------------------------------------------------------------------------ ------------------------------------------------------------------------ ------------------------------------------------------------------------ ------------------------------------------------------------------------ ------------------------------------------------------------------------ ------------------------------------------------------------------------
1, /, : Il
HISTOIRE
DE LA
LITTÉRATURE GRECQUE PROFANE.
I.
------------------------------------------------------------------------
On trouve chez le même Libraire:
HISTOIRE ABRÉGÉE DE LA LITTÉRATURE ROMAINE, par M. Schœll. 4 vol. in-8°. •
Les deux ouvrages se trouvent aussi : à Francfort-sur-le-Mein, chez F. Boselli ; à ËqrÇife lîieï; Duncker et Humblot; à Vienne, chez Sçhaumbourg et Cie..
------------------------------------------------------------------------ ------------------------------------------------------------------------
Max-Samson-Fred-Schoell.
/10/.1,,-/
------------------------------------------------------------------------
TT T N /TV T R> T?
------------------------------------------------------------------------ ------------------------------------------------------------------------
HISTOIRE
DE LA
LITTÉRATURE GRECQUE
PROFANE,
-----:-. ¡,JI" DEPUIS SON ORIGINE 1USQU'A LA PRÏfrÈ - 'l'" DE CONSTANTINOPLE PAR LES TURC .'¡
SUIVIE D'UN PRÉCIS DE L'HISTOIRE DE LA TRANSPLANTATION PE LA LITTÉRATURE GRECQUE EN OCCIDENT.
SECONDE ÉDITION, Entièrement refondue sur un nouveau plan, et enrichie de la partie bibliographique.
- PAR M. SCHOELL.
TOME PREMIER.
PARIS, LIBRAIRIE DE GIDE FILS, rue Saint-Marc-Feydeau, n° 20.
l823.
I
------------------------------------------------------------------------ ------------------------------------------------------------------------
"- 'A ^)MlX MÂNES
t- GRAND. MIN IST-RE
DONT LE NOM EST INSCRIT DANS LES ANNALES DES l8e ET 19e SIÈCLES,AU PROTECTEUR DES LETTRES, ET LITTÉRATEUR LUI-MÊME;
A L'AMI DES HOMMES, AU BIENFAITEUR, AUQUEL L'HISTOIRE DE LA LITTÉRATURE GRECQUE , DEVOIT ÊTRE DÉDIÉE.
------------------------------------------------------------------------ ------------------------------------------------------------------------
PRÉFACE.
LA 1 d e l'Ilistoire de la Li* t-, LA première édition de VHistoire de la TÂt-térature grecque parut en 181 3, en deux volumes in-8% dont un seul étoit consacré a l'histoire de la littérature grecque profane ; le second renfermoit un précis de la littérature sacrée, et la table synchronistique.
L'ouvrage que j'offre aujourd'hui au public es t moins urne nouvelle édition - qu'un travail entièrement nouveau et fait sur un plan différent de celui que j'avois suivi alors. Je dois rendre compte de cette différence.
i°. Malgré la grande indulgence avec laquelle le public a accueilli la première édition, plusieurs personnes - ont exprimé le vœu que je fusse entré en plus de détails/sur les ouvrages, des écrivains grecs dont je donnois la notice./ Déjà je me suis conformé à. ce désir dans la rédaction de mon Histoire de la Littérature Romaine qui a paru, en 1815, en 4 vol. in-8% et je crois avoir mieux encore rempli les vues des personnes qui m'avoient fait cette obser-
------------------------------------------------------------------------
vation, dans mon nouveau travail sur la littérature grecque.
2° J'ai fait cannoître, dans la préface de la première édition, les raisons qui m'a voient empêché de joindre à la partie historique l'indication des éditions. La principale provenoit de l'intention oii j'étois alors de faire réimprimer, sous une nouvelle forme, mon Ré.pertoire de Littérature Ancienne, qui, publie en 1806, en 2 volumes in-8" , est épuisé depuis fort long-temps. Les observations de plusieurs littérateurs distingués, appuyées par des circonstances impérieuses, m'ont engagé à renoncer à ce projet, et à joindre à la partie historique les notices bibliographiques que j'avais réservées ; mais, afin de faciliter à la - classe de lecteurs que ces renseignemens n'intéressent pas, le moyen de les passer, j'ai eu soin de les faire imprimer d'un caractère -différent. Ainsi, en me rapprochant, sous le ":. rapport de l'étendue donnée à l'Histoire de la 7 Littérature Grecque, du plan suivi dans celle de laLittérature Romaine, je m'en suis écarté * en y ajoutant la bibliographie qui manque également dans mon Histoire de la Littérature Romaine. Pour faire disparoître cette inégalité
------------------------------------------------------------------------
entre deux ouvrages qui, réunis, forment un tabléau complet des lettres classiques anciennes., je pourrai publier, dans un volume suppléme'ntaire, l'indication raisonnée des éditions d'auteurs latins, avec les additions dont l'ou-
vrage est susceptible, j'attendrai, pour me charger de ce travail, que le public littéraire se soit prononcé sur son utilité, et qu'il n'ait pas désapprouvé celui que j'ai ajouté a la littérature grecque.
5°. Par respect pour l'opinion de plusieurs personnes dont je me suis toujours bien trouvé de suivre les conseils, j'ai entièrement retranché l'histoire de la littérature sacrée, et me suis borné à la littérature profane. La première, qui exige un autre genre d'étude, pourra faire l'objet d'un ouvrage particulier, si Dieu me donne la vie et que je jouisse du loisir nécessaire pour l'entreprendre. Cependant j'ai cru devoir faire entrer dans l'histoire de la littérature profane deux chapitres sans lesquels elle auroit été im- complète : ils traitent l'un des livres de l'Ancien Testament originairement. écrits en grec, ou qui ne nous sont parvenus que dans .cette langue, et l'autre des traductions grecques dès livres de l'Ancien 7estarneizi,
------------------------------------------------------------------------
rédigés en hébreu. Ce sont les chap. XLVIII et XLIX de cet ouvrage.
Je n'ai rien à dire sur le plan de l'ouvrage, en tant qu'il est conforme a la première édition; mais j'ajouterai quelques observations relatives au but que j'ai eu en vue en refondant l'ouvràge.
1°. Mon premier objet étoit d'être complet, c'est-à-dire de donner des notices plus ou moins détaillées, mais suffisantes pour faire connoître, sous le rapport du temps, du genre et du mérite, chaque auteur grec dont il existe soit un ou plusieurs ouvrages complets, soit des fragmens assez considérables pour qu'on ait jugé à - propos de les recueillir dans des éditions particuiièrès, ou dans des collections, ou qu'il soit probable qu'on s'occupera encore à les recueillir. Je voulois que l'étudiant, en lisant quelque part le nom d'un auteur grec qui lui est inconnu, puisse apprendre, par mon livre, s'il en est resté quelque ouvrage, et de quelle manière cet ouvrage a été publié. En parlant des écrivains dont toutés les productions sont perdues, j'avois à éviter un double écueil ; il auroit été inutile et impossible de les nommer tous : cependant il y avoit des raisons qui exigeoient qu'il fût fait mention de plu-
------------------------------------------------------------------------
sieurs de ces écrivains; mais je risquois d'en , omettre d'importans, ou d'en nommer qui fussent insignifians. Je désire qu'on trouve que, sous ce rapport,-j'ai observé un juste milieu.
2°. Mon ouvrage est une compilation de tous les faits et de toutes les observations que j'ai pu recueillir dans une foule de livres lus ou parcourus dans l'espoir d'y trouver des matériaux.Choisir ces matériaux avec discernement, de manière que rien de ce qui peut être utile ne soit négligé, et que rien de superflu ne soit reçu ; les classer dans un ordre méthodique; les lier entre eux de manière que ce qui suit, de, venu clair par ce qui précède, y jette à, son tour un nouveau jour; présenter l'ensembfe avec simplicité et clarté : tels sont les devoirs d'un compilateur. Je serois au comble de mes vœux si les jùges compétens trouvent que je les ai remplis jusqu'à un certain point.
5°. Les Allemands exigent qu'un livre du genre de celui què je publie soit chargé de citations, afin' que le lecteur puisse à chaque phrase reconnoitre l'auteur - auquèl elle peut avoir été empruntée, ou qui en garantit la justesse. Les Francois ne demandent d'autres citations. que celles que le lecteur pourroit être
------------------------------------------------------------------------
tenté de vérifier lui-même. Ecrivant pour des lecteurs françois, j'ai cru devoir me conformer à l'usage. qui prédomine chez eux : il a un inconvénient, c'est que l'à-propos d'une citation dépendant du jugement de l'écrivain, celui-ci peut facilement se tromper et en supprimer dans des endroits où le lecteur auroit désiré en trouver. De nombreuses citations donnent un air d'érudition qui inspire de la confiance au lecteur. En indiquant à chaque page les sources où il a puisé, l'auteur ne risque pas même de passer, pour moins savant qu'il n'est en effet t car un petit nombre de lecteurs se donnera la peine de recourir à ces sources ; et ceux qui le font auroient deviné ses autorités quand même il ne les auroit pas indiquées. C'est à cause de cette dernière classe de lecteurs que la rareté des citations peut être dangereuse, parce qu'elle fait soupçonner le plagiat. Je dois faire connoître la marche que j'ai suivie.
J'ai indiqué les sources générales, et je ne crois pas avoir supprimé le nom d'aucun auteur que j'ai consulté; au moins, si cela est arrivé, c'est par inadvertance. Mais je déclare que, du moment que par une seule citation j'ai fait voir que je connois un ouvrage et m'en suis
------------------------------------------------------------------------
servi, je me suis cru autorisé à y emprunter tout ce que j'y trouvois d'utile pour mon plan.
Si les observations qu'un livre me fournissoit ëtoient de nature à ce qu'il fut indifférent, pour en juger le mérite, d'en connoître l'auteur, je n'ai pas cru devoir multiplier les citations, et il me suffisoit de l'avoir nomme une fois. Deux classes d'observations exigeoient, à mon avis, des citations plus précises; celles qui renferment une idée neuve, et qu'on peut regarder comme une découverte : il étoit juste d'en faire honneur à leur auteur; et les opinions ou les hypothèses qui, n'étant pas généralement admises, deviennent plus ou moins importantes d'après le degré de confiance que mérite la personne de celui qui les a mises en avant.
Ce que je viens de dire s'applique principalement aux auteurs modernes. Quant aux auteurs classiques, grecs et romains, il étoit trèsfacile de hérisser mon ouvrage de citations de passages pris dans leurs écrits; elles sont rassemblées dans Fabricius et Harless, et je n'a vois qu'à les copier. Il m'a paru que le cadre que j'ai choisi excluoit ce luxe d'érudition, d'autant plus que les tables qui se trouvent jointes à la 1 plupart des éditions modernes, facilitent inli-
------------------------------------------------------------------------
niment les recherches que quelque lecteur. seroit tenté d'y faire. En conséquence, j'ai pris pour principe de ne citer que des passages importans, et qu'on ne retrouveroit pas à l'aide des tables ; mais j'ai eu soin de vérifier tous ces passages dans les éditions, Pexpérîence m'ayant fait 'Connoître que fort souvent on ne peut pas se fier aux citations.
4°. Dans les notices bibliographiques, j'ai eu pour objet de faire connoître avant tout les éditions premières de- chaque- auteur, et celles en général qui, imprimées dans les premiers temps de la typographie, peuvent être consultées comme -de véritables manuscrits. Si un auteur a été imprimé fort souvent, je me suis attaché à indiquer celles des éditions seulement qui, ayant servi de types, forment des classes particulières, en. y joignant les dates de quelques-unes-de leurs copies ou répétitions. Lorsqu'un auteur a été imprimé un petit nombre de fois,' j'ai tâché d'en donner une notice bibliographique complète. La critique des textes a éprouvé une révolution depuis le milieu du dix-huitième siècle, où l'on a senti la nécessité de renoncer aussi bien aux-textes que les savans du dix-septième siècle avoient publias sans
------------------------------------------------------------------------
l'aide de la critique, qu'aux corrections arbi- traires que quelques-uns d'entre eux s'étoient permises, et de recourir de nouveau aux manuscrits et aux anciennes éditions dont les rédacteurs étoient plus consciencieux sous ce rapport, et aintoient mieux suivre des originaux défectueux que de les changer hypothétiquement. J'ai pris pour tâche de faire connoître particulièrement les nouvelles éditions du dixhuitième et du dix-neuvième siècle qui conviennent surtout aux amateurs qui ne font pas profession d'une érudition profonde. Ces éditions sont ordinairement accompagnées de prolégomènes ou préfaces dans lesquelles les éditeurs, après avoir fait la critique de leurs devanciers, indiquent les matériaux dont eux-mêmes se sont servis. Ces préfaces, rédigées par des savans d'un grand mérite, m'ont été fort utiles pour la rédaction de mes notices bibliographiques; mais elles auroient été insuffisantes pour juger du mérite des nouvelles éditions ellesmêmes , et j'ai tâché d'appuyer ce que j'en disois de la critique des meilleurs journaux de France, d' Angleterre, d'Hollande et d'Allemagne; ainsi je crois pouvoir affirmer que, dans la plupart des cas, le jugement que j'ai prononcé a été
------------------------------------------------------------------------
celui de l'opinion publique. Lorsqu'elle n'a pas été unanime, ou que, par l'usage de ces éditions, j'ai cru y trouver des imperfections qui n'avoient pas été relevées, je les ai signalées avec l'air du doute.
La beauté et la rareté des éditions sont souvent fort indépendantes de leur bonté : il y a des livres extrêmement recherchés, et qui, dans les Tentes, sont poussés à des prix exorbitans, sans avoir d'autre mérite que celui d'exister eu un petit nombre d'exemplaires. La rareté des livres n'est pas un des points de vue sous lesquels je les ai envisages ; quelquefois seulement je l'ai .remarquée en passant. Elle - est un des principaux objets des catalogues et dictionnaires de quelques bibliographes modernes,, tels que MM. Debure, Brunet, Renouard, Dibdin et Ebert. Je les ai fréquemment consulLés, et presque toujours avec fruit. Je dois dire que celui de ces ouvrages qui m'a été principalement utile, est le Dictionnaire Bibliographique du dernier. Placé à la tête d'une des grandes bibliothèques d'Allemagne, de celle de Dresde, M. Ebert s'est donné la peine d'indiquer , par une astérisque, tous les titres qu'il â vérifiés sur les livres confiés à sa garde,.
------------------------------------------------------------------------
de manière qu'on a un garant de leur exactitude. Comme ce point a été souvent trop négligé par d'autres bibliographes , il 'en est résulté une foule d'erreurs : j'ai toujours eu recours, dans les cas de doute, à M. Ebert, et avec le plus grand succès. Les Annales de l'imprimerie des Aldes, par M. Renouard, se distinguent de tous les livres de ce genre, par l'exactitude des titres qui y sont rapportés.
Je dois encore faire une remarque minutieuse. Les Allemands et les François ne sont pas d'accord sur la dénomination des formats.
Les François appellent îe format in-8° (in-8° ordinaire) lorsqu'une feuille de papier, ayant de i5 et demi à 16 pouces de largeur sur i q, et demi à 20 de hauteur, a été ployée de manière qu'elle présente seize pages : ils l'appellent in-i 2 (ouin-i 2 ordinaire), lorsque cette même feuille présente vingt-quatre pages. Ils se servent des expressions de grand in-8° ou grand in-12 , lorsque la feuille a été ployée de la même manière, mais qu'on a pris du papier de plus grande dinlension, par exemple, de 17 et demi à 18, sur 22 à 23 pouces. Les Allemands n'impriment que fort rarement sur du papier de cette grande dimension, et ils ne ploient presque ja-
------------------------------------------------------------------------
mais leurs feuilles in-ia.Ils appellent in-8° ou grand in-8° une feuille de 15 pouces sur 19, ployée en huit ; mais une grande partie de leurs livres sont imprimés sur du papier de i3 pouces sur 16, ployé in-8°; et ils appellent ce format également in-8° ou zVz-80 ordinaire. Comme il ressemble à Pin-12 françois, il en arrive que ce format et l'un des in-8° âes Allemands ( l'ordinaire) sont fréquemment, confondus par les bibliographies qui ne font attention qu'à la hauteur et à la largeur des volumes, sans compter les pages de chaque feuille. Les Allemands citent comme étant imprimés in-8° une foule de livres françois du format in-12, et les François donnent la qualification d'in-12 à des feuilles ployées in-Se. De là une foule d'erreurs dansles catalogues. J'en ai redressé beaucoup en rendant aux livres françois Pin-12 qui leur revient, et aux allemands le petit in-8° qui leur appartient, mais je n'ai pu le faire que lorsque j'ai été à même de trouver les livres cités, et il est probable que, travaillant souvent sur des autorités allemandes, il me sera plus d'une fois arrivé d'appeler in- 8° d'anciennes éditions françoises in-12. J'en fais l'observation, parce tjqie j'ai vu que des bibliographes se sont plaints
------------------------------------------------------------------------
de pareilles fautes : je ne les en blâme pas, parce que l'exactitude est l'âme de la bibliographie; je - les prie seulement d'excuser des
erreurs qui n'ont pas été volontaires de ma part.J'ai conimencé cet ouvrage au mois de juin 1819 > a mon arrivée à Berlin, et j'ai consacré à sa rédaction tous les momens de loisirs que ,me laissoîent Les occupations de ma place : car, excepté de fréquentes absences, j'ai passé ces quatre années sans voir la société~ renfermé dans ma famiUe et entouré de. mes livres. Le maA il pen d aiit les nuscrit ne m'a pas même quitté pendant les voyages que j'ai faits. Il m'a accompagné, en î8âo„ a Pyrmont, Troppau. et Laybach; en L821, à Rpme et dans les terres-de feu le
prince de Hardenberg; en 1 822, aux eaux d'Ems et au congrès de Vérone. Plusieurs chapitres ont été composés dans ces.villes ; tous y ont été; retouchés. Toutes mes lectures, pendant trois ans, se rapportoient uniquement à la littérature grecque. Là mort me ravit-, au mois de novembre 1822, un chef qui vouloit bien m'appeler son ami. Le loisir dont la perte de ce protecteur a été suivie pour moi, a fourni aussi une consolation a ma douleur f en me
------------------------------------------------------------------------
permettant de m'occuper exclusivement de mes études favorites. J'ai employé les six premiers mois de l'année 1823 à donner la dernière retouch à ce travail, que cette circonstance m'a rendu d'autant plus cher. Puisse-t-il être reçu avec bienveillance par le public !
Je ne puis finir cette préface sans témoigner publiquement ma reconnoissance aux conservateurs de la bibliothèque royale de Berlin, MM. JVïlken, - Buttmann et Spieker, de la complaisance sans borne avec laquelle ils ont bien voulu me seconder dans mon travail, en me fournissant tout ce que renferme le riche dépôt qui.est confié à leur garde. Je dois y ajouter le nom de M. le professeur-Boeckh, qui, sans me connoître personnellement, m'a fourni plus d'un livre de sa bibliothèque.
« i
Ecrit à Ingerslieim, au pied des Vosges', le 10 juillejt j823.
------------------------------------------------------------------------
T/W «VWW\'WX,W%,W& VVIVW T/VH'W^'WWV^VIWI TI/V^*V^I ~^KX
HISTOIRE
- • DE LA
LITTÉRATURE GRECQUE.
INTRODUCTION.
PLUT. de lib. EDUC., p. A5 (Rsiske ).
DEUX peuples de l'antiquité ont réussi à porter à un degré éminent de perfection les lettres et les arts : ce sont les Grecs et les Romains. Les premiers, favorisés, comme aucune nation ne l'a jamais été, par un concours heureux de circonstances, n'avoient besoin, pour avancer leur civilisation , et perfectionner leur littérature, quede s'abandan,ner à, leur génie, qui let7ir fit sui vre une marche ner à. leur génie, qui leur fit suivre une marche |enitèrement originale. La nature, qui les avoit or ganisés pour être le peuple le plus spirituel de la terre, leur indiqua les vraies règles du beau, avant
------------------------------------------------------------------------
qu'aucun maître ne les eût tracées ; en s' y soumettant, ils ont créé, dans chaque genre, des modèles par lesquels ils sont devenus à jamais les régulateurs du bon goût et de la belle littérature. Les Romains, venus plus tard, et pourvus d'un esprit plus observateur qu'inventif, se sont formés d'après les exemples, que leur avoient laissés les Grecs.
Aussi leur littérature porte-t-elle, dans - presque ( Ñ toutes ses branches, le cachet de l'imitation : il est même imprimé à ce petit nombre de chefs-d'œuvre latins qui, luttant avec les productions des Grecs,
et les égalant presque 1, n'ont pu être atteints par 1/ - les nations modernes ,Toit qu'à l'instar des Romains, elles se soient sagement bornées à imiter la litté- !
rature ancienne, soit que,, s'affranchissant des lois" dictées par les grands maîtres, elles aient prétendu se frayer des routes nouvelles, et s'enfoncer sans! ;
boussole dans les régions immenses de l'imagi-^ nation.
La littérature des Grecs et des Romains a été nommée classique par excellence, parce qué les principaux ouvrages qu'elle a produits portent le caractère de la perfection, et que, dans ceux même qui n'ont pu atteindre ce but; on remarque des efforts constans pour y parvenir. L'étude de cette littérature classique est indispensable à tout individu qui veut former £ on goût ou s'appliquer aux sciences. Elle fait la base de toute éducation litté- :
1 Les ouvrages de LUCRÈCE, VIRGILE, HORACE.
------------------------------------------------------------------------
raire j et sans elle, il est difficile de faire quelque progrès dans les sciences,. et surtout dans les différentes parties de F érudition.
La littérature classique a fait le bonheur et la consolation des hommes les plus' vertueux et les plus éclairés de toutes les nations et de tous les pays. Le charme qu'elle porte avec elle lui donne un pouvoir irrésistible sur les âmes sensibles. Plus on la connoît, moins on peut s'en détacher. Ellé offre le champ le plus vaste à ceux qui veulent la cultiver, puisque le nombre des ouvrages complets ou mutilés qui nous ont été conservés, monte à seize cents, dont près des trois quarts sont grecs *J
1 Dans ce calcul, que nous devons à M. Fred. Aug, Woljf', célèbre professeur de Berlin, aucun écrivain sacré ou ecclésiastique n'est compris Les ouvrages des polygrapbes, tels qu'Aristote, Plutarque, Lucien , Galieu, ainsi que les harangues des orateurs, sont comptés chacun séparément. Il n'en est pas de même pour les épîtres et pour les recueils d'.ol!vrages en prose ou en vers, telles que les Fables dites d'Esope) l'Anlho.logie, les poésies de Théocrite, Càllimaque, etc. Pour ceux-ci, chaque collection n'est comptée que comme un seul ouvrage..Parmi les onze à doute cents ouvrages grecs conservés, quatre cënt'cinquante sont antérieurs à LIVITTS AiîDB.oNicti§ 3 le plus ancien écrivain romain. Voy. F. A.
Wolff und Ph. Buttmann, Muséum der Alterthumswissenschaft, vat], j). 26. — cc D'ans la ruine de la littérature grecque et romaine, » dit un écrivain allemand, (M. Jos. Sochex, dans son ouvrage intitulé : Uber Platons Schriften, Mùuchen, 1820, in-8°. ), a le sort , qui nous. en a « conservé quelques débris, s'est montré fort capricieux. Ses dispositions « bienveillantes sauvèrent les meilleurs ouvrages de l'antiquité ; mais , « comme s'il àvoit craint de nous gâter par trop de jouissancé , il ne nous cc donna de quelques écrivains du premier mérite, tels que PINDARE, cc ESÊHYLE et SOPHOCLE, qu'un petit nombre de morceaux, et ue. nous « transmit d'autres, comme POLYBE, TITE-LIVE et TACITB, que dans un ti trisi.e état de déchirement; et comme si le nombre de volumes pouvoit cc nous indemniser de la perte de tant de productions excellentes, il atta-
------------------------------------------------------------------------
Dans ces restes précieux se trouvent un grand nombre d'écrits du premier mérite et de chefs-d'œuvre de l'esprit humain. La Grèce et Rome ont continué d'exercer leur influence morale, depuis qu'elles ont cessé de gouverner le monde ; et lorsqu'elles eurent même perdu leur existence politique, ce fut par les productions de leurs écrivains- que, dans les ténèbres du moyen âge, il se conserva quelques rayons de lumière. Après une longue barbarie, le feu sacré sortit de ce foyer qui étoit resté inaccessible au vulgaire; il parut aussitôt que les hommes purent en supporter la clarté, et se répandit en ;. torrens de lumières sur les peuples européens. La littérature classique, promptement répandue par rimprimerie, qui fut inventée à la même époque, donna à la -civilisation moderne la forme qu'elle a revêtue ; ainsi les Grecs et les Romains acquirent par un bienfait un empire que leurs armes n'avoient pu leur assurer, et la postérité rend à la supériorité de leur génie un hommage plus vrai que celui que la puissance impose.
L'étude d'une littérature si belle et si riche ne peut être entreprise avec fruit que par celui qui possède les connoissancés préliminaires, sans lesVquelles on est exclu de son accès. Pour l'apprécier, -en doit être familiarisé avec l'histoire et la .Séo-
« cha aux noms des premiers auteurs une foule d'écrits apocryphes, et « nous force ainsi à passer les trésors de l'antiquité au creuset de la cri« tique, avant de pouvoir nous abandonner à la jouissance qu'ils nous « offrent. »
------------------------------------------------------------------------
graphie anciennes, et avec la mythologie des Grecs et. des Romains. 11 -faut connoître les produits des arts dont il nous reste un nombre si considérable en ruines d'architecture , en statues- et bas-reliefs, en médailles, en pierres gravées. Il faut s'être muni de notions suffisantes sur la forme des gouvernemensj sur les mœurs et les institutions politiques, religieuses et civiles de ces deux peuples. Toutes J ces diverses connoissances sont comprises dans ce qu'on appelle les Antiquités classiques 1'.
Cette science, qui comprend les Antiquités proprement dites, ou raconnoissance des abjets d'art que nous ont laissés les anciens, l'Archéologie ou la connoissance des moeurs et de leurs'institutions , et enfin la Littérature ancienne, est d'une immense étendue-, et a été cultivée avec un succès brillant par les hommes les plus savans et par les plus beaux génies des nations modernes. Quoique lés pertes causéespar les ravages du temps qui ont détruit monumens, inscriptions et livres, aient jeté de l'obscurité sur plus d'un objet que notre curiosité voudroit vainement approfondir, il est permis cependant de croire que, sous plus d'un rapport, nous connoissons mieux l'antiquité que les anciens j
1 On appelle antiquités ,dans un sens restreint, la connoissance des objets d'art : la numismatique en est une branche. Comme Je. ternie d'antiquités est mal appliqué dans. ce sens,.M. Spon ( Mi scella n. erud.
antiq. ),et feu Millin (Introduction à l'étude des Monumens antiques), ont proposé de le remplacer par celui d'archeographie, et de distinguer ainsi ce derpier nom de celui d'archéologie, qu'on donue commulléruclll.
à la science des mœurs" des usages et des institutions des anciens.
------------------------------------------------------------------------
mêmes, parce que, guidés par cçt esprit de critique qui nous est tombé en partage au lieu du génie et de l'originalité, nous avons réussi à appré.cier l'ensemble des progrès que les peuples classiques ont fait faire aux lettres et aux sciences, et à examiner la marche que l'esprit humain a suivie, pour parvenir au point de maturité où les Grecs l'ont porté.
• La Littérature ancienne qui, comme nous venons de le dire, fait partie des antiquités classiques, comprend trois branches' principales : la Grammaire, première de ces branches, non-seulement enseigne les règles auxquelles les langues sont soumises.
quand elles sont parvenues à un certain degré de fixité" mais elle en fait aussi connoître. l'origine et les progrès La Critique, science née seulement dans le quinzième siècle, lorsque les livres de l'antiquité qui avoient échappé aux ravages de dix siècles d'ignorance, vinrent s'offrir aux curieux dans un état fort altéré, établit les principes d'après lesquels on peut juger, non-seulement de l'authentiçité des ouvrages qui portent des noms célèbres dans l'antiquité, mais aussi de la pureté de certains passages, et choisir dans les leçons qu'offrent les différens textes, celles qui portent
1 On peut regarder la métrique, ou la connoissance de tout ce qui lient à la versification, comme une branche de la grammaire. La prosodie, ou la coonoissaiiee de la valeur métrique des syllabes, n'est qu'une parlie de la métrique.
------------------------------------------------------------------------
les traces d'une origine pure La troisième branche enfin de la littérature ancienne est XArt d'interpréter les auteurs sous le rapport de la langue et des matières dont traitent leurs ouvrages, à l'aide de l'histoire, de la géographie, de l'archéologie, des antiquités et des sciences naturelles et exactes.
Cependant, avant de faire une étude de ces ouvrages , il faut les connoitre. Il est nécessaire d'avoir quelques notions sur l'époque où ont vécu leurs auteurs, sur le rôle qu'ils ont joué pendant leur vie, sur les écrits qu'ils ont composés ou qu'on leur attribue ; sur ceux de ces ouvrages que le temps a respectés, sur les manuscrits qui s'en sont conservés, et sur les éditions qui en ont été publiées. Toutes ces connoissances forment ce qu'on appelle l'Histoire cle la Littérature ancienne, ou, comme on l'a quelquefois nommée, VIntroduction à cette littérature *.
Ainsi la critique se divise eu haute critiqué et en critique littérale.
Cette critique, ou ces deux parties de la critique, n'ont rien de commun avec une autre science qu'on appelle également critique , et qu'on pourroit appeler critique œsthétique : c'est celle qui juge du mérite littéraire des ouvrages.
* Historia Grœcorum et Romanorum litteraria artium ac doctrinarum apud utramque genlem sermone -scriptisve traditarum exponit initia , processus, incrementa, regressus, defectum, additis causis quibus quæque ex alio in aliud vicissitudo atque mutatio effecta sil, auctorum celebriol'um quorum scripta vel aetatem tulerunt vel in deperdilis numerantur, nomiua excitât, ætatem definit, vitam breviter enarrat ; operum quae reliquerunt, agit recensum, argumenta aperit, spuria à genuinis secernit, virtutes ac vitia pondérât, subjectâ potiorum, tum librorum manuscriptormn , tum editionum, corumentariorum, versionum criticâ notitiâ.
( Groddek, Initia Hist. gr. litt. )
------------------------------------------------------------------------
L'objet de l'ouvrage qu'on va lire est de donner; dans un ordre à la fois chronologique et systématique, les élémens de l'histoire de la littérature grecque, la plus importante et la plus riche des deux littératures classiques anciennes. Celui qui faitl son occupation particulière de la philologie, approfondira ces matières en remontant aux sources mêmes où nous avons puisé ce précis; les jeunes gens, pour lesquels nous l'avons composé ) y trouveront des notices préliminaires qui pourront leur suffire, si la carrière à laquelle ils se destinent, en
absorbant le temps qu'ils peuvent employer à s'y préparer, ne leur permet pas de faire plus que d'effleurer cette étude intéressante. Notre ouvrage les guidera dans ce choix des productions littéraires de l'antiquité dont ils youdront faire l'obj et de leur lecture. 11-pourra leur indiquer le point de -vue sous lequel les auteurs anciens doivent être, envisagés et jugés.
Le caractère distinctif de la littérature grecque, nous l'avons dit, est son originalité. Quoique les Hellènes aient reçu par des étrangers les premiers germes de la civilisation; quoique celles d'entre leurs tribus parmi lesquelles la poésie et la philosophie fleurirent d'abord , habitassent l'Asie et fussent voisines de nations qui étoient déjà parvenues à un plus haut degré de civilisation, qui avoient des institutions politiques, un culte réglé et. une mythologie systématique, cependant les progrès de la civilisation suivirent, chez les Grecs, une marche
------------------------------------------------------------------------
particulière et analogue au caractère de ce peuple j et quoique des idées égyptiennes et phéniciennes, peut-être même indiennes, se trouvent dans leur système religieux, il n'en est pas moins vrai que la littérature grecque forme le contraste Il le plus frappant avec celle de l'Orient, tout comme VI la-manière de vivre et les usages des Grecs étoient opposés aux coutumes des Orientaux. L'héritage que les Grecs avoient reçu des peuples étrangers, ils se l'approprièrent tellement, que toute trace d'une origine éloignée disparut : ce qu'ils y ajoutèrent fut si considérable, que les emprunts qu'ils ont faits aux autres disparurent au point qu'ils ne peuvent plus être distingués de ce qui fait leur propre fonds. La langue grecque surtout nous fournit la preuve de l'indépendance avec laquelle ce peuple avanca dans la carrière de la civilisation. Les avan- 4 tages partiels que possèdent quelques autres lan- gues, la langue grecque les réunit tous. Quelle richesse de mots ! quelle facilité pour exprimer les nuances les plus ifnes des idées ! quelle abondance et quelle variété dans les formes grammaticales!
quelle grâce dans la construction ! quelle harmonie dans.les sons ! quelle fixité dans la prosodie ! quelle j multiplicité dans les rhythmes de la poésie !
L'originalité de la littérature grecque se manifeste encore par un caractère qui lui est propre : c'est-la diversité des formes de la langue d'après les différens genres de compositions, et la constance avec laquelle ces formes sont appliquées,
------------------------------------------------------------------------
I chacune au genre auquel elle a été une fois consacrée, sans que l'un puisse empiéter sur l'autre.
Non-seulement ces genres ne se confondent jamais, mais telle fut la sollicitude des Grecs pour ; mettre des bornes aux écarts de" l'imagination, qu'ils assignèrent à chaque genre de poésie un mètre particulier dont il ne fut pas permis de secouer le joug.
Ce n'est pas à force de tentatives long-temps infrdctueuses, et après avoir parcouru, comme la littérature de quelques nations modernes, un cercle vicieux d'erreurs et de faux principes, que celle des Grecs parvint au point où elle- nous offre ses chefs-d'œuvre immortels. De même que Minerve sortit toute armée du cerveau de Jupiter, de même ces modèles furent enfantés par les. Grecs dès l'origine de leur civilisation : ils étoient le fruit de cette sensibilité profonde et de ce tact merveilleux que la nature leur avoit accordés, et qui ne leur permettoient pas de se tromper sur ce qui est vrai et beau. Ces ouvrages du génie furent antérieurs à toutes les règles qui, peut-être, n'auroient pas été devinées sans eux : c'est en les étudiant que, par la suite, des philosophes parvinrent à en tirer les lois auxquelles tous les hommes doués d'un sens droit rendirent un hommage involontaire.
¡ Enfin, un caractère -qui distingue- la" littérature grecque, que toutefois elle partage avec celle dés Romains, mais qu'elle possède dans un degré supérieur y se trouve dans ce rapport intime et cette analo-
------------------------------------------------------------------------
gie parfaite qui ont subsisté àchaque époque entre les productions littéraires des Grecs et le point où se trouvoit la vie politique et civile de ce peuple. Indifférens à tout ce qui n'est pas la patrie, les écrivains grecs n'enyisagent qu'un seul but : la gloire et l'avantage de leur pays. Tout ce qui se passe autour d'eux fixe et absorbe leur attention : leur curiosité ne se porte pas au-delà, et ils se renferment volontiers dans le cercle d'idées et de jouissances que les moeurs et les habitudes de leurs contemporains ont tracé autour d'eux. Ainsile passé par 1 ses souvenirs et le présent par les jouissances qu'il offre, sont tout pour eux ; l'avenir ne les touche que légèremént. Il en arrive que le temps où chaque i écrivain a fleuri se peint, comme dans un miroir fidèle, dans les ouvrages qu'il a baissés.. Cette propriété des productions littéraires des Grecs offre souvent à la critique des points fixes pour guider ses jugemens sur l'authenticité des ouvrages, ainsi que des moyens pour confondre l'art des faussaires. a Pour apprécier à leur juste valeur les pro duc-!
tions de la littérature ancienne , il est indispensable de suivre les progrès successifs que les lumières ont faits chez les peuples, et de reconnoitre la marche que la civilisation a suivie parmi eux. Comme les événemens politiques ont eu une grande influence sur les lettres, il est. nécessaire le connoître les uns pour juger des autres; mais dans un ouvrage élémentaire tel que celui que nous offrons
------------------------------------------------------------------------
au public on doit se borner à indiquer les faits.
Quelques légers aperçus suffiront pour mettre le lecteur en état de distinguer les événemens dont l'influence sur la civilisation et les lettres a été la plus marquaiite. L'histoire de la littérature grecque embrasse plus de vingt-sept siècles. Dans un si long espace de temps, le goût d'une nation devant nécessairement éprouver des variations considérables qui produi- sent des révolutions dans sa littérature, il est né-' ^'cessaire de rechercher les époques qui ont fait naître ces changemens : c'est en conséquence d'a*'» près elles qu'on divise l'histoire- en plusieurs pe* îriodes: car il seroit difficile d'éviter la confusion, si f 1 l'on n'adoptoit pas une division semblable.
Nous avons cru reconnoître six principales épo'f-: ques dans l'histoire de-la littérature grecque.
,v La première période est toute fabuleuse : elle se perd dans la nuit des temps, et-se termine par la prise de Troie" événement où commence seulement l'histoire de la Grèce, qui jusque-là est cachée .:' .:< sous les fictions de la mythologie.
Dans la seconde période, la littérature grecque prend naissance. Comme celle de tous les peuples, elle commence par la pôésie , qui, chez les Grecs, parvint, dès son origine, à un haut point de per: i fection. La poésie épique et la poésie lyrique fu;,:" rent cultivées avec le plus brillant succès dès ces ! - temps reculés. Cependant la véritable littérature ne peut exister sans l'art d'écrire en prose. Cet art,
------------------------------------------------------------------------
qui nous paroît si simple, n'étoit pourtant pas connu auxpremiers écrivains de la Grèce : il ne fut inventé que du temps de Solon. Ce législateur donna aux Athéniens leur célèbre constitution, l'an 594 avant J. C. ; et c'est à cette année que nous terminons la période purementpoétique de la littérature grecque.
Depuis Solon, cette littérature marcha à grands pas vers sa perfection. La troisième période est celle de son plus grand lustre. La liberté qui régnoit dans tous les petits états dont la Grèce se composÓit, en favorisa les progrès ; mais ce- furent surtout le gouvernement -d'Athènes, le caractère et les moeurs de ses habitans, qui firent de cette ville le principal pomt de réunion de toutes les espèces de talens. Cette période est celle où la prose fut cultivée avec succès. Hérodote fut le premier grand écrivain dont la diction soit vraiment prosaïque.
L'art de l'éloquence, la philosophie et l'histoire prirent naissance et parvinrent rapidement à la perfection. Dans la poésie, le genre dramatique jeta un si grand lustre, que la poésie lyrique, la poésie épique et le genre didactique en furent presque éclipsés. L'indépendance de la Grèce expira à la bataille de Chéronée. Au moment où la liberté périts la littérature perdit son ancienne splendeur.
Cependant, comme l'influence du, gouvernement monarchique fut tempérée par la politique de Philippe de Macédoine, et quelle ne produisit des effets sensible's que sous le règne de son fils, nous ne terminons cette période qu'à l'époque où Alexan-
------------------------------------------------------------------------
dre prit les rênes de l'état, 536 ans avant J.-C.
Un nouvel ordre de choses commença avec ce prince. Athènes, tombée du rang qu'elle avoit occupé parmi les états souverains, et' devenue ville municipale du royaume de Macédoine, ne fournit plus aux hommes de génie d'occasion pour déployer leurs talens J. Après la mort d' Alexandre, la Grèce fit partie du royaume de Macédoine, ou fut déchirée par des troubles intestins. La littérature trouva alors un asile chez les Ptolémées. Dans cette quatrième période" Alexandrie fut le principal siège des lettres et des sciences grecques ; l'érudition avoit remplacé le génie. Les sciences proprement dites, la géographie, les mathématiques, et surtout la critique, parvinrent à leur perfection. Alexandrie continua à être la capitale du monde littéraire, après que la Grèce fut tombée au pouvoir des Romains, événement qui eut lieu 146 ans avant J.-C.
Cependant nous terminons cette période par la prise de Corinthe, parce que, depuis cet événement, les nouveaux maîtres de ce pays eurent une influence décisive sur la littérature grecque, et qu'il s'éleva > à côté de celte-ci, une rivale à laquelle il ne raanquoit peut-être qu'un langage aussi parfait pour éclipser son modèle : nous parlons de la littérature romaine, qui commença environ un siècle et demi avant notre ère.
1 Les intervalles pendant lesquels Athènes jouit de nouveau de la liberté, furent lrop courts pour être comptés.
------------------------------------------------------------------------
La cinquième période va depuis l'année 146 avant J.-C. jusqu'à l'an 3o6 après cette époque. Pendant ces quatre siècles et demi, la Grèce n'étoit qu'une province peu importante du vaste empire romain.
Dans une si longue sujétion, la nation grecque dégénéra entièrement; sa littérature -se ressentit de la décadence de l'esprit public et du caractère national. C'est l'époque brillante de la littérature romaine.
Au commencement de la sixieme période, la Grèce devint pour ainsi dire le siège d'une nouvelle monarchie. La capitale de l'empire romain fut transférée dans une ville située à la mérité dans un pays qui ne faisoitpas originairement partie de la Grèce, mais fondée par des colons grecs, et entourée d'au- tres villes où l'on parloit leur idiome. Bientôt la langue latine cessa* .même d'être celle de la cour." Depuis le huitième ou le neuvième siècle, les princes adoptèrent la langue grecque ; elle étoit déjà la langue de la majorité des sujets, et devint celle du gouvernement. La littérature grecque auroit pu req r fleurir alors ; mais les efforts de quelques souverains qui aimoient les sciences, ne purent tirer la nation de la barbarie où elle étoit tombée. Ce fut néanmoins dans. l'empire de Byzance que se Conserva ce foyer de lumières et de connoissances qui, lors de la destruction de cet empire par les Turcs, fut porté en Italie, et de là éclaira toute l'Europe.
C'est à cet événement, arrivé en 1453, que se ter-, mine la littérature grecque en Orient.
------------------------------------------------------------------------
Les six périodes que nous avons établies peuvent être désignées par les épithètes de Fabuleuse, de Poétique, d'Athénienne, d' Alexandrine, de Romaine et de Byzantlne. Nous avons Consacré un livre à chacune, La littérature grecque expira en Orient sous le despotisme des Turcs; mais elle renaquit avec une nouvelle vigueur dans la partie occidentale de l'Europe. Cette révolution arrivée dans le quinzième siècle, a fourni la matière de notre septième livre.
Il nous reste à indiquer les principaux ouvrages qui traitent de l'ensemble de cette histoire.
Le plus complet de tous est celui de Jean^Albert Fabricius , qui parut depuis 1705 jusqu'à 1708, à Hambourg, sous le titre de Bibliotheca grœca, seu Notitici scriptorum veterum Grœcorum, en 14 volumes petit in-4". L'auteur, un des hommes les plus savans et les plus laborieux du dix-septième siècle , avoit consacré à ce travail quarante années de sa vie. Il déposa dans "ce recueil, comme dans un vaste répertoire, le fruit. d'une lecture immense, constamment dirigée vers un but unique. On y trouvé en substance tout ce qui avoit été publié de son temps sur la littérature grecque profane et sacrée 5 des recherches critiques qui annoncent une érudition profonde et un excellent jugement; enfin plusieurs morceaux d'auteurs anciens qui n'avoienf pas encore été imprimés. Fabricius inséra aussi dans cet ouvrage quelques dissertations de divers savans, tels que Léon Allctzzi ou Allcitius sur dif-
------------------------------------------------------------------------
férens sujets de critique qui étaient devenus rares.
Le seul défaut qu'on soit en droit de reprocher à cette vaste compilation, est l'absence totale d'ordre et de méthode ; ce qui en rend l'usage très-incommode.
La Bibliothèque Grecque avoit été réimprimée deux fois, lorsqu'en 1790 feu Théoph.-Christophe Harless en entreprit une quatrième édition, augmentée de tous les renseignemens et de toutes les notices renfermées dans le grand nombre d'ouvrages philologiques qui avoient paru depuis la mort de Fabricius. Il est à regretter qu'au Heu de soigner une nouvelle édition augmentée y Harless n'ait pas plutôt refait entièrement l'ouvrage de Fabricius.
En fondant, comme il a fait, dans le texte, les corrections et notes supplémentaires, sans faire disparoître les parties du texte qui éprouvoient par ce travail de grandes modifications, il a augmenté la confusion qui régnoit dans les anciennes éditions.
Souvent même ce qui est dit dans le texte originaire conservé, est contredit dans le supplément ou modifié daliâ les notes. Ainsi, l'usage de ce livre qui, sous d'autres rapports, a infiniment gagné par Harless, est deyenu vraiment pénible, et sa lecture souvent fastidieuse. Ce savant travailla sans relâche à son édition, et en donna successivement douze volumes. Le douzième, qui parut en i8og , va jus- qu'à la page 471 du dixième de l'ancienne édition; Harless n'a pu publier les quatre derniers volumes, parce que la mort est venue terminer sa vie labo-
------------------------------------------------------------------------
rieuse. Ainsi cette grande entreprise est restée in-* complète, et comme elle manque d'une table alphabétique , il est difficile de s'en servir1.
En 1778, Harless avoit publié une Introductio in Historiam linguœ grœcœ, ouvrage moins volumineux et plus systématique, destiné à remplacer, comme manuel, l'immense Bibliothèque de Fabricius.. Une seconde édition de cet ouvrage parut de 1792 à 1795; elle forme deux volumes ou" trois parties in-B;. qui, en i8o4 et 1806, furent suivis de deux volumes de supplémens. L'auteur y traite de la littérature profane et de la littérature sacrée.
Il divise la première en cinqpériodes, savoir, T°. les temps antérieurs à Homère; 2°. jusqu'à Alexandrele-Grand, 3°. jusqu'à Auguste; 4°. jusqu'à Constantin-le-Grand; 5°. jusqu'à la prise de Constantinople par les Turcs.
L'ordre systématique suivi par l'auteur facilite
1 Harless a eu-soin d'indiquer, en haut dés pages } celles de la troisième édition , qui est citée dans un grand nombre d'ouvrages du dix-huitième siècle, et, chose bizarre , én beaucoup d'endroits du texte de la quatrième.
Cet arrangement est utile, mais insuffisant, parce que la SUlte des chapitres est souvent interrompue et dérangée, et que l'éditeur a aussi fait des retranchements. D'ailleurs, il règne beaucoup de fautes d'impression dans cette indication. Pour remédier en partie à ces inconvéniens, on pourra-ose servir de la table suivante, dont la première colonne indique les pages ae l'ancienne édition, et la seconde celles de la nouvelle. Les pages de la -première colonue, auxquelles ne répond aucun chiffre de la seconde, ont -été supprimées. Apres cette table, nous en plaçons une seconde où l'ordre est renversé. Les chiffres de la première colonne se rapportent à la* nouvelle édition ; ceux de la seconde, à l'ancienne. Les chiffres de la première colonne, auxquels rien ne répond dans la seconde , indiquent des augmentations. La première table servira aux possesseurs
------------------------------------------------------------------------
l'usage de ce livre; il seroitbièn plus commode encore , si dans une nouvelle édition les supplémens de la troisième, la seconde à ceux dé la quatrième édition , pour refrotlver les passages cités d'après une édition qui n'est pas la leilr.
PREMIÈRE TABLE.
Troisième édition. - Quatrième -édition.
VII P. là 530 Vol. I.
Vol. 1. 1 531 - .940. Vol. II.
1- 70. Vol. TTT J { p. 57 à 194.
70 - 77. 1 - 25.
79. — 106. Vol. IV. 1 - 44.
107 — 203. 195 — 408.
204 - 235. , , , 25.- 56.
235 - 241. -.
242 — 255. 443 - 457.
255 — 271. „
VoK IIT 6* — 658.
273 - 315. - 458 - 510.
315 -'- 345. 658 - 712.
.346 - 357 I 358 — 360. 713 — 718.
360 —.366. 511 - 526.
367 - 386. Vol. 1 V. 44 - 86.
"°1. Il. 387 — 416 Vol. III. { 536 -613.
Voi.lL < 416 - 450.,.{ 750-~13.
* 450 — 479. Vol. 'IV. 87 - 12-7.
479 — 494. Vol. Ill. 814 - 832.
494 — 520.:. 128 - 169.
520 — 5U 262 - 286.
543 — 617. 17'0 - 261.
618 - 629 v Vol. Tv IV. () 344 — 360.
630 — 660.
660 - 680. , 287 - 312.
681 - 702 f.: 702 — 726. 451 - 499.
726 — 751. Vol. ln. 718 — 750.
752 - 769 ( 313 — 344.
161 - 443.
769 - 80~2
803 — 824. Vol. III. 582 — 631.
f 1 7.
8 88 57 8 - 88 I 577 — 672." Vo1. lIt. 89 -103. Vol. III.
104 — 120.!!!!!!!.! ! ! VoL 724 — 754." vohiu. < 104 - 120. , , 724 - 754.
t 121 - 138.. , ,
139 — 149 - [ 774 — 794,
------------------------------------------------------------------------
avoient été fondus dans le texte et continués audelà dé l'année 1806 ; l'un et l'autre travail ont été exéçutés dans un abrégé que M. Harless' a fait paroître en 1812 sous le titre de Brevior notitia Littératures grœcœ, in primis scriptorum grœcorurn ;
Troisième édition. Quatrième édition.
, p. 150 à 167 ( 168 - 185. 822 - 839.
186 - 211. Yol. IV.
212 - 227. 880 - 895.
228 - 247 { 248 - 262. 56 - 70.
262 - 265 , Vol. III. 266 - 374. 83 - 214.
vot.ju. 375—391.: , , , ,
V 392 - 508 ! ! I 244 - 362.
509 - 589 !■ I 590 - 595. 527 - 532.
596 - 599.
600 - 634 =. 1 564 — 608.
635 - 695 * I 696 - 710. Vol. V. < 609 - 628.
., 1 - 20. 629 - 649.
21 - 42 500 — 526* 43 - 62.• I ■ 540 — 564.
62 - 91 I 650 - 678.
92 - 98.,. , ,
99 — 104.,. 681 - 685.
1 105 - 138.
139 - 206 f 685 — 757.
207 - 281. , ,
282 - 294. 758 - 773.
295 - 366 f 367 - 417. I 1 - 60.
418 - 422 ) 423 - 507. Vol. VI. 63 - 156.
508 - 516 i 517 —625 ( 157 - 270.
¡ 1 - 10. f 1 - 20.
t - 11 - 29.
il 30 — 74 J "20 — 87.
Vol. V. - - 75 - 80. Vol. VIJ.. \] 87 - 148.
jt 81 - 133. , , 87 - 1 8.
134 - 183., , - , f 184 — 254. , 149 - 260.
------------------------------------------------------------------------
ordini temporis adcommodatq, : in usumjuventutis.
