'adminirtration de ce ministre des finances, & de le satiriser , c'est de voir M. de Caradeuc être en
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respondance avec M. de Calonne & concourir ,: même but que les états - en dénonçant au idement le même livre.
1,4 Février. Le Mémoire des négociants du HAs'f, quoique roulant sur le même objet que ceux il Nantes & de Bordeaux , mérite encore cUêtre & médité. Il envisage la chose plus en grand l'approfondit davantage fous ceuains rapports.
:.r exemple , il démontie aux colons que leur itérêt bien entendu feroit de rejeter eux - mêmes liberté qu'on leur accorde de commercer avec étranger ; liberté funeste, qui tend à les afTeivir :it ou ,i-.-r-à aux vexations de l'Europe. On en cueille d'autres raits précieux , tels que ceux-ci.
Le commerce des François se borne à un foible botrage à Cadix , à Lisbonne , dans le Nord & I Levant ; il consiste en une pêche à Terre - Neuve iru digne d'un grand empire & fous l'infpedtion .'une flotte Angloise destinée à faire toujours obirver -les traités avec la derniere rigueur. Sans ompagnie des Indes , la navigation nationale est ournée particulièrement vers l'Amérique & la cote '.e Guinée.
Le commerce d'Amérique occupoit seul sept :ents navires & faiseit peut-être la moitié de îotre navigation ; il pouvoit être de grande refiurce pour hs opérations de guerre.
Oleron , Saint » Malo , Granville & Dieppe int fourni en 1770 à la marine royale , la plus grande partie des matelots qu'elle a employés. Ces orts destinés spécialement aux pêcheries , ne forment plus une auiIi grande quantité de matelots.
La servitude des classes, d'ailleurs si utile à 'état, n'engage que trop souvent nos matelots i paffer chez l'étranger : il y en a aujourd'hui uî*
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grand nombre fous le pavillon des Etats- Unis'si & les matelots font rares pour les armements Bi H très-chers.
Si avec ce désavantage le gouvernement, pa-i i ses opérations, diminue la navigation nationale, que deviendrons-nous dans une guerre future ? (
2 5 Février. L'enlevement récent de l'abbé Cocht 'de la Grange, chanoine de l'église de Paris , cause un grand tCandale. Croit un joueur effréné 4 qui ce carnaval avoit perdu une somme énorme chez madame Dubois. On croit que M. l'archevêque de Paris a provoqué lui-même cette correction , qui n'a du moins pas eu lieu sans for attache. L'exempt chargé de cette mission y a dit-on, mis beaucoup d'indécence & de dureté, afin sans doute de faire plus d'impression sur le coupable. Il paroît qu'il est hors d'état d'acquitter ce qu'il a perdu sur parole. On ne dit pas encort où l'abbé Cochu a été conduit.
2 5 Février. C'est par une Lettre an Roi , convenue à Bordeaux , les chambres assemblées le 19 janvier, que le parlement de cette ville a fait part à sa majesté des alarmes du commerce, dont il étoit dépositaire. Cette lettre est imprimée : elle traite la matiere avec beaucoup de force , de netteté & de noblesse. Laissant les détails dont se font occupés les différentes corporations de commerçants , elle remonte aux grands principes > & attaque le systême général d'administration actuelle, le seul peut-être qui ait été suivi constamment , dont le but est de vouer à une nullité absolue tous les corps, ceux mêmes qui, par leur nature , font moins propres à faire ombrage. Il rappelle l'expression de M. de Malesherbes : ilfemble ^u'on ait prononcé une interdiction générale contre l* nation
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•nation. Le parlement se plaint, par exemple , Cjtté dans cette occasion-ci très-importante, les chambres du commerce n'aient pas été consultées. Il profite de la circonstance pour relever d'autres .vices dans l'administration des Colonies, pour y Idemander la réforme de la jurisprudence, trèsinstante, sur-tour dans-l'objet qui concerne les débiteurs & leurs créanciers ; pour invoquer des ! règlements qui protègent & confclent cette foule a, e"leves veués à Pefclavage , fous le nom de Negres.
Mais le paragraphe le plus remarquable , c'est celui où le parlement fait sentir au Roi !a nécessité de rétablir ces assemblées antiques & folemnelles, trop long-temps suspendues, les étatsgénéraux, véritable & unique moyen de remonter : 1es ressorts de la monarchie, dans un relâchement; général. Sa prérogative n'en a rien à craindre dans "ce siecle éclairé ; le -CouveraIa n'en deviendra que 'plus grand par le fpefucle de sa puissance , & l'efprit patriotique succédant à l'égoïsme , tous les titoyen's concourront de bonne toi & avec zele à la félicité publique.
- -On ne peut que savoir beaucoup de gré am parlement de Bordeaux, qui (ent lui-même la diminution d'autorité qui en réfiîkemit pour lui; .,& sacrifiant généreusement toutes ses vues ambilieuses , -offre de se renfermer alors dans la pai* sible uniformité' de- les fonétion-s.' ,-.
26 Février. M. l'abbé Barruel à rompu le sîlence Zc publie un Faftum qui n'est guere mieux digéré que celui de M.- l'abbé Souluvïtr, - il roule unique- ment sur les procédés, -3c comme ils. confident dans des faits il tes rend à sa maniere; c'est-à-dire , de façon à se disculper parfaitement. Le seul aveu qui échappe & qui décele fori csru&ere
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aux yeux de ceux accoutumés à fonder les profondeurs du coeur humain, c'est lorsqu'en rendant compte d'un accommodement en train , il saisît avec empressement une infraction prétendue de la part de l'on adversaire, pour rompre la treve & reprendre la plume ; il s'écrie dans un excès de joie qui perce malgré lui : Que la raison Armée du fouet tic F ironie > venge enfin la révélation.
Le paragraphe de ce Mémoire , que M. Barruel auroit dû rendre le plus intéressant, qui étoit le flus fufceprible d'éloquence, où n'aurait pasman- tjué de le peindre une amc forte & énergique il c'efr celui ou il reproche à M. l'abbé soulavre de lâcher à prévenir contre lui les magistrats, eu leur irfinuant qu'il a été jéluite. Au lieu de saisir cérte occasion de venger son ordre & lui.
même d'une pareille qualification , comme s'il avoir à en rougir, il n'y montre que cet esprit de pru diincr- & de circonspection, qm caracterisoit ,tp géneral les anciens oonhere." mais qu'on doit rder en cette occalion comme. pusillanimité. 21) Février. Le lieur de Beaumarchais , mécon- r tent du Mandement de M. l'archevêque, n'a pas ; manqué de chercher à tourner en ridicule ca prélat & son saiseur , qu'il croie être l'ancien iVQJueqe Senez:, on lui attubue du moins la cha-nton suivante à ce sujet, où l'on reconnoît parfaitement là maniéré & son style.
CJmriqU8 firituel J'rm très - spirituel Mandement lit Í ciFême. Air : A paris l'y a deux Lieutenants.
A Paris font en grand faoulas Deux saints prélats: : L'un st le c hef, & l'autre fou O Premier garçon. -
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Leur carnaval est d'annoncer Qu'on peut laisser Filles, garçons , femmes & veufs t Casser des œufs.
Suivons tous les commandements Des mandements ; Celui-ci n'est pas trop mauvais Pour du Beauvais ; Sur Figaro , sur l'opéra , Et caetera.
L'on y voit des conseils tout neufs A propos d'œufs.
A propos d'œufs ce mandement Discrétement Dénonce aux dames certain goût Qu'il voit par-tour.
Puis nommant leurs amusements, Dérèglements , L'apôtre annonce aux bons époijx# Qu'ils le font tous.
A propos d'œufs dans ce trésor L'on voit encor L'écrivain le plus admire Bien déchiré ; Puis il empoigne auteur , leéleur Et rédacteur, Et lance tout d'un bras de fer Au feu d'enfer.
Puis quand il les a condamnés Tous bien damnés,
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0es lieux communs du bon pasteur, Le grave auteur A fés freres pauvres d'esprit En Jesus-Christ , Promet le benoit paradis Du temps jadis.
En ce temps de confession Rémission ; Si du mandement les avis Sont bien fui vis : Nos deux pasteurs font indulgents , Si bonnes gens, Qu'ils laisseront avec les œufs Manger les bœufs.
Pourtant les buts des révérends Sont différents : L'un grille d'avoir du renom Et l'autre non.
Or prions le doux Rédempteur Qu'à cet auteur Il donna un esprit plus fubrii Ainsi foit-il !
16 Février. Voici encore un nouveau manitelle contre le brigandage du palais : c'et f Lettre d'un avocat a M. de Lamoignon , président au parlement de Paris , sur les devoirs des jtges par rapport à leurs secretaires. L'auteur qui est M. C.
invite les magistrats à réformer les abus multipliés qui na;lleot des exactions de ces subalternes, If. à abréger les vaines & inutiles formalités de
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notte législation , qui ôtent aux pauvres & atnt foibles les moyens de réclamer leurs droits, & qui donnent aux puissants & riches le privilege d'être injustes & usurpateurs. Quoiqu'il y ait à parier que cet écrit lumineux & appuyé de toutes les autorités les plus respectables , n'aura pas plus d'effet que tant d'autres sur la même matière , on doit applaudii au zele qui l'a enfanté, & il faut désirer qu'on ne se lasse point de l'imiter, jU(llu'à ce qu'on ait fait ouvrir les yeux au gouvernement, forcé à la réforme désirée depuis trop long-temps.
17 Février. Réflexions sur divers sujets pour servir de fuite à celles qui ont été publiées pat M * * *.
Cette espece de Miscellanea est divisé en cinq chapitres.
i. Sur l'opinion qui étend sur tous les individus d'une même famille une partie de la honte attachée au peines infamantes : efl-elle plus utile que nuisible ?
i. Vues générales fui l'administration des provinces.
3. Des charges & des emplois.
4. Des duels.
5. Des accules fugitifs.
Tous ces chapitres courts font remplis de vues excellentes & quelquefois neuves : ils font femés d'anecdotes historiques qui les rendent piquants, & d'ailleurs écrits avec beaucoup de pureté & de noblesse.
A la fin efl un avertissement, où l'auteur dit qu'il a dans son porte - feuille plusieurs morceaux qui ne font pas étrangers à l'ordre social & qu'il ne tardera pas à mettre au jour , si ceux-ci font
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accueillis. On ne peut que l'inviter à remplir sa promené.
On prétend que 'ce recueil est du même patriote qui nous a donné , il y a quelques années, Opinions d'un citoyen sur le mariage &- sur la dot, i'est - i - dire , de M. Mignonot > & il en est trèsdigne.
27 février. La Reine est extrêmement grosse, non - feulement du ventre, mais de tous ses memb.es : quoique le sieur Vermont, nui ne Ta plus quitter Versailles, la rassure, elle a quelques inquiétudes sur son état ; & sa religion lui a prescrit de prendre les précautions d'une ama chrétienne. Sa majesté s'est déjà consellée deux fais, & a fait ses dévotions. Les courtisans en lont très- alarmés, ils craignent que la cour ne devienne triste , que les intrigues ne c'nu-ient de tournure & que le regne des prêtres n'-.rri .-e.
En outre sa majesté a envoyé chercher Mlle.
ertin, & lui a dit qu'au mais de rcwcrnSie elle auroit trente ans; que personne ne l'en ave*'tiroit vraisèmblablement ; que son projet étoit de réformer de sa parure les agréments qui ne pou- • Toient aller qu'avec ceux d'une extrême jeûceaè; : qu'en conséquence elle ne porteroit plus ni de : plumes, ni de fleurs.
1 On fait aussi que l'étiquette pour ses robes est Changée; que la Reine ne veut plus de pierrots, l'li de chemises , ni de redingotes, ni de polonnoises , ni de lévites , ni de robes à la turque, ni de circassiennes ; qu'il est question de reprendre les robes graves & à plis ; que les princesses ont été invitées de proferire toutes les autres pour les vifires de cérémonie , & que leur dame d'honneur avertit les dames qui viennent
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dans un autre costume, qu'elles ne peuvent être admises dans cet état sans une permission de [on altesse qu'elle va demander.
28 Février. La division & l'aigreur subsistent toujours entre les membres de la caisse d'elcompre, qui continuent à se battre par des pamphlets. Il en paroît deux nouveaux ; l'un : Deux mots sur le mot de réponfc de M. l'an chaule ; l'autre : Quefticns propose(s à M. panchat!!t'¡¡tr sa justification. Ce nnne ils ne font que développer les réflexions qu'on a déjà faites à l'occasion de la même brochure, il est inutile de s'étendre davanrage sur cet objet.
Tout ce qu'on y voit de nouveau , c'est que le dividende, sans les manoeuvre- du Heur Panchaulty auroit pu montera 213 livres 28 Fevrier. On continue à tourmenter le pauvre M. Morel à l'occasion de son Panurge , qui se soutient par les accessoires , qui est même trescouru, à raison de déui's de chorégraphie trèsbriliants dans un genre neuf, exécutes par les jpfcmiers sujets : voici encore un quatrain en calembour, où l'on assimile cet auteur au navigateur aérien , arrivé comme par miracle d'Angleterre sur nos côtes :
Voyez à quoi tient un succès !
Un rien peut élever, comme un rien peut abattre ; Blanchard étoit F**** sans le pas de Calais, Et hlorel sans le pas de quatre.
1 Mars 1785. Comme l'hymne imaginé en faveur des treize pauvres enfants aveugles-nés, dont quatre filles & neuf garçons , composant l'école aéiuelle de M. Hauy & «> présents au concert, est très-intéressant & mérite d'être con-
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servé, en voici les paroles qui pourroient déà périr, n'étant guere dans le cas d'être chantéeg déformais. Les voilà, non telles qu'elles ont été exécotées , mais réformées par le poëte qui ell toujours anonyme. Ce font eux qui s'écrient : 0 ciel ! pour combler tes bienfaits ,Ouvre un instant notre paupiere , Et nous n'aurons plus de regrets d'être privés de la lumiere.
Que notre œit contemple les traits De ceux dont la main nous foulage, Et referme-le pour jamais Nos cœurs en garderont l'image.
0 ciel ! pour combler tes bienfaits, &c.
Mais pourquoi formons-nous des vœux ?
Livrons-nous au plaisir d'entendre Célébrer des noms précieux ( 1 ) Que nos doigds apprennent à rendre.
Ne sommes-nous pas trop heureux ?
Livrons-nous au plaisir d'entendre Célébrer des noms précieux Que nos doigts apprennent a rendre.
Nos doigts plus heureux que nos yeux !
Htlas toujours les mûmes vœux !
Notre cœur ne peut s'en défendre.
0 ciel ! pour combler tes bienfaits , &c.
w-
( i ) Ceux du Roi &: de la Reine, les premiers noms qu'on leur apprend à écrire. )
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On a ru depuis le nom des auteurs des pièces de vers lues à la fin de la séance. L'impromptu: étoit de M. Pajoulx ; l'autre de M. Theveneau, où l'on trouve ce morceau Taillant qui rapproche les deux institutions également précieuses, Se de M. l'abbé de l'Epée, & de M. HHUQ :
Mais dans ce siecle ingénieux Où l'homme enfante des merveilles, Les yeux remplacent les oreilles , Le toucher remplace les yeux.
On est bien étonné que.Mlle. Aurore, le poête de l'académie royale de musique, ne le foit pas signalée en cette occalion importante & foit restée muette.
i Mars. Les états de Bretagne ont arrêré- le 4 février de faire continuer dans l'inrermédiaire les.
ouvrages pour les canaux & de vérifier la pollibilité & l'utilité de la communication de la Vilaine à la Loire , & de la Vilaine aux rivieres d'oust, de Blaver & de Châteauloin.
2. Mars. La Femme jaseuse a du succès de plus en plus. Les détracteurs de M. Desforges cherchent à diminuer son mérite, en affuram qu'il n'a fait que mettre en vers un drame du même nom, de madame Riccoboni ; qu'elle même l'avoir traduis de l'anglois. Ceux qui ont remonté à la source & vu la piece angloise de George Colman , représensée en 1763 sur le théâtre de Drury-Lane veulent que l'auteur moderne ne foit rien moins qu'un fer vile imitateur , qu'il se foit au contraire lendu maître de son fuiet, & en rejetant tous ks
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I:Lra<!\:eres qui ne pouvoient pas s'accommoder avec nos amours , en réformant ce qu'il y avoit de trop tranchant dans ceux qui pouvoient s'en rapprocha) il ait imaginé une intrigue neuve & totalement étrangère à celle de George Coltnan.
Aurefte, peu importent cette difcumoa & cettegénéalogie au public , qui, court en foule à une piece qui lui fait le plus grand plaiûr, d'autant que ce caractère n'efi point au théâtre françois , 0l1) sans Je" Jaloux de M. Rochon , il feroit même ab/olument étranger dans les deux sexes.
Murs. L'affaire du vicomte de Noë n'dl point finie. Ce n'est que le dimanche 13 février que !at deputation du parlement qui portoit au Roi les lemonrrances contre le grand-îumônier, a reCil la réponse de sa majesté au sujet du premier. Si majeté persiste à défendre à fbn parlement la connoiiïance de cette affaire , Les maréchaux de France n'ayant rien fait que par son ordre. Elleajouta : « Qu'elle avoir vu avec surprise les arrêtée n & les remontrances de son parlement imprimés, M qu'elle étoit persuadée que si son parlement par3» venoit à découvrir l'auteur de cette publication,.
80 il le puniroit (évérement. »
Le ton & la maniere dont le Roi s'expliqua cejour-là ne permettent pas d'espérer que M. de Noë rentre en France, à moins qu'il ne se soumette aux décisions, du tribunal.
On prétend que les maréchaux de France tiennent si fort à cet objet, qu'ils donneroient plutôt leurs démissions que de céder au parlement, ainsi qu'aux protestations du vicomte de Noë, x Mars. M. de la BUntberie IŒmlc i cas
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charlatans qui, de temps en temps, pour se rappeller au souvir du public, font distribuer dans les rues des feuilles aux passants. Lui, frappe à la.
porte de tous les journaux , afin d'y renouveller ses notices ; & quand il a épuisé la complaisance de l'un , il s'adrdfc à quelqu'autre. C'est aujourd'hui le Mercure qui lui fcrt de mcffager.
Comme il ne fait que répéter avec emphasê ce qu'il a déjà dit cent fois de cet établissement puérile & dont l'utilité ne fera jamais que perfonnellc pour lui, il est supertu de s'y arrêter davanlage.
, 3 Mars. Précisément au moment ou M. l'archevêque annonçoit le vœu du clergé pour la proscription de la nouvelle édition de Voltaire, le sieur de Beaumarchais , afin de le mieux n.uguer.
introiuifoit une moitié de ctte édition, maie furtivement, de façon qu'une partie d,.s fouferip.reurs ne l'a pas reçue & n'a même eu aucun avis: à cet égard. Les aunes se plaignent fort, & de la forme, & du tond. M. le duc de Nivernois a été si mécontent de Yin-4.0. édition la plus belle, qu'il a renvoyé son exemplaire au sieur de Beaumarchais) en lui faisant dire qu'il y avoit erreur sans doute , que l'on sYtoit trompé & qu'on lui avoit adressé une contrefaçon. L'in- 8°. est encore plus mal Cz ne resseble en rien , ni pour le papier, ni pour l'encre, ni pour la propreté, aux éditions de Baskerviiïe.
En outre, quand on examine l'ouvrage même * t'cil bien autre chose, nul goût, nul ordre nulle chronologie. Des interpollations. des ri.
pétitions, des fiperfétations. On juge citie c'est un brigandage littéraire , & que le fleur' P",lllJndre, lioraiic de Boideaiu, n'ayoic point eu tort
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de dire au sieur de Beaumarchais, lorsqu'il rexhortoit à lui-donnér des souscriptions, qu'il se ménoit de ce fripon de Beaumarchais , & c'étoit à luimême 'qu'il s'adressoit sans lè çonnoître.
3 Mars. Le marquis de villette a étrit à M.
Necker une lettre pour le féliciter sur fan livre; il en distribue des copies avec empressement, Ss te amis du Genevois le sedendent -à merveille pour la répandre. Cette piece originale mérité d\:He con servée.
- Monsiuer permettez que je mêle raa voi i, a-a concert de lou c\ngf's-& de bévédictons que M l'on vous prodigue de toutes parts, & que vous » n'entendez pss. Je cede à l'enthousiasme que m'a 93 laisse votre dernier ouvrage, pour vous offrir le *3 tribut de- mon admiration , & comme citoyen PD celui de ma reconnoi fiance; Si vos veilles pou;., voient être payées pat le sentiment unanime, -»3 vous n'auriez plus rien à défcrer. Vous venez J» d'étevet contre les ennemis de la France, une M forteresse , qu'il fera impossible de renverser, & m un mocumeiH à votre gloire f où sen'vie n'at» teindra jamais. On ne fait lequel doit- ius » étonner, ou de l'imrnenfité de votre travailou 33 de l'éloquence qui pare un sujet aussi aride. C'tft 33 elle qui command e l'attention , & qui fait lire M avec tant d'intérêt ces détails abstraits & péniM bles. Vous reposez l'esprît en parlant au cœur, >3 & -l'on vous fait gré de la douce familiarité y avec laquelle vous descendez de la hauteur eu M votre génie vous avoit placé. Vous ravez en M même- temps plaider la cause du peuple, êc » nous f2.ire aimer le Roi. Si, d'un côté , vous ré» vêlez ces vérités, assigeantes, de l'autre vous « préfea'.tez refpéîance- & des consoiations. Depuis • : - - t; - • * • t • •
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» que vous avez. jeté tant de jour sur les rf{jOu.r ces de l'état , les spéculateurs & les avares ne ,"', craignent pins d'ouvrir leurs coffres-forts, & le
ili crédit public est encore soutenu par votre ré, 53 putation. Il est facile de reconnoître que la I" modération & la sagesse ont plus d'une fois s, tempéré dans vos écrits la haine des vexations iM iifcales. Si vous attaquez les abus dans tous lesw ordres de l'adminitfration , toujours impartial : ,., vous n'en rendez pas moins justice aux prélats sa distingués , qui fort l'ornement de l'église M dans laquelle vous n'êtes pas né ; aux vrais « magistrats, au* hommes de ifnances, à tous M ceux qui par leurs lumieres & par leur définet téreflement étoient dignes de concourir avec ïj vous à la félicité publique. Ennemi du luxe 33 vous l'envisagez cependant comme un des premiers alianents du commerce national, & vous 33 voulez qu'il embellisse la cour d'an grand rno» narque, Malgré la sévérité de vos mœurs, vous M souriez à la mode, qui réveille sans cesse l'industrie & la circulation. Livré parcaraclere & 33 par état à la méditation & à l'étude ; étranger, sa pour ainsi dire, aux plaisirs du monde, aux 33 jouissances de la [ociéré) vous accueillez daas 33 votre systême politique les beaux arts & les ta.
» lenrs agréables que repoussoient l'esprit faux & « la pédanterie de vos devanciers. Tous les yeux, 33 je dirai presque tous les vœux de la nation font.
» aujourd'hui fixés sur vous , & vous n'avez pas 33 besoin d'attendre la postérité pour jouir des 33 honneurs qu'elle accorde aux plus illustres Se 33 plus utiles écrivains. On dira de votre livre , 33 qu'il est le bréviaire des bons-ministres , comme 33 celui de Montagne est le bréviaire des honnêtes
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M gens. En vous adressant cette lettre, Monsieur. M j'ai bien moins cherché à vous louer , qu'à sa. ;
cc tisfaire au sentiment de mon cœur, & à vous ) 3D, renouveller les témoignages de mon attache- i M ment & de mon respect, »
4 Mars. Le chevalier de lu Morliere éroit si dé- crié , qu'aucun journal n'a oré non feulement en faire l'éloge , mais en donner la plus ligere notice. Voici ce qu'on a recueilli sur si lTIJ:t , peutêtre le moment le plus beau de si vie. Tombé dans la misere, il avoir vu une jeune perfonce , dont il avoir fait sa gouvernante, lui rester attachés & le soulager de ses foins personnels. Cette fille, attaquée de la poitrine , après une maladie lente comme le font celles de cette espece, étoit perie fous les yeux & dans ses bras. Frappé de cet événement , ému d'une sensibilité dont on ne l'auroit pas jugé capable , le chagrin prit tellement sur lui que, malgré la vigueur de ton tempérament, il tomba mala ie & n'en est pas relevé. Les prêtres ont fait ce qu'ils ont pu pour s'en Emparer dans les derniers instants; mais il leur a résisté avec une fermeté philosophique ) non moins extraordinaire dans un homme qui jusques - là ne s'étoic piqué de philobphie en rien. On ignore s'il lailïb des manulèrirs. Il avoir peu le temps de composer.
& padoit la plus grand e partie de ses loisirs à eferoquer des sujets du sexe qu'il formoit pour le théâtre.
4 Mars, On juge que le parlement de Toulouse a eu gain de caulè, au moins en partie , au fujec
de l'exportation , par une lettre de l'intendant de cette province , adressée à la chambre du commerce de Toulouse. Elle est datée de Montpellier le 6 février 1785. M. dt Saint-Priest y engage ces
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i'fîîeiirs d'apprendre aux négociaits qu'ils peunt. dès-à-present, donner un libre cours à leurs léculations sur les millets & menus grains, & lie la liberté d'exporter cette denrée à l'étranger ;1 rétablie suivant ce que lui apprend M. le conrôleur- général.
4 Mars. Une jeune fille de Champagne, ayant lit une faute , est venue, comme beaucoup d'aures, la cacher dans Paris. Bientôt tombée dans 'indigence , elle a été obligée d'user des recoures ordinaires de ses semblables, & s'est mise à accrocher. Un foir, exerçant ion métier, elle voit ses pieds un porte-feuille ; elle le vinre avec un )erit souteneur plus au fait. Il se trouve que ce porte-feuille contenoit pour environ cent mille francs de billets de la caisse d'escompte. Le foureneur envisageant déjà la part qui lui en reviendrait) l'exhorre à ferrer précieusement cette trouvaille , 8c à attendre au lendemain pour se décider. Mais à peine est - il parti, qu'elle se rend chez M. le lieutenant- général de police, & lui porte ce dépôt. Le magistrat étonné d'un procédé d noble dans une pareille créarure , l'admire, la loue beaucoup , & lui dit que lorsque le propriétaire fera reconnu , il la sera bien récoirpen fer : il lui affure d'ailleurs sa proreéhon en tout temps, & lui demande quel service il pent lui rendre.
Elle désire pour toute grâce qu'il fasse sertir de Saint-Martin deux de ses nmarades qui viennent d'y être envoy ées ; ce qui est exécute sur le champ.
Cependant M. le marquis de la Vaupalliere, gros joueur très - connu, à qui appartenoir le portefeuille, s'apper-jevant qu'il est perlu, vient dépoter ses inquiétudes dans le feitv de M. le N&r,
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& le prie de donner les ordres pour la recherchi de tes effets. Il est bientôt rassuré ; il ne s'agi plus que de reconnoître un si important service il convient de donner dix mille francs à la rac crocheufe. Celle-ci prie M. le Noir de les lui pla.
cer , & déformais à l'abri de la misere , convient de retourner en Champagne pour y vivre bonne tement & s'y marier , s'il est possible. Comme elle est jolie , on ne doute pas qu'elle ne faffe bientôt affaire. C'est par cette raison qu'on n'a point in.
féré dans le journal de Paris son histoire, dont l'omifllon a fait suspecter la vérité à bien des gens, mais elle est certaine. On regarde comme une délicatesse mal fondée de n'en pas nommer l'héroïne; la publicité de cette belle action lui faisant plus d'honneur que celle de ses foiblesses , ne pcurroit lui causer de honte & de préjudice.
ï Mars. Depuis que M. Panchault a eu la mal-adresse de vouloir imprimer sa junification prétendue, il est assailii de pamphlets qui se fucced ni sans interruption , & tous plus cruels les ims que les autres. Un mot à l'oreille de M. Panchault, est le titre du dernier. Il est d'un homme très au fait de toute sa conduite, qui semble le suivre comme son ombre, qui révélé tes aériens les plus secretes, ses propos les plus intimes, & fouille jusques dans sa pensée. Cette méchanceté est assaisonnée de beaucoup de Tel & écrite d'un ton assez leste. L'auteur y fait un beau portrait de M. le Noir, qu'il représente comme le médiateur entre les actionnaires de la caisse d'efeompte & le contrôleur- général; il exeuse celui-ci comme trompé & séduit indignement par le sieur panchault.