Ups. 1812, petit in-80. C'est un manuel riche en renseignèmens, mais qui déjà a besoin d'un supplément et d'un grand nombre de corrections. Har-
Troisième édition. Quatrièmes édition.
y 255 à 261. (
1 II il?®:::::::::::: | ..2.75 * à 2?5: 269 - 271.
272 296. ; 289 - 334..
Vol. V. 297 - 335 Vol. VIII 171 — 255.
Appead. de Nilis ± — 40.
- - - de Pseflis o. X - { ( 41 - 98.
F — de libris ecqles, 1 Gra-c. ) 1— 29 Vol. yi 693 — 718.
39 — 3W ^33 — 610.
301 — £ Q5 : 1 [ 633 — 741.
406 — 417 v VoJ. V-VT1 U. < ) 418 — 42Q., 7 421- 428! I 429 — 48Ç [ 745 — 804.
4A6 - 510.
543 - 564::::::::::::;;::::;::: II( ""1 - 29 Vol. VI. '543 - 33 - 55.
~'- ~- 565 - 579 Vol. VIII.
579 — 596 M 56 - 78.
597 620 I 521 - 623 I 30 - 32.
624 — 667..— Vol. VII. 611 682.
667' - 692.. T. [ 79 — 103.
693 - 745 1 746 -.753. yol. VIII. 104 - 11f.
754 - 767 1 >■ 768 - 814 [ 112 — 160.
r r— 38. ( 271- - 325.
I 39 - 74. M3 - 385.
76 — 101. 719 - 750.
102 377. Vol. VI.
378 397. 751 - 778.
Vol. VII. 37-8 — 409. I 410 - 414,. 783 - 789.
415 451 ( 255 — 310.
451 - 697. Vol. VIII 31.8 — 622.
! 698 — 714 715 788 ( .624 - 700.
------------------------------------------------------------------------
less étoit un travailleur infatigable : il a passé sa vieuà rassembler des matériaux; mais il employa
Troisième édition. Quatrième édition.
1 à J7. ( 790 à 819.
38 - 55. Vol. VI.
56 - 59. 819 - 822.
60 — 135. 1 - 97.
136 '- i43.,
14*4 — 232 ,.. T 1 ] 98 — 206.
233 — 247 98 - 206.
248 — 262! Vol.IX. 207 — 212.
248 — 262.. I 213 — 297.
262 — 304 1 Q77 QQQ I 213 - 297.
'?.!!!.!!"!!! I 298* — 762.
399 - ffl
f 1 - 167. Vol. X. 99 - 364.
I 167 - 176 Vol. VIII. 310 — 317.
J 177 - 246. { 365 — 449.
T .247 — 257 472 - 484.
-247 - 257 Vo l X. 495 - 652.
Vol. IX. - 257 - 368. v Voi- î "Y • Y 495 - 652.
369 - 508 ( 670 — 775.
1 509 - 586. Vol. XI. 1 - 50.
I 587 — 601.
602 — 619. Vol. X. 653 — 669.
f 1 - 109. Vol. VI. 583 — 692.
109 - 4'i2. V 1 XI 51 - 520.
Vol. X. 109 - 472. Vol. XI. 1 f 554 - 724.
Yol. X. < 473 - M
( 1 <viq' 1 - 136.
553 - 777. y VoL , x^ ij 1 137 - 796.
f 1 - 544. o.. 137 - 796.
vol. X-11. •{ 544 - 768.t.:.
I 769 — 808. Vol..XI 521 — 553.
J 1 — 203.
I 203 - 225 V 1 V -J 227 - 243..
I 226 — 241 v voi. , v v. > 363 — 376.
ï 22fi - 241. Vol. XII. < 242 - 272 T - 275 - 305.- Vol. X. 450 - 47f.
306 — 9f1.
SECONDE TABLE.
Quatrième édition. Troisième édition.
1 à 530.
Vol Y I.••••»••«•«••••••••••••«••••• ; tt t la 530 » II. 531 - 940.
------------------------------------------------------------------------
souvent sans critique ceux qu'il avoit réunis. Il faut surtout être en garde contre les jugemens qu'il porte. Le présent ouvrage est destiné à remplacer" pour des lecteurs françois, et l'Introductio et la Brevis notitia du savant d^Erlang.
Quatrième édition. Troisième édition.
là 25 (" 70 à 77.
25 — 56. 203 — 234.
57 — 194. 1 - 70.
- 195 - 408 I .107 — 203.
409 —. 442.<.
443 - 457. I 242 — 255.
458 - 510. 273 - 315.
511 - 526. 360 — 366.
Vol Ill. < 527 -c- 535 1 Vol. III. 536 — 582 ! 387,- 416.
582 - 631., , 803 - 824.
632 - 658 255 — 271.
658 - 712. 315 - 345.
IL. 713 718. 358 -360.
118 - «0.. W.-Vol. II. ( 727 -7 5i.
750 — 813. 416 - 450.
L 814 - 832. 479 - 494.
* 1—44 79 — 106.
44 — 86 '1 367 - 386.
87 — 127 I 450 - 479.
128 - 169.. • I 494 - 520.
170 - 261.. I 543 - 617.
262.— 286. 520 - 543.
287 — 312 ! I 660 - 680.
313 - 344752 769.
344 — 360 618 - 629.
361 - 413.,.- 769 - 802.
1 • 413 — 45i) 413 - 499. 702 - 726.
Vol. 1 y- 451 577 —' 672 8 — 88.
577 -' 672.,. 8 - 88.
673 - 720.
721 — 754 1 104 ..:. 120.
755 - 773.
TJA = 794 Vol. III. 139 — 149.
7W — 822
822 — 839.-. 168 — 185-.
- 840 - 880.. I , 880 — 895.,.,. 212 - 22z>-
------------------------------------------------------------------------
Vers la même époque, un professeur de Wilna Y. Godefroi-Ernestc Groddeck publia Historiœ
Quatrième édition. Troisième édition.
1 à .55* ( 1 à 55.
56 - 70. 248 262.
71 - 82 266 (81 3 214 ! 266 — 374.
215 — 214. 266 - 374.
227 - 243 Vol. XII 203 —225.
244 — 362 Vol. III 392 — 508.
3"63 - 376. Vol. XII 226 — 241.
377 - 500. , .,
- 500 - 526. Vol. IV. 21 - 42.
527 — 532 Vol. III 590 — 595.
Vol. Y. ( 533 —- 539 540 — 564.,. Vol. IV. 43 -- 62.
: 564 - 608 , riT 600 — 634.
609 — 628.: -__voi.nl. { 696 - 710.
629 — 649. 1 - 20.
650 — 678. 62 - 91.
679 — 680.^ I. 99 — 104.
681 — 685.#. 4 I J 139 — 206.
685 - 757. 139 - 206.
758 — 773. Vol. IV. 282 -- 294.
7M — 800.-. -
f 1 - 60.,. 367 - 417.
61— 62.
63 — 156. 423 - 507.
157 - 270. , 517 -- 625.
271 - 3X5. f 1 -- 38.
326 - 332. Vol. VII. i 333 - 385 , ( 39 - 74.
386 - 388.
"01. VI 389 - 582. Vol. IX 620 - 856.
583-— 692.; Vol. X 1 - 109.
693 - 718. Vol. VI. 1—29.
719 - 750 I 76 — 101.
751 - 778. V 1 VII 378 -- 397.
779 - 782.:. o. ,
785 - 789. ( 410 - 414" 790 — 819 vol Vlir ( I56 — w5&.
819 — 822 5a.
r 10.
1 - 87 * ( 1 — 10.
1 20 - 87* -Ytr o i T- 30 - 74" Toi. VII. < 87 - 148. o.. 81 -- 133.
( 149 - 260. ( 184-254.
------------------------------------------------------------------------
Grœcorum litterariœ elementci. Vilnœ, 1811, petit in-8°. Ce sont, comme le titre l'annonce, des elémens, mais on y reconnoît un excellent critique,
Quatrième édition. Troisième édition.
261 à 274 f 275 - 288. Vol. V. 262 à 268.
289— 334 I 272 — 296.
335 - 610 ( 30 — 300.
611 - 632. 624 - 667, 633. - 741. 300 - 405.
742 - 744. 418 - 420.
745 - 804 1 429 — 486.
1— 29. Vol. VI. < 486 - 510.
| 30 - 32. 621 - 623.
i 33 - 78. 1 543 - 596.
79 - 103. 667 - 692.
104 111 f 746 — 753.
112 160. 768 - 814.
Vot VIII. 161 - 170.,.
Vol. VIII. < 171 - 255. Vol. V. 297 - 335.
1 255 - 310. Vol. VII. 415 — 451.
I 310 - 317. Vol. IX 167 — 176.
318 622 f 451 — 697.
[ 623 Vol. VII..,.
624 - 700. 715 - 788.
{ 1 — 206.% [ 60 — 232.
Vo)." IX. 207 - 212 v , VllI. ) '248 - 262.
207 - 21.2 ~'o l VI] j 305 - 376.
213 - '297 305 — 376.
5 298 - 762 ( 399 — 841.
f 1 - 40 f App. de Nilis.
1- 98 /oK , Tr V* f App. de Nilis.
I 41 - 98. o.. t - dePsellis.
1 99 — 364. f là 167.
365 - 449. vol. 1X' { 177 - 24b.
J 450 — 471 Vol. XÎI 275 — 305.
X. < 472 - 484. Vol. IX. 247 — 257.
485 - 494 Vol. V. ( Appendix.
495 - 652., .., 257 - 368.
653 - 602 - 619.
V 670 — 775 Vo, l. TiV a. < j 369 - 508.
670—775. ° J 369-508.
( 1 — 50. I 509 — 586.
Vol XI 5J - 520 Vol. X 109 — 472.
Vol. XI. < 521 - 553. Vol. XI 769 808.
[ 554 - 724. Vol. X. f 473 - 518" - 136 ( 553 - 777.
V>o°l i. MXIlI 1 131 - 796.,. Vol. X[ 1 f)44
------------------------------------------------------------------------
et on y trouve des observations lumineuses , dont j'ai souvent profité, et qui quelquefois m'ont .engagé à de nouvelles recherches. L'auteur a divisé son histoire en quatre périodes : 1°, depuis Homère jusqu'à Pindare; 2°. jusqu'à Alexandre-le-Grand ; 3°. jusqu'à Constantin-le-Grand; 4°. jusqu'à la prise de Constantinople. La partie bibliographique est moins complète dans cet abrégé que dans celui de Harless. En 1821, M. Groddeck a publié, sous le titre Initia lïïistorice Grœcorum litterariæ, le premier volume d'une nouvelle édition de cet ouvrage.
Un excellent abrégé est celui dont M. Théoph.Christ.-Fréd. Mohnike, professeur au gymnase de Greifswalde, a publié en i8i5 le premier volume, sous le titre de Geschichte der Litteratur der Griechen und Roemer, in-8°. Il est à regretter que l'auteur n'ait pas donné suite à un travail si bien fait, où l'on trouve souvent des vues nouvelles 1.
Nous rappellerons encore deux autres ouyrages de ce genre, mais qui, destinés à servir de bise à des cours publics, ne renferment, pour ainsi dire, que le canevas de la littérature classique : l'un est intitulé : Qrundriss der Geschichte der griechischen und rœmischen Litteratur, zum Gebrauch der oberen Classen -gelehrter Schulen, von Aug. Matthioe.
Jena, i8i5, in-8°., et réimprimé en 1822; l'autre : Grundzuge der griechischen und rœmischen Litteraturgeschichte, zum Gebrauch bey akademischen
1 On annonce une seconde édition du premier volume.
------------------------------------------------------------------------
Vorlesungen entworfen, von Dr. Franz Passow.
Berlin, 1816, in-4°. 1 w Tels sont les ouvrages généraux que nous avons eus devant les' yeux en rédigeant cette histoire; les auteurs qui n'ont traité que des parties détachées, seront indiqués lorsque l'occasion s'en présentera.
Comme il existe plusieurs collections d'auteurs grecs que, dans le cours de cette histoire littéraire, nous avons été dans le cas de citer, nous en pla-s çons ici le catalogue.
iL On s'étonnera peut-être de ne pas trouver dans cette liste le Cours de Littérature de Laharpe7 Je rends à la partie de cet ouvrage qui s'occupe des littératures modernes, toute la justice qui lui est due ; mais je ne crois pas qu'on puisse recommander aux jeunes gens, sous tous les rapports, la lecture de celle qui traite de la littérature ancienne, et je déclare ici que je ne l'ai jamais consultée dans ce précis , pour ne pas succomber à la tentation de -contredire un littérateur si distingué, et d'attaquer un écrivain si éloquent.
------------------------------------------------------------------------
COLLECTIONS D'AUTEURS GRECS CITÉES DANS CET-OUVRAGE, ET RANGÉES ICI PAR ORDRE ALPHABETIQUE DES NOMS DES ÉDITEURS.
Aide Manuce , dit l'Ancien ; André d'Asola, son beau-père et ses fils Paul Mahuce et Aide le jeune.1 w Ces imprimeurs ont publié différentes collections, que nous citons tous le titre de Collections Aldines. Ce sont les suivantes : i. Collections grammaticales.
CONST ANTINI LASCARIS Erotemata cum interpretatione latina.
De litteris graecis ac dipthongis et quemadmodum ad nos reniant. Abbreviationes quibus frequentissime Graeci utuntur. Oratio dominica et duplex salutatio beatae Virginis.
Symbolum Apostolorum. Evangelium D. JOANNIS Evangelistae. Carrnina aurea, PYTHAGORÆ. FHOCYLIDIS viri sapientissimi moralia. Omma supra scripta habent e regioue interpretationem latinam de verbo ad verbum. Venet. 1494, in-2^
On voit que les trois premiers ouvrages seulement de ce volume tiennent à la grammaire. C'est probablement le premier ouvrage imprimé par Aide avec date. Cependant quelques bibliographes regardent le MusjEU s comme plue ancien, parce qu'il a été imprimé dans le courant de l'année.
1 On peut consulter, sur la vie et les productions de ces typographes, l'ouvrage exact de M. Renouard, iuiitulé : Annales de ViApriinerie des Aides , Park, 1803, 2 vol. in-8°, avec un supplement qui a paru eu 1812.
------------------------------------------------------------------------
1494, tandis que le volume dont nous-parlons, quoique portant ce millésime, est vraiment de 1495, puisqu'il a été exécuté au mois de février, qui étoit alors le dernier de l'année.
CONSTANTINI LASCARIS de octo partibus orationis liber 1; de constructione liber Il ; de nomine et verbo liber III. Ejusdem de pronomine secundum omnem linguam et poeticum usum. Haec omnia habent e regione latinam interpretationem, etc. CEBETIS Tabllla, gr. et lat. De literis graecis ac diphthongis, et quemadmodum ad nos veniant. Abbreviationes, etc. Carmina aurea PYTHAGORÆ, PnORYLIDIS poema ad bene beatumque yivendum, gr. et lat. Vepetiis, in-4 o.
Cette édition, sans date, a été imprimée , d'après M. Renouard, entre les années 1498 et i5o3.
THEODORI (GAZÆ) ihtroductivae grammatices libri IV. Ejusdem de mensibus opusculum. APOI.I.OMI GRAMMÂTICI de constructione libri IV. HERODIANUS de numéro. Graece.
Venet. 1495. in-folio.
Thésaurus, Cornucopia et Horti Adonidis- gr. Venet. 1496.
in-fol.
Ce recueil contient ÆLII DIONYSII de indeclinabilibus verbis. Ex commeulariis EUSTATHII ac aliorum graminaticoium electa per ordinem litterarum. Formationes verborum ctjxc et iTjuit. De iis qu?e sedere sigyificant. Ex scriptis HERODIANI excerpta de magno verbo. Ex scriptis ejusdem deducliones difficultcr declinatorum verborum. CHŒROBOSCI ad eos qui in omnibus verbis régulas quaerunt et simitudines. Ejusdem in quibus ob malesonantiam attrahatur v. De anoraalis et inaequalibus verbis becundum ordinem alphabeti. HERODIANI de inclinatis et cncliticis et coecAiticis dictiunculis. Ex scriptis CHŒROBOSCI de iis. quœ inclinantur encliticisque. AÏLH DIONYSII de ILS quae inclinantur et encliticis. Anonymi de iis quae inclinantuix Ex scriptis JOANNIS GRAMMATICI de idiomatibus.
EUSTATHII de idiomatibus quae npud Homeruni. Item aliter de idiomatibus ex iis qusc a CORINTHO * decerpta. De fœmininis nominibus quae desinunt in W.
Le titre du verso seul et quelques préfaces sont en latin : le reste n'est
1 C'est-à-dire de GRÉGOIRE de Corinthe.
------------------------------------------------------------------------
qu'en grec. Outre Alde, Scipion Carteromaco, Guarino da Camerino, Urbano Bolzani el Angelo Poliziano ont mis la main à ce recueil.
CONSTANTINI LASCARIS, etc. Venetiis, 1512, in-40.
Cette édition renferme tout ce qui se trouve dans celle sans date, et de plus : JOANNIS Grammatici de idiomatibus linguarum tres tractatus.
Elle a été contrefaite sans date ni nom d'imprimeur, en i5i8, par Eroben, à Bâle.
Erotemata CHR"YSOLORÆ. De anomalis verbis. De formatione temporum ex libro ÇHAL-CONDYLÆ. Quartus GAZÆ de constructione. De encliticis. Sententiae rnonostichi ex variis poetis, gr. Venetiis, 1512, itt-8°.
Eroterffata CHRYSOLORÆ, etc. Venetiis, 15J7, in-8°.
Réimpression de l'édition de i5i2, augmentée des Distiques de CATON, en grec, et des Erotemata Guarini.
Tiieodori (GAZÆ) grammatices libri IV. De mensibus liber ejusdem. Geor&ii Lecapeni de constructione verborum.
Emanuelis Moschoïuli de constructione nominum et verborum. Ejusdem de accentibus, gr. Venetiis, 1525, in-8°.
Cette édition de Théodore Gaza, revue par Frang. d'Jlsola , est préférable à celle dt i4g5. A la place des traités d'Apollonius et d'Hérodien , on y trouve ceux qui sont énoncés au titre.
Erotemata CHRYSOLORÆ, etc. Venetiis, i54g, in-8°.
Réimpression de l'édition de l5i7, augmentée seulement du Traité sur les dix tribus d'Athènes.
2. Collections de Dictionnaires.
Dictionarium grsecum copiosissimum secundum ordinem alphabeti, cum interpr. latina. Cyrilli opnsculum dmictionibus quœ variato accentu mutant significationem, sec.
ord, alph. cum interpr. lat. AMMONIUS de differentia dictionum per litterarum ordinem. Vêtus instructio et denominationes praefectorummilitum. Signifîcata roù 9j. Signitieata rov ûç. Venetiis, 1497, in-fol.
Ce volume est recherché, à cause des ouvrages d'anciens grammairiens
------------------------------------------------------------------------
"qu'il renferme. Le Dictionnaire d'Alde, qui, au fond , n'est qu'une répétition de celui de Crestone, a été remplacé par des recueils plus complets.
Dictionarium' græcunl_; oum interpr. lat. Collectio dictionum quas différant significatu, ordine alphab. etc. AMMONIUS de similibus et differentibus dictionibus. Vetus instructio -et denominationes praefectorum militum. ORBICITJS de nominibus ordinum militarium. Signifieata TW îj zcú. wç. JOANNIS GRAMMATICI de proprietatibus linguarum. EUSTATHII quae•^M de proprietatibus linguarum apud Homerum. CORINTHUS de proprietatibus linguarum.Verborum anomalorum declinationes secundum ordinem litterarum. HERODIANI quasdam de encliticis. Jo. GRAMMATICI CHARACIS quaedam de encliticis. CHŒROBOSCI qusedam de enc\iticis: THOMÆ MAGISTRI Eclogae atticorum nominum et verborum. EMANUELIS Moscnopui.1 Eclogae atticarum dictionum , nunc primum impressse. Venetiis, 1524, in-fol.
3. Collection de Fabulistes.
Vita et Fabellae AESOPI, gr. et lat. GABRI^E fabellae XLIII, gr. et lat. PHURNUTUS S. CURNUTUS de natura Deorum. PALÆPHAT-US de non credendis historiis. HERÀCLIDES PONTICUS de allegoriis apud Homerum. ORI APOLLINJS Nîljaci hieroglyphica. Collectio proverbiorum TARRHAEI et' DIDYMI, item eorum quae apud SUIDAM aliosque habentur, per ordinem litterarum: Ex APHTHONII exercitamentÍs de fabula.
- Tum de formicis et cicadis, gr. et lat. Ex HERMOGENIS exercitamentis de fabula, Prisciano interprete. Apologus JESOPI de cassita apud Gellium. Veneliis, 1.505, petit in-fol.
4. Collection de Rhéteurs grecs.
Rhetores graeci, 1508 et 1509, 2 vol. in-fol., en grec seulement.
Vol. I. APHTHONII Progymnasmata. HERMOGENIS Ars rhetorica. AIUSTOTELIS Rhetoricorum ad jTheodecten libri III. Ejusdem Rhetorica ad Alexandrum. Ejusdem Ars poetica. SOFATRI Quaestiones de componendis declamationibus in caussis prœcipue judicialibus. CYRI Soph. Differeutise
------------------------------------------------------------------------
siatnum. DIOKYSII HALICARN. Ars rhetorica. DEMETRII PHALEREI de iu,.
terpretatione.ALEXANDRI Soph. de figuris scnsus et dictionis. Adtfotationes innominati 1 de figuris rhetoricis. MEKANDRI Rhetoris divisio causarum in genere demonstrativo. ARISTIDIS de civili oratio. Ejusdem de simplici oratione. ABSINI de arte rhetorica praecepta. MINUCIANI et NICAGORÆ de Enchirematibus.
Vol. II. In Aphthonii Progymnasmata commentaritfs innominati anctoris. SYRIANJ, SOPATRI, MARCELLINI Commentarii in Hermogenis Rbetorica.
En 15^5, André d'Asola et ses fils imprimèrent in-fol. la traduction de ce recueil, soignée par Jacques l'orelli.
5. Collections d1 Orateurs grecs.
Rhetorum graecorum Orationes, gr. Venetiis, 1513, 3 vol.
in-fol.
Vol. I. AESCHINES. LYSIAS. ALCIDAMAS. ANTJSTHENES. DEMADES. ANDOCIDES. ISÆus. DINARCHUS. ANTIPHON. LYCURGTK. GORGIAS. LESBONAX. HERODES.
Vol. IF. ANDOCIDES. ISÆus. DINARCHUS. ANTJPHON. LYCUIiGUS. GoitGIAS. LESBONAX. HERODES.
VoiL III. ISOCRATES. ALClDAMÁS. GORGIAS. ARISTIDES.
Cette édition des orateurs grecij est si rare, qu'on assure qu'il n'en existe pas pltrs de trois exemplaires dans les bibliothèques d'Allemagne.
L'un d'euxt, qui a appartenu au célèbre Wyttenbach, a été acquis, après sa mort, potir la bibliothèque du roi de Prusse.
ISOCRATES nuper accurate recognitus et auclus. IsocRATEs.
ALCIDAMAS. GOR&IAS. ARISTIDES. HARPOCRATION. Gr. Venetiis, i534, in-fol.
Volume imprimé par Paul Manuce.
6. Collection épistolaire.
Epistolarûm grsecarum collectio. Venetiis, 1499'- in-e, en deux parties, dont la seconde porte le titre suivant; Epistolae diversorum philosophorum, oratorum, rhetorum, XXVI.
I Cet anonyme est PUŒBAMMON.
------------------------------------------------------------------------
Ces deux parties, tout en grec, renferment les lettres attribuées aux écrivains sui vans : BASILE le Grand, LIBANIUS, CHION, ESCHINB, IsoCRATE , PHALARIS , BRUTUS, APOLLONIUS de Tyane, SYNESIUS, DÉMOSTHÈNE, PLATON , ARISTOTE, PHILIPPE et ALEXANDRE de Macédoine, HIPPOCRATE, DÉMOCRATE, HERACLITE , DIOGÈNE, CRATÈS , ANACHARSIS, EURIPIDE, THÉANO, MÉLISSA, MYA, ALCIPHRON, PHILOSTRATE, THÉoPHYLACTB, ELIEN , ENÉB, PROCOPE, DENYS , LYSIS, AmAsis, MUSONIUS.
La réimpression de ce recueil, qui parut à Genève en 1606, in-fol., est accompagnée d'une version latine qu'on a faussement attribuée au célèbre Cujas.
7. Collection historique.
XENOPHONTIS Omissa quae et graeca gesta appellantur ; GEORGII GEMISTI qui et PLETHO dicitur, ex Diodori et Plutarchi historiis de iis quse post pugnam ad Mantineam gesta sunt, per capita tractatio. HERODIANI a Marii principatu historiarum libri octo, etc. Gr. Venetiis, 1503, in-fol.
8. C élections de Philosophes péripatéticiens.
AMMONII HERMEI Commentaria in librum peri Hermenias.
MARGENTINI Archiep. Mityl. in eumdem enarratio, gr. Venetiis, 15o3, in-fol.
Ce volume renferme de plus MICHAELIS PSELLI Paraphrasia -rrtpi IpfAtvcfoç, et AMMONIUS HERMEAS in Aristotelis decem Categorias. Pour Margentini, il faut lire Magentini.
SIMPLICH Commentaria in très libros Aristotelis de anima.
- ALEXANDRI ATHRODISIASJ Commentaria in librum de sensu et sensibili. MICHAELIS ErHESII Annotationes in librum de memoria et reminiscentia. Venetiis , 1627 , in-fol.
JOANNES GRAMMATICUS in libros de generatione et interitu, ALEXANDRI ArHRQDISIENSIS in Meteorologica. Idem de mixtione, gr. Venet., 1527, in-fol.
JOANNIS GRAMMATICI in posteriora- resoluioria Aristotelis Commentarium. Incerti auctoris in eadem. EUSTRATII in eadem, gr. Venetiis, 1534, in-fol.
EUSTRATII et aliorura insignium peripateticorum commenta-
------------------------------------------------------------------------
ria in libros decem Aristotelis de moribus ad Nicomaclium, una cum textu suis in locis adjecto , gr. Venetiis , 1536, ill-fol.
Outre EUSTRATIUS, ce volume renferme les commentaires d'AsPAsIAs , MICHEL d' Ephése et d'un anonyme, qui ensemble forment un commentaire complet sur les dix livres de l'Ethique Nicomachieune d'Aristote.
OLYMPIODORI, pliilosophi Alexandrini, in Meteora Aristotelis commentarii. JOANNIS GRAMMATICI PHILOPONI Scholia in primum Meteorum Aristotelis. Gr. et lat. J. B. Camotio interprete. Venetiis, 1551, 2 vol. in-fol.
9. Collection de Platoniciens.
JAJVIBLICHUS de mysteriis Ægyptiorum, Chaldaeoruni, Assyriorum. PROCLUS in Platonicum Alcibiadem de anima atque daeinone. PROCLVS de sacrifïcio atque magia. PORPHYRIUS de divinis atque daemonibus. SYNESIUS Platonicus de somniis. PSELLUS de daemonibus. Expositio PRISCIANI et MAR31L11 in Theophrastum de sensu , phantasia et intellectu ALCINOI Platonici liber de doctrina Platonis. SPEUSIPPI, Platonis discipuli, liber de Platonis definitionibus. PYTHAGO RE philosophi aurea verba. Symbola PYTHAGORE philosophi. XENOCRATIS Platonici liber de morte. MARSILII FICINI liber de voluptate. Venetiis, 1497 > in-fol.
Ce recueil ne renferme pas de texte grec. Il en est de même de la réimpression de 1516 qui est plus ample, puisqu'elle renferme aussi le Pimander et YAsclepias de HERMÈS TRISMÉGISTE.
10. Collection astronomique.
JULII FIRMICI Astronomicorum libri VIII. MARCI MANILII Astronomicorum libri V. ARATI Phacnomena, Germanico Cxs. interprete. ARATI Phsenomenorum fragmenta, Cicerone interprete. ARATI Phaenomena , Rufo Festo Avieno paraphraste. ARATI Pliaenomena , gr. THEONIS Commentaria in Arati Phaenomena, gr. PROCLI DIADOCIII Sphacra,
------------------------------------------------------------------------
gr. PROCLI ej us de m Sphsera j Thoma Linairo interprète.
Venet., 1499 , in-fol.
xi. Collection de poëtes gnomiques , bucoliques et géorgiques.
THEOCBITI Eclogae XXX. Genus Theocriti et de inventione bucolicorum. CATONIS Romani Sententise paraeneticae distichi. Sententise septem Sapientum. De invi dia.TiiioGNiD i s -MEGAR£ENSIS Sicali Sententise elegiacae. Sententiae mono, ---ichi per capita ex variis poetis. Aurea carmina PYTHAGORÆ. PHOCYLIJ>,Æ poema admonitorium. Carmina SIBYLLE ERYTHR.Æ.Æ de Christo Jesu domino nostro. Differentia vocis.
HESIODI Theogonia, Scutum Herculis , Georgicon libri II, gr. Venet., 1495, in-fol.
C'est le quatrième livre sorti des presses d'Aide l'ancien , et le troisième qui porte une date.
12. Collection épigrammatique.
Florilegiura diversorum epigrammatura in septem libros, gr.
Venet., 1503, in-8°.
Réimprimé en 1521 et 1550.
13. Collection de poètes chrétiens.
Poète christiani reteres. Venetiis, i5oi et 1502, 2 voL.IN-^0.
La plupart dèfc poésies renfermées dans ces deux volumes, sont latines. i Parmi les grecques, qui toutes sont accompagnées d'une traduction, se trouvent plusieurs cantiques de JEAN de Damas, fie COSME de Jérusalem, de MARC , évêque d'Idrus, de THBoPHANE, les Homerocentra d'EUDOCIE, un poëme anonymp sur l'Annonciation.
Aleander (Jérôme). -Sa collection gnomique.
Gnomologia : THEoàNis, PYTHAGORAS , PHOCYLIDES , Paris., 1512; in-4°.
Ouvrage très-rare.
------------------------------------------------------------------------
Allazzi ou Allatiiis (Léo). Quatre collections1. ISOCRATIS , ANTISTHENLS et aliorum Socraticorum Epistolæ, gr. et lat. Paris., 1637 , in-4°.
2. Allatii (Leonis) Excerpta grapcorum sophistarum et rbetorum. Romae, 1641, in-8°.
On trouve dans ce volume rare l'ouvrage d'HÉRACLITE, -jrtpt àmuTmv, celui d'un anonyme sur le même sujet ; LIBANII Narrationes XXXIX ; NICEPHOIUB BAS ILIAC.® Fabulae, Narrationes et Ethopœiae; SEVERI ALEXANDRINI Ethopœiae J THEODORI CYKOPOLITAE Ethopoeiæ; ADRIAKI Sophisue fragmenta ; CALLINICI fragmenta de laude Romæ; ISAACI COMNENI de Praetermissis ab Homero et Characleres; Anonymi de XII laboribus HercuEs; LEONTS Philosophi versus retrogradi ; NICOLAI COliCYRENSIS, JOAHSIS GEOMETRI et EMANUELIS PHlLB Epigrammata in crucem.
3. Allatii (Leonis) TIBERITTS Sophista, BERODIANUS, LUBONACTES (sic), ROMANUS, MICHAEL APOSTOLIUS, et alii de figuris rhetoricis J GEORGIUS CHŒROBOSCUS de tropis poetieis; GEORGIUS PACHYMERES de probatione capitum; Anonymus de figuris apud Hermogenem, et alii de rébus rhetoricis j gr. et lat. nunc primum editi. Romae, 1643, in-8°.
Nous avons placé ici le titre de cette collection, mais il est probable qu'elle n'existe pas, car personne n'a pu dire jusqu'à présent qu'il en a TU un exemplaire. A la suite de l'ouvrage d'Allazzi, intitulé Mensura temporum, se tnuve un catalogue der. productions de cet écrivain qui avoient paru jusqu'alors, ou qu'ou se proposoit de publier. Parmi les premiers, se trbuve-au na. 25 le litie qu'on vient de lire. Or, c'est d'après ce catalogue qu'il paroît que le recueil a été cité comme existant; s'il avoit véritablement paru e il faudroit que l'édition eût péri par un accident ou qu'Ai lazzi eût eu des motifs de la détruire.
4. Allatii ( Leonis ) Sû/Jtpxxa sive opuscula graeca et latina vetustiora et recentiora. Romae , i653, in-8°.
Ce recueil assez rare renferme les ouvrages grecs suivans, accompagnés d'une traduction latine : JOANNIS FXOCÆ compendiaria descriptio castrorum et urbium, etc. — EPIFHAÏTII Enarratio SJRIŒ , elc. — CONSTANTINI PORPHYROG. Basilius Macedo. — PEKDICCJE Exposiiio Tuematum, etc. Anonymus de locis Hierosolymitanis. JOANNIS ANAGNOSTAE de extieino
------------------------------------------------------------------------
Tliessalonicensi cxcidio Dissertatio. — Ejusd. Monodia de excidio urbis Thessalonicensis. -JOANNIS GAZ« Epislola ad Franc. Philelphium de origine Turcarum. Nous passons sous silence plusieurs ouvrages en langue latine qu'on trouve dans la même colleclion.
Le recueil d'Allatius est copié dans celui de Pasquali de 1733.
Arsenius, évêque de Monambasie" sous Léon X. Sa collection philosophique.
Praeclara dicta philosophorum , imperatorum et poetarum ab Arsenio archiep. Monamb. collecta, gr. Dialogus studiosi bibliopolae, et libri : PORTHYRIUS de plagiis philosophorum et rhetorum. JOANNIS TZETZŒ versus , gr. 2 vol. pet. in-Ba.
s. 1. et a.
Livre rare et dont ou trouve difficilement les deux parties réunies, dédié à Léon X. 11 doit avoir été imprimé avant 1.522.
Astronomica veterum scripta isagogica , gr. et latin.
C'est la même collection, dont nous donnerons le titre complet à l'article Commelin. Comme il y en a des exemplaires qui au lieu de ces mots: In ojjicina Commeliana, portent ceux-ci : In officina Sanctandriàna quelques auteurs, et nommément M. BUHLE (voy. Proleg. in Aratum , p. XXIII), ont cité deux collections Astronomiques en 1589.
Bandini (Ang. Maria). Sa collection gnomique.
TIIEOGNIDIS Sententiae, PHOCYLIDIS poema admonitorium, PYTIIAGORÆ aurea carmina. Gr. et lat. Floreut., 1766 in-Su.
Banduri ( Anselme). Sa collection d'historiens du Bas-Empire.
Nous en donnerons le détail dans le cours de notre Histoire.
Bauhini ( Casp. ) Gynaeciorum sive de mulierum affectibus
------------------------------------------------------------------------
et morbis scriptorum veterum et recentiorum collectio.
Basil., 1586, a vol. in-4°.
On y trouve plusieurs ouvrages qui ont été imprime's dans la collection' de Gasp. Wolf, antérieure à celle de Bauhinus. En auteurs grecs, celle-ci ne renferme que l'ouvrage de Moschion sur les maladies des femmes.
Bekher ( Immanuel).
1. Sa collection d'ouvrages inédits.
Anecdota graeca. Berolin., 1814 sqq., 3 vol. in-Bo.
Le premier volume renferme les six Lexiques dont parle Montfaucon ( Bibl. Coislin. p. 465, 46g, 48i, 488,491 et 496), savoir : 1°. È* tô>v
Le second volume contient: Apolloniï ALEXANDR. de conjunctionibus et adverbiis libri J DIONYSII THRACIS grammatica. Variorum giammaticorum ad eam scholia. Le troisième volume : THEODOSII Canones.
2. Collection d'orateurs, Oratores Attici, ex recens. Imm. Bekkeri. Oxon. e typogr.
Clarend., 1822 , vol. I—III, in-So.
Le vol. 1 renferme ANTIPHON, ANDOCIDE et LYSIAS. — Vol. II , ISOCRATES — Vol. UI, IS^irs , Binarcrus , LYCURGUS, JEsciiinbs , DEMADES.
Bénédictins (les). Leur collection.
Le P. Montfaucon a publié, sous le nom des Bénédictins de la congrégation de Saint-Maur, le premier volume seulement d'un recueil intitulé : Analecta graeca , s. varia opuscula graeca hactenus non édita.
Lut.-Paris., 1688, in-4°.
Ce volume renferme principalement des ouvrages d'écrivains ecclésjasti-
------------------------------------------------------------------------
ques, mais aussi un fragment TTE la Géométrie de HÉRON , le Rationarium de l'empereur AUGUSTE, et celui d'ALEXIS I COMNÈNE.
Boissonade ( J. Fr. ). Sa collection de poètes.
Poetarum graecorum Sylloge. Paris., 1.823, in-32.
Cette collection, qui, sous le rapport typographique, appartient à ce que l'art a produit de plus élégant, donne îdes textes critiques revus par l'éditeur, et imprimés avec le plus grand soin. Les volumes qui en ont paru renferment : Vol. I, ANACREONTIS reliquiae ; BASILII, JULIANI , PAULI SILENTIARII Anacreontica. Vol. II, THEOCRITUS, BION, MOSCHUS
Vol. III, THEOGNIS, CALLINUS, TYRTÆUS, MIMNERMUS, SOLON, PHOCYLIDES, SIMONIDES, NAUMACHIUS, les vers dorés de PYTHAGORAS, les fragmeus de LINUS, PANYASIS, RHIANUS, EVENUS , ERATOSTHÈNE, les sentences des poëtes comiques et les sentences monostiques.
Brunch (Richard- Firanç.-Philippe ). Ce savant a publié deux collections.
1. Analecta veterum poetarum graecorum. Argentorati, 1776, 3 vol. in-Bo.
Outre l'Anthologie de CONSTANTIN CEPHALAS (excepté toutefois la IT* et la 8e section) et toutes les autres épigrammes connues (excepté celle de Diogène Laërce) ce recueil renferme ce qui reste des poètes suivans : ARCHILOCHUS, ARION, PHOCYLIDES, CALLISTRATUS, SAPPHO, ERINNE, NOSSIS, PRAXILLE, ANITE, M YRO OU Mapo, THEOCRITUS, BION, MosCHUS, CALLIMACHUS, SOLON, TYRTJEUS, ANACRÉON , SIMONIDES, BACCHYLIDES, ALCÆUS, RHIANUS , HEDYLE, ORPHEUS , et des Elégies d'toN de Chios; l'hymne à la Vertu et le Peplus d'ARISTOTE, les hymnes de PROCLUS le Lycien.
2. H5tx*) Tzoir.aiz, sive Gnomici poetae grseci, ad optimorum exemplariumfidem emendati. Argent., 1778, in-12. (Réimprimé avec additions et corrections de M. God. Schoefet- à Leipzig, 1817, in-Bo.) On trouve dans ce recueil THEOGNIS, CALLINUS, TYRTJEUS , MIMNER !tIIJS, SOLON, SIMONIDES, PYTUAGORAS, PHOCYLIDES, NAUMACHIUS,
------------------------------------------------------------------------
des fragmens de LINUS, PANYASIS, RUIANUS, EVENUS, Callimachus , Eratosthenes Menec rates , POSIDIPPUS, METRODORUS, l'hymne de Cléanthes, les Œuvres et les Journées d'HÉSIODE, les sentences des poëtes comiques et,les sentences monostiques.
Cambefis (Fr.). Sa collection d'historiens du Bas-Empire.
Nous en rendrons compte dans le cours de cette Histoire.
Camerarius ( Joachim ) Ses cinq collections.
1. Collection astrologique.
Astrologica ex Hephaestione, Vettio Valente et aliis, gr. et lat.
Norimb., 1532, in-4°.
Ce volume renferme 1°. l'ouvrage anonyme intitulé: Description du passage du soleil par les douze signes du zodiaque; 20. des extraits d'HEPHAESTION ; 3°. l'ouvrage anonyme sur la signification des planètes dans chaque signe du zodiaque ; 4°. un fragment de VETTIUS VALENS, en latin seulement ; 50. les 'JA-RPOPAQ^oaTcxic, attribués à HERMis TRISMÉGISTE.
2. Collection alèxipharmaceutique.
De Theriacis et Mithridaticis remediis commentariolus , item ad Pamphylianum de Theriaca libellus GALENI. Galene antidota Ahdromachi. Theriaca ANTIOCHI. Antisotus Phiionis conversa in latinum. Norimb,, 1533, in-Bn.
3. Collection épigrammatique.
'Emypâppa. TOC. éX\r,vv/.à rwv 7ra).atwv 7TOLÏ}TÛV xett ET: ne/, fia.. Epigrammata veterum poetarum atque epitaphia. Basil. 1538, in-Bo.
Ce volume ne contient pas l'Anthologie de Maximus PLANUDES; il renferme une collection d'oracles, d'énigmes et d'épigrammes, avec 1!Ot> peirocriticon d'AsTRAMFSYLUS , sans le nom de l'auteur.
e Proprement: Çammermeister.
------------------------------------------------------------------------
4. Collection épistolaire. 'Ex^oyÀ xat otv à7rxvSi&[ict âioLfàpctiv èirtcroXaiv êXXïmxMV x. t. X Tu- bingae, i54o, in-8".
On y trouve les Lettres attribuées à DION, ARISTOTE, Phalaris , Apolxouius de Tyane, PLATON, BASILIUS, etc. 5. Collections gnomiques.
1°. Libellus gnomologicus, bonarum utiliumque sententiarum generalem expositionem grœcam latinamque continens.
Lips., in-Bo. ( Sans date ).
C'est une collection de sentences tirées par Camerarius des bons auteurs grecs. On y trouve de plus l'ouvrage d'AGAPETUs, et celui de FalLADIUS sur l'inde.
2°. Liber scholasticus quo continentur Theognidis praecepta, PYTHAGORlE Versus aurei, PHOCYLIDIS praecepta, SOLONIS , TYRTÆI, Simçkidis et CALLIMACHI quaedam carmina. Basil., 1550, in-8°. Ibid., 1555, in-81.
Chapelet ( Claude). Sa collection de poëtes chrétiens.
Poetae graeci cliristiani, una cum Homericis centonibus., ex sanctorum Patrum operibus collecti et .utraque liagua seorsim editi in usum gymnasiorum Soc. Jesu. Paris. ,
1609, in-8°.
Outre les Homerocentra, on trouve dans ce volume les fragments du poëte tragique Ezechiel et de THBODOTUS, plusieurs ouvrages de JEAN de Damas , les hymnes de Jean le Géomètre, l'hymne à J .-C. de saint Clément d'Alexandrie, les ïambes de SIMEON le Métaphraste, la Destruction de Jérusalem de Nicéphobje XaNthopulus , et diverses poésies anonymes.
Çpcchii (Ant.) Grascorum Chirargicorum libri. SoRANi unus de fracturarum signis. ORIBASII duo de fractis et deluxatis e collectione NICETÆ ab antiq. et optimo cod. Florent, descripti, conversi atque editi. Florent., 1754, in-fol.
------------------------------------------------------------------------
Commelin ( Jérôme) et ses fils. Trois collections.
I. Collection astronomique.
Astronomica veterum scripta isagogica, gr. et lat. Insunt PROCLI Sphaera, ARATI Solensis phsenomena et prognostica. LEONTIUS Mecbanicus de constructione Arateae sphaerae, graece. Aratea phaenomena ex poet. interpretatione M. TULL. CICERONIS, FESTI RUFI AVIENI, GERMANICI CESARIS, cum commentariis incerti auctoris; veterum poetarum fragmenta astronomica ; C. JULII HYGINI Poetica Astronomica, etc. Heidelberg., 1589, in-Bo.
Ce volume, dont on trouve des exemplaires où à la place de ces mots : In Offic. Commelina , on lit ceux-ci : In oific. Sanctandriana, est fort rare.
2. Collection épistolaire, 1609, 3 vol. in-8°.
Jérôme Commelin imprima d'abord un volume intitulé : PHALARIDIS et BRUTI Epistolae , gr. et lat., 15g7, in-8°.
Ce volume renferme aussi les Caractères épistolaires de LIBANIUS ou de PROCLUS. Après la mort de Jérôme, ses fils imprimèrent : Epistolae HIPPOCRATIS, DEMOCRITI, HERACLITI, DIOGENIS. Nunc primum gr. ed. simulac lat. per Eilhardum Lubinum r 1601, in-Bo.
Epistolae APOLLONII Thyanei, ANACHARSIDIS , EURIPIDIS , THEANUB. Nunc primum gr. ed. simulac lat. per Eilh. Lubinum , i6o4, in-8°.
En ] 60g } ils imprimèrent un nouveau frontispice pour toute la collection, et nommèrent le volume publié par leur père, troisième volume.
On trouve rarement cette collection complète.
3. Collection lyrique.
HovemLyrici Graecorum,cura AEmilii Porti. Heidelb , i5g8, in-8°. (Réimprimé à Anjou, 1611, in~4°).
4. Collection érotique..
ACHILLIS TATII de Clitophontis et Leucippes amor. lib. VIII;
------------------------------------------------------------------------
LONGI Soph. de Daplmidis et Chloes amoribus lib. IV; PARTHENii Nie. de amator. aff. Iih 1, gr. et lat , 1606, in-Bo.
La dédicace est signée par Judas et Nie. Bonnuitus.
Coray (Diamant )' Bibliothèque grecque.
Cette collection, qui a été imprimée à Paris aux frais d'une famille grecque, les frères Zozyme, se compose des parties suivantes: 1 °. Le Prodrome, renfermant, en 1 vol. in-8°, les Histoires diverses d'ELlEN, les fragmens d'HERACLIDE DU PONT, et de NICOLAS DE DAMAS.
2°. La Bibliothèque hellénique même, dont ont paru les volumes suivans : Les Ethiopiques d'HÉLIODORE, 2 vol.
Les Discours d'IsocRATE , 2 vol.
Les Vies des hommes illustres de PLUTARQUE, 6 vol.
La Géographie de STRABON, 4 vol.
La Politique d'ARiSTOTE , 1 vol.
5°. Sous le titre de Parerga, M. Coray a donné : Les Stratagèmes de POLYEN, en 1 vol.
I.es Fables d'EsoPE et des fragmens d'ARCHiLOQCB , 1 vol.
XENOCRATE, 1 vol.
Marc-Auréle , 1 vol.
ONOSANDRE, 1 vol.
Cousin (Gilbert) chanoine de Nozeroi, Ou Cognatus. Sa collection Epistolaire.
Epistolarum Laconicarum ac selectarum farragines n. BasiL, i545, in-16. (Seconde édition i554.) Le premier fascicule renferme les lettres d'écrivains latins; le second des lettres originairement écrites en grec, mais seulement dans une traduction latine, et sans texte. Jean Buchler a copié cette collection dans son Thésaurus Epistolarum Laconicarum. Colon. 1606, in-12 , néanmoins avec quelques omissions.
Creuzer (Frédéric). Sa collection de fragmens historiques.
Historicorum graecorum antiquissimorum fragmenta. Collegit,
------------------------------------------------------------------------
emelldavit, explicuit ac de cujusque scriptoris aelate, ingenio, fide commentatus est Fred. Creuzer. HECATÆI Ristorica, itemque CHABONIS et XUTHI omnia. Iieidelbergae, 1806, in-8°.
Crispini ( Joan. ) vetustissimorum auctorutn Georgica , Bucolica et Gnomica poetnata quae supersunt, gr. et lat. Genevae, 1569, 3 vol. in-12. (Réimprimés en 1574,1584, 1600, 1612,1620, 1629, et peut-être plus souvent.) On y trouve HÉSIODE , TiitoGNirs, PHOCYLIDE , PYTHAGORE, SOLON T THÉOCRITE, SIMONIDE, MOSCHUS , BION, MusÉE. Dans l'édition de 1584, se trouvent les variantes de Théocrite, recueillies par Is. Hortibonus, c'est-à-dire Casaubon".
Cujas (Jacques). Sa prétendue collection épistolaire.
La collection des Epislolographes d'Aide fut réimprimée à Genève eu 1606, in-fol., avec une traduction latine que l'éditeur attribua faussement au célèbre Cujas.
Dasypodii (Conradi) Sphaericae doctrinae Propositiones, gr.
et lat. Argent. 1572, in-8°.
On trouve dans ce recueil : THEODOSIi libri III de sphaera, liber unus de habitalionibus, et libri II de diebus et noctibùs; AUTOLYCI liber de spbæra mobili, et libri II de ortu et occasu stellarum. BARLAAMI libri V logisticae astronomie.
Doçtrina recte vivendi ac moriendi. Voyez Wolf (Jérôme ).
------------------------------------------------------------------------
Eichhorn (Jean- Gad.). Sa collection ou plutôt sa Chrestomathie historique.
Antiqua historia ex ipsis veterum scrîptorum graec. narrationibus contexta. Lips. 1811. 4 vol. in-8°.
Ces volumes renferment un corps complet d'histoire ancienne , composé d'extraits des écrivains grecs , arrangés dans un ordre systématique et formant ainsi des narrations suivies. La marge indique l'argument) le livre et le -chapitre de l'auteur d'où chaque passage est emprunté) et la chronologie. On peut ainsi étudier l'histoire ancienne dans les sources mêmes , sans recourir à une foule de volumes. Quoique ce recueil ne soit pas une collection dans le genre de celles qui sont indiquées dans ce catalogue , et que nous ne soyons pas dans le es& de le citer dans le cours de notre histoire, nous avons cru devoir lui assigner une place ici, à cause de sa grande utilité à laquelle nous avons voulu rendre attentifs nos jeunes lecteurs. Chaque volume porte un titre particulier et un tableaij systématique du contenu d'après lequel on peut s'orienter. Le vol. I est consacré à l'histoire des empires et états d'Asie ; le vol. IL à celle de la Grèce ; les vol. III et IV à celle d'Italie. Dans le dernier ou trouve des tables trèsutiles.
Pour faire pendant à ce recueil, M. Eichhorn a publié : Antiqua historia 111 ipsis veterum scriptorum latinorum narralionibus contexta. Lips. ,
1811 , 2 vol. in-8°.
Etienne (Henri ). Nous citons onze collections soignées par ce savant typographe.
1. Collection de Dictionnaires.
Glossaria duo e sinu yelustalis erula, ad utriusque linguae cognitionem et locupletationem perutilia, etc. 157a, in-fol.
Ce volume, qui est regardé comme le sixième du Thesaurus lingus graecae de Henri Etienne, renferme 1° le dictionnaire latin-grec qu'on a nommé depuis Glossaire de PHILOXÉNE; 20 un autre glossaire grec-latin, qu'Etienne dit avoir trouvé dans quelques manuscrits de saintCyrille : il en est arrivé qu'on l'a nommé quelquefois Glossaire de saint Cyrille ; mais c'est une erreur , ainsi que nous aurons l'occasion de le faire observer; 3°. des extraits d'un troisième dictionnaire, intitulé : Glossarium B. Benedicti Floriacensis, peut-être parce qu'il a fait partie de la bibliothèque de l'abbaye
------------------------------------------------------------------------
de saint Floriacj 4°. deux dialogues grecs-latins; 5°. les inscrits de l'empereur Adrien, conservés par Dositheus Magisler.
2. Collection de Poésies philosophiques.
TloLnGiç Poesis philosophica vel alterae reliquise poesis philosophicæ, EMFEDOCLÏS, P ARMENIDIS, XENOPHANIS, CLEANTHIS, TIMONIS, EPICHARMI. Adjuncta sunt ORPHEI illius carmina qui a suis appellatus fuit h Seo "kôyoç. Item HERACLITI et DEMOCRITI loci quidem et eorum epistolse.
Paris. i575, in-Bo.
3. Collection de Grammairiens grecs.
Elle se trouve dans l'Appendix. de son Thésaurus grœcœ linguoe, et renferme les ouvrages des auteurs suivans : JEAN LE GRAMMAIRIEN, GRÉGOIRE DE CORINTHE; des extraits de PLUTARQUE; TRypnON; CYRILLUS on plutôt JEAN PHILOPONUS J AMMONIUS ; ORBICIUS ; HEROHIEN ; GALIEN.
4. Collection héroïque. 1
graeci principes heroici carminis et alii nonnulli. 1566.
in-fol.
Ce recueil renferme les poëtes suivans, la plupart en une nouvelle récension : HOMÈRE, HÉSIODE, ORPHÉE, CÂLLIMAQUE, ARATUS, NICANDRE, THÉOCRITE , MOSCIIUS, BION, DEJIYS LE PÉRIÉGÈTE, COLUTHUS, TRYPHIODORE, MUSÉE, THÉOGNIS , PHOCYLlDE, PYTHACORE, SOLON, TYRTÉE, RHIANUS , NAUMACHIUS, PANYASIS, EUPHORlON, AMTIMAQUE, LINUS, MIMNERME.
5. Collection de Rhéteurs.
POLEMONIS, HIMERII et aliorum quorumdam declamationes , nunc primum editse, 1567, in-fol.
Dans ce volume, on trouve les deux morceaux de POLBMON qui nous restent, les extraits d'HIMERIUS faits par PHOTIUS ( sans aucun des discours qu'on ne connoissoit pas encore) , le disceurs de DIODORE DE SICILE, intitule : Du combat de Cléonis et d'Aristomène ( Henri Etienne n'en connoissoit pas l'auteur ), et des exemples d'exercices rhétoriques , tirés d'APHTHONIUS, de TRÉON, de LIBANIUS.
------------------------------------------------------------------------
6. Collection mêlée.
Epistolia , dialogi breves, oratiunculae, poematia ex variis utriusque linguae scriptoribus, 1577, in-8°.
ON y trouve des lettres de BRUTUS, APOLLONIUS , PHALARIS , JULIEN, SYNESIUS , DENTS le sophiste, ST.-GRÉGOIRE de Naziance, ST.-BASILE , LIBANIUS, LUCIEN; des morceaux de DION CIIPYSOSTÔMR,, ARISTIDE et TnEMisnus, dçs églogues de THÉOCRITE, MOSCHUS et BION.
7. Collections historiques.
1°. Scriptores graeci XIPHILINUS et HERODIANUS, gr'. et lat. et sex latini scriptores historise Auguste et AMMIANTJS MARCELLINUS. Paris., 1544, 4 vol. in-8°.
Cette collection est citée par Fabricius (Biblioth. gr. vol. XIII, p. 620 , anc. éd.) ; mais il paroît qu'elle n'existe pas.
2°. Varii historiae r-omanæ scriptores, partim graeci partim latinij in unum corpus redacti. Paris., 1568, 4 vol. in-8°.
Cette collection ne renferme d'autre ouvrage grec que XiPHILIN et HÉRODIEN.
8. Collection d'Orateurs.
Oratorum veterum orationes, gr. et lat. Paris. , 1575, in-fol.
ISOCRATE et DÉMOSTHÊNE manquent dans cette collection.-
9. Collection- de poésies gnomiques.
Comicorum graecorum sententiae. Paris., 1569, in-12.
10. Collection de Médecins.
Medici artis principes post Hippocratem et Galenum, lat.
Paris., 1567 , 1 fol.
Les auteurs grecs dont il se trouve des traductions dans ce recueil , sont ARETAEUS, RUTUS, ALEXANDER TRALLIANUS, PAULUS JEGIN^TA , CASSIUS , ORIBASIUS, SEXTUS , ACTUARIUS , NICOLAUS MYREPSTJS , ANONYMUS de podagra, AETIUS , PHILARETUS , THEOFHILUS.
11. Collection lyrique.
Carminuun poetarum IX , lyricae poeseos principum, frag-
------------------------------------------------------------------------
menta, gr. et lat. Paris., 1560, in-18. (Réimprimé en 1566, i586, et par Paul Etienne en 1600 et 1612.) Ce recueil renferme ALCÉE, SAPPHON, STESICHORE, IBYCUS, ANACRÉON, BACCHYLIDES , SIMONIDE, ALCMAN , PINDARE.
Etienne (Robert). Collection pour l'histoire ecclésiastique.
EUSEBII ecclesiast. historiae libri X. Ejusd. de vita Constantini libri V. SOCRATIS hist. eccles. libri VI. THEODORITI hist.
eccles. libri Y. Collectaneorum ex hist. eccles. THEODO RI Lectoris libri II. HERMll SOZOMENI hist, eccles. libri IX.
EV.AGRII SCHOLASTICI hist. ecclesiastica. Graece. Lutet.Paris. Excud. Bob. Stephanus ,1544, in-folCette même collectiou a été réimprimée à Genève en 1612 in-fol. ,
avec la traduction de Jean Christophorson, évêque de Chichester, qu i avoit paru séparément à Paris en 1570, et avoit été réimprimée depuis plusieurs fois.
« Favre ( François). Sa collection morale.
Ce libraire de Lyon fit imprimer à Genève, 1609) in-fol., une Collection de moralistes grecs, sous le titre de Sententise ex thesauris Graecorum delectae.
Ce recueil comprend toute l'Anthologie de JEAN STOBÉE ( les églogurs physiques et morales, et les discours moraux), le dialogue de CYRUS TiieonoRus, de l'Amitié exilée ; deux dialogues de PLATON, de la justice et si la vertu peut être apprise; et des recueils d'ANTONius MELISSA et de S. MAXIME. febribus Fernelii '( Joan. ). Medicorum antiquorum qui de febribus scripserunt, collectio. Venet., 1576 et 1594,in-fol.
On y frouve les opuscules sur les fièvres d'HIPPOCRATE, ORIBAUUS NONUS , PAUL d'Egine, ALEXAÏRA>AE# de Tralles, AETIUS.
------------------------------------------------------------------------
Fispher ( Jean-Fréd.). Sa collection de Rhéteurs. Voy. Gale.
Fortlage ( François-Arn. ) Sa collection gnomique. Voyez Glandorf.
Franzii ( Joan.-Georg-Fred. ) Scriptores physiognomoniae yeteres; ex recensione C. Perusci et F. Sylburgi, gr. et lat. Recensuit, ailimadversiones Sylburgi et D. G. Trilleri in Melampodem emendatiores addidit suasque adspersit notas, etc. Altenb., 1780, in-Bo., On y trouve ARISTOTE, POLÉMON, Adamahtius et Melamfus.
Froben (Jean). Ses collections.
1. Collection de Fabien et mélanges.
jesori fabellae, gr. et lat, cum aliis opusculis. Basil., 1518 , in-8°. (Réimprimés en 1524, i53o, i538, 1541, 154-6, 1549, 1550, in- 0 ).
Outre Esope, on y trouve BABRIAS, la Batrachomyomackie d'HOMÈRE, MusÉE, AGAPETUS, le ferment d'HIPPOClXATE; LA Galeomyomachie s'y trouve comme tragédie d'ARISTOBULUS APOSTOLIUS.
2. Deux collections gnomiques.
Scriptores aliquot gnomici, iis qui graecarum litteraruua candidati sunt utilissimi : AESOPI vita cum fabulis; GABRIÆ Fabulaej Agapetus; illustrium virorum Senlentiae quaedam philosophicæ. HEsioDi opéra. Theognidis Sententiae elegiacae. PYTHAGORÆ carmen vere aureum. PnOCYLIDIS sanctissima Praecepta, carmine heroico, etc. Basil., j 521 , in-8".
Indépendamment des auteurs nommés sufle titre ce volume renferme des sentences de 67 poètes.
Caiximachi Hymoi, cum scholiis. Accedunt sententise ex
------------------------------------------------------------------------
divérsis poetis, oratoribus, et philosophis collectae. Basil., i532,in-4°.
, A La collection des sentences grecques qui se trouve à la suite de cette édition de Callimaque, a été soignée par Mathieu Aurogallus. Elle est très-complète , et renferme entre autres beaucoup de passages ,des Sermones de Stobée , d'après un bon manuscrit, et ainsi d'une manière préférable au texte qu'on trouve dans l'édition justement décriée de Conrad Gesner.
Gail ( Jean-Bapt. ). Collection d'auteurs grecs, en i4 vol.
in-18. Paris, 1795.
Bion et MOSHUS, 1 vot. — Thèocrite, 2 vol. —Républiques de Sparte et d'Athènes et traité de la Chasse de XENOPHON, 2 vol. — Mythologie dramatique de LUCIEN, 5 vol. — CallimaquE, arvol. — ANACRÉON, 4 vol.
Gaisford (Thom.). Sa collection de petits poëtes.
Poetse minores graeci. Praecipua lectionis varietate et indicibus locupletissimis instruxit Thom. Gaisford. Oxon., i8i4, 1816 et 1820 , 4 vol. in-8°.
Le premier volume renferme HESIODE, THÉOGNIS, ARCHILOQUE, SoLON, Simonide , Mimnerme, CALLINUS, TYRTÉE, PHOCYLIDE, NAUMAchius, LINUS , PANYASIS, RHIANUS,. Evenus et PYTHAGQRE; le second contient TnÉocRITE, BioN et MOSCHUS. Dans le troisième, on trouve les Scholies sur Hésiode, et dans le quatrième celles sur Pindare. -
Gale {Thomas). Il existe trois collections de ce savant Anglais.
1. Collection d' histoires fabuleuses.
Histonae poeticae scriptores antiqiii : Apoi/lodorus àtheniensts, CONON GRAMMATICUS, Ptolejusus , Hephaestionis fiLIUÏ -, Parthekius N.TcxE.Nsis, Antoninttjs Ljberalts. Gr. et lat. Accessere breves notae et indices necèssarii. Paris., 1675 , in-.8°.
------------------------------------------------------------------------
2. Collection de Rhéteurs.
Rhetores selecti : Demetiuus PHALEREUS, Tieerios rhetor, anonymus sophista, SEVERUS ALEXANDRINUS. Gr. et lat.
Oxon., 1676, in-8°. — Iterum edidit J. F. Fischer. Lips., 1773, in-8°.
Les nombreuses fautes de l'édition d'Oxford sopt répètes dans celle-de Leipzig , et augmentées d'un bon nombre de nouvelles. Cette dernière' a été laite avec une si grande précipitation, que dans la table on n'a pas seulement pris la peine de changer les pages , de manière- qu'elle ue se rapporte pas à l'édition de Leipzig.
3. Collection mythologico-physico-éthique.
Opuscula mythologica, physica et ethica. Cantabrig..1671. et Amstelod. 1688, in-8°.
On trouve dans ce volume Palephate , HERACLITE , les-Catastérismes d'ERATOSTIIIàNE- i Phitilntîtus, SALUSte , la Vie d'Homère," les Allégories homériques d'HÉRACLIDE du 1-ont, Ogellus Luc.qiTJ&, Tiiçée 4e Lpcres, les Caractères pe THÉOPHRASTE, DEMOPHILE, Démôprite , SEpujïDtJs , SEXTUS, et les fragmens des Pythagoriens , tjvés'des Discours de Stobée , avec teurs Lettres.
Gesner ( Conrad). Trois collections de ce célèbre philologne.
r. Collection de Sentences.
Sententiarum s. capitum theologicorum ex sacriç et iprçfalJis libris tomi Ill, gr. et lat. Tiguri, 1546, in-fol.
On y trouve entre autres les Anthologies de St.-Maxi&e et 'fl'Ajtoiîius MELISSA, et le discours de Tatie* contre le«'G<;nûls,
2. Collection chirurgicale.
Chirurgicorum velerum collectio- Tiguri, i55o, ip-fol.
Cette collection ne renferme que des ouvrages latins. On y trouve la traduction faite par ViAis-t Vidiui de l'ouvrage de Qalieij ries ligainegs ; et des traités d'ORiBASE de laquei et de machinamentis.
------------------------------------------------------------------------
3. Collection dJ Orthodoxes. j Opuscula .Theologorum graecorum veterum graece scripta.
Tiguri, 1559, in-fol.
L'ouvrage d'AGAPETUS se trouve dans cette collection.
Giunta ( Philippe ) ou Zunta, en latin Junta. Ses différentes collections.
1. Collections grammaticales.
Enchiridion grammaticalis Introd. ex diversis scriptoribus confectum : Erotemata CHRYSOLORÆ. De verbis irregularibus. De formatione temporum, ex CHALCONDYLO. THEO- DORI gr-ammaticalis Introductionis in IV istarmn partiuin de Syntaxi. HERODIANI de Enclyticis S'ententiae monosticbse ex diversis poetis. CATONIS Romani sententiae instructive distichis expressse , quas yertitex latina lingua in gr- sermonem monachus PLANtTDEII. Florent., 1514, in-fol. J Réimprimé, avec quelques changeinens, en 1517, et de nouveau par Bernard Giunta en 1540.
Ce recueil a été soigné par Euphrosyne Bonini, médecin de Florence!
et professeur au Lycée de Pise.
CoNflTAUtiNi LASCAHIS de VIII partibus orationis liber I.
Ejusdem de Constructione liber II. Ejusdem ex îïôtnine et Verbo liber III. Ejusdem de Pronomine et omni idiomate loquendi ac ut poetœ utuntur opusculum. CEBETIS Thebani Tabula. PLUTARCÏII de bis QUŒ apud Homerum leguntur.
De Jifeeris gr. ac diphthongis; et quemadmodum ad nos venerint. De potestate litterarum gr. et quomodo quis per se discat legere gr. verba. Item quare Christus et Jésus sic scribamus : XPC. IHS. Cur in alphabeto hypsilon quibus dam fio dicitur. Oratio dominica et duplex salutatio ad beatiss. Virginem- Symbolum Apostoloruiu. Evangelium S. Joannis. Carmina aurea PYTHAGORÆ. PHOCYLIDIS poema tul bene beateque vivendum. Introductio perbrevis ad he-
------------------------------------------------------------------------
braicam linguam. Omnia hsec cum interprétations latina.
Florent., 1515, in-4°.
C'est Bernard Giunta, fils de Philippe, qui soigna ce recueil.
2. Collection gnomique.
HE8IODI castigatissima opéra. Flor., 1515, in-fol.
Outre Hésiode, 011 trouve dans ce volume THÉOGNIS ; Sententise ex di rersis poetis juxta alphabetum. Versus SYBILLÆ ERYTHRÉE de Ctristo les il
PYTHAGORAS. GREGOUII Theologi Senleuliae monostichæ.
C'est aussi Euphros. Bonini qui a soigné cette collection.
Giunta (Bernard) fils de Philippe.
1. Sa collection poétique.
MUSÆI opusculum de Herone et Leandro gr. et lat. ORPHEI Argonautica, hymni et de lapidibus. Sententiae ex variis poetis. HOMERI Batrachomyomachia. Florent., 15ig , in-8".
2. Sa collection grammaticale.
THEODORI (GAZÆ) grammatices libri IV et de accentibus liber.
GEORGII LECAPENI de Constructione verborum. EMJUANUELIS MOSCIIOPULI de constructione nominum et verborum.
Ejusd. de accentihus. HEPHAESTIONIS Enchiridion. Florent.
1026, in-8°.
Collection soignée par Ant. Francmi.
Giunta (Benoit). Sa collection poétique.
HESIODI Opera et Dies et Tlieogonia et Clypeus. TIIEOGNIDIS sententiae. SYIHLLÆ carmina de Christo. MusÆIopnscnlum de Herone et Leandro. ORPHEI Argonautica, hymni et de Lapidibus. PIIOCYLIDIS Parænesis, gr. Florent. , i54o , in-Bo, ( Contrefait à Venise par Farrea, 1543, in-8°. )
------------------------------------------------------------------------
Giupta.( Thomas ).
De Balneis omnia quae extant apud gr. lat. et arabes seriptores qui hanc materiam tractaverunt. Venét., i554, iu-fol.
Tous les passages des auteurs anciens ou. H est fait mention des bains , ont été recueillis dans ce volume. - :.
v ■ —————————
* Glandorff ( Eberh. Theoph. ) et Franç.-Arh, Fortlage. Leur collection gnomiquç. h Gnomicorum quorumdam poetarum yetustissimorum opuscula. Prsef. est Ch. G. Heyne. Lips., 1776, 2 vol. in-Bo, Le premier volume renferme lés-vers dorés de PYTHAGORE; le second, les fragmens de Solon. Ce volume a été soigné par Fortlage, le pi emitr par Glandorft
ôourmorit ( 'Gilles ) et Prànç. Tissard. Leur collection gnomique.
BibÀoç 57 yvapxyvpAlphabetum graecum. Regulse pronunïiândf*■gtfâeetim-. Senteatte septem sapiehttim. Opusctiïum - *ï&4ttfïdia-. Auteâ carmina P -rpiuGoR. m ; PHOCYLIDAE poe1—-mai admonitorium. Garmina SYHILLÆ Erythrée de judicio - GhriSti -tfcntuîOi Difîèfrentta; Yocnmsuccincta traditio. Paris.
1507, in-4°.
Ce volume est le premier livre grec qui ait été imprimé en France.
Gourmont en étoit l'imprimeur : KagflM^on tt ie-tt- les fonds et a dirigé l'entreprise.
Gronopius (Jacques). Sa collection de Géographes.
ÑOftS ftoqbeionè le détail de cette collection au chap. XVllI.
Grotii { Hugonis ) excerpta ex Tragoediis et Comcediis græ-
------------------------------------------------------------------------
cis, tum quæ exstanl, tum quse perierunt, emendataetlatinis versibus redacta. Cum notis et ihdice. Paris., 1626, in 4°.
Ce recueil renfermant tous les fmgmens du théâtre grec qui étoient connus du temps de Grotius , a besoin d'être .complété.
Gruteri (Jani) Florilegium ethico - politicum nunquam antea edjttum, etc. Francof., 1610, 3 vol. in-8° Cet ouvrage est indiqué ici à cause de la .riche collection de sentences et de proverbes, tirés des auteurs grecs, qu'il renferme.
Grynœus (Jean-Jacques). Sa collection d'écrivains sacrés..
Monumenta patrum orthodoxographa, hoc est Theologiae sacrosanclae ac syncerioris (sic) fidei doctores numéro circiter LXXXV, ecclesiæ columina luminaque clarissima, authores partim grœci, partim latini, etc. ..BafrIeæ, i56g, in-fol.
Ce recueil est plus riche que celui de Hérold quiavoit paru en i555 , et qu'il est destiné à remplacer. Comme celui-ci, il nous est étranger; néanmoins , il renferme les ÕuvTagen- grecs suivans , dont nous parlerons dans notre histoire : les oracles des Sybilles, et la Scheda regia d'Agapetus.
Grynœus (Simon). Sa collection de Médecins vétérinaires., Veterinariae medicinae libri II à J. Ruellio olim latinitate donati , nunc vero iidem sua , h. e. graeca lingua primum in luccpl édita. Basil., 1537 in-4°.
L'édition latine de Rue! avoit paru à Paris, i55o , in-fol,
Haller ( Albr. de ,). Principes artis medicae, cura P. R.
Vicatii. Editio II. Lausannse, 11 vol. in-80.
Les si> plumiers volumes de la première édition de ce recueil awient *
------------------------------------------------------------------------
été soi gués par- Haller même; les suivans l'ont été, sous sa. direction , par Vicat. Le recueil renferme , mais en latin seulement, HIPPOCRATE, Aretée j Alexandre de Tralles, RHAZÈS (avec CELSUS, et Cœlius AuRELIANUS J,.
Ilèrold (Jean). Sa double collection. 1. Collection morale.
'Collectio auctorum qui exempla virtutum vitiorumque conscripsere, gr. et lat. Basil., 1555, in-fol.
Comme nous ne connoissons ce recueil que par des catalogues, nous ne pouvons en indiquer le contenu. L'ouvrage d'ELiEN s'y trouve entre autres.
2. Collection d'Ecrivains sacrés.
Orthodoxographia theologiae sacrosanotse ac syncerioris (sic) fidei doctores numéro LXXVI, ecclesise columina luminaque clarissima , authores partim graeci, partim latini, 'etc., Basifeoe (i555) in-fol.
L'ubjei de cette collection nous étant étranger , nous ue serons dans le cas.de la citer qu'en parlant des Sybilles , d'Athenagoras et de Tatianus.
Hertel (Jacques). Sa double collection.
1. Collection gnomique.
Vetustissimorum poetarum gnomica poemata quae supersunt.
Basil., 1561; in-Bo. (Réimprimé depuis plusieurs fois à Êâle, Leipzig, Paris, Helmstaedt, Breslau, etc.).
Ce recueil renferme , en grec et en latin, les fragmens de SOLON, ThéoGNIS, PXOCYLIDE, PYTHAGORE, TYRTEE, NAUMACHIUS, Mimserme , Oax-limaque, Evenus, Rhianus, Eratosthénes , Panyasls, LINUS, MÉNÉCRATE, Posidippe , MÉTRODORE, SIMONIDE, les sentences des poëtes comiques, etc. Cette collection a été contrefaite à Yéione, 1616 , in-8°, sous le titre de Bibliothçca L. vetustissimorum comicoTum.
2. Collection de Poëtes comiques.
Vetustissimorum et sapientissimorum comicorum L, quorum
------------------------------------------------------------------------
- opéra integra non extant, sententiae qnae supersunt, gr. et lat. Basil. * s. a.
On pourroit appeler ce recueil une seconde collection gnomique.
Hœschel (David). Ses collections de petits Géographes et d'Extraits des Ambassades.
Nous donnerons des détails sur ces collections dans le cours de l'ouvrage, aux chap. XVIII et LXXXVII. - X
Hopper (Martin). Sa collection astronomique.
PROCXI de Sphaera liber 1; CLEOMEDIS de mundo s. circularis inspect. meteorum libri II. ^ATI Phaenomena. DIONYSII TI P h oenomena. DioNysii Afri descr. orbis habitabilis,gr. et lat. c. n. Martini Hopperi. Basil. i547,in-8°. (Réimprimé en i56i et i585,in-8°.) -
Hudson ( Jean). Son Recueil de petits Géographes.
Même observation que pour celui de Hœschel.
Junta. Voy. Giunta.
Kuncel ( Chri^.-Theoph. ). Sa collection de petits ouvrages grecs.
Auclores graeci minores. 'Lips. 17^6 x u vol. in-Bo.
On y trouve les fragmens d'HELLENICUS, l'ouvrage de DEMETRIUS CYDOME, ANTONINUS LI.BEB.ALIS , elyle Synopsis de PSELLUS.
Labbé (Phil. ). Eclogae historicorum de rebus Byzantinis quorum intégra scripta aut injuria temporum interciderunt aut plura continent ad Constant, liist, minus spectantia, gr. et lat.
Ce recueil, qui fait partie du premier volume des Historiens dits de
------------------------------------------------------------------------
Byzance, renferme OLYMPIODGRE , CANDIDE , THÉOPHANE, HESYCHITTS de Milet. -
Lectius ( Jac.). Ses deux collections.
l. Collection de Poëtes héroïques.
Poetœ graeci veteres, carminis heroïci scriptores qui exstant omnes. HOMERUS , HESIODUS , ORPHEUS , CALLIMACHUS, AKAT'US, NICANDER, THEOCRiTUS, MOSCHUS, BION, DIONYSIUS' CoiiiJTHus , TRYÏHIODORUS , MUSÆUS, THEOGNIS ; PHOCYLIDES, PYTHAGORAE aurea carmina , cum fragmentis alioJ'um, APOLLONIUS RHODIUS, OPPIANUS, COINÏUS SMYRN.ÆI.TBI NOUNI Dionysiaca. Apposita est e regione latina interpretatio, notae item et variae lectiones, etc. AureL Allobrog.
1606, in-fol.
2. Coïleeti&Ti de Poëtes divers, publiée après sa mort.
Poetae grseci veteres tragici, comici, lyrici, epigrammatarii, additis fragmentis ex probatis auctoribus collectis, nunc primum gr. et lat. in unum redapti corpus. Colon. Allobrog.
1614. 2 vol. in-fol.
Le premier volume renferme les trois poètes tragiques, ARISTOPHANE et le fragment de la tragédie p'EZÉCHIEL ; le seeond , P1HJI&.KJS , AhcÉE » SAPPHON , STESICHORE, -IBSTCV*, ANACRBON, BACCBXHnES, SIMONLDES, ALCMAN, ARCHILOCHUS, MELANIPPIDAS, TELESTAS , PONTINUS , les scolies DE TIMOCRÉON , HYBRIAS et ÀB.ISTÚTE, EJLÏKMÉ, ALPIIÉE, JULIEW d'Egypte , l'Idylle de THÉOCRITE sur la mort d'Adonis, LYCOPHROH , SYNESIUS, les Odes et Hymnes de 5. GRÉGOIRE de Nazianze, de S. JEAN de Damas, et de MAXIMUS MARGUNIUS ; PHILE de animalium proprietate , GÈOUGIUS PISIDAS de mundi opificio, Jo. TZETZÆ variarum historiarum liber, Florilegiam epigrammatiim les Hymnes de JBAW le Géomètre et de S. CLÉMENT d'Alexandrie, les Lambes de SIMEON-le Metaphraste.
Lenz ( Charles - Gotthold j et, Ch. Gadefroi. Siebelis. Leur collection d'Atthides.
1. PHILOCHORI Atheniensis librorum fragmenta. Accédant ANDROTIONIS i.rGc§oi reliquîae. Lips. 1811, in-8°.
------------------------------------------------------------------------
3°. PUANODEMI, DEMONIS 3 CLITODESII atqae JSTRI ATdiSav et reliquorum librorum fragmenta. Accedit prolusio scholastica de AT0T&UV scriptoribus, et additamentum ad PHILOCHOBI fragmenta: Lips. 1812, in-8°.
Leunrlavius (JealJ), proprement Lœwenklau..Ses deux collections.
1. Collection anti-hérétique.
MANU ELIS COMNENI Legatio-ad Armenos, s. Theoriani cum Catholico disputatio. Accedit LEONIS M. Epistola ad Flavia- nnru, J. DÀMÂSCENI Dialogus c. Manichaeios. LEONTII BYZANTINI historia sectarum, et CONSTANTINI HARMENOPULI de opinionibus hæreticorum, gr. et lat. liasil. 1in-8°.
2. Collectiun de Jurisconsultes.
!
Jas graeco-latinum, editum et locupletaturtl a Marq. FreherQ.
Francof. 1596.2 vol. in-fol.
Ce recueil contient les ouvrages suivans : Vol. I. CONSTANTINI HARMINOPUL: Epiiorue canonum. — Noyellae et Constitution es Augustales s. Jmperatorum graecorum de rébus ecclesiasticis.—Deçretorum Synodalium libri II. - Responsorum libri II.-—Item epistolarum et ententiarum de rébus ecclesiasticis ab episcopis et SS. patribus. — THEODORI BALSAMO NI S Responsa quinqul-. - M,&,rHmi ( BLASTARNI) Quaastiones et causas matrimoniales. — Edictuin JUSTINIANI djï fide et orthodoxia.,— HARMENOPULI liber de sectis, et fidei orthodoxa expositio. - Acta synodi ad Quercum.
Vol. II. MICHAELIS ATTAr.IAT.Æ Synopsis juris pragmatici. - LEONIS et CONSTANTINI ecloge Iegum: — Novellarum Augustalium liber de.rebus civilibus et judiciarits. — Responsi vëteris forttrala de etidis pactis, — Formula testandi vetus, cum IGimeorii NAZIANZENI testatnento. —\
Formula testandi recentior epitomata. —EUSTATHII liber de-temporalibus intervallis, cum sclioliis ANASTASII. -*Ex. Ruio leges mililares.—Xeges colonarîae s. georglcæ. — Jus navale Rhodiorum.
Libert (Jean), libraire à Paris. Sa collection poétique.
Vetustissimorum poetarum, HESIODI, THEOCHITI, THEOGNI-
------------------------------------------------------------------------
DIS, MoscHi, MUSAEI, BioNis, PHOCYLIDIS et àliorum opera georgica, bucolica, gnomica, gr. et lat. Paris., 1628, in-Bo.
Cette collection se compose de quatre parties, imprimées séparément, en 1627, pour lesquelles il a été fait un frontispice commun en 1628.
Lubin ( Eilhard ). Sa collection d'Epistolographes. Voyez Commelin.
Maîttairk ( Mich. ). Miscellanea Graecorum aliquot scriptorum carmina, gr. et lat. Londini, 1722, in-4°.
Ce volume renferme : MERCURII TRISMEGISTI vel ORPHEI Prognostica de terrae motu. — ZOROASTRIS Oracula. — ARIFHRONIS Paean in Sanitalem. — PROCLI Hymni IV. — ARISTOTELIS Paean in Virtutem. — HoMERI Hymnus in Apollinem. — Inscriptio Triopii ab HERODE ATTICO consecrati et Dedicatio statuse Regillae. — THEODORI PRODROMI Amicilia exulaus. — PLOCHIRI MICHAELIS pœmatium dramatiçum, MusaFum et Foitunae Querimoniam conLinens.
Dans les notes, on trouve encore les scholies de GEMISTUS PLETHON sur les oracles de Zoroastre; la traduction grecque de la quatrième Eglogue de Virgile par EusEBE, l'ami de Pamphile ; les hymnes d'ORPHÉE en l'honneur d'Hygiène, d'Esculape, du Soleil, des Musiii et de Vénus; les hymnes d'HoMÈRE en l'honneur d'Eseulape, du So., des Muses et d'Apollon; quelques épigrammes de l'Anthologie.
Maatthœi ( Chr.-Fred. ). Quatre collections d'ouvrages inédits.
1. Glossaria graeca minora, et alia anecdocta graeca, ex variis codd. edidit et animadversionibus illustravit. Mosquae, 1775, 2 vol. in-8°.
2. ISOCRATIS, DEMETRII CYDONE et MICHAELIS GLYC-E: aliquot Epistolae, nec non DIONIS CHRYSOSTOMI oratio nefi Aoyou ào-xigo-ewç, ex codd. edidit et. animadversiones ad jecit. Mosquae, 1776, in-Bo.
3. Lectiones Mosquenses. Lips., 1779, 2 vol. ln-BQ.
------------------------------------------------------------------------
La plupart des morceaux qu'on trouve dans ce recueil, appartiennent à la littérature sacrée. Nous remarquons seulement comme ouvrages profanes: Excerpta de auonymi libello medico. Yarise lectiones ad ARATUM.
Variae lectiones ad Cleomedis librum de Meteoris. Yariœ lectiones ad Plutarchi libros de Placitis philosophorum.
4. Medicorum XXI veterum et clarorum graecorum varia opuscula. Primo nunc ex Oribasii cod. Mosquensi gr. edidit, etc. Mosquœ, 1808, in-4°.
Les vingt-un médecins de ce recueil sont AGATHINUS, ANTYLLUS, Apoliohxus , ARCHIGENES, ATHENÆUS, CTESIAS, DIEUCllES, Dxocles ,■ H:EjtODOTUS., Justus, Lyctjs, MP.NEMAèHUS, les deux MNESITHEUS, OIUbasius , Philagritis ; Philotemius , PHILUMENUS, SAEINUS et XENOCRATES. C'est ainsi que nous les avons trouvés nommés dans une annonce de ce recueil, car nous n'avons pu voir le volume même. Ces mots : pri/no edidit, qu'on lit sur le frontispice , ne sont pas exacts quanta Xé.
v uocrales.. '-.
i
Meibomii (Marci) antiquœ rausicae auctores septem, gr. et lat. Amst. i652, ap. Lud. Elzev., 2 vol. in-40.
Les sept auteurs grecs de ce recueil sont Aristoxène , EUCLIDE, c'està-dire Cléonides , Nicomachius , ALYFIUS, GAUDENTIUS, BACCHIUS, et Aristides QUINCTILJANUS.
Meursius t Jean ). Sa triple collection.
1. Collection tactique.
ÆLlANI et LEONIS Imp. Taclica, gr. et lat. Accedunt praeliorum aliquot descriptiones et alia. Lugd.-Bat., 1613, in-4°.
2. Collection musicale.
Aristoxenus , Nicomach-ius 3 Alypius , auctores musices antiquissimi hacteaus non editi. Lugd.-Bat.1616, in-4°.
(Lud. Elzev.).
Edition peu estimée. 1
------------------------------------------------------------------------
3. Collection de Fabulistes.
Antigoni ÇARYSTII hist. mirah. CoUectanea; Apollonii DysCOLI hist. commentitiae liber; PHLEGONTIS TRALLIANI de rebus mirabilibus et de longsevis libellus, ac de Olympiis fragmentum, gr. et lat. Lugd.-Bat. 1620,in-4°.
Micyllus ( Jacques ) ou Mœltzer. Sa collection mythologicoastronomi que.
C. Julii HYGINI, Aug. liberti, Fabularum liber, ad omnium poetarum lectionem mere uecessarius et antp hac numquam excusus. Ejusdem Poeticon Âstronomicon libri IV quibus accesserunt similis argumenti Pal^fiiati de fabulosis narrationibus liber 1. — F. FULGENTII, Episc. Carthag. , Mytbologiarum libri III.--Ejusd. de vocum antiquarum interpretatione lib .I_—Arati$atv opivuv fragment un i,C»er m anico Cses. interprete. — Ejusd. Phaenomena, gr. cum interpret.
lat. — Procli de Sphaera libellus, gr. et lat. Basil., apud J. Hervag., 1535, in-fol.
Dans l'édition de 1549, in-fol., on trouve de plus Albricipliilosophi 5 de Deorum imaginibus liber. La même édition a été réimprimée en 1570, et avec des nouvelles additions, à Lyon, 1608 , in-So.
Mitscherlich ( Ch. Gu. ). Scriptores erotici grseci, gr. et lat.
Biponti, 1792 sqq. 4 vol. in-8°. Vol. I. Achillis Tatii de Clitophontis et Leucippes amoribus libri vin. - Vol. II et III. Heliodori iEthiopicorum libri X. — Vol. lr.
LoNGi Pastoralium de Daphnide et Chloe libri IV et XENOphontis Ephesiacorum de Amoribus Anthus et Abroeome libri V.
CHARITON et Edmathius manquent dans cette collection.
------------------------------------------------------------------------
Morel ( Guill. ). Sa collection gnomique.
E comicis graecis XLII deperditis sententiœ collectae , gr. lat.
Paris., 1553, in-Bo.
Moustoxydes (André) et Demetrius Schina. Leur collection de fragmens inédits , portant le titre suivant : ~U~Oyï] àn0<T77X<TU<XZUV àv £ y.(fôrwv E)^v]vixwv usri ariuEtwffewv, <r—o-jon AvJpsou A»î^ir:rptov 2^iva BvÇavTtou.
Je n'ai pu me procurer un exemplaire complet de ce recueil, dont je ne connois que des parties. Il paroît depuis 1817, à Venise, in-80, en petits cahiers de quelques feuilles. Les notes, dont le texte fait mention, sont écrites en grec vulgaire.
Nsander ( Michael) proprement Neumann. Ses-collections.
1. Opus aureum et scholasticum quo continentur haec : PYTHAGORJE carmina aurea; PIiOCYLIDlE poema admonitorium ; THEorNiiiis Megarensis Gnomologia; COLUTHI Helenae Raptus; TRYPHIODORI de Troiaeexcidio.Omnia graecolatina, etc. Basil., i559 > in-4.
Une seconde édition, qui a paru à Leipzig en 1577, en 1 vol. iu-4°, renferme de plus ce qui suit : 1°. Gnomologici graeci latini, libri duo j 2°. Apophthegmatum gr. libri duo; 5°. Trois chants de COINTUS SMYRKjEUS, ed. L. Rhodomanus; 4°. LUCIAWI Somnium s. Gallus. Au reste , ce n'est pas Néander lui-même qui a donné à sa collection le titre d'Opus aureum ; celui-ci est de l'invention d' Oporinus , son imprimeur.
2. Anthologicum graeco-latinum, h. e. insigniores flores, seu sententix decerptae ex HESIODO, TIIEOGNIDE, PYTHAGORA, Fuo CYLlE, ARATO et THEOCRITO, omnibus poetis vetustissimis et sapientissimis , et in locos prope bis centum digestae, cum dispositione, usu et accommodatione singulorum in njargine. His accesserunt praeterea etiam alii tres libelli ex scriptis PLATONIS, XENOPHONTIS et JUSTII MAR-
------------------------------------------------------------------------
TYJl.IS} philosophi, confecti-, omnes argumenti antiquissimi et jucundissimi. Basil., i556, in-80.
A ce volume , on peut en joindre deux autres publiés par le même écrivain , savoir : Aristologia Euripidea graco-latina, Basil. , i559 , in-4°.
Aristologia Pindarica graeco-latina, Basil., 1556, in-8°.
3. Gnomologia graeco-latina, h. e. insigniores sententiae philosophorum, poetarum, oratorum et bisloricorum, ex magno Anthologo J. Stobaei excerptae et in locos supra bis centum digestae. Accessit praelerea Somnium vel Gallus, clialogus LuciAizi, etc. Basil., 1557, in-80.
Cette Gnomologie n'est pas le même recueil qui, sous le titre de Gnomologici, a été ajouté à l'édition de 1577 de l'-Opus aureum, et dont il doit avoir paru une édition séparée à Bàle, 1564, édition dont l'existence est douteuse.
4. Loci communes philosophici graeci, sive doctrinae yeterum sapientum de moribus , de virtutibus praecepta denique et commonefactiones utiles et sapientes de omnibus fere illis quae in communi hominum vita usu venire soient, sententiae gravissimae, et de immenso numero lectissimae, descriplae ex omnibus fere graecis reteribus classicis ac probatis doetrina et sapientia auctoribus, libris videlicet sapientum philosophorum, medicorum, historicorum, geographorum, rhelorum, sophistarum, philologorum, poetarum ac patrum theologorum graecorum, enotationibus et bibliotheca viri clariss. Mich. JVeandri editse, op. et studio Jo.Vollandi.
Lips., i588, in-8°.
Volland ne fut que l'éditeur.
5. Catechesis Mart. Lutheri parva graeco-latina. BasiL, 1567, in-8°.
Nous pinçons ici le titre de ce volume , uniquement parce qu'il renferme une collection curieuse qui paioît avoir paru séparément vers lb63. tlle jorle le titre suivant : _Apocr)pha, h. e. uarraiioDes de Christo,. hlalia, Joseph , cognatione et
------------------------------------------------------------------------
familia Christi extra biblia , apud ctercs tamen patres , philosophos rel'erta. ex oraculorum ac Sibyllàrum vocibus , gentiutreetiam testimoniis, denique multorum veterum auctorum libris cfescripta , etc.
6. Synopsis mensurarum et ponderum ponderationisque mens tirabili titn, secunduii-i Romanos et Athenienses Fsuoyoi>ç ■/M i—-y~rJO:j; ex praestantissimis auctoribus hujus generis contracta. Basil., 1555, in-4a.
Nous plaçons ici le titre de ces extraits, parce qu'onles a quelquefois cités sous le nom de Neander ; niais ils ne sont pas de ce savant.
7. Argonautica, Thebaica, Troica, Ilias parva , pôemata gr.
auctoris anonymi sed pereruditi et incredibili planeque divina et Homerica facilitate et suavitate composita, ac nuper admodum sublata et prolata e bibliotheca summi et eruditi viri ubi diu liactenus delituerunt, et descripta non sine molestia et labore ex exemplari male scripto, et édita in usum studiosae juventutis. Accesserunt etiam singuli poematii argumenta et marginalia, quap et vicem argumenti longioris et versionis latinæ j uventuti praestare possunt.
Ed. Michael Neander. Lips., 1588, in-Bo.
Denys Petall) Jos. Barnès, et d'autres , ont reconnu ces poésies pour les productions d'un écrivain delà pluit haute antiquité. Le savant Fred.
Morel les réimprima comme telles, et avec une traduction et des notes.
La vérité est que leur auteur étoit Rhodoman.
Nevelet ( Is.-Nic. ). Sa collection de Fables.
MythologiaÆsoPlcA, in qua Æsopi fabulas gr. et lat. CCXCVII.
Accedunt GABRiiE fabulae auctiores, etc. Francof., 1610, pet. in-Bo.
Fabulae variorum auctorum, nempe ÆSOPI fabulae gr. et lat.
CCXCVII; APHTIIONII Soph. fabulae gr. lat. XL; GABRIJB fabulae gr. lat. XLIII; BABRL'E fabulae gr. lat. XI, etc.
Francof. 1660 , pet. in-8°.
Ces deux titl'es, imprimés à cinquante années d'intervalle , appartiennent au même livre.
------------------------------------------------------------------------
On y trouve la Vie. diEsope, communément attribuée à Maximus Planudes, jpais q8 n'est pas de ce moine; les 297 fables d'ESoPR, et les 4o d'AFHT,HO;NIUs. Ensuite Nevelet a donné 43 fables de GABRIAS et Il de BABRIAS. Nou& remarquerons à ce sujet que Gabrias est un nom corrompu ; que. des quarante-trois fables que Nevelet a publiées sous son nom, une seule, la 43e , ( de l'Hirondelle et du Rossignol i est de Babrias, et que les 42 restantes, ainsi que les il qui pffrtent le nom de Babrias, sont d'IGNATIUS MAGISTER. Les autres fables que ce recueil renferme , sont écrites en latin : nous ohservons seulement que les soixante fables que Nevelet donne comme étant d'un auteur inconnu , sont de Hildebert, archevêque de Tours, mort en n3i.
arc l iev è que de Tours, mort en 1131.
Obsopœus (Joannes ). Sa collection d'Oracles.
Cette collection se compose de deux volumes ou plulôt de deux ouvrages séparés portant les titres sui vans : ■ 1. Oracula metrica Jovis, Apollinis, Recales, Serapidis et aliorum Deorum ac vatum tam virorum quam femina-rum , a J.. Obsopœo collecta, itetii ASTRAMPSYCHI Onéiroçriticon a Jos. Scaligero digestum et castigatum. Gr. et lat. Paris., 1599, in-Bo.
Outre les oracles des dieux , ce volume renferme encore ceux d'AmplirL YTUS d'Ac:irna, de BACIS et de DroPITHUS , ainsi que ceux de PHAENKIS, PHEMLJNOE, XENOCLEA et dès PELIADES.
2. hSvï'XiY.QL Xpy¡crp.ol, h. e. Sybiliina oraeula ex velt. codd. aucta, renovata et notis illustrata a D. Jo. Obsopœo, Bret-
tauo. Cum mterpr. lat. Seb. Castalionis et "indice. Paris. ,
1599, in-Bo. (Réimprimé avec beaucoup de fautes en 1607).
Orelli (Jean-Conrad). Ses trois collections.
1.' Collection épistolaire.
Collectio epislolarimiBgrsecarum, gr. et lat. Recensuit, notis priorum interpretum suisque illuslravit J. C. Orelliiis.
Vol. 1. Epistolas Socralicorum et Pythagoreorum conti- nens. Lips., i8i5, in-8°.
------------------------------------------------------------------------
On trouve dans-ce premier volume les lettres de SOCIÉTÉ , d'ANTisTIIÈNE , d'ARISTIPPE, de SalON, d; ESCHINE ,.de XÉNOPfrON ,PLATON, PHÆD.RUS, PYT¥AGORE, LYSIS, THÉANO; AIÊMSSA,-MYA, le tout accompagné d'amples commentaires.
2. Collection de moralistes.
Opuscuta graecorum veterum sententiosa et morali;, gr. et lat. Collegit, disposait, emendavit et illustravit J. C. Orel,liiis. Lips., 1819 scjtj. "Vol ï etII^in-8°.
Le premier volume renferme, en ouvrages grecs j Ce qui suit: DEMOFHILI Similitudines. — SimilitucLïDes SocRATX ailscriptæ; — Similitudines PYTHAGORÉORUM. — DEMOPHILI Sententiae. — PYTHAGOREORTJM Sententiae. — PYTHAGORJE aurei versus. — POTHAGORES Symbola. — DEMOCKATis Sententiae. — DEMOCRITI fragmenta. - SepLeni Sapientum SéntenLiæ: - Vita Secundi. — SECUNDI Sententiag. — JOANNIS PEDIASIMI Desiïerium. — SEXTI Sententiae. — SEXTI 5. XYSTI Manuate. — PORTHYRII Epistola ad Marcellam. — Ejusdem fragmentuiil poeticum. SANCTI NiLi Capita. — GREGORII NAZIANZENI Sententiae. — TnEOCTiSTi Sententiae. — Sententiae variorum de invldia. — Vita breVls Pythagoræ.Auclarium Sententiarum Pythagoricarum. - Similitudiries et sententiae excerptae ex ANTONII et MAXIMI Collectaneis.
Dans le second volume se trouvent Anonymi Yita Isocratis.-IsoCR.ATIS quae fertur admonitio ad De^onicum. — DIOGENIS , CRATETIS et DEMONACTis Sententiae et Apophthegmata. — ARISTIPPI Sententiae. -- BIONIS IJORYSTHENETIS Sententiae.—Sententiae, Apophthegmata et exempla historica ex ARISTONYMI scriptis, ARISTOTELIS et DIONIS Chriis., SERENI seriptis.-Incerti cujusdam, vulgo SEXTI C »«APON-ENSIS, Dissertationes morales V. - ARCHYTJE fragmenta moralia. - Ex quorumdam Pythagoreorum libris fragmenta. - EUSEBII philosophi fragmenta.
3\ Collection, historique.
MEMNONIS historiarum Heracleae. Ponti excerpta servata Photio , gr. et lat. Ancedunc Scriptorum Heracleotarum ÎÎYMïïiiDis , PROMA.THID.IE" et DOM. CALLISTRAII fragmenta, veterum historicorumloca de rébusHeracleae Ponti, et CHIONIS Heracleota? quse feruntur epistolae, «d. vers. lat.
J. Caselii. Ad calcem accedit J. Casp. Orellii epistola critica in epistolas Socraticas et Pythagoricas. 4s. 1816, in-8°.
—————————-—— r ——————————
------------------------------------------------------------------------
Orsini ( Fulvio "Voyez Tirai nus.
Pcisquali (J.-B.). Sa collection d'Historiens du Bas-Empire.
Nous eu reudrous compte au cbap. LXXXVII.
Petavii (Dionysii) Uranologion seu Systema variorum auctorum qui de sphsera ao sideribuséorumque motibus graece commentati sunt. Lutet. Paris., 163o, in-fol. (Réimprimé à Anvers ou plutôt Amsterdam, 1703, in-fol. ) j Ce recueil renferme GBMINI Elementa abtronomiæ. — PTOLEMÆI de apparentiis inerrantium et sig-niiicationibus. — Ex ACHILLE TATIO Isagoge ad Arati Phaenomena. — HIFPARCHI ad Arati elEudoxi Phaenomena Enar- rationes. — Anorvymi ( vulgo ERATOSTHENIS vel HIPPARCHI ) ad Arati Phaenomena. —THEODORI G.AZÆ liber de mensibus. — S. MAXIMI brevis J enarratio christiani paschatis. — ISAACI ARGYRI de cyclis Solis ac Lunæ Computus. — S. ANDREW Methodus investigandi cycli solaris ac lunaris.
— Anonymi fragmentum de paschate. 1 Pizimenti (Dom. ). Sa collection d'ldeptes. j DEMOCRITUS Abderita de arte magna s. de rebus naturalibus.
Nec non SYNESII et STEPÏIANI Alexandrini et MICHAELIS PSELLI in eundem commentaria. Patavii, 1573, in-i2.
Le texte grec de ces on. ages ne s'y trouve pas. j Plantin ( Christophe ) imprimeur à Anvers. Sa collection j gnomique. * • Vetllstissimorum poetarum opéra-sententiosa qui- sapersunt.
Antwerp. ,i564,in-8°.
Ce recueil 1 enferme- PlIOCYLIDE. SOLON, TYRTÉE, NAUMACHIUS, MUINERME, CALLIMAQUE, RhIAUUS , ERATOSTHÈNEJ PANYASIS, LdNJTS, MENECRATE* POSIDIPPUS, âlETRODORE, SIMONIDE, etdes gnomes monostiques.
------------------------------------------------------------------------
Prévoteau (Etienne). Sa collection épistolaire.
Twv èyiwuûv èmçokûv Àvdoloybc. Paris, ex typogr. Steph. Prevoteau, i583, in-4°.
Ce volume renferme les lettres de CHION, de PHILIPPE DE MACÉDOINE,
d'ALEXANDRE-LE-GRAND , de DLOGÉNE, d'APOLLONIUS DE TYANE, de
PHALARIS, LIBANIUS BASILIUS, ST.-GRÉGOIRE LE THÉOLOGIEN, PHILOSTRATE; SÏNESIUS, J}^FTY§ LE SOPHISTE, ALCIPHRON , TjiÉQÇHY- - LACTUS, JULIEN , ISOCRATE , ANACHARSIS , etc.
- Reciding ( Giiill. ). Sa collection d'Historiens ecclésiastiques.
EUSEBII PAMPHILI, SOCRATIS SCHOLASTICI, HERMINE SOZOMENI, THEODORETI et ÉVAGRII, itejn PHIJ.OSTORGII et TIIEODORI LECTORIS quae exstant, Historise ecclesiasticae , gr. etlat.
in ires tomos distributae. Henr. Faleçius textum gr. ex mss.
codd. emendayït, lat. rertit et annot. ilTustravit. Guîll.
Reading novas elacidaiiones, præsertimchronologicas, in hac editione adjecit. Cantabrig. 1720. 3 vol. in-fol.
Cette édition, qui n'est. guère plus qu'une copie de celle de Henri de Valois , même avec les faut es d'impressiop mon indiquées par yalois a été contrefaite à Turin, 1748, en 3 vol. in-fol. -
Reiske (J.-J.). Sa collection d'Orateurs grecs.