Du reste, on apprend toujours quelque anecdote
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datis ces fortes d'écrits: suivant celui-ci le plande l'emprunt dernier n'etl pas même du sieur panchault; il a été trouve dans les papiers de l'intendant du prince de Guimenc, arrêté lors de la banqueroute de son maître.
5 Mars. Dans Richard Cœur de lion, on fait que leSr. Clairval fait un rôle d'aveugle , auquel sert de conducteur, suivant l'usage , un petit garçon représenté par Mlle. Rolatie. Cette aétrice, foit par espiéglerie , foit par vengeance, il y a quelques jours s'est avisée de faire une pedette de la manche en la lardant d'épingles dont les pointes sortoient en dehors. Lors.jue le sieur Clairval s'dl: appuyé sur ion bras pour entrer sur la scene , il s'ell étrangement déchiré la main , & a reconnu h : traîtrile: sur qjoi Ml.'e. Rosal e souriant ironiquement, lui a répondu : cc En effet ce n'est pas si )3 doux qu'un peigne, faisant allusion au métier de perruquier qu'exerçoit cet aéleur dans le : principe.
Le maréchal duc de Richelieu, informé de cette scene scandaieuse , a exigé que Mlle. Rosalie fît desjexeufes au sieur Clairval, & l'a fait conduire ensuite à l'hôtel de la Force.
5 Mars. Il paroît une seconde lettre prétendue 3 de M. de Lessart à madame Ktcker. On assure que ? celle-ci est moins contre M. Necker que contre ? M. de Galonné. Ce pamphlet, très condamnable , i n'est imprimé qu'au rouleau, & fé communique : difficilement.
6 Mars. Le Roi intruit de la chanson faite ¡ pour tourner en dérision le mandement de l'ar) chevèque , a voulu qu'on éclaircît , s'il étoit posfiole, quel en étoit l'auteur , & qu'on se mît du.
moins en devoir de faire des. recherches pour don-
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ner quelque satisfaction aux deux prélats orient.
En conséquence le bruit général du palais épifco.
pal est , que M. le lieutenant - général de police a mandé le sieur de Beaumarchais, & l'a interrogé à ce sujet. Celui-ci n'a pas manqué de nier ; il a regardé comme une injure qu'on le soupçonnât auteur d'une pareille platitude , & cela n'a pas eu d'autres fuites.
On prétend aujourd'hui que le chevalier de Coigny , pour disculper le sieur de Beaumarchais, se met en avant, & déclare qu'il est l'auteur de cette mauvaise plaisanterie; ce qui feroirun grand i trait de générosité de la part 4e ce ftigntur.
6 Mars. On juge que les différents mémoires des ports du commerce, contre l'atrêt du conseil du 30 août, ont produit quelque effet. La chambre du commerce qui n'avoit été conlultée que sur la forme , & le déclare aujourd'hui en se défendant des reproches qu'on lui faisoit de tous côtés à cet égard, va l'être sur le fond , a déjà même reça ordre de s'assembler & d'en conférer.
En conséquence, on ne doute pas que l'arrêt en question ne foit retiré tout-à-fait, ou du moins infiniment modifié.
6 Mars. Dans ce moment où la cour est à son plus haut degré de fermentation par plusieurs intrigues qui s'y croisent de toutes pirts & s'entrechoquent , il est grandement queftien d'un mémoire présenté au Roi par Monsieur. On veur qu'il y folie sentir au monarque la nécessité d'avoir dam Je codt-il un autre lui-même, dont les intérêts ne piùilcnt se séparer des siens, & qui l'aident à déréler les différents pieges qu'on tend de chaque coté à sa majdté. Or, cet autre lui - même ne peut être que son frere le plus près du trône après le
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, Dauphin , trop enfant pour qu'il en foit questîon.
| Cette démarche, si l'on en croit certaines gens, i toit le résultat de menées profondes des ex jésuites, tentant un nouvel effort pour se reproi luire, & jugeant l'occasion favorable , s'ils avoient dans le conseil un protefteur puissant , tel que le srince auguste dont il s'agit -I Depuis leur destruction, on se plaint du manque des bons instituteurs pour l'éducation de la jeunesse, sur-tout dans les provinces: les différents remedes apportés à cet égard n'ont pas réussi , Se ie mal est devenu si grand que dans plusieurs ailemblées provinciales déjà tenues , afin d'élire les députés pour l'assemblée décennale du clergé, on les a chargés spécialement d'engager les prir -et de Péglife à s'occuper de cette matiere essentielle, & à follicirer du Roi un choix de sujets affectés lau soutien des colleges & autres lieux d'iustitutions pubi liques. *
Les partisans des jéfuires, lorsque l'affaire au[lo.it été portée & agitée au conseil, avoient * d'abord fait sentir l'insuffisance des diverses congrégations proposées pour tenir les collèges , telles que les oratoriells, les doctrinaires, les :génovefains , les lazarifies, les bénédictins ; foit par le défaut de talents, foit par le manque de sujets, foit par des inconvénients tités de leurs constitutions mêmes ; ils n'auroient vu que les 'anciens disciples d'Ignace propres à ces importantes fondions ; ils auroient fait sentir la nécessité de les rappeller avec toutes les modifications , reftridions , changements cOfwtnablts, que les proscrits s'estimeroient trop heureux d'accepter , lX, soutenus du frere du Roi , dont sa majtfté prise la sagesse & les lumières , ils se flattoient de remporter & de réussir.
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Telles font tes vues détournées & secretes eniiir- dant ceux qui ont fuggéié à Monsieur la démarcher dont on vient de parler, & marquées des appa-T.
rences du bien de l'état, qu'ils faisoient envisager uniquement à Ton altesse royale. Du moins c'est le prétexte que les gcns intéresses à écarter ce prince du conseil ont pris pour tonner le tocsin , alarmer toutes les autres cabales , les réunir contre cellelà, & effrayer le monarque lui-même; en forte qu'on regarde ce nouveau coup de parti des exjésuites comme manqué.
7 Mars. Les gens les plus difficiies qui se plaignent rie l'abus de prodiguer trop les fpeclacles de bénéfice, n'ont pu qu'applaudir à l'idée du concert exécuté le ftmeii 16 février au profit de Mile. Caroline d'Escrsin, âgée de onze ans, lorsqu'ils l'ont entendu exécuter sur la harpe un concerto & une symplionie de M. Krun/holtz. avec une supériorité qui froit hopneur aux maîtres les plus con foin m ts & les plus célébrés. Son exécu- -i tion toujours nette, brillante & remplie d'expres- fion , lui a mérité tous les [uffpges, 7 M an. On apprend par le profyiBus d'une 3 quêreen faveur des enfants trouvés qui a dû avoir !
lieu hier aux théatins, que leur nombre actuel est ■ de quinze mille.
7 MAYS. Le sieur Tilâtre est toujours à Boulogne ; on voit à son musée un nouveau bulletin de lui , par lequel il se plaint de la contrariété des vents : un jour ils étoient au fjd- est , il étoit prêt à partir lorsqu'ils ont changé , se ')nt convertis en un ouragan furieux & ont encore endommagé sa machine. Mais ce font les rats qui le désolent sur -tout. Pour empêcher l'évaporation du gaz y il a faliu enduire de graille les-
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onneaux. Ces infectes accourent de toutes parts illécnés par cet enduit ; il faut faire veiller jour k nuit des hommes avec des chiens , des-chats, ics tambours pour les écarter.
8 Mars. Extrait d'une lettre de Vendre en Roupillon , le 2. février 1185,. Vous vous rappellez peut - être le modele d'un obélisque pour ::e port, exposé par M. de Wailhy, au salon de 1783. Il est. exécuté en marbre. Voici la defcrip.rien de ce premier, monument imaginé à la gloire iu Roi, & peut - être le plus frappant de tous ïux u'on lui consacrera , par le ton de grandeur & de majesté qu'il pré fenre.
Elevé à cent pieds au-dessus du niveau de la mer , il est terminé par le globe des quatre pardes du monde , & surmonté d'une fleur de lis , en formé de protection de toutes les nations.
Le pied , autrement dit le socle , est orné de bas - reliefs en bronze , offrant les quatre premières poques du regne de Louis XVI ; Fun , la Servi- tuàe abolie, en France ; l'autre, l'Amérique independante ; & les deux autres , le Commerçe protégé & I* Marine relevée : le tout surmonté de trophées d'insceriptions.
Il est entouré de quatre piédestaux en marbre d'Italie, portant les attributs des souverains des quatre parties du monde. Ils fontuuis par des'grilles :de fer dorées, & l'intérieur pavé en marbre présente quatre marches pour monter au pied de l'obélisque.
Ce monument est éIevé au centre de la grande Ifkce de Lents XVI, ornée dans tout son pourtour de trophées militaires de terre & de mer ; & q'on y monte de la place de débatqueinent, par un *uj> £ ibe efçaliet à deux rompes en ayant corps |
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au pied de chaque rampe est un génie tenant un corne d'abondance , des deux tortenc toutts le liche/fes du COITIitlerCe de la mer, & à chaqu cote est une fontaine qui fournit de l'eau aux vai feiux j l'un & l'autre symbole de la grandeur &c la bienfaisance du Roi.
8 Mars. La gazette de Leyde , la plus rechet chéede routes depuis plufieursannées , parce qu'el contient quelquefois drs nouvelles politiques plu fraîches & plus pmiculierts que lesautres , a mat <]dé l'ordinaire dernier & celui d'aujourd'hui. O.
est allé au bureau des gazettes étrangères & l'on lit la lettre ministérielle portant : De par le Roi, dé senses de continuer la distribution de la gazette a • Leyde. Cet échec arrivé facceftivement à prefqu toutes les feuilles de cette espece , n'avoi t pas en core eu lieu à l'égard de celle - ci ; même dans le jours les plus critiques fous le feu Roi , elle étoi d'ordinaiie fort circonfpede & fort silencieuse su les points délicats.
On tait la vraie cause de sa prohibition.
Il fautajouter que le Roi en faisoit cas & qu'elle passoit pour être la feule que lûtfa majerté.
9 Mars. La Ltttre de M. de Lessart à Madam, N. est très - courte ; elle n'a que lix pages de for vilaine impression au rouleau ; mais c'est un élixi de méchancetés & d'horreurs contre M. le contrôleur- général. A en croire l'auteur , au lieu d< s'occuper des fotiéliôns importantes de sa place il le Croit amusé à faire des pamphlets contre h livre de M. Necker, ou du ilaoirs il les auroit com.
mandés à les faifars & présideroit à leur coû section. Il se feroit servi du ministere de fyl. h lieutenant de police , son ami, pour leur imtoeffion & distribution. Tout: cela efl égakn-lef&vri-
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licule & r.bfurde, Ensuite, par une accusation plut coupable encore , on prétend que i'expuliion du leur Panchault n'est que (iinulée , & qu'il consèrve toujours ce fripon pour confident & pour conseiller. Enfin , on parodie la premiere lettre 18c on met de nouveau en scene Mcn/ieur, cçmme révélant au Roi ton fiere l'état déplorable ou son ministre des finances en peu de temps a réduit celles
du royaume, au point que la balance qui en novembre >783, loifque M. de Calonne succéda à \L a" ortmjfon , étoit au moi::s de pair entre la
recette & la dépense , si la premiere ne surpassoit pas l'autre , ett baiiiee par un excédant de celle - ci y itie 57 millions en novembre 1784, C'est-à-dire en un an ; ce qui ne s'est point fait sans que celles du ministre ne e foitni tiès améliorées. Le prince termine par déclarer à S. M que l'honneur de ton règne , l'estime de l'Europe & le crédit public dépendent du renvoi d'un tel servireur.
Par la violence de cette diatribe contre M. de calonne &. des louanges adroitement placée, & 1 comme en passant, en i'honneur de M. Necker , on seroit, au premier coup d'œil , tenté de croire l'ouvrage d'un partisan de celui-ci ; mais avec" quelque réflexion on juge que c'efc une tournure adroite prur détourner les soupçons & les faire tomber eneffet sur le parci Neckériste par une persidie digne du reste. Il est plutôt à présumer qu'il part d'une troisieme cabale , qui voudroit élever un autre personnage sur les ruines de ces deux - ci. Mercredi on à fait une perquisition sévere Se sans exemple chez les marchands de nouveautés, même les mieux famés , sans qu'on ait dit pour quelle mifon. On présume que c'est au sujet. de ce pamphlet, dont ks exemplaires, .vu son genre
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d'impression, ne, peuvent être qu'en peut nombre , peut- être aussi afin d'effrayer & d'en empêchei la réimpression.
9 Mars. Depuis que la piece du Mariage de Figaro a paru far la scene, le bruit Ce renouvelle de temps en temps que le fleur de Beaumarchais est enfermé , & jusqu'à present il s'est trouve faux.
Il s'est répandu plus fortement que jamais hier, & se soutient aujourd'hui ; il paroît même conf- tant que le commissaire Chtnon , pere, s'est transporte chez lui dans la nuit du lundi au mirdi, & lui a notifié un ordre du Roi, par lequel il devoit être conduit à Saint-Lazare ; ce qui a été exécuté sur le champ avec une forte escorte.
Voilà tout ce qui est politif; quant à la cause & aux circonstances , on varie si fort qu'il faut attendre pour les éclaircir. Ou reste , c'elt le même quanquan que lorsque Me. Linguet fut arrêté. Oh J)e saic qu'en parler dans les lieux publics & dans les sociétés particulières.
10 Mars. Les troisemes remontranoes du parlement au sujet des troubles de la congrégation de Saint-Miur , lues & arrêcées aux chambres assemblées le premier février dernier , & présentées au Roi le 13 du mêne mois, n'ont pas tard é d'être -imprimées & se répandent dans le public. Elles sont très- bien feites; elles roulent sur la réponse de sa majesté, qu'elles divisent en deux parties; la première relative à la congrégation de SaintMaur, la seconde relative à la commi/fion des réguliers. Le sujet y paroît traité avec beaucoup .d'ordre, de méthode, de clarté, de logique, Sc -cette piece intéressante parfaitement bien écrite , mérite qu'on y revienne.
,- ip Mars, C'cft par une ordonaance de police affichée
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affichée en gros caradteres sur les murs de chaque appartement du salon des arcades, de la société ■olympique & des autres chibs du Palais-Royal, quo tous les jeux y font inrerdits. Il y a eu dts assemblées & une dépuration à M. le Noir, pour l'engager à rcprcfenter au ministre l'irrégularité d'un ordre qui n'est ni génélal, puisqu'il y a des exceptions & que le club de !a comédie italienne, .appellé éminemment le (f/IUll) renommé pour les pertes énormes qui s'y font au jeu , pour les acteurs presque tous joueurs effrénés , continue d'offrir ce spectacle scandaleux ; ni légal, puifqu'iI interdit même les jeux hom êtes qui le jouent dans la focicté & julques dans les maisons religieuses.
M. le lieutenant de police leur a communiqué la lettre du Roi dont il étoit autorisé, qui ne souffroit ni commentaires, ni répliques. Il leur a cependant fait entendre enluite que peut - être sa jrnajefté se radouciroit - elle. On croit que le retour du duc de Chartres pouira faire retirer cette ordonnance. On semble avoir attendu le moment de fan départ pour Londres, afin de lui tonner cette mortification.
10 Mars. Relation de la séance publique de l'académie françoise , tenue aujourd'hui pour la réception de Me. Target.
Depuis près d'un siecle en n'avoit point vu d'avocit siéger parmi les quarante i c'étoit donc un fpedacle , seul propre à piquer la curiositè que le renouvellement , pour ainsi parler, de l'alliance antique entre le barreau & l'académie.
Aussi une foule des confreres de Me. Target avoient désiré se rendre témoins de Jon triomphe ; ua d'eux , dont la prince lui eût été sans doute
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la plus glorieuse, lui manquoit. En vain (es amis avoient répandu le bruit que Me. Gerbier s'y trouveroit , qu'il feroit à côté du récipiendaire , & l'animeroit par tes regards & tes suffrages; il est à présumer que ce rival, humilié d'une présérence injurieule , n'avoit pu vaincre son reflènriment contre l'académie , & sa ja!ousse contre son vainqueur. Quoi qu'il en foit, un autre spectacle a frappé l'assemblée , sa été de voir Me.
Target introduit en quelque forte fous les auspices de M. de Malesherbes, qui le tenoit comme par la rnain , & l'offroit à l'admiration publique ; elle s'est manifestée par de nombreux battements de mains, précurseurs de ceux qui alloient suivre lorsqu'il ouvriroit la bouche.
Un avocat devoit naturellement parler d'éloquence, & c'est ce qu'a fait Me. Target s il l'a prise pour sujet principal de son difeours. Il l'a suivie depuis fan origine jusqu'à nos jours; il en a tracé les progrès & les révolutions : il a caractérisé celle des premiers âges ; il s'est étendu principalement sur l'éloquence d'Athenes , de Rome, & sur sa nôtre. Il a @ parcouru ses diverses périodes & les a enchaînées par des transitions heuleufes. Les portraits de Démosthene, de Cicéron Se fie Bossuet ont marqué chacune de ces époques.
Dans la nôtre , où l'eloquence se divise en deux branches, celle du barreau & celle de la chaire, il est convenu de l'infériorité de la premiere , non à raison des orateurs , mais à raison des objets.
C'éoi t le lieu de placer sans affectation & sans dfo; t l'éloge d'un magistrat présent qui, depuis long temps porte la parole au parlement, & qu'on tmend toujours avec un plaisir nouveau ; éloge qui ne pouveit regarder que M. Seguier, C'étoit
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le lieu encore de se venger noblement du dédain de Me. Gerbier, en lui renvoyant la couronne que l'académie venoit de décerner à son rival s & c'est à quoi n'a pas manqué le récipiendaire.
Tout-e cette partie de ton dilcours a été fort applaudie.
La fécondé l'a été moins. Elle contenoit une digression sur son prédécesseur, l'abbé Arnaud.
perlonnage peu en recommandation auprès du public. L'orateur, par un trait de bienfaisànce de la part de ce gros bénéficier cité à propos, arrangé au théâtre L, narré de la maniere la plus incérdfame, a eu l'art de le faire l'aiser pour un p.rêtre très - charitable & même pour une belle ame. Il s'agissoit d'un curé à portion congrue, contre lequel il étoit forcé de plaider pour loutenir les droits de son abbaye : mais , comme homme, désirant de perdre , il a si bien fait qu'il a trouvé & fourni lui - même à son adversaire des titres propres à le rendre victorieux; & -en.
effet celui-ci a gagné. Cette anecdote secrete qui m'auroit pas dû rester telle, au moins de lst part de celui qui avoit ressenti le bienfait, [e trouve révélée ici pour la premiere fois, & a rencontré encore beaucoup d'incrédules.
Les gens difficiles, malgré ies applaudissements ; multipliés qu'a obtenus le récipiendaire, estiment qu'à la lecture son difeours ne fera pas tant admiré.: Ils lui reprochent de l'emphase , de l'obscurité, des tournâtes peu nobles & quelquefois des locuwons qui ne font pas correétes.
- C'étoit M.L'archevêque de Toulouse qui auroit dû encore -cette- fois répondre au récipiendaire ; il étoit à Paris & eût rempli à merveille cette fonctiojj4 mais M. le. duc de Nivernois, ayant déjà
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jàit les frais de la réponse, n'a pas voulu ls perdre, & le prélat a eu pour lui la complaisance de prétexter des affaires & de ne point se montrer à l'assemblée.
Cette réponse ausi agréable au public que la premiere , ne tranchoit pas moins avec le ton de l'avocat , car on se relient toujours de sa profession, & si l'abbé Maury , peu habitué en ce commencement au fauteuil académique, avait prêché, Me. Target sembloit plaider. M. le duc de Nivernois, sans rien perdre de la dignité de directeur, y a mêlé l'urbanité du courtisan & les graces aimables qui caraélérifent toutes ses pro- duttions. Il n'a pas dillimulé que l'abbé Arnaud n'a voit rien fait, & il lui a d'autant mieux reproché son inaction, que le confrere paresseux ctoit très en état de faire. Un portrait du journaliste , un portrait de l'avocat, une digression adroite sur la journée du u novembre 1774, c'est - à-dire sur le rétablilTement de la magilirature, font les morceaux principaux de son discours. Le dernier sur lequel l'auteur comptait vraisemblablement, puifqu'il l'avoit rélervé pour la fin , n'a pas causé l'explosion qu'il auroit dû faire ; il prouve que la conduite actuelle du parlement a bien fait évanouir l'enthousiasme de la nation.
Le reste de la séance auroit dû être rempli par une lecture du quatrième acte de la tragédie de Ramevelt, de M. le Mierre. Il l'avoit annoncé à ses amis; il en avoit, fui vant la regle, fait part à l'académie dans une séance particuliere. Met lieurs Marmontel) la Hxrpe , Ducis, en avoient été émerveillés. Le public déiiroit d'autant plus l'entendre que depuis Ictfig - temps l'ambassadeur
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de Hollande s'oppose à la représentation de la fiece, & qu'ayant une ressemblance trop frappante.
a ce qui se passe aujourd'hui dans le fein de la.
république , aux dissensions & aux troubles qui agitent) elle est moins susceptible que jamais d'être jouée. Des foins plus pressants avoitnt déterminé la compagnie de préférer un morceau de prose. Elle étoit ulcérée de l'humiliation donnée le jour de la réception de M. l'abbé Maury , à l'un de ses membres, en la personne de M. Gail..
lard. L'abbé de Boismont a entrepris de le venger & la rnajefté de l'académie violée. Il a annoncé un difeours sur hs assemblées littéraires. Ce titre piquant en lui-même ne pouvoit qu'exciter l'attention ; mais quand on a vu que c'écoit une vraie mercuriale , l'auditoire s'est révolté & a hué vigoureusement le letteur au point qu'on ne pouvoit l'entendre. Il a soutenu le choc avec l'impudence qu'on lui connoît; il a redoublé de poumons , & a si bien fait qu'il a fini par emporter quelques claquements: en général, il a corrn mente le mot ancien de l'abbé d'olivet: onapplaudit au théâtre, on écoute à l'académie. Mot que celui-ci n'avoit jamais osé proférer en public , & qui ne s'est confervé que par tradition; mot qui auroit moins paffé alors qu'aujourd'hui, parce que les oreilles étoient plus superbes & les ames plus énergiques.
Quoi qu'il en fait, si le jour de la précédente réception l'académie s'est séparée très - mécontente du public, à celle - ci le public est forci très - mécontent de l'académie, & sans doute il le témoignera. Meilleurs le craignent & s'attendenc à toutes fortes de quolibets , de calembours , de sarcasmes & même d'épigrammes sanglantes.
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10 Mars, Les héritiers d'un procureur nomme 'lJeni(a,rt, auteur d'un ouvrage de pratique estimé, l'étant trouvés frustrés de cette propriété par la veuve Dessaint, qui a prétendu l'avoir acquise, ont plaidé contre elie en 1783 , & gagné leur procès à la grand'chambre. La veuve Dejfaint a voulu se pourvoir au conseil en cassation, & sa requête n'a point été admiCe. Llk est revenue cexte année par requête civile. C'est Me. de Bonnieres qui plaidoit pour elle. Le vendredi 1 5 février, Tentant combien la voie de la caflfarion est délàgréable à meilleurs , il cherchoit à excuser cette premiere démarche. Son adversaire faiMant au contraire cette occasion d'indisposer les juges, demande à lire la requête ; il la lit , puis il ajoute: puisque la puissance suprême A ce mot de puissance suprême, en parlant d'aaes du conseil , toutes les perruques de la grand'chambre fc font hérilTées, messieurs se font levés t aux voix Me. Target fent sa faute; il veut ia aux vo;x Me. Tar ïéparer, il reprend ; puisque j ai eu le malheur de déplaire, je promets de ne plus parler de cette requête. Alors M. d'ormesson, qui présidoit , l'a apostrophé & lui a dit d'un air sévere : vous le promettez, donc?. Je m J fuis déjà engagé, a lépliqué l'avocat, & la colere de la cour n'a point eu de fuite.
L'ordre est indigné du manque de tête de Me.
Targer en cette occasion. On cite à ce sujet le trait d'un Me. de Fourcroy , qui, le président l'interrompant & lui enjoignant de conclure, tire sa montre & dit : cc J'ai encore une heure à parlée M pour mon client, (1 la cour m'empêche de le » faire , je déclare que ma partie n'aura pas été p déffndue. « Le président avant persisté, après
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avoir pris l'avis des juges & réiréré l'injonaion de conclure, Me. de Fourcroy ajouta : cc Je de.
M mande qu'il me soit donné acte de ma déclaM ration & du refus de la cour. » On alla de nouveau aux voix , & il lui fut accordé la liberté de continuer.
11 Mars. L'affaire des avocats du parlement de Besançon contre cette cour a été jugée au conseil , dit - on, & les arrêts du parlement ont été confirmés.
II Mars, Le parlement dans la premiere de Tes remontrances au sujet de la congrégation de Saint-Maur, revient sur l'illégalité des voies employées pour préparer & soutenir le prétendu chapitre de Saint - Denis, illégalité sur laquelle on a trompé le Roi , au point de lui persuades que tout étoit conforme aux ordonnances , & de le porter à employer son autorité pour la soutenir.
Le parlement y reconnoît l'adresse d'une cabale cherchant à détruite la congrégation contre le vœu & les termes formels de la réponse de sa majesté < & à opérer cette ruine de maniere qu'elle ait l'air du propre ouvrage des enfants de Saint-Benoît, & cette ruine s'avance à grand s pas; on apperçoit déjà les avant-coureurs de ce fatal événement dans la division, l'anarchie Be l'oppression qui en font les caracteres distinctifs.
La congrégation de Saint- Maur est aujourd'hui partagée en quelques ambitieux , suivant le parti qui les flatte davantage; des soibles gémissant en silence, & des ames fortes qui ont porté au tri-ibunal de la justice la cause de la religion & de la vérité.
L'anarchie est au point que les religieux ne savent plus à qui ils doivent l'obéissance par la
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multiplicité & la rivalité des supérieurs : plusieurS prélats font partagés sur les sujets admissibles aux ordres & quelques-uns les refusent aux religieux présentés par les nouveaux prieurs.
L'oppression en est la fuite , & l'on ne sauroit nombrer la foule des lettres de cachet prodiguées en cette occation.
Le parlement s'éleve après contre l'arrêt da conseil du 8 janvier , qu'il nomme jugement, & si on le laissoit subsister, suivant cette cour, il préfageroit la deftruéhon de toutes les loix. Il est précisément le triomphe des ennemis de la paix.
Il couronneroit leurs requêtes des i8 avril & 18 Inai 1784, requêtes monstrueuses sur lesquelles le conseil lui-même n'a osé statuer directement.
Il n'est qu'un seul moyen de remédier à tant de maux , c'est de faiuer la congrégation tenir un chapitre régulier.
Le rernede est d'autant plus nécessaire , que si la loi se trouve anéantie par un simple acte d'administration, il n'y a plus rien de stable , &que toutes les daffes de la société doivent trembler ; on n>en peut ébranler une que la secousse ne fè communique à toutes.
Le parlement dans la fécondé partie de ses remontrances , démaf]ue la conduite insidieuse de la commillion des réguliers qui » dans l'efpoirdese soustraire à l'inspection des cours , s'est convertie en un simple conseil con statif. Il prouve qu'il a eu raison de la représenter comme l'établissement le plus dangereux ; il cite un exemple entre cent autres, celui des chanoines réguliers de Sainte-Croix delà Bretonnerie. Il prend de-là.
occasion de revenir sur ce qui a été fait contre "t ordre , & d'en former un des articles de sa
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réclamation ; il termine par s'élever plus fortement encore que la premiere fois contre l'exillence versatile de la commission , de ce protée fanefte fous toutes les formes qu'il prend tour - à -tour, qui, dès sa naissance , a alarmé la plus grande partie du clergé & dont les progrès alarment tons les ordres de l'état 11 Mars. Lorsque le sieur de Beaumarchais a reçu la notification de l'ordre du Roi, il étoit encore à souper avec quelques amis qui ont été bientôt dispersés ; il s'en est défait tous le prétexte qu'il venoit de recevoir une lettre qui l'oblir geoit de se rendre sur le ch imp à Versailles , 8C même de faire quelque travail avant. Resté avec le commissaire, celui - ci, suivant l'usage, a voulue procéder à mettre le scellé sur tes papiers : le lieue de Beaumarchais lui a représenté qu'étant dans une infinité d'entreprises, il avoit des lettres de change à payer continuellement ; que la clôture de ses papiers non- seulement lui feroit un tort infini , mais à beaucoup de gens. Cette considérition a fait suspendre tes fondions au commissaire, qui a dépêché quelqu'un de confiance pouc en référera M. le lieutenant- général de police.
Ce magistrat a décidé que dans ce cas le scellé n'ayant lieu que pour la con fervation des effets du prisonnier , dès que le sieur de Beaumarchais ne craignoit point de tout laisser à la discrétion de ses commis , on pouvoit s'abltenir de cette formalité. Alors on est parti. Le sieur de Beaumarchais jusques-là saisoit assez bonne contenance; il s'imaginoic qu'on le conduiroit à la Bastille , il en tiroit même une forte de gloire; mais quand il a su & vu qu'on le menoit à Saint Lazare , il a été fort sot on veut même qu'il ait pleuré;
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te qui ne lui éroit arrivé depuis long - temps. il faut savoir que Saint-Lazare est une maison de correction en hommes, comme certains couvents le font pour les femmes libertines. On n'y enferme guere que des enfants de famille ou des prêtres, qui ont fait des bassesses ou des fredaines , & qu'on espere ramener à une meilleure conduite, 1100 feu tcmen t par la ca pti vité , mais encore quelquefois par la flagellation. En forte qu'une punition pareille laisse toujours une force de tache , fur- tout quand elle est infligée à l'âge du sieur de Beaumarchais, qui est presque fexagénaire* Ce qu'il y a de plus fàcheux , c'est qu'il passe pour confiant que le Roi l'a en exécration comme un homme infame , & dans son premier mouvement vouloit qu'il allât à Bicêtre. On dit que c'est sur les observations du baron de eret-euil qui sa majesté s'est relâchée & a décidé qu'il n'irok qu'à Saint - Lazare. ,
il Mars. On peut se rappeller le procès du marquis de la Grange contre le marquis de Bouthillier , & l'étrange surnom de voltaire ( vole - terre) donné au premier, qui se prévaloit d'une erreui de commis dans la copie de l'adjudication pout prétendre se mettre en possession de deux terres lorsqu'il n'en a voit acheté qu'une. Depuis peu , il avoit répandu un mémoire, quienavoit im posé à beaucoup de gens ; mais enfin jeudi dernier il a perdu unanimement à la grand'chambre avec dépens.
i z Mars. Si quelque chosê peut consol et dans sa pnfon le sieur de Beaumarchais, c'est sans doute d'occuper tout Paris t comme il le fait. On ne pouvoit le mieux servir dans ton goût, & il n'est "si petite coterie où, l'on ne s'entretienne de lui y
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où l'on ne cherche la cause de sa détention : on l'attribue à plusieurs.
1. M. l'abbé Aubert & M. Suard, malgré l'engouement général, ayant eu le courage de critiquer ton Mariage de Figaro & d'en dévoiler la turpitude , l'auteur en a confervé un ressentiment profond,& par récrimination avoit fait contre ces meilleurs dans sa préface une sortie si violente que le censeur y avoit refusé son approbation : M. de Beaumarchais lutte depuis deux mois pouc la faire paffer & ne put l'obtenir. Tout récemment il étoit allé chez M. le Noir à cet effet, & ce magistrat le trouvant opiniâtre à la publier sans permission, l'avoit charitablement averti de l'orage qui grondoit sur sa tête , lui avoi t dit que s'il faisoit cette sottise , il feroit arrête. En tout cas, Monjïeur , avoit - il répliqué, si je fuis puni .pauf' mes fottifcs, ce ne fera pas pour mes bêtises. Ce magistrat fatigué de ses importunités l'ayant enfin renvoyé au ministre de Paris , il y va.
M. le baron de nreteuil lui déclare formellement que c'est le Roi qui ne veut pas que cette préface paroisse dans l'état où elle est : le sieur de Beaumarchais irrité par ces obstacles & accoutumé à les vaincre , ne semble point effarouché de cette réponse & en devient plus insolent. Il veut savoir pourquoi sa majesté s'oppose à cette publicité ; il prétend qu'on a surpris la religion du Roi; il fait le plaisant , il perfillie : le ministre est obligé de lui dire de se retirer & de le faire sortir.
2. La chanson contre le mandement de l'archevêque, malgré sa dénégation. On prétend due lorsque M. le Noir le manda à cet effet , il lui répondit qu'il avoit fait la chanson, comme
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M. l'archevêque Ton mandement. Quoi qu'il en foit, on parle d'une lettre très - indécente qu'it a écrite à ce prélat & que le Roi a vue, & l'on ajoute que depuis la détention du sieur de Beaumarchais , [a majesté a fait part de ce châtiment à l'archevêque, qui a répondu apostoliquement à sa majesté qu'il ne désiroit point la mort du pécheur , mais sa conversion.
5. Il a paru dans le journal de Paris le lundi 13 février une lettre anonyme , où l'on plaifantoit le sieur de Beaumarchais sur la fureur dè bienfaisance qui lui avoit pris tout-à- coup. Cette lettre extrêmement fine & piquante, attribuéed'abord à M. suard, paroît rester aujourd'hui à un abbé Suard ex - oratorien , ancien prédicateur , aumônier de madame la duchesse de la. Tremouille & qu'on dit frere de l'académicien : des gens qui.
se prétendent plus au fait, vont jusqu'à insinues qu'elle feroit d'un prince auguste , accoutumé à mystifier le public par des énigmes, des allégories & autres productions très - spirituelles; que dis moins elle a éte composée fous ses yeux. Le fieuc de Beaumarchais piqué au vif d'une plaisanterie supérieure à toutes les siennes, a cependant voultt y répondre , mais. l'a fait d'une maniere si grof- siere & si injurieuse que M. Guidi, ie censeur royal du journal, n'a voit jamais voulu paffer cette réponse qu'il n'y fût forcé par un ordre supérieur..
On veut encore que tout ceci ait été un pièce tendu au sieur de Beaumarchais , & qu'il y ait donné. On cite le mot de l'autorité exigeant qu'on > insérât sa lettre , il s'enferre de lui - même y il faut le laisser aller. Effectivement , ç'a été la derniere impudence qu'on lui ait permise , & il a été arrêté le lundi même 7 mars où avoit paru cette diauibc sanglante.
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T$Metrs. Il s'est élevé depuis pêtl un Clut des Américains : pour y être admis, il faut avoir quelque habitation dans les Colonies. Leur principal objet est de s'occuper de leurs affaires & de tout ce qui peut contribuer à l'amélioration de leur culture. Ils n'ont pas manqué d'être scandalisés des divers mémoires du commerce dont on a rendu compte , & ils ont résolu d'y répondre par un Mémoire des Planteurs. On ne fait s'ils obtiendront la permiffionde le publier, & s'il fera même reçu & agréé du ministre; le gouvernement n'aime pas ces associations politiques non autorisées, & le Roi qui en général ne voit pas de bon œil tous ces clubs, pourroit trouver mauvais que celui - ci s'ingérât de matières aussi étrangères à leur institution & A leur tolérance.
13 Mars. Tout Paris a été enchanté de la perte du procès de M. de la Grange. On prétend que sa mauvaise foi étoit si manifdte , qu'il y a ea des voix pour l'aumôner, & que , s'il n'a pas été plus maltraité , il le doit à la circonstance favorable de se trouver beau - frere du procureur - général. Naturellement il auroit dû être condamné à de gros dommages & intérêts envers le marquis de Bouthillier, qui n'en demandoit pas pour lui, mais ies vouloit applicables aux pauvres de la terre.
Le mémoire du marquis de la Grange n'éroir signé que d'un procureur , & Ion en a jugé qu'aucun avocat. n'aurait voulu (e charger d'une aussi mauvaise cause : quant à son adversaire , l'on a dit qu'il faisoit lui - même les fiens.
14 Mars. La gouvernement s'obstine à la pror- eription de l'ouvrage rie M. Necker , mais tacitement ; il ne veut pas qu'aucune feuille périodique tm paiie,
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L'âbbé Aubert qui, en sa qualité de rédacteur du journal général de France, est le chef de toutes les affiches particulieres qui s'impriment dans les direrfes provinces , a envoyé à ses confreres une lettre circulaire , où il leur notifie les défenses du ministere.
Le rédaéteur des affiches de Limoges , gourmandé par les habitants de la ville & de la province sur le silence qu'il gardoit du livre de monsieur Necker, afin de répondre à tous ce$ reproches par bêtise ou par malice , a imprimé dans un de Tes numéros la lettre de l'abbé Aubert. Le gouvernement en a été fort feandalifé & le rédadieur est interdit.
14 Mars. Jeudi dernier à la réception de Me. Ta* get on a été effrayé de voir M. de la Harpe , qui est assez bien de figure ordinairement, paroître le visage couvert de pustules qui le rendoient hideux , dégoûtant même : on ne doute pas que ce ne foit le chapelet fatal dont son front est couronné, présent de Mlle. Cléopbile ou de quelque autre courtisane. Quoi qu'il en foit, un caufiique, dit - on , M. Daubonne, composa pendant l'assemblée cet impromptu & le lui fit passer : il n'a de mérite que l'à-propos.
La Création du Monde.
D'abord Dieu créa la santé , Sans laquelle ici-bas aucun bien n'est goûté.
Ensuite vi lit la patience , Vertu si nécessaire autant que l'équité ; Et puis en digérant, il fit la bienfaisance ; On est toujours humain lorsqu'on est bien lessé,
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Le quatrième jour vit naître la gaîté ; C'est depuis ce temps que l'on danfeAu milieu du cinquième il forma la beauté ; Le lendemain au foir il fit la tempérance.
Pour septieme chef-d'œuvre enfin la volupté.
Mais la vérole prit naissance , Et tout l'ouvrage fut gâté.
15 Mars. Depuis la détention du Gur de Beau• marchais, la contrefaçon de sa comédie a doublé y & se vend trois livres , par la crainte qu'elle ne soit arrêtée.
15 Mars. Après la longue & fastueuse iutroduction, M. Necker dans son livre de l'Administration des Finances de la France, entre en matiere, & l'on doit admirer sans doute le courage avec lequel , malgré les secours qu'il a trouvés au contrôle - général, dans le travail de ses prédécesseurs & dans celui de les coopérateurs & de ses agents", il a développé ton (ujet , quoiqu'en y laissant encore beaucoup d'obscurité & d'ennui , au point que l'ouvrage feroit lu de peu de monde , s'il n'étoit à la mode , & si chacun ne vouloit se mettre en état d'en parler tant bien que mal. Ce qui fatigue sur - tout , c'est ta diffusion , ce font les réflexions philosophiques & morales dont il surcharge des chapitres qui ne demanderaient que de l'ordre & de la précifton; c'est le ton de rhéteur qu'il affefte toujours, lorsqu'il ne devroit écrira qu'avec clarté & simplicité. Aul11 ce livre, apièsavoir, à raison des circonstances, causé l'engoue- ment général, fera au bout d'un certain temps cnfeveli dans la poussiere des bibliotheques, & ne
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fera consulté au besoin que par ceux qui voudront s'en éclairer , ou en discuter les erreurs.
Si l'on vouloir résumer ce livre pour n'en con* ferver que les détails , les faits & les raisonnements relatifs à l'adminitfraticn , on réduiroit facilement les trois volumes en un , qui n'en fetoitque meilleur. Quoi qu'il en foit, après l'avoir bien dépecé, nous en donnerons l'apperçu & les réfulrats dans tout ce qu'il contient d'instuctif pour son objet & son but véritable.
15 Mars. Le sieur de Beaumarchais est forti de Saint - Lazare & rentré chez lui , dans la nuit du dimanche au lundi. Ses amis se prévàlent de cette courte détention qui n'a duré que six jours , pour atténuer son châtiment. Ils disent que c'est une espiéglerie du gouvernement, qui a voulu le corriger en riant, & par cette espece d'épigramme en action le traiter à sa manière. La gaieté qu'on y a mise efface, suivant eux , ce qu'elle a d'humiliant.
15 Mars. Samedi dernier l'on donna pour la derniere capitation des aéteurs à l'opéra , Iphigéni, en Tauride, en quatre actes, & Panurge en trois.
Ce qui fit durer le spectacle jusqu'à dix heuresun quart La recette de 16,500 livres est sans exemple.
On fait que ces jours- là l'on a droit d'aller sur le théâtre pour un louis: le nombre de ces agréables étoit si grand qu'il offufquoit le parterre , qui fit un vacarme du diable & les obligea de se retirer dans les coulisses.
Du reste, on a fait une caricature sur panurge.
On le représente jeté par les fenêtres, & deux danseurs, Vestiris & Gardel, le soutiennent avec des balJets ; calembour relatif à la nature de son succès.
16 Mars. On n'a pas manqué de conserver par
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des caricatures & des chansons la mémoire de l'événement du féjourdu sieur de Beaumarchais à Saint-' Lazare. Les dernieres font pitoyables, les autres font toujours plaisantes par la flagellation qui en fait le fond ; ce n'est pas une légere consolation pour ceux qu'il a tant baffoués de le voir à son tour culotte bas, recevoir la correction des cuistres auxquels il est fourmis.
16 Mars. On a déjà fait à l'opéra une répétition de l'Alceste de MM. de Saint - Marc & F loquet ; car celui - ci a levé enfin le masque. On a trouvé dans la musique des airs de ballet , un chœus de démons, assez beaux; mais point de chant, & en général le comité n'a point jugé cet ouvrage assez bon pour pouvoir soutenir le parallele de celui du chevalier Gluck. Tel a été le compte que l'on a rendu au ministre. Ces messieurs ne se tiencent pas pour battus, ils demandent un fécond essai & de nouveaux juges.
17 Mars. On a parlé précédemment du numéro 88 de Me. Linguet, espece de mémoire pour l'Empereur : le numéro fui vant contient un Discours tenu ou à tenir Par un ministre de France au Conseil d'Etat à Versailles , sur les frais intérêts dt la nation relativement à l'ouverture de l'Escaut.
Dans celui -ci , plus partial encore , il semble soumettre la France à l'Empire , & prétend que les succès de Louis XVI ne font dus qu'à l'ina&ion de Joseph 11. Il cite modestement lui - même dans ce discours , & fait rapporter par l'orateur politique ses réflexions & un fragment de son mémoire , comme une autorité propre à faire une grande impression dans le conseil.
Ce numéro 89 a plus révolté encore que !e précédent , & quoiqu'il ne foie rempli que de
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mauvais raisonnements & de sophismes, le ministere a cru devoir arrêter le cours de ces diatribes : les numéros suivants ont été interceptés & les souscripteurs gémissent d'une nouvelle interruption. Les numéros 90 & 91 n'ayant point passé , il a essayé de (e servir du canal de l'ambassadeur de l'Empereur pour les numéros 91 & 93 > qui ont été également interceptés.
Le bruit court que l'Empereur a fait une pension à Me. Linguet , & c'est à désirer pour cet écrivain dont le journal , pour peu qu'il veuille le rendre inréreflant, ne pourra jamais jouir d'une liberté soutenue & nécessaire en France.
Quoi qu'il en foit , ce qu'il y a de sur , c'est que Me. Linguet ayant [réuni ses deux numéros en une brochure ilblée, fous le titre de Considérations sur l'ouuerture de l' Escaut , avec un avertissement, où, suivant sa coutume, il fait profeffien de la plus entiere impartialité j il jure n'avoir été pouffé à écrire que par son amour pour l'humanité. L'ambassadeur de sa majesté Impériale à Paris , se trouve pourvu d'un bon nombre d'exemplaires de ce sactum, & le fait distribuer à ceux qui en demandent ; preuve que son maître ne désavoue pas son apologiste, en fait cas & approuve ses raisonnements.
17 Mars. Dans une des caricatures sur le sieur de Beaumarchais , il est représenté entre tes jambes d'un lazarifle, qui a le martinet levé sur ton postérieur à découvert: à côté & dans un fauteuil est assise une belle dame, magnifiquement vêtue, la comtesse Almaviva , les yeux fixés sur le derriere du patient & souriant : plus loin & debout est le petit page , qui leve les yeux au ciel & semble gémir de l'infortune de son défenseur &
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de ton maître. Tout cela est peu caracérisé ; paf une mal-adresse inconcevable, le sieur de Beaumarchais est caché ; en forte que lui & ses partisans pourroient nier qu'il fût l'objet de la caricatura , si la légende qu'on lit au haut , tirée de sa comédie, ne fïxoit l'incertitude du fpcdhteur. Elle porte: Tant va la cruche à l'eau qu'à la fin ellt s'emplit : citation la plus ingénieuse de cette estampe peu piquante, & quant à l'exécurion & quant à sa composition même. Elle s'est vendue librement jusques ici; mais enfin il est venu désènses aux marchands de l'étaler , & elle coûte aujourd'hui six francs.
17 Mars. Un abbé Petit ayant dit sa première meslè ces jours-ci, un plaisant lui a adresse l'espece de rondeau fui vaut, dont une forte impiété fait le principal mérite. Cela se chante fut l'aie de haut en bas.
Petit, Petit , Vous allez faire grand e chere 4 Il vous faut un grand appétit ; Le Dieu du ciel & de la terre En votre faveur va se faire Petit, Petit.
r 18 Mars. On cite parmi les convives qui étaient à souper chez le fleur de Beaumarchais le jour de son enlevement, le prince de Kajjau , l';,bbé d.
Calonne , frère du contrôleur - général , &c. Le lendemain de son élargissement, il sert trouvé à sa porte une file de plus de cent carrosses qui venoient le féliciter.
18 Mars. M. Necker dans son premier chapi-
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tre , développe toutes les contributions des pett-<JS
pies, qu'il évalue à f85 000,000 livres.
Après avoi r dans le fécond jeté des réflexions générales sur l'étendue des impôts , il établit dansti.
le troisieme que les frais vont à 58 millions, 8C, après avoir déduit de la recette générale ci - dessus 27,500,000 livres pour les corvées & les frais dei contrainte ou de saisie , fortes de contributions qui ne forment pas un objet de recette , il trouver.
tjue le réfulcat des frais de recouvrement est doi 10 4 pour cent.
Dans le quatrième il criticjue le rétablissement tt, des receveurs généraux des finances & des reee. ,t veurs des tailles.
Il donne au chapitre cinq des notions générales sur les économies , dont l'universalité des frais Ide recouvrement est susceptible, & il estime k qu'elles pourroient s'élever encore jusqu'à 16 millions environ ; en forte qu'il ne resteroit plus que 9.
41 millions de frais de recouvrement; ce qui le s réduiroit à 7 & demi pour cent.
M. Necker, dans les cha pitres 6 & 7, exami ne S le systême de ceux qui voudroient convertir tou- tes les contributions de la France dans un seul 1 impôt terrirorial, ou dans une capitation per- fonntlle , & il est pour la négative.
Le nombre des agents & des employés du sisc : fait l'objet des recherches du chapitre 8 ; il se s monte à environ 2.50,000 personnes.
Il passe dans le chapitre 9 à la population de la France que , la Corse comprise , il éleve à 16' millions d'hommes.
Dans le chapitre 10 , en réduisant la popula.
tion au taux plus modéré de 14. millions 676 mille ames, il trouve que chaque individu paye 23 livies 13 fous 8 deniers.
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Dans le reste du premier volume , c'est - à « dire , dans les chapitres 11 , 11 , 13 & 14, après avoir donné des notions fuccindes sur les contribuables , les franchises, la population, l'étendue & les principales ressources de chaque généralité du royaume , l'auteur parle de l'étendue de la population & des contributions de la Corse. Il parle des impôts & de la population des colonies de la France.
On y compte en tout environ 72. mille blancs & plus de 500 mille esclaves, & elles ne rendent pas sept millions d'impôts.
Il termine par des obCervations générales fut la réforme des imporitions.
Le fecond volume ett divisé en n chapitres.
Dans les quatre premiers, M. Necker traite de l'impôt sur le sel, de l'impôt sur le tabac , des droits de traite ; il établit la balance du commerce de la France, qu'il évalue en sa faveur à 70 millions, & donne ses idées sur la réforme de cette partie.
Dans les trois fui vants , il parle avec la plus grande complaisance de ces administrations provinciales qu'il regarde comme Ton ouvrage ; il youdroit dans !e huitième faire comprendre aux parlements que ces établissements qui les ofifufc quent, devroient au contraire en être favorisés.
Dans le neuvieme il parle des contributions du clergé , qui font de dix millions., sur un revenu d'envirbn 130 millions: ses dettes font d'environ 134 millions. Dans le dixieme il voudroit un conseil pour la distribution des béné fices.
Dans les onzième & le douzième chapitres, auxquels. il joint un supplément, l'ex - ministre des
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finances parle des dettes de l'état, des remboursements & des dépenses de 'a France. Le résultat est que la balance de la dépense excede la recette de dix millions, & au contraire, suivant lui, lorsqu'il fut renvoyé, la recette surpassoit la dépense de plus de dix millions.
Dans le troisieme volume qui contient 36 chapitres, les dix premiers feulement qui roulent sur les monnoies & sur le numéraire de la France y rentrent dans le titre de l'ouvrage. Dans les auttes , c'est moins un contrôleur- général qu'un premier ministre qui parle, & le plus souvent un moraliste qui prêche, qui dit de très - bonnes choses , mais qui perdent la plus grande partie de leur effet , parce qu'elles font mal amenées ou mal placées ; non erat hic locus.
18 Mars. M. le comte de Senneterre, connu par sa cécité & par ton goût pour les lettres, vient de mourir : il étoit le dernier mâle de son nom.
18 Mars. A l'occasion de la mercuriale dont on a parlé , fait au public par l'abbé de Boismont le jour de la réception de Me. Target, un plaisant avoit fait l'impromptu suivant, qui ne s'est xépandu que depuis peu: De par Phœbus & caetera , Lorfcju'un des quarante lira, Messieurs Boisinont vous notifie Qu'il est defendu de siffler : Si trop fortement on s'ennuie, Permis seulement de bâiller.
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19 Mars. Dans la foule des vaudevilles faits à l'occasîon du châtiment exercé lur le su-ur de Beaumarchais, voici le seul plus passable , dont quelques couplets ont d'autant plus de' sel qu'ils font calqués heureusement sur ceux qui terminent son Mariage de Figaro. Il faut les avoir présents ; les nouveaux font sur le même air :
Cœurs sensibles , cœurs fideles, Par Beaumarchais offenses , Calmez vos fiayeurs cruelles, Les vices font terrasses : Cet aureur n'a plus les ailes Qui le faisoient voltiger j Son succès fut passager
Oui , ce doreur admirable Qui faisoit hier l'important, Devient aujourd'hui traitable, Il a l'air d'un pénitent.
C'est une amende honorable Qu'il devoit à l'univers Pour sa prose &. pour ses vers.
Le public qui toujours glose, Dit qu'il n'est plus insolent Depuis qu'il reçoit sa dose D'un vigouretix flagellant.
De cette métamorphose Il nous apprit le pourquoi: Les plus forts lui font la loi.
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Un lazariste inflexible, Ennemi de tour repos , Prend un infiniment terrible, Et l'exerce sur ion dos : Par ce châtiment horrible Caron est anéanti ; Paveant maie nanti.
Goëzmann, au gosier d'autruche, Que la pitié n'amollit, Au patient qui trébuche, Répete un diélon qu'il fit : Tant à l'eau s'en va la cruche Qu'à la fin elle s'emplit ; Quoiqu'un peu tard , il fuffir.
Quoi! c'est vous, mon pauvre pere, Dit Figaro ricanant, Qu'à coups nombreux d'étriviere On punit comme un enfant!
Cette leçon salutaire Apprend qu'un jufle retour A chacun donne son tour.
Bridoison qui voit la fête , En paroît très-satisfait : Ah ! dit-il, branlant la tête , Comme un for il me peignoir: Mais, si je fuis une bête, Avec tout son efprir, ma foi, Le voilà plus sot que moi !
Sans
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Sans doute la tragéâie Qu'il nous donne en cet instant, Vaut mieux que la comédie De cet auteur impudent.
OnTerritle, il peste , il crie, Il s'agite en cent façons : Plaignons-le par des chansons.
19 Mars, Feu M. de saint-Auban , cet officier général d'artillerie qui n'a que trop fait parler de lui sur la fin de les jours, avoit un cabinet de machines & de modeles très curieux pour son métier. Sa famille a offert ce cabinet au Roi. Sa majesté l'a accepté. Il est maintenant placé à Veriailles dans la piece où l'on étal e les porcelaines de Seve , Se le public le voit librement.
19 Mars. Le parlement que l'ordre des avocats offusque depuis long - temps cherche tous les ,llloyens de se soumettre ce corps, dont la liberté & l'indépendance font l'dfence. N'osant l'attaquer ouvertement , il s'y prend avec adresse & de II même maniere que la cour en a usé envers lui.
Il cherche à le raccourcir, sur-tout à exclure des délibérations la jeunesse trop turbulente. Sous ce prétexte, il a fait proposet par les anciens , ignorant sans doute les vues ultérieures de cette cour, que l'on n'admît aux assemblées générales que les avocats qui auroient dix ans de palais, iavoir, quatre ans de stage, & six ans de taibleau.
On fait que l'ordre est divisé en dix colonne; ■qui votent chacune séparément; le plus grand nombre a déjà opiné pour que le réglement 1 passat.
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lorsque les dix colonnes auront délibéré , les deux députés de chacune , au nombre de deux , en référeront à l'assemblée des sénieurs, cornpofée sur - tout, de tous les bâtonniers & autres vieux consultants, & l'on ne, doute pas que le raccourcissement de l'ordre ne s'opere ainsi, & peutêtre Ton esclavage & son déshonneur successivement. : Messieurs les gens du Roi insistent avec force &. avec petfévérance pour qu'on faife pn réglement à l'occasion des mémoires , sinon menacent d'en faire un ; te qui est embanaffant.
zo Mars. On ne cesse de s'entretenir du Geur de Beaumarchais, & l'on met aujourd'hui en pioblême s'il restera en Fiance. Quelques gens vont jucqu'à prétendre que les chevaux font .ea vente, & qu'il se retire en pays étranger. D'autres assurent qu'il est comme à son ordinaire , & n'en est pas moins impudent. Ce dont on convient assez généralement, c'est qu'il ctoit maté durant son séjour à Saint - Lazare, qu'il y faisoit le malade , & avoit obtenu d'y voir son médecin fous ce prétexte , & ton caissier fous prétexte de lès aflaires. Que les amis se font prévalus de celles-ci pour obtenir son prompt élargissement ; qu'ils ont présenté comme une injustice de faire refluer sur une infinité de particuliers la punition exercée sur celui-ci. On convient encore assez généralement que le iieur de Beaumarchais éroit resté dans un état fort inculte & fort mal- propre, qu'il s'étoit laissé croître la barbe & ne vouloit pas sortir, au moment où le commissaire vint lui annoncer sa liberté ; qu'il exigeoit qu'on lui jrendît raison de la captivité ; que ce commissaire , son ami, ayoit
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î-té cblizé de lui remettre la tetc & de lui. con-
seiller de jouit de la grace qu'on lui accordoit, sans en demander davantage ; qu'alors il s'enve- loppa dans ion videchoura & se remit entre les mains de l'ofncier de police , qui le ramena chez 3ui.
Le sieur Gudin de la Brenellerie, ton paillasse dans toutes les circonstances, joue aussi un grand rôle dans cet événement ; il est le premier qui ait vu le sîeur de Beaumarchais, il accompagnoit le commissaire.
Le sieur de Beaumarchaisrentre chez lui, trouve sa Une, sa chere Eugénie fondant en larmes ; MHe. de Villers, sa maîtresse, Ce jetant avec elle à ses genoux ; tous ses domestiques dans le même attendrissement, enchantés du retour d'un aussi bon maître.
Tel est le spectacle qu'on pourroit faire graver, & qui feroit un digne pendant de la caricature.
2.0 Mars. Extrait d'une lettre de B.-fançon > du 15 mars 1785 L'ordre des avocat, est ici dans une grande désolation , & le public aussi.
1M. de Grobois) le premier président du parlement, cherchant à se remettre bien ave-c sa compagnie, a pris son différend avec les avocats fort à cœur; il est allé à Paris, il a pressé le cardedes sceaux de terminer cette affaire en rejetant la ! requête des avocats du parlement de Besancon.