Nous en donnerons des détails au chap. XIX. ,
* Rigaltii ( Nicolai - Íf:'pxy.oO"Ópiov. Rei accipitrariae scriptores nunc primum editi. Accessit KUiloaÓptov, liber de curacanum. Ex biblioth. regia Medisea. Lutet. Paris., 1612, 3 vol. in-40. - -- , On trouve dans ce recueil : Toi-I- DEMETR.II PErAGOMENi ttpaxoao<ptov, - Opveoiyocpcov àypovxo-Kpov —•OpvEOcoçuov xtAtvcrrc ytyovbç nv àqiSt^.ov ."Pa.O"tÀtrot; Kupfov —■ Kuvouaycov rl wtpt xvvSv êm[UHFA. — DEMETRII I tpaxoa-oytov. — Toi. II. Cynosophii versio latina.— Epistola AVLLA, SYMMACHI et THEODOTIONIS ad Ptolemaeum regem de re acçip^traria ca-
------------------------------------------------------------------------
lalcmico idiomate. — De diversis gêneribus falconum, item de infirlllita- tihiis etmedicinis eorupn latine ex libro incerti a.uctoris de natura rerum.
— Vol. III. Jac. Aug. Thuani, de re accipitraria libri III, carmine herÓico-laline. scripta. — Hier. Fracastori Alion s. de canum cuva.
Ce recueil est assez rare.
Schœfer ( Jean - Godèfroi )..Corpus .poetarum groecoram in-18. — Corpus auctorum prosatorum, ip.-i6.
M. Tauchnitz, imprimeur à Leipzig, ayant conçu l'idée d'une suite d'éditions portatives des auteurs grec&# savoir: les poëtes in-18 et les prosateurs in-i6, s'eutendit pour l'exécution de ce projet avec M ..Schœfer > un des premiers hellénistes de cette ville et de l'Allemagne en général.
Celui-ci soigna une grande partie de ces éditions, ce qui est cause que nous les avons quelquefois citées sous le nom de ce savant. C'est, comme nous venons de le dire , une suite d'éditions détackées , réunies seulement par un titre général. Elles se distinguent par un excellent choix du texte qui, quelquefois, a été soumis à une nouvelle révision , par une grande correction dans l'impression , et par la nettele de l'exécution typographique. M. Schaefer n'a pourtant soigné que la collection des poëtes in-18 et les premiers volumes de celle des prosateurs in-16; mais il n'est pas le rédacteur de la seconde collection entreprise par M. Tauchnitz, et qui est d'un format plus grand. Nous parlerons de cette seconde collection à l'article de M. Tauchnitz. Depuis ce temps, M. Schaefer dirige l'entreprise de M. WeigeZ. (Voy. p. XCII).
Schneider ( A. ) Mou<JWVJ avdn sive poetriarum graecarum carminum fragmenta. Giessae, 1892, in-8°.
Ce volume renferme les fragmens de SAPPHO , ERISSE , MYRO , MYRTIS , CORINNE, NOSSIS, ANYTE, CLÉOBULINE, EURYDICE, JHEHYLE, IRENE et THEOSEBIE.
Schneider (J.-G.) Eclogse pbysicae historiam et interpretationem corporum et rerum naturalium continentes , ex scriptoribus praecipue grsecis excerptae in us. stucL juvent.
Jenae , 18oi in-80.
Le premier volume, consacré au texte, est divisé en deux sections ,
------------------------------------------------------------------------
l'uue pour l'bist. naturelle, l'autre pour la physique. On y trouve , dans un ordre systématique , tout ce que les-anciens auteurs renferment sur ces deux sciences. Le second volume contient les notes critiques et exégéli- ques. Elles sont parfaites, mais écrites en allemand.
Schotti ( Andr. ) ILzpoi/xtxj i'k\rivix.a.i. Adagia sive Proverbia Graecorura ex Zenobio-s. Zeijodoto , Diogeniano et Suidée collectionibus; partim edita nunc primum, partim latina reddita scholiiSque parallelis illustrata. Antwerp. ; 1612, in-4°.
Outre ce que le titre indique, ce volume renferme encore 353 proverbes tirés d'un manuscrit de la bibliothèque du Vatican d'un auteur ou compilateur chrétien, et 1345 proverbes métriques. En tout, on trouve dans ce recueil 4425 proverbes grecs.
Scriverius (Petrus). Sa collection d'auteurs militaires.
Veteres de re militari scriptores. Lugd. Bat. f 163.3, in-12 (Réimprimé .en 1644, in-12, et à Wesèl, 1670,in-8?.) Ce recueil ue renferme que trois écrivains grecs : ELlEN, PGLrE et ENÉE le Tacticien ; encore ne s'y trouvent-ils qu'en latin.-
Siebenhees ( J.-Ch.) Anecdota graeca e praestantissimis italicarum bibliothecarum codicibus descripta. Edidit et praefatus est J.. A. Gœz. Norimb., 1798, in-8°. On y trouve le Scholiaste de,Platon.- Libamii Óratio pro Oiyntptt).— Gemisti Plethonis emendata locoruni nonnulloruni Strabonis. — (NI- cephori BLEMMIDÆ) de forma, magnitudine etc. terras opusculuid. —
Theophrasti characleres ethici.
Spachii (ISl'ae1. J Gynaeciorupi collection. Argentin»-, 1-597 } in-fol. *
Cette collection -est-une réimpression de celle de Bauhinuç. Les ouvraGes qui y ont été ajoutés sont modernes.
» —■ li.
------------------------------------------------------------------------
Stephanus (Henr. etRob.) Voy.Etienne.
Sylburg (Fred.). Ses trois collections.
1°. Collection historique.
Rorûanae Idstorise "çcriptores mi nores. Franco f., 1588 s q q., Romanæ * 1588 sqq., 5 vol. in-fol.. • , Le troisième volume seulement contient des ouvrages grecs, savoir : les Fastes Consulaires ( en grec et en latin ), P-KANFUS , XIPHILIN , HÉRODIEN, ZOSIME^IÏS Césars de JULIEN ,t OLYMPIODORE, des extraits de SUIDAS.
a. Collection de petits poëtes.
Epicae elegiacaeque minorum poetarum gnomae, gr. ac lat.
PYTHAGOR-Æ scilicet, PHOCYLIDIS , SOLONIS et aliorum.
Francof., 1591, in-8°. (Réimprimé plusieurs fois depuis).
On y trouve-aussi les fragmens de NAU-MACRIUS, CALLIMAQUE, EVEÑU-B, RKIANUS, EFEATOSTHÈLÎE, PAJSYASIS , LINUS j MENECRATE, PoaiDiprue, MÉTRO no RE , SI-MOSIDE , AsTiMAcaus.
3. Collection gnomique.
Gnomographi. THEOGNIDIS-, PHOCYLIDlS, PYTUAGORlE, et aliorum poemata gnomica ; multis in locis correcta , additaque variantis scripturae notatM. Heidelberg., 1597, iri-Bo, chez Jer. Gommelin. ( Réimprimé à Francfort, i€o5, Genève, 161% in-i2j Lyon, 1612, in-12; Utrecht, 1651, )659, i€a3, 1742, 1748, in-12.)
Tauchnitz ( Charles). Sa co llection d'auteurs grecs.
Ce libraire de Leipzig commença à publier une collection de poètes - grecslu-18 et uie de prosateurs in-16, et ce fut M. Sahcçfer qui la soigna.
Sans pouvoir être citée, sous le rapport typographique , comme une production distinguée, elle vaut cependant mieux (surtout les exemplaires sur papier dit fin) que ce que l'on fait ordinairement dans ce genre en Allemagne ; mais elle est extrêmement recommandable tant .par le choix des textes ^ue-par J'extrême casHMAÎM. Nous citons cette double collec-
------------------------------------------------------------------------
lion, dans le cours de notre Histoire , tantôt sous le noii4 de M. ischœfer, tantôt sous celui de M. Taùchnitz. Nous observons seulement ici que les ouvrages ont paru détachés et ne forment collection que par un faux titre qui porte: Corpus poetarum gr. ad fidem optimorum librorum ed.
et Corpus auctorum prosatorum, etc.
Les exemplaires de cette double collection s'étaS; .épuisés, M. Tauchnitz résolut de la réimprimer dans un format uniforme, pour lequel il choisit un gr. in-18 ou petit in-12. Cette idée étoit fort bonne; mais ce que nous ne pouvons approuver, c'est que M. Tauchnitz s'avisa de les - stéréotyper. Il y a peu d'auteurs anciens dont le texte soit tellement épuré qu'on puisse le regarder comme établi et stable. Les recherches des critiques indiquent journellement des corrections qui doivent être faites: et c'est exclure presqu'entièrement ces améliorations que de stéréotyper les textes. Nous ignorons quel homme de lettres est à la tête de cette entreprise depuis que M. Schaefer s'en est retiré; nous ne pouvons pas non jîlus certifier la correction des textes, ni par notre propre expérience, ni sur le témoignage d'autrui; mats nourprévenons nos lecteurs que nous n'avous jamais cité cette collection stéréotype dans le cours de notre ouvrage. Il convient par conséquent d'indiquer les parties qui en ont paru.1. Poètes..ziEscH.YI.us ad. exemplar Glasguense. - ANACRBON et selecta quædam e lyricorum reliquiis , ewrec. et C. n. Brunckii. — Anthologia grœca, ad Pal. cod. fidem édita, 2 vol. — APOLLONIUS "'-HODIUS. —
ARJSTOPHAKES , 3 vol. — EURIPIDES e rec. Sam. Musgravii passimreficla", 2 vol. —HESIODUS.— HOMERUS, 4 vol. (la collection du manuscrit Bodleien., de l'éd. de M. Schsefer, n'y a pas été ajoutée ). PINDATtUS. —
Poetœ gr. gromici. — SOPHOCLES ad npt. libr. fid, accur. editus; acijectae sunt not. G. H. Schœfer. — THEOCRITUS , BioN'et MOSCHUS.
2. Prosateurs. ÆLIANI V. H., HERACLIEIS PONT. et NICOLAI DAMASC.
quœ supersunt. — JESCHINES orator. — ÆSOPI fobulae. — ANTONINl Comment. c. sel. v. lect. et adnot. crit. cur. J. M. Schultz.—APPIANUS, 4 voL - ARRIANI Exped. Alex.—D10 CASSIUS , 4 vol. — DEMOSTHENES , 5 vol.
- DIODORUS SicuLûs, 6 vof. — HERODIANUS. —:HXRODOTIJS , 3 voL — ISOCRATIS orat. et epist. 2 vol. — E.UCIAÎÎUS , 4 vol. — LYSIAS. — PAUSANIAS, 5 vol.— PLATO.c. schol.-a-Ilulmkenio colJeClis, 8 vol.—PLUTAUCHI Vitæ, 9 vol. -.PLUTARGHI op. moral. ex receus. Wyttenbach, 6 vQl. —
POLYBIUS , 4 vol. — STRABO > 3 vol. - THEOP.HRASTI Charact.., EPICTETÏ Manuale et CEBETIS Tabula. —THUCYDIDES, 2 vol. —XEÎTOPHO» , 6 vol.
Thevenot [Nie. Melchisedec). Sa collection raathématiSale.
Veterum Mathematlcorum, ATHENÆI, BITONIS, ApOLLODOHI,
------------------------------------------------------------------------
HERONIS, PUILONIS, et aliorum opéra, gr. et lai. pleraque nunc primum edita ex mss. codd. biblioLk. regiae. Paris, ex typogr. regia. 1693, in-fol.
Après la mort de Ijfrevenot, ce fut Phil. de la Hire qui acheva celle édition: il fut assisté dans ce travail par Julien Pouchard et Jean Boiuin de Villeneuve.
Tissard (Fr.). Sa collection gnomique. Voy. Gourmont.
Ufsini (Fulvii) Carmina novem illustrium feminarum: SArPHUS, MYRTIDI:>, PRAXILLÆ, EHINNÆ, CORINNE, NossiDIS , MYRUS, TELESILLÆ, ANYSJE, et lyricoruoi ALCMANI , laYCI" STESlCHORI, ANACREONTIS, ALC-ŒI , SIMONIDIS, BACCHYLIDIS. Elegiae TYRTÆI, et MIJUNERMI. Bucolica DIONIS et MOSCHI, latino versu a Laur. Gambara expressa.
CLEANTHIS, MOSCHIONIS aliorSmque fragmenta nunc primum édita. Antverp. ex offic. Christoph. Plawtini, 1Ô68, in-8°.
Ce volume est un livre très-rare. Nous parlerons , au cliap. LXXX Vil, de l'éclilion qu'Orsini a donnée des Extraits des Ambassades.
Valla ( Georgio ) interprete : NICEPHORI BLEMMIDJB Logica.
EUCLIDIS lib. XIV Elementorum. RYPSICLIS Amaphoricus.
NICEPHQRTJS de Asfrolabio. ARISTARCIII de magniludiuibus et distantiis solis et lunse. TimAue de mundo. CLEONID^ Musica. EDSEBIUS de Theologices ambiguitatibus. CLEOMEDES. ATIIENAGORAS de resurrectionè. ARISTOTELIS de Cœlo, magna moralia , poetica. RHAZIS de Peste. GALENUS de inaequali distemperantia, de bono corporis habitu , de confirmatione corporis humain, de praesagitura, de praesaSio" de succidaneis. ALEXANDER APHRODISJENSIS de causis.
------------------------------------------------------------------------
febrium. Psellus de victu liiynano/Venet. i488, chez Ant.
de Slrata , et 1498 in-fol. chez Simon Bevilaqua de Pavie.
Le texte grec d'aucun de ces ouvrages ne se trouve d'ans ce recutil.
Valois (Henri de). Sa double collection.
1. Collection d'extraits historiques.
La collection dite des Vertus et des Vices, pubjiée par Valois, Il'étoit pas un recueil rédigé par ce savant, mais c'est l'édition d'une section de
l'ouvrage composé par ordre de Constantin VI. Nous en donnerons des détails au cbap. LXXXVII.
2. Collection d'historiens ecclésiastiques.
Eusebii ecclesiasticze hist." libri X. Ejusd. vltae Constantini libri V. Sochatis libri VII. Theodoriti libri V. Collecta-
neorum ex hist. eccles. Theodori Lectoris libri II. Heumii Sozomeni libri IX. Evagrii libri VI. Textum gr. collatis .IV mss. codd. emendavit, latine vertit, et adnotationibus illustravit Henr. Valesius. Paris., 1659, in-fol. (Contrefait à Mayence 1672; réimprimé avec corrections et augmentations à Paris, 1677. Contrefait àÃmsterdam, 1746, in-fol.) L'édition deHeading (voyez p. LXXXV ) n'est guère plus qu'une répétition de celle de Valois.
: * - v Fascosanus TiiomjE Magistri, Phrynichi et Moschopujyi Eclogse atticarum vocum. JEliani et Orbicii de ratione acierum instruendarum, grsece. Lut. 1532, in- 8°.
Victorius (Petrus), ou Vettorio. Sa collection astronomique.
Hipparchi in Arati et Eudoxi Phaenoraena libri Ht Ejusd.
Calai, asterismorum. Achillis STASII (sic) in Arati Phae-
------------------------------------------------------------------------
nomena. AJRATI orta et fragmenta alior. velerum. gr. Florent. Junta 1567, in-fol.
Villoison (Jmn-Bapt.-Gasp. d Ansse de ) Anecdota graeca , e regia Parisiensi et e Veneta S. Marci bibliothecisdeprompta.
Venetiis, 1781, 2 vol. în-4°.
Outre le Violarium. d'EuDOCiE, on trouve dans ce recueil Je Jardin de roses de MACARIUS CHRYSOCEPHALUS, deux déclamations de CHORI- cius , un discours de PROCOPJ: DE GAZA , des fragmens du roman de CONS- * TANTIK MENASSES, d'un poëpie de GEORGE PACHYMÈRE } l'ouvrage d'un anonyme sur les Atticismes, uu morceau du gramipairien JEUDS HERODiANUS, rouvrage de PORPHYRE sur la prosodie, un ouvrage de JAMBLIQUE.
Vulcanii Bonaventuroe « Thesaurus utriusque linguae, h. e.
PHILOXENI aliorumque veterum autorum Glossaria lat. gr. *
et gr. lat. ISIDORI glossae latinse. Veteres grammatici lat. et gr. qui de proprietàte et differentiis vocabulorum utrius- j que linguae scripserunt etc. Ludg. Bat. 1600, in-fol. Ce volume renferme tout ce qu'on trouve dans la collection de dictionnaires de Henri tienne ( voy. p. LXI) , avec plusieurs additious. Dans lu nombre' de celles-ci nous citerons seulement l'ouvrage d'AMMONius des ] S Synonymes, un recueil de mots grecs qui, en changeant d'accent, changent aussi de signification ; un petit dictionnaire "grec des mots niili taires; et r^|«ne page d'ORBicius sur le même sujet.
Wallis (Jean). Sa collection mathématicale.
Ce célèbre professeur d'Oxford réunit dans le vol. III de ses Opera mathematica, qui parut à Oxford 1699 in-fol. , les divers auteurs grecs dont il avoit successivement donné des éditions. On y trouve les Harmonica de CLAUDE PTOLÉMÉE, PORPHYRE et MANUEL DE BRTENNB; l'Are- J narius etJa Dimension du cercle par ARCHIMtDE, avec le cdmmentaire d'EuTOCius j l'ouvrage d'ARISTARQUE de Samos sur la Grandeur et les Distances du soleil et de la lune ; le fragment du second livre de PAPPUS, le tout accempagné de la traduction et de notes critiques.
------------------------------------------------------------------------
fVeigel (J. A. G.) Bibliotheca clbssica poelarum grsecorum, in-il. - Bibliotheca classifca setiptorum, prosaicorum graecorum in-12. -
M. Weigel, libraire de Leipzig, conmi par plusieurs excellentes entreprises dans la partie de la philologie, a commencé, depuiîs une dixaine d'années, à publier, dans le format qu'on appelle en Allemagne petit in-8°, et qui revient à l'iu-12 usité en.France, une collection d'auteurs classiques grecs qui forme aujourd'hui une cinquantaine de volumes. L'EBRIPIDE de cette suite a été soigné par M. A. Matthice t le PAUSANIAS par M. Siebelis, le PLATON par M. Stallbaum, les Vies de PLUTARQTJE par M. J.God.
Schœfer, qui paroi t s'être voué à la direction de cette entreprise depuis qu'il s'est retiré de celle de ^A. Tauchnitz. La première ne pourra que gaguer par cet arrangement. Comme nous n'avons pas toujours cité les éditions de M. Weigel, uous allons en douuer ici la liste complète : Poëtes: Eschyle, Theociite avec Eion et Moschus, les Gnomiques, Callirfiaque , Anacréon avec plusieurs autres lyriques , Apollonius de Rhodes, Orphée , "Hésiode, Sophocle, chacun en 1 vol. ; Aristol)hane, en 1 vol. ; Euripide, en 4 vol. ; Homère , en 4 vol. Prosateurs : Eschine , en l vol. ;-Xénophon, en 6; Pausanias,en 5 ; Hérodote, en 5 ; Thucydide, en 2;. les Vies de Plutarque, en g ; Hérodien, en 1 j Platon, en 8j Démosthène J en 5 vol.
Winterton (Radulphi) Poetse minores græci HESIODUS, THEOCRITUS, MOSCHUS, ÇION SMYRNEÎÏSIS, SIMMIAS'RIIODIUS, MUSJEUS , THEOGNIS , PHOCY.LIPES ; PYTHACORAS, SOLON, TYRTflUS, SIMONIDES, RHIANUS et multorum aliorum poetarum gtiomse atque fragmenta, gr. et lat. Cantabrig.
1635. i652. 1671. 1677. 1684. 1700. Lond. 1712. 17%, in-80.
Ce recueil, dont on estime surtout les éditions de i651 et i684, con tient, outre les poëtes nommés au frontispice, NAUMACHIUB," PAIÏYASIS ,.
- ORPHÉB, MIMNERME, LINUS; les Ëpigrammes de C_4.LLIMA.QUE , EVENUS , ERATOSTH:ÈNE, MEHECRATE } POSIDIPPE, METRODORE; les fragmensde dirers poëtes comiques et gnomiques.
------------------------------------------------------------------------
Wolf ( Gasp ) Gynaeciorum s. de mulierum affectibus. et morbis scriptoram veterum et recentiorum collectio. Bas!!..
1566, in-4°.
On y trouve entre autres : Gasp. Wolfii Harmonia gynaciorum s. de morbis muliebrihus liber, collectus ex CLEOl'ATRA, ex MOSCHIONIS latiuo 'vetere interprete, ex libtoMatricisdiclo et THEODOIII PRISCIANI libro JII qui Gynaecia inscribitur. - Ex ALBUCASIS , medici Arabis, libro II. Methodi medendi capita septem de ratione Curandi aliquot affectus mulierum et extrahendi foetus. — EROTIS Muliebrium liber. — Nicolai Roch'ei liber de-Morbis mulierum curandis, collectus ex veterum. Graecomm lati-' norumque et Arabum monumentis. — TVIOSCHIOÏTIS de Morbis muliebribus liber; gr. — Anonymi medicamenta quædam adversus affectus cutis et capillorum capitis, gr.
*
Wolfii (Hier.) Doctrina recte vivendi ac morjendi. Basil., 1577 et 1586, in-8°.
On trouve dans ce volume, dont l'auteur ne s'est pas nommé sur le titre, GEORGE GEMISTUS PLETHO des quatre vertus, le morceau de DEMETRIUS CYDONE sur le mépris de la mort, une partie du Théétète de PLATON , l'ouvrage des Vertus attribué à ARISTOTE, deux chapitres de NEMFSIVS, VAxtochûs de PLATON, le tout en grec et en latin. Les traductions sont de Juste Wels, Adolphe Occo, Nicaise Ellebodius, Raph. Seller et Jér. Wolf.
Wolf (Jean-Christophe). Ses deux. collections.
1. Collection de morceaux inédits.
Anecdota grseca sacra et profana, ex codd. mss. primum in lucem edita, versione latina donata et notis illustrala ab J. Ch. IVolfio. Hamb. 1722 sqq. 4 vol. pet. in-80.
On y trouve, en auteurs profanes, viugt-cinq lettres medttcs de LIBANIUS , des fragmens de DAMASCIUS et le Traité de la noblesse par PLUTARQUE.
------------------------------------------------------------------------
2. Collection de femmes auteurs, «
SAPPHTTS , poetrise Lesbise, fragmenta et elogia qaotqaot in anctoribus antiquis graecis et latinis reperiuntur. Londini, iy33, in-4°.
Poetriarum VIII : ERINÑ-Æ, MYRUS, MYKTIDIS, CORINNE, TELESILLÆ, PRAXILLÆ, NOSSIDIS, ANTTÆ fragmenta et elogia , gr. et lat. Accedit God. Olearii Diss, de poetrii§ graecis. Hamburgi, 1734, in-4°.
Ces deux volumes se trouvent aussi avec ce titre commun: Noyem illustiinm feminaigim fragmenta et elogia , etc. Hamb. 1735.
Mulierum graecarnm, quae oratione prosa usae sunt, fragmen ta et elogia, gr. et lat. Accedit catalogus feminarum sapientia, artibus scriptisque apud Graecos, Romanos aliasque gentes olim illustrium. Goettingoe, 1739 , in-4°.
On y trouve les fragmens d'ÆsAR.-\., de PERICTIONE et de PTOXEMALS ; la Table des matières du Yiolarinm d'EirnociA, publié depuis par Villoison des lettres adressées à la philosophe HYPATIA ; la lettre atti ibuéc à LEONTITJM par AXÇIPHRON ; les lettres de MELISSA, MYIA et THEANO.
Xylandri ( Guil. ). ANTONINI IIIBEBALIS Transformationum congeries. PHLEGONTIS TRAEUAHI de Mirabilibus libellus; ANTIGONI Historia mirabilis, et MARCUS ANTONIKUS de Vita sua , gr. et lat..BasiI., i568 , in-8°.
7
Ziegleri ( Jae. ) Spbaera atque astrorum cœlestium iralic, natura et motus : ad totins mundi fabrications cognitionem fund/unenta, i536, in-4°. *
- Cette collection , sur le frontispice de laquelle ZiegleT 11e s'est pas lammé , ienferme : PROCLTIS de Spha-ra, gr. et lat. — LEONTIUS de Constructione Sphaeiœ Arat. gr. - ARATI Fbænomena, graece«cum schol. gr. —, P'l'OLPMÆI Planisphaer. lat, versum.
------------------------------------------------------------------------
TABLE DES COLLECTIONS
QUI SONT INDIQUÉES A LA 'SUITE DE L'INTRODUCTION, RANGÉES PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES ET DES RÉDACTEURS.
D'ADEPTES. Pizimenti.
Alexipharmaceutiques. Camerarius.
Anti-hérétiques. Leunclavius.
Astronomiques. Aide. Commelinus. Camerarius. Dasypodius. Hopper. Micyllus. Pelavius. Victorius. Ziegler.
Chirurgicales. Cocchi. Gesner.
Epistolaires. Aide. AllatÙu,. Camerarius. CommeLinua.
Cousin. Cujas. Lubin. Orelli. Prévoteau..
Erotiques. Commelinus. Mitscherlich.
De Fabulistes. Aide. F.robenius.
De Femmes auteurs. Schneider. 'Ursinus. Wolf ( J.Chï).
Géographiques. Gronovius. HœscheL Hudson'.
De Glossaires. Aide. Behher. H. Etienne. Matthœi.
17 ascosanus. Vulcanius.
Grammaticales. Aide. Behher. H. Etienne. Ph. Giunta.
Historiques. Banduri. Cambejis. Creuzer. Eichhorn.
H.,Etienne. R.Etienne. Labbe. Lenz.Orelli.Pasquali.
Siebelis. Sylburg. Valois.
D'Histoire ecclésiastique. H. Etienne. Reading. Valois.
D'Historiens fabuleux. Gale. Meursius. Xylandor.
------------------------------------------------------------------------
Juridiques. Leunciavius.
Loutriques, ou sur les Bains. Th. Giunta.
Mathématicales. Thèvenot. Wallis.
Médicales. Femelius. Haller. Malthœi.
— — Pour les efmmes. Bauhin. Spach. Wolf<"C.).
------- Vétérinaires. GryruBus.
Méiées. Allalius. Les Bénédictins. Coray. H. Etienne.
Gail. Gaisford. B. Giunta. Kiineol. Libert. Maittaire.
]J:fathœi. Sieberthees. Valla. Wolf (/.), TVolf(J.Ch.).
Moralistes. Arsenius. Favre. Gale. Hérold. Orelli.
Musicales. Meibomius. Meursius.
Mythologiques. Gale. Micyllus.
D'Oracles. Obsopœus.
D'Orateurs. Aide. Bekker. H. Etienne. Reiske.
Ornithologique. Rigault.
De Philosophes Péripatéticiens. Alde.
-- Platoniciens. Aide.
Physiognomôniques. Franz.
Physicales. Gale. Neander. Schneider.
Poétiques en général : Boissonade. Lectius. Schcefer.
Tauchnitz. Weigel.
Poétiques Bucoliques. Alde. Crispin.
--- Chrétiennes. Alde. Chapelet.
,--- Comiques. Grotius. Hertel.
——— Epigrammatiques. Alde. Brunch. Camerarius.
--- Géorgiques. Aide. Crispin.
--- Gnomiques. Aide. Aleander. Bandini. Brunck.
Camerarius. Crispin. H. Etienne. Fortlage.
Frobenius. Gesner. H. Giunta. Glandorf.
Gourmont. Hertel. Morel. Neander. Plan-
tin. Svlhurg. Tissard.
--- Héroïque. ^ÇEïiet^te^
TOME I. - g
------------------------------------------------------------------------
Poétique Lyrique. Commelinus. H. Etienne.
--- Philosophique. H. Etienne.
--- Petits Poètes. Brunch. Gaisford. Sylburg, Winterton.
De Prosateurs en général. Schœfer. Tauchnitz. Weigel.
De Proverbes. Gruter. Schott.
Rhétoriques. Alde. Allatius. H. Etienne. Fischer. Gale.
Sacrées. Gesller. J.-J. Grynœus. Hérold.
De Tacticiens. Meursius. rascosanus. Scriverius.
<
------------------------------------------------------------------------
HISTOIRE DE LA LITTÉRATURE GRECQUE.
------------------------------------------------------------------------
LIVRE PREMIER,
------------------------------------------------------------------------
LIVRE PREMIER.
Histoire de la littérature grecque, depuis les temps les plus
reculés jusqu'à la pr i se de la ville de Troie, 1270 atis avaiit. MPS FABULEUX.
ÉK.m— TRE PREMIER.
Origine de la population de la Grèce.—Etat de ce pays antérieurement à la prise de Troie.
LEs plus anciennes traditions sur la première population de la Grèce, auxquelles il soit possible de 1 La fixation de cette époque résulte du calcul d'HÉRODOTE. Le comte de Volney a prétendu que le père de l'histoire s'est trompé, et qu'il a estimé à quatre siècles les douze générations qu'il comptoit entre Homère et la prise de Troie, et qu'il aurait dû porter à trois siècles seulement. (Voyez Recherches nouvelles sur l'Histoire ancienne , vol. II, p. i63. ) Nous avouons que cette manière d'interpréter les paroles d'uu écrivain nous paroît forcée et arbitraire : elle n'a été imaginée que pour étayer le système de Volney, d'après lequel CTÉSIAS , qui place la guerre de Troie 3o6 ans avant la mort de Sardanapale, doit mériter plus de confiance qu'Hérodote , uniquement parce qu'il veut avoir la -dans les annales assyriennes que le roi Teutane , un des descendans de Ninus, envoya des secours contre les Grecs à Priam, son vassal. I\est vrai pourtant qu'Hérodote est tombé dans une erreur de fait, en croyant Homère contemporain de Lycurgue; mais elle n'influe pas sur son calcul. Au reste, on fixe communément la prise de Troie à l'année 1184 avant J.-C..
------------------------------------------------------------------------
remonter, semblent nous présenter toute la surface de ce pays couverte par les Pelasges. L'accore que nous croyons remarquer entre tous les documens historiques nous porte à penser que ce peuple a été la race primitive des Grecs Mais quelle est son origine et d'où est-il venu? Antérieurs de plus d'un siècle , nous ne disons pas à la tradition historique, mais à la tradition héroïque ou fabuleuse même , les Pelasges ont été fréquemment un des objets sur lesquels les recherches des savans se sont fixées; mais en vain la curiosité s'est-elle efforcée de pénétrer les nuages dont le berceau de ce peuple est entouré. Lorsque la vérité se cache obstinément à nos yeux, il est permis aux hypothèses de prendrè sa place.
Deux systèmes sur l'origine des Pelasges, entièrement opposés l'un à l'autre, se disputent la préférence. Une de ces opinions est séduisante, parce qu'elle se trouve en harmonie avec nos connoissances sur les moyens que la Providence a employés pour peupler l'Europe, nous avons presque dit le monde. Tout, en effet, nous porte à croire que le genre humain a pris naissance sur ce plateau qui , se dirigeant de l'est à l'ouest, partage l'Asie en deux parties inégales , et se termine au mont Caucase. Or, c'est précisément de cette éléva-
d'après ERATOSTHÈNE et DENYS d'IlaliCarnaue, qui disent qu'elle pré- 1 cède de 4oy ans la première olympiade. j
STRAJlO, lib. VIII. § 10 ( ed. Tzschuck. vol. II. p. 4yc ). 1
------------------------------------------------------------------------
lion 1. que le système dont nous parlons fait venir les Pelasges.
A une époque qui se perd dans la nuit des temps, une catastrophe qui nous est inconnue, un bouleversement de la nature, ou peut-être une surabondance de population, ébranla les nations nombreuses qui avoient leurs sièges entre le Pont-Euxin et la mer Caspienne, et les força à chercher de nouveaux domiciles dans des régions plus occidentales. Cette émigration fut sans doute successive : il se peut qu'elle ait duré plusieurs siècles. Les contrées qui s'étendent depuis le Borysthène jusqu'à la Propontide paroissent avoir été le point où cette multitude de barbares, venue de la Haute-Asie, se partagea pour aller se disperser en divers climats.
Une partie d'entre eux , continuant à se diriger
1 Les hauteurs du Tibet, élevées de quinze à vingt mille pieds audessus du niveau de la mer, jouissoient sans doute d'un climat plus doux., lorsque les eaux, couvrant encore les vallons, favorisoient et multiplioient la réverbération des rayons du soleil, et que les hautes montagnes, les vallées profondes, les déserts, les lacs, et d'autres causes qui aujourd'hui produisent des orages et de fréquens changemens de température, n'existoient pas encore dans leur état actuel. Ces hauteurs, beaucoup moins élevées alors au-dessus du niveau -de la mer, ont été probablement le premier berceau du genre humaiu. Les montagnes d'Arménie, élevées de douze mille pieds, en furent le second. C'est de ce point que l'Europe reçut sa population. Voyez P. Fr. Kanngiesser, Grundriss der Alterthumswissenschaft. Halle, 1815, in-8°. Cet auteur établit un système tout nouveau sur l'origine de la population de la Grèce. Il le soutient avec esprit et érudition; mais il renverse tout ce que les écrivains les plus anciens et les plus judicieux nous ont transmis de plus positif sur l'histoire ancienne de ce pays. Par cette raison, nous avons cru devoir passer sous silence sa théorie dans un ouvrage élémentaire tel que le notre.
------------------------------------------------------------------------
vers l'ouest, allèrent s'établir dans les monts Carpathiens (monts Krapaks ) , qui devinrent le berceau particulier de la population européenne : car ce fut de là que, par la suite y l'Italie aussi bien que l'Epire , ou la partie occidentale de la Grèce, recurent leur population; tandis que d'autres tribus, remontant le cours du Danube, en longeant sa rive droite , où elles laissèrent des colonies, passèrent ensuite le Rhin et les Pyrénées , et ne s'arrêtèrent que lorsque l'Océan opposa des bornes à leurs courses.
Une autre partie des peuples venus du Caucase, se dirigeant des bouches du Danube vers le midi, arrivèrent à la Propontide. L'aspect riant d'une terre située au-delà de cette mer, les engagea à la traverser et à se fixer dans les vallées fertiles de l'Asie-Mineure. De ce nombre furent les Thyniens et les Bithyniens, les Phrygiens et les Mysiens
Il y en a qui restèrent entre le Danube et le Dnepr; ils sont connus sous le nom de Cimmériens et de Tauriens. Enfin , une de ces tribus , et ce sont les Pelasges, obéissant à cette loi de la nature, qui veut que , dans leurs migrations, les nations recherchent des climats plus doux et un soleil plus chaud, et ne se tournent ailleurs que lorsque les contrées méridionales ne leur offrent plus de ressources , se portèrent vers le sud, et se fixèrent
I Menecrates d'Elée, cité par Strabon (liv. XIII, 5 3, ed. Tzschuck. ,
roi. V, p. 18), dit que toute la côte appelée ensuite Ionie, fut occupée par les Pelasges. Menecrates étoit contemporain d'Hecatée,
------------------------------------------------------------------------
dans les montagnes de la Thessalie et de la Béotie, ainsi que dans ce pays qui, d'après eux, a porté le nom de Pelasgie long-temps avant qu'il fût connu sous celui d'Hellas. Maîtres de ces contrées, les Pelasges s'étendirent dans la presqu'île qui devint si célèbre par la suite sous la dénomination de Péloponnèse, mais qui, à cette époque reculée, fut également désignée par celle de Pelasgie 1. Ainsi s'expliqueroit naturellement un fait qui a embarrassé les antiquaires : c'est l'existence simultanée d'une double Pelasgie, l'une au nord de l'isthme, et l'autre au point le plus méridional de la Grèce 2.
L'abondance des côtes et des ports de mer qui distingue cette contrée , changea les habitudes de ce peuple. D'une tribu nomade , qui peut-être avoit déjà quelques idées d'agriculture, les Pelasges devinrent un peuple navigateur : leurs vaisseaux les portèrent d'une île de la mer Egée dans l'autre : car aussitôt que l'histoire nous les fait connoître,
1 L'Argôlide fut d'abord la véritable Pelasgie de la presqu'île ; plus tard ce nom fut principalement affecté à l'Arcadie. -
3 Yoy. Recherches sur l'origine des Pelasges , par l'abbé Geinoz (Mémoires de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, vol. XIV, p. 154). Ce savant, qu'embarrasse la double Pelasgie, penche pour l'opinion d'après laquelle la presqwîle d'Apia (le Péloponnèse) a été peuplée par les Pelasges venus de PHellade. Voy. aussi Mémoire sur la différence entre les Pelasges et les Hellènes, dans les Mémoires de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, vol. XXIII, p. 115. L'hypothèse que nous avons exposée a été soutenue avec beaucoup d'érudition et de sagacité, par M. Herbert Marsh, dans la première partie de ses Hoiœ Pelaslficœ, qui a paru à Cambridge en 1815.
------------------------------------------------------------------------
nous les trouvons en possession de toutes les îlesr dont la nature a parsemé cette mer.
L'hypothèse que nous venons d'exposer est devenue plus plausible encore depuis que des recherches savantes ont porté jusqu'à l'évidence une vérité qui long-temps n'avoit été énoncée qu'avec timidité et défiance : c'est qu'il a existé anciennement dans la Haute-Asie une langue-mère qui est la souche commune du persan, du grec, du latin, ainsi que des idiomes germaniques et scandinaviens, peut-être même des langues slavonnes 1.
Toutefois cette hypothèse sur l'origine asiatique des Pelasges n'est fondée que sur des analogies: aucun document historique ne lui prête son appui; et, sous ce rapport, elle devroit céder le pas à l'autre système, d'après lequel les Pelasges seroient un peuple autochthone; dans ce système, le Péloponnèse, et surtout l'Argolide, sont regardés comme leur patrie originaire , sans qu'on puisse trouver une trace qui indique qu'ils y soient venus de quelque autre pays. Les partisans de cette seconde hypothèse peuvent citer en sa faveur un grand nombre de colonies parties, dans les temps les plus reculés, de cette péninsule , et qui se sont dirigées.
vers le nord, tandis qu'avant l'époque où les Hellènes ont commencé à prévaloir, on ne trouve pas de preuve historique a qu'une colonie pe-
1 Voyez les auteurs cités dans mun Tableau des Peuples qui habitent l'Europe.
1 M. Raoul-Rochette a fait voir, dans sa savante Histoire critique
------------------------------------------------------------------------
lasgienne ait été conduite dans la terre d'Apia (le Péloponnèse ), et que les premiers établissemens des Pelasges en Thessalie paroissent être d'un temps où les Argiens, également Pelasges, avoient déjà fondé Sparte et Mycènes, et, ce qui est plus fort, Tarse en Cilicie 1.
L'une et l'autre de ces hypothèses se fondent sur un fait, savoir que les Pelasges ont été les premiers habitans de la Çrèce. Qu'ils soient un - peuple indigène-, ou qu'ils soient arrivés de la Haute-Asie; toujours est-il certain que plus de dixhuit cents ans avant J.-C., ils étoient répandus sur toute la surface de la Grèce , et dans une partie de l'Italie 2. Ce peuple se composoit d'un grand nombre de tribus tellement- indépendantes les unes
Je l'établissement des Colonies grecques, vol. I, p. 169, que la date
de igo4 ans avant J.-C., que feu Larcher a donnée à la colonie conduite en Arcadie. par un Pelasgus, est erronée.
1 Le même auteur fixe l'établissement de la colonie de l'ArgienTriptolème à Tarse à l'an 1931. avant J.-C.; la fondation de Phèges en Arcadie, par les Argiens, à l'an 1922, et celle de Mycènes et de Sparte à l'an 1884, tandis que, d'après lui, Pelasgus a conduit sa colonie en Thessalie, l'an 1883 avant J.-C. Il faut convenir cependant que, malgré , l'érudition dont M. Raoul-Rochette fait preuve, en réunissant tous les tndicee répandus dans les auteurs anciens, La fixation d'époques précises pour des événemens arrivés avant toute histoire, peut être réprouvée par une critique sévère.
a Mon savant ami, M. Hirt) professeur à Berlin, s'est denaé-k-peiue de réunir tous -les passages des écrivains anciens où il est question des Pelasges et des contrées qu'ils ont originairement habitées. Il fait voir que la tradition fait sortir du Péloponnèse tous les divers chefs de colonies qui ont porté le nom de Pelasgus. M. Hirt rendra un service aux antiquaires en publiant son mémoire.
------------------------------------------------------------------------
des autres, qu'aucun lien politique ni religieux ne les unissoit, et qu'elles n'avoient pas même un nom commun et général. Chaque chef qui avoit travaillé à civiliser une horde soumise à son autorité, lui laissoit le sien en héritage. C'est ainsi qu'il y eut des Thessaliens, des Graïens et des Pelasges dans Un sens plus restreint 1.
On a quelquefois peint les Pelasges comme un peuple barbare et placé au dernier rang de la civilisation. Cependant ils avoient un système religieux , et un célèbre oracle à Dodone ; ils furent aussi les fondateurs des mystères des Cabires; ils paroissent, en général, comme une tribu ou une caste de prêtres, et Homère leur donne l'épithète de divins, STot. La tradition leur attribuoit des monumens d'architecture , et surtout ces murs connus sous le nom de cyclopiques s. Ils ne peu-
1 Les savans ne sont' pas d'accord sur l'origine du mot de Pelasges.
M. Ch. OffroiMillier le dérive du vieux mot apyoç, qui se conserva dans les dialectes de la Macédoine et de la Thessalie, et signifie-une plaine, et de toXeci) ou ttAo» , je suis, j'habite, racine de ttoLç , villa. Vojez Karl Ottfr. Müller, Gesch. hellenischer Staemme und Staidte. Brcslau , 1820, in-8°, vol. I, p. 125.
2 Ces murs sont construits avec de grandes masses de pierres de formes irrégulières, réunies sans mortier : quand les pierres sont Laillées et équarrées, on appelle les constructions pelasgiques. D'après l'hypothèse ingénieuse de M. Hirt ( Geschichte der BauJcunst bey den Alten, Berlin, 1820, 2 voL in-4°~ les premières ont été nommées cyclopiques, parce que les Pelasges les ont fait exécuter par une caste de mineurs. On sait qu'eu s'enfonçant dans les eutrailles de la terre, les mineurs portent une lampe qui est leur oeil unique. J'ai trouve dans l'extrait d'AG.!.TilARCHIdas de Ctiide, que Photius nous a conservé ( Cod. CCLI), un passage
------------------------------------------------------------------------
vent pas avoir fondé les nombreuses colonies qui leur doivent leur origine, sans avoir connu, jusqu'à un certain point, l'art de la navigation, qui en suppose tant d'autres ; ils n'étoient pas étrangers à l'art militaire, et nommément à celui de construire des forts, que, d'un terme générique, ils appeloient Larissa 1. Il paroît même certain qu'ils avoient un alphabet; mais comme ils ne pouvoient tracer des lettres que sur la pierre et les métaux, ces caractères doivent être restés bien informes. La langue pelasgique, rude et grossière, est un des élémens qui sont entrés dans la formation du latin. En Grèce, elle s'est conservée long-temps, avec des modifications, dans ce qu'on a appelé, par la suite, dialecte éolien.
Les germes de la civilisation furent développés, chez les Pelasge's, par les colonies étrangères qui vinrent s'établir au milieu d'eux, entre- le vingtième et le seizième siècle avant J.-C. Ces colonies arrivèrent, soit de l'Egypte, soit de la Phénicie : mais qu'elles soient venues de l'un: ou de l'autre de ces pays, un écrivain françois, que nous avons
qui Tient à l'appui de cette conjecture. L'auteur y décrit la manière dont les blocs de marbre étoient tirés des carrières d'Egyple : nous y voyons des ouvriers portant une lampe attachée au front, à une époque antérieure à l'usage du fer, puisque ces ouvriers se servoient, dit Agatharchidas, d'iustrumens de cuivre. J'ajouterai que M. Ch. Aug. Beettiger, daus une dissertation que je ne connois que par ouï- dire, doit avoir prouvé que les Cyclopes etoient Phéniciens.
1 De là le grand nombre de villes d'Asie et d'Europe qui portent ce nom.
------------------------------------------------------------------------
déjà cité 1, s'est efforcé, et non sans succès, de prouver que toutes ces colonies étoient composées de Phéniciens, sans mélange de véritables Egyptiens. Environ 2080 ans avant notre ère, les. Phéniciens avoient fondé en Egypte un état qui est connu sous le nom de dynastie des Hycsos ou pasteurs 3. Cet état fut bouleversé par Sésostris, l'an 1670 avant J.-C. Les époques de toutes les colonies sorties d'Egypte pour se fixer en Grèce, tombent dans cet intervalle, et c'est sur cette circonstance que M. Raoul-Rochette se fonde pour les regarder comme purement phéniciennes, tandis que d'autres écrivains ne voient dans toute la mythologie et les anciennes institutions des Grecs, que des traces de leur origine égyptienne 3.
*- M. Raoul-Rochette. Une circonstance à laquelle cet écrivain n'a pas fait attention , quoiqu'elle soit favorable à son système, c'est que ces colonies n'ont pas porté en Grèce la division par castes, ce qui jiaroît indiquer qu'elles n'étoient pas égyptiennes. -
2 II paroît que les Phéniciens ne s'établirent dans le pays qui ensuite fut nommé Phénicie , que vers la même époque où ils fondèrent la dynastie des Hycsos. Les Phéniciens étoient Arabes , originairement établis sur la Mer-Rouge, ainsi que le dit positivement Hérodote ( I, 1.) ; ils étoieut donc un peuple de pasteurs. Clavier ( Hist. des premiers temps de la Grèce, vol. 1, p. 4) , prétend que la manière dont la Genèse parle de ce peuple, qu'elle appelle Cananéeus, indique qu'ils n'habitoient pas depuis long-temps la Phénicie, lorsqu'Abraham y arriva (Gen. XII, 6). Or, on fixe la vocation de ce patriarche à environ 2000 ans avant J.-C., ainsi, 80 ans après l'arrivée des pasteurs eu Egypte. Le mot de Phénicie ehl grec; il est probable qu'il a été donné à cette contrée à cause du grand nombre de palmiers qui y croît.
5 Surtout M. Fred. Creuzer dans son ouvrage fort savant, intitulé : Symbolil und Mythologie der alten Vcellcer.
------------------------------------------------------------------------
La première colonie égyptienne qui se fixa en Grèce, y fut conduite par Inachus 1, 1986 ans avant J. -C., et il est possible que l'expatriation de ce chef fut le résultat des révolutions que l'invasion des Phéniciens en Egypte et les vicissitudes d'une guerre longue et sanglante avoient produites dans ce pays. Inachus s'établit dans la presqu'île méridionale de la Grèce, au milieu des Pelasges qu'il y trouva. La ville d'Inachia, qu'il fonda, fut appelée Argos 2 par son fils P horonée, qui lui succéda dans le gouvernement, slpis succéda à celuici : la presqu'île fut appelée Apia 5, d'après ce prince.
Depuis Pelasgus, fils de Niobé, et petit-fils de Phoronée, la plupart des rois d'Argos portèrent le nom de Pelasgus , jusqu'à Danaùs, et on appela leurs sujets Pelasges. C'est là la Pelasgie méridionale.
Danaüs, qui régnoit en Libye sur l'état que les pasteurs phéniciens y avoient également fondé , et
1 Enak, grand, puissant, probablement la racine d'aval , roi. Observation de Clavier comme plusieurs suivantes. M. Louis Petit-Radel, dans un Mémoire inséré dans ceux de l'Acad. royale des Inscr. et BellesLettres , vol. II, p. i , nie l'origine égyptienne d' Jnachus; il le regarde comme autochthone : d'après lui, Danaus est le premier étranger dont l'immigration en Grèce soit constatée.
2 Âpyoç signifie plaine dans le dialecte macédonien , et probablement dans le plus ancien langage grec.
3 Le mot d'Apia se trouve dans l'Iliade, mais dans un aulie lien:;.
Il paroît que la presqu'île ne fut nommée ainsi que par les poëtes, et qu'Eschyle en donna le premier exemple.
------------------------------------------------------------------------
qui étoit issu par Io de la famille des souverains d'Argos, conduisit une colonie dans ce pays, où régnoit Gélanor, le dernier des Inachides. Danaus s'empara de son trône. Cette révolution arriva 1572 ans avant J.-C. ainsi à l'époque à peu près où Sesostris mit fin à la domination étrangère en Egypte.
Lorsqu'Inachus se transporta en Grèce, il n'y avoit pas long-temps que les Arabes-Phéniciens habitoient l'Egypte, et Tnachus ne put porter dans le Péloponnèse que les connoissances que possédoit sa nation. Danaus qui arriva à Argos deux siècles plus tard, communiqua à ses nouveaux sujets tout ce que ses compatriotes avoient gagné en civilisation pendant leur séjour en Egypte. Ses filles enseignèrent aux femmes des Pelasges la célébration des Thesmophories 1 , fête instituée en Egypte en l'honneur d'Isis, et qu'elles adaptèrent au culte de Déméter, déesse de l'agriculture. Elles firent aussi connoître aux Pelasges le culte d'Athéné ou Minerve (la Neïtha des Egyptiens) et celui d'Aphrodite. Enfin elles leur apprirent à creuser des puits.
Les Argiens ayant pris depuis ce temps le nom de Danaëns, celui de Pelasges resta plus particulièrement aux habitans de l'Arcadie.
Deux ans après, Cécrops, sorti d'Egypte et peutêtre de Saïs., arriva en Grèce et s'établit dans
1 Hérod. II, 17-
* Un auteur allemand , qui est souvent en contradiction avec M. Kaoul Rochette , mais qui ne lui est inférieur ni en érudition ni en critique, M. Ch. Offroi Millier, ne veut pas accorder que Cécrops ait été origi-
------------------------------------------------------------------------
l'Acte. Ce pays, dont le. nom signifie une côte élevée, avoit été peuplé par des Pelasges dits Cranaens, qu'Ogygès y avoit conduits, 1796 ans avant J.-C. Il avoit fondé Eleusis. Cécrops qui est nommé Supyriç, à double nature, probablement parce qu'il étoit en même temps Phénicien et Egyptien, devint le vrai fondateur d'un état en Attique, car il rassembla les habitans de ce pays, et les divisa en classes d'après leurs professions. Il érigea un autel à Zeus, et introduisit dans cette partie de la Grèce le culte d'Athéné, la Neitha des Egyptiens 1 ; c'està-dire qu'il y fit connoître l'olivier et l'art de filer et de tisser.
Enfin, i55o ans avant J.-C., le Phénicien Cadmus-, originaire de la Libye égyptienne, après avoir
naire de'Sais. On ne trouve, dit-il, ni dans Homère, ni dans les poètes cycliques, ni dans les logographes, la moindre trace indiquant une telle origine. Apollodore, qui a puisé ses renseignemens dans ces sources, et d'autres mythologues regardent Cécrops comme un autochthone ( voyez ApOLLOD., III, 14; HYGIN. 48,158; ANTON. LIBERALIS, VI), et l'appellent fils de la Terre ou de Vulcain. Les poëtes tragiques d'Athènes paroissent ignorer l'origine égyptienne de Cécrops. PLATON est le premier qui parle de l'affinité ( oïxscw'a-tç ) entre les Saïtes et les Athéniens (Tim. p. 12. 6). THÉOPOMPE paroît avoir le premier dit expressément qu'Athènes devoit son origine à une colonie de Saïs ( voy. AFRICAN., ap.