1 '"Cest un M. Albert qui en étoit rapporteur ; ce < magistrat passe pour assez intègre, mais il étoit ; imembre du parlement de Paris. Il est dur , il a r <k despotisme dans la tête, il est dévoré d'ambi1 tion, il auroit envie de se raccrocher, & d'après fun rapport au bureau des cassations, la requête
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n'a point été admise. Je crois que c'est le mercredi i de ce mois qu'elle a été rejetée.. Nous avons désespéré de notre cause -quand .nous avons appris le-propos de M. Grosbois à Me. Bassan , llorre député. , Celui-ci n'a pas cru devoir & dispenser de rendre tes hommages au premier président, lorÉ qu'il l'a sa à Paris : la conversation est bientôt tombée sur l'affaire. et Monsieur, lui a dit M.
M de Grosboisf si les avocats de Besançon gagnent., » je donne ma dérn illion & me tais avocat. »
Voilà donc les arrêts du parlement qui suffit tent ! Trois avocats tarés composant seuls aujourd'hui le barreau de cette ville, & le bâronnier condamné à payer i sec liyres de dommages & intérêts envers l'un d'eux.
Notre parti est pris. De 150 environ que nous sommes, sept ou huit resteront dans cette vi11e.J mais pour consulter seulement, pour écrire & pour concilier les ffires. Les autres Ce. répartiront dans les bailliages du ressort.
Ea outre, on a fait une bourse commune pour faire des pensîons aux pauvres avocats & aux infirmes qui ne pourront se transporter ailleurs ou le tirer d'affaire. » -i Nous ne" savons comment les autres, ordres , e sur - tout celui de Paris , prendront, la chose ,
mais il nous semble qu'elle les intéresse assez fort pour qu'ils dussent craindre pour eux & s'en j mêler 1 mo Mars. Par la réponse de M. le duc de Nivernois au discours de réception de Me. Target à l'académie françoise , on apprend que l'académie, à force de recherche quelque titre littéraire du candidat qui pue justisïer - ion choix, 3 déterré
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une brochure anonyme de sa façon, dont on a parlé dans le temps, sans en conroître l'auteur.
Elle parut lors du différend des avocats avec Me.
Linguet, & a voit pour titre la censure. Le directeur en fait l'éloge & y trouve des vues très- fages & très-philosophiques sur cette magistrature morale, qui ne peut s'exercer que dans un corps où l'honneur & la liberté regnent ensemble.
21 Mars. L'affaire du sieur saussaye renaît de' ses cendres, & acquiert plus de célébrité que' jamais par des circonstances agravantes.
D'abord son adverfairc , ci. devant {impIe' Commis, aujourd'hui se qualifie d'ancien gentilhomme de la garde de sa majesté le roi de Sardaigne, & breveté d'officier d'infantetie dans ses' trou pes.
Ensuite son premier défenseur, Me. Martinide Marivaux, dénoncé à son ordre , est obligé de renoncer à sa profdIlon. & a fini par s'expatriei pour paffer en Angleterre, lui & sa famille.
Son fécond défenfeut , Me. pincemaille dé VilluJ? ayant figné imprudemment une confulfation du. 8 oétobre dernier , à la fuite d'une supplique à la chambre des comptes, violente en général & dérisoire sur-tout contre M. le procureur-général de Mentholon, est réprimandé par fan ordre, & n'échappe à une punition plusgrave qu'en vertu de sa jeunesse , de ton inexpérience , de son zele aveugle, & plus encore du mécontentement de l'ordre contre la chambre des comptes, qui veut s'arroger sur les avocats une jurisdiction coërcitive qu'ils lui refusènt.
La chambre , par ton arrêt du 4 décembre agrès avoir déchargé le fleur sattjfaye, déclaré
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fausses & injurieuses les imputations contenues aru mémoire du fleur Dupasquier.,.. ordonné que l'imprimé intitulé supplique, & la confuhationétant ensu ite, feront Supprimés-3 &c. enjoint audit 'Alexis Dupafquier d'etre plus circonspect à l'àvenir.
injonction qui frappe également sur l'avocat, auteur du mémoire, ne s'en est pas contentée, & tout récemment a fait signifier cet arrêt a Me. Pincemaille ; ce dont -il a été rendu compte "9 l'or 1re qui doit en délibérer, & a provisoirement arrêcé- qu'aucun de (es membres ne se préfenceroit pour plaider devant cette cour.
Enfin le sieur Dupafquier, constitué prisonnier a la Conciergerie par anêt de la chambre le 1 y septembre, &. élargi feulement en vertu de l'arrês du 4 décembre, revient au Châtelet paj le minis tere de Me. Marteau, son troisieme défenseur & invoque de nouveau, le sècours des loix contre son ad versaire; « ii Mars. Extrait d'une lettre de Gumes, du 1.5 mars Nous avons vu ici. M. Blanchard -, £jui y a repallé en venant de Paris i H rencontra à Boulogne M. Pilâtre de Rozièr, qui gémit de- ; n'avoir pu encore suivre ses traces, Le 15 de ce mois il avoir essayé de nouveau son appareil, i £ étroit prêt à putir : mais son ballon précurseur lui. i fit connoîrre que le vent n'étoit pas bon.
M. Blanchard) dès le 21 février, s'étoit em.. 1 barqué à Calais pour l'Angleterre , où il fait construire des ballons- à sa maniere ; nous avons, 1 de ses nouvelles du 8. j Pour nous , plus confiants que les Parifiens^. s nous persistons à vouloir ériger le monument projeté , qui fera vraisemblablement le premier & peut - être le seul exécuté,
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La délibération du corp s munici pal de cette vilI: en date du 8 janvier , & notre requête du 18 s ayant été - favorablement accueillies de sa mjessé le 17 février, d'après un réquisitoire coure & très - bien libellé du procureur du Roi, il a été définitivement résolu de faire travailler fana relâche à la colonne qui doit être placée dans là forêt à l'endroit où le ballon de M. Blanchard s'est arrêté, avec une inscription convenue a Se les ouvriers font en œuvre actuellement.
La colonne fera en marbre du pays , d'ordrd Toscan , & ses dimenûons font aussi fixées. OU a pourvu aux fonds & à la manière de les employer.
M Mars. Les amateurs des belles voix font: enthousiasmés du sieur David , que le sieur la Gros a fait venir à grands frais d'Italie pouC l'ornement de son concert spitiruel , durant la quinzaine de pâques. Il a débuté le dimanche 13 , & l'on assure qu'il a chanté avec un goût & une perfeftion dont il y a peu d'exemples.
i l. Mars. L'uiïiverifïé ayant fait des répréfend tations au parlement sur son arrêt du 7 septembre, concernant l'âge auquel on peut concourir pout les prix, on y a apporté des modifications, pas un autre du 11 février.
Les principaux changements font i-e. que dans la classe de rhétorique 3 il en fera usé à l'avenic comme par le passé : 10. que l'époque pour être exclus des compcfitinns dans les autres classes res- -pe.Ctivemeiit , est reculée & rapportée au premier octobre piécédent.
tz Mars. Extrait d'une lettre de Rocroy , du 15 mars. Le prodige de valentin se renou£ velle dans ce pays-ci. Nous y avons actuellement | Fiacre Bouillon, jeune homme, compatriote de
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Duval, qui n'a pas encore vingt ans , ne comme lui fous !e chaume dans la plaine de Rocroy & gardien de quelques vaches. Il a composé un poëme d'environ cinq cents vers , dont le sujet est la HatnUle de Rocroy , que le grand Condé remporta a vingt deux ans. Illepréfenta en 1783 au prince de Condé aéhlel , sur le chmp de bataille même , le premier théâtre de la gloire de son aïeul. Il l'a retouché depuis , & on l'imprime actuellement i Charleville , avec l'agrément du prince & vraifrmbJé bit ment à fts dépens. Vous en jugerez : quant à moi, cet ouvrage r.:e paroît l'annonce dil.: plus grand talent.
Ce qu'il y a de plus extraordinaire, c'est que , contre l'usage, son goût pour la poésie ne lui a gâté ni le coeur, ni l'esprit ; il n'est point empresse ce (onir de son état, il ne s'en dégoûte point, il y vaque avec zele. Comme on lui proposoit de l'en- voyerà Paris pour lui procurer de l'éducation , il refondit : « Je ne le puis ; ma mere est pauvre, & ne *>fublïfte que démon labeur ; je De l'abandonnerai *> pas. »
13 Mttrs. M. l'cibl>é Millot , précepteur de M. le duc &TLn«uien, vient encore par Ca mort de laisser une place vacante à l'académie françoise, dont il étoit membre. Qurnd il fut nommé, on Je demandoit qu'a - t. il fait ? Depuis qu'il en a été , on renouvella la même question. Et cependant il est auteur de difeours & de traductions elli rrables, d'éléments d'histoire, où l'intérêt se trouve réuni-à la précision ; ouvrages peu connus.
C'étoit une créature de la maison de Nouilles, qui l'avoit poussé en quelque forte, malgré lui, car il étoit timide & modeste.
13 Mars. Rien de plus vrai que la vente des che.
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-tàux du sieur de Beaumarchais. Il s'obfiine à rigT point sortir de chez lui & même à ne voir personne , qu'il n'ait reçu satisfaction de l'opprobre dont on l'a couvert. On veut qu'il travaille à un.
mémoire au Roi. Il a consigné lui - même sa réfoîution dans une lettre au marquis de Ximenès, dont celui - ci, de concert vraisemblâblement avec l'auteur , répand des COpiéS. Elle est très - bien faite, à ce qu'assurent ceux qui l'ont lue , & même écrite avec pius de roblefTe que ses autres productions. Il y prétend n'avoir manqué à personne n'avoir rien à se reprocher ; il s'é!eve contre la surprise faite à la religion de sa majesté , & il espere que mieux instruite, elle ne lui refusera pas une réparation éclatante..
Il paroît que l'exemple du freur de Sainte - Fcy encourage le sieur de Beaumarchais, qui est même dans un cas beaucoup plus favorable, puisque l'autre étoit diffamé par une punition légale, & que lui n'a été frappé que d'un coup d'autorité despotique. Il voudroit donc qu'on lui donnât aussi quelque place honorable à la conr ou ailleurs y avec un brevet , dans lequel le Roi reconnoîtroit rinnocence dè cette malheureuse victime des préTentions & de la calomnie. Ses amis ne défef- perent'point du faccès de son étrange prétention, & l'on voit tant de choses extraordinaires qu'on rie feroit pas surpris qu'il réussît en cette occa110n , quoiqu'on n'en connoissè point d'exemple; 24 Mars. Il paroît tous les jours , outre les mémoires des ports du commerce , des écrits contre l'arrêt du 30 août.
Le club dès Américains a publié aulTi le non, Indépendamment de celui de ces Planteurs en général,: dénomination qu'ils ont prise d'après ceUp-
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Angloise, il y en a de particuliers )'& l'on- affum que l'abbé Beaudeau en broche un sur - tout asis t quel les principes des économiftcs doivent servir i de bafe. F - Quoi qu'il en foit , il paroît que le gouvetnemenreft aujourd'hui décidé à revenir sur ses pas,.
& qu'il ne s'agit que de mettre à couvert l'amourpropre du minifue.
C'est mardi prochain %) < du mois, ,<]ue M. d.
la Cojie , député du commerce pour les coories & messieurs du Bergier, député du com- mtrce de Borieux , & Roflagny, député du comnerce de Madille doivent entrer au conseil royal du commerce & y exposer le vœu général de leurs confreies.
Il en ùii ensuite référé au conseil des dépêches.
14 M.'t.r_. Cesi M. Courtois de Minut, maître des requêtes, qui efl chargé du rapport au con.
seil de l'affaire dcs bénédidins. Il s'en occupe depuis long- temps , & avoue être bienembarralfé de lavoir quel parti prendre. 14 Mars. M. le contrôleur - général a imaginede créer un nouveau département dans ses bu- reaux pour le commerce. Jusqu'à présent les consuls n'avaient eu de relation qu'aux affaires étrangères ou. à la marine ; il a obtenu la création de deux places qui lui donneront dans cette partie l'influence qu'il réclame ; ce font deux inspecteurs- généraux , l'un pour le midi & l'autre pour le , - notd. Le premier sera M. Boyetet, ci - devant chargédes affaires de la marine & de commerce de france 1 Madiid , & le fécond M. Dupont, inspecteur- générai du commerce créature deM. Curgot, grand économise, & qui a traYail: ong - tllll î s aux d,4 cito y en, - tsmjs aux tyhémérides du citoyenH
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* Le fort Je ces meilleurs est de 40,000 livres de sentes pour chacun.
14 Mars. Un vieillrd de soixante & seize ans a-été convaincu ces jours derniers d'avoir assassiné sa femme de quatre- vingt-huit ans , pour épouses une fille, falervante , il a été condanmé à être roue.
Comme c'étoit un ancien valet-de pied du Roi, c'est la prévôté de l'hôtel qui l'a jugé. Les valetsde pied ont fait tout ce qu'ils ont pu pour le sauver , & non pas réussi. L'atrocité de ce crime à un pareil âge, & pour pareille cause de la part d'un vieillard a qui ju[gu'i prêtent on n'avoit rien reproché, fait époque dans les annales des pafhons, & mérite d'être coniervée par sa firgularité thrayante.
15 Mars. Copie de la lettre du sieur de Beaumarchais à M. le marquis de )(;'fJf. en date du 20 mars.
« Je vous rends grâces, monsieur le Marquis ; mais frappé d'anathêmes du courroux du Roi que je n'ai point mérité, je me suis imposé ',a loirïgoureu(e de volontaire de garder prison dans ma chambre julqu'à ce qu'il ait plu à là majesté d'entendre ou de lire ma justification. J'espere que le Roi qui m'a fait punir en me croyant coupable, ne me refusera pas justice quand il me faura innocent, C'est dans cet espoir que je le fais Solliciter avec respect de recevoir la plus humblerequête. Le hasard a mis dans mes mains des preuves aussi certaines de mon innocence qu'on jourroit en produire dans un procès crimineL le Roi est juste & je ne l'ai point offensé. Recevez d'un homme affligé les assurances du respectueux attachement avec lequel, &c. n TeiJe est cette lettre, qui ne répond pas à r°2i-'
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nion qu'en avoient donne les partisans du Geuf de Beaumarchais ; elle est sinon plate, au moins très - médiocre.
On assure que, lorsque le Roi a appris l'étrange .Ié[olutio'D de cet intrigant , il a ri & a dit : Ci Il M Fait très - bien, il fejuge & se punit lui-même.» Depuis la détention du sieur de Beaumarchais, lès langues se délient & des gens attachés au lloi, lorsqu'il étoit Dauphin , rapportent ua propos de ce prince , qu'ils attestent avoir entendu , en preuve de ropinion qu'il en avoit dès ce tempslâ. Le foir du jour où le sieur de Beaumarchais fut condamne par le parlement Maupeou, la nouvelle en fut apportée à M. le Dauphin ? à fou coucher : « C'est bien fait, s'écria -1 - il , c'est un' M homme vil & atroce, qui ne fait se faire vaM loir que par sa méchanceté. Les maîtres - d'hôtel » n'en ont pas voulu, & les contrôleurs seroient » bien de le renvoyer. » 15 Mars. Depuis les réclamations des négocian ts de Bordeaux , exposées dans leur mémoire sur l'arrêt du conseil du 30 août, les directeurs du commerce de la province de Guienne- en ont publié un particulier plus étendu. Ils y funt voir que çct arrêt est une loi qui contrarie & les principes de l'établissement des colonies, & les 10ix confir- matives de ces principes ; q ui-s'annonce être l'ouvrage d'une furpiife méditée depuis' plus de tite ans ; qui dans les objets dont elle permet- l'importat, on dans les colonies aux étrangers, montre une mage énorme de réductions pour le commerce nat'ipnal '& dans ceux que les étrangers introduiront en contrebande '0 - sa 'ëh- te ëft çeÏÏe dé Agriculture & xi es' arts, qui - pour les. biens qu'elle oie & la Jtnétrogole. ? n'offre, que :
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p&afrces plus que certaines, Se aux colons, poaï une mince économie du moment , que la perspective du monopole des étrangers , & peut - erre leur tyrannie au lieu du joug léger du meilleur des gouvernements ; qui enfin contrarie ces notions simples d'une raison droite', félon ld,¡uellfs, le moyen de vivifier le commerce de France , eftl'exécution des loix , qui defendentaux étrangersd'aborder aux Colonies.
Ce mémoire est di visé en' sept articles , qui rentrent dans tout ce qu'on a déjà dit sur cet' objet intéressant , & feulement le déve!oppenr, le difeutent , l'approfondissent davantage. Le' seul nouveau est le troisieme, où, après avoir prèsenté le tableau -de la prospérité nationale feus le régime exclnfif, l'auteur trace l'historique des tentatives , toujours heureuies dans l'cbfcurité de l'intrigue ) toujours confondues au grand jour des discussions publiques , que quelques ennemis de l'état' ont fait depuis plusieurs années peur la détruire.
1 f Mars. Le rédacteur du' Courier de l'Europe poursuit avec en acharnement incroyable Me. Lirrguet, contre lequel il faut qu'il foit ulcéré à un point excessif. Il a inféré dans le N°. 19 du '3 HiâEs, un paragraphe très long sur cet objet.
Après être revenu far le soufflet qu'il se vante d'avoir donné à l'annaliste le 11 septembre 1784, pn préfeace d'un témoin , homme d'honneur Se digne de foi, il raconte comment il a été IbJ:cé d'en venir à certe extrémité ; comment leur différend d'abord littéraire , depuis une lettre datée de Sfa -le premier juillet , Se la dpQnfe, s'est converttie en querelle personnelle » & en combat de crocheteurs. Comme tout ce récit est plein de
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réticences, on ne peut trop en suivre la marché & la gradation : il paroît feulement que la maî- 4 trefle de Me. Lingutt y est pour beaucoup ; que 3 c'est elle qui a excite le dernier à rompre enfin J le sist:nce au bout de six mois , à traiter le rédacteur, d'infame , de reptile, de complétement deshonoré , & à le menacer de le traduire devant les tribunaux.
Tout cela est bien triste , bien affligeant pour le spectateur honnête , & cet étrange abus de l'esprit doit bien confuler ceux qui feroiem fâchés d'être privés de ce funeste don de la nature.
15 Mars. Ces jours derniers on a apporté dans les clubs du Palais - Royal des paquets cachetés, qui se font trouvés contenir des exemplaires d'une lettre imprimée & fànglanre, adressée au maréchal prince de Soubise , à l'occasion du rôle indifférent auquel il se réduit aujourd'hui dans la banqueroifte de son petit - fils , le prince de Guimené: c'est un malheureux réduit à l'aumône & mourant de faim qu'on met en scene. ;
Dans un nouveau club appellé le club des arliftes, compofc de virtuoles & de beaucoup de gens de lettres. le paquet composé de dix exem-
plaires , d-ès qu'on en a eu fait lecture , a été jeté au feu, & chacun a eu la diferétion de ne vouloir en garder aucun. On ne fait que! usage il en a été fait dans les autres ; mais tout le inondé n'a pas eu la même réserve , car cette diatribe a percé , & est publique aujourd 'huit - 1.6 Mars. Ce fut à l'occasion du défaftrs arrivé au commerce de France en 17^5 , que l'on Commerça d'agiter la question de l'intro: duction des étrangers dans les colonies. On surprit au œiniftrc eu 1761 & 1762 des paffe-ports
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autorisant les étrangers à y porter des nègres au tour de la paix.
Le 18 avril 1763 , déclaration du Roi qui leur ermet l'importation par tous les ports des copnies y de bestiaux , de toutes fortes de légumes tuits verds , bois de toute espece , roues & voitures , & l'exporratron du sirop & du taffia.
Le duc de Choisenl, alors ministre de la masine, éclairé- par les représentations de quelques.
chambies da commerce,. fit révoquer le 15 aoiit suivant cette déclaration; cependant l'entrepôt à; Sainte - Lucie resta..
En 176î les ennemis du commerce frarçors firent des tentatives nouvelles. Un rapport fait par M. de Montaran pere , en présence de tous les ministres , & qui dura toute la journée du 9.
septembre 1765 convainquit tous les tfprits de la nécessité de l'exécution rigoureuse des 10Ix prohibitives.. Il fut décidé que toute tolérance a cet égard même passagere, étoit pernicieuse, & run reconnut que le commerce de France étoit en état d'approvisionner complètement :es Colonies.
Cette décision pour avoir tous ses effets , dévoie ccre prise en considération au conseil royal da commerce. Après plusieurs délais , leconseil affcmblé alloit prononcer , lorsque la maladie & la mort de M.. le Dauphin le differferent.
Depuis intervint l'arrêt dll; 29 Juillet 1767, ajoutant un-nouvel entrepôt au rv-tôlè Saint. Nicolas, d'où s'ensuivit une fraude li considérable., qu'en une feule année on vit arriver à Amsterdam pius. de sucres des Colonies françoises du vent, que tous ks parts de la métropole enfemhle ne que tous les ports e a metropole en [ernbIe ne purent y en fournir. Cette quantité s'élevoit à Vji)g.t- (ix mille barriques & entraînoit une perte.
pour l'état de plus de 10 millions,
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Ûn ouragan en 1772. fit de grands ravages dans certaines parties de Saint-Domingue; les administrateurs ordonnèrent que tous bâtiments étrangers feroient admis dans tous les ports pendant l'espace d'un an. On compta au mois d'avril 1773) qu'il y avoit à la fois cent soixantetroi s navires de cette espece répandus dans la colonie , y incroduifant toutes especes de marchandises , & durant l'année par estime environ cinq cents qui, n'eussent ils pris , l'un dans l'autre, que pour 30,000 livres de denrées coloniales , enlevo.ienr plus de 15 millions à la balance du commerce de la métropole; bien plus , is y introduisent une quantité très - considérable de mennoie faulse ou altérce, Sous !e nouveau regnc) M. de ar:ines époque de chacun des ports auprès de lui des ngociant pour difeuter cttte grande question. C'éroit à la fin de 1775: il se tint vingt. deux conférences à ce sujet, auxquelles le ministre présida. Les représentancs des colonies y parurent comme interlocuteurs, ils furent forcés de reconnoître la sagesse des principes prohibitifs, & de demander euxmêmes qu'ils sussent rigoureusement observé, Mais la suppression des ports d'entrepôt de SainteLucie & du Môle fut renvoy ée au terme de dixhuit mois. Heureufcment la guerre allumée entre les Anglois & leurs sujets Américains ne permettoit guere , ni aux uns, ni aux autres de gêner le commerce de France. Ce fut donc pour lui une époque brillante , qui dura même pendant la guerre d'abord désastreuse pour lui , faute de protection ; ensuite celle-ci luis fït prendre une marche rapide , comme s'il et été dans une paix profonde, Cette ptofpérité fii courte Lis neutres
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admis dans tous les ports des colonies pour suppléer le commerce national, dont la protection n'étoit plus assurée, lui opposerent une concurrence , si supérieure , si devcrante, qu'il touchoit à son extinction totale , lorsque la paix Tint à son secours. Les négociants espéroien tm nouvel ordre de choses , Jorfque dcs bruits fcurds re répandirent du crédit que pienoit le système de leurs ennemis, qui se font trouvé réalisés par l'arrêt du 30 août 1784.
Tel est !e résumé de cet historique, traité d'ure' maniere aussi ncbie qu'intéreuante , dans le Mémoire des directeurs du commerce de la prG'Vince: de Guienne 16 Mars. L'académie françoise a arrêté que' doréravant & à commencer de cette année, le panégyrique de îaint Louis , qui se prononçoie devant elle dans la chapelle du Louvre , le jour de sa fête, feroit converti en un difeours de -morale. En effet ce sujet traité périodiquement pliis d'iin fisc le, devenu raftimeux sc m impossible à rajeunir.
17 Mars. On fait aujourd'hui que le chanoine Cochu est enfermé dans une maison de cordeliers auprès de Tours r- cet événement a fait découvrir un nouveau scandale de sa part. Une madamedes Fontaines qui a un enfant de sa façon , réclame de sa famille la pensîon qu'il faisoit à cettemaîtresse pour son bâtard , & elle craint bien mallieureufement de ne la point obtenir.
En parlant de prêtres dvbordés , son histoire a. donné lieu de s'entierenir de l'abbé Arnould revenu du pays étranger où il étoit allé, & quii pleure aujourd'hui les péchés à Saint- Lazare.
17 Mars, Extrait d'une lettre de Rheims, du
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15 mats. M. Roger de mluclsin 2 -tîojit VOUÎ * me demandez l'hifioire , est un bourgeois richt
de notre ville , capitaine au régiment du Roi, cavalerie. Il avoit épousé depuis peu une jeune & jolie femme, dont il avoit fait la fortune. ILetcii allé au mois de février à Paris, pour lui faire voir cette ville & y goûter les plasiirsdu carnaval Ils avoient porté environ deux mille écus consacrés à ce voyage. A son arrivée1, un chevalier Courtm , capitaine au iégiment de la Reine !
dragons :J. je- crois , dont le frere a épousé une: riche héritiers de notre ville., qui connoissoit M. de Mœuclain & sa fortune, vient le voir U l'invite à déjeuner. Il y va, on dîne ensuite 86 puis après avoir bien échauffé la tête de-notre, provincial, dont il n'ignoroit pas le foible pour le bon vin, on le fait jouer. Il perd bientôt la" petite iomme qu'il avoit dans son porte-feuille pour ses menus plalfirs , joue après sur sa parole, ?
on ne le lâche que lorsqu'on n'en peut plus rien tirer. Il rentre désèspéré, disant à sa femme qu'il est ruiné. Le lendemain il faut éclaircir le fatal: mystere. Il apprend qu'il a perdu 166,000 libres , qu'il a promis de payer dans les vingt - quarre: heures. Il se désole. Le sieur Hazon , oncle dir chevalier courtin renemmé pour ses talents au jeu, qui lui ont valu le bannissement par ordre du Roi , chez qui la scene s'étoit paiTée, avoit eu la prudence de rester simple spectateur. Il offre sa bourse à M. de Mauçlain. Il lui donne des billers de la caiue d'escompte , pour acquitter sa perte, & lui fait faire des lettres de change pour pareille Comme payables à différentes échéances.
Ainsi voilà , comme vous voyez , unç dette de jea très-équivoque , & pour laquelle - on n'avoit :&
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aucune action en justice , convertie adroitement :cn une dette très-légitime, en un titre valable devant tous tribunaux. Avec fcs billets de la caisse d'escompte, M. de Mauclain s'acquitte envers le chevalier Caurtin , & autres escrocs ; puis honteux ide sa faute, & craignant encore qu'on ne se moque de lui, il n'a rien de plus pressé que de irevenir ici pour vendre une partie de Ces biens & : satisfaire aux échéances. Il (st obligé de conter [fon désastre à sa mere désolée ; elle va trouver le lieutenant criminel & lui demander son secours, Ce magistrat bien instruit ) ne voit d'autres ressfources que d'en écrire à M. le lieutenant- géinéral de police de Paris. M. le Noir envoie cherches Iles joueurs & leur déclare qu'ils feront punis , s'ils me lui rapportent un certificat par lequel M. d, Mauclain reconnoîtra avei-r perdu légitimement.
iEn conséquence ces messieurs s'arment de pistolets, qpartent en diligence pour Rheims, Tont trouver M. de Manclain , entouré de sa femme & de sa jmere, exigent cette attestation, ou lui déclarent qu'il faut qu'il se batte avec eux successivement : au pistolet. Les femmes Ce trouvent mal, le jeune homme perd la tête , & enfin ils lui arrachent le billet & le privent de cette derniere ressource.
En forte qu'aujourd'hui il est occupé à fondre t des effets pour payer. On dit que le Roi instruit < de l'aventure , & fachant que le sieur Hazon qui n'éroit que par tolérance à Paris, y panicipoit, : s'est exprimé sur son compte avec beaucoup d'énergie , & a ordonné qu'il sortît bien vîte de Paris ; ce qu'il a fait.