Ellseb. Præp. evang. ]0, 10, p. 491 a ). Sous les Ptolémées, les écrivains qui faisoieut la cour à ces princes, auroient voulu faire venir d'Egypte une grande partie de la population qui couvroit la terre. Des auteurs plus modernes , tel que FAUSANIAS (II, ï4, 3 ), ainsi que le Marbre de Paros (Ep„ IX), regardent la colonie de Danaiis comme la première et -seule égyptienne. Yoy. Müller, l. c., p. 107.
1 Aussi Athéné, ou la Minerve de l'Acropolis, a - l- elle, coinme symbole de son origine, un crocodile.. -
------------------------------------------------------------------------
passé en Crète, à. Thasus, dans la Samothrace et traversé la Thrace, vint chercher un asile dans l'Aonie habitée par les tribus pelàsgiques des Hyantes et des Aones et qui fut par la suite appelée Béotie. Il bâtit Cadmée, qui plus tard fut nommée Thèbes, en commémoration de l'origine égyptienne de son fondateur 1.
Cette colonie est la plus célèbre de toutes celles qui contribuèrent à adoucir les mœurs des Pelasges, Cadmus devint leur bienfaiteur, en leur faisant connoître l'alphabet phénicien, qui remplaça les caractères peu commodes dont ils s'étoient servis jusqu'alors. Ils durent en général aux colonies phéniciennes la connoissance des premiers élémens des arts. On peut s'étonner que l'arrivée de ces étrangers n'eût pas plus d'influence sur la langue grecque, qui conserva son originalité. Ce phénomène s'explique par la foiblesse de ces colonies qui, étant peu nombreuses, se virent obligées
1 M. Müller doute également de la réalité d'une colonie amenée de Phénicie par Cadmus. On est élonné, dit-il, d'apprendre qu'une nation commerçante, comme les Phéniciens ait choisi, pour s'y fixer, une place * aussi peu propre au commerce que la ville de Thèbes qui, éloignée de la mer et enfermée dans un vallon, ne pouvoit, par la nature de sa position , s'occuper que d'agriculture. Il observe de plus que le nom de Cadmus, comme divinité, appaitenoit de toute antiquité aux-haLitans de Thèbes, qui, long-temps avant l'arrivée des Béotiens, s'appeloient Cadméens. Il paroît, dit-il, que ces Béotiens ont confondu la divinité du peuple subjugué avec son fondateur. Ibid. , p. 119. Quant à l'origine égyptienue de Cadmus , nous observons que CONON, dans son trente-septième récit, l'apporté par Photius, dit qu'à l'époque de Cadmus les Phéniciens possédoient Thèbes en Egypte, et que Cadmus y étoit né.
------------------------------------------------------------------------
d'apprendre l'idiome des peuples au milieu desquels elles s'établirent, plutôt que de leur donner le leur. Les Phéniciens ne "fondoient pas des colonies pour se débarrasser d'un excès de population, comine jugent ensuite les Grecs : ils s'expatrièrent pour étendre leur commerce.
Tel fut l'état de la Grèce, lorsqu'environ i54a ans avant J.-C., une révolution en changea la face.
Elle fut opérée par. Deucalion. Le berceau de ce conquérant est enveloppé de nuages 1. On le vit paroître soudain à la tête des Curètes et des Léléges avec lesquels il fonda Lycorée sur le Parnasse, d'ou-ses sujets se répandirent dans les pays voisins qui prirent depuis les noms de Phocide, de Locride et de Doride. Il envahit aussi la Thessalie, forma une confédération avec les peuples d'alentour ( ocjùwpjxf tWç 2, Amphictions ), leur donna de nouvelles moeurs, une nouvelle civilisation, et devint ainsi la souche d'une nation qui, appelée Hellènes d'après un de ses fils, acquit une célébrité à laquelle n'est parvenu aucun autre peuple 3.
l Clavier pense qu'il étoit né dans le Péloponnèse, el qu'il étoit roi de Mécone (Sicyone), d'où il alla dans le pays des Curètes. il remarque que Pausanias, en parlant de l'invasion des Doriens dans Je Péloponnèse, se sert du mot de retour ( j«*0o<îoç
2 De La racine x-rÍ<;(J).
5 Le centre de cette confédération étoit aux. Thermopyles-. Ce fut là qu'Amphiclyon, frère d'Hellen, fonda un temple de Cérès, dans lequel les députés des peuples se réunissoient, et le nom d'Amphiclions que portoit la confédération, Çut changé, d'après celui de ce prince, en Amphiclyons.1 ainsi que le dit positivement Androtion , cité par Pausanias, X, 8 :
------------------------------------------------------------------------
Il est impossible aujourd'hui, à défaut de documens historiques, de déterminer avec précision les rapports pour ainsi dire de famille ou de parenté qui existoient entre les Pelasges et les Hellènes.
Les écrivains qui les ont considérés comme deux peuples différens, nous paroissent s'être trompés : car l'identité de leur langue indique qu'ils étoient plutôt deux branches d'unev même nation dont l'une, par des raisons qui nous sont inconnues, a pris un essor subit vers la civilisation, tandis que l'autre s'est arrêtée au point où elle étoit parvenue à une certaine époque.
Parce que, dans les premiers temps, les Hellènes eurent plus d'une fois à combattre les Pelasges dont ils avoient usurpé le territoire, ces deux peuples se regardoient comme des ennemis naturels : aussi voyons-nous dans l'Iliade des Pe-
« Qu'on les nomma d'abord Amphictions, mais que daus la suite des temps le nom actuel prit le dessus. » Clavier est le premier éditeur qui au mot ~AuuptxTuovaç ■> ne présentant aucun sens , ait substitué celui d'À-p.cfnxit ovaç , et l'on doit s'étonner que dans sa traduction- il ait'suivi la mauvaise leçon qu'il avoit bannie du texte. Quelques écrivains, même parmi les anciens, ont confondu le fils de Deucalion avec Amphictyou qui étoit roi d'Attique à la même époque. Les douze peuples suivans formèrent la confédération AmphicLyonique : les Thessaliens, les Béotiens, les Doriens, les Ioniens, les Penhèbes, les MagnèLcs, les Locriens , lesGEléens ou Æniens J les Achéens-Phthiotes, les Maliens ou Meliens , les Puocidiens, les Dolopes. Le meilleur ouvrage sur les Amphictyons est celui que M. Fred.
Gu. Tittmannpublia en allemand, Berlin, 1812 in-8°., et qui fut couronné par l'Académie des Sciences de Berlin. M. Tiltmanna réfuté l'opinion de Sainte-Croix, qui, dans son ouvrage Des anciens gouvernemens fédératifs, Paris, 1799, avoit soutenu que la réunion des Arnphict) oni n'étoit eas politique, mais que la religion étoit son seul objet.
------------------------------------------------------------------------
lasges parmi les auxiliaires des Troyens Dans cette lutte, les Hellènes emportèrent la balance : ils devinrent successivement peuple dominant en Thessalïe, dans le Péloponnèse et dans cette contrée intermédiaire, à laquelle le nom d'Hellaâe fut plus particulièrement attaché. Dans Homère le mot d?Hellènes ne désigne encore que la tribu qui L le portoit originairement, savoir : les Phthiotes cCAchille 2. Ce poëte appelle les autres peuples réunis contre Troie, Danaëns, Argienset Achéens.
Quelquefois il réunit toutes ces tribus sous les qualifications générales de Panhellènes et d' Argiens.
Les Eoliens, les Doriens , les Ioniens et les Achéens, ainsi nommés, dit la tradition, d'après les fils et les petits-fils de Deucalion, premier chef des Hellènes, forment les diverses branches dans lesquelles cette nation se divisa 3 : mais le rôle
1 Iliâd. IL v. 84o. Il est question d'Hippothoiïs, chef des Pelasges de Larisse, probablement de cette ville de Larisse qui avoit été fondée eii Tioade par des Pelasges de Chios. Ces Pelasges devoient être les enuemis des Hellènes, puisque., d'après EPHORE, cité par ATHÉNÉE ( Jib. III, p. -io5, ed. Schweigh. III, 4og), les Pelasges qui se fixèrent à Chios avoient été chassés d'Europe par le déluge de Deucalion, et qu'EusTATHE ( ad 11. If- v. 838), dit qu'ils l'avoient été par les Eoliens, c'est-à-dire par les Hellènes. Quelques commentateurs pensent que dans la vers cité de l'Iliade il est question de Larisse en Thessalie, parce que, dans un autre passage Iliad. XVII, v. 501 ), Homère indique que la ville des Pelasges alliés de Priam, étoit située loin de la scène de la guerre. L'une et l'autre interprétations confirment ce que nous venons de dire de la haine des Pelasges pqur les Hellènes.
a Iliad. II. v. 684. Voy. aussi THUCYD. 1,3.
5 CONON, qui avoit sous les yeux d'anciens ouvrages, que malheureusement il ne cite pas, dit, dans son 27e récit, qu'Hellcn eut trois fils
------------------------------------------------------------------------
que jouèrent par la suite les Ioniens et les Doriens, les plaça tellement en évidence, et fit un si grand tort à la réputation des EolÍens et des Achéens, qu'on regardoit quelquefois la masse entière des Hellènes comme composée seulement des deux premiers peuples, et qu'oubliant pendant plusieurs siècles les Achéens , qui s'étoient condamnés à y jouer un rôle passif dans les démêlés de la Grèce, on conserva le nom d'Eoliens, moins pour distinguer la race à laquelle il appartenoit proprement, que pour le donner à tout ce qui n'étoit pas sans mélange, soit Ionien, soit Dorien, en un mot à toutes les peuplades dans lesquelles l'origine pelasgique
Eolus, Dorus et Xuthus. Il régla lui-même qu' Bolus seroit son successeur et gouverneroit après lui le royaume qu'il avoit fondé entre l'Asope el l'Enipée. Les habitans du .pays furent, dans le suite, appelés Eoliens, du iiom de cè prince. Dorus, par ordre de son père, se mit à la tête d'une colonie et alla bâtir, au pied du mont Parnasse , les villes de Boëon, de J Cytenion et d'Erinée, auxquelles Strabon ajoute la ville de Pin de : ces j quatre villes forment la Tetrapole dorienne. Xuthus tourna ses yeux ailleurs : il fut le fondateur de la Tetrapole attique , composée des villes d'(Ænoé, de Marathon, Probalinthe et Tricoryte, épousa Creuse, fille d'Erechthéej et en eut deux fils, Achœus et Ion. L'aîné > obligé de s'expatrier) à càuse d'un meurtre , passa dans la presqu'île d'Apia, se fixa en Laconie , et donna son nom aux Achéens. Ion , après la mort de son aïeul maternel, fut déclaré roi d'Attique. Ce pays prit alors le nom d'Ionie.
Voilà comme Conon' raconte la chose; mais d'après une autre relation, Ion, à la tête d'une partie des habitans de l'Attique, chercha un établissement en Egialée, sur la côte septentrionale d'Apia, et y fonda douze villes, dont Hélicé étoit la principale. Ainsi, à cette époque , l'Achaïe étoit la pattie la plus méridionale, et l'Ionie la côte septentrionale de la pies- qu'île. Yoy. Clavier, Histoire des premiers temps de la Grèce, Paris, 1809, a vol. in-8°. (nouv. édit. en 1822). Herbert Marsh, Hors Pelasgicae, Cântabr. 1815, in-S" ; et l'ouvrage de M. Raoul-Rochetle.
------------------------------------------------------------------------
prédominoit. Plus tard, c'est-à-dire après Alexandrele-grand, les Etoliens, qui étoient probablement des Eoliens 1, parvinrent à une grande illustration ; ce peuple étoit alors maître de la Thessalie, de la Phocide, de la Béotie et d'une partie de l'Hellàde. Les habitans de l'Âchaïe e, de l'Arcadie et de l'Elide, ou des provinces dit Péloponnèse dont les Doriens ne réussirent pas à s'emparer, conservèrent long-temps le nom de Pelades, deveiiji odieux aux Hellènes. Lorsque, par la suite, on confondit les anciens Pelasges avec les Eoliens, on s'accoutuma à. regarder tous ces peuples, les Acheens, les Arcadiens et les Eléens, comme étant de race éolique. Mais c'est assez anticiper Sur les événemens 5 retournons à l'époque qui vit le commencement des Hellènes.
Ce seroit toutefois nous écarter du but de cet ouvrage que d'entrer dans le détail des etahlissemens formés par les trois tribus de race hellénique.
11 suffira de dire que la presqu'île d'Api a fut la seule contrée de la Grèce où ils ne purent pas prendre la supériorité, au moins dans la période qui nous occupe. Ce furent Fexpédition de Pélops et les conquêtes de ses fils qui arrêtèrent leurs progrès.
1 On fait venir les- Etoliens d'Etolus, descendant de Dejicaljon par sa fille Protogénie.
2 Dans le second sens de ce mot, c'est-à-dire l'ancienne Egialée, ou la partie septeptrionale de la presqu'île.
------------------------------------------------------------------------
Pélops, fils d'un roi de l'Asie-Mineure qui régnoit sur une tribu pelasgique , déterminé par quelques revers à s'expatrier, passa, 1562 ans avant notre ère, dans la Thessalie; il y assembla une armée nombreuse d'Achéens, à la tête de laquelle il vint envahir la presqu'île d'Api a, ou les Hellènes, sous la conduite des Héraclides, avoient formé quelques établissemens au milieu des Pelasges qui en étoient les maîtres. Il y apporta de grandes richesses, et obtint le trône de Pise. Ses Uescendans étendirent leur domination par des mariages , au point qu'en son honneur le pays d'Apia fut nommé Pdloponnèse, c'est-à-dire l'île ou la presqu'île de Pélops.
Dans tout ce que nous venons de dire, nous sommes partis d'une supposition généralement admise comme fondée sur des documens historiques ; sa- voir que les Pelasges ont été les plus anciens habitans de la Grèce, et que par la suite les Hellènes, après avoir demeuré pendant quelque temps au milieu d'eux-, ont fini par se rendre maîtres exclusifs de là plus grande partie du pays. Cette hypothèse ne laisse pas de nous offrir deux difficultés: la pre- mière , que nous avons déjà fait pressentir, gît dans l'obscurité qui règne sur l'origine et sur les progrès des Hellènes que nous voyons paroître soudain du temps de Deucalion, sans pouvoir expliquer d'où ils sont venus; la seconde difficulté se trouve dans la circonstance que les Romains, lorsqu'ils sont entrés en rapport avec les peuples situés J
------------------------------------------------------------------------
à l'orient de la mer Ionienne, au lieu de les désigner par le nom d'Hellènes qui étoit devenu général à cette époque, aient préféré les nommer d'après une tribu obscure, les Graïens ou Graïki, qui, anciennement chassés de la -Thessalie , s'étoient réfugiés sur les côtes de la mer Ionienne et avoient peut- être passé en. Italie, où les Romains les avoient connus. On ne peut, il faut en convenir, résoudre cette difficulté; mais on a tâché de l'expliquer, en faisant remarquer que des erreurs semblables ont été commises par les nations modernes, et qu'une fois devenues populaires, il n'a plus été possible de les déraciner Les deux difficultés disparoissent si l'on admet un système récemment mis en avant par un des hommes auxquels, depuis d'Anville et M. Gosselin > la géographie ancienne a les plus grandes obligations. Nous. voulons parler de M. Conrad Mannert de Landshut. Nous allons exposer brièvement son opinion, en renvoyant nos lecteurs, pour les développemens, aux ouvrages mêmes de ce savant2
1 C'est ainsi que les François, confondant une tribu particulière ou tout au plus quelques tribus confédérées, avec une nation nombreuse, ont donné à celle-ci le nom d'Allemands, au lieu de lei appeler Teutons ; tandis que, par une autre bizarrerie, les Anglais ne désignent par ce dernier mot ou par Dutch qu'une foible partie du peuple auquel il appartient , les Hollandois, et donnent à la grande masse des véritables Deutsah le nom de Qerman qu'ils n'ont probablement jamais porté. C'est encore ainsi qu'on désigne quelquefois par le nom de SarrasinsAa nation arabe , dont ceux-là n'étoient qu'une foible partie.
1 51 Voy. C. Mannerts Handb. der nlten Gesch., Berlin, 1818, in-8Pj_
------------------------------------------------------------------------
D'après lui, le sol de la Grèce étoit originairement occupé par trois peuples différens, les Graïki j ou Grecs, appelés plus tard Hellènes, les Lêlèges et Curètes, et les Pelasges, arrivés après les autres.
Que les mots Grecs ( rpaVxol ) et Hellènes aient désigné, quoiqu'à différentes époques, le même peuple, M. Mannert le prouve par ETIENNE de Byzance, qui dit que, d'après Grœcus, fils de Thessalus, les Hellènes ont été nommés Grecs, et cite Alcman et Sophocle comme ayant appelé Grecques les mères des Hellènes 1. Aristote , parlant des environs de Dodone, dit : cc là demeuroient aussi ceux qu'on appeloit alors Grecs, aujourd'hui Hellènes s. » Le Marbre de Paros dit : cc Depuis qu'Hellen a régné en Phthiotide, et qu'on a donné - le nom d'Hellènes à ceux que jusqu'alors on appeloit Grecs, etc. » a, A ces témoignages, on peut ajouter Apollodore 4, Eusèbe 5, Constantin Por" phyrogenète 6, et, le scholiaste de Lycophron 7.
- La dénomination de Grecs, qui se perdit successivement en Hellade, se conserva en Italie, dont les habitans avoient connu ce nom par les colonies
mais surtout sa Géographie der Griechen und Rœmer, Leipzig, 1822, vol. VIII.
1 Meteor. lib. 1. cap. i4.
5 Ep. VI.
*> 1,7,5 3..
5 Chrop. liv. I, p. 14, ed. Scalig.
6 In Themat., lih. II.
? A l'endroit où Lycophron appelle Protesilaits le meilleur des Grecs*
------------------------------------------------------------------------
pelasgiques qui vinrent se fixer au milieu deux à une époque où celui d Hellènes n'avoit pas encore pris le dessus. Les Grecs se divisèrent en deux branches : les Hellènes dans le nord et les Ioniens dans le midi ; le point limitrophe des deux tribus étoit en Béotie. Les habitans autochthones de l'Attique, de l'Arcadie, de l'Elide, de la Laconie étoient Ioniens. Les Cynuriens, peuplade de l'Argolide, conservèrent, d'après Hérodote, ce nom après que, dans le reste de ce pays, il s'étoit éteint par suite de l'arrivée des Pelasges. Les Ioniens avoient déjà fait quelques progrès dans la civilisation, pendant que les Hellènes restoient plongés dans la plus profonde barbarie : ceux-ci étoient divisés en deux branches, les Doriens et les Eohens : les Hyantes et les Aoniens, que Cadmus trouva en Béotie, étoient Eoliens. A la même tribu appartenoient les Achéens, qui devinrent par la suite prépondérans parmi les Eoliens, et donnèrent le nom d'Achaïe à la partie sud -est de la Thessalie; sous la conduite de Pélops, ils envahirent la presqu'île où ils fondèrent plusieurs états achéens, dont Argos étoit le , plus puissant : mais en même temps, ils conservèrent leurs établissemens en Thessalie, jusqu'à ce que les Pelasges les détruisirent.
Les Lèlêges et les Curètes qui, dans le système de M. Mannert, sont un autre peuple autochthone, demeuroient originairement dans les districts appelés par la suite Acarnanie et Etolie. Les Léléges s'occupoient du commerce et de la navigation, et
------------------------------------------------------------------------
notre auteur est tenté de les regarder comme identiques avec les Liburniens. Une branche de Léléges se fixa en Laconie à une époque si reculée, qu'on les regardoit comme autochtliones. Une autre branelle , les Curètes, s'établirent en Crète. Il y eut des Léléges dans les îles de l'Archipel où ils exerçoient la piraterie : Minos en purgea la mer et les força à se réfugier dans la Carie.
Les Pelasges, dit M. Mannert, sont communément regardés comme le plus ancien. peuple de la Grèce , et il est vrai que, dans plusieurs contrées ils sont les premiers habitans dont l'histoire ait conservé des traces. Mais, en examinant la chose de plus près, on s'aperçoit que partout ils trouvèrent à leur arrivée des races moins civilisées qu'euxmêmes; les unes sauvages, vivant dans les forêts, d'autres formées déjà en sociétés civiles. En Attique, Ogygès avoit fondé un état qui s'étendoit aussi sur la Béotie ; il régnoit sur les Hectènes ( en Béotie ) et sur les Actéens ( en Attique ) : mais une inondation qui couvrit le pays ne laissa subsister que les habitans qui avoient pu se sauver dans les montagnes. Leurs descendans y vécurent comme des sauvages, lorsque 190 ans après le déluge d'Ogygès, des Pelasges , les Cranéens firent une incursion dans le pays. Les autochtliones ( GrecsIoniens ), ne furent pas en état de les repousser; mais ils les forcèrent de se contenter d'un district qu'on leur assigna au pied du mont H ymettus, d'où, par la suite, ils furent chassés. Ils se transr
------------------------------------------------------------------------
portèrent alors dans l'île de Lemnos. Les habitans autochtliones de l'Argolide étoient les CynuriensIoniens : ce fut parmi eux qu'lnachus fonda un état pelasgique. Les Arcadiens (pour nous servir d'un noin beaucoup plus moderne ), étoient une race autochthone entièrement sauvage : Pelasgus, petitfils d'Inachus, leur apporta les premiers élémens de la civilisation : il leur apprit à bâtir des huttes pour se garantir contre la rigueur des saisons, et à se faire des habits avec des peaux de sangliers.
La patrie des Pelasges, la véritable Pelasgie, étoit le pays que les insulaires du voisinage, les Corcyréens surtout, appeloient Epire , c'est-à-dire le continent, avec une partie de la Thessalie. Toutefois le nom de Pelasges, sous lequel ils sont connus, leur étoit étranger : ils se nommoient Tyrséniens 1. Chassés de la Thessalie par Deucalion et ses successeurs, ils se retirèrent dans l'Epire; une partie d'entre eux se transportèrent en Italie. Hérodote a qui connoissoit des restes de Pelasges à
Creston (Cortona), à Placia et à Scylax sur la Propontide, dit qu'ils partaient une langue que les Hellènes ne comprenoient pas; et comme il suppose que les habitans de FAitique sont d'origine pelasgique , il ajoute qu'il faut admettre que , depuis que ceux-ci ont pris le nom d'Hellènes, ils ont aussi appris la langue hellénique : supposition des plus
1 M. Mannert promet de fournir la preuve de ce fait dans le volume .ie sa Géographie qui traitera de l'Italie. t
jI 1;57.
------------------------------------------------------------------------
invraisemblables. Lei Pelasges de l'Epire ont conservé leur langue ; aussi les Grecs les regardoient-ils comme des barbares.
Toutes les colonies pelasgiques qui se fixèrent parmi les Grecs, apportèrent à ceux-ci les premiers élémens de la civilisation, des lettres et des arts.
D'où les tenoient-ils? Cette fleur étoit-elle éclose sur leur propre sol, ou leur avoit-elle été apportée de l'étranger? Ce n'est pas de la Phénicie qu'elle leur étoit venue ; car à cette époque reculée les habitans de ce pays n'avoient pas fait de grands progrès encore. «"La plus profonde nuit, dit M. Mannert, règne sur cette partie de l'histoire ; un seul éclair vient fendre cette obscurité. A côté des Pelasges plusieurs peuplades illyriennes pratiquoient la navigation ; tels que les Phéaques, de l'île de Schéria. Dans le fond du golfe Adriatique, il y avoit des villes de commerce ; les eaux du Pô coutaient dans des canaux artificiels. Tout semble nous dire que, dans les plus anciens temps, les côtes de l'Adriatique étoient habitées par des peuples civilisés..»' Tel est le système de M. Mannert : il s'accorde avec celui que nous avions exposé d'abord, en regardant comme Achéens les peuples qui accompagnèrent Pélops dans l'Apia. Ce fut peu de temps avant l'arrivée de ce prince qu'eut lieu l'expédition des Argonautes, qu'on fixe à l'an i55o avant J.-C.
Cette course de quelques aventuriers avi des de s'emparer des trésors d'un roi de Colchos, et quatre-vingts
------------------------------------------------------------------------
ans plus tard la guerre de Troie , sont les deux premières entreprises nationales pour l'exécution .desquelles les différens états de la Grèce, soit Pelasges, soit Hellènes, se réunirent. La véritable cause de la guerre de Troie, que la fable cherche dans l'enlèvement d'une femme, étoit la puissance des princes Pélopides, devenus les premiers de la Grèce.
Leur ambition se portoit vers l'Asie-Mineure, d'où le chef de leur famille étoit sorti, et où se trouvoit l'empire de leurs aïeux, que les Dardaniens avoient usurpé sur Tantale. Aussi la tribu des Doriens, gouvernée parles Héraclides, ennemis irréconciliables des Pélopides, ne prit-elle aucune part à cette expédition1. Quelques peuplades pelasgiques restèrent aussi neutres, ou se déclarèrent même pour les Troyens, et la réunion des états de la Grèce ne fut pas générale. Cependant, telle qu'elle fut, elle devint l'occasion de liaisons plus intimes entre les différentes tribus, et fit naître un commerce plus étendu et des communications plus fréquentes avec l'Asie-Mineure. Dès lors l'incertitude qui plane sur l'histoire de ce pays commence à se dissiper, et la -prise de Troie est regardée comme le terme de la période jnytliique.
La nature du pays habité par les Grecs, baigné de tout côté par la mer a, et coupé par un grand
1 C'est peut-être à cause de cela que l'Iliade renferme si peu de passages en l'hqnneur d'Hercule. 1
« La Grèce a 1200 lieues de côtes, c'est-à-dire 533 plus que l'Italie,
------------------------------------------------------------------------
nombre de golfes et de presqu'îles, facilita les communications entre ces peuples. Le climat de ces contrées qui est le milieu le plus heureux entre l'âpreté du nord et les chaleurs du midi, favorisa le développement des forces physiques et des facultés intellectuelles; il produisit dés hommes réunissant une constitution vigoureuse à une imagination mobile et à une sensibilité profonde. La liberté dont ces peuples jouissoient sous des gouvernemens doux et paternels, développa rapidement les dispositions que la nature leur avoit prodiguées.
Trois circonstances influèrent puissamment sur la civilisation des Grecs : ce fut d'abord leur éducation physique et morale, qui ne tendoit pas, comme chez les peuples mo dernes, à assurer aux jeunes gens des moyens de subsistance pour une vie plus ou moins laborieuse, plus ou moins péni-
ble et dépendante; mais qui donnoit à leurs corps de la vigueur et de l'agilité, et inspiroit à leur âme tous les sentimens qui peuvent ennoblir l'humanité Ce fut ensuite l'existence d'une classe nombreuse d'esclaves uniquement chargés de tous les travaux mécaniques, tandis que l'homme libre s'abandonnoit entièrement aux affaires publiques ou à des occupations dignes de sa naissance. Ce fut
et 7tu plus que la France. Voy. Geographische Ephenzeriden. 17991» vol. III , p. 564.
de jGymnas. cap. 20.
------------------------------------------------------------------------
enfin le hasard heureux qui voulut qu'en Grèce les sciences et les arts ne fussent pas, comme chez les Egyptiens et les peuples de l'Orient, laprcpriété exclusive et héréditaire d'une caste sacerdotale 1 ; mais qu'ils fussent le domaine commun de toutes les classes de la nation s.
1 Nous l'ayons déjà dit, l'absence des castes chez les Grecs prouve à nos yeux que les Egyptiens et les Orientaux ont eu moins d'influence sur leur civilisation qu'on ne pense ordinairement.
* Voy. Fried. Jacobs über einen Vorzug der griechischen Sprache.
MuncheD, 1808, iu-4°.
------------------------------------------------------------------------
CHAPITRE II.
De la Poésie sacrée des Grecs.
LES temps héroïques dont nous venons de tracer le tableau, virent naître la Poésie 3 le premier des beaux-arts, et celui par lequel la littérature de tous les peuples a commencé. Dans l'origine, cet art ne consistoit que dans une manière animée et passionnée d'exprimer, à l'aide des paroles unies à la danse et à la musique, les sensations qu'on éprouvoit.
Bientôt la poésie exerça l'influence la plus heureuse sur l'esprit et sur la civilisation des Grecs. Ce fut elle qui les rendit sensibles à l'harmonie de leur langue et au rhythme "dont elle étoit susceptible.
Ministres de la religion, les poëtes composèrent ces hymnes et ces prières qu'on chantoit dans les cérémonies sacrées. Les services qu'ils rendirent ainsi à la religion ennoblirent leur caractère et les firent regarder comme des personnages saints, amis et confidens de la Divinité, qui leur dévoiloit l'avenir et leur faisoit connoître les vertus que la nature a cachées dans les plantep et dans les minéraux, et par lesquelles les mortels que les dieux favorisent, peuvent charmer les maux de l'humanité. -Ces poë-
------------------------------------------------------------------------
tes réunissoient ainsi le triple caractère de chantres ( eXo{doç), de pontifes (éEpEÙÇ) et deprophètes ( p.&.neç ).
Les Grecs reçurent quelques parties de leur civilisation de l'Egypte et de la Phénicie ; plusieurs traditions leur vinrent aussi de l'Inde 1 ; mais c'est la Thrace, c'est le nord de la Grèce elle-même où les Muses grecques se sont montrées d'abord ; c'est de la Thrace qu'une tradition qui se perd dans la plus haute antiquité, fait venir une partie toute nationale de leur religion, les mystères, ainsi que la poésie sacrée; et cette circonstance s'explique parfaitement si l'on regarde les Pelasges et comme une caste sacerdotale, et comme un peuple venu du Nord. Les montagnes de la Thessalie voisine, l'Olympe, l'Hélicon, le Parnasse etle Pinde, étoient les sanctuaires de cette poésie. La lyre et la harpe y ont été inventées ; en Thessalie et dans la Béotie, deux provinces qui, dans la suite des temps, furent si peu fécondes en hommes de génie , il n'y a pas une source, pas une rivière, pas une colline, il n'y a pas une forêt auxquelles la poésie n'ait attaché.
quelque souvenir enchanteur. Là cotfioit le Pénée j là se trouvoit la vallée de Tempé; c'est en Thessalie qu'Apollon chassé du ciel vécut comme berger au milieu d'un peuple heureux ; c'est là que les Ti-
1 L'origine indienne d'une partie de la mythologie grecque a été l'objet d'un ouvrage infiniment savant qui a pour titre: Die Vorhalle ettrtpœischer Voelkergeschichten vor Herodotus um den Kaulcasus und an den Gestaden des Foritus, von Karl Ritter, Berlin, 1820, in-8°.
------------------------------------------------------------------------
tans firent la guerre aux Dieux. En un mot, la poésie, par laquelle la civilisation de la Grèce commença, lui vint du Nord, et l'on peut appliquer à la Thessalie ce beau passage d'un poëte anglois, rendu en vers plus harmonieux encore par le éhantre des Jardins :
Alors de la montagne une race plus belle Descend dans les vallons ; ces hommes, pleins de zèle, Partout des arts sacrés vont répandre le feu, Et l'amour des humains, et le culte de Dieu i.
Un des premiers poëtes grecs dont la tradition ait conservé le nom, est LINUS de Chalcis*, fils d'Apollon et d'une Muse, dont la mort tragique étoit l'objet d'une fête qu'on célébroit à Thèbes.
Stobée, -dans ses Eglogues, nous a conservé douze prétendus vers de ce poëte : ils se rapportent à la fameuse proposition de l'école éléatique, adoptée ensuite par les Néo-Platoniciens et les Néo-Pythago-
« Le tout a été engendré par le tout. » Il est évi-
1 Paradis perdu, trad. par Delille , chant XI.
2 Les anciens parlent de plusieurs Linus, dont l'un, fils d'Uranie et d'Amphimarus, fut tué par Apollon ou par Hercule. Le souvenir de cet événement étoit célébré en Egypte et en Grèce par un chant que les Egyptiens nommoient Maneros ( voy. HEROD., II, 7g ) et les Grecs Linus ( voy. STJIDAS V. Acvoç, et CONON, narr. ig ). On peut consulter J. G.
Hauptmann Prolusio de Lino. Gerae, 1760, in-8u, et Notes de Burette sur le dialogue de Plutarque , de la Musique. ( Mem. de VAcad. des Jnscr. et Belles-Lettres, vol. X, p. 195.
------------------------------------------------------------------------
tient que ces vers ont été fabriqués dans les temps, postérieurs. Dans les Discours de Stobée 1, il se trouve deux autres vers de Linus sur la toute-puissance divine.
Linus eut un disciple nommé PAMFHOS d'Athènes, dont Philostrate a nous a conservé ces deux vers remarquables qui rappellent le symbole sous lequel les Egyptiens représentaient le Créateur de l'univers ou l'auteur de la vie animale :
MRJÏEÎYI TS xai INNEM V.v.Ï H^TOVÉTRI.
ZSXJ v.ûSiçs, piytç-s 5ewv, sthjy.évs V.ÔNPU C'est-à-dire : cc Glorieux Jupiter, 14us grand des Dieux, qui es enveloppé dans les excrémens des brebis, des chevaux et des mulets. »
Pamphus composa, dit 'Pausanias a, des hymnes pour les Lycomèdes, famille qui exerçoit, par droit héréditairé, le pontificat à Eleusis. De ce nombre étoit un hymne Sur l'Amour. Le même écrivain cite les hymnes de Linus en l'honneur des Grâces, de Diane et de Neptune.
OEEN , que Pau s ami as qualifie d3Hyperborèen y chef d'une colonie sacerdotale sortie du nord et fixee d abord en Lycie, vint s'établir dans l'île de Délos. Il y transplanta le culte d'Apollon et de Diane dont ses hymnes chantoient la naissance dans
1 Yoy. STOB. Ed., lib. J, cap. U_
2 Heroic., cap. 2 , p. q8. ed. BozMad.
5 Serm. CIX.
4 IX, 27.
TOME 1. 5
------------------------------------------------------------------------
le pays des Hyperboréens. Il fit connoître aux Grecs llithye, déesse du Nord, qui assista Latone dans ses couches. D'après Olen, elle étoit la mère d'Eros ou de l'Amour ; il lui donne le surnom de Bonne Fileuse, SOÀÎVOÇ , et l'appelle aussi la Destinée, ireTirpcopvyj. Les odes de ce poëte étoient représentées, s'il est permis de se servir de cette expression, opmifte nous verrons que l'étoiènt celles de Pindare; c'est-à-dire, qu'elles étoient accompagnées d'une pompe solemnelle et de danses.
OLYMPUS de la Mysie, disciple de Marsyas, passe pour l'inventeur d'un genre de musique particulier, c'es^à-dire d'un nome ou mode pour la flûte. Il eut pour disciples CRATÈS et HIÉRAX.
Il y a eu deux EUMOLPE. L'ancien, originaire de la Thrace, fonda les Mystères d'Eleusis. Le jeune étoit fils de ce Musée dont nous parlerons dans un instant, et fonda- les petits Mystères d'Eleusis, pour accorder l'expiation à Hercule, souillé du sang de Nessus, et qui, n'étant pas né à Athènes, we pouvoit être reçu dans les grands. Diodore de Sicile nous a conservé 1 un j'ers des chants bacchiques d'Eumolpe le jeune. Suidas cite les initiations aux mystères de Cères, TSASTOC , poëme en trois mille vers du même Eumolpe.
MELAMPus, fils d'Amytliaon, fut à la fois poètemusicien, prophète et médecin. Les fables dont lui et son frère Bi-as sont IWiéros, nous ont été con-
i Bibl. I, p. n.
------------------------------------------------------------------------
servées par Apollodore, et nous apprenons par une scholie sur Homère 1, que cet écrivain les a tirées de Phérécydes. Melampus savoit le langage des oiseaux et des autres animaux, et cette connoissance le mettoit en état de prédire l'avenir ; ce fut lui qui introduisit dans l'Argolide le culte de Bacchus, qu'il avoit- appris à Thèbes. Il régla les courses bachiques qui avoient lieu tous les trois ans. Il fut surnommé Kcx^apTYjç, parce qu'il enseigna les moyens d'expier les crimes et de se réconcilier avec la Divinité. 11 fut la souche d'une famille de devins dont le plus célèbre est Amphiarée, qu'Homère appelle le favori de Jupiter et d'Apollon.
Phîlammon de Delphes, fils d'Apollon et d'une mortelle, passe pour avoir institué-les chœurs de jeunes filles qui desservoient le temple de son père ., à Delphes. Il prit part à l'expédition des Argonautes.
Son. fils, Thamybjs, est surnommé le Thrace, parce que sa mère le mit au mondoè Brinches ou à Odrysa : son nom se trouve daxllPniade 3, et il est fameux pour avoir osé défier les Muses au combat poétique.
Pausanias nous fait connoître 3 Melanopus de Cumes, auteur d'un hymne en l'honneur d'Opis et Hécaergé, les deux jeunes filles que , d'après la tradition, les Hyperboréens envoyèrent à Délos,
1 Schol. Od. XI, 2^56, g.
2 11,55.
5 Lib. V , cap. 7.
------------------------------------------------------------------------
pour porter un sacrifice à Apollon et'Diane. Selon une autre tradition, elles accompagnèrent ces deux divinités lorsqu'elles quittèrent le pays des Hyperboréens pour se fixer à Délos 1.
Nous devons placer ici un des quatre PALÉPHATE , dont parle Suidas. Il l'appelle un Athénien et un poëte épique, contemporain de Phémonoé. Il cite sa Cosnzopée, en cinq chants, sa Naissance d-Apollon et de Diane, en quatre, ses Discours ( <ï>covcci xa1 Xoyoi ) de Vénus et de V Amour, en cinq ; sa Dispute entre Minerve et Neptune ; sa Boucle de Latone, Il ne faut pas confondre Paléphate avec un auteur prosaïque du même nom, dont nous parlerons par la suite.
Tous ces poëtes étoient en même temps musiciens. La musique et la poésie étoient entièrement unies dans les premiers temps de la Grèce, ou, pour mieux dire, la musique , le chant et la danse constituoient la poésie. Les Grecs ne connoissoient ou n'estimoi.pas la musique purement instrumentale. Il' t pas aisé de se faire une idée de leurs différens nomes ou mélodies; mais ces mélodies doivent nécessairement avoir été fort simples, et chaque genre de musique étoit exclusivement consacré à un genre de poésie. La musique, principalement la mélodie et le chant,. faisoient un des
1 Il vint, à une époque postérieure, une seconde ambassade hjperboJ'èenue à Délos : elle se composoit encore de deux vierges, Laodice eL Hyperoche, ayant à leur suite cinq hommes chargés de dons pour la di"iuité : ils sont nommés ~Tltpyepétç. Vov. HtROD. , IV, 55.
------------------------------------------------------------------------
principaux objets de l'éducation que recevoit chaque citoyen; on en sépara, sous ce rapport, la danse ? qui, sous le nom de gymnastique, devint un art particulier. Par la suite des temps, on sépara aussi. les divers genres de chants : les uns furent appelés odes et hymnes, d'autres devinrent le poëme épique ; nous verrons naître plus tard la tragédie, qui réunit de nouveau les genres épique et lyrique
Nous n'avons pas encore parlé des deux plus célèbres poëtes-prophètes, qui, sortis du nord de la Grèce, fondèrent un culte mystérieux dont le but étoit d'adoucir les moeurs féroces d'un peuple barbare. Cette civilisation naissante fut propagée et perfectionnée à l'aide de la poésie, de la musique, de la religion, par des sociétés secrètes, qui, fondées pour un but si sacré , ne tardèrent pas de dégénérer, comme fait nécessairement toute institution de ce genre, parce que les signes mystérieux qui d'abord n'ont d'autre objet que le maintien du secret, finissent presque toujours par être considérés par Les adeptes comme l'objet même de ces associations. Aussi les Orphiques, qui, dans l'origine, avoient été un bienfait pour l'humanité, devinrent-ils par la suite une société de jongleurs , qui, professant la magie et les sciences occultes, tombèrent dans le mépris dès le temps de Socrate.
1 Voy. Brown's Dissertation on tlie rise, uuiou and power, the progressions, séparations and corruptions of poetry and musi-c. London , 1763, in-4°. 11 en a paru eu iy65, à Paris, une traduction par Bidous.
------------------------------------------------------------------------
Quant à OREHÉE, fondateur de ces mystères, et a son disciple Musée, leur histoire est enveloppée de ténèbres. Ce que, dans les siècles sui vans, les Grecs en ont rapporté, doit être mis sur le compte de leur vanité crédule et de leur penchant pour le merveilleux ; et si l'orateur romain a bien entendu Aristote, celui-ci croyoit même que l'existence d'un Orphée étoit fabuleuse 1. Les poésies de ces deux prophètes se rapportoieut sans doute aux mystères qu'ils avoient institués, et n' étoient pas, comme celles des poëtes sui vans, conservées dans la bouche d'un peuple profane; ce dépôt étoit confié à un petit nombre de prêtres et d'initiés. C'est le secret dont ces poésies furent entourées dès leur origine qui a été la principale cause des falsifications qu'elles éprouvèrent ; les altérations furent si nombreuses, que, dès les temps d'Aristote et de Platon, il n'exista plus rien d'authentique d'Orphée ni de Musée. Les ouvrages qu'on attribuoit aux poëtes de cette période étoient des Cosmogonies a, des Oracles ( yp-rtapoi ) , des Initiations ( TsXerœ. ), des Purifications (x<x$cxpu.oi)f des Expiations (<*nxoaA&7 £ iç),
1 Cic. DQ, IN. D. 1, 58. Orpheum poetam docet Aristoteles nunquam juisse. Ce qui veut sans doute due : Il n'a pas existé d'Orphée, tel qu'on se représente ce poëte.
2 L'exposition de la doctrine d'Orphée sur l'origine du monde jSe trouve, mais sous d'autres formes, dans DAMASCIUS , TTEOI ÀP^AV ( J.-Cli. Wolf Ânecd. gr., vol. III, p. 252, sqq. ) f dans SA [NT CLÉMENT de Rome ( Recogn. ad gentil. X, 17, 27), et dans ATHEKAGORAS , (Leg. pro Christ..
p. 18, ed. Colon. J. M. Creuter dérive cette doctrine de l'Egypte ( Symholil und Mythol, Zwcite Ausg., vol. 111, p. 292 ).
------------------------------------------------------------------------
des Hymnes (ypvoc ), des Préceptes contre les maladies ( axs<7scç voctoov), des O no mas tiques ( ovouarîxà eiryj ) qui apprenoient les noms des dieux.
Il nous seroit impossible aujourd'hui d'apprécier le mérite poétique d'ORPHÉE, que la tradition place au quatorzième siècle avant notre ère, et difficile déporter un jugement sur les mystères et l'espèce d'ordre qu'il a, dit-on, institués. Il étoit né à Ltbethres en Thrace ; fils du roi OEagros et de la Muse Calliope , il prit part à la fameuse expédition des Argonautes, et la célébra par ses chants. Sa vie appartient à la mythologie plutôt qu'à l'histoire, et à l'histoire de la civilisation plutôt qu'à celle de la littérature. On doit le regarder comme le véritable auteur de la théologie des Grecs : il abolit les sacrifices humains, et institua une expiation pour mettre fin à ces vengeances de famille qui étoient usitées parmi ce peuple , comme elles le sont encore aujourd'hui parmi quelques nations peu civilisées. C'est ce qui a fait dire à Horace :
Sylvestres homines sacer interpresque deorum CsBtlibus et victu foedo deterruit Orpheus , Dictus ab hoc lenire tigres rabidosque leones.
Les ouvrages d'Orphée, s'il est vrai qu'il en ait laissé , ne sont pas parvenus jusqu'à nous, et ceux qu'on lui attribue, ont été composés long-temps après, ainsi que le prouvent, outre les témoignages historiques, l'art qui y règne et les réflexions phi-
------------------------------------------------------------------------
losophiques dont ils sont, dirons-nous, ornés ou déparés.
Ces ouvrages sont : 1°. Des Hymnes d'initiation (TeAerat), au nombre de quatre-vingt-huit, en hexamètres. D'après l'opinion commune, ils ont été composés sous le nom d'Orphée, par ONOMACRITE, contemporain de Pisistrat.e; selon d'autres, cet Athénien n'a fait que les traduire du vieux langage dans l'idiôme poétique de son temps. Quelques critiques ont pensé que le sophiste HIPPIAS a eu part à ce travail. Enfin il y en a qui, refusant à ces morceaux une antiquité si haute , les attribuent tous à quelques NéoPlatoniciens des premiers siècles du christianisme , comme nous le dirons lorsque nous exposerons les divers sentimens des savans sur ces productions.
Il faut, au reste, distinguer ces hymnes, comme en général tous les hymnes mystiques de cette période, de deux autres sortes de poésies que nous trouverons par la suite; savoir, des hymnes épiques des Homérides, et des hymnes lyriques. Les hymnes mystiques avoient pour objet La théologie symbolique qui étoit enseignée dans les mystères.
Une quatrième sorte d'hymnes sont ceux qu'on pourroit appeler philosophiques : Gléanthe et Proclus nous en fourniront des exemples.
2P. Un poëme historique ou épique sur Y Expédi- tion des Argonautes, A pyovoamxà , en i584 vers.
5°. Un ouvrage sur les Yerlus magiques des pierres , rapt ou A[$ixd. Ce poème qui enseigne
------------------------------------------------------------------------
comment on peut, à l'aide des pierres, se préserver contre les poisons et se concilier la faveur des dieux, se compose de 768 hexamètres, et est précédé d'un argument qu'y a ajouté le grammairien DÉMÈTRIUS MOSÇHUS, Grec du seizième siècle.
Enfin4°. desfragmens de divers autres ouvrages, parmi lesquels on place un poëme en soixante-six vers, intitulé : Ilepc o-eiapLcov, des Tremblemens de Terre, c'est-à-dire des pronostics que l'on peut tirer de cette espèce de phénomène ; opuscule qu'on attribue aussi quelquefois à cet être fabuleux qu'on nomme HERMÈS TRISMEGISTE :
Le grammairien Jean Tzetzès allègue dix vers des Géorgiques d'Orphée ( -n-ept ysMpy(aç ) : ces vers se trouvent mot à mot dans un poëmé astrologique de Maxime , écrivain du quatrième siècle. Jusqu'au dix-septième siècle, personne ne doutoit que. les différens ouvrages qui portent le nom d'Orphée, ou au moins la plupart d'entre eux, ne fussent, soit véritablement de ce poëte même, soit au moins d'Onomacrite , qu'on regardoit comme le restaurateur des poésies antiques. Le savant évêque Iluet fut le premier qui, croyant y re.connoître des traces de christianisme , manifesta le soupçon qu'elles pourroient bien être l'ouvrage de quelque pieux imposteur. Lorsqu'en L 751 David Ruhnkcn publia sa seconde Lettre critique, il s'éleva contre ce soup-
1 Nous parlerons de ce Hermès, lorsque nous nous occuperons des Néo-Platoniciens.
------------------------------------------------------------------------
çon, et plaça la composition des ouvrages en question au dixième siècle avant J.-C. Jean-Mathicis Gesner alla plus loin : dans ses Prolegomena Orphica, qu'en 1759 il lut à l'académie de Goettingue, et qui furent ensuite placés dans l'édition d'Orphée que Jean-Christophe Hamberger publia après sa mort, il déclara n'avoir rien trouvé dans ces poésies qui empêchât de les croire composées avant la guerre de Troie. Il accorda toutefois qu'Onomacrite pouvoit les avoir retouchées. Gesner trouva un contradicteur dans le célèbre Falckenoer, qui crut reconnoître dans ces poésies un élève de l'école d'Alexandrie Enfin, en 1771, feu Jean-Gottl.
Schneider a fit revivre et développa l'idée de Huet : ces mêmes poésies où Ruhnken avoit trouvé une diction presque .homérique, et Gesner la simplicité de la haute antiquité, paroissoient, aux yeux du professeur allemand, l'œuvre d'un Wéo^latoni- cien initié dans la doctrine du judaïsme et dans les mystères du christianisme. Ses motifs, tirés seulement du style des ouvrages orphiques, furent renforcés par Jean-Eric Thunmann 3. Ce savant y fit remarquer des erreurs historiques èt géographiques gui, d'après lui, ne peuvent avoir été commises que par un écrivain postérieur à Ptolémée Evergète. Il est assez singulier que, par des motifs semblables, un autre géographe allemand, M. Con-
1 Dans ses Observations jointes à l'édition d'Hérodote de Wesseling.
s Dans une dissertation inbérée dans ses Analecta critica.
3 Neue philolog, Bibliothek 'IV, 1778, p. 298.
------------------------------------------------------------------------
rad Mannert 1 place l'auteur de ces poésies avant Hérodote, parce qu'il n'a qu'une idée confuse du Pont-Euxin, et qu'il ne connoît pas le nom de l'île de Sicile. M. Mannert le croit cependant postérieur à Homère, parce qu'il sait que le Pont-Euxin est une mer fermée, et qu'il a connoissance des colonnes d' Hercule, de la Sardaigne et .du mont Etna. En 1782, Ruhnken publia une nouvelle édition de sa Lettre critique; il y réfuta les raisonnemens de Schneider, en convenant néanmoins que l'opinion de Yalckenœr n'étoit pas sans vraisemblance.
La discussion en resta là pendant vingt ans, et Schneider garda le silence jusqu'à l'époque où il donna son édition des Argonautiques, c'est-à-dire en i8o5. Dans la préface de ce livre, il défendit l'opinion qu'il avoit émise dans sa jeunesse, en la modifiant toutefois; car il convint que l'auteur des Argonautiques, quoique moderne, s'étoit approprié la manière des poëtes d'Alexandrie. Deux années après, M. Godefroi Hermann, dans un mémoire joint à ses Orphica, et plus tard dans une dissertation particulière 3, soutint avec infiniment d'érudition l'opinion de l'évêque d'Avranches, et celle
1 Geographie der Griechen und Rœmer, IV , 25.
2 M. God. Hermann objecte que de la même manière on pourroit prouver que l'auteur de ces poésies a vécu après Hérodote , parce qu'il parle de la chaîne des Alpes, ainsi que de l'Hibernie, l'une et l'autre inconnues au père de l'hilltoire.
5 De cetate scriptoris Argonauticorum dissertatio.
------------------------------------------------------------------------
que Schneider avoit émise en 1771. Ses motifs sont tirés de la diction, et surtout du mètre : ce savant est juge compétent en tout ce qui tientà la métrique.
Cinq critiques allemands, MM. Ileyne, J. H.