18 Mars. On est fàché de voi r te chevalief Courtin , très-bien né, impliqué dans la mauvaise affaire de Rheims. Il paron que c'est le pet
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vicieux exemple de son oncle Hazon qui l'aui gâté. C'est aux eaux de Spa que les talents a jeu ont éclaté. Un étranger nommé le prince a Gargara, nom qui fent beaucoup l'aventurier lui fit connoître qu'il le foupçonnoit. Le chevalie lui en demanda raison , & l'étranger délira ( battre au psttolet. On décida par le fort à qu tireroit le premier. Le prince eut cet avantagt Il n'en profre pas , il manque son adversaire Le chevalier plaisante , se tâte, & se trouve parfaitement fain & rentier; lui crie: cc A vous » mon Prince. « Puis le mesurant pendant longtemps avec Con pistolet dans toute la longueur de son corps, le fait mourir dix fois pour une i enfin il dirige son arme de côté , & lâche le coup en l'air. Le prince furieux vouloit recommencer, mais les juges du combat s'y opposerent.
Cette anecdote racontée par la famille du chevalier Courtin , qui ne la tient vraisemblablement que de lui, fût - elle mieux attestée, confirme ce qu'on voit fouveni dans le même individu, un mélange de grandeur & de baffeffe, de générosité & d'infamie.
zx Mars. A-l'occasion de la mort de l'abbé' MilUt, les brigues recommencent déjà dans le fein de l'académie. Plusieurs avocats défireroient se mettre sur les rangs; mais la compagnie qui, en élifans Me. Targtt, a senti l'irruption du barreau qui alloit se faire vers elle , a secrétement arrêté que cet exemple ne tireroit point à consérence. En vain le récipiendaire avoit mo..
déstément inféré dans ion difeours » qu'étonné lui-mène de son admission , il jugeoit que c'étoit son ordre qu'on avoit voulu couronner en lui M» le direéteur chargé d'insinuer avec
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dresse que c'étoit , au contraire , feulement individu qu'on avoit choisî. Ce qu'il fit dès son lébut par une phrase ridicule , où il déclare que, quoique les honneurs de l'académie ne doivent :tre en général, par ses règlements, que la iéompenfe du mérite littéraire., ce n'est pas y iéroger en préférant quelquefois les qualités focales & les vertus patriotiques.
Quoi qu'il en foit, on croit aujourd'hui que ie chevalier de Florian l'emportera t parce nue Mad. la duchesse de Chartres & Mad. la princesse 'de Lamballe, sollicitent déjà pour lu,i de la maniere la plus chaude.
18 Mars. Comme la maison promesse des jésuites xft occupée par les génovefains , ce qui annulie Je vœu du Louis XIV, qui avoit ordonné que son :cœur feroit déposé chez ces reli gieux détruits M., le comte de Guibert a profité de la chconf'tance pour demander que ce cœur fut placé d^ns il'église des invalides dont ce monarque efi: fondateur. Cette demande a paru très-juste & il a LCté décidé que la translation auroir lieu en fq.
itembre prochain. Cette cérémonie funèbre s'exécutera en grande pompe : les frères du Roi doivent y préfixer.
L'abbé Maury cft chargé de prononcer l'oraifoa funebre" 1 2.9 Mars. Depuis long-temps en parle d'une brochure très-rare , qui parut en 1781 , & dont sans doute il n'y eut qu'un petit nombre d'exemplaires dediftribués; elle nous tombe aujourd'hui fous la main & médre qu'on en rende compte.
Elle a pour titre : Monsieur Guillaume le dijputeur.
Cette bagatelle morale , suivant la préface ,d.e l'éditeur, n'est que le Barbon de Balzac
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rajeuni Celui- ci froid, plat & pédant ennuyeux de collège , bête de somme chargée de tout le bagage de l'antiquité , est converti aujourd'hui en un homme ioftruit , à la vérité importun , bizarre , fatigant & fortement dominé par l'esprit d'argumentation ; mais dans le fond raifonnabîe , ayant des vues très-faines en politique, en morale , en littérature. H Quiconque lira l'ouvrage, trouvera ce portrait très - vrai. Seulement on s'apperçoit que L'auteur, dans ce roman philosophique, calqué sur quelquesuns du philosophe de Ferney , est absolument de sa clique , & a en vae de défendre les de Lille, les Raynal, & sur-tout poltaire. M. d'Epremesnil est le plus attaqué , pour ce qu'il a dit de ce dernier dans Son plaidoyer contre M. le comre de Tollendal. En général, on ne peut traiter de plus de choses en un aussi court. efpace-, ni p'us agréablement. Le style approche aussi beaucoup de celui du maîrre 1, il est parfaitement imité , jusques dans sa maniere de dire gaiement des injures.
3 c Mars. Depuis que le gouvernement a désiré que l'académie des sciences s'occupât des nouvelles machines aérostatiques , & lui a déclaré qu'il sacrifieroit jusqu'à cinquante mille écus pour des expériences, il paroic que cette compagnie a fini par adopter l'avis de la société de Londres, & regarde la direétion de ces machines, sinon comme împossible à trouver , au moins comme si diffi- cile , qu'elle renonce à s'en occuper en corps ; c'est ce qu'on juge par les observations sur cette matiere , que M. Brisson , l'un de ses membres , vient de publier de l'aveu de son corps.
-jo Mars. Milgré les nombreux applaudiffe-
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: ieflts qua recueillis M. David, & qui vont * jujours croisant de la part de les admirateurs, rencontre aussi des critiques. C'est un tenor en :rme de l'art , c'est- dire , une balle-taille aperbe, qui tient un peu du faulses dans le haut.
C'est le premier chanteur d'Italie en ce genre, conséquemment il ne doir point être agréable itux amareurs de la musique , & de la maniere t rançoise: aussi ne lui trouvent - ils pas une brit.: ante voix ; ils ne peuvent s'empêcher sans doute ril e reconnoître l'adresse & l'art avec lesquels il la nénage j mais lui reprochait trop de luxe dans ion chant; défaut au reste de ion école, qui a !. :ranfporré dans sa musique & dans Ton exécution, les concetti qu'on critiquoit autrefois dans les productions littéraires des Italiens.
30 Mars. Dans le Mercure du 26 de ce mois, Dn trouve une lettre qui donne de nouveaux éclaircissements , ou plutôt rectifie ce qu'on a dit de la découverte de l'inconnu foit-disant, trouvé sur les côtes de Normandie. Cette lettre est signée d'un M. Fleuriau de Fcllamare, qui s'annonce comme un marchand de Caen, Voici ce qu'il raconte.
Ce fut à la foire de Guibray , près Falaise , à la fin d'août 17553 , & non en mais 1784, eue l'enfant fut rencontré, abandonné, à ce que prétume l'historien , par les parents ou par d'autres pet tonnes, auxquels il étoit à charge. Sa familiarité avec tout ce qu'il voyoit, & son peu d'étonnement sur tout ce qui l'entouroit, firent croire à M. Fleurian que, quoiqu'étranger , cet enfant devoir être depuis Hong - temps en France , & son habillement, quoique des plus misérables, l'annoncoit. Il r-nd 1 compte ensuite de la maniere dont cet inconnu
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resta chez sa mere, puis fut placé à l'hôtel - Dieu -de Caen, ensuite chez différents ouvriers pour lui faire apprendre un métier. Tout ce qu'il raconte à cet égard des mœurs, des habitudes de l'enfant, est parfaitement cor-forme à ce qu'on en a dit. Ce fut aux feKS de pâques 1784 , qu'il fut préienté à l'intendant de Caen. On fait le reste. Il paroît que depuis , M. Thuriau a ignoré la destinée de l'inconnu , & il en demande des nouvelles. *
On peut lui apprendre qu'il est. toujours chez Mad. Billard, marchande de galons, rue SaintHonoré, au coin de 1a rue dù F-oule qui con-f tinlle à en prendre foin & en est fort contente quant à sa conduite. Quant à l'instruction, il; ri'eff pas plus avancé; il n'apprend rie-n. M. deReralio , membre de l'académie des belles - lettres qui s'étoit chargé de lui enseigner le f-raois, a -perdu ses peines & en desespere. On soupçonne .aujourd'hui l'enfant sourd.
31 Mars. Quoique la lettre drdrée au prince 4e Soubise existe; & qu'il y en ait en effet des exemplaires répaedus dans le public, il faut que le nombre en foit rare. On la dit assez longue, & voici un fragment principal qui s'en distribue manufcrir.
En vain par vos larmes hypocrites vous avez paru vous montrer sensible à mes malheurs; n en vain vous vous êtes pendant quelque temps éclipsé d'un théâtre, fanéluaire de vos plaisirs j, & auquel vous reparoilfez en Sultan vétéran : ,» la source de vos pleurs est tarie, vous bravez ,>, tout, & ne cherchez à remédier à rien.
» Oubliez , abandonnez votre petite maison ii célébré dans les fastes du libertinage , où riunocencc
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j, l'innocence a souvent gémi, & retournez dans „ votre palais, où la vue des pomaits de vos , ancêtres vous ramenera peut - être à des fenti,., ments dignes d'eux.
„ Ces réflexions vous font adressées par un y, infortuné que la mort va bientôt délivrer des horreurs où l'ont réduit les atrocités .de vos ,, petits-enfants, & qui, s'il le peut , va porter „ au - delà du tombeau le sentiment qui l'ani„ me , & mettre sa consolation à vous tour,, menter En effet, l'épitaphe porte ce vers : Omnibus umbra locis adhéro, dabis improbe panas Il y a un paragraphe sanglant aussi , dans lequel M. l'archevêque de Cambray n'est pas oublié.
1 Avril 1785. M. de CaÜmne) en homme de génie uniquement occupé des fondions importantes de son ministere , avoir négligé jusques ici l'étiquette en ses audiences : les femmes en avoient étrangement abusé , au point qu'on y avoit vu la duchesse de Luines en jocquet ou pierrot, c'eft- à - dire , en casaquin. Des amis graves ont fait sentir à M. de Calonne qu'il ne convenoit pas de se présenter ainsi chez un ministre du Roi i qu'il devoit soutenir, au moins pour ses successeurs , les prérogatives de sa place » & traiter la chose moins philosophiquement : en conséquence ses valets de chambre ont annoncé que dorénavant personne , de quelque rang & qualité qu'elle fût, ne feroit admise les jours d'audience , dans les salles & cabinets du contrôlc général, qu'en habit décent.
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Cette sévérité d'étiquette sur laquelle il s'étoit relâché d'abord, n'a pas manqué de produire un mauvais effet, Il en est résulté une chanson, suivant Pufage , où l'on cherche à tourner M. de Calonne en ridicule. Elle est en six couplets , & sur l'air : la bonne aventure ogué. Elle a pour refrein, j'ai mon protocole ogué. Mais l'auteur caustique ne s'en tient point à cette plaisanterie peu honnête vis à vis de ce ministre ; il donne en passant des coups de patte aux autres, & s'immisçant ensuite , fouillant dans les intimités de M. de Calonne, paffe en revue Ces prétendues ; maîtresses, & termine par un couplet sur l'em- prunt , très- propre à le décrier.
Il faut avouer que ce vaudeville malin , mieux : fait que la plupart de ceux de nos jours, par : & gaieté peut - être, mériuroit de trouver grace : devant le personnage sur lequel il roule , trop homme d'esprit , trop philosophe pour ne pas entendre la raillerie ; si le mê-ne égard qu'il doit à la place & aux autres minières attaqués,
& aux femmes de qualité qu'on y nomme, ne le mettoit pas dans la nécessité d'en exiger la proscription. Aussi est - il sévérement prohibé.
i sfvrd. On a consacré en quelque forte à la mémoire, par un calembour assez ingénieux, le souvenir de la facilité de l'accouchement de la Reine, & du peu de temps qu'il a duré. Il est tiré du jeu de brelan , qu'il faut savoir pour le bien entendre. Il tft à trois. La Reine dit, je fuis du jeu : M. le duc de Normandie répond, je passe ; & l'accoucheur vermond- s'écrie, je le tiens.
On ne pouvoit marquer d'une façon plus précité cet heureux événement , remarquable encore par le jour , cclui de Pâques.
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i Avril. Bulletm du contrôle général , e" date du 19 mars 1785. Tel est le titre d'un nonveau pamphlet sur les opérations de M. de Calorme.
II est très-court , puifqu'il n'a que deux pages: il paroît imprimé aussî au rouleau, & le sens en est resté imparfait en deux ou trois endroits.
Malgré sa briéveté , il embrasse & critique beaucoup de choses , telles que la nouvelle création d'offices de payeurs des rentes ; l'expédition en Chine. d'un vaisseau au compte du Roi ; le rétablissement de la compagnie des Indes : il inûnue malignement des craintes sur la situation de l'état, qui deviendroit affreuse au moindre ébran",..
lemeut du crédit public.
Ce pamphlet parle encore de l'étiquette introduite récemment pour les audiences du contrôleur - général. de la descente de la police chez tous les libraires peur y trouver la fécondé lettre de Lessart , d'un fécond mariage projeté de M. de Calonne. du renvoi qu'il fait de sa famille en conséquence. qui doit vuider à Pâques le contrôle général ; enfin du rétablissement du fleur ranchault, dans la confiante du ministre qu'il n'a jamais perdue , mais affiche aujourd'hui plus ouvertement que jamais. Tout cela est très-méchant & peu plaisant.
2 Avril. Extrait d'une lettre de Rennes , du 1 S mars. Sur le rapport fait de la mauvaise qualité des tabacs de Bretagne , vérifiée par les commissaires Beaumé & Cadet de vaux, que la cour avoit envoyés, sans contradiction de la part des ferm iers - généraux, & sur-tout du sieur de la Haute , le plus acharné à les maintenir bons en présence de M. le contrôleur- général , ce ministre avoit écrit au parlement, il l'ençageoit &
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suspendre (es poursuites , & promettoit une déclaration satisfaisante. Cette déclaration est venue à la fin de février, & bien loin de remplir les engagements du ministre pour la ddhuélion des abus en cette partie , elle tendoit à les perpétrer. Le parlement jugeant que la religion du ministre avoit été surprise, a renvoyé la déclaration, comme n'étant susceptible d'aucun enrégistrement. On a aigri le ministre sur ce renvoi: on l'a représenté comme méprisant, & il étoit à la veille d'obtenir des lettres de juilion , lorsque des gens plus réfléchis lui ont représenté qu'il alloit se compromettre par une obstination qui n'en valoir pas la peine , & se brouiller avec une province en faveur de laquelle il avoit fait récemment tant de Cacrifices : les choses en font restées là , & l'on négocie sans doute un arrangement.
Cependant le parlement a continué les opérations commencées ; il a laissé agir les différentes jurisdictions inférieures , où restoient des tabacs saisis , qui ont été brûlés & nous ont insectés pendant long-temps. On en a envoyé d'autres, qui n'ont pas été trouvés meilleurs , & nos nez ion! fort mal soignés.
2. Avril. Par une lettre du 31 mars , M. de Laffonne , premier médecin du Roi & de la Reine , réclame contre les bulletins donnés depuis l'accouchement de la Reine, sur l'état de S. M., il trouve cela fort extraordinaire , dérogeant à toutes les regles & peu exaét. Il prétend que lui seul en pouvoit donner , s'il l'eût jugé nécessaire ; mais il déclare qu'il n'a pas cru en devoir çomposer un. Il annonce une fois pour toutes que la Reine & son auguste enfant se portent bien.
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Hiert de plus ridicule que ce billet inféré au jou Jttal de Paris d'hier.
3 Avril. Il paroît que l'étiquette à la naissance de M. le duc de Normandie a été la même qu'à celle de M. le Dauphin. Nous allons feulement recueillir quelques circonstances nouvelles.
La Reine ayant désiré voir le nouveau-ne, il lui fut apporté par la duchesse de Polignac, aujourd'hui gouvernante des enfants de France , accompagnée des trois fous - gouvernantes.
En sortant de chez la Reine , la duchetTe de Polignac porta dans Ion appartement, monfèigneuc le duc de Normandie , que le duc d'Ayen, capitaine des gardes- du-corps du Roi en quartier, y conduisit, conformément aux ordres que sa majesté lui avoit donnés , de quitter son service près de sa personne pour accompagner ce prince.
Le même foir de l'accouchement , & moins de deux heures après, le duc de Normandie fut baptisé par le grand - aumônier, en présence du curé de la paroisse de Notre-Dame. Il fut tenu sur les fonts, par Monsieur & par Mad. Elisabeth de France , au nom de la reine de Napîes , le Roi étant présent & le duc de Chartres feulement : par une circonstance assez bizarre, les autres princes & princesses n'ont pas pu se rendre assez-tôt pout s'y trouver.
Après la cérémonie, le prince ayant été reconduit dans son appartement, M. de Calonne, grand trésorier des ordres du Roi, lui porta le cordon & la croix du Snint - Esprit, conformément aux ordres de S. M.
Le Roi , ainli que la cour, après le baptême,
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asssistaa au Te Deam , chanté dans la chapelle du château par la musique de S. M.
La Reine sortie du travail, le comte de SaintAulaire , lieutenant des gardes- du-corps du Roi, de la compagnie de Villeroy, de service auprès de la Reine , alla à Paris par ordre du monarque, annoncer cette heureuse nouvelle au corps de ville, qui s'était déjà rassemblé, d'après les ordres que S. M. lui en avoit envoyés peu de temps auparavant.
Le comte de Vergennes ministre des affaires étrangeres) rentré chez lui, dépêcha des couriers extraordinaires aux ambassadeurs & aux ministres de France dans les cours étrangères , pour leur faire part de cette nouvelle. Tous ces couriers partirent dès le foir , & moins de trois heures après l'accouchement de la Reine.
Les autres ministres ont également fait part de cette nouvelle dans leurs départements.
Le lendemain , les princes du fang ont complimenté le Roi à ce sujet.
3 Avril. Les quatre numéros de Me. Linguet arrêtés, ont obtenu enfin un libre cours. On trouve en tête du neuvieme , un Avis du 30 janvier 1785) qui , combiné avec ce qu'on lit dans les Couriers de l'Europe postérieurs , avec d'autres circonstances, jette quelque jour sur la querelle élevée entre l'annaliste & le rédadeur de ce journal.
1", Par cet avis il est bien constaté que le rédacteur est le Íieur Morande, l'auteur du Gazetier cmrajfé.
ic. On ne peut douter de l'influence du lieur de Beaumarchais sur le Courier de l'Europe, & «jae ce rédacteur ne foit son homme, par 1
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sîlence absolu qu'a gardé cette gazette » tant fut sa détention , que sur sa sortie de Saint-Lazare ; anecdotes que toutes les autres se font fait un plaisir de consigner avec étendue.
3°. En vertu de cette influence, le sieur Morande soufflé par le sieur de Beaumarchais , a contrarié le plus qu'il a pu Me. Linguet , dans le projet annoncé par celui-ci d'une édition qu'il entreprenoit de voltaire purgé. On a parlé dans le temps d'une lettre inférée au Courier de l'Europe, où ce projet étoit tourné en dérision dans la maniere du sieur de Beaumarchais.
49. Quoique Me. Linguet ait , contre son ordinaire , paru renoncer modestement à son entreprise, il n'en a pas moins confervé un ressentiment profond, & s'est écrit ou fait écrire la lettre anonyme de Spa , du mois de juillet, qui traite le sieur Morande avec les termes injurieux & avilissants qu'on a rapportés.
De-là le soufflet donné au mois de septembre , affront trop publiquement fait à Me. Linguet, pour qu'on puisse en douter. GeR: le coup de ptedfo l'âne dont il ne parle pas.
6Q. Me Linguet, en ce cas , n'auroit pas dû faire mention en rien de sa querelle ; mais tout en disant qu'il méprise son adversaire , il se récrie contre l'indulgence du ministere, qui laide passer cette gazette , tandis que son journal est arrêté à chaque instant.
7". Il déclare formellement que le produit du Courier de l'Europe, revient en grande partie aux affaires étrangères. De-là 3 suivant lui, une collusion entre le sieur Morande & les commis.
De - là, la protection accordée à l'une , les persé cutions qu'éprouve l'autre.
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1°. Après avoir cité la réponse & les propris paroles de ce qu'il appelle un de ces Douaniers littéraires, qui lui reproche son mépris pour un écrivain de ce genre , retombant indirectement sur le ministre qui le tolère , il parle d'un mé moire très-détaillé , très - curieux , qu'il a fait paffer sur ce sujet à M. de Vergennes , & qui est resté sans réponse.
9°. Nouveau retard de ses numéros. Il a envoyé des couriers ; il a choisi un député , M. l'abbé Tabouet , pour négocier. Enfin , après bien despourparlers, il a obtenu la permission de paroître sans mutilation.
IOQ. Me. Linguet cite sur-tout un M. de Raymond , chargé de rendre compte au ministere de ce que contenoient les Nos. 88 & 89 ; qui s'avoue l'auteur de ces retards , & déclare qu'on ne les doit imputer qu'à lui.
Toute cette querelle feroit bien singuliere & fc.en étrange, si elle étoit réelle. Mais comme oti ne peut rien espérer de vrai & d'exatt de la part de Me. Linguet, il faut attendre les éclaircissements que promet de son côté le rédacteur du Courier de l'Eurppe, chargé de venger l'honneur des bureaux des affaires étrangères , attaqué si hautement par Me. Linguet.
4 Avril. La machine du théâtre lyrique est d'une manutention si difficile , que presque chaque année elle éprouve des changements. Le fleur d'Auvergne , qu'on avoit renvoyé en 1781 de la direétion , à cause de la pesanteur de rOst joug, désagréable à tous les sujets , vient d'être tétabli avec de grands compliments. On dit au* jourd'hui que (on mérite , son honnêteté Se ÙL probité font connus depuis long - temps.
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Les occupations multipliées des différentsnaîtres de l'académie royal e de musique , s'étanc prodigieusement accrues, non - feulement par le grand nombre d'ouvrages nouveaux mis au théâtre , mais encore par tous ceux que l'on présente journellement au comité pour y être examinés, font le motif qu'on a fait valoir auprès de S. M.
pour déterminer le rappel du sieur d' Auvergne , dans la vue de soulager les maîtres, & d'accélérer les plaisirs du public , en fatisfaifanc les auteurs par un jugement plus prompt.
Le sieur Frantoetir , neveu , l'un des maîtresde musique de la chambre de S. M. qu'on trouve aussi recommandable par Pes talents, qui font comme attachés au nom qu'il porte , est nommé Sous - Directeur, place de moderne création.
Les fleurs la suu, Rey & Gamet, restent à la tête des différentes parties , & l'on compte que de l'adjonétion des deux chefs ci-dessus à ces trois habiles maîtres, il en résultera un granct avantage pour l'académie.
S. M. afin d'y contribuer encore plus , a nommé le sieur Paris, dessinateur de son cabinet & de l'académie royale d'architecture , à la place d'architeéte - dessinateur de l'académie royale de musique , pour donner tous les dessins de décorations & veiller à leur exécution, ainsi qu'à celle des mach ines, & le sieur Boquet, dessinateur des habits de l'opéra , pour perfeetionner cette partie , dans les rapports qu'elle doit avoir avec les disse.
rents costumes qu'exigent les pieces.
Enfin le sieur Ménageot, peintre célebre 8c l'un des membres de l'académie royale de peinture les plus distingués par les tÚtDts, les connois- fonces & le goût, ca adjoint a ces artistes.
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On espere que la réunion de tous ces gens habiles consolidera de plus en plus la réputation dont l'académie royale de musique jouit dans toute l'Europe , & rendra sa gloire phs éclatante.
On ne dit point quel traitement on fait à tous ces chefs; il fera sans doute considérable, & ne pourra qu'accroître les dépenses de l'opéra , auxquelles il n; pouvoit pas déjà suffire. On vouloit d'abord, les faire supporter au public , on parloit d'augmenter les places. On a cru qu'il n'étoit pas prud 1 de l'annoncer en ce moment, & le lieur de1 a salle, secretaire perpétuel de l'académie royale de musique, par une lettre inférée au JOllrnal de Paris du u mars, a déclaré de la paît du comtté que les choses refteroient sur le même pied. Mais cette haulse aura certainement liell plutôt ou plus tard. Les frais de ce spectacle deviennent trop énormes, pour que le Roi puisse y subvenir long - temps.
4 Avril. Une ordonnance du Roi, concernant les propriétaires, procureurs & économes gérants des habitations iftuées aux isles fous le vent, en date du 17 décembre dernier, est remarquable par ce paragraphe : « Tous propriétaires, proj, cureurs & économes - gérants , convaincus 3, d'avoir fait donner plus de cinquante coups ,, de fouet à leurs esclaves, ou de les avoir frap„ pés à coups de bâton , feront à l'avenir con,, damnés en 2.10,00 livres d'amende pour la pr- „ miere fois, & , en cas de récidive , déclarés „ incapables de posseder des esclaves, & renvoyés „ en France. Outre les peines ci. delTus , ils feront „ notés d'infamie , loriqu'ils auront fait mutiler » des esclaves, & encourront la peine de mort
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,, toutes les fois qu'ils en auront fait périr de leur autorité , pour quelque cause que ce foira ; Veut S. M. qu'ils soient esdits cas pourfuiyis ,, comme meurtriers , &c.,, Ce réglement suppose des délits bien fréquents & bien horribles , & confirme tout ce qu'on rapporte de la cruauté dont les Negres étoient traités dans nos colonies. En effet , s'ils étoient soignés comme des hommes, pourquoi ne propageroient -.ils pas fous un climat à-peu-près égal aux 4eurs ? Pourquoi douze mille esclaves font - ils annuellement nécessaires pour en réparer la perte ?
4 Avril. M. l'abbé de Clamarens vient de mourir. Il étoit connu par un bulletin de nouvelles qu'il rédigeoit & envoyoit à ses amis. Sans avoir autant de vogue que celui de Mad. Doubletr ce bulletin étoit estimé pour sa véracité. Son auteur, homme de qualité très - répandu, étoit fort en état d'être instruit des événements , & ie faisoit un plaisir de les rendre , toujours avec sagesse, quoiqu'avec une malignité qui donnoit quelquefois beaucoup de sel à ses récits.
5 Avril. Toute la magi'lrature à été si mécontente de la lettre -de M. Dftf'¡f'h do,nt on a parlé précédemmerit , contre l'article II de la déclaration du vol domestisque qu'ii est intervenu un arrêt du conleil du & mars , qui fupprinie cette lettre, & les paragraphes des différents journaux qui en ont parlé, tels que le Journal Encyclopédique , la Gazette des Tribunaux, le JOtir.
nal de Lorraine , l'Esprit des Journaux, les AJfir hes de Limoges, &c. comme tendants à ébranler une loi sur laquelle repose la fureté publique, par une ci"" <ation déplacée de la lettre interprétative de cette
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déclaration du garde - des - sceaux d'Armenonville Cet arrêt leur défend en outre , & à tous auteurs de feuilles publiques, de parler des matieres de législation ou de juiilprudence.
Cependant comme la Gazette des Tribunaux est protégée , Ton interdiction n'est que passagere , & elle a repris son cours.5 /fvril. En faisant la récapitulation des différents travaux de chaque fpedacle, durant l'année dramatique , on trouve toujours que la comédie italienne l'emporte infiniment sur les deux autres. En voici l'enumeration respective.
Au théâtre lyrique , quatre opéra nouveaux les DamÚdes) Diane & Endimion , Dardanus & Panurge.
On a en outre continué ou repris la représentation de onze ouvrages , Caflor & pollux, sfr* mide , Iphigénie en Aulide , Iphigénie en Tauride Atys, Renaud , Didon, Chimene, le Seigneur bienfaisant , le Carnaval & l'ABe de Tibulle.
A la comédie françoise , une tragédie en cinq attes, la Cleopâtre ; un drame tragique en quatre actes , Abdir ; deux comédies en cinq actes.
le Mariage de Figaro , l'avare cru bienfaisant j deux comédies en trois actes, le Bienfait anon) ms, joué une fois en 1783 , mais refondu, & la fausse coquette : enfin deux comédies en un atte) Corneille aux champs Elysées & les Epreuves. En tout huit nouveautés.
On a remis en outre à ce théâtre quatre tragédies : les Druides , oreste, Rome sauvée , Wenceslas , & une comédie en cinq ades, la Coquette corrigée , de la Nette.
Quant à la comédie italienne , elle a donne trois nouveautés , dont la lsfte ne seroit
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a cinq ou six près restées au théâtre , qu'un cata logue de pieces mortes & enterrées.
On y a remis encore isabelle & Fernand) le Mort - marié & Florine.
La comédie italienne enfin a représenté à la cour, le 19 oétobre 1784) le Barbier de sé-vtlle, mis en musique par M. paëjieilo, paroles arrangées par M. Framery , & le 4 mars I7*>ï Thé.
dore, ou le Bonheur inattendu , comédie en trois attes & en prose, par M. Marfollier des vivetieres, musique de M. Davaux.
5 Avril. Le colonel Saint-Léger, est un fu> perbe homme , un an glois , que le prince de Galles honore de Ton amitié. On vend son portrait dans la maniere noire , en pendant de celui du prince. A Paris depuis quelque temps, il faisoit sa cour à Mlle. Brodet , Angloise , devant être fort riche, pensionnaire au couvent de Panthemont. Il étoit parvenu à la séduire , & l'avoit déterminée à se laisser enlever. Mais pour que cette évasion n'eût pas l'air d'un rapt, Mlle. Brodet Revoit emmener avec elle une autre pensionnaire, son amie, qui en étoit aussi contentante. Celle-ci avoir une petite fœur, envers qui elle avoit eu la foiblesse de laisser transpirer une partie de son secret. La petite sœur, depuis ce moment, pleurant toujours , une religieuse s'en est apperçue & i voulu en savoir la raison. Etonnée de la séparation.
projetée, elle en a rendu compte à l'abbesse, qui est remontée adroitement à ia source , & a intercepté des lettres à Mlle. Brodet, où le coloncd parloit de mettre le feu au couvent, afin de favori fer son dessein : l'abbesse en a sur le champ instruit M. le lieutenant- général de police, qui a fait garder l'abbaye. Le ravisseur , s'appercevant
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de cette précaution , s'est cloute que la mine étoit éventée , & a pris la fuite.
Le pere du colonel, alarmé de ce départ précipité, & instruit par M le Noir du motif, a préten lu que c'étoit une calomnie; mais madame l'abbesse lui a montré les lettres , & fait connoître tous les détails du complot abominable de son fils ; il n'a pu ne pas en reconnoîtrc J'écriture ni le dcfendre.
5 Avril. Relation de la séance publique de l'académie royale des inferiptions & belles - lettres» pour sa rentrée d'après pâques.
Les foins du fectecaire de l'académie , monsieur naÚer, pour donner à ces assemblées plus de vogue & de lustre, continuent, & le succès y répond. La salle , sans être encore pleine , n'avoit point l'air d'un défert, comme autrefois.
Il a ouvert la séance & a dit: Le sujet du prix à décerner dans cette séance étoit de déterminer :
Quelle étoit l'étendue des domaines de la couronne lors de l'avènement de Hugues Capet au trône : Quelles possessîons ce prince y ajouta ; comment épar quels moyens ces domaines s'accrurent jufqrt'au regne de Philippe- Auguste exclu fixe ment ?
L'académie avoir déjà été obligée de le réferver- en 1783 , & elle avoit invité les auteurs, en leur proposant de nouveau ce sujet pour cette année , à se renfermer dans les bornes de la guefiion, & à ne point la négliger pour se livrer à des discussions écrangeres; mais ayant retrouvé dans les mémoires qui lui ont été adressés , une grande partie des défauts qu'elle avoit obsèrvés dans ceux du.
concours précédent , elle s'est vue avec peine forcée de réserver une seconde fois ce pri x, & elle propose encore ce sujet pour pâques de l'année
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1787 > en observant qu'elle n'entend par domainesi
1Q. :e les domaines prop rem en C dits) oiv pofjtjfionf territcriales. 2.°. Les droits féodaux utiles , représentant les domaines territoriaux. 3 Q. Les droits dtt.ichés à la souveraineté , tels que les droits de monnaies , de gîtes de rivieres de -voiries , éfc.
Il a déclaré ensuite que l'académie n'ayant pas distribué à la Saint-Martin 1784, le prix qui en faifbit l'objet , la compagnie propofoic le même sujet pour la Saint-Martin 17:56; il s'agit d'examiner : Quel fut l'état du commerce chez les Romains deptifs la premiere guerre punique, jufqua l'avénement de Canstantin à l'Empire.
De fuite M. Dicter a procédé à la lecture de PEloge de M. Bignon , honoraire de l'académie J, mort l'année dern iere. Après avoir établi la filiation, de cetre famille comme naturalise dans la compagnie , il en est venu à son héros qui , péri à la fleur de l'âge, & sujet médiocre par lui - même,, ctoit une matiere fort aride. Aussi l'a - t - il quitte bientôt pour parler de la bibliothèque du Roi ,, à laquelle présidoit M. Bignon, en vertu d'une autre forte de droit héréditaire.
Cette bibliothèque a fourni à M. Dacier un episode curieux & intéressant par les détails où il est entré, non - feulement sur les richdft's littéraires qu'elle renferme , mais sur les travaux dés savants qu'elle occupe. Il la regarde comme le plus beau monument , comme le plus riche trélor qui ait jamais existé en ce genre. Il la préféré à cette bibliotheque d'Alexandrie si vantée, si regrettée.
Il a fait un tableau vrai & touchant de. M vie de la plupart des coopérateurs de cette bibliothèque, qui absolument concentrés dans ion Ú:i..
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y consument leurs jours dans des recherches l' Bibles qui fervent à l'illustration de tant d'autres, dont on jouit sans tn connoître l'étendue & l'importance , sans leur en savoir le moindre gré , & qui meurent enfin obscurément, sans qu'on fâche, pour ainsi dire, s'ils onr exiftc.
En général, cet éloge, d'une diction simple &r modeste, comme le sujet, a plu beaucoup à la fois aux érudits & aux gens de goût.
La leéture des mémoires a été partagée entre les nouveaux associés dont on a annoncé l'intromif- flon dans la compagnie, du choix du Roi.
M. Houdard, très - versé da-ns les anciens monuments de notre histoire , qui même , dit - on , a été envoyé pour feuilleter dans les archives dela tour de Londres, a commencé par des Recherches sur Vorigme & les carafteres des loix die la principauté de Galles. Elles ne font qu'une partie du grand mémoire que ce savant homme a réservé pour les assemblées particulières. En général, son objet est de prouver que ces loix, originaires des Gaulois , se font conservées depuis ce temps sans que le mélan ge des Normands , des Danois & des Barbares qui ont fait des descentes dans la Grande - Bretagne , les aient altérées. Elles font simples, justes, austeres & douces comme les pcu- pies dont elles émanent.
M. Silvestre de Sacy, conseiller à la cour des monnoies, le fécond en rang à faire ses preuves devant le public , & qui paffe pour un des hommes ks plus érudits de nos jours dans les lan gues meres, l'hébreu , le fy.riaque, le chaldéen, l'arabe, a donne un échantillon de les connoissances dans cette derniere par une digression sur quelques événements de l'histoire des Arabes avant Mahomet. Ce mcn"-
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8eau 1 plus oratoire que discuté, s'est trouve rempli de différents discours de princes de ces temps - Ii.
où le génie de la langue dont ils font traduits, a paru saisî parfaitement bien. L'auteur a confervé le style hardi & métaphorique , l'emphase quel.
quefois sublime , plus souvent gigantesque , enfin ce mélange de simplicité & d'enflure très - ordinaire dans les écrivains arabes.
Le mémoire le plus intéressant & qui, sans con.
tredit , a fait le plus de plaisîr au public , a été celui de dom Poirier. C'étoit la premiere fois qu'oa voyoir siéger en ce lieu un bénédictin) quoique eette favanre compagnie, remplie de fujecs li vrés spécialement au même genre 1 d'étude que l'académie des belles - lettres, pût à elle feule fournit peut être assez de membres érudits pour en com- poser une.
Le mémoire du nouvel associé rouloit sur le récit des hiftoritns anciens & madems AU su.,j2de l'avénement de Hugues capet (tu trône. Son système est de prouver que ce prince , le chef de la troilieme race de nos rois , n'a point eu la couronne par usurpation , mais l'a tenue du corv sentement libre de la nation; ce qu'il ne femb!e pas avoir établi invinciblement. Il n'a point examiné d'abord , préalable nécessaire, si la nation s'étant départie de son droit en faveur de la race des Carlovingiens , avoit afîez de griefs pour recouvrer ce droit avant l'extinction de la maison régnante. Ensuite les témoignages qu'il aslminiftre en faveur de son opinion , ne font riea moins qu'irréfragables. Quoi qu'il en foit , ce morceau , qu'on fent parfaitement avoir été choisî par l'aduiation , est (pécienx & très, bien fait dans.
(on genre. S'il n'est pas convaincant au fond, il'
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est échafaudé d'une maniéré adroite , & l'on est contraint d'avouer qu'au moins l'auteur est trèsversé dans la connoissance des monuments de notre histoire; qu'il possede assez l'art d'en tirer parti pour soutenir également la thefecontraire, & sans doute avec plus d'avantage encore , parce
qu'elle est la plus vraie.
L'abbé Mongrs , chanoine régulier de la con- grégation de Sainte-Génevieve, dont la robe a paru moins extraordinaire parmi les académiciens, ; pal qu'on voit depuis long - temps siéger le pere Pingre à l'académie des sciences, a lu le quatrième mémoire , dans lequel il examine l'origine & l'em- flot des Médailles chez les Romains. Il est de l'avis de tous le; savants en ce genre , que les médailles servoient de monnoies. Il réfute l'opinion du pere Hardouin & d'un autre antiquaire, différente du général. Ainsi ce mémoire ne présente aucune découvert? nouvelle au fond , mais il est curieux par une discussion , étendue sur la manière dont ces médailles étoient fabriquées. L'auteur examine si elles étoient moulées ou frappées ; & il prouve que les anciens se servoient de l'une & l'autre méthode.
M. de Rochefort a lu pour le baron de SainteCroix, nouvel associé libre de l'académie , une Dissertation sur f état des étrangers domiciliés à Ather-es.
Ils étoient proferits de Sparte : mais quoique tolérés dans l'autre république, c'étoit d'une manitre si dure & si vexatoire , qu'elle équivaloit presque à une proferiprion. Tel est le but, à ce qu'il nous a paru , du travail de l'académicien.
Quoiqu'il ne fût pas cinq heures & demie , lorsque cette lecture a fini , les écoliers académiciens ont trouvé bon de gagner un quart - d'heure & se font levés brufcluemem,
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6 Avril. Mad. de Sainte - Helene est une jeune femme créole ( Fontenelle en ion nom ) très - bien née. Elle est pleine de charmes , de grâces) d'art & d'esprit , vive & séduisante , très-instruite , d'ailleurs Tachant plusieurs langues, faisant des vers , & n'ayant en apparence d'autre défaut dans la société , qu'un peu de causticité. Elle n'a que vingt - quatre ans. Son mari en a trente - six; il est très-laid; mais elle en sembloit si fort amoureuse , que non - feulement elle n'a jamais voulu faire lit à part, mais qu'elle le caressois publiquement , au point de rendre jaloux les fpeftateuis qui avoient quelque prétention.
M. de sainte - Hélene a un frere cadet , trèsbel homme, au contraire. Il devoit se marier à une demoiselle Margtnci, niece d'une Mad. de Id Rue, femme du payeur des Rentes , avec qui Mad. de sainte- Hélene étoic très - liée. Celle - c vient-trouver son amie sur la premiere nouvelle de ce mariage , & lui fait un portrait affreux du futur. Mad. de la Rue lui rit au nez ; lui répond qu'elle n'a point consenti au mariage de sa niece sans avoi r fait des informations, & qu'il n'est rien du tout de ce qu'elle avance. Cette tournure n'ayant pas reussi, Mad. de Sainte Helene soupire » & lui dit qu'elle va lui ouvrir son cœur, & lui confier un secret , à condition qu'elle lui donnera sa parole d'honneur de ne jamais le révéler. Elle lui déclare qu'elle est amoureuse folle de son beau, frere ; qu'elle vit avec lui , & qu'elle en est grosse en ce moment ; qu'elle ne le verroit pas tranquillement passer dans les bras d'une autre; qu'elle est capable de se porter à toutes les extrémités dans un accès de jalouue, & de se brûler elle - même la cervelle. Mad. de la Rue, en femme
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prudente, lui répond qu'un mariage aussi avancé ne se rompt pas aufll brusquement ; qu'elle va le retarder fous quelque prétexte jusqu'à ce qu'elle puisse faire mieux. En effet, ce mariage se recule jusqu'après les couches de Mad. de SainteHélène, & enfin se termine. A peine est - il conclu ,, que le nouveau marié , pour éloigner ce spec.
tacle des yeux de sa belle-soeur , part pour Bordeaux avec sa femme. Il s'enfuit une rupture ouverte entre Mad. de sainte - Hélene & madame delà Rue , sans qu'on en fâche le vrai motif.
Le vendredi-fain t madame de sainte - Hélene va à confesse ; le lendemain elle va raconter ce fait chez plusieurs femmes ; elle dit qu'après s'être réconciliée avec Dieu , elle veut se réconcilier avec ses ennemis, & se rend chez madame de ll4 Hue y lui avoit pris médecine Malgré cet obstacle, elle rompt toutes les barrieres & pénetre jusqu'au lit de sa bonne amie ancienne ; elle se précipir: sur elle & lui fait toutes fortes de caresses : elle attribue ce retour à celui qu'elle a fait vers Dieu; elle parle de ses visîtes du matin; d'une Améri.
caine qui l'avoit engagée à dîner pour le jour de Piques , dîner qu'elle a refusé , parce qu'elle se propose de faire ses dévotions ce jour-là, & da palier toute la journée à l'église. Ensuite elle quitte madame de la Rue fous prétexte d'aller se chauffer , & vraisemblablement jette du poison dans une caffetiere qui étoit au feu pour donner à boire à la malade: elle fort ensuite.
Madame de la Rue ayant demandé de la boisson , se trouve bientôt dans un état affreux & convullif. Elle soupçonne quelque chose. On donne de cette boisson à un chien , qui en meurt. Oa envoie chercher des gens de l'art, qui décomposent
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la liqueur & y trouvent du sublimé corrosif.
,Après avoir administré tous les secours néce/faires à madame de lm Rue , Ton genire se rend chez M. le lieutenant de police & lui raconte cette aventure. Le magistrat part sur le champ pour Versailles , & revient avec tous les pouvoirs néceiraires : le lendemain matin à six heures, un commissaire & un exempt se transportent chez imadame de sainte - Hélene , encore au lit à côté ide ton mari. On lui lignifie l'ordre de se rendre :chez M. le Noir. Elle s'habille & demande Tes poches : l'exempt s'en étoit emparé, & lui répond ,qu'il ne peut les lui remettre que chez M. le Noir. Son mari veut l'accompagner & l'on y consent.
Tous deux rendus chez M. le lieutenant de police , il commence par viluer les poches & le porte - feuille.
Dans les premieres on trouve encore du poison , & dans le fécond , une lettre à milord Digby, anglois, auquel elle rendoit compte de ion abominable aétion.
M. le Noir fait d'abord entrer le mari, lui demande s'il reconnoît l'écriture de sa femme, lui fait lire la lettre, & lui ajoute qu'après un pareil aveu , il croit que c'est lui rendre un service & à Ja société emiere, de les délivrer d'un pareil rnonfire; qu'il peut se regarder comme veuf.
On croit que madame de Sainte-Helene a été conduite dans une des maisons de force qui font aux environs de Patis. Elle nourrissoit us petit garçon dont elle étoit accouchée : le sieur GarlÍanne, médecin de ces maisons , est venu le prendre & le lui a remis, à ce qu'on croit, pour en continuer la nourriture. Le mari , qui est capitaine d'infanterie , est parti pour son régiment.
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Telle est l'étrange caraftrophe qui est en ce' moment la matière de routes les conversations 1 de la .capitale, très- propre à fournir le fond d'un roman aifffi atroce que celui des Liaisons dangtveufes, & qui pourroit lui servir de pendant. (
Madame de la Rue 5 depuis ce temps est dans la désolation & a fait fermer sa porte A 6 Avril. On a appris depuis peu la mort "du fameux comte de Paradès. On dit qu'elle est ar- ri vée dans l'ille des Massàcres, auprès- de SaintDomingue.
6 Avril. Mlle. Lavau, jeune actrice de la comédie" francoisè, s'habiilant pour jouer la comédie chez madame de Montesson, le feu a pris à ses cotillons: le sieur Fleuri, autre comédien, qui étoit avec elle , a inutilement tenté de la (ecourir; elle n'avoir point de domestique aufour d'elle: ils ont perdu la tête. Elle est dans un état déplorable , à faire craindre qu'elle ne puissè jamais re.paroître en public.
Le sieur Fleuri a joué, le bras en écharpe, aujourd'hui dans la Coquette corrigée. *
Mlle. Lavau n'étoit point jolie, jouoit médiocrement bien ; en forte que ce n'est une perte , ni pour le théâtre , ni pour le monde galant.
6 Avril. Relation de la séance publique de l'académie royale des sciences, tenue aujourd'hui pour sa rentrée d'après Pâques. !
Le prix sur la théorie des assurances maritimes, que cette compagnie devoit adjuger en 1783, & qu'elle avoit renvoyé à cette année , est, encore remis à l'année 1787. Il fera triple, c'est - à - dire, de 6000 livres : la piece couronnée fera procla.mée dans l'assemblée publique de Pâques. o
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Après cette annonce, M. le marquis de Condorret a lu Elege de Margraff, membre- de l'académie royale des sciences de Berlin , & associé étranger de celle de Paris, depuis 1777.
Cet éloge d'un allemand & d'un savant, d'un chymiste uniquement occupé de ion laboratoire, fournissoit peu de matière aux digreiïions philosophiques de l'orateur. Aussi a-t-il paru plus sec -que.cle coutume. Un lèul endroit, très - nngulier, a réveillé l'artention publique. C'est celle où parlant des qualités personnelles de son héros, le panégyriste n'a pu diiTimuler qu'il étoit trèsintempérant. Mais M. de condorcet a prétendu qu'il falloit 1erer un voile sur les défauts des grands hommes , & les refpeéter jusques dans leurs soiblesses.
Pendant que le secretaire se reposoit & reprenoit haleine, il a été communiqué à l'allemblée cinq mémoires.
, L'un de M. de cassinï. sur la température des caves de l'Observatoire , qu'il a découvert avoir été mal jugée jusqu'à présent: avant on la trouvoit assez égale, &, suivant lui, elle est fufcepceptible de beaucoup de variations.
L'autre, de M. Meunier. Celui-ci a lu la fuite des expériences entreprijes par l'académie sur les machines aérofiatiques. Les nouvelles roulent encore sur le ballon dont il avoit été question dans la fcance de la Saint- Martin, & qui toujours suspendu à la voûte de la salle , n'a , depuis ce temps, presque rien perdu de son gaz , en forte qu'il en a conclu de plus en plus l'imperméabilité de [on enveloppe. Mais cet apôtre zélé de l'art de naviguer dans les airs, en est resté là, & n'a -pas fait un pas de plus.
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Le troisième, de M. l'abbé TelTier) sur tes | eypres chauves. Il ne nous a rien appris , ou dix *1 moins l'ennui pendant que l'académicien lisoit , a été si fort qu'il a dégénéré en un murmure qui empêchoit de l'entendre.
On en peut dire autant du quatrième mémoire de M. Bartholet, sur l'acide minéral dé- fhlogiftiqué.
L'attention s'est réveillée à l'égard du cinquieme, de M. Quatremere d'Isjonval , sur les bêtes à laine , d'une utilité trop reconnue pour ne pas intéresser toute l'aifcmblée. Il mérite un extrait détaillé.
En [fpagne & en Angleterre les bêtes à laine n'ont d'abri que le ciel. M. Daubenton a imaginé que ce moyen devoir réussir à plus forte raison en France, dont le climat est tempéré. Il a consacré dix-huit ans à cette expérience , couronnée par un succès confiant. Il en résulte que les troupeaux exposés à l'air, font sujets à peu de maladies & jamais aux mortalités ; que leurs laines égalent les laines superfines d'Espagnes qu'enfin le régime des troupeaux en France contrarie la nature & l'instinct de ces animaux.
M. Quatremere d'Isjonval, digne éleve de son maître en ce genre, a cherché à grcffir la lifte des faits que le premier avoit juCqu'à présent recueilli seul. A l'appui de l'affirmative des deux questions formant le problème à résoud re : La température de la France permet - elle de tenir les troupeaux à l'air pendant toute l'année ? Ce régime augmente- t- il leur fanté, leur force, leur jiiuImplication , mais sur-tout la quantité & la qualité de leur lainage ? Les faits du disciple prou- vent
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vent encore plus que M. Daubenton n'avoit cru.
devoir annoncer.
Les expériences de celui - ci avoient été faites à Montbard. La plupart des bêtes à laine réunies dans les bergeries étoient de belles & bonnes races, toutes de diverses provinces de la France & des royaumes ou ces animaux font vigoureux & de haute taille ; on prétendoit n'en pouvoir rien conclure pour les bêtes à laine de petite taille. C'est cette objeétion que le savant natutalifte a voulu détruire.
M. d'Isjonval a choisi le Berry , comme la province où est J'espece la plus chétive fous tous les rapports.
Le 1 décembre 1781 , il a fait sortir de cette province ioi bêtes à laine. Ce troupeau a été établi dans un clos que M. d'Isjonval possede près Paris, c'est-à - dire, 74 lieues plus nord que son pays natal , & au 1 avril un seul mouton étoit mort. Ce troupeau qui, pendant tout l'hiver, excitoit la pitié du voisin ige , en fit l'admiratioa rautomne suivant.
L'année suivante M. d'Isjonval choisit l'espece de mourons la plus délicate & la plus chétive du Berry. Il en fit venir un troupeau de 170 bêtes.
Elles se trouvèrent comme ensevelies durant les neiges de ce long & rigoureux hiver , & ne s'en portèrent que mieux.
Enfin la troiifeme expérience de l'hiver dernier est encore plus démonstrative. Il s'agissoit de 165" bêtes, toutes atteintes de la gale la plas opiniâ- tre , & elles font au moment adtuel faines & vigoureuses. Le savant propriétaire les conferve pour les faire voir aux Parisiens & les faire revenir de leurs préjugés. Il espere bien que dans
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cent ans il n'exiflera pas une feule bergerie en France, mais il roudroit accélérer cet heureux m::'fnE.
Le marquis de Condorcet qui avoit réservé, pour clore la séance , l'Eloge d'Euler , a repris la parole en cet instant , & nous a peint ce savant dans le plus grand détail. Il n'eit personne qui ne fâche que c'étoit un des plus célébrés géometres du siecle. Il a saic 800 mémoires sur la géométrie pure ou appliquée aux autres sciences, & il en est 300 d'imprimés, formant presque tous des ouvrages & des traités complets. Il étoit si pénétré de cette science , qu'il la voyoit par- tout.
Il disoit que tel vers de Virgile qu'il possedoit par coeur , l'avoit conduit à quelque découverte géométrique. Ayant presque perdu la vue sur la fin de ses jours , il s'en conioloit, parce que ses yeux pouvoient voir encore des calculs algébriques on des figures géométriques tracés à grands traits.
M. Euler étoit de l'académie de Pétersbourg , où il avoit été appellé anciennement. Passé à Berlin où il alloit se fixer, la * Reine - mere se faisoit un plaisir de l'entretenir & de l'admettre dans son intimité: mais, malgré cette confiance, Euler ne répondoit que pat monosyllabes. S. M.
lui en témoigna sa surprise : madame , s'écriat - il , c'ct f que je viens d'un pays où, quand on parle , on est fendu.
M. Euler étoit bon croyant & pratiquoit ses exercices de religion.
Cet éloge, quoique très-étendu , Fournit peu de citations , parce qu'il consistoit principalement à rendre compte des travaux d'un lavant aussi laborieux , & wort dans un âge avancé. Du refle, toujours des morceaux précieux Se qui jettent
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beaucoup d'intérêt dans la narration du marquîi <ie Condorcet ; mais aussi un retour trop fréquent d'idées & d'expressions dénigrantes , indiquant un écri vain, souvent triste, ulcéré , imprégné de fiel..
M. Fougeroux de Bondsroy devoir lire un mémoire utile iur les éruves propres à la conservation dts grains, & en particulier du frornnt; sujet déjà esquissé par M. Duhamel, fort oncle , mais le temps ne le lui a pas permis, 7 Avril. Puisque le public re se rassasie point des balourdises & des platitudes de Panurge , il faut bien se déterminer à en rendre compte, ce fût - ce que pour marquer à quel excès de dépravation le goût cft: parvenu au théâtre lyrique, aipfi que sur lés autres.
Dans ion avertissement, l'auteur se targue de n'avoir pris dans Rabelais que le nom du perionnage , son arrivée dans l'isle des Lanternes & l'idée du bal. On va voir quels efforts de géne il a o.tàÜs pour son compte.
Au premier acte le théâtre représente une place publique. On voit dans le fond un port de mer, & sur un des côtés - le portique d'un temple. Tout est préparé pour la - fête de Lignobie, déesse des Lan te mois.
ii est question du mariage de deux chefs de l'isle, qui doit se faire avec deux jeunes perfonhes, leurs concitoyennes. On invoque la dédfe pour qu'elle leur foit favorable ; on lui fait des présents, on couronne sa statue de fleurs Un Talapoin , prêtre de la divinité bizarre , déclare que les amants ne peuvent être heureux & époux, que lotrlu'un étranger, jeté sur ce rivage, fera devenu également épris def charmes des deux
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beautés. Cette nouvelle les afflige. Il leur ajoute que la déesse exige qu'ils ne cessent de rire & de chanter. ,, te divertissement continue. Il survient un orage qui redouble la joie , dans l'espoir que l'or^cje va 'acc;omplir. En effet un naufragé arrive : c'efl: : Tamrge. Les deux belles font les plus empressées à le secourir & à lui témoigner leur joie. Il est çnchanté d'un tel accueil & commence à se prendre d'amour pour elles. Il est (suession d'un bal auquel elles l'invitent. -
La décoration change au fécond aéte. C'est l'intérieur d'une salle atiatique. Il s'ouvre par un monologue de Climene , femme de Panurge.
Abandonnée par son époux au bout de deux ans de mariage , elle couroit après lui, lorsqu'elle a été prise par un çorsaire & amenée en ces lieux où elle est esclave. Elle reconnoît Panurge & se propose de se déguiser pour le berner. Cependant les deux belles s'efforcent d'opérer l'accomplissement de l'oracle. Elles l'agacent à qui mieux mieux. L'une est douce & l'autre vive & piquante.
La premiere le seduit, la fecond é l'enchante: elles le pressent de se déclarer. Elles le quittent fous prétexte de se préparer pour le bal. Survient une femme déguisée en maître des cérémonies de l'isle; Elle vient lui donner des fecOtÚs; & par occasion le plaisante sur sa doyble passion. • Le théâtre change & représente ici une salle cle bal magnifiquement ornée; ce qui donne .Iieu à des danses, pendant lesquelles les deux femmes excitent de plus en plus Panttrget dont l'incertitude ne fait qu'augmenter, en même temps. POUE l'en tirer , Climene, toujours fous le même déguisement, lui propose dé consulter une (à» an te sybille qui n'est pas loin. Il y consent.
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Le troisieme acte s'ouvre par la décoration d'un bois épais. On voit sur l'un des côtés une espece de rocher formant l'antre de la sybille , & dans le fond le fiontifpice du temple de Lignobie. On conçoit que c'dl: Climene qui doit faire le rô!e de la vieille lorciere. Elle en instruit les quatre amants, apprenant avec surprise qu'elle est la femme de Panurge. Elle commence par le bien faire tourmenter d'une troupe de lutins qui s'opposent à son passage, quoiqu'il ait attaché le rameau d'or à la porte de l'antre. Enfin la pythonitre paroît & raconte à Panurge toute Ion his- toire ; elle lui fait des reproches sur son abandon : il s'attendrit; elle file peu- à- peu une reconnoil- sance , & bien fure du repentir de son époux elle se découvre. Alors survient le grand- prêtre; les quatre amants & le peuple le suivent. Lé premier déclare que l'oracle est allez accompli , & que la déeilè est disposée à couronner les fear des amants.
Ici, changement de décoration encore. On voit au fond la déelle des Lanternois dans une très- grande lanrerne, Se les côtés font éclairés par des lanternes. L'auteur annonce qu'il a voul u dans ce divertissement donner une idée de la fête des lanternes , chez les Chinois, telle que le pere du Halde , hiitorien de ce peuple, la lui a fournie. Ce qui termine l'opéra.
C'est sur ce fond singulier que M. Gretry a composé sa muGgue. Il s'est efforcé de la rendre Mflî bizarre & a parfaitement réussi. C'étoit la ftule façon de lui donner du caractère.