Voss , Fred. - Aug. Wolf, Imnz. G. Huschhe 1, et Bern.- Louis Koeni-snzann u, se sont prononcés con-
tre l'hypothèse de Schneider et de M. Hermann, en reconnoissant toutefois la justesse des observations de Vcilckenœr s. M. Kœnigsmann s'étant prévalu de l'autorité du grammairien Dracon, qui cite les Argonautiques d'Orphée, M. Hermann s'empressa dé se procurer, par feu Bast, une copie de l'ouvrage de Dracon, qui étoit encore inédit, et le publia à Leipzig en 1812. Le fait est indubitable; Dracon cite, en effet, les Argonautiques, et son autorité devient d'autant plus grave que M. Hermann lui-même a découvert que ce grammairien n'a pas vécu, comme on l'a cru, vers le sixième siècle de notre ère, mais qu'il est antérieur à Apollonius Dyscolus, et par conséquent du commencement du second siècle4: Toutefois M. Hermann a fortement ébranlé l'autorité du livre de Dracon, en
1 De argumentis pro antiquitate Orphei Argonauticorum, Lips. ,
1811 in 4°.
3 De Orphei Argonauticis, Rostoc., 1806, in-4°.
3 Diss. de betate carminis epici quod sub Orphei nomine circumfertur. Slesvic., 1810, in-40. qu
4 Voy. aussi Tiedemann, Grîecbealauds erste Philosophcn, Leipz. ,
1780, in-8u. J. Ch. G. Gerlach de hymnis Orpliicis coiumentalio, Gœu., 1797 , in-Bo.
------------------------------------------------------------------------
élevant un soupçon qui fait douter que nous possédions celui que Dracon avoit écrit, et nous porte à croire que nous avons seulement un extrait de ce livre, augmenté ensuite par les exemples et les citations ajoutées, soit en marge, soit dans le corps de l'ouvrage, ainsi que les possesseurs de manuscrits avoient coutume de faire. Il est même probable que les citations de vers d'Orpbée ont été ajoutées par Constantin Lascaris, qui a fait connoître en Italie les Argonauti ques 1.
La première de toutes les éditions d'Orphée est celle de Florence, de i5oo, in-4°, imprimée par Phil. Giunta (Junta): le poëme des Pierres ne s'y trouve pas. L'édition d'Aide l'ancien, de l'année 1517, in-8°, est plus complète; les Lithiques y parurent pour la première fois. Les héritiers de Giunta la copièrent en 1519, in- 8°.
Orphée fut réimprimé avec la version latine de Cribellius de Milan, à Bâle, en 1523 et en 1529, in-4°. Nous passons sous silence plusieurs éditionsl antérieures à Henri Etienne.
Celui-ci corrigea le texte par des conjectures, et le plaça dans sa collection de Poëtes grecs héroïques. André-Christian Eschenbach en donna une nouvelle édition à Utrecht, 1689, in-12. Enfin, l'édition commencée par Jean-Math. Gesnçr, et publiée par George-Christophe Hamberger, à Leipzig, en 1764, in-Bo, termina la série des éditions coulées d'une même source. Une nouvelle époque commence par l'édition des Argonautiques seules, donnée par Y. G. Schneider, à Jeua, i8o3, in-8°. Ce savant a eu d'excellens matériaux pour la critique du texte, nommément la. collation de quelques manuscrits
1 Yoj. la préface de l'édition de Dracon par M. Hermann.
1
------------------------------------------------------------------------
de Moscou et de Vienne. L'édition de 1764 étant épuisée, M. God. Hermann se chargea de la revoir pour une nouvelle impression : celle-ci parut en 1805, in-8°, sous Je titre d' Orphica. L'éditeur n'avoit pas de nouveaux matériaux à sa disposition; mais il a profité de ce qu'il trouvoit dans les éditions antérieures des œuvres d'Orphée, et dans l'excellente édition des Lithica donnée en 1781, in-8°, à Londres, par.
Thomas Tyrwhitt i et il a ajouté la dissertation sur l'époque où les poésies d'Orphée ont été composées ; morceau' curieux dont nous avons parlé ci-dessus.
Le' poëme des Tremblemens de terre, attribué à Orphée , se trouve dans l'Anthologie. Il a été publié séparément par J. A. Baifous , Paris, 1586, in-4°, et dans les-Miscellanea de Maittaire, ainsi que dans le troisième volume des Analecta de Brunch.
«
Les données qu'on a sur MusÉE, ne sont pas pluscertaines que celles qui nous sont parvenues sur Or.phée; l'histoire de sa vie est enveloppée de mystères et entourée de fables. Platon le dit fils de Sélène, et comme pour ne pas laisser de doute sur la signification de ce nom, Hermesionax dans un passage de sa Leontion qu'Athénée nous a conservé, dit que Méné, c'est-à-dire la Lune, étoit la mère de ce poète, qu'il appelle le favori des Muses
D'autres lui donnent simplement une nymphe pour mère. Musée naquit, soit à Athènes, soit à Eleusis dans lrÀttique, car les écrivains de l'antiquité ne sont pas d'accord sur ce point; mais il étoit originaire de la Thrace, et issu de l'illustre famille des
1 ATHEN. "XI", p. 597; (ed. Schweigh. vol, V, p. 161 ).
------------------------------------------------------------------------
Eumolpides, qui dérivoit son origine du Thrace Eumolpe, fils de Neptune"et.de Chione. Eumolpe vint s'établir en Attique et fut prêtre de Cérès à Eleusis, où Pausanias dit avoir vu son tombeau.
Cette famille étoit en possession de mystères et de rites d'initiation particuliers, et douée, de père en fils, dei don. de la prophétie. Musée descendoit au quatrième ou cinquième degré du premier Eumolpe : la tradition nomme Antiphème son père.
Nous avons dit qu'il étoit disciple d'Orphée; d'autres l'appellent au contraire son maître, et Suidas dit expressément que, quoique disciple d'Orphée, il fut plus âgé que ce poète-prophète qui lui légua sa lyre. D'après une autre tradition, cet instrument fut confié à Musée par les Muses qui, après la. mort d'Orphée, l'avoient trouvé sur le rivage de la mer.
Il passa une grande partie de sa vie à Athènes, et du temps de Pausanias, le quartier de cette ville y où il avoit habité et où il fut enterré, portoit encore le nom de Musée x. Dans le fragment d'Hermesionax que nous avons cité, il est question de ses amours avec Antiope : ailleurs son épouse est appelée Deïope, dont il eut Eumolpe le jeune, qui présida à l'expiation d'Hercule.
Les poésies de Musée, négligées probablement à une époque postérieure où la poésie ionienne, plus analogue au génie des Grecs, prit une grande vogue, furent tellement interpolées que lorsque par
r i Lib. 1 , cap. 25, 6.
------------------------------------------------------------------------
la suite l'esprit de critique voulut s'en occuper, il ne fut plus possible de distinguer ce qui étoit authentique, de ce qui avoit été ajouté. Pausanias 1 regardoit le seul hymme en l'honneur de Cérès, comme une production vraiment muséenne :tout le reste lui paroissoit l'ouvrage d'Onomacrite, contemporain des Pisistratides. Cethymme s'est perdu, aussi bien qu'à un très-petit nombre de vers près, tout ce qu'on colportoit sous le nom de Musée ; car le poëme dtlléro et Léandre qui nous reste, est d'un autre Musée , surnommé le Grammairien.
Nous allons indiquer les titres de ces ouvrages.
10. Des Oracles, ypnapoi. Musée avoit prédit, d'après Herodote 3, l'issue heureuse de la bataille de Salamine, c'est-à-dire qu'on appliqua à cet événement glorieux pour les Grecs, une de ces prophéties qui &'étoient conservées dans la bouche du peuple, comme on fit à l'égard de trois vers que Pausanias nous a conservés 3 et dans lesquels on vit d'autant plus volontiers une prédiction du combat d'iEgos Potamos, qu'ils confirmoient le soupçon qu'on avoit de là trahison d'Adimantus. Cet oracle, et un autre morceau, également en trois vers, que St. Clément d' Alexandrie a cité 11, sont les deux fragmens les plus considérables qui nous restent de Musée. Ses oracles furent recueillis, par
1 1, 22, 7.
s VIII. Q6.
5 X, 9,5.
4 Strom., 8, p. 738.
------------------------------------------------------------------------
ordre d'Hipparque, par Onomacrite; mais le poëte Lasus d'Hermione ayant découvert la fraude de cet individu qui avoit mêlé ses propres productions dans les prédictions anciennes , Hipparque exila l'imposteur. Il paroit que depuis cette époque on ne savoit plus distinguer ce qui étoit de Musée d'avec les interpolations d'Onomacrite.
2°. Des Initiations, TÚE't"a(. Un passage de la République de Platon 1, explique l'objet de ce genre de poésie : par les initiations on expioit les sacrilèges commis par des individus ou par des villes entières. Elles sont aussi citées sous le titre de Purifications, KaOocppoi, ou d'Absolutions, IIocpocMijeiç.
5°. Des Channespontre les maladies, Âxeaeiç voircov, cités par Aristophane et Eustathe 3.
4°. Une Sphère , lyetpou, poëme astrologique.
Diogène de Laërte, en parlant de Musée , dit :
dire : il mit le premier en vers la Théogonie et la Sphère. Is. Newton traduisit faussement : il fit une sphère; et c'est sur cette erreur qu'est fondé le calcul de ce grand mathématicien, d'après lequel l'expédition des Argonautes seroit de l'année g56 - avant J.-C.4.
5°. Une Théogonie, Sîoyovia, et 6° une Guerre des
1 2. (T. VI-, p. 221 de l'éd. deDeux-Fonu ).
a Grenouilles, v. io33.
5 Ad Il., introd.
4 Voy. Clavier, Iiist. des premiers temps de la Grèce ( deux, éd.) , vol. III, p. 24.
------------------------------------------------------------------------
Titans, Tc-ravo')lpacp(a, dont on cite le troisième livre.
t 7°. Des Préceptes, adressés à son fils Eumolpe, Y-7roô9)xaj ou E^mAttéoc Trotvjatç, ouvrage de morale, ou peut-être une instruction pour la célébration des mystères. Suidas dit qu'il. étoit de 4ooo vers environ.
8°. KpocTTjp. Servius est le seul qui cite ce poëme J: il dit que c'étoit le premier ouvrage de Musée et dédié à Orphée. Ce titre indique sans doute un mélange, car les anciens appeloient xpazrip, le vase où se faisoit le mélange du vin avec l'eau.
90. Un hymme à Cérès, cité par Pausanias comme l'unique production authentique de Musée : le poëte le composa pour la famille des Lycomèdes, qui paroît avoir en un respect particulier pour Cél'ès, car elle possédoit une chapelle de cette déesse que les Perses détruisirent et qui fut rebâtie par Thémistocles. Cet Athénien appartenoit lui-même à la famille des Lycomèdes2.
10°. Un hymme en l'honneur de Bacchus, cité par iElius Aristides dans son Eloge de cette divinité.
11°. Sur les Tlzesprotes, Ilepl Qsaizpoyrtav. S. Clément d'Alexandrie rapporte qu'Eugammon de Cyrène, poète de la 55e olympiade, s'attribua cette description des choses remarquables de la Thes-
J. Ad En., VI, 667.
11 PLUT., Vie de Thémist., t. l, p- 112, A.
------------------------------------------------------------------------
protie, et la publia,comme son ouvrage. Pour qu'un tel plagiat fût possible, le poëme de Musée devoit être tombé dans un oubli parfait.
Les Isthlniques cités par les scholiastes d'Euripides et d'Apollonius de Rhodes, comme production de Musée, ne pouvoient être de l'Etimolpide, qui a vécu avant la fondation des jeux Isthmiques..
Le petit nombre de vers de Musée qui nous ont été conservés par les citations de Pausanias et de S. Clément d'Alexandrie, ont été réunis par Henri Etienne, dans sa collection de poésies philosophiques, et par M. Manso, dans son édition grecque-allemande de Musée le grammairien.
La collection des oracles de Musée n'étoit pas la seule de ce genre qu'on colportoit chez les anciens. 11 y en avoit une autre très-fameuse,. qu'on attribuoit à la Sibylle ou aux Sibylles. Ce que les anciens nous disent de ces prophétesses est trèsobscur, fabuleux, et rempli de contradictions. Il paroît que le, nom de SIBYLLE étoit appellatif et
signifioit une inspirée ; il est communément dérivé de deux termes éôliens ou doriens, savoir : a,Óç 7 Dieu , et (3DÀYJ , conseil. On compte jusqu'à dix Sibylles, et on les place à une époque antérieure à Moïse de 800 ans. La plus ancienne d'entre elles est celle de Perse, qu'on nomme SAMBETHÉ; mais la plus célèbre est la Sibylle d'Erythrées ou de Cumes , HÉROPHILE, nommée , par d'autres, DEMOPHILE, dont les oracles relatifs à l'histoire de la république romaine étoient conservés à Rome,
------------------------------------------------------------------------
dans le temple d'Apollon,. Pline dit1 que les oracles sibyllins étoient écrits sur papyrus. L'original qu'on prétendoit avoir été acquis par Tarquin , périt du temps de Marius, par l'incendie du Capitole. On enveloppa l'existence de ces livres de tant de mystères, que les anciens ne nous disent pas même expressément en quelle langue ils étoient écrits. On conçoit difficilement comment des pontifes romains pouvoient se servir de livres écrits en grec , puisque, sans doute, il ne leur étoit pas permis de consulter des interprètes. Il paroît certain néanmoins que ces livres étoient écrits en grec, puisqu'après leur destruction, le sénat, voulant réparer cette perte, fit recueillir avec soin les ouvrages et les sentences des Sibylles qui circuloient en Grèce, et surtout à Erythrées , en Ionie, prophéties qui, au commencement de la guerre du Péloponnèse, jouissoient d'un grand crédit à Athènes. Il résulta de ces recherches de nouvelles collections d'oracles sibyllins qui, instrument de la politique et de l'esprit de parti, furent souvent falsifiés par ceux qui étoient investis du pouvoir. Le sénat les fit purger à différentes reprises des interpolations qu'on y avoit fait glisser. Auguste et Tibère en ordonnèrent de nouvelles révisions; les premiers empereurs chrétiens ne les firent pas ôter du temple d'Apollon Capitolin, où Julien les consulta en 563; enfin, Stilicon , ministre d'Honorius, les fit brûler.
1 Hist. nat., XIII, i5.
------------------------------------------------------------------------
La plus ancienne prophétie sibylline qui nous ait été textuellement conservée , est celle que rap-
porte Pausanias 1 , et que les Athéniens appliquèrent à la bataille d'JEgos-Potamos , parce qu'il y est question d'une flotte détruite par la faute des généraux ; peut-être aussi les chefs qui commandoient dans cette bataille, ne furent-ils accusés de trahison qu'afin que l'oracle qui couroit dans la bouche du peuple trouvât son application. Une autre prophétie sibylline se lit dans Plutarque 2 ; il y est question d'une bataille sanglante qui seroit livrée sur le Thermodon. Les Athéniens ap* pliquèrent cet oracle à la bataille de Chéronée.
Plutarque dit que de son temps il n'existoit pas de rivière de ce nom près de sa ville natale , et il conjecture qu'il s'agit d'un petit ruisseau, tombant dans le Céphise, et que ses compatriotes nommoient Aïmon, ruisseau de sang. Pausanias parle du ruisseau Thermodon, enBéotie ; mais il le place loin de Chéronée 5.
L'histoire romaine nous a conservé deux prophéties sibyllines, non littérales, mais bien précises. L'une défendoit, disoit-on, aux Romains d'étendre les bornes de leur domination au-delà du Mont Taurus. S'il étoitbien constaté que cette défense, que nous connoissons par Tite-Live 4 ,
1 X, g.
1 In vita Dcmosth., éd. de Reiik. , vol. IV, p. 7^3.
3 PAU SAIT. , IX, 19.
4 XXXVIII 45.
------------------------------------------------------------------------
se trouvoit dans les livres de la Sibylle , elle suffiroit pour prouver que ces livres ne furent pas composés pour Rome. En effet, la prophétie qui fixe le Taurus pour limite orientale d'un empire, ne peut avoir été faite que pour les rois de Lydie.
Il est superflu, au reste, de remarquer; qu'à l'égard de Rome, au moins, elle a été démentie par les événemens.
La seconde prophétie que l'histoire romaine nous a conservée, est celle qu'on trouva, dit-on, dans les livres sibyllins, lorsqu'on les consulta pour savoir s'il falloit accorder à Ptolémée Aulètes, roi d'Egypte, les secours qu'il sollicitoit contre ses sujets rebelles. « Si un roi d'Egypte vient vous demander des secours , ne lui refusez pas votre alliance ; mais ne lui accordez pas de troupes , » répondit l'oracle consulté par ordre du sénat. C'étoit le moment où les partis qui divisoient la république se préparoient à un combat à outrance ; car c'étoit l'année 55 avant J.-C. t qui précéda de sept ans la bataille de Pharsales. Quoique nous sachions , que cet oracle causa de vifs débats dans le sénat romain, nous connoissons cependant trop peu les mobiles secrets qui mettoient en mouvement les passions , pour fixer notre opinion sur l'authenticité d'une prophétie qui semble porter tous les caractères de la supposition et qui n'étoit peut-être que le produit d'une fraude dont tous les partis étoient intéressés à soustraire l'origine à la connoissance du public.
------------------------------------------------------------------------
Ce qui nous reste aujourd'hui sous le titre d'Oracles de la Sibylle, a été fabriqué par la pieuse fraude des premiers chrétiens, toujours attentifs à découvrir dans la Mythologie païenne des traces de leur foi, et ne rougissant pas de travestir de toutes les manières les vérités de l'Evangile. S. Clément de Rome lui-même n'est pas à l'abri du soupçon d'avoir participé à cette falsification, ou.
d'avoir ajouté foi trop légèrement à un texte corrompu. D'après S. Justin, ce pontife avoit cité, dans son Epître aux Corinthiens , des oracles de la Sibylle, pour confirmer les vérités qu'il annonçoit aux païens Un contemporain de S. Clément, l'historien Josephe, se réfère à un passage de ces mêmes oracles 3 où il est question de la tour de Babel ; ce que nous remarquons comme une preuve de l'ancienneté des falsifications de ces oracles.
- Celsus , cet antagoniste fameux de la religion , accusoit expressément3 les chrétiens d'avoir altéré ce recueil. Les Pères de l'Eglise du deuxième , et plus souvent encore ceux du troisième siècle , se réfèrent à des passages interpolés qu'ils rapportent comme authentiques 4.
La collection des oracles sibyllins, telle qu'elle a été connue jusque dans ces derniers temps, se
1 Quœst. ad Orthod. Resn. ad aUéDst. LXXIV.
a Antiq. Jud., I, 5.
5 URIG. adp. Ceîs., lib. VII
4 Voy. aussi Birg. Thorlacii libri Sibyllifitarum veteris ecclesiœ ciisi, qualenui monumenta christiana sunt, subjecti. Hafniæ J 1815, in-Sa.
------------------------------------------------------------------------
compose de huit livres. Dans le premier, il est question de-la création, de la chute du premier homme , et du déluge : il est évident non-seulement que ce livre est pris de la Genèse, mais aussi que son auteur s'est servi de la traduction grecque des Septante *. Le jugement dernier est le sujet du second livre ; l'Antéchrist a est annoncé dans le troisième ; le quatrième prédit la chute de diverses monarchies ; le cinquième s'occupe des Romains jusqu'à Lucius Verus. Dans le sixième, il est question du baptême de Jésus-Christ par S. Jean. Le septième est consacré au déluge et à la chute de divers états ou monarchies; le huitième au jugement dernier et à la destruction de Rome.
Un manuscrit de la bibliothèque ambrosienne de Milan , découvert par M. Ange Maio, contient un quatorzième livre en 554 vers ; mais. les livres qui devoient se trouver entre le huitième et le quatorzième y manquent. Ce dernier parle d'une destruction de Rome, si complète, que le voyageur n'en trouvêroit plus de traces, que des cendres couvriroient la place où elle fut jadis , et que son nom même disparoîtroit :
Après cela, la prophétesse désigne une longue
i S. Clément de Rome ne savoit pas l'hébreu.
s Domitien.
------------------------------------------------------------------------
série de princes sous lesquels Rome sera rebâtie.
Rome n'ayant pas subi une destruction complète, il est évident que la prédiction n'est p'B.s une de celles qui pnt été fabriquées après coup; il s'en suit qu'il seroit inutile de vouloir chercher à l'expliquer. Ce qui est certain, c'est que ce quatorzième livre n'a pas été forgé par un chrétien : l'auteur étoit certainement païen.
Sixte Birken} qui se nommoit Xystus Betulejus, a le premier fait connoître les Oracles Sibyllins, en les faisant imprimer à Baie, en 1545, in-8°, chez Oporin. L'année suivante, Oporin imprima aussi la traduction latine de Sébastien Chartillon (Castellio), de Genève ; il la joignit ensuite à une édition du texte corrigé d'après un-manuscrit de Florence, qu'il publia en 1555, in-8°. Ces Oracles se trouvent aussi dans la collection des Orthodoxographes de Herold. Jean Opsopœus les publia trois fois, toujours avec la version de Castellio, à Paris, en 1589, i5gg et 1607, in-8°. (La dernière réimpression est mauvaise. ) L'édition la plus complète est celle de Servces Galle, qui parut à Amsterdam en 1689, in-40. Il faut y joindre le 14e livre publié par M. Ange Maio, à Milan, 1817, in.8°.
Il existe d'autres collections d'oracles qu'on fait remonter à cette époque reculée. Leurs prétendus auteurs sont AMPHILYTUS de V Acarnanie ; BACIS ; DIOPITHÈS; et plusieurs prophétesses, comme XENOCLEA, les PÉLÉADES , auteurs d'un hymne OLL est célébré Jupiter qui est, qui fut et qui sera, Zebç riv, Zsùç FORE, ZeÙç eaaerai1 ; PHAENNO d'Epire 2, PHÉMO-
1 Fàusàn., X, 12.
e Il paroît, d'après le passage cité de Pausanias, que la devineresse
------------------------------------------------------------------------
NQÉ, qui fut la première .prêtresse de Delphes, et à laquelle on attribue un traité sur l'Education des Oiseaux, 'Op'JwaÓrpu)'J J, et la Delphienne BOEO : Pausanias cite a ses hymnes, dans lesquels elle raconte comment le culte d'Apollon avoit été porté de l'Hyperborée en Grèce par Olen. Le célèbre Reiske a pensé que le Testament secret, airoppyfrat SiocQinxou, dont il est question dans le plaidoyer de Dinarque contre Démosthène, testament d'où dépendoit le salut d'Athènes, et dont le dépôt étoit confié à l'Aréopage, Wétoit autre chose que le re- cueil des oracles de Bacis et d'Amphilytus, lesquels renfermoient les destinées d'Athènes. Cette hypothèse, avancée uniquement pour interpréter un passage obscur, ne repose sur aucun fait; elle ne paroît pas même se concilier avec un autre passage qui se trouve dans Aristophane3, et où la véracité de Bacis est mise en doute ; trait que le poëte n'auroit probablement pas osé lancer, s'il
Thaënno ne doit son existence qu'à une erreur. ( 11 a existé, dit. cet écri- vain, à l'époque où Démétrius (fils d'Antigone) ayaul été fait prisonnier, Antiochus (fils de Seleucus ) monta sur le trône, une certaine PHAENNIS , fille du roi des Chaoniens, qui a été mise au rang des prophétesses. » L'époque indiquée par Pausanias répond à l'année 279 av. J.-C. Au chap. 15, cet historien rapporte un des oracles de Phaënnis qui anuonçoit l'anivte des Gaulois,
1 Il existe sous ce titre plusieurs ouvrages dont nous parlerons au chap. xciv.
à Lib. X, cap. 5.
5 Pac. v. 1071 et 1119.
------------------------------------------------------------------------
avoit existé une prophétie de ce devin à laquelle le salut de l'état fut attaché J.
- Ces divers oracles forment les seconds volumes des recueils d' Opsopœus et Galle.
Un autre personnage fabuleux qu'on place dans les deux ou trois siècles avant la prise de Troie, est l'Egyptien HERMÈS TRISMEGISTE ou THOTH.
On lui attribue l'invention de l'écriture et un grand nombre de découvertes dans plusieurs sciences.
Les Néo-Platoniciens, classe de philosophes que nous verrons naître dans le deuxiènie et le troisième siècle après J.-C., le regardoient comme l'auteur de toutes leurs rêveries mystiques. C'est sans doute alors qu'ont été fabriqués les ouvrages portant son nom. Lorsque la suite de notre histoire nous aura conduits à cette époque de décadence, nous reviendrons sur Hermès2.
Les poëtes de la période que nous avons parcourue ont inventé l'hexamètre. Ce vers dans lequel le dactyle prédomine, de manière cependant qu'il n'exclut pas le grave spondée, est imposant et majestueux; il est parfaitement analogue à la poésie sévère qu'on cultivoit exclusivement dans les premiers temps. La langue primitive des Grecs, qui avoit beaucoup de rapport avec ce que par la suite on nomma dialecte éolien, s'y adaptoit facile-
1 Voy. chap. xix. article Dinarque.
s Au chap. LXII.
------------------------------------------------------------------------
ment, parce que dans ce dialecte l'accent, ~lXpau;, repose de préférence sur la première syllabe. Une tradition populaire qui s'étoit perpétuée parmi les Grecs , nommoit la prêtresse PHÉMONOÉ l'inventrice de l'hexamètre 1 ; on parloit à Delphes, sa patrie, le dialecte éolien. Une autre tradition faisoit honneur de cette invention à Orphée. Les plus anciens hexamètres connus sont ceux qu' H érodote dit avoir lus à Thèbes, dans le temple d'Apollon , sur des trépieds consacrés par Amphitryon, et par deux autres princes du quatorzième ou du treizième siècle avant notre ère, si toutefois cet écrivain ne s'en est pas laissé imposer par la fraude des prêtres".
1 Voy. PAUSAN., X, 5 ; PROCLI Chrestomath. ap. PHOT. PLIN. Hist.
Nat., VII, 56.
a Voy. HÉROD. , V, 59. Le mot FOVUPXÉWV QUI se LI-ouve dans uue de ces inscriptions, les rend suspectes.
------------------------------------------------------------------------
LIVRE SECOND.
Histoire de la Littérature grecque depuis la prise de Troie jusqu'à la législation de Solon, de 1270 à 594 ansavant J.-C. — COMMENCEMENT DE LA LITTÉRATURE GRECQUE.
——— "e/f! =CHAPITRE III. '|
« Etat de la Grèce. Origine de la Grèce asiatique et de la GrandeGrèce. Des dialectes. Origine de l'alphabet grec. Les plus anciennes inscriptions. „
LA période de temps qui commença quatre-vingts ans après la prise de Troie b est remarquable par les fréquentes migrations des tribus helléniques.
L'invasion des Hèraclides dans le Péloponnèse ébranla tous ces peuples. Chassés, vers 1562. ans avant J.-C., de cette presqu'île par les Pélopides, les descendans d'Hercule avoient trouvé un asile en Hellade, parmi lés Doriens du mont Parnasse, dont le chef, iEpalius ou Ægymius, adopta Hyllus, fils d'Hercule. Les descendans de ce prince firent plusieurs tentatives infructueuses pour rentrer dans le patrimoine de leurs ancêtres. Mais lorsque les états du Péloponnèse furent affoibliâ par la guerre de Troie et par les dissensions intérieures
------------------------------------------------------------------------
qui en furent la suite, les petits-fils d'Hercule qui, par haine pour les Pélopides, n'avoient pas pris part à cette expédition, ayant à leur disposition une population accrue dans un long intervalle de paix, reprirent un projet qui n'avoit jamais été abandonné.
A la tête des Doriens et d'une tribu d'Etoliens, ils envahirent la presqu'île, 1195 ans avant notre ère.
Rien ne put résister à l'impétuosité d'hommes qui avoient de longues injures à venger. Le bouleversement qu'ils opérèrent fut général; tous les états des Pélopides et des Néléïdes furent détruits : sur leur ruine il s'éleva six nouveaux états, savoir, Argos avec My cènes, la Messénie, la Laconie, Sicyone et Corinthe , qui échurent aux Doriens, et l'Elide qui forma la part des Etoliens. L'Arcadie et l'Egialée furent les seules contrées de la péninsule que les Héraclides ne soumirent pas : leur invasion n'eut même aucune influence sur l'Arcadie ; mais l'Egialée éprouva un grand changement.
Les Achéens, chassés de la Laconie, y entrèrent sous la conduite d'un fils d'Oreste, en expulsèrent les Ioniens, et donnèrent leur nom à ce petit pays.
Les Doriens avoient aussi essayé de se rendre maîtres de l'Attique : ce projet ne réussit pas ; mais en s.e retirant ils fondèrent l'état de Mégare.
La révolution opérée par les Héraclides fit disparoîti e les Pelasges : leur nom même cessa presqu'entièrement, de manière que dès-lors il ne se trouve plus attaché qu'à quelques colonies fondées au dehors. Les Pelasges restés en Grèce s'amalga-
------------------------------------------------------------------------
nièrent avec les Eoliens, celle des races helléniques avec laquelle leur langue et leurs mœurs paroissent avoir eu le plus d'analogie.
Le bouleversement des états fondés par la race primitive des Pelasges, loin d'être favorable au développement de l'esprit humain, fit faire un pas rétrograde à la civilisation, qui ne peut se développer que dans un ordte de choses stable et permanent. Non-seulement cet événement produisit des jalousies entre les deux principales branches helléniques, les Ioniens et les Doriens; mais le partage du Péloponnèse occasiona aussi des dissensions sanglantes entre les Doriens eux-mêmes, et ces contestations engendrèrent une haine implacable entre les descendans d'Aristodème qui avoient eu pour partage la Laconie, et ceux de Cresphonte auxquels la Messénie étoit échue.
L'invasion des Héraclides eut encore un autre résultat, qui influa puissamment sur la civilisation des Grecs : c'est l'établissement de colonies helléniques sur les côtes de l' Asie-Mineure, ainsi que la formation d'une triple confédération d'Ioniens, de Doriens et d'Eoliens.
Avant tous les autres Hellènes, les Doriens avoient envoyé des colonies dans l'Asie-Mineure.
La ville de Trézène avoit été occupée par ordre de Témenus, premier roi Héraclide d'Argcs; mais il existoit encore dans cette ville un descendant des princes auxquels le sceptre avoit été ravi par ces mêmes Pélopides dont les neveux se virent mainte-
------------------------------------------------------------------------
nant dépouillés par les nouveaux venus. Ce prince se mit à la tête d'une colonie de Doriens, et alla fonder Myndus et Halicanlasse en Carie. Cet événement eut lieu quinze-ans après l'invasion desHéraclides. Quarante-quatre ans après, une partie des Doriens qui avoient vainement tenté la conquête de l'Attique, passèrent dans les îles de Cos et de Rhodes, et sur le continent dMa Carie, où ils fondèrent Cnide. C'est ainsi que prit naissance l'Hexapoledorienne en Asie, composée des villes de Cosr Cnide, Halicarnasse, Linde , Camire et lalyse, ces trois dernières dans l'île de Rhodes. Myndus fut exclue de la confédération par des raisons qui nous sont inconnues.
Le royaume de Pylos en Messénie qui, fondé par Nélée, fut bouleversé par les Héraclides, étoit habité par des Eoliens. Ils allèrent s'établir à Lesbos. D'autres Eoliens réunis sous les drapeaux de deux, descendans d'Agamemnon, fondèrent Cumes sur le Xanthe, 1220 ans avant notre ère.
De Mitylène dans l'île de Lesbos, et de Cumes sortirent de nouvelles colonies qui s'établirent dans le voisinage. Telle fut l'origine de la Confédération des douze villes eoliennes, composée de Cumes, Larisse, Neontichos, Temnos, Cilla, Notion, Pitana, iEginuse, Ægæa, Myrine, Grynion et Mitylène. Les Eoliens de Cumes fondèrent aussi Smyrne, ] 102 ans avant J.-C. ; mais cette ville leur fut enlevée par les Colophoniens, et entra vers 700 ans avant J.-C. dans la confédération des Ioniens.
------------------------------------------------------------------------
L'émigration de ces derniers fut encore une conséquence de la tentative des Doriens pour s'emparer de l'Attique. Le dévouement de Codrus devint le prétexte d'une révolution dans le gouvernement d'Athènes. Mécontent de ce changement, Nélée, fils du dernier roi, se mit à la tête' des Ioniens qui venoiént d'être expulsés de l'Egialée par les Achéens, ainsi que de quelques autres tribus. Sous la conduite de ce chef, les Ioniens formèrent des établissemens dans les îles Cyclades, passèrent de là dans l'Asie-Mineure, et y bâtirent plusieurs villes, ou s'emparèrent de celles que les Pelasges y possédoient. C'est ainsi que naquit la Confédération ionienne. Elle se çomposoit de douze villes, savoir : Ephèse, Colophon, Lébédos, Téos, Clazomène, Phocée, Milet, Myonte , Priène, Erythrées , Samos et-Chios. Smyrne, que les Colophoniens enlevèrent aux Eoliens, y entra par la suite comme treizième confédérée. La plus considérable de ces villes fut Milet. Elle devint la métropole de beaucoup de colonies qui se fixèrent dans la Propôntide et au Pont-Euxin, telles que Cyzique , Sinope, Parium.
Il faut se garder d'attacher au mot de colonie, lorsqu'il s'agit des établissemens dont nous venons de parler, l'idée que nous avons de nos colonies transmarines, auxquelles elles ne sont pas comparables. Les colonies des peuples de l'antiquité devoient leur existence à la nécessité où se 1 trouvoit soit une population surabondante, soit une tribu chassée de ses domaines , soit un parti qui avoit
------------------------------------------------------------------------
succombé dans les dissensions politiques, Je chercher d'autres asiles. Les villes ainsi fondées, tout en conservant envers celles d'où elles étoient sorties, des rapports d'égards et d'amitié, et l'obligation cte les secourir en cas de guerre, jouissoient, dans,, la règle, de la même indépendance que la mère-patrie, et se gouvernoient d'après leurs propres loisr Les colonies sorties d'Europe depuis la fin du quinzième siècle, ont été fondées, au contraire , par un esprit de commerce et de spéculation qui étoit étranger aux Grecs. Parmi les peuples de l'antiquité, les seuls Phéniciens paroissent l'avoir connu : aussi leurs colonies différoient-elles essentiellement de celles des Grecs1.
Les établissemens formés par les Hellènes sur les côtes de l'Asie-Mineure, favorisés par la fertilité du sol, par la douceur du. climat et par leur position géographique, parvinrent bientôt à une grande prospérité. Le commerce et la navigation leur procurèrent des richesses, et celles-ci donnèrent naissance au luxe et aux beaux-arts qui euxmêmes sont un luxe. Du sein de ces villes opulentes sortirent les lettres et les sciences qui poussèrent ensuite des racines si profondes dans la partie de l'Europe à laquelle ces peuples devoient leur origine.
1 Voy. les Jeux ouvrages de D. H. Hegewisch : Geographische und hislorischc Nachrichten, die Colonien der Griechen betreffend. Altona.
Ji3a8, in-8° ; et: Uber die gviechischen Colonien seit Alexander dem Grosscn. Altona, 1811, iu-S°.
------------------------------------------------------------------------
Nous venons de voir comment une seconde Hellade se forma sur les côtes de l' Asie-Milieure : une troisième 's'éleva en Italie et en Sicile. Depuis des temps immémoriaux les Pelasges avoient pénétré en Italie. Denys d'Halicarnasse parle de deux peuples d'origine grecque ( non hellénique ) qui, dixsept générations avant la guerre de Troie, s'y rendirent. Il donne aux uns le nom d'A berrigènes ( ~A&ppiyîvac ), qui certainement est beaucoup plus mQderne, et qu'il dérive du mot latin error ; il appelle les autres Pelasges. Les premiers sortirent, dit-il, de l'Arcadie, (c'est-à-dire du pays qui, trente ans après leur départ, prit ce nom d'après Arcas, chef d'un peuple inconnu qui s'établit dans la contrée méditerranée de l'Apia ) ; ils étoient tout aussi bien Pelasges que ceux qu'il nomme ainsi.
Œnotrus et Peucetius les conduisirent : le dernier s'établit dans la Pouille d'aujourd'hui et devint le chef des Peucétiens; une partie des colons se fixa à Pandosie, et nomma le pays OEnotrie 1. Une troisième remonta jusqu'au pays des Sabins; ce sont les Aberrigènes de Denys d'Halicarnasse que bientôt après il nomme Aborigènes , en dérivant ce mot d'opoç, montagne, les Arcadiens, dit-il, étant un peuple montagnard 2. Quant aux Pelasses de
1 Il est probable qu'Œnotrus est un être fabuleux plutôt qu'historique : les Pelasges ayant trouvé, dans le pays qu'ils venoient d'occuper, la culture de la vigne, l'auront nommé (Euotrie , pays à vin.
2 Voy. DION. HALTC. Archœol. rom., I, 10 sqq. En parlant de cette émigration, dans mon Histoire abrégée de la littérature romaine, vol. I,
------------------------------------------------------------------------
cet historien, ils étoient originaires de la Thessalie.
Après avoir séjourné pendant quelque temps à Do, dpne, ils passèrent en Italie. Une partie d'entre eux se fixèrent sur une des embouchures du Pô et fondèrent Spiné : d'autres allèrent joindre les Aborigènes et bâtirent Felià. Ces deux peuples réunis firent la guerre aux Ombres et leur enlevèrent Cortone, Perugia et d'autres places. Soixante ans avant la prise de Troie , deux partis s'étant élevés en Arcadie pour Ja succession au trône , celui d'Evandre eut le dessous : ce prince se retira auprès des Aborigènes, peuple de même origine, et bâtit Pallantium sur une des collines qui entrèrent ensuite dans l'enceinte de Rome l. Enfin, après le retour des Grecs de leur campagne d'Asie, quelques-uns de leurs chefs abordèrent en Italie.
C'est ainsi que la route de ce beau pays avoit été M,
p. 23, j'ai fait connoître les motifs par lesquels Freret pense que les Aborigènes , les (Enotriens et Peucétiens sont arrivés en Italie par la route de terre : dans celte hypothèse, les Peucétiens et les (Enotriens seroient ceux -qui auroient poussé le plus loin leur course, tandis que , d'après Denys, ils s'arrêtèrent les premiers. L'opinion de Freret n'est pas partagée par M. Raoul Rochette. Indépendamment de l'auteur de l'Archéologie romaine, il cite PAUSANIAS (VIII, 3) qui raconte qu'assisté par l'argent de son frère Nyctimus, (Enotrus se procura une flotte. Ce fait leveroit la principale difficulté que Freret avoit trouvée dans le récit de Denys d'Halicarnasse, savoir : celle de faire voyager par mer les Arcadiens, peuple méditerranée qui ne possédoit pas un pouce de côte.
1 M. Niebuhr; dans sa Geschichte der Roemer, regarde l'arrivée de la colonie d'Evandre cçmme une invention des poètes grecs d'une époque assez-moderne. L'opposition du bon et du méchant dans les deux individus contemporains, l'Evav<îpo$et le Kaxo; , a quelque chose de fabuleux.
------------------------------------------------------------------------
montrée aux Hellènes. Ce ne fut toutefois qu'après l'invasion des Héraclides dans le Péloponnèse que prirent naissance ces établissemens nombreux dont l'ensemble est connu sous le nom de Grande-Grèce.
Cumes, dans le pays des Opiques, fut la plus ancienne de ces colonies : des Chalcidiens; d'Eubée et des. Erétriens la construisirent, i58 ans après la prise de Troie, 578 avant la fondation de Rome.
Cumes devint une puissance maritime et la métropole de Naples. Cependant il s'écoula encore quatre siècles avant que les Hellènes formassent quelque nouvel établissement en Italie. Ce fut pendant - la première guerre de Messène qu'ils commencèrent à s'y porter en foule. Les-Chalcidiens d'Eubée, réunis à des Ioniens établis dans l'île de Naxos, fondèrent Naxos en Sicile et Zanclé ; Mégare en Sicile, Leontium et Catane durent leur existence à des colonies sorties de Mégare ; les Achéens bâtirent Crotone ; mais ce furent surtout les Corinthiens et les Lacédémoniens qui se distinguèrent dans cette espèce d'émigration. Tarente, que ces derniers construisirent l'an 45 de Rome., fut, de toutes les colonies grecques sur le continent dç l'Italie, celle qui parvint à la plus grande puissance et qui maintint le plus long-temps son indépendance. Elle n'égala pourtant pas la splendeur de Syracuse, dont les Corinthiens jetèrent les fondemens 735-ans avant J.-C. Cette ville devint bientôt la principale de toutes les villes de la Sicile, et la métropole de beaucoup de colonies de cette île. C'est ainsi que
------------------------------------------------------------------------
la langue et la littérature des Hellènes s'étendirent bien au-delà de la Grèce proprement dite : nous verrons par la suite plusieurs branches de cette littérature naître ou être cultivées avec succès dans la Sicile, dont les habitans primitifs, les Sicules, çtqient un peuple d'origine pelasgique.
Mais revenons à la Grèce proprement dite:. Les nouveaux états que les Doriens y avoient fondés ne conservèrent pas long-temps leur régime monarchique. Il fut remplacé par des gouvernemens républicains. Nous ne connoissons pas les ressorts de ce mouvement qui produisit une révolution si remarquable par ses effets et par son universalité.
Toute la Grèce se couvrit d'états libres, et l'idée même d'une royauté légitime s'effaça dans l'esprit des peupl-es. Si cette révolution arrêta dans les jeunes républiques ce patriotisme qui leur a fait tenter avec ardeur et exécuter avec succès de si belles et de si grandes entreprises, elle occasionna aussi ces nouvelles émigrations par lesquelles l'Hellespont et les bords du Pont-Euxin, la Sicile et la Basse-Italie se couvrirent de colonies grecques. Au milieu de cette agitation, Sparte et Athènes marchèrent à l'envi vers la domination qu'elles acquirent dans la suite sur les autres états helléniques ; mais elles ne firent rien ou firent peu de chose dans cette période , pour les beaux-arts : le principal théâtre de la littérature et.des arts étoit lAsie-Mineure.
Cependant la langue grecque se fixa de plus en plus : lu musique, la poésie et le génie de la liberté
------------------------------------------------------------------------
l'ont portée à un degré de perfection auquel aucun idiome ne pourra plus guère atteindre. L'abondance de ses racines, la flexibilité avec laquelle elles se prêtent à toutes les formes pour exprimer les nuances les plus délicates ; la liberté qui règne dans la construction de cette langue; la multiplicité de ses particules, la clarté avec laquelle elle permet de s'exprimer, la variété mélodique mdes syllabes longues et brèves dont la quantité est déterminée par une prosodie rigoureuse, toutes ces qualités rendent la langue grecque la plus belle et la plus harmonieuse que les hommes aient parlée. Née dans la Haute-Asie ou elle eut une source commune avec les principales langues qui se parlent aujourd'hui eii Europe, elle se divisa, au cqmmencernent neut-étre de la période où nous entrons, en deux dialectes, l'éolien et l'ionien. Le premier, quzon peut regarder commè plus rapproché de l'idiome originaire des peuples auxquels la Grèce dut sa première population, et qui vécurent long temps de la chasse avapt qu'ils s'adonnassent à l'agriculture et à l'éducation des bestiaux, conserva à jamais des traces de sa rudesse et de sa grossièreté primitive, dans les formes pelasgiques qu'il avoit adoptées et dont il ne put plus se débarrasser. Le dialecte éolien fut la langue dans laquelle chantèrent Alcpe , Sapphon et Corinne. J)e l'Hellade il se répandit dans l'Arcadie et dans les coloniqs éoliennes. Il se subdivisa en plusieurs variétés appelées dialectes ibessalien , béotien , arcadien ,
------------------------------------------------------------------------
ehque , acheen , étolique , acarnanien et lesbique.
Le dialecte ionien, plus doux, plus souple et plus harmonieux que l'éolien, fut celui d'un peuple industrieux, commerçant et navigateur. 11 reçut son perfectionnement en Asie-Mineure. Les dialectes carien et lydien, ceux de Chios et de Samos en étoient des branches. Les colonies riches et puissantes que les Ioniens avoient fondées dans ces contrées, adoucirent leur caractère avànt que les.
troubles qui agitèrent les autres Grecs leur permirent de sortir de cette espèce de barbarie où ils étoient plongés. Tous les ouvrages nés sur le sol de l'heureuse Ionie portèrent l'empreinte du goût et de l'élégance. Comme la langue des Ioniens avoit été celle d'Homère, d'Hésiode, ainsi que des premiers poètes qui avoient employé ce mètre où le vers à six pieds alterne avec le pentamètre, on la regarda dès lors comme essentiellement propre à l'épopée et à l'élégie , tandis que l'éolien et un troisième dialecte qui se forma dans la période où nous entrons, restèrent l'apanage de la poésie lyrique, qui demande des formes pour ainsi dire plus mâles et permet des sons plus âpres. Quoique Do~~M~ naissance , Hérodote préféra le dialecte ionien pour son histoire, qui tient une espèce de milieu entre le poëme épique et la prose. Son exemple fut imité par un autre Dorien, Hippocrate. Le dialecte attiquey qui devint par la suite la langue classique des Grecs, étoit ionien pour le fond; mais il se
------------------------------------------------------------------------
distinguoit de l'ionien de l'Asie-Mineure par quelques duretés qu'il avoit conservées : elles marquent le passage de l'ancien pelasgique à l'idiome adouci des Ioniens. Sous le rapport du temps, on distingue trois dialectes attiques : l'ancien, qui est celui de Thucydide, des poëtes tragiques et de l'ancienne comédie ; la moyenne comédie forme l'époque intermédiaire entre l'ancien dialecte attique et le nouveau; celui-ci se remarque dans Platon et dans les fragmens du nouveau théâtre comique.
Le troisième dialecte hellénique dont nous avons parlé ci-dessus comme étant né dans cette période^ est le dorien. Ce dialecte, enté sur l'éolien, appartient aux habitans du Péloponnèse, excepté les Arcadiens, les Achéens et les Eliens; aux Mégariens, à tous les Doriens d'Europe et d'Asie, et aux colonies qu'ils établirent en Crète, dans la GrandeGrèce y en Sicile et à Cyrène. La prépondérance que la tribu des Doriens acquit dans cette période, éleva son idiome au rang d'un dialecte particulier auquel le caractère sévère de ces peuples imprima une teinte de dureté que les siècles suivans n'effacèrent pas Pindare, quoique Eolien, employa rarement le dialecte de sa tribu : celui des Doriens paroît en effet plus propre à la gravité et à la majesté de la poésie lyrique.
i Le fréquent usage de l'œ ( irXartaffpoç ) est un dès 'caractères de ce dialecte. Saumaise, dans son ouvrage De Hellenistica, p. 416, suppose que It dialecte dorien tient cette dureté de la colonie phénicienne avec laquelle Cadmus étoit-venu se fixer en Bcotie, a l'époque à peu près où. Hellen régnoit en Thessalie.
------------------------------------------------------------------------
Les grammairiens et les commentateurs ont quelquefois opposé à-ces trois dialectes ce qu'ils nomment le dialecte poétique, locution pour le moins vicieuse, puisque le mot de dialecte suppose nécessairement une diversité de tribus dans une même nation. Ce qui a induit en erreur les grammairiens , c'est que le langage des poëtes renferme certaines formes d'une origine tellement ambiguë qu'on fiance à les regarder comme ioniennes ou comme doriennes. Le fait est que quelques-unes de ces formes n'appartenoient exclusivement ni à l'un ni à l'autre * ces dialectes ; mais qu'elles étoient communesa toutes les tribus , tandis que d'autres étoient propres et individuelles au poëte qui s'en servoit. Avec tout autant de fondement, on auroit pu appeler dialecte lyrique, ce mélange que se permirent les poëtes tragiques et lyriques, lorsque , pour varier leur style, ils employoient, simultanément avec l'ionien, le dialecte dorien , et même quelquefois l'éolien.
Enfin , il est nécessaire de dire ici un mot de ce qu'on appelle dialecte commun ( xoivrj Sidlex-roq ).
Lorsqu'on commença, ion Grèce, à écrire en prose, les auteurs se servirent soit du dialecte ionien, soit de l'attique; soit du dorien, selon qu'ils appartenoient à une tribu hellénique ou à l'autre , on plutôt selon que l'un ou l'autre de ces dialectes piroissoit plus approprié au genre de composition auquel ils se livroient. Plus tard , quand Athènes fut parvenue à s'emparer du sceptre du goût, tous
------------------------------------------------------------------------
voulurent employer le langage attique; mais chaque écrivain ayant fait entrer dans sa composition quelques formes particulières au dialecte qui lui étoit plus familier, il se forma, par ce mélange , un dialecte que les grammairiens des temps suivans appellent souvent hellénique , en opposition du dialecte attique , mais qu'on nomjne ordinairement le dialecte commun. On voit, parce que nous venons de dire, d'une part, que cet idiome artificiel a été improprement qualifié de dialecte, parce qu'il n'é^oit pas particulier à quelque peuplade ; et de l'autre, qu'il ne doit pas être regardé non plus comme la langue générale des Grecs., et moins encore comme l'idiome vulgaire du peuple ((JU'IJ{fJ.flC,), mais qu'il fut -plutôt une manière de parler créée par les écrivains, et qu'on ne trouvoit que d'ans les livres 1.
L'emploi qué les Grecs firent, dans leurs écrits, de ces différens dialectes, est un phénomène unique dans l'histoire; il est gi extraordinaire que nous devons entrer dans quelques détails pour l'expliquer.
1 Voy- Maittaire gr. linguæ dialecti, ed. Sturz., Lips. , 1807 in-8°.— Salmasii de Hellenist. comment. Lugd.-Bat., 1643, in-12. On peut, si je 11e me trompe", comparer jusqu'à un certain point Je dialecte commua des Grecs au haut-allemand. Celui-ci n'est proprement aucun des deux principaux dialectes allemands; ce n'c-st ni le dialecte de l'Allemagne supérieure, ni celui de l'Allemagne inférieure j c'est mi idiome factice , ejité sur l'allemand supérieur, mais propre aux ëcuvaios allemands. C'est Id langue des livres de toute F Allemagne, sans être l'idiome du peuple d'aucune partie de ce pays. Cette comparaison a cependant un côté faux, comme on le verra dans le texte.
------------------------------------------------------------------------
Il existe dans plusieurs langues européennes des dialectes qui, après avoir possédé à certaines épo ques, des littératures particulières, ont fini par devenir l'apanage des classes inférieures de la société. Cette dégradation a eu lieu au moment où les ràces qui parloient ces dialectes sont parvenues au point de civilisation qui les rendoit capables d'avoir une littérature commune. Cette époque arriva aussitôt que, par des circonstances, le plus souvent accidentelles , il se forma un centre de civilisation, ev comme un foyer de lumières, et qu'un de ces dialectes, exclusivement cultivé par des gens de lettres, devint l'idiome de la nation entière. C'est ainsi qu'en France le dialecte d'oil a prévalu sur le dialecte d'oc, quoique celui-ci ait été cultivé avant l'autre ; c'est ainsi que le dialecte de Misnie , épuré par les gens de lettres et par les réformateurs du seizième siècle , a fait descendre le bas-allemand aussi bien que le dialecte de l'Allemagne supérieure, au rang d'idiomes vulgaires; c'est encore ainsi que le castillan est devenu la
langue de la nation espagnole pour tout ce qui tient à la littérature. Une révolution de ce genre ne pouvoit pas arriver en Grèce , parce que l'indépendance des états dont elle se composoit empêcha la formation d'un centre d'unité , et ne souffrit pas qu'un dialecte particulier s'emparât du sceptre.
Ces états, divisés par leurs langues, leurs mœurs et leurs institutions politiques, se réunissoient quelquefois , lorsque leur intérêt l'exigeoit; mais ils ne
------------------------------------------------------------------------
constituoient jamais, un état unique ni un véritable corps de nation. La prééminence qu'Athènes, Sparte et Thèbes exercèrent alternativement et pendant des époques' inégales, prééminènce qui étoit désignée sous le nom d'hégémonie, Yjyefxovfa, ne donna pas aux villes qui en jouissoient, assez d'autorité sur le reste de la Grèce y et ne dura jamais assez long-temps pour faire prédominer leurs dialectes sur ceux des autres Grecs.
Une seconde circonstance contribua à assurer la conservation des divers dialectes. L'égalité qui régnoit parmi tous les habitans libres d'un même état, et la nécessité où se trouvoit la classe distinguée par une éducation plus soignée, ou par des connoissances acquises, de cultiver la faveur populaire , si elle vouloit parvenir aux honneurs, ne permettoient pas aux individus qui y appartenoient de renoncer, au moins dans les rapports -sociaux, au dialecte qui leur étoit commun avec le peuple ?
et qui formoit le lien entre les différentes classes de la société.
, La littérature des peuples helléniques avoit produit des chefs-d'oeuvre qui feront l'admiration de tous les âges, avant qu'on songeât à faire usage de l'écriture pour les sauver de l'oubli. Long-temps cet art resta borné à consigner sur le marbre les actes de l'autorité, et les productions du génie étoient conservées par la transmission orale. On assure que les poésies d'Homère ne furent confiées au papier que près de cinq siècles après l'époque
------------------------------------------------------------------------
où l'esprit humain conçut ces merveilles. Cette transmission d'une bouche à l'autre, qui, non-seulement donnoit aux ouvrages littéraires le caractère d'une propriété nationale , mais qui, vraiment et dans un sens très-strict, les rendoit populaires, maintint le type originaire qui distinguoit chacun de ces ouvrages , et ne permit pas que le caractère d'un genre empiétât sur celui de l'autre.
Les considérations que nous venons d'indiquer ne suffisent cependant pas pour expliquer la conservation simultanée des dialectes dans les ouvrages de littérature. On en aura mieux rendu raison en disant que l'orgueil national des différentes peuplades hèlléniques n'étoit pas assez fort pour étouffer le sentiment des convenances jusqu'à imposer à un écrivain l'obligation d'employer le dialecte national, lorsque des motifs de goût réclamoient la préférence pour un dialecte étranger; Nous avons déjà dit que le Dorien Hérodote ne balança pas d'écrire son Histoire en prose ionique, tout comme cinq siècles avant lui, l'Eolien Hésiode avoit challté dans le dialecte d'Homère. Le même dialecte fut aussi préféré par Hippocrate ,. Dorien comme le père de l'histoire. On ne peut rendre raison de ce phénomène en disant qu'il provenoit de la supériorité de quelques écrivains dont le mérite transcendant auroit établi pour leurs successeurs la loi d'employer le dialecte dans lequel étoient rédigés les modèles : car l'exemple d'Hérodote n'empêcha pas les historiens subséquens d'é-
------------------------------------------------------------------------
crire dans le dialecte attique, et quoique Corinne eût chanté en éolique, Pindare, son disciple, préféra le plus souvent le dorien. Qui croira qu'un hasard ou un caprice ait fait employer à Hérodote le dialecte ionien, préférablement à celui de son pays-natal et au dialecte attique qui étoit parvenu à sa perfection , lorsque cet historien composa son ouvrage ? Si, avant lui, Homèrd a fait usage du dialecte ionien, riche en images et en formes flexibles, ce fut peut-être parce que ce poëte étoit Ionien; mais, quand il ne l'auroit pas été, ce dialecte étoit le seul qui convenoit à l'épopée, de même que l'hexamètre est le rhythme que ce genre de poésies paroît exiger ; et l'on pourroit dire que nous n'admirerions peut-être pas l'Iliade et l'Odyssée , si Homère n'avoit pas parlé la langue des Ioniens. Les poëtes épiques suivans restèrent fidèles au dialecte et au mètre du modèle , parce que l'un et l'autre ne cessèrent pas d'être exclusivement propres à l'épopée. On peut douter que ce genre de poésie eût pris naissance dans l'époque d'une plus haute culture intellectuelle et d'une moindre simplicité, et il est certain qu'il ne se forma pas d'épos dorique ni attique.
L'Histoire d'Hérodote est le passage du poème épique au style historique : dans cette composition tout est vie , tout est mouvement, et c'est la cause de cet attrait irrésistible qu'elle a pour nous. Le dialecte dorien n'auroit pas été propre à jeter sur
------------------------------------------------------------------------
nous le charme auquel on s'abandonne en lisant l'ouvrage merveilleux d'Hérodote.
La poésie lyrique date d'une époque où, s'il est permis de parler ainsi, la nation grecque étoit parvenue à l'âge adulte. Cette poésie qui -a sa source dans la profondeur du sentiment, et qui élève l'homme au-dessus de lui-même, ne pou voit se passer d'un langage plus fort et plus concis que le dialecte ionien. Elle s'appropria les dialectes éolien et dorien. L'énergie du dernier, ses formes plus prononcées, ses sons plus âpres, le recommandèrent aussi à l'école de Pythagore, quoique son fondateur eût été Ionien.
Lorsque la nation eut fait un pas de plus dans la civilisation, et qu'elle eut atteint l'âge viril, l'épopée ionienne et la poésie lyrique des Boriens se confondirent dans le drame. Athènes fut alors le centre de la littérature, le sol où la plupart de ses branches parvenoient à la perfection. Une nouvelle histoire différente de celle d'Hérodote, naquit sur cette terre classique. Renonçant aux prestiges de l'imagination , elle emprunta de la philosophie une teinte sévère. Le dialecte attique dont elle fit usage, réunissoit ce qui nous charme dans l'ionien, à la profondeur du dorien dont il avoit adouci la dureté. L'atticisme devint le langage favori des lettres, mais à Athènes même le drame conserva des formes doriennes dans sa partie lyrique; le dialecte ionien fut toujours réservé à l'épopée , ainsi qu'à l'élégie qui étoit la forme dont la poésie épique se
------------------------------------------------------------------------
revêtit parmi les Ioniens. Ainsi les Grecs, doués d'un tact qui ne les trompa jamais, se montrèrent constans à respecter les formes reconnues propres à chaque espèce de composition 1.
D'après l'opinion commune, c'est le Phénicien CADMUS auquel les Gsecs dûrent la connoissance de l'art d'écrire , 155o ans avant notre 'ère. Cette opinion se fonde sur une assertion d'Hérodote qui l'exprime cependant de. l'air du doute, en y ajoutant ce correctif: à ce qu'il me paroîta. Elle est contredite par Diodore de Sicile, qui rapporte que plusieurs générations avant Cadmus, les Grecs avoient des caractères et s'en servoient pour des monumens publics ; mais qu'un déluge- détruisit ces premiers élémens d'une civilisation indigène 3.
Il s'étoit conservé en Grèce une tradition sur le bonheur qu'avoient eu les Pelasges de sauver cet alphabet au temps du déluge de Deucalion 4, et c'est vraisemblablement cette tradition qui a engagé Eschyle à faire dire à Prométhée : cc J'ai formé l'assemblage des lettres et fixé la mémoire, mère de la science et âme de la vie ». 5 Pausanias parle 6 d'une inscription qu'il dit avoir
1 Ces observations sont développées dans l'ouvra g e de, M. Jaco bs, cité p. ,29.
» V, 58.
3 V, 57 et 74.
4 Voy. EUSTÀTH. in Odyss., lib. II, p. 358.
Prometh. v. 45g.
I, 43. «
------------------------------------------------------------------------
lue à Mégare sur le monument le plus anciep de la Grèce. En effet, ce monument remontoit à l'année 1678 avant J.-C. L'inscription étoit donc antérieure à Cadmus, et par conséquent pelasgique.
Il est évident toutefois qu'au moins l'alphabet dont les Grecs se servoient dans les siècles suivans, s'accorde dans les noms, la suite, et même la forme des lettres , avec les alphabets des peuples de race Sémitique, c'est-à-dire des Phéniciens, des. Sama.
ritains, et des Juifs, ou plutôt, pour parler plus correctement, avec celui des Phéniciens ; car ceuxci et les Juifs se servoient, jusqu'au temps de Cyrus, des mêmes caractères Cette analogie est si grande que nous sommes obligés de reconnoître la main des Phéniciens dans l'alphabet grec, et de convenir que, si les Pelasges avoient, comme il paroît en effet, avant l'arrivée jle Cadmus, un alphabet différent de celui des Phéniciens, les peuples de la Grèce y renoncèrent pour adopter celui que cet étranger leur apporta.
Peut-être y a-t-il moyen de concilier les deux
1 D'après le calcul de Larcher.
3 Voy. J. L. HuIS, Erfindung der Buchstabenschrifi ; Ulm, 1801 , in-4o. Cet écrivain montre que les lettres phéniciennrs ne sont que des hiéroglyphes ,.et même des hiéroglyphes -égyptiens. Aleph signifie bœuf, et la forme primitive de cette lettre rappeloît une tête de bœuf. Beth vent dire maison, et la première forme de cette lettre représente une maison égyptienne à toit pointu. Gamel veut dire chamois , et cette lettre est une tête de chameau. Ledaleth est une porte égyptienne. L'origine' égyptienne est frappante dans le T. Cette observation vient à l'appui de ce que nous avons dit d'après M. Raoul-Rochette, sur le séjour des Phéniciens en Egypte.
------------------------------------------------------------------------
, traditions suivies par Piodore et Hérodote, sans trancher la difficulté, comme ont fait quelques auteurs allemands, en disant que Cadmus est un être mythologique auquel la reconnoissance des peuples a attribue l'invention de l'écriture. Les Pelasges étoient en possession d'un alphabet avant que Cadmus vînt se fixer en Béotie ; ilstenoient cet alphabet des peuples orientaux et il ressembloHfà -celui des Phéniciens. Mais à quoi servent des caractères, tant qu'on ne peut les employer que ilr la pierre ou. les métaux? L'es Grecs ne connoissoient pas la manière de préparer les peaux d'animaux pour les rendre propres à y tracer commodément des caractères ; car les diphthères dont parle Hérodote, comme ayant été en usage avant l'introduction du papier, n'étoient évidemment que des peaux un peu dégrossies, comme celles dont les peuples barbares se servoiept encore de son temps La fabrication du papier ou dje la charte faite avec du papyrus d'Egypte, n'étoit pas encore, inventée , ou, si elle l'étoit, il n'existoit pas de communications avec l'Egypte par le moyen desquelles on pltt se la procurer. Si donc Cadmus avoit fait connoître aux Grecs , avec un nouvel alphabet, une matière plus commode, pour l'écriture, que la pierre dont ils se survolent jusqu'alors, on concevroit qu'ils eussent adopté à la fois les deux nouveautés, et alors ils pouvoient dire avec raison que Ca d mus leur a p porta l'écriture même. m
1 L. c.
------------------------------------------------------------------------
Avant l'invention du papier , les Egyptiens écrivoient. sur des feuilles de palmier 1. Cet arbre est aussi très-fréquent en Phénicie , et ce nom même, qui est grec et ne provient par conséquent pas originairement des habitans, indique un pays à palmiers a. Si Cadmus a porté en Béotie l'art d'écrire, ses lettres étoient sans doute tracées sur des feuilles de palmier ou de dattier, et il. apprit aux Grecs à remplacer, par ce végétal, la pierre ou le métal, sur lesquel^ils gravoient auparavant, avec beaucoup de peine, quelques inscriptions, et les diphthères peu propres à conserver les traces des caractèresi Ainsi, l'usage de l'écriture sera. devenu commun, Cadmus aura été regardé comme celui auquel on devoit la connoissance d'un art. dont auparavant on ne savoit pas tirer parti, et le pays qui fournissoit une feuille devenue si intéressante, aura été appelé d'après l'arbre qui la porte 3-. Les lettres mêmes n'ont peut-être été nommées phéniciennes que parce qu'elles étoient tracées sur des feuilles de palmier 4.
* PiiiNi, Hist. nat., XIII, 11.
* De $oi'yt £ , palmier, dattier. C'est la signification primitive de ce mot. Plus tard , et quand on connut l'usage de la coquille à pourpre, ce
mot signifia aussi la couleur qu'on tire de ce mollusque. On iioit par le quarantième récit de CONON que la dénomination de Phénicie n'a ee donnée qu'après coup au .pays qui auparavant s'appeloit Ioppé.
3 Voy. Ghr. Friedr. Weber, Versuch einer Geschichte der Schreibkunst , Gœttingen, 1 807, in-80, p. 85.
4 Les Grecs n'étoient pas le seul peuple chez lequel l'écriture fit des progrès lents, à cause du défaut de matériaux. M. Sylvestre de Sacy a
------------------------------------------------------------------------
L'alphabet phénicien n'avoit pas de voyelles : il se composoit primitivement de onze consonnes et de quatre - aspirations. Les Grecs figurèrent ces quinze lettres de la manière sui vante :
A. B. r. A. E. I. K. A. M. N. O. H. P. 2. T.
N'ayant pas dans leur langue les aspirations marquées par les quatre lettres suivantes : A. E. I. O., ils les employèrent pour exprimer des voyelles, et c'est ainsi que dès l'origine l'alphabet oriental, en passant aux peuples occidentaux, subit une modification qui fut un perfectionnement notable. 11 avoit cependant un grand défaut pour les Grecs ; c'est qu'il ne leur fournissoit pas de moyen de distinguer Ve et l'o brefs, des mêmes voyelles, lorsqu'elles étoient longues. Cet alphabet ne leur offrit pas non plus de caractère particulier pour exprimer les sons d'u et d'ou, et ils étoient obligés d'employer
fait cqpnoître un passage curieux d'un .écrivain arabe qui montre combien cet art étoit encore imparfait chez les Arabes du temps de Mahomet.
( Mém. de l'Acad. des Inser, et Belles-Lettres, vol. L, p. 333 ). Voici ce passagej « Je me mis, disoit Zeïd, fils de Thabet, à la recherche des fiagmens de PAIcoran, en les recueillant des cœurs des hommes, des.mor.ceaux , des épaules , des côtes, des feuilles de palmier et des pierres plaie s.
Les cœurs des hommes, c'est-à-dire ceux qui savoient L'Alcoran par cœur. Yika, les morceaux, c'est Je pluriel de vikat, qui signifie un.fragment de cuir ou de parchemin. Actaf, épaules., est le pluriel de kitf; il faut entendre par là l'os de l'épaule qui a une surface plàte comme une planche; adhle, côtes , est le pluriel de dhila; 'osob est le pluriel.de asb , qui signifie la feuille de palmier-l'une des deux extrémités de cette feuille offre une surface plate; likhaf est le pluriel de lihkfa, don la signification est une pierre large et blanche. Ils se servoient de tout cela pour écrire dessus. »
------------------------------------------------------------------------
pour cela la lettre O, ainsi qu'on le voit dans les plus anciennes inscriptions. Les Orientaux augmentèrent successivement le nombre de leurs caractères 'dont ils imaginèrent sept nouveaux. Les Grecs n'en adoptèrent d'abord qu'un seul, l'Y, qui obtint la seizième place de leur , alphabet. Ils l'employèrent pour exprimer une certaine aspiration qui ressembloit au son du v françois, de manière cependant qu'elle s'approchoit de celui de Vu* C'est de cette époque que parlent Pline et Tacite, lorsqu'ils disent que Cadmus fit connoître aux Grecs seize lettres 1. Le seizième caractère s'est conservé en latin pour l'usage auquel les Grecs l'avoient d'abord destiné : il s'est maintenu aussi dans le nom de la ville d'Elia ou Velia , colonie ionienne de la Lucanie, qui, sur les médailles, est écrit de la manière suivante : YEAH.
Successivement la prononciation de cette lettre s'adoucit au point que, d'une aspiration, elle devint une simple voyelle, exprimant le son de l'a françois.
Plus tard, les Grecs s'approprièrent encore trois d'entre les nouvelles lettres des peuples orientaux et leur assignèrent la même place qu'elles occupent dans l'alphabet de ceux-ci ; ce sont : Z, H et 0. La destination de l'H ne fut pas, comme par la suite, d'exprimer soit l'e, soit Yi long 2 ; placé à la tête
1 PLIN. - Hist. Nut., VII, 56; TACIT., Ann., XI, 14.
* Nous nous exprimons ainsi pour ne pas préjuger la question litigieuse entre les. Grecs modernes et l'Ecole à'Erasme sur la prononciation de celte letlre.
------------------------------------------------------------------------
des mots, il indique une forte aspiration , pareille à celle de Vh allemand : c'est ainsi qu'on le trouve Sans l'inscription de Sigée où l'on lit : HEPMOKPATO.
Par la suite, les Grecs inventèrent le$et le X, qui, comme les derniers venus, prirent rang après l'Y. Une tradition fabuleuse attribue ce pçrfectioimement, ou même l'invention des seize pre-
mières lettres, à PALAMÉDE , un des acteurs de la guerre de Troie : un fragment d'Euripide, conservé par Stobée , fait honneur à Palamède de l'invention des voyelles : cela veut dire sans doute-que ce fut ce chef qui eut l'idée d'employer les quatre signes d'aspiration de l'alphabet phénicien pour exprimer des voyelles. Sous ce rapport on pouvoit Jire qu'il avoit inventé l'alphabet grec , car celui des Phéniciens , qui n'exprimoit que des consonnes, étoit très-incommode pour des Grecs, ou mêmç. inutile sans ce perfectionnement. D'après une autre tradition, Aristote dit que ce fut EPICHARME qui imagina le$et le X.
L'alphabet grec ne fut porté au complet que vers l'époque" des guerres de Perse, par SIMONIDE de Céos. Il y ajouta trois lettres, savoir : H, Y et Q ; ef comme l'aspiration avec laquelle certains mots se prononcoient, s'étoit successivement adoucie au point qu'il paroissoit inutile d'avoir un caractère particulier pour l'indiquer., Simonide donnai l'il la signification d'une voyelle longue, qu'elle a conservée. Ainsi fut porté à sept le nombre
------------------------------------------------------------------------
des -signes destinés à exprimer les voyelles de la langue grecque.
L'alphabet de Simonide, composé de vingt-quatre caractères, fut adopté par les Ioniens, et probablement les Samiens en donnèrent l'exemple. CALLISTRATE de Samos porta cet alphabet à Athènes ; mais ce ne fut que vers la fin de la guerre du Péloponnèse , sous l'archonte Euclide 1, qu'il fut employé dans les inscriptions publiques. Cet alphabet complet est nommé Kovrxoc ypappara, lettres ioniennes , pour le distinguer de l'alphabet cadmeïen dont, suivant Hérodote, les Ioniens changèrent quelques traits, probablement en les arrondissant; il est appelé : Alphabet postérieur à Euclide, rj pzr EoxAét&jv ypapparay) en opposition à l'alphabet attique, ocTTixà ypocppara, dénomination par laquelle on désignoit celui de vingt et une lettres 5.
A côté de cet alphabet, les Eoliens conservèrent un caractère particulier, le digamma, P, dont tous les Grecs se servoient peut-être originairement.
Cette lettre exprimoit un son moyen entre ceux de Vf et du v françois, qui étoit propre à leur dialecte. C'est ainsi-qu'au lieu d'AION, ils écrivoient AIPnN, d'où vient le latin ævum; de même OflIC pour OIC, la racine d'opis 4.
1 01. XCIV, 2. = 403 ans av. J.-C.
2 PLUT. inArist.
3 Les lettres Y, Ci, 0 et H sont décrites dans deux fragmens de CALLIAS et d'EuniPiDE qu'ATHENÉE nous a conservés. Voy. Deipff., X, 80.
4 Le digamma est nommé pelasgique par le docteur Marsh , l'auteur des Zlorœ Pelasgicm, parce que, dans son système , les Pelasges venus
------------------------------------------------------------------------
Les peuples de l'Orient auxquels les Grecs dûrent la connoissajice de l'alphabet, eerivoient de
d'Asie ont apporte cette lettre avec leur alphabet. Quelques auteurs italiens l'ont nommé étrusque; feu Heyne l'appelle simplement' le digamma homérique. On est surpris que ni Hérodote, en parlant des dialectes de la Grèce, ni Aristote en donnant des détails sur les dix-huit caractères de l'alphabet grec, ni les grammairiens d'Alexandrie , n'aient jamais fait mention du digamma , quoiqu'Aristarque ait employé tant de particules explètives pour faire disparoître les hiatus d'Homère. Le premier écrivain grec qui en parle, est Denys d'Halicarnasse ; encore le décrit-il plu-
tôt qu'il ne le nomme, comme feroit un écrivain qui rapporteront une chose nouvelle pour ses lecteurs ( voy..Arch. I, 20 ). Avant Denys, Cicéron s'étoit servi du mot de digamma même, mais d'une manière si équivoque, qu'on ne sait pas s'il a pensé au digamma éolique, ob si la forme fle la lettre F lui a fait naître l'idée de l'appeler un double gamma. Dans une lettre à Atticus ( IX, 9), il dit : « Sciebam te quoto anno et quantum in solo solere quasfere ; neque solum Romae, sed eliam Deli tuum digamma videram. » Popma explique ce passage de la manière suivante ; « Indicat Cicero Atticum in emendis prsdiis fructum duiptaxat et utilitalem spectare. et se vi disse Attici codicem inscriptum : Fundorum reditus, vel fructus preediorum in quem retulerat fructus suoruo) piwdiorum non modo urbanorum et italicorum, sed etiam provincialium.
Vocat autem codicem illum digamma, a prima inscriptionis littera F, quse est aeolieum digamma. » Les premiers écrivains qui aient parlé clairement d'un digamma éolique, sont Varron, parmi les Latins; et Didyme d'Alexandrie parmi les Grecs ; encore ne connoissons-nous cette.
circonstance que parce que Priscien les cite : ce grammairien du sixième siecle est pour nous le plus ancien auteur qui parle çlairement du digamma aBolicum (lib. 1, cap. 4). Suetone (in Claud., c. n ) , et Tacite ( Ann. XI, 13), nous apprennent que l'empereur Claude écrivit un traité sur la nécessité d'introduire trois nouvelles lettres dans l'alphabet romain, et que, parvenu au gouvernement, il les fit employer dans les inscriptions publiques. Ils ne disent pas quelles furent ces-lettres, mais ou ne sauroit douter que kune d'elles ne fût le digamma , auquel il donna cette forme P, car on trouve dans les monumens du temps Divus écrit de la manière suivante : DIPVS. En effet, la lettre V dont, en écrivant en latin, nous nous servons comme d'une consonne bivus), n'étoit que voyelle c)lez les anciens, et comme ils n'avoient pas de U, ils étoient obligés d'écrire DIVVS : aussi, Quimilien approuve-t-il l'usage du F, et
------------------------------------------------------------------------
droite a gauche. Les Grecs adoptèrent' bien cet usage; mais avec un changement. Arrivé à l'extrémité gauche de la page, l'écrivain retournoit vers la droite. Cette manière d'écrire s'appelle boustroP euon, |3ouoTpo(pj<5Gv ,,/pa.cpec'\1, c'est-à- dire, tracer des lignes comme font les bœufs en labourant. C'est
veut qu'on écrive dVLGVS, SERJVS. Le son de Vu françois n'existoit pas en grec, excepté dans le dialecte éolien ; comme les Romains n'avoient pas de signe pour l'exprimer , ils employoient quelquefois le U ( qu'ils écrivoient V ) et quelquefois le B: car on trouve dans les inscriptions aussi bien VIXIT que BIXIT. Quant au digamma, il disparut promptement de l'écriture latine, et ce que les anciens grammairiens latins nous en disent,.est si peu clair, qu'on dispute sur la question de sàvoir s'il étoit prononcé comme F ou V, comme B ou P, comme PH ou OU, et s'il doit être appelé Vau, Bau, Vav, Ouaf, ou Taff. Que le digamma ait vraiment existé dans l'ancienne écriture grecque, ce .fait qui paroissoit problématique, est devenu indubitable par les inscriptions qui ont été découvertes dans les derniers temps, et plus particulièrement par celle d'Olympie qui est du septième siècle avant J.-C. Le premier qui, frappé de la fréquence des hiatus dans les poésies d'Homère, imagina qu'ils dévoient disparoître par l'emploi du digamma, fut Richard Bentlei ; et pour expliquer comment Homère, faisant usage du dialecte ionien, employa un caractère éolique , il admit qu'il descendoit, soit de père , soit de mère de la race éolienne. Il a été réservé à MM. Heyne et Wolf et à leurs écoles de répandre de la clarté sur une matière qui est si importante pour la rritique du texte d'Homère. Voy. Herbert Marsh Horaj Pelasgicæ; A Lettet. on the original naine and pronounciation of the œolic digamma, by tbe Bishop of St. Davids, et History of tbe aeolic digamma, dans The Quarterly Review, vol. XXVII, p. 41 ; Fr. Thiersck griech. Grammatiji, vorzüglich des Homerischen Dialekls. Zweyte Aufla-ge, 1818, in-80.
11 ne faut pourtant pas regarder la matière comme épuisée et la question comme décidée. On peut voir dans un mémoire de ur. Grarwille Penn, inséré dans le Classical Jourrwl, vol. XXVI, p. 176 , que la théorie de l'école allemande n'est pas encore établie sur des bases si solides qu'elles né puissent être ébranlées : cet écrivain a prouvé que le digamma est souvent aussi neutre dans le mètre grec qu'il l'est dans le latin, p. e, dans ces phrases de Virgile ; adrectœqu'horrore, pacfosqu'hymcnœos.
------------------------------------------------------------------------
ainsi que furent écrites les lois de Solon Plus tard les Grecs renoncèrent entièrement1-à la manière incommode d'écrire des Phéniciens, et adoptèrent celle qui est générale aujourd'hui parmi les-peuples européens. - * Pour tracét* des caractères, ils se servoient d'un stylet nd'br du de fer, yAi5cpcbv. Les premières matières sur lesquelles on éerivoit furent des tables de pierre, des lames de plomb, des tables d'airain.
Les pierres et les métaux furent ensuite remplacés parades objets que fournit le règile végétal; à la place du Stylet on se servit de roseàux et de pinceaux. Les caractères étoient tracés ou peints sur des feuilles de mauves, de palmiers ou d'autres arbres, ensuite sur l'écorce intérieure des tilleuls.
On découvrit enfiù qu'une plante égyptienne notn-
plus propre à cet Usagé que tout Cfe qu'on coimoissoit jusquJalors , sa tige étant formée de plusieurs lamés minces et concentriques, qui se détachent les unes des autres. On étendoit soigneusement ces lames Sur des planches, et on les ârrosoit avec les eaux du Nil, dont le limon les colloit ensemble, ou bieri on les réunissoit par quelque autre moyen agglutinant. On les metfoit ensuite en presse, ét on les séchoit au soleil : enfin on les arrangeoit par cahiers de vingt-cinq feuilles. La matière ainsi pré-
l Quelques inscriptions anciennes éloîeut écrites de haut en bas. Cette forme étoit appelée X\OV'tIdOY, en forme de colonne.
------------------------------------------------------------------------
parée, étoit nommée papier, comme la plante qui la fournissoit 1, Outre le papieF, on se servit encore pendant quelque temps de peaux grossièrement préparées; mais le papier, d'abord fort rare, devint plus commun après la fondation d' Alexandrie, jusqu'à ce que les Ptolémées, j aloux de l'établissement d'une bibliothèque à Pergame, en défendirent l'exportation.
Les rois de Pergame encouragèrent alors, la branche d'industrie de leurs sujets qui s'occupoit de la préparation des peaux; celles qu'on fabriquoit dans leurs états ne tardèrent pas de se distinguer par leur perfection : en les pomma parchemins.
En guise d'encre, on se servoit, sur le papier comme sur le parchemin 7 de la liqueur noirâtre que renferment le calmar ou cornet, et la-sèche.
Les titres étoient écrits avec du minium.
- Les plus anciennes Inscriptions grecques qui aient été trouvées existantes sur les matières mêmes où elles avoient été gravées, sont celles que Michel Fourmont le jeune a rapportées d'un voyage en Grèce, entrepris au commencement du dixhuitième siècle. Leur authenticité, anciennement contestée , a été si bien prouvée de nos jours, que nous croyons qu'il ne doit plus rester de doute à son égard a. La plus ancienne de ces inscriptions
1 Voy. PLTN., Hist. Nat. y XIII, 12.
2 L'illustre Barthélémy, qui n'étoit pas seulement un grand savant, mais qui de plus était doué d'un excellent jugement et libre de préventions ( ce que les navans ne sont pas toujours ) n'avoit pas le moindre
------------------------------------------------------------------------
se lisoit, du temps de Fourmont, sur le portail d'un petit temple à Amycles, qui est consacré à la déesse
doute sur l'authenticité de ces inscriptions. Il savoit bien que si Four-
mont , médiocre helléniste, a commis beaucoup de fautes en les copiant, et que,.par conséquent, il faut les f4ire passer dans le creuset de la critique, son -caractère ne permettoit pas de le soupçonner de la moindre imposture. Voici ce qui a donné lieu au soupoou qui s'est élevé contre ce voyageur. Le nombre des inscriptions qu'il a découvertes se monte à 5ooo.
On sent bien que Fourmont n'a pu transporter en France les pierres 6ur lesquelles elles éloient gravées : il fallut se contenter de les copier, ce qu'il fit en imitant fidèlement les traits mêmes des originaux. Quiconque -a vu desmonumens anciens qui ont été exposés à l'air ou enfouis dans la terre pendanAies siècles, et qui souvent sont brisés et mutilés, connoît laalifficulté de déchiffrer les inscriptions qu'ils présentent, et ne doutera pas que Fourmont a dû se tromper plus d'unefois, et que le nombre de ses erreurs a dû être eu proportion des connoissances qui lui marrquoient. C'est donc à tort qu'à cause des erreurs qui ont été remarquées dans ses copies, on a voulu l'accflser d'avoir forgé les inscriptions même. '11 auroil fallu une érudition infiniment supérieure à celle de Fourmont, non-seulement pour imaginer ces inscriptions, mais même pour commettre une partie des erreurs qui se sont glissées dans ses copies. Fourmont a eu un grand tort, il est vrai,- et c'est la vanité nationale qui le lui a fait commettre. Voulant réserver à la France la gloire de posséder seule ces précieux restes de l'antiquité, il fit briser un grand nombre de marbres d'où il les avoit copiés. Ce fait est prouvé par la correspondance de Fourmont avec le comte de Mvurepas qui existe en original; il s'y vante de son équipée. D'après le témoignage de M. Dodwell, le souvenir de ce mylord français, qui faisoit effacer à coups de maiteau les inscriptions qu'on lui avoit montrées, ne s'est pas encore perdu en Grèce. Le voyageur anglais a vu de grands quartiers 3e marbre couverts d'inscriptions mutilées. Le patriotisme mat entendu de Fourmont-a tourné contre lui-même, et on a pu douter de la vérité de découvertes gui n'avoient plus d'autre garant que la confiance que son caractère pouvoit inspirer..
Toutefois, les derniers voyageurs qui ont parcouru les mêmes contrées, ont trouvé une grande partie des mêmes inscriptions qu'on avoit contestées jusqu'alors. On peut voir sur les pins anciennes inscriptigns de Fourmont ce qu'en disent l'abbé Barthélémy dans les Mém. de l'Acad. des Inscr. et Belles-Lettres , vol. XXIO , p. 3g4, et Heyne dans ses Antiquarische Aufsœize, vol. I, p. 86. L'authenticité de ces inscriptions a
------------------------------------------------------------------------
Onga ou Oga, surnom lacédémonien de Minerve ; c'est un catalogue ou une chronique des prêtresses d'Amycles. Cette inscription, écrite à la boustrophédon, dont la tête et la -fin, manquent, rapporte des noms qui remontent au temps d'Eurotas, petitfils de Lelex, c'est-à-dire à l'an 1625 environ avant J.-C. , et à une époque antérieure de soixantequinze ans à l'arrivée de Cadmus en Grèce. Elle a été posée au moins 1200 ans avant notre ère.
On trouve cette inscription dans les Mémoires de l'Acad.
des Inscript, et Belles-Lettres, vol. XV, p. 397, et dans le Nouveau Traité de Diplomatique, vol. l, p. 616. w .Nous passons-sous silence deux autres inscriptions qui n'ont que deux siècles de moins, parce qu'elles ne sont composées que de quelques mots
La quatrième est plus importante ; c'est une liste de magistrats spartiates du neuvième siècle avant Jésus-Christ.
été révoquée en doute par plusieurs antiquaires 7 mais surtout par M. Richard Payne Knight dans son Analytical Essay on the greek alphabet, London , 1791, in-40, et par le comte d'Aberdeen ( dans Th. Walpole's Memoirs relating to European and Asiatic Turkey , p. 446 ). Après Barthélemy, M. J. Léon. Hug ( Erfinduug der Bachstabenschrift, Ulm, 1801 , in-4o), avoit soutenu l'authenticité de ces inscriptions , mais sans répondre aux objections de M. Payne Knight J dont il ne connjoissoit l'ouvrage que de réputation. Elles ont été victorieusement combattues, et, à notre avis, complètement détruites par M. Raoul-Rochette dans Deux lettres à mylord comte d'Aherdeen, sur l'authenticité des inscriptions de Fourmont, Paris, 1819, in-4o. Ce pelit volume esj; un chefd'œuvre de dialectique et un trésor d'érudition.
1 Voy. Nouy. traité de Diplom. , vol. I, p. 626.
------------------------------------------------------------------------
On la trouve dans le Nouveau Traité de Diplom., vol. I, p. 629.
La cinquième inscription de Fourmont se trouvoitsur un bouclier d'Anaxidame,filsde Zeuxidame; elle est de l'année 668 avant J.-C. Telles sont les plus anciennes parmi les inscriptions que "Fourmont a copiées.
L'inscription du bouclier d'Anaxidame se trouve dans les Mémoires de l'Acad. des Inscript, et Belles-Lettres, vol. XV, p. 395.. Un petit nombre seulement des inscriptions de Fourmont ont été publiées. Elles existent toutes à là Bibliothèque du -
- roi de France, et l'Académie de Berlin en possède une copie qui a été faite en 1815, par M. Imm. Bekher. C'est M. Aug.
Bœckh qui a été chargé de les publier. Parmi les inscriptions qu'on peut encore lire sur les monumens mêmes, on estime la plus ancienne un distique gravé sur une colonne doree striée, qui portoit la statue d'un certain Ecphautos. D'après la forme des lettres, on l'estime antérieure aux Olym- piades 1 : il est vrai que ce motif peut paroître insuffisant, puisqu'il seroit possible qu'en la posant, long-temps après, on eût imité les formes antiques.
Elle a été publiée par Clém, Biagi, dans. Monum. gr. et lat. ex Museo Jac. Nanni Yeneti. Romae, 1787, in-4.0.
En 1815, le voyageur anglois sir William Gell trouva. sous terre, dans les environs d'Olympier en Elide, une table de cuivre sur laquelle est gravé un traité d'alliance conclu entre les Eliens et les 1
1 L'iota y a cette foi me S, et le sigma celle-ci : M.
------------------------------------------------------------------------
habitans d'Herseae. L'inscription est en dialecte éolique, et on estime qu'elle remonte à la 40e Olympiade , environ 615 ans avant J.-C. On y voit plusieurs fois le digamma éolique ; ainsi les Eliens sont nommés FAAEIOI, et les Héréens, FPPAOIOI.
Elle a .été publiée par Rich. Payne Knight, et se trouve dans le vol. I, p. 535-du Muséum criticum de Cambridge, et dans le Classical Journal, vol. XIII, p. n3; mais dans toutes ces publications, les Héréens étoient nommés Evéens ; ce que JM. Gell a rectifié dans le Class. Journal, vol. XXIV, p.4oi.
w
------------------------------------------------------------------------
CHAPITRE IV.
De l'origine de la poésie ionienne et épique. — Homère et Hésiode.
QUOIQUE dans cette période où la poésie ionique remplace l'ancienne poésie mystique, le poëte soit dépouillé de ce caractère sacré dont nous l'avons vu revêtu dans une plus liaute antiquité, et qu'au lieu d'exercer encore ce noble ministère qui le faisoit regarder comme l'interprète et l'ami des dieux, il n'ait plus d'autres fonctions que d'amuser par ses chants et de plaire à la multitude, il continue cependant d'être entouré d'une grande considération qui l'élève au-dessus du commun des hommes.
S'il ne jouit plus du commerce de la divinité, au moins les Dieux et les Muses n'ont pas cessé de lui inspirer ses chants : au banquet des roi s, comme dans les cérémonies religieuses, il occupe une place honorable. 11 voyage d'une province à l'autre : partout son arrivée est célébrée comme une fête. Lorsqu'il fait entendre sa voix mélodieuse, le peuple l'écoute avec un saint recueillement : il est invité à la cour, dont il fait un des principaux ornemens.
Ce caractère sacré^3^pa'€& ? et les poëtes perdi-
TOME I. c-..<' .---. ..f 7
------------------------------------------------------------------------
rent de leur considération lorsqu'à la fin de cette période les rhapsodes commencèrent à accepter de l'or pour prix de leurs chants, et dégradèrent ainsi la dignité de leurs fonctions.
La Thessalie avoit été le berceau de l'ancienne poésie grecque : la nouvelle, qui parut sous une forme plus rapprochée de l'humanité, naquit sous le beau soleil de l'Ionie. Le doux climat de cette province, le voisinage d'autres-peuples civilisés, l'opulence de ses habitans et la paix profonde dont ils jouissoient pendant que la Grèce européenne étoit tourmentée par des révolutions, favorisèrent ses progrès. Il se forma dans ce pays une école de poëte-s, chargés de composer ou d'arranger tous les hymnes qui devoient accompagner les solemnités politiques ou religieuses. De cette institution sortit une espèce, de chantres qu'on appela par la suite Rhapsodes, Pa^co&tt, mot composé ~de parcreiv àx&jv, ce qui veut dire littéralement, ourdir une chanson, selon l'étymologie vulgaire ; ou plutôt de ~PaSSoç, bâton, et ScoiSbç, <o<5oç, chantre, parce que les chantres portoient à la main un bâton ou une branche d'arbre, marque de leur emploi
1 Cette étymologie est indiquée par SUIDAS, V. PA^Ç^OI. L'auteur ancien de certaines Questions grammaticales, publiées par M. Fr. Guill.
Sturz à la suite de FEtymologium Gudianum, dit, p. 681 : a D'où vient le mot de rhapsodie? Rép. De p~o~ et M~ , le 6 et le ô étant réunis eu 'f' - Pourquoi dit-on rhapsodie? Rép. Parce que ceux qui chauloient les poésies d'Homère tenoient à la main une branche de laurier. — Pourquoi cela ? Rép. Parce que cet arbre est toujours vert, comme les pocsies d'Homère sont toujours fraîches, et parce qu'il a quelque chose de pro-
------------------------------------------------------------------------
Tous les trésors de la mythologie s'ouvroient aux poëtes, et leur fournissoient une multitude de sujets agréables et variés. Il leur étoit permis de re monter jusqu'à la^généalogie des dieux, aussi bien qu'à la cosmogonie ou à l'origine du monde. Ils chantoientles combats qjie les Titans et les Géans livrèrent au Ciel; ils célébroient les exploits des demi-dieux, que les familles illustres de la Grèce regardoient comme leurs souches, En les ornant de tous les charmes de l'imagination, ils en formèrent une suite ou une chaîne d'épopées qui constituoient une espèce d'histoire mythologique non interrompue. D'après l'événement que chacun d'eux avoit choisi pour sujet, leurs productions portoient les titres d'Heracléides, d'Argoitautiques, de Thébaïdes, de Guerres des Epigones. Cette série de fables dont l'une se rattachoit à l'autre , s'arrêtoit à la guerre de Troie et constituoit ainsi ce qu'on appeloit le Cycle épique, ou, avec plus d'exactitude , le Cycle mythique *. Tous les sujets qui se rapportoient -
phétiqne, 11 Les critiques qui s'en tiennent à l'étymologie de pairruv ùxSvjv 7 ne s'accordent pas sur le sens de ces deux mots. M. Wolf et son école pensent qu'ils indiquent la manière libre et arbitraire dont les rhafsodes traitoient les originaux, qu'ils chantoient. Heyne étoit d'avis qu'on exprimoit par ces termes la nouvelle poésie artificielle dont Homère est regardé comme l'auteur, et qui est opposée à l'ancienne poésie religieuse.
On appeloit aussi les rhapsodes âpvô> £ oi, chantres d'agneaux, parce qu'un agneau étoit le prix de leurs chants.
! U est d'amant plus convenable de se servir de préférence de la dénomination de cycle mythique, que les mots, cycle épique, SOBt équivoques, parce qu'ils désignent aussi la suite de poètes épiques que ]"'ijraptlDail'ienl d'Alexandrie ont déclarés classiques.
------------------------------------------------------------------------
à la guerre de Troie, depuis le jugement de Pâris et l'enlèvement d'Hélène jusqu'à la mort d'Ulysse , entroient dans une seconde série qu'on appelle le Cycle troyen 1. A ce cycle appartenoient les poëmes qui portoient les titres de Cypride, de Guerre ou Destruction ae ?7-0~?, d~ ~Nocjtoj ou Erreurs des princes grecs vainqueurs d'Ilium, ainsi que les Tèlegonies qui racontaient le meurtre d'Ulysse par le fils qu'il avoit eu de Circé.
Cette poésie peut être appelée moderne et profane en comparaison de l'ancienne poésie toute religieuse. Ce qui forme son caractère distinctif, c'est l'emploi qu'elle faisoit de la mythologie pour orner des sujets purement imaginaires. Pour la dis-
tinguer de sa sœur aînée, on eut besoin d'un nouveau terme : on se servit de celui de izoïeîv. Ce
mot, racine de celui de poésie, exprime une création , une facture régulière 2, tandis qu'en em-
i La principale source de nos connoissances sur les poëtes cycliques est l'extrait de la Chrestomathie de Proclus qu'on trouve dans un journal allemand, intitulé : Bibliothelc der alten Literatur und Kunst. Nous reviendrons sur ce livre. La matière a été traitée par Schwarz dans un mémoire qui se trouve parmi ses Dissertationes selectœ, publiées par Harless à Erlang en 1778. Ce mémoire a été traduit librement en françois par M. Bouchaud dans ses Antiquités poétiques du dissertation sur les poëtes cycliques, Paris, 1799; in-8°.
2 Quoique le mot de poésie ne soit pas ordinairement employé pour un ouvrage en prose, il ne renferme pourtant l'idée d'une composition Ln vers qu'autant qu'à l'époque où l'on commença à s'en servir, la prose n'était pas encore écrite. On trouve quelques exemples d'tfn emploi différent. Maxime DE TYR (Diss. XXJX-), parlant de l'ouvrage en prose de Phérécyde, l'appelle le poème du Scyrien, et TATIEN ( ed. Oxford , 1711, in-8°, p. 4), se sert du même mot en parlant des écrits en prose d'Héra-
------------------------------------------------------------------------
ployant celui d'a&cv pour les anciens chantres religieux, on paroît avoir voulu indiquer qu'ils n'étoient que les organes de la Divinité.
Les poëtes de cette période ont perfectionné l'hexamètre, qui dès lors resta invariablement à la poésie épiquev A la simplicité dans laquelle se plaît le style historique, ce vers réunit toute la pompe qui convient à la poésie héroïque : la variété de ce mètre empêche qu'il ne devienne jamais monotone.
C'étoit le seul dans lequel onpût composer des ouvrages de longue haleine. La longueur de ce vers qui peut renfermer jusqu'à dix-sept syllabes, ses dactyles alternant avec les spondées, la césure qui, en le coupant en deux parties inégales, laisse reposer la voix, le rendent propre à exprimer touteespèce de mouvement, à peindre tous les sentimens, à reproduire toutes les idées depuis la vérité la plus simple et l'image la plus riante, jusqu'à la pensée la plus profonde ou la plus sublime. La poétique des nations modernes n'a rien imaginé qu'on puisse mettre au-dessus de cette belle invention, que les premiers poètes de la Grèce ont due à leur
génie aidé par une organisation heureuse, C'est HOMÈRE que l'antiquité a unanimement reconnu comme le père de la nouvelle poésie ou de l'épopée, mot qui, proprement, véut dire art de produire un ouvrage d'imagination, Homère
dite d'Ephèse. Enfin, ARRIEN ( Exped. Al. M. V, 7 ) cite le poème d'HE» catée sur l'Egypte.
------------------------------------------------------------------------
étoit Ionien et peut-être natif de Chios. Il fut nommé Mœonides, d'après son père Moeon, et Mèlésigénes, parce que,, dit-on, il naquit près du fleuve - Mélès. Dans (l'antiquité, sept villes se disputoient l'honneur de lui avoir donné le jour. Elles sont nommées dans le distique suivant :
Il a fleuri, selon les calculs les plus probables, 1000 à 1100 ans avant notre ère Cependant l'époque où il a vécu, les circonstances de sa vie, tout, jusqu'à son existence même , est enveloppé de doutes. Hésychius dit que le mot d'Homère est un appellatif qui signifie aveugle, et qu'en se servant d'une figure que les rhétoriciens nomment métathese, on a dit Opjpoç à la place de Mvjopoç, qui ne voit pas. D'après une autre étymologie, le même lexicographe dérive ce mot de opov, ensemble, et d r r l l d" d r , de peco, cou ler ou parler, d'où vien d roit opjpeuetv, synonyme de ov(j.(pa)ve7v, former un accord. Quelque puériles que soient ces étymologies, elles ont suffi à des hommes qui trouvoient plus de charme
1 Hérodote dit qu'Homère a vécu 4oo ans avant lui, c'est-à-dire 85o à 880 ans avant J.-C. Mais ce calcul paroît se fonder sur l'opinion erronée d'où Hérodote estparli, et d'après laquelle Homère et Lycurgue auroient été contemporains. ERATOSTHÈNE, AHISTARQUE et PHILOCHORE le placent 120, ;140, ou 180 ans après la prise de Troie. L'auteur d'une biographie absurde d'Homère qu'on attribue à Hérodote, dit qu'il naquit 622 ans avant l'expédition de Xerxcs en Europe, ce qui répondrait a J'année 1102 avant J.-C. et la computaLion qu'il établit paroit indiquer qu il travailloit, au moins en cet endroit, sur quelque document ancien.
------------------------------------------------------------------------
dans le paradoxe que dans la simple vérÎté, pour nier qu'Homère ait existé. Si plus tard on paroît avoir abandonné ce système , c'est que la curiosité a été entretenue par les débats qui se sont élevés sur deux questions relatives à Homère. De ces questions, l'une, fort ancienne, avoit été oubliée depuis long-temps; l'autre, mise en avant pour la première fois dans le dix-septième siècle -seulement, avoit eu le même sort. L'une et l'autre furent reprises de nos jours par des hommes d'un grand mérite, examinées sous toutes leurs faces, et tellement approfondies, qu'aujourd'hui on peut regarder la discussion comme portée à ce point où tout homme exempt de préventions peut en porter un jugement d'après les impressions que les faits et les raisonnemens dont les deux partis se sont appuyés,, peuvent avoir laissées dans son âme.
Ces questions sont trop importantes. pour que nous puissions nous dispenser de les exposer historiquement. Homère a-t-il mis par écrit l'Iliade et l'Odyssée, les deux poëm.es épiques dont vingt-huit siècles l'ont reconnu pour auteur ? Ces deux poèmes , sont-ils entièrement de lui, ou se composent-ils d'ouvrages de plusieurs mains, réunis par les soins.
d'un habile critique? Telles sont les deux questions.
controversées.
L'historien Josephë dit positivement qu'Homère?
n'a pas écrit ses poèmes, et qu'ils ont été pendant plusieurs siècles conservés par la tradition orale 1 ;
1 Contra Apion., I, 2;
------------------------------------------------------------------------
mais on avoit fait peu d'attention à ce passage; peut-être l'avoit-on néglige comme le témoignage d'un auteur trop moderne. L'attention s'y fixa, lorsqu'en 1769 "un savant Anglois, Robermt Wood, entreprit de prouver 1 qu'Homère n'a pu écrire ses poésies , parce que , de son temps, l'écriture n'étoit pas connue. Wood regarde comme une preuve décisive du fait qu'il suppose, la circonstance que, dans les-deux poëmes, il n'est fait aucune mention de l'art d'écrire, malgré les fréquentes occasions d'en parler qui se sont présentées au poëte. Il est vrai qu'il existe deux passages où, d'après les interprètes vulgaires, il est question de l'écriture; l'un est au chant 7% vers 175 de l'Iliade, où l'on tire au sort pour savoir lequel des chefs grecs combattra Hector. Les traducteurs ont fait dire à Homère que chaque chef inscrivit son nom sur son sort; mais l e terme hrifxrivdwro , ils firent un signe, et le vers suivant, où il est dit que le héraut montra à tous le sort tiré de l'urne, et qu'aucun ne le reconnut pour sien, jusqu'à ce qu'il passa à Ajax, qui déclara que c'étoit celui qui portoit sa marque ; ce vers et ce mot font bien voir qu'il ne s'agit pas dans ce passage d'une écriture, puisque le premier auquel on auroit montré le nom d'Ajax, l'auroit prononcé sans qu'il eût été besoin de passer le sort à la vonde pour le faire reconnoître par celui auquel il appartenoit.