7 Avril. La riviere du Massacre sépare la partie ftançoife de Saint - Domingue de la partie espagnole. Au milieu est une isle qui porte le même
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toom ; objet de contestation entre les deux peur pies, & enfin que , par arrangement , sa majesté Catholique donna au duc de Noailles. Celui - ci l'avoic abandonnée à son fils le marquis de Noailles, alors ambaffadeuren Angleterre. A son retour n'étant pas comme nos seigneurs à la mode,.
voulant payer ses dettes , il prit le parti de vendre cette concession ; ce qu'il fit, moyennant 300,000 1.
à un prête - nom du comte de paradès, alors cccupe à Versailles de la politique qui a pensé lui devenir si funeste. Depuis sa sortie il avoit.
vendu déjà dans cette isle pour 1,500,000 livres de terrain & sans doute il étoit occupé à s'y former une habitation , lorsqu'il y est mort. Telle est ia fin de cet aventurier, dont on a beaucoup parlé un instant , qui depuis étoit abfoiument tombé dans l'oubli, & qui n'a réveillé le public sur son compte qu'en ce moment.
On dit que tout son bien va passer à une foeui fort jolie , mariée à un officier suiffe.
7 Avril. L'ordonnance concernant les procureurs & économes gérants aux isles du Vent).
liêplaît beaucoap aux Américains. Ils dirent qu'ellene peut pas subsister ; qu'ils ne feroient plus maîtres chez eux; que !eurs esclaves vont s'en prévaloir & devenir indociles. Lts gens impartiaux, au coatraire, y développent des vues très - fages, sans parler de ceux qui percent plus loin , & prétendent y trouver le germe de l'abolition future de la servitude même de ces climats ; on y reconnaît le projet plus immédiat du gouvernement , au moyen de dépositions aux greffes, d'états & connoissances réguliers de tous les envois des productions des isles faits en Europe, de «joaoîtie positivement leui rapport jusqu'à
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Une barrique de sucre , & de pouvoir , quand oh voudra, aiTeoir des impôts certains : ensuite le Heflein de détruire insensiblement le privilege accordé aux premiers colons, de n'être point assujetti aux faisies réelles, & de pouvoir trop facilement fc soustraire à leurs créanciers.
Une feuie chose console les Améïicains, c'est qu'ils le flattent que l'ordonnance restera, comme tant d'autres, sans exécution, les chefs & les magtftrat* étant eux-mêmes colons, & ayant le même intérêt par conséquent de la faire tomber en deluctude.
7 A'Vr.l. La dernoifelle de vienne, aârics trèî-jolie, venant de Bruxelles, a débuté aujourd'hui aux François dans les rôles de soubrette avec tant de fucccs, qu'on croit qu'elle va être reçue d'emblée. C'est un événement remarquable à ce théâtre.
7 Avril. La comédie du Mariage de Figart paroît enfin imprimée avec la préface , revêtue de toutes les formalités & dans toute ion infb.
lence. On dit que c'est un petit dédommagement qu'on a voulu accorder à l'auteur, de la correc..
tion qu'on lui a infligée.
8 Avril. Les trois Puissances, M Correspondance entre le Temps, la Pelitique & l'Equité je sur les affaires attuelles. Tel est le titre d'une brochure nouvelle que, pour comble de bizarrerie, on met sur le compte d'une dame hollandoise.
C'est un bavardage vague, fars faits & sans anecdotes, qui ne mérite pas qu'on en donne aucune analyse. On conçoit combien une correspondance entre trois êtres moraux de cette espece.
doit être froide. Le résultat de tout cela est de conclure que l'Empereur étant le plus fort, a raU
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son de demander la liberté de l'Escaut ; que- la République doit savoir gré de sa modération à ce prince , qui succédant aux droits de les ancêtres , & n'ayant pas ratifié le traité de Munster en 1648, est toujours censé souverain légitime des Provinces - unies.
8 Avril. Les planteurs françois de nos colonies ralT mblés dans leur club, ont senti la ncceffité de répondre aux différents mémoires du commerce du 30 août ; mais il y a malheureusement scissîon pa mi eux. Cependant le grand nombre étant pour le maintien de cet arrêt, il a fallu minuter une juflificatidn. Le galimatias de M. Dubucq) dans son pour & contre, a dégoûté de cet écrivain. Un sieur le Noir de Rouvré.
frere d'un notaire , grand bavard & ayant l'oreille de M. de Castries, avoit entrepris de plaider la cause des Américains ; mais sa diffusion, son défaut de méthode, son entortillage , son manque de style , ont déterminé de choiflr un homme de lettres pour rédiger les matériaux qu'on lui fourniroit. M. Hilliard d'Auberteuil, qui a déjà des notions sur cet objet, relati vement à l'histoire de la guerre d'Amérique dont il s'est occupé, a été choisi par les planteurs, & son ouvrage paroît imprimé fous le titre du Commerce des colonies, ses principes & [es loix. La paix ifl le temps de régler & d'agrandir le commerce.
9 Avril. Le fleur Audinot, depuis sa dépossession n'est pas resté dans l'inadion. Il annonce son projet de revenir contre l'injuflice dont il se prétend la vidime, dans un mémoire qu'il répand depuis quelque temps & qu'on dit très- biea ait.
f 9 Avril. L'auteur des trois Puissances, &c
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trochure dont on a parlé ci - dessus, annonce al' projet vraisemblablement de sa façon , & ce projet se trouve dans une autre brochure, abroi., lument dans les mêmes principes & à- peu près du même style. C'est le partage des pays-Bas, 014 moyens de pacijicàtion, par M. de V ***. Ce pamphlet est pls historique. Son objet est d'empêchet les deux grandes puissances que doit crains dre l'Empereur de fé mêler de fsr querelle avec les Hollandois, &, suivant lui, le meilleur moyen c'est de partager avec elles le gâteàu, de diminuer aînsi excessivement les états de la république, de n'en plus. lailIer qu'un noyau qu'on donneroit én foaveraineté à la maison d'Orange. Il est horrible sans doute de voir ainsi des écrivains mercnaires, foi. disant rhilofophes, enseignes sans dè:our aux souverains des leçons publiques de brigandage , que la politique de leurs ministres pervers n'et f souvent que trop difpofce à fuirrr.
9 Le mémoire des Américains, rédigé par M. Hilliard d'Auberteuil, est très- bien fait ic très - spécieux. Quoiqu'il ne foit pas sans réplique , notre office de rapporteur impartial veut que nous le mettions dans tout son jour.
Suivant cet écrivain , l'événement mémorable' qui a rendu l'Amérique fepttntrionale à ellemême, exige de nouvelles combinaisons politiques. Des peuples nouveaux , sobres& navigateurs, qui ne font riches qu'en denrées d'utilité pretniere, se trouvant placés entre la France & les colonies de l'Amérique, ne tarderaient pas à ton.pre les barrieres qu'on Youdroit leur opposer.
Il vaut mieux accorder aux besoins refpeélifs de nos colons & des Américains du nord , tout ce" «ïu'en peut céder sans blesser les intérêts de le
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nation , que de causer par des prohibitions mar entendues, une contrebande si générale, qu'elle leroit séditieuse. l e tous- les, pro d uits.
En assurant à la métropole tour les produitsdes colonies , fait qu'elle puille ou ne puisse passubvenir à leurs besoins, ce froit occasionner aux colons des pertes qui ne tarderaient pas à le faire refTcntir dans toute la narion.
Tel a été rerprit de l'arrêt du conséil du 30 , contre lequel les négociants réclament si fortement.
- M. d'Auberteuil entreprend de prouver que, lbin d'avoir à redouter de fèn)blables inconvénients d'une tolérance devenue n cet flaire & dictée Pl'expérience » la politique & l'humanité , il en résultera les plus grands avantages pour toute la nation , & qu'on accélérerait le moment de jouir Je - es avantages , en ajoutant aux importations déji permiies aux étrangers , celles des negres de Gainée.
Tti est le plan du défenseur des Américains; 10 Avril. Les comédiens françois annoncent pour premiere nouveauté, les deux Freres, comédie en cinq actes & en vers, de M. de Rechefort dont ils avoient si mauvaise opinion , qu'ils élur dent de la jouer .depuis un an.
10 Avril. M. Hilliard ri' Aulxrteuil commenceTon ouvrage par une courte introduction sur le régime qui s'est établi aux co'onies , tour-à-tour favoris t le commerce prohibitif & le commerce libre ; jusqu'aux lettres - patentes de 1717, défendant absolument le commerce étranger; lettrespatentes dont l'effet, en procurant des foitunes immenses aux négociants, a été de tenir les <'Q!onies dans l'enfance, & de les mettre souvent
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dans la détresse , peut - être eut été de les détralrd radicalement sans une contrebande salutaire, nécefsi rée & tolérée par une fage administration. C'est dans cet état des choies que le gouvernement mieux éclairé , a rendu enfin l'arrêt du 30 août dernier, dont il s'agit de faire l'apologie.
L'ouvrage est divisé en deux parties, & chaque' partie en deux chapitres.
Le premier de la première partie est dirigé' contre les loi* prohibitives appliquées aux coionies françoises de l'Amérique. On les a fondées sur le principe avoué des deux partis , que les colonies ne doivent exister que pour l'utilité générale de la nation. Mais l'auteur prétend que cette utilité n'est point la conséquence des loix prohibitives , qui ruinent à la fois les manufactures , le commerce , la marine, les colonies, pour enrichir quelques particuliers, au préjudice du commerce que ceux - ci s'emprdlent de quitter.
Le second chapitre traite du commerce , de la navigation & des matelots , des négociants &c des fabriques Il n'est qu'une extension , un dé veloppement de la dernière proportion.
Dans la fécondé partie M. d'Auberteuil parle d'abord du commerce par les étrangers dans les isles françoises de l'Amérique. Il établit les motifs de l'arrêt du conseil du 30 août 1784, qui accorde dans ces colonies plusieurs entrepôts aux navires étrangers. Il y voit une source d'opulence , & pour les colonies 8: même pour la mere patrie. Il voudroit seulement qu'on permît aux étrangers une d-erniere espece de commerce indispensable : c'est la traite des noirs.
L'acte ut finit par examiner ce point, félon lui,
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ilileft nullement avantageux au commerce cfe se métropole de vendre les negres aux colons à dea prix exorbitants Il ne l'est point à la nation que les negres soient importés à Saiût Domingue par des François. Bien plus , la traite des negres effc onéreuse à la France; elle y emploie des marchandas de prix, & qui ne font pas de notre c û-) tandis que nos rivaux dans ce négoce le font avec des chofesf de peu de valeur ; elle fait sortir ainff beaucoup d'argent du royaume & entraîne furtout la perte de beaucoup de matelots. Enfin c'est un commerce effrayant pour tes inoeurs , & pac cela seul l'auteur défireroit qu'on laissat aux étrangers , a nos ennemis politioues , ce que ce commerce peut avoir de lucratif, afin qu'ils se chargent aussi de ce ('{l'il a de détestable & de vil.
Ce dernier chapitre, très susceptible de pathos r sàns être fort de raisonnement, est remplr d'élo- quence & de sensibilité. 10 Avril. Mlle. Levasseur, dire Rosalie ,^donfc en avoit prématuré la retraite de l'opéra en 1784 ■vient enfin de quitter le théâtre , & sans doute elle eût mieux fait de l'effectuer alors; elle eut emporté toute sa gloire & toute (à réputation au lieu que le peu de fois qu'elle a paru durant le cours, de cette année dramatique , par une comparai on humiliante il s'ell trouvé que Mlle. sainteMuhtrtt l'a généralement éclipsée.
Mlle. Duplant s'eftretirée aussi & fait un vuideplus marqué , quoique ses rôles ne soient pas & difficiles. Mais ils exigent en quelque forte une.
ampleur, un volume , qu'il n'est pas donné d'avoi c aux meilleures actrices.
11 Avril. Il vient de mourir un M. Rondet, qi 1 peu connu, est qualifié dans son billet d'en-
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terrement du titre fastueux d'interbretes des langues sacrées. Du reste, il étoit auteur & éditeur de plusieurs livres liturgiques & de plusieurs commentaires sur l'écriture sainte qui !e rendoient redoutable aux rabbins, & lui seront tenir un rang.
parmi les faveuts de cette espece.
11 Avril. Depuis 1;1 gra- de question élevée au fujctde la liberté de l'Ecaut, la foule des écrivains s'est tournee du ôté de la politique, à commencer par M. Languet , par le comte de Mirabeau qui lui a répondu. Il paroît aujourd'hui : Exposé (uccinéf des droits imprescriptibles éj, dei prétentions légitimés de S. M. l'Empereur , sur plusieurs places hollandoises, notamment sur la ville de Mastricht, le comté de Vrcenhoven , le pays d'outre - Meuse, les villages de Rédemption, &c. Aussi sur plusieurs territoires , plages &- péages de l'état de Liege, appartenants légitimement & imprescriptiblement à l'auguste Mai [on d'Autriche. Tel est le titre fastueux du mémoire in - 40. déjà ancien, puirqu'H est timbré de 1784. On y trouve un morceau préliminaire historique très-bien fait, quant à la forme , mais du reste sans doute ajusté aux circonfiances. On voit par cet ouvrage , & dès le titre même , que l'Empereur a de vastes prétentions , non - feulement contre la Hollande, mais encore contre l'état de Liege.
L'objet de l'écrivain paroît aussi être en partie de réfuter une petite brochure , intitulée : obfermations sur l'arcicle IX des demandes & répétitions de S. M. Impériale à leurs Hautes Puissances concernant la ville de Mastricht , &c. & d'appuyer l'auteur d'une autre qui contient des Ré.
flexions en faveur de l'Empereur contre ce même u.nage x & de faire cause commune enfin avec
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lie rédacteur des Mémoires hiftmques & politiques des Pays - Bas Autrichiens.
Ce mémoire, quoique sentant l'étranger en quelques endroits, ell assez bien écrit du, reste & le lit avec plailir dans les morceaux qui ne fontpas de discussion.
il Avril. Oa a négligé de parler dans-le temps de l'enrégistrement fait le 14 janvier par la chambre des comptes, les semestres assemblés. de l'édit d'emprunt de 11. millions. Il est remarquab e par une vigueur peu ordinaire à cette cour , faisant «ette fuis la leçon au parlement. Il porte : « A la » charge par le garde du trésor & le tréforier„ géneral de la caisse des amortissements, dé„ nommés audit édirt , de compter , chacun en1 » droit foi , des recettes & dépenses dudit em}, prunt dans le temps de l'ordonnance, & fera y, le Roi très-humblement supplié de considérer j, que des emprunts aussi multiplies tendent à' n énerver le crédit de l'état. ou nécessiteront par „ la fuite , pour maintenir la fiiélité des engay, gements , à recourir à des ressources qui affli- y, geroient le cœur dudit seigneur Roi , & que », ies efforts des peu ples font épuisés ; enfin qu'on n ne peut obtenir un meilleur ordre dans les „ finances, que par l'économie la plus sévere Se „ la plus suivie , la fage fixation dans les dé.
„ penlès des départements, l'accélération de leur >9 comptabilité. «
12 Avril. L'affaire de M. l'abbé Soulavie prend une tournure fàcheuse , en ce que l'intrigue & k fanatisme semblent avoir prévalu. D'une part on a si bien fait qu'on a déterminé l'archevêque à revendiquer l'affaire à son officialité. De l'autre , OU a tellement circonvenu le lieutenant - criminel,
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qu'on Ta engagé à acquiescer, sans restriction, a Ia,Tprétention du prélat quoique des magistrats ses coBfreres lui eufleut fait sentir que pour fouunir les droits de sa jurisdiction, il devroit au moins retenir l'affaire sur certains chefs : le tribunal cft fort mécontent de cette foibldfe de M. Bachois.
1 J Avril. La préface de la folle Journée ou ciai Mariage de Figaro , n'est pas aufit longue qu'on1 l'avoit annoncée; elle n'a que 50 pagts ; ce qui' est une bagatelle pour M. de Beaumarchais. Son.
objet ett en effet de défendre sa comédie sur tousles chefs , & sur - tout de repousser le reproched'immortalité , de prouver que c'est , au contraire,.
une excellente école de mœurs. On fent bien quesa logique à cet égard n'est pas extrêmement concluante i mais graces aux nouveaux principes qu'il pôse, à la poétique qu'il imagine, à l'esprit qu'il répand avec profusion , aux petits contes qu'ili amene à propos, à l'entortillage de ses idées , à l'obfcuricé de son style , à son persifflage continu fous l'apparence de gaieté , il embrouille tel lement la matiere que le lecteur ne fait trop 0& il en est , quand il a fini cette espece de mémoire amphigourique, & en fort tellement fatigué , ennuyé, excédé, qu'il aime mieux l'en croire , que de recommencer & de difeuter ce verbaux amas de sophismes , de paradoxes & d'assertions impudentes. Tout ce qu'on y voit de plus clair , c'et f qu'il a sur son chantier un autre ©uvrag" dramatique intitulé: La Mtre coupable, & dans lequel il se propos: de tonner fortement (ur les vices qu'il a trop ménagés ; ce font ses ex.
pressions. A 't Quant aux sarcasmes violents qu'on s'atten4ok à. trouver dans cette préface contre l'abbé
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Aubert, Contre le marquis de Montesquiou , contre" M. Suard, en un mot contre tous les o nique- 'i f se font avisés de mal parler de !à pieœ, en vers ou en prote; on voir bien qu'il n'a pa envie de * leur faire grace; mais la même obscurité de robe au ledleur les anecdotes qu'il avoir promises a cet égard, & l'on ne fort pas plus instruit, là - deHus que sur to4t le relte. ,,,,, i 13 Avril. Après la grande quefton de la liberté de l'Escaut, sur laquelle s'exercent tous les politiques des différentes nations > il en est une a::t,e qui occupe nos écrivains économiques & J leurs adversaires : c'est la liberté du commerce , Ï relati vement aux colon ies des Antilles. Un nou- s veau champion pour les négociants se met sur les rangs. Il entreprend de réfuter M. DHbucq par une réponse à la brochure intitulé : le Pour &- le Contre. Cet ouvrage est divisé en deux lettres.
Dans la premiere le défenseur de la prohibition se range du côté de l'auteur d'un précis sur l'admission des étrangers dans les colonies , qui a donné lieu à cdui du Pour & Contre de prendre son essor & d'en essayer une réfutation.
1 Dans la séconde le même écrivain discute les vérités élémentaires posées pour bafe dans le Pour & Contre. Il fait voir à M. Dubncq que loin d'en devoir tirer les conséquences qu'il en tire , on en pourroit déduire avec plus de justesse des conséquences favorables au systême combattu. Il se, roit fastidieux d'entrer dans une discussion plus longue de ces lettres, ou la matiere, plus approfondie que dans les autres ouvrages du même genre, n'en est pas moins trop seche & trop rebattue pour en occuper long-temps ceux qu'elle n'intéresse pas dfenciellcmcnt.
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Cet ouvrage est attribué à M. la Mefie, négociant de Bordeaux.
13 Avril. La comédie des deux Freres, jouée hier , n'a eu aucun succès, & même pendant les deux derniers actes, les murmures & .les huées ont été tellement multipliés qu'on n'entendoit plus les aéteurs. On feroit fort embarralle de dire quel a été le but de l'auteur; quelle moralité il a envisagée en ccmpofant son drame. En général, on voit une opposition entre la vie de la cour & celle de la campagne; mais les incidents qui naissent dans le cours de l'intrigue ne marquent point assez la dépravation de l'une & le bonheur de l'autre , pour en tirer quelque conséquence. Il est étonnant que M. de Rocbefort nourri de bons modeles, & ayant toujours travaillé sur l'antique , ait fait un ouvrage aussi manqué. Il ne mérite pas qu'on entre dans plus de détails.
Pour juflifier un peu la bizarrerie du plan & de l'idée de l'auteur , on dit que cette comédie est tirée d'une anecdote du speflatcu, Anglois.
14 Avril. M. le comte de Mirabeau est de retour de Londres. Il est dans cette capitale , mais n'a pu obtenir la liberté de faire entrer son ouvrage en réponse aux mémoires de Me. Linguet.
Il est bien étonnant que les journaux de celuici , toujours sur la même matiere, toujours injurieux aux Hollandois & quelquefois à la France, suspendus pendant long - temps pour cette raison, se tolerent enfin , tandis qae l'on empêche de pénétrer le mémoire de M. de Mirabeau » destiné à venger l'honneur de la Hollande & de la France.
On dit que M. le duc de Chaulnes a cegea-
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dant eu le secret de faire passer en contrebande quinze exemplaires de l'ouvrage du comte de Mirabeau, 14 Avril. Le Courier de l'Europe, qu'on pourroit appeller plutôt le Courier de M. de Beaumarchais 1 après avoir gardé le plus profond silence sur sa retraite à Saint- Lazare , en fort aujourd'hui pour vanter ses bonnes œuvres. Dans sa fameuse lettre du 7 mais, M. de Beaumarchais se plaignoit que les journaux se tussent ftfr le noble enthousiasme, avec lequel la ville de Lyon vient d'adopter son plan de charité pour les pauvres mereS qui nourrirent. Les journaux ayant continué à se taire, il a été obligé de faire parler le fien. On voit dans le n. 17, du 5 avril, & la lettre de cet apôtre de la bienfaisance , en date du 17 janvier, à messieurs les administrateurs de l'inftitut de bienfaisance à Lyon , par laquelle il demande à être leur agrégé , & offre en conséquence mille écus, & la réponse datée de Lyon le zj janvier , où ces meilleurs l'exaltant avec l'adulation la plus outrée, le comparent à Rousseau, à Voltaire , & encore ils n'en disent point davantage , pour ménager sa modestie & sa délicatesse.
On voit que l'objet de cette insertion effc d'effacer peu. à- peu l'impression faite sur le public par le bruit de la correction de Saint-Lazare, qui a pénétré jusques dans les villages. On trouve cependant mal - adroit au sieur de Beaumarchais d'avoir affeaé de parler dans sa lettre de Saint Vincent de Paul , fondateur des Lazaliftes.
14 Avril. Depuis le poëme du Lutrin de FoiHIIII, le chapitre ie la Sainte - Chapel le & fee
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dignitaires font fameux, sur-tout le trésorier, qui (si le premier. Il préterd avoir le droit d'user de la mitre, de l'anneau & autres ornements des évêques, excepté la croile; en un mot, d'officier pontificalement aux grandes fêtes de l'année. Mais il érend plus loin ses prétentior.s; il a aussi sa jurisdiction contentieuse ; il rend des mandemenrs, & tranche du petit prélat.
Le trésorier d'aujourd'hui est en M. de Moy T homme de bonne condition , ci - devant curé de Saint - Laurent. Il paroîc qu'il a voulu faire valoir ses droits , & qu'on parlàt de lui à l'occasson de la naissance du duc de Normandie.
Dès la féconde fête de pâques 19 mars, il ac dévarcé l'archevêque , & sans aucune lettre en autorisation du souverain , a donné & fait afficher dans son enceinte un mandement , qui ordonne deux Te Deum, pour célébrer cet événement heuieux : l'un le mercredi 30 mars, dans la chapelle haute, & l'autre le lundi 4 avril dans la chapelle baffe.
Le mercredi r 3 , il a été rendu compte du fait dans le premier conseil de l'archevêque tenu depuis, & cet attentat à sa jurisdiction, à sa suprématie dd moins., y a fait grande fenfatioa.
On ne dit point cependant qu'il ait été pris aucun parti à cet égard.
il Avril. Il est très-vrai que le sieur de Beaumarchais a ordE: un mémoire pour erre mis fous les yeux du Roi. Il y prétend prouvet qu'on a surpris la religion de S. M. qu'il ne mélitoit nullement la correction «^u'e'le lui a fait infliger, & il attend de sa justice qu'elle voudra bien recoanoître son innocence. Il suggere au, monarque un moyen de le faire à la face de tout
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l'univers, sans compromettre la dignité du trône ; c'ert de -vouloir bien accepter la dédicace de la Mere coupable, piece de grande maniere, & au devant de laquelle le nom d'un souverain peut très - bien figurer.
On n'a point, encore osé présenter ce mémoire au Roi, qu'on fait être trop prévenu contre le sieur de Beaumarchais. Ses partisans assurent que le comte de vaudreuil, qui s'intéresse à lui, attend le moment favorable pour faire valoir cette justification. Ils esperent qu'on pourra déterminer la Reine à s'y intéresser, & ils ne doutent pas que la requête du fupplisnt ne foit exaucée, préfrntée au Roi par cette main auguste.
16 Avril. L'abbé Farjonnel, conseiller de grand chambre , vient de mourir. Il laisse une place de clerc vacante , à laquelle monte par ancienneté M. l'abbé le Coigneux de Belabre, qui n'est reçu au parlement que de 1777, & n'a guere plus de trente ans. On dit que depuis un tiecle, il n'y avoit point d'exemple d'un confeillerclerc de grand'chambre aussi jeune.
Du reste, cet abbé le Coigneux eA: peu aimé de ses confreres & de la compagnie en général.
Il y passe pour l'efpionde M. le garde - des- sceaux; il est toujours chez ce chef suprême de la justice.
Afin que cette intimité foit moins suspecte, quoique l'abbé le Coigneux ne foit pas le membre du parlement le plus érudit, le plus laborieux, Je plus judicieux , M. de Miromesnil l'a préféré pour entrer dans le comité qui s'assemble chez lui, fous prétexte de travailler à la rédaction de toutes les ordonnances de nos rois , depuis l'origine de la monarchie, dont on a déjà parlé.
if Avril. Quoique le fiear de Hcaumarchais
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fut arrêté, on avoit d'abord continué de mettre sur l'affiche de la comédie françoise: en attendant le soixante <& quatorzième representation de la Folle Journée , suspendue pur l'indifpofiticn d'un RéfeÚr.
Au bout de deux ou trois JOurs, cette annonce dilparut absolument; & à la rentrée , il n'en étoit plus question. Enfin il y a quelques jours que les affiches en font mention de nouveau. Les amis de.
l'auteur disent que c'est déjà une fécondé petite fàtisfaâion que le' gouvernement veut lui donner en attendant une plus grapde.
Son édition de Voltaire, va son train aussi ," malgré le mandement de M. l'archevêque. Seulement il est défendu à tous les ouvrages périodiques d'en parler , de l'annoncer même. Le ifeur de Beaumarchais , ne peut invirer les souscripteurs de venir prendre leurs exemplaires ; il faut que ceux-ci devinent, ou soient irftruits par d'autres. Cette inconséquence est si extraordinaire qu'on ne la croiroit pas , si l'on ne l'apprenoit dans les bureaux même du sieur de Beaumarchais.
16. Avril. On dit à l'archevêché que ce n'etf point sans une mûre délibération que M, l'archevêque s'est déterminé à revendiquer .le procès de Fahbé de Soulavie , contre l'abbé Barruel. Le prélat voit cette afifeire &v;ec beaucoup de peine.
Il a consulté (op. jconlèil , _& l'on a jugé cet - iou-triul., e la meilleure pour empêcher quelle ne l ît ecJat, & pêijc être qu'elle, ne finît. Tel est'ciû mfdpsrleptojgt -^iX'prpfume , pul QU n 'n((Ít point figfl^fler "cette Revendication a l'abbé Smlavèe^ - -', ti. * - fj7 -Avril. Le "Palais - Royal devenu le centre de tous les marchands à la mode , déboutes îe-s curiosités, des petits j ,Y en'un mot Y >1 C D U n mot
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divers obj ets qui attiroient aux foires; le Waurhalt de la foire Saint-Germain ne pouvant s'établir dans celui-même, s'en rapproche le plus qu'il peut , en se sa.fant construire une salle , rue SaintThomas - du - Louvre , près la place. La redoute Chinoise , qui craint aussi de devenir déferre durant la foire Saint- Laurent , a choisi un emplacement sur le boulevard, non loin de l'opéra.
On y travaille à force.
18 Avril. A l'ocrafion de la qualification de duc de Normandie, donnée par le Roi au fils de France nouveau né , on a recherché les époques où ce titre a été porté par Ces pareils , & l'on trouve qje le fécond fils de Charles VII, depuis duc de Guienne, mprt en 1471 , est le dernier qui en ait été revécu.