» Le titre de son ouvrage est: Essay on the original genius and writingsofHomer, London , 1769, in 4°. Une nouvelle édition augmentée , fut publiée par Jacques Bryant, Londres, 1775, in-4°
------------------------------------------------------------------------
Le second passage présente un peu plus de difficulté. Il se trouve aussi dans .l'Iliade, chant 6e, v. 168. cc Prétus, y est-il dit, ne voulant pas tuer Bellérophon, et désirant cependant sa perte, l'envoie en Lycie, auprès de son beau-père, et lui remet des tablettes où il avoit écrit ( nous suivons les anciens traducteurs ) beaucoup de choses pernicieuses; il ordonne au jeune homme "de les montrer à celui auquel elles sont adressées. » En examinant de plus près ce passage, on peut se convaincre qu'il n'y est pas question d'une lettre ni en général d'écriture ; il s'agit uniquement de symboles convenus entre le beau-père et le gendre, d'une espèce d'écriture hiéroglyphique. Homère se sert bien du mot de ~-ypotyaç, qu'on a traduit par ceux-ci : il écrivit, parce qu'en effet par la suite des temps, le verbe ypoeyeev a pris cette signification; mais il ne veut dire proprement que tracer, graver , faire une incision. Au lieu de caractères alphabétiques, Prétus trace des signes, a-Æp.C('t"c(, Il n'ordonne pas à Bellérophon de les faire lire à Iobate auquel ils sont destinés ; il veut qu'ils lui soient montrés. Lorsqu'ensuite Bellérophon se trouve auprès d'Iobate, celui-ci ne demande pas à lire la lettre de son gendre; il veut voir le signe que l'étranger lui a apporté de la part de Prétus 1. Il faut convenir cependant qu'en inter-
1 M. Hug, un des antagonistes du système que nous exposons, convient que clans ce passage il n'est pas question d'une véritable écriture ; mais il observe avec raison combien les Grecs étoient près de la connois-
------------------------------------------------------------------------
prêtant de cette manière le passage d'Homère , il reste une difficulté. Prétus avoit tracé sur les tablettes beaucoup de 'choses pernicieuses : si ç'étoit par le moyen d'hiéroglyphes , il semble qu'un ou deux de voient suffire pour se faire entendre : la multiplicité des signes rappelle involontairement l'écriture 1..
M. Fréd. Aug. TVolf, célèbre philologue allemand, en publiant, en 1794, une édition d'Homère , la fit précéder de prolégomènes, où , sans épouser absolument le sentiment de Wood, il donna cependant une nouvelle force au raisonne, ment par lequel cet Anglois avoit tâché de prouver qu'Homère n'a rien écrit. M. Wolf pense que , quoique l'écriture fût connue en Grèce avant Ho-
sance de cet art j puisqu'ils sentoient déjà le besoin. de communiquer au loin par des signes convenus, et que ces signes étoient tracés sur des tablettes. Voy. Hug, Erfinduug der Buchstabenschrift, p. 88.
1 La grammaire de THÉODOSIUS d'Alexandrie, qui a été imprimée pour la première fois en 1822, renferme un passage qui n'a pas encore été cité dans cette discussion, et qui me paroÎL assez curieux pour être placé ici. « Quelques-uns disent que jusqu'à l'époque de la guerre de Troie on ne s'est pas servi de l'écriture, et ils se foudent sur la circonstance qu'il ne s'est pas conservé de poëme antérieur à Homère, quoiqu'il y ait eu des poëtes avaut lui, tels que Musée, Orphée et Linus; que néanmoins rien n'a pu être conservé avant les poésies d'iloz mère f-et qu'aucun poëme antérieur à l'Iliade et à l'Odyssée n'a pu être sauvé. On demandera: Comment cela se peut-il, si les lettres qui sont antérieures à Homère se sont conservées? Nous répondrons que quelquesunes ne sont pas si anciennes , et que d'autres porteut desnoms semblables aux anciennes. Et les héros d'Homère ne tavoient pas ecrire ; ils se servoient de signes eL de symboles , lorsque , dans le commerce de la vie, ils vouloient mander quelque chose à un autre. » Voy. THEOD. Alex. Gram.
ed. Goettling, p. 10.
------------------------------------------------------------------------
mère, et qu'elle eût été employée à des inscriptions, ainsi que nous l'avons fait voir, cependant on ne s'en servit pas généralement et dans la vie commune avant le temps des Olympiades. Il observe avec raison qu'il ne suffisoit pas d'avoir réussi à graver quelques lettres sur la pierre ; mais qu'il falloit encore. des siècles pour vaincre toutes les difficultés que présentoit le défaut de matériaux-sur lesquels on pût tracer des ouvrages complets et volumineux.
A l'époque de Solon, c'est-à-dire plus de quatre cents ans après Homère, l'écriture avoit fait si peu de progrès, que, pour publier ses lois, le législateur d'Athènes les fit graver sur la pierre, dans la forme de boustrophédon qui tient à l'enfance de l'art. A l'égard des poésies d'Homère, le témoignage de l'historien Josephe est positif. Refuse-ton de reconnoître l'autorité de cet écrivain dans un fait d'une si haute antiquité? Mais il faut observer qu'il ne l'avance pas comme une hypothèse, comme une opinion à lui particulière ; il en parle comme d'une chose généralement connue et admise. Le fait qu'il avance est aussi attesté par un ancien scholiaste que Villoison a publié
Feu Heyne, et le respectable vieillard M. Charles Dav. Jlgen 2 partagèrent la manière de voir de M. Wolf; mais M. Bouterwech dit5 : « Si Homère n'a pas parlé d'écriture , c'est qu'observateur scru-
1 Anecd. gr ,.II, 182.
» Dans leurs éditions d'Homère.
5 Akademie der schœnen Redekünste , Gœttingen, 1807 , N. I—IV.
------------------------------------------------------------------------
puleux des mœurs des temps qu'il chante, c'est-à-dire des temps héroïques , il ne peut faire mention d'un art que ses héros ne connoissoient pas. » Ainsi que ce savant, MM. Jean-G-odefroi Amelang1, Jean-Léon.
Hug\ de Marée 3 , Chr.-Fréd. Weber 4, et Claviers, ont soutenu qu'Homère connoissoit l'écriture, et qu'il a rédigé par écrit ses poésies. M. Hug demande comment le catalogue des vaisseaux qui forme la moitié du second chant de l'Iliade, et' où sont nommés les commandans de plus de treize cents vaisseaux avec leurs généalogies, leurs femmes, leurs enfans , avec beaucoup de villes et de pays, a pu , nous ne disons pas se conserver par une traditionorale, mais être rédigé , sans que l'auteur eût sous les yeux des mémoires détaillés, une foule de notes géographiques, et pour ainsi dire l'état militaire de la Grèce. Il rappelle que ce catalogue a été regardé comme un document historique tellement exact que , d'après Aristote et Eustathe, on l'a plusieurs fois invoqué dans des discussions qui se sont élevées sur les limites des états. cc Quel effort de génie, s'écrie un savant françois 6, n'auroit-il pas fallu à un homme pour créer deux poëmes
1 Von dem Alterthum der Schreibkunst, Leipz-, 1800 in-8°.
a Erfindung der Bkuchstabensehrift, Ulm, 1801 , in-40.
5 Versuch über die Cultur der Griechen zur Zeit des Homer, Berliu , 1797 » in-80. - -
4 Versuch ciuer Geschichte der Schreibkunst, Gœttingeu , 1007 , in-8°.
5 Histoire des premiers temps de la Grèce, seconde édition , vol. III , p. 1 et suiv.
6 De Sainte-Croix dans sa Réfutation d'un paradoxe sur Homère, dans le Magas. Encycl., troisième année, vol. V, p. 12.
------------------------------------------------------------------------
d'environ 30,000 vers, y fixer sa langue, et en devenir le régulateur à l'aide de sa seule mémoire ?
Je veux supposer, avec M. Wolf, que celle d'Homère fût assez forte, assez exercée pour opérer un semblable prodige; mais cette foule de traditions historiques et religieuses dont ces poèmes sont le dépôt, cette variété de connoissances en tout genre, cette abondance d'images et de pensées, etc., qui en font un précieux trésor où l'on puise sans cesse depuis deux mille sept cents ans, tout cela, dis-je, ne montre-t-il pas qu'Homère, leur auteur, a vécu dans un temps éclairé? Et comment son siècle auroit ii pu l'être , sans l'usage commun de l'écriture alphabétique ? N'en doutons pas, cet usage a nécessairement existé après un laps de plus ou moins d'années. Or, il s'en est écoulé six cents entre Homè Cadmus, qui introduisit dans la Grèce l'al~pha phénicien. »
Quant àl'hypothèse de M. Bouterweck, qui paroît ingénieuse, nous lui opposerons le raisonnement d'un écrivain habile qui a traité cette question en françois, Il pense que supposer à Homère cet esprit de critique dont le littérateur allemand veut lui faire un mérite, c'est juger un poëte de la plus haute antiquité d'après des idées trop modernes.
« Il faudroit, dit-il, attribuer à Homère un raffinement d'art et de réflexion dont il étoit incapable, par la raison même qu'il se trouve placé trop près du temps qu'il décrit; raffinement dont la pensée ne peut venir qu'à ces poëtes qui, vivant un grand
------------------------------------------------------------------------
nombre de siècles après les événemens qui font la matière de leurs chants , doivent être frappés, ainsi que leurs contemporains, de la différence qui règne entre les mœurs de leur temps et celles du temps qu'ils décrivent »
La seconde question relative à Homère, est plus importante et plus difficile à résoudre. Charles Perrault et François Hëdelin, plus connu sous le nom d'abbd d'Aubignac , avoient déjà avancé * qu'Homère n'étoit pas ou n'étoit pas seul l'auteur de l'Iliade et de l'Odyssée ; mais le dernier avoit poussé cette idée à l'absurde, en soutenant qu'Homère n'a pas même existé, et que son nom est synonyme de celui de chantre. Une hypothèse semblable. mais moins exagérée, fut mise en avant, par Bentlei, et développée par un écrivain italien digne d'être mieux connu qu'il ne l'est effectivement, Gian-Battista Vico 3. Sans avoir lu Fouvrage de ce philosophe, M. Wotf employa dans ses prolégomènes, toutes les ressources de l'esprit et de l'érudition pour prouver que l'Iliade aussi
1 Essai sur la question ( de savoir ) si Homère a connu l'usage de l'écriture, et fi le5 deux poëmes de l'Iliade et de l'Odyssée sont en entier de lai. par M. Franceson , Berlin, 1818, in-12.
3 Le premier, dans son Parallèle des anciens et des modernes (vol. III, p. 35 ) , avoit annoncé l'ouvrage d'H.édelin qui ne parut pourtant qu'en -1715. Il porte le titre de Conjectures académiques ou dissertation sur l'Iliade. ,
5 'Principi di scienza nuova d'intorno alla commune naiura delle nazioni, dont la huitième édition a paru à Naples, en 1744, en 2 vol.
in-W. M. Wolf en a donné un extrait dans Muséum der Alterthumswisxemchaft, vol. I, p. 555.
------------------------------------------------------------------------
bien que l'Odyssée doivent être regardées cbmme deux suites de poèmes de différens auteurs, et qu'on ne peut attribuer à Homère qu'une partie des vers que ces épopées renferment. L'invraisemblance qu'un poëte ait conçu le plan de deux poëmes d'une si longue étendue, quoique la manière usitée alors de publier les ouvrages d'imagination dût lui faire prévoir qu'ils ne pourroient être charités en une seule fois ; l'impossibilité d'exécuter un plan'si vaste sans le secours de récriture; enfin des disparates que M. Wolf croit avoir remarquées entre différentes parties de l'Iliade et de l'Odyssée, sont les principaux motifs dont il étaye son système. Les faits historiques viennent le confirmer. Les poésies d'Homère , portées en Grèce par Lycurgue, y étoient chantées par des rhapsodes qui parcouroient le pays et récitoient dans les endroitsoù ils s'arrêtoient, des parties détachées de ces poëmes, et cette espèce de division n'avoit aucun rapport avec celles que nous connoissons. Car la distribution de l'Iliade et de l'Odyssée en vingt-quatre chants est postérieure, et date de l'époque des grammairiens d'Alexandrie. Les rhapsodes qui chantoient les poésies d'Homère avoient l'habitude dé choisir certains morceaux formant un ensemble ou un épisode complet ; aussi ces divers morceaux qu'on étoit accoutumé d'entendre le plus souvent étoient-ils connus sous des titres particuliers. Tels sont : la Peste du camp grec et le Songe d'AgamemnOTt, du premier livre de l'Iliade ; l'Epreuve
------------------------------------------------------------------------
ou le récit par lequel, dans le même chant, Agamemnon sonde les dispositions des Grecs ; le Catalogue des vaisseaux ; 1-e Combat près des vaisseaux les Jeux célébrés aux obsèques de Patrocle; la Fabrication des armes d'Achille. Tels sont encore : VEvocation des morts ; le Bain des pieds, ~NiTrTpov, c'est-à-dire la. reconnoissance d'Ulysse par la nourrice ; le Massacre des prêtendans, tirés de l'Odyssée.
Sous les Pisistratides, tous ces fragmeus ou petites épopées détachées furent rassemblés, réunis en forme 4e deux grandes compositions, et peutêtre mises par écrit. Telle est au moins l'opinion commune qui se fonde sur le témoignage de 'Cicéron. Primus Homeri libros , confusos antea, sic disposuisse dicitur ut nunc habemlts, dit cet orateur Toutefois, M. Payne Knight observe qu'Hérodote et Thucydide , Platon et Aristote, qui ont si souvent parlé soit d'Homère, soit de Pisistrate et de ses fils, paroissent avoir ignoré les services que cette famille a rendus à Homère, et que lorsque le philosophe de Stagire loue l'excellent plan et la disposition sage de l'Iliade et de l'Odyssée, il ne semble pas se douter que cet éloge apparte-noit à Pisistrate. Il est vrai que dans le dialogue intitulé : Hipparque, qui se trouve parmi les ouvrages de Platon, il est dit qu'Hipparque , fils du tyran, fit connoître Homère à Athènes et eut soin
1 De Orat., III, 34.
il Proleg., p. 5 ( ed. germ.).
------------------------------------------------------------------------
que ses poëmes fussent chantés à la fête des Panathénées par des rhapsodes alternant entre eux, de manière que le morceau de l'un fit suite à celui de l'autre; mais il y a loin de là à avoir le premier réuni en un ensemble une foule de morceaux détachés. Au reste, ce que l'auteur du dialogue rapporte d'Hipparque , d'autres le disent de Solon.
Soit que Pisistrate fût l'auteur du plan des deux poèmes, soit qu'il fût sorti de la tête du poète, on ne s'en tint pas, dit-on, à la fomne qui leur ayoit été primitivement donnée. Ces poëmes furent à plusieurs reprises retouchés, arrangés, suppléés et continués, opérations dont l'ensemble est exprimé par le mot de StoujxsvdÇstv 1 ; mais ce fut surtout par les soins des grammairiens d'Alexandrie
1 Le rrai seus du mot <îta<nc £ vaç-*iç n'est connu que depuis que Villoison a publié les Scliolies de Venise. Ce mot n'avoit été rencontré jusqu'alors que dans une ancienne scholie (Schol. brey. ad Odyss., XI, v.
583 ), et d'après elle, dans EUSTATHE ( p. 1701, l 25 de l'éd. de Rome), où on l'avoit mal compris; car, quoique dans ce passage le diascevaste soit mis en opposition avec le poëte , on avoit confondu les deux personnages. On trouva ensuite dans une. schqlie de PORPHYRE, publiée par Valckencer, un mot qui fit pressentir l'erreur où l'on étoit tombé. Un passage de l'Iliade [XVIII, v. 356—368) y est qualifié de citcxc;x£vcxP-fLÉIIOÇ , c'est-à-dire travaillé ou interpolé par un diascevaste. Ce fut enfin l'emploi fréquent des mots de (îiatrxEuaçvx;, (îiaoTt/uam;, dans les scholies de Venise, qui fit voir qu'il s'agissoit d'une classe d'hommes différens des rhapsodes-, et d'une espèce de travail que les poëmes d'Homère avoient subi avant celui des grammairiens d'Alexandrie, qui en soignèrent des recensions ou des éditions. (Voy. Car.-Fred. Heinrich, Diatribe de diascevastis Homericis, pars I. Kiliae, 1807, in-4°, p. 13.) Au reste, les diascevastes doivent être distingués des Chorizontes ( de xc.>pÍl;ulI, réparer ), espèce de critiques des temps postérieurs, qui firent des recherches sur ces poèmes, et en ffetranchèrent quelquefois des passages qui leur paroissoienl hétérogènes.
------------------------------------------------------------------------
des troisième et quatrième siècles après J.-C. que le texte de ces deux poëmes prit définitivement la forme sous laquelle ils nous ont été transmis. C'est dans cette forme même que l'auteur ingénieux du système dont nous parlons, prétend reconnoître encore la main de divers auteurs qui y ont travaillé : les preuves qu'il en donne 1 ont dû frapper d'autant plus vivement que la simplicité, la sagesse et l'unité des poèmes d'Homère avoient jusqu'alors excité l'admiration des meilleurs juges anciens et modernes, et que, si M. Wolf ne se trompe pas, il faut accuser le jugement des critiques les plus renommés. « Homère, dit Aristote, ce législateur du goût2, a rapproché tout ce qui tient à une seule et même action, et il en a composé son Odyssée : il a suivi la même méthode dans l'Iliade. » En un autre endroit, il assure que les deux poëmes sont aussi parfaits qu'ils peuvent l'être , relativement à l'unité. Horace 3 énonce une opinion pareille dans ces vers connus :
Semper ad eventum festinat, et in medias res, Non secus ac notas, auditorem rapit-, et quœ Desperat tractata nitescere posse , relinquit.
1 Indiquons ici quelques-unes de ces défectuosités. Les vers 356-368 du a8e livre de l'Iliade, et les vers 620—624 du 4e de l'Odyssée, sont des hors-d'oeuvre. Une scholie de Porphyre attribue le 12e vers du 18e chant de l'Iliade à la maladresse des diascevastes. Au vers 578 du 8e livre de l'Iliade, Pylémènes, chef des Paphlagoniens, est tué; néanmoins, au chant i3, v. 658, il accompagne le corps de son fils.
.2 Poet. c. 20.
3 Ep. ad Pis. v. 149.
------------------------------------------------------------------------
Atque ita mentitur, sic veris falsa remiscet Primo ne medi.um, medio ne discrepet imum.
Jérôme Vida y cet admirateur de Virgile, dit d' Homère 1 :
Lectores cupidi exspectant durantque volentes , Nec perferre negant superest quodcumque laborum.
Inde licet fessos somnus gravis avocet arttis, Aut epulis placanda fames, Cererisque libido, Hoc studium, hanc operam serô demittimus aegri.
ffoileau observe qu'il n'y eut jamais deux poèmes si bien liés et si bien suivis que l'étendue de l'O-8 dyssée, et où le même genre éclate davantage
Dans sa Poétique il dit i N'offrez point un sujet d'incidens trop chargé.
Le seul courroux d'Achille, avec art ménagé, Remplit abondamment une Iliade entière.
Parlant ensuite d'Homère, il dit : Son sujet de soi-même et s'arrange et s'explique; Tout, sans faire d'apprêt, s'y prépare aisément.
Chaque vers, chaque mot court à l'événement.
Ecoutons le judicieux Pope. cc L'Iliade, dit-il 5, est comme un fleuve dont le cours nous entraîne avec toute la vitesse et la douceur possibles. Homère , dans quelque point de vue qu'on le consi-
1 Poet. v. 99.
a Réflexions sur LoDgin.
5 Dans la préface de sa traduction.
------------------------------------------------------------------------
dère, nous frappe surtout par l'invention ; c'est elle qui donne. de l'étendue à sa fahle, de la vie à ses caractères, du pathétique à ses discours, du sublime à ses sentimens; elle anime ses images, ennoblit ses expressions, et rend son style harmonieux et sublime. »
Après avoir fait valoir ces jugemens, le baron de Sainte-Croix , principal adversaire de l'hypothèse de M. yv olf J, observe que, si elle eût eu le moindre fondement, Lycurgue, Pisistrate et son fils Hipparque, n'auroient, sans doute, pas attrifcué à Homère des chants entiers qui avoient d'autres auteurs, ce On doit leur supposer, dit-il, assez de lumières pour ne lui pas prêter un plan qui n'étoit jamais entré dans ses vues. Ces éditeurs étoient certainement plus à portée que nous d'en juger; et ne seroit-il pas très-surprenant que des critiques modernes eussent fait une découverte échappée à Aristote, à Zénodote, àCratès, à Aristophane, à Aristarque, à Longin, en un mot, aux plus célèbres critiques de l'antiquité? Je ne me permettrai plus qu'une seule objection : seroit-il donc possible que les caractères des héros de l'Iliade, différenciés avec tant d'art, et parfaitement nuancés, si bien soutenus depuis le commencement. de ce poëme jusqu'à la fin, eussent été tracés par plusieurs mains? L'esprit humain n'offre point un semblable phénomène. »
Ce raisonnement plein de goût n'a pas empêché
1 Dans le mémoire cité.
------------------------------------------------------------------------
un jeune Danôis, M. Kœsr de scruter l'Odyssée-, dans le but 'd'y découvrir quelques-unes 'de ces contradictions qui, à notre avis, prouvent bien qu'il a écllàppé des négligences au plus grand dfes pÕëtes, sans qu'il nous semble nécessaire d'admettre, pour en 'expliquer la possibilité, le cohcourâ de plusieurs collaborateurs. M. EtEs a annoncé ses découvertes par une dissertation _'qú'iT à publiée à Copenhague, en 1806 1.
Dés adversaires plus redoutables ont attaqué l'authenticité du dernier chant de l'Odyssée et d'une partie de l'avant-dernier Eustathe nous apprend a que déjà Aristophane de Byzance et Aristarqué, Ces piliers de l'école critique d' Alexandrie, croyoient que l'Odyssée d'Homère finissoit avec le v. 296 du 23e chant, et que tout ce qui suit étbit d'une main étrangère, sans doute parce qu'ils ne le jugeoient pas digne de ce poète. Aussi quelques bons manuscrits ont-ils, à cet endroit, une marque qui indique que la suite n'appartient pas au corps de l'Odyssée. Dans te dix-septième siècle Casaubon et Rapin firent revivre ce système que le célèbre Pope rejetoit hautement. On peut convenir, tout en n'admettant pas les hypothèses de M. Wolf, que cette fin du 236 chant et tout le 246 ne sont pasabsolument dignes du reste du poème. En effet, la fable de l'Odyssée finit au moment qu'Ulysse,
1 Sous ce titre : De discrepantiis quibusdam in Odyssea occurrcnubus m-8°.
a P. 1948,1. 47 sqq. ed. Rom.
------------------------------------------------------------------------
rentré dans la possession de sa maison et de son épouse, va se reposer de ses travaux : les vers qui précèdent immédiatement le 296e, terminent le poëme par une de ces réflexions mélancoliques qui, selon l'opinion des connoisseurs, doivent se trouver à la fin des épopées, pour laisser dans l'âme du lecteur une empreinte de tristesse. Comment donc dans les vers suivans Ulysse reparoît-il au milieu de ses commensaux, auxquels il raconte les aventures que nous avons lues dans les chants précédens? Madame Dacier trouve cette récapitulation très-bien placée, (c Quoique le lecteur, dit-elle, soit instruit, cet abrégé n'est pas inutile, et Homère l'a mis par deux raisons ; la première pour nous faire entendre que le sujet de l'Odyssée n'est pas seulement le retour d'Ulysse à Ithaque, et le rétablissement de ses affaires, mais qu'il. embrasse ses voyages, ses erreurs, tout ce qu'il a vu, tout ce qu'il a souffert, en un mot, tout ce qui lui est arrivé depuis son départ de Troie, etc. ; et la seconde, pour nous remettre devant les yeux toute la suite des aventures de son héros; car, en embrassant ces aventures dans son poème, il n'a pas suivi l'ordre naturel ou historique.
Or, ici il remet tout dans l'ordre historique, afin que nous puissions démêler d'un coup d'œil ce qui fait l'action continue et ce qu'embrasse tout le sujet, et distinguer le temps de la durée du poëme d'avec le temps de la durée de l'action; et c'est pour le lecteur un soulagement considé-
------------------------------------------------------------------------
rable. » Nous craignons bien que nos lecteurs ne soient peu satisfaits de l'une et de l'autre de ces raisons. Ce n'est sans doute pas par la récapitulation mise dans la bouche d'Ulysse qu'on apprendra le sujet de l'Odyssée , si on ne Fa pas connu par la lecture des chants précédens, et cette manière historique de nous remettre sous les yeux un abrégé dénué de tout le charme du - style, n'est guère digne d'un grand poète. ,
Supposons toutefois que tout ce récit et ce qui le. suit soient authentiques y notis n'en serons pas moins choqués par le triste épisode qui remplit les 203 premiers vers du chant suivant. La descente de Mercure aux Enfers pour y conduire les ombres des prétendans tués par Ulysse, l'entretien qui y a lieu avant leur arrivée, entre Agamemnon et Achille, et celui qui ensuite s'entame entre le premier et une des ombres, sont absolument étrangers à l'Odyssée, et s'ils sont d'Homère, ils ne renferment rien qui trahisse son génie sublime. Voici comment Pope lui-même s'exprime à ce sujet : te Tout cet entretien aux Enfers est un pur ornement que le poète étoit libre d'insérer pu non d'après son jugement, sans rompre le fil de l'action.
Par ce motif, il seroit à désirer qu'il l'eût remplacé par quelque autre incident, et donné plus de variétè à l'histoire. Cette descente de Mercure a pour objet plutôt l'instruction des morts que celle des vivans. Agamemnon apprend comment les prétendans ont été tués par Ulysse, et Achille-comment
------------------------------------------------------------------------
les Grecs ont célébré ses funérailles ; incidens qui ne font rien ou peu de chose au plan de l'Odyssée.
En un mot, l'action principale est arrêtée pendant ce long épisode, et la dernière partie de celui-ci ne nous offre aucun nouvel objet d'amusement.
Mais Cynthius aarem.
Vellit; je prouve plutôt mon propre défaut de jugement que de faire remarquer une erreur dans Homère.
J'ajouterai seulement que le lecteur sera convaincu combien il seroit facile d'ôter cet épisode, s'il observe que le récit se liera parfaitement en commençant le 24e livre par le vers 204 qui est la suite immédiate du dernier du 23e, de manière que si je 'pouvois gagner sur moi de souscrire à l'opinion ,d'Aristarque qui rejette tout ce chant, cela ne seToit que pour la première partie ; toutefois la beauté des vers me persuade que le tout est authentique, D La seconde partie du 24e livre renferme d'abord la reconnoissance d'Ulysse par Laërte : on blâme le poëte d'avoir introduit Ulysse racontant une fable à son vieux père pour s'assurer s'il le connoît encore. Les critiques trouvent que cette feinte est contre nature ; Pope prétend qu'elle est dans le caractère d'Ulysse qui est toujours maître des mouvemens de son coeur. Il est vrai que cet épisode renferme de beaux traits, dignes d'Homère. Pope se déclare aussi le champion de la fin du livre ou
------------------------------------------------------------------------
le poëte raconte la tentative des parens des prétendans pour venger la mort de leurs fils, que les critiques trouvent un peu burlesque. «Pôur donner de l'importance, dit4e traducteuranglois, ài'action qui termine le -poème , Homère introduit Jupiter et Minerve -qui -délibèrent sur l'issue qu'elle devra avoir. Au commencement de l'Odyssée, lés Dieux s'étoient occupés du retour d'Ulysse; à la conclusion, nous voyons Jupiter lui-même récompensant la vertu et le courage d'Ulysse, et décrétant qu'il régnera en paix et en tranquillité. Cela est amené avec beaucoup de jugement ; nous sommes parfaitement rassurés sur lé futur bonheur du héros, lorsque nous apprenons que Jupiter luimême l'a sanctionné. Au surplus nous prenions une haute idée de la grandeur d'Ulysse et de tout le sujet de l'Odyssée, lorsque nous voyons que Jupiter lui-même y met assez d'importance pour en faire l'objet d'un engagement formel. »
Il existe plusieurs autres motifs tirés soit des mœurs et coutumes des anciens Grecs du temps d'Homère, soit de leur religion, qui ont fait douter que la dernière partie de l'Odyssée soit contemporaine du reste de l'ouvrage. On y a reconnu de plus quelques contradictions historiques et des erreurs de géographie , dont le scepticisme des critiques s'est emparé 1. Nous n'entendons pas préjuger la
1 Ces motifs de doute sont développés dans une Dissertation de M. Fred. Aug. Gu. Spahn de extrema Odysseae parle iode a rhapsodie f versuCCXVIl aevo recentione orla quam fiomerico. Lips., 181 fi, in-Bo.
------------------------------------------------------------------------
question; notre objet n'a été que de faire voir que ceux mêmes qui rejettent l'hypothèse de M. Wolf sur l'origine des poésies d'Homère peuvent admettre que l'Odyssée a éprouvé une forte interpolation.
Cette hypothèse a paru moins hardie et presque modérée lorsqu'on a vu paroître celle d'un Anglois, M. JBryant. 'M. Lechevalier venoit de publier ses Recherches sur la situation de l'ancienne ville de Troie et sur la scène de l'Iliade en général 1, lorsque le savant Anglois s'avisa de soutenir 2 le paradoxe qu'il n?a jamais existé une ville de Troie, ni une expédition des Grecs contre Ilium. Ce système paroît être tombé dans l'oubli; celui de M. Wolf même, déjà ébranlé par M. de Sainte- Croix , a trouvé des antagonistes redoutables dans deux compatriotes de Bryant. L'un est M. Richard Payne Knight 5 , et l'autre, M. Granville Penn 4.
1 Description de la plaine de Troie. Edimb., 1791., in-4°.
2 A Dissertation coDcerniDg the war of Troy and the expédition of tlie Grecian, described hy Homer. London, 1706.
3 Dans ses Frolegomena ad Homerum, que M. F. E. Ruhkopf a fait réimprimer à Leipzig, 1816, in-8°. Voici comment le savant Anglois s'exprime à ce sujet :« Feracia maximorum ingeniorum praeter omuem naturæ ratiotiem modumque fuisse ea saecula oportet, quae tot greges poetanum enutrirent, quorum quilibet carmina ejus modi effuderit quae nemo omnium gentium postea per tria millia annornm æmulari posset, neque nisi unus aut alter probabiliter imitari. Neque minus mirandum est tot poetas, consiliis inter se Laud communicatis , ita, fortuito et casu quo dam felici, ingenia in eadem materia exercuisse ; ut sparsa eorum carmina , sua quasi sponte in corpora singula tam apte coirent ut ea corpora pro exemplaribus absolutissimis per omnia subsequentia secula haberenlur, et poetae apud posteros tanto plus laudis tulerint quanto plus in iis imitandis valere visi sint. »
- 4 An Examination of the primary argument of the IIiad) with the
------------------------------------------------------------------------
Ce dernier a entrepris de prouver, contre MM Payne et Wolf, « qu'un argument unique, simple et sublime, qui prouve une unité primitive de plan , pénètre toutes les parties de l'Iliade, et réunit tous les membres de ce poëme en une composition harmonieuse. » Il établit ces quatre thèses fondamentales : « lOque le poëme est divisé en deux parties ou sections, dont la première se distingue par l'inaction d'Achille et les effets de cette inaction , et la seconde , par sa participation et les suites de cette participation ; et que ces deux divisions s'unissent en un point intermédiaire où la première trouve sa fin et la seconde son commencement : la mort de Patrocle ; 2.° Que dans chacune la détermination d'Achille est fortement exprimée, mais que dans chacune il agit contre la détermination déclarée de sa volonté ; mais qu'en même temps il agit conformément à la volonté contraire de Jupiter, également annoncée ; 5.0 Que dans les deux cas, cette conformité est produite par l'intervention puissante de Jupiter et par les moyens qu'il emploie pour cela ; que son intervention ttad dans la première partie à changer l'inaction d'Achille en action, et dans la secomde, à faire tourner cette action pour l'accomplissement de l'objet pour lequel elle a été produite, de ma-
Tiew to TÎndicate the poeme, famé and personalily of Homer and to demonstratc the jodgment of his accurate 'discerner Aristotle against the violation of some distingushed modem ciltics. By Granville Penn.
London, 1821, În-Bu.
------------------------------------------------------------------------
nière que le but que l'action atteint finalement esf le même à cause duquel il a fallu d'abord vaincre l'inaction; 4°. Que par conséquent la volonté de Jupiter prescrit la règle de l'action d'Achille, et est la cause agissante dans la grande action du poème, et que la volonté d'Achille est totalement subordonnée à cette volonté suprême dont elle n'est que l'instrument ; car 1,° Achille est porté à agir et à agir selon cette volonté, quand il est fermement résolu de ne pas agir ; et 2°. à faire d'après la même volonté ce qu'il est également résolu de ne pas faire. »
cc Ainsi la puissance irrésistible de la volonté di- vine sur la volonté la plus ferme des mortels se montre dans la mort et les obsèques d'Hector, dont Achille est l'instrument. Ainsi l'unité du pôëme est démontrée, et comme il n'existe aucun autre but qui gouverne et unit toutes les parties du poeme, il s'en suit que le but indiqué est le but primitif et principal. » C'est ainsi que l'auteur anglois même représente la quintessence de son ouvrage 1.
Nous avons exposé avec impartialité et candeur les hypothèses opposées : nous avouerons que quelquefois la force des motifs sur lesquels M. Wolf a étayé son système, a failli nous entraîner. Si nous avons résisté à la séduction, c'est qu'indépendamment du raisonnement lumineux de ses adver-
1 Dans le Classical Journal, vol. XXVI, p. 171.
------------------------------------------------------------------------
saires, nous sommes vivement effrayés de ce pyrrhonisme qui veut aujourd'hui se glisser dans les sciences, et ébranler les traditions littéraires, comme il a détruit la foi religieuse et troublé le bonheur d'une époque dans laquelle la Providence nous a condamné à vivre.
Lorsque les mouvemens opposés qu'excite, même en littérature, l'esprit de parti au sujet d'une opinion nouvelle, se seront apaisés, la postérité, plus calme, jugera de la solidité de ces hypothèses qu'il suffisoit pour nous de faire connoître. Nous dirons seulement que celle de M. Wolf, presque généralement admise en Allemagne, où cet homme célèbre a formé une école nombreuse, a été presqu'aussi universellement rejetée en Angleterre, en Hollande, en France et en Italie. On sait qu'elle a été fortement repoussée par Ruhnken, un des plus grands critiques du dix-huitième siècle 1, et par le célèbre Villoison, « qui ne pouvoit entendre parler de sang-froid de cet audacieux système : l'idée qu'il avoit fourni, sans le vouloir, les bases sur lesquelles on l'avoit construit, et les armes avec lesquelles on prétendoit le défendre, l'affiigeoit au point qu'il se repentoit presque d'avoir publié son ouvrage 2. Plus d'une fois il fut tenté de combattre cette impiété littéraire : mais il fut retenu par la crainte de lui donner plus d'importance, et de la
1 Voy. Wytttenbach vita Ruhnkeuii, p. 2t.
* Il s'agit de son édition de l'Iliade.
------------------------------------------------------------------------
propager en s'efforçant de la détruire ; et il pensa avec raison qu'il valoit mieux laisser lé soin de la gloire d'Homère à l'admiration des siècles passés et des siècles à venir »
Après avoir exposé les questions auxquelles ont donné lieu les deux poëmes qui nous sont parvenus comme ouvrages d'Homère, il est temps de parler de ces poëmes mêmes.
L'Iliade, en vingt-quatre chants, la plus parfaite des épopées de tous les siècles et de toutes les nations , s'occupe d'un simple épisode de la guerre de Troie. Le poëte chante les événemens qui se sont passés dans un espace de cinquante-un jours depuis la querelle entre Agamemnon et Achille jusqu'aux obsèques d'Hector a. Le sujet de cette composition est la satisfaction que Jupiter donne à son petit-fils, Achille, offensé par le chef des Grecs.
Le récit d'une action particulière, c'est-à-dire de la colère et de la vengeance d'Achille, donne au
1 Notice but. sur là vie et les ouvrages de M. de Villoison , par M. Dacier, dans les Mém. de l'Acad. roy. des Inscript. et Belles-Lettres, vol 1.
Histoire , p. 364.
s Voici le calcul des cinquante-un jours. Premier jour: Chrysis est offensé. Le dixième jour, Achille est outragé par Agamemnon. Douze jours après (1,493), Thétis réclame sa vengeance. Le lendemain, vingt-troisième jour, Agamemnon livre bataille. Le vingt-quatrième, les morts sont ensevelis. Le vingt-cinquième, seconde bataille; le vingt-sixième, troisième. Le vingt-septième, réconciliation d'Achille et d'Agamemnon , et quatrième bataille. Le vingt-huitième, funérailles de Patrocle. Le vingt-neuvième, les jeux auprès de son tombeau. Pendant douze jours , ainsi jusqu'au quarante-unième jour, le cadavre d'Heclur est outragé ; ce dernier jour les dieux s'en mêlent. Piiam rachète ce cadavre, et l'ensevelit dix jours après , c'est-à-dire le cinquante-unième.
------------------------------------------------------------------------
poète l'occasion de décrire les combats, de raconter les événemens qui en ont été la suite, et de rapporter un grand nombre de traits historiques qui étôient antérieurs au mécontentement dé son héros. Telle est l'adresse du poëte que, dans un sujet si simple, il trouve moyen de déployer le trésor immense des copnoissânces qu'il avoit ac-.
quises, et d'étaler toutes les richesses de la plus brillante imagination. Le poète suppose que les dieux sont partagés entre les Grecs et les Troyens, ce qui donne une haute importance à l'action de sa fable. La forme dramatique qu'il a adoptée, en mettant en scène les dieux et les hommes et en les faisant agir chacun selon son caractère ; cet artifice peut-être inconnu aux poëtes qui l'avoient précédé, est la véritable cause de l'intérêt qu'inspire l'Iliade et du charme qui attache à sa lecture. Il faut cependant observer que le sujet annoncé dans l'invocation que le poëte adresse aux Muses au commencement du premier chant, paroît épuisé au dix-huitième , et que les six derniers chants n'ont plus rien de commun avec la colère d'Achille contre Agamemnon et les Grecs. Ils sont comme une espèce de complément étranger au sujet. Cette disparate ou cette contradiction entre l'exposition et la fin du poème, est un des principaux argumens sur lesquels M. Wolf appuie son hypothèse,. et certainement il n'est pasfoible. Une plus grande disparate règne entre le titre et le sujet du poème; mais on sait que le titre d'Iliade est beaucoup plus moderne
------------------------------------------------------------------------
qu'Homère , et qu'il provient des rhapsodes ou des diascevastes.
L'Odyssée, aussi en vingt-quatre chants, raconte non la vie d'Ulysse, comme le titre mal choisi par les rhapsodes le fait supposer, mais seulement les aventures d'Ulysse depuis la prise de Troie jusqu'à son retour à Ithaque, où il délivre sa maison des hommes avides qui dilapidoient sa fortune, et triomphe de tous ses ennemis par sa valeur et sa prudence : c'est un véritable tableau de la vie humaine qui doit nous apprendre combien il faut à l'homme de courage et de prudence pour surmonter les obstacles qui s'opposent à son bonheur, et pour éviter les écueils et les pièges dont il est entouré : Quid virtus et quid sapientia possit, Utile proposuit nobis exemplar Ulyssem
L'action de ce poëme ne dure que quarante jours; mais à la faveur du plan qu'il a choisi, Homère a trouve le secret de décrire toutes Jes circonstances du retour d'Ulysse, de rappeler plusieurs détails de la guerre de Troie, et d'embellir son fond par des digressions amusantes et des récits variés. Quel que soit l'intérêt que présente ce tableau mouvant, il a exigé peut-être un moindre effort de génie que la composition de l'Iliade, qui est plus simple; mais le plan de l'Odyssée est si -parfait, que .«pour soutenir son hypothèse, M Wolf est
1 HORAÏ. Ep. I. ep. 2.
------------------------------------------------------------------------
obligé de supposer que les principaux morceaux , tels que le Voyage de Télémaque, le Séjour d'Ulysse dans l'île de Calypso, le Récit qu'il fait aux Phéaques, composés par Homère, peuvent avoir existé long-temps isolés avant que dans un siècle plus poli et plus raffiné, une main très-habile se soit occupée du soin de réunir ajustement ces chefsd'œuvres, et d'en former un seul corps , soit en y ajoutant quelques transitions, soit en y faisant dé légers retranchemens
C'est à l'Odyssée surtout que s'applique le jugement prononcé sur les poésies d'Homère par le législateur du Parnasse françois, jugement dont nous n'avons cité plus haut que les derniers vers : On diroit que, pour plaire instruit par la nature, r Homère ait à Vénus dérobé sa ceinture.
Son livre est d'agrémens un fertile trésor : Tout ce qu'il a touché se convertit en or.
Tout reçoit dans ses mains une nouvelle grâce ; Partout il divertit, et jamais il ne lasse.
Une heureuse chaleur anime ses discours ; Il ne s'égare point en de trop longs détoursi Sans garder dans ses vers, etc.
1 M. Aich. Payne Knight croit avoir remarqué dans l'Odyssée divers mots et des formes qui trahissfebt une origine un peu plus moderne qae l'Iliade, non cependant telle que ces deux. poëmes ne passent être Fourrage du même individu. 11 range dans ce nombre l'emploi du IULde XP"ÍfUX-wi au lieu de x-rvifiacza, de celui de l!r¡-X:fI, et de ^ÏJTEUW. Les cordes de hyblus, JïvëXtvoç o-^Xoç , somt du même genre, l'auteur de l'Iliade n'ayamt pas conau cette plante. M. Payne Knight regarde comme formes plus modernes ~vtavupoç au lieu de vôvxjuvoç , qui est contracté de vo)vv/Ae?oç, Sterne, au lieu de , âr/aôvnc , au lieu de âvpoidmç, etc. Voy. Proleeomena.
------------------------------------------------------------------------
Toutefois en jugeant Homère, ne perdons pas de vue la différence qui existe entre notre siècle et les circonstances où étoient placés ses lecteurs ou auditeurs. Cette langue magnifique et harmonieuse dont tant de beautés nous échappent, étoit pour eux une langue vivante ; ces poésies respiroient le patriotisme le plus exalté ; elles reproduisoient aux auditeurs les exploits de leurs- ancêtres; elles nommoient les familles dont ils deseendoient, les lieux où ils demeuroient, ou auxquels le temps avoit attaché des souvenirs qui flattoient leur ambition ; elles peignoient des mœurs qui étoient les leurs, des institutions sous lesquelles ils vivoient. Ces poésies étoient en même temps le code de leur religion et le plus ancien document de leur histoire, comme elles ont été pour eux et pour tous les temps subséquens la mesure de la perfection à laquelle il est donné à l'esprit humain de s'élever, et les modèles du bon goût.
0 C'est avoir profité que de savoir s'y plaire, dit Boileau.
Il règne dans les ouvrages d'Homère une grande simplicité et une clarté admirable. Les épithètes qui accompagnent les noms de ses dieux et de ses héros ne sont pas des ornemens arbitraires et oiseux: elles appartiennent, pour ainsi dire, à ces noms qu'on auroit craint de profaneï, en les dépouillant d'une pompe dont le respect des peuples les avoit entourés.
------------------------------------------------------------------------
La sensualité qu'on remarque dans les moeurs des héros d'Homère, caractérise l'âge de l'enfance : elle est aussi loin de la volupté raffinée qui fait les délices des peuples civilisés, que des débauches grossières dans lesquelles se plongent les nations corrompues. Les héros d'Homère s'abandonnent, comme des enfans, à tous les mouvemens de leurs passions. Ces écarts paroissent si peu répréhensibles, que le poëte ne balance pas à les faire éprouver également à ses divinités, qui sont colériques, injustes, envieuses et emportées. C'est une devraisons pour lesquelles Platon, Xénophon4 Pythagore et ses disciples se sont déclarés contre Homère 1.
L'hexamètre d'Homère se distingue de celui des poètes épiques des périodes suivantes par quelques particularités dans le détail desquelles nous n'entrerons pas ici s. Nous ferons seulement deux observations. La première se rapporte aux hiatus, qu'on trouve si fréquemment dans les poésies d'Homère.
Le sagace Bentlei, et après lui le savant Heyne, ont cru pouvoir les expliquer en supposant que beaucoup de mots qui aujourd'hui commencent par une voyelle simple, étoient, dans le principe, légèrement aspirés par le moyen du digamma éolique s dont le son ressembloit à une F adoucie ou
1 DIOG. LAERT. VIII, 21, raconte, d'après Hieronyme,. que Pythagore descendu aux Enfers, y -vit l'ombre d'Homère suspendue à un arbre et tourmentée par des serpens, à cause de ses blasphèmes. Yoy. aussi IX , ] et 18.
2 Nous y reviendrons en parlant de Nonnus , au cbap. LXXIJJ,
5 Voy. p. 8î5.
------------------------------------------------------------------------
-à un Y tel qu'il est prononcé par quelques acteurs du théâtre tragique françois. Lorsque par la suite , cette espèce d'aspiration s'adoucit au point que finalement elle disparut entièrement de la langue, les poëtes éprouvèrent une certaine gêne qui avoit été inconnue à Homère. Ils se virent forcés de séparer des mots qui, auparavant, se suivoient sans inconvénient, parce que l'aspiration n'existant plus, la réunion de ces mots auroit produit de véritables hiatus 1.
La seconde observation que nous avions à Imre , peut'paroître minutieuse ; elle n'est cependant pas sans utilité, puisqu'elle peut servir à reconnoître l'antiquité d'un poëme. Nous dirons donc qu'Homère a l'habitude de faire tomber la césure sur une syllabe brève du troisième pied qui par là devient longue a.
Les poésies d'Homère, conservées par l'école d'Ionie, dont il fut le chef ou le fondateur, ne furent long-temps connues dans la Grèce européenne que par les fragmens qu'y chantoient les rhapsodes : Lycurgue en porta à Lacédémone une collection complète. Il l'avoit obtenue, dit-on, des descendans d'un certain Créophyle, qui fut l'ami d'Homère, s'il n'est pas un personnage fabuleux.
Les anciens ne s'expliquent pas clairement sur la forme de cette communication. D'après Plutarque
1 Voy. cependant ce que nous avons dit plus haut p. 89
s Le premier vers de l'Iliade en fournit un exemple : MTjvtv aciie, JCette observation est de M. 0. Hermann. Yoyez ses Orpliicn , p. Gçja.
------------------------------------------------------------------------
qui ne doutoit pas que les poésies d'Homère n'existassent dès l'origine par écrit, Lycurgue en eut simplement une copie. Dans l'hypothèse de M. Wolf, il faut admettre que les Homérides que te sage visita dans ses voyages, le firent accompagner par des rhapsodes, pour enseigner aux Spartiates les chants d'Homère. Trois siècles plus tard, dû temps de Solon, ces poésies étoient encore dans la bouche des rhapsodes; car on rapporte que le législateur d'Athènes leur apprit-l'ordre dans lequel ils devoient les réciter, pour que les différentes parties se suivissent naturellement 1.
Les Pisistratides les réunirent ensuite, dit-on, en deux corps d'ouvrages, et les firent mettre par écrit. Ce texte éprouva par la suite de grandes corrections et altérations. Lorsque l'esprit de critique s'éveilla, peu de temps avant Fépoque d'Alexandrie, on s'efforça de rétablir la pureté-originaire du texte. Cette entreprise eut plus ou moins desuccès, selon que ceux qui s'en occupoient y apportoient plus ou moins de sagacité. Leurs travaux donnèrent naissance à plusieurs révisions ou récensions du texte ~( âtopQaxrttç ou ixSocrsiç ) , que dans notre langage on appelleroit des éditions. Les grammairiens d'Alexandrie faisoient grand cas de six de ces éditions qu'on nommoit Editions des Filles ( StopQaxretç xacroc TvdXeiç ). La plus célèbre a
1 Le passage se trouve dans DIOG. LAERT. Il , 5y ; mais les commentateurs ne s'accordent pas sur la nature du changement fait par Solon, et il_ - faut convenir que la phrase de Diogène est peu claire.
------------------------------------------------------------------------
étoit celle de Marseille , que les rois d'Egypte avoiept fait acheter dans cette ville ou copier sur un ancien manuscrit que les habitans, Ioniens d'origine , y auroient apporté de leur patrie primitive; car on ne voit pas, sans cette supposition, quel peut avoir été le mérite de ce manuscrit, et pourquoi le seul hasard d'avoir été acheté dans ce port de mer lui auroit fait conserver le nom de manuscrit de Marseille. Les cinq autres éditions de villes dont on faisoit cas à Alexandrie, étoient celles qu'on avoit trouvées à Sjnope, à Chios, à Argos, et dans les îles de Chypre et de Crète. On peut iétO-llner que ces grammairiens n'aient pas tâché de se procurer une copie de la première et plus ancienne édition de toutçs, celle de Pisistrate et de son fils Hipparque ; car. cette édition, si elle a véritablement existé, devoit avoir conservé le plus de traces de la pureté originaire du texte homérique. Le silence que ces grammairiens observent sur une édition d'Athènes y tandis qu'ils ont recherché avec soin celles qui existoient en Asie- Mineure et dans les îles voisines, vient à rappui de ceux qui pensent que Cieéron s'est trompé en attribuant à Pisistrate les honneurs d'une première édition 1.
Après ces six éditions, on plaçoit celles qui avoient été soignées par quelques critiques renom> , 1 d" ( CI , méà, et qu'on appeloit d'après eux (ou (}{opvwaw; X<X't' &vdf$oc ). De ce nombre étoient celles d' ANTiMAQUE
l Observation de M. Payne Kni^ht.
------------------------------------------------------------------------
de Colophon et de RHIANUS, et la plus célèbre detoutes, l'édition qu'ARISTOTE, ou, selon Strabon ', CALLISTHÈNE et ANAXARQUE avoient soignée pour Alexandre-le-Grand. Ce prince porta cet exemplai^V^èc lui dans son expédition; il l'enferma dans une boëte précieuse qu'il avoit trouvée parmi les trésors de Darius, et cette circonstance lui fit donner le nom Sédition de la cassetté ou de Yé( f' ,. 1 * ) crin ( ri ex TOU ~vapôyjxoç exooatç )
Les auteurs d'une classe postérieure d'éditions dont nous allons parler, n'avoient d'autres maté-riaux pour leurs travaux critiques que ces huit éditions anciennes ; mais toutes les huit étoient fort modernes comparativement à l'époque reculée où Homère a vécu, et même a ce l le où ses ouvrages, ont été portés en Grèce. Ces manuscrits ne pouvoient donc être que d'un foible secours aux critiques d'Alexandrie, puisqu'il est très-probable que les copistes qui les avoient confectionnés avoient changé en mille endroits les formes antiques, parce qu'elles leur étoient inconnues. C'est ainsi qu'on peut être sûr qu'il ne s'y trouvoit plus aucune trace du digamma éolique; ou, si les grammairiens l'avoient rencontré par hasard dans quelque manuscrit d'Argos ou de Crète, il est probable qu'ils l'auront envisagé comme le reste d'un dialecte semi-barbare a. 1 ZÉNODOTE d'Ephèse, bibliothécaire d'Alexan-
1 Lib. XIII, p. 5q4.
* Observation de M. Payne Knight.
------------------------------------------------------------------------
çlrie, sous les premiers rois grecs, et instituteur des fils de Ptolémée Lagi, fit une nouvelle récension. des