18 Avril. Le magnétisme animal qu'on croyoit proferit, anéanti par le ridicule , devient plus à la mode que jamais: se s merveilles s'accL'iit..nt & se multiplient. Le doéteur Mesmer se repose , dit-on, sur (es lauriers , & jouit de l'argent immense qu'il a ramassé; il ne fait plus que présider. On parle d'un maquis de Purfégur, qu'il convient être plus habile que lui. Celui - ci endort les malades; il les jette dans un somnambulisme parfait , !cs fait obéir à la baguette & à ses gesticulations. En sorte que leurs volontés corr:::-fpcnd.?r,( abfolurnent aux Hennés.1 Il y a p'us: cette situation est souvent telle, que les somnambules acquièrent un sentiment de prescience , ont des révélations de l'avenir & prophétisent.
Cette famille de Puysegur a une vocation pour cet apostolat. On a deji dit qu'un de ses freres , nommé Chaflenaï , qui est dans la a
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été le premier à dérober le secret du docteur.
ill l'exerce dans les ports, & far les vaisseaux avec tant de succès qu'on l'y regarde -comme un.
iieu, & qu'on se met à genoux devant lui.
Depuis les convulsions , on n'avoir point vu d'extravagance pareille. C'est !e même délire , & , !un plus grand , puifqu'au moins ks convulfionmaires attribuoient leurs prétendus prodiges à mne force [Ilrnaturelle, & que les Mesméristes id'aujourd'hui se vantent de tout tirer de la :nature.
ly Avril. Depuis la retraite de Mlle. Duplan , lMad. sainte huberti s'est avisée de vouloir prendre fesrôles. Elle a commencé par Iphtgénie en Aulide , ioù elle fait celui de Clitemnestre. Elle y a paru :pour la troisieme fois aujourd'hui, & non - seulement sans succès , mais avec une défaveur marquée. Elle le dénature absolument , la foiblesse 'de (on organe ne lui permettant pas de s'élever aux tours forts & véhéments qu'il exige, l'orchestre :efl: obligé de se proportionner à son articulation molle & rallentie; encore la couvre-t- il le plus souvent. Ce rôle perd dans sa bouche la plus ;grande partie de son énergie, & Gluck n'eftplus reconnoissable.
Il n'en est pas de même de la nouvelle actrice , 'Mlle. Dozon, qui, peu au fait du perfonnag e d'Iphigénie la premiere fois , se l'est rendu propre _:dans les xepréfenrations fui vantes. Sa jeunesse & Jla fraîcheur de sa voix s'accordent à merveille iavec les graces qu'il exige , ses gestes font simples J& nobles, & malgré la difficulté d'unir'au chant une prononciation bien nette, on ne perd pas un Il mode son rôle.
19 AT-¡)ril. Le secours annuel, destiné par le stuf
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comte de palbelle, à l'homme de lettres qui fera le plus dans le cas de l'obtenir au jugement de l'académie françoise, a été accordé cette année à M. de Murville , qui regardé comme fort à l'aise jusqu'à présent, depuis (on mariage se trouve dans la détresse. Ilavoit pour concurrent un M. chabri , auteur peu connu , mais dans une telle pénurie que, dénué de ressources , il a pris le parti de quitter la vie & de se tuer. M. le duc de Nivernois, qui l'avoit proposé à l'académie, avoit prévu ce désespoir & en est très-affligé, y 10 Avril. Entre les divers concurrents qui font les visites, & se mettent sur les rangs pour obtenir la place vacante à l'académie françoise, deux nouveaux ont singuliérement étonné. L'un est M. Gin, d'abord avocat, puis conseiller du parlement Maupeou , & repoussé aujourd'hui au grand-conseil. Cest un traducteur infatigable d'Homere. Il est allé avec ses œuvres qu'il a présentées à chaque électeur , se doutant bien qu'il ne les connoîtroit pas. Il paroît qu'on lui a ii au nez. ;
Le fécond est le président Roland, qui n'étant ni grand seigneur , ni homme de lettres , mais fort enflé de son mérite magistral , a tâté quelques-uns des chefs, tels que M. le duc de Ni'%JernoÍs. Ce postulant n'avoit à offrir que des Comptes tendus. Ils n'ont pas semblé un titre suffisant à l'aimable seigneur , qui l'a perfiffld de façon à lui ôter l'envie de se présenter chez les autres. io Avril. Le fieur- de Beaumarchais continue à refler en retraite chez lui , & bien des gens commencent à croire que, malgré ce qu'il a écrit au
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ta marquis de Ximenes, elle n'est rien moins que volontaire. Plusieurs de ses partisans, sans avouer qu'ils le tiennent de lui, l'inlinue & le difenc publiquement. Ils veulent même qu'avant la fin de l'année il foit forcé de sortir de Paris. Tout cela est singulier & s'éclaircira peut-être.
n Avril. Les assemblées publiques de l'académie françoise devenant des jours de solemnité très- importants pour la compagnie , aux approches d'un nouveau jour de cette espece , elle s'est occupée de remédier à un abus trop favorable à l'amour - propre du secretaire, & trop contraire à celui de ses confreres : c'est que , tandis que chaque membre n'a voit que huit billets à distribuer, le secretaire , possesseur du moule , pouvoit en fabriquer & distribuer tant qu'il vouloir à ses créatures, conséquemment s'emparer de la feene, & se taire applaudir comme & quand bon lui sembloit, & vice versa, s'il avoir eu cette méchanceté , faire huer & siffler tout autre lecteur.
D'après ces considérations l'académie a délibéré que, déformais on fixeroit la quantité de billets à distribuer, & qu'elle feroit répartie également entre tous les membres.
2.1 Avril. On peut se rappeller une brochure intitUlée: les Joueurs, qui parut en 1781. Elle fut suivie peu après d'une autre : Tableau de Spa, bien propre à lui servir de pendant. On la donna comme un manuel indispensable à ceux qui fréquentent ce lieu funeste , & à tout homme qui veut connoître les mœurs de ce siecle. Ces fortes de pamphlets font enlevés rapidement, & l'on n'a pas manqué d'en faire une autre édition , tellement augmentée & corrigée , qu'on l'a appellée Nouveau Tableau de Spa. Elle n'a paru que
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deux ans après, & quoique datée de 1784, elle ne se répand que de cette année à Paris. Elle est enco:e trcs-rare. Si elle en vaut la peine , on en parlera plus au long.
zi Avril. On fait que le comte d'Arcq, tenu par le parlement à se retirer pardevant S. M.
avoir été débouté de sa requête au conseil, demandant Ton renvoi en cette cour. On allure aujourd'hui qu'il a été jugé à fond, & a perdu absolument.
12. Avril. C'est le ix mars que l'abbé Motret y en sa qualité de promoteur- général de l'officialité diocésaine de Paris , a remontré au lieutenantcriminel du Châtelet, avoir eu connoissance que les fleurs Barruel & Giraud de soulavie, tous deux prêtres du diocese de Viviers, font en instance pardevant lui, pour raison d'injures que le lieur Soulavie assure être contraires à sa foi , à son honneur , à sa réputation , & qu'il prétend avoir été consignées par le sieur Barruel dans un livre intitulé : les Lettres Helviennes , imprimé avec approbation & privilege , dans lequel le lieur Barruel se propose entre autres choies de prouver qu'un autre livre aussi imprimé avec approbation & privilege , & composé par ledit lieur Giraud de Sou lavie, contient despropofitions dangereuses, & un système depprétendus faits aussi contraires à la narration de MoyCe & à l'enseignement public, qu'à la faine physique & à la vérité, & attendu que ladite conreftation ne présente qu'une action purement personnelle entre deux ecclésïastiques , & que d'ailleurs le jugement de la cause dépend en grande partie de l'examen d'un poinr de doctrine qui intéresse essentiellement la révélation , il a requis, que conformément aux
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loix canoniques observées dans le royaume &àux ordonnances de nos Rois, il lui plût renvoyer la cause & les parties à l'officialité , &c.
Sur un foit montré du lieutenant - criminel , du 11 mars, au procureur du roi, celui-ci a déclaré qu'il n'cmpêchoit pour le Roi la cause de les parties d'être renvoyées , &c. à la charge néanmoins du délit privilégié, comme aufh à la charge par lesdites parties , dans le cas où il auroit lieu à des dommages & intérêts, à le pourvoir pardevant le juge laïque : & ledit jour 13 mars, M. Bachots a mis un soit fait ainsi qu'il efi requis.
13 Avril. Une brochure intitulée : Le bon Homme Anglois , quoique timbrée de 1783 , & destinée à la circulation , ne nous tombe que depuis peu fous la main. Il paroît qu'en effet l'auteur, tel qu'il soit, ne l'a point composée: proprio motti, & y a été excité par quelque autorité puissante. D'abord ce n'est ni un Anglois) ni un bon homme ; c'dt un François tès - méchant qui attaque, il est vrai , un autre méchant homme, Me. Linguet. Il le connoît très-bien , quoiqu'il dise ne l'avoir jamais vu, & le peint à merveille.
Il est sur-tout question dans ce pamphlet de son :IJjlo.'re de la Bastille, & de sa détention dans cette prison. Le défenseur du ministere de France se décele sans doute, non - feulement pour n'être pas Anglois , mais même pour ne pas sentir la dignité de son être , en approuvant une captivité qui, fût-elle motivée sur des délits avérés, devient injuste, dès qu'elle est illégale. Au principe près, il dit des choses assez judicieuses. On y €n rencontre qui ne peuvent guere lui avoir été suggérées que par le ministere.
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Une anecdote que l'écrivain saisit avec complailance , qu'on avoit regardée comme une fable, acquiert plus de vraisemblance depuis que Me. Linguet s'est déclaré ouvertement & à toute outrance l'apologiste de l'Empereur dans l'affaire de l'Escaut. Cette anecdote consiste dans l'envoi fait par le journaliste à ce souverain de mémoires politiques , qui pourroient bien contenir le germe des réclamations que nous avons vu éclore depuis.
L'obstination de l'auteur du pamphlet à vouloir attribuer à cette cause la punition de Me. Linguet , prouve de plus en plus qu'il étoit soufflé par l'autorité , qui étoit bien aise de se disculper d'une détention qu'on avoit regardée généralement comme accordée à la ven geance du maté.
çhal duc de Duras.
La violence de la brochure fait soupçonner que le sieur Morande en pourroit être l'auteur. On y verroit alors tout naturellement le germe de la querelle entre ces deux jouinaliftes , & l'opinion qu'on y annonce de la poltronnerie de Me. Linguet, expliquerait l'audace de son ennemi à l'outrager aussi fortement qu'il l'a fait.
De quelque part qu'il vienne, ce pamphlet est curieux & se fait lire avec avidité.
z3 Avril. Extrait d'une lettre de Boulogne, du 19 avril. M. pilâtre de Rozier , qui reste çonstamment ici pour saisir le premier moment favorable de passer en Angleterre dans son aérostat, hier 18 comptoit enfin appareiller. Tout étoit prêt. Déjà deux coups de canon du départ s'étoient fait entendre ; presque toutes les cordes étoiclt coupées , & la machine ne tecoit plus qu'à u+i léger cordon, lorsque le maire de la ville,
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accompagné des officiers de port , vinrent annoncer le changement de vent en mer, l'approche d'un orage violent, & la témérité de parrir en ce moment. En conséquence , l'aérostat sur reconduit tristement sur le chantier , où il est enchaîné depuis quatre mois.
14 Avril. L'accident malheureux arrivé le 3 de ce mois à Mlle. Lavau , pensionnaire de la commédie françoise , ayant des fuites fàcheuses & la tenant dans un état de souffrance considérable , ses camarades ont arrêté de donner mardi z6 avril, une représentation à son profit; ils invitent le public à féconder leur zele bienfaisant, par une lettre du sieur Vanhove , secretaire du comité , adressée au Journal de Paris.
2.4 Avril. Il y a peut-être vingt-cinq ans au plus que des Anglois donnèrent à Spa la célébrité dont il jouit, & qu'il ne mérite guere. Sa situation n'a rien d'attrayant. C'est un trou entouré de montagnes incultes qui bornent la vue de toutes parts & n'offrent aucun afpeft pittoresque. Le climat n'en est pas plus fain que celui des autres eaux. Au contraire, les chaleurs de la canicule y font insupportables ; aucun fleuve , aucun lac n'y offre la douceur du bain. A la moindre goutte de pluie le froid succede promptement ; les maisons , décorées à l'extérieur , n'ont ni commodité , ni agrément dans leur distribution.
On y vole , pille , écorche sans pitié l'étranger.
Cependant c'est-là que se rendent les personnages les plus augustes, les gens de distinction , les gens opulents de différentes nations ; mais sur deux ou trois mille érrangers qui s'y rencontrent chaque année on n'en compte pas zoo qui fassent usage dts eaux ; tout le reste font des joueurs,
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des crocs, des libertins, des filles. En un mot, si c'est au physique Je cloaque de la corruption , c'est au moral le réceptacle de tous les vices.
Spa est dans les états de l'évêque prince de Liege, qui ferme les yeux sur les désordres qui s'y commettent, sans doute à raison des revenus que lui procure ce lieu par sa vogue & par fou affluence. Nulle justice, nulle police ; c'est un brigandage général. Tel est le nouveau tableau de spa, qui contient d'ailleurs peu d'anecdotes, peu de choses intéressantes.
%5 Avril. Depuis qu'on rit aux dépens des moines, on croiroit que toutes les manieres font épuisées ; cependant un plaisant en a trouvé encore une nouvelle. C'est l'auteur de l'Essai sur l'hifioire naturelle de quelques moines. Le germe en est sans doute dans Rabelais : il en convient; mais il l'a développé avec une grande sécondité. Il les décrit à la maniere de Linné ; il donne Ton ouvrage comme traduit du latin , & l'a orné de figures. Elles confident en trois planches. La premiere sur les divers capuchons; la féconde, sur les différentes souquenilles , & la troisieme, sur toutes les especes de chaussures. Il faut avouer que si cette idée paroît heureuse d'abord , elle est: dans l'exécution si monotone qu'elle devient bientôt insipide.
L'auteur s'appelle Jean d'Antimoine , & se qualifie de Naturalise du grand Lama.
z6 Avril. C'est en effet M. le marquis de Puységur, qui prétend avoir rencontré par hasard dans certains procédés de l'administration du magnétisme animal, les effets merveilleux qu'il obtient aujourd'hui. Il appelle cela mettre en rapport. Il commence par faire entrer en crise une fille, qui
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tombe ensuite en léthargie & devient (omnan)buT., Il magnétise alors celui qui veut êrre en rapport avec la somnambule : elle ne peut plus le quitrer; elle exécute toutes ses volontés & les devine fang qu'il parle. On affure cependant que si elles étoient malhonnêtes, elle ne les exécuteroit pas. Ceue affection, cette servitude & cette espece d'identification ne dure, au surplus , qu'autant que la léthargie. Quand la somnambule se réveille, elle n'est pas plus habile qu'auparavant & recommence à méconnoître celui qu'on avoit mis en rapport avec elle, autant que 11 elle ne l'avoit jamais vu.
La moindre chose aussi, le moindre attouchement, le plus léger corps intermédiaire dérange & rompt cette intimité.
Quoique le marquis de Puységur , d'ailleurs homme froid, grave , sensé, rempli de connoissances physiques & chymiques, convienne ne pouvoir rendre raison lui même de ce qu'il fait exécuter , il a composé & fait imprimer un petit ouvrage sur sa prétendue découverte, mais il ne le donne à personne , & ne le laisse lire qu'à les parents ou amis très-intimes.
Plusieurs ministres , tels que MM. les maréchaux de Castries & de Segur, plusieurs prélats, beaucoup de femmes de qualité , ont voulu être témoins de ces prodiges ; mais le concours devenant trop immense , il a pris le parti de faire cesser ce spectacle & d'aller à sa terre.
Au reste, ce n'est pas dans son hôtel seul que M. le marquis de Puifégur opere. Il a donné une représentation chez Mad. la marquise de saint-Jal, sa grand - mere , & rien n'a manq ué. Un incrédule même, un nommé Gondran, charlatan qui se vante d'avoir un spécifique particulier contre la
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goutte, a été mis en rapport, & n'a pu re CoxiCtraire à la divination & aux tendresses de la fomrambule. Il se donne au diable pour y comprendre quelque chose.
16 Avril. Le capitaine Paul Jones, qui s'est si fort distingué dans la guerre des Américains, durant sa croisiere sur les terres d'Angleterre en 1779 , avoit eu l'occasion de faire une descente en Xcoffe. Son objet étoit de s'emparer de quelques seigneurs Anglois pour servir d'otages au congrès , & faire craindre les représailles au cas qu'on en usât mal avec les piifonniers ses compatriotes.
En fouillant les châteaux de plusieurs, il ne trouva point les maîtres, mais dans un , une caisse d'argenterie précieuse , dont il se saisit.
A la paix , cet officier, devenu seul propriétaire de la caisse par le remboursement fait aux gens de l'équipage de ce qui leur revenoit, a écrit à madame la comtesse de Selkirck, à qui appartenoit l'argenterie , qu'il étoit bien fâché qu'elle en eût été privée durant la guerre ; qu'il la prioir de lui indiquer une personne à laquelle il put l'adresser, & de la recevoir sans aucune condition. Elle vient d'être renvoyée à Londres pour être remisè à cette dame , sans aucun frais.
xy Avril. Entre la foule des brochures qui paroissent pour & contre le Mesmérisme, nous choisissons feulement pour en parler celles qui ont un caraétere particulier, & sur. tout une clandestinité les rendant d'ordinaire plus dignes d'être connues.
De ce petit nombre est une qui , composée au commencement de l'année , ne commence à percer que depuis peu. Le titre en est très-baroque & très-lon g. Les vieilles Lanternes, conte nouveau, ou Allégorie faite pour ramener les uns & consoler les
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Autres: Etrennes pour rire & des Notes pour pleurer.
C'est un historique assez piquant de tout ce qui s'est passé depuis l'arrivée du docteur Mesmer en France, mais absolument en sa faveur , & furtout en faveur du doaeur Delon. L'auteur nous apprend que c'est fous les auspices du comte de Vergennes que s'est propagée la nouvelle doarine; que ce ministre la soutient de tout son crédit. Il désigne dans le parti adverse trois grands seigneurs comme les ennemis déclarés du magnétisme: le premier fort puissant par (es services & ceux de les ancêtres j le fécond très - important par ses proches , .fcs amis , les liaisons , ce qu'on appelle parti & coteries ; le troisieme, redoutable par lès bons mots.
L'un est tranchant, l'autre intrigant & le dernier transcendant. C'est unç énigme qu'il propose aux faiseurs de clefs.
Cette allégorie est infiniment plus agréable, plus variée , plus remplie de sel que celle contre les moines.
i8 A'Vril. M. de Gaule , ingénieur de îa marine , correspondant de l'académie des sciences , l'a prié d'accepter une médaille de £ 40 livres pour un prix sur cette question : N'y auroit - il pas des moyens pour placer , en mer , le long des côtes de France. dans les parties qui en font sus- ceptibles, des esplanades ou digues artificielles qui, dans les gros temps, pussent servir il rompre l'im pétuosité de la mer, & fous le vent desquelles un navire de Roi, du commerce, & toutes autres embarquatisns qui n'ont d'autre ressource contre la côte.
puissent, en y mouillant , trouver un asyle ou ils n'aient d'autres efforts a vaincre que celui du vent, dont la résistance peut être diminuée sa r les manœ ui rvres ujitées en pareille circonstance i
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Cette compagnie a consenti à se charger da jugement du prix proposé , & la piece couronnée fera proclamée à l'assemblée publique de pâques 1786.
z8 Avril. Le chevalier de Cubieres est un poëte aimable , qu'on peur regarder comme le fuc- cesseur de Dorat dans le genre des pieces fugitives; i ce n'est donc que par plaisanterie qu'a été com- posée la charade suivante, peut-être faite même ; en sa présence , & dans une forte de défi poétique, t à la justesse près du sujet, mal trouvé. Elle est ori- « ginale & piquante ; c'est un distique ; Tes vers à ton premier serviront de mouchoir , Jusqu'à ce qu'au dernier le tout s'en vienne choir.
18 Avril M. l'abbé Mably, ( Bonnot en sofi ( nom ) vient de mourir : il avoit le titre singulier de chanoine infirmier de l'église abbatiale de 1 l'Isle - Barbe. C'étoit un écrivain moraliste & po. litique distingué , qui a fait bruit plus d'unefois 1 Se tout récemment encore, ainsi qu'on peut s'en i souvenir. Il avoit fait des observations si judicieufes sur le nouveau gouvernement des Anglo- • Américains, qu'ils l'avoient choisi pour leur lé.
giflateur , ou du moins qu'ils avoient défirc : d'avoir de plus amples éclaircissements de sa part..
Il n'a pu remplir cette tâche glorieuse.
2.9 Avril. M. l'abbé Morellet a été élu hier 3 membre de l'académie françoise. Son grand titre 1 est d'être oncle de madame Marmontel. Tous les < gens de lettres font indignés de ce choix , qui i prouve de plus en plus que le mérite entre pour : peu de considération dans le choix des sujets.
19 Avril. Les comédiens italiens n'ont pas étc
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plus heureux que les François dans l'ouverture de leur année dramatique en nouveautés. Théodore..
jouée hier chez eux fous le titre de comédie en trois aétes, mêlée d'ariettes, quoique souvent applaudie, à raison de la mnfique, ne peut cependant se regarder comme ayant eu du succès.
La pièce qui est un drame plutôt qu'une comédie , n'a rien de neuf au fond. Il s'agit d'une fille que son pere veut marier malgré elle , en forte qu'elle prend le parti violent de se laisser enlever par celui qu'elle aime ; la miniere dont un subalterne, amoureux de la soubrette, par jalousie révele le complot au pere qui, pour ramener sa fille, lui donne une somme considérable afin qu'elle ne foit pas du moins à la merci de son ravisseur i le dénouement, où le gendre adopté par le pere, voyant qu'il porte le trouble dans cette famille, le dégage de sa parole & inte-rcede lui-même en faveur de l'amant favorisé, font les trois moyens de la piece, & en constituent l'intrigue. Le premier est adroit; le fécond trop romanesque , si l'auteur n'eût mis la scene en Angleterre, théâtre plus vraisemblable de ces grands mouvements; le troisieme déjà employé & malheureusement trop prévu. En outre , un major d'une franchise aimable, une fuivante entreprenante, un jardinier naïf& original; tous ces ressorts qui fembleroient avoir dû foutenir la piece, n'ont pas empêché qu'elle n'ait paru longue & ennuyeuse ; ce qu'on peut attribuer en grande partie à la foiblesse de l'aétion qui ne pouvoit comporter trois attes, & au caractere du pere, dont le choix n'est pas assez motivé , & qui , d'ailleurs, n'est pas soutenu. L'auteur er1 M. Mar- sellier de vivetieres.
La muisque de M. Vavaux lui fait honneur,
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Connu par de superbes symphonies , c'est un amateur qui ne consacre guere à cet art que les instants de Ton loisir. Il essaie pont la premiere fois ses ta* L lents au théâtre. Son ouverture a été très - ap- -1 plaudie : cependant elle n'est pas bien adaptée a
la nature de l'ouvrage, & annonceroit plutôt une pastorale , qu'un drame à grands sentiments. Plusieurs autres morceaux plus caractéristicques ont été fort goûtés, entr'autres un air très - piquant, , chanté par le sieur Trial, que le public a rede- mandé. En général , une trop grande abondance & des ariettes trop longues. j 19 Avril. Extrait d'une lettre de Cherbourg , t du zo avril .Les travaux de ce port vont admirablement bien. On travaille sans relâche à terre, & l'on a tout le bois nécessaire pour placer cette année plusieurs cônes. L'hiver , comme on s'y attendoit , a raffermi ceux déjà lancés. Les pierres commencent à être parfaitement liées & !
réunies par le sédiment , par les coquillages & les plantes marines.. En forte que bientôt ils ne formeront plus qu'un seul rocher inébranlable à toutes les secousses.
30 Avril. La représentation donnée mardi aa profit de Mlle. Lctvctu , aéhice à pension , a renda plus de 10,100 livres.
Le Roi luiavoit précédemment envoyé 50 louis.
30 Avril. Extrait d'une lettre de Brest, du i. y août. On s'occupe avec ardeur des expériences relatives à la perfettion d'un instrument propre à déterminer le sillage des vaisseaux. MM. de Su- * zannet & vicomte de Roquefeuil, deux officiers de marine très-distingués dans leurs connoilîances , doivent partir incessamment. Le premier, en qualité de commandant la gabarre le Barbeau,
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& le (econd de la Cérès, pour examiner les propriétés de cet infirument.
30 Avril. M. Bottineau , ancien employé de la compagnie des Indes aux Isles de- France & de Bourbon , vient de faire imprimer un mémoire iadreué au gouvernement, dans lequel il prétend avoir découvert un moyen physique de connoître ,l'arrivée des navires à la distance de deux cents cinquante lieues en mer. Il s'apperçur , il y a environ vingt ans , que leur arrivée étoit précédée de certains phenomenes qu'il étudia avec foin, & après beaucoup d'erireurs, d'incertitudes, de tâtonnements , d'observations & de succès, il a perfectionné, dit-il, ifa méthode , au point que , depuis plusieurs ; années, il annoncoit à l'Iile- de France l'approche :des vaisseaux, & même leur nombre & leur dittance. Sur cent cinquante - cinq , il en est arrivé au 1 moins la moitié au temps marqué, & quant aux lautres, il a été éclairci qu'une partie d'entre eux !:étoit alors aux environs de l'ifie, mais que leur ideftination , la guerre ou les vents , les avoient ticmpêchés d'arriver.
Une des oblervations les plus importantes eO: scelle par laquelle M. Bottineait annonça de fuite plusieurs vaisseaux qu'il affura devoir être une flotte angloise , dont il étoit absolument néceC' faire , suivant lui , d'avertir M. de la Motte-Piquet.
;(On équipa en conséquence une corvette & une frégate, & deux jours après on reconnut la flotte iangloife.
Cette prescience, qui doit paroitre moins riidicule dans ce moment, où tout est merveille, a cependant besoin d'être parfaitement constatée par des expériences bien répétées & bien authentiques pour mériter quelque créance.
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Ce qui doit rendre encore le talent de M. Bottu neau plus fufptft , c'est que , suivant l'usage de tous les charlatans, il demande une récompen se pour faire part de sa découvere , & la demande proportiornée à Ton utilité, c'est - à • dire , très- considérable.
30 Avril. On peut se rappeller un tour de force de M. le chevalier de Boufflers, qui parut en 1780. C'est la Somme de saint - Thomas , mise en monosyllabes par cet auteur aimable, adressée au duc de Choiseul, qui l'avoit défié de lui écrire uiîe lettre toute entitre en monosyllabes. Cette plaisanterie d'une gaieté charmante, étoit une forte impiété.
Aujourd'hui c'est un conte, intitulé: La Fille & le Cheval. Le chevalier de Bouffiers avoir fait six rers, sur les rimes de ce conte. On le défia d'en faire trente de la même maniéré ; il l'acheva en quarante-six , & composa ce badinage piquant, où l'on ne fentnila gêne ni la contrainte des bouts timés. Le voici :
Dans un rentier pasle un cheval, Chargé d'un sac & d'une fille : J'observe en partant le cheval , Je jette un coup d'oeil sur la fille.
Voilà, dis-je , un fort beau cheval; Qu'elle ell bien faite cette fille !
Mon gelle fait peur au cheval, L'équilibre manque à la fille ; Le sac glisse à bas du cheval, Et sa chûte entraîne la fille.
J'étois alors près du cheval.
Le sac tombant avec la fille , Me renverse auprès du cheval,
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Et sur moi se trouve la fille.
Konaulfe, comme à cheval Se tient d'ordinaire une fille , Mais comme un garçon à cheval.
En me tremoussant fous la fille, Je la jette fous le cheval , La tête en bas , la pauvre fille !
Craignant coup de pied de cheval, Bien moins pour moi que pour la fille, Je saisis le mors du cheval , Et soudain je tire la fille D'entre les jambes du cheval , Ce qui fit plaisir à la fille.
il faudroit être un franc cheval , Un ours , pour laisser une fille A la merci de ion cheval
Je voulois remonter. la fille ; Mais prest Voilà que le cheval S'enfuit & laisse-là la fille.
Elle court après son cheval.
Et moi je cours après la fille.
IJ paroît que votre cheval Est bien fringant pour une fille !
frais , lui dis-je , au lieu d'un cheval, Ayez un âne , belle fille; JI vous convient mieux qu'un cheval, C'est la monture d'une fille.
Outre les dangers qu'à cheval, On court en qualité de fille , On risque , en tombant de cheval, De montrer par où l'on est fille.
Fin du vingt - huitieme Volume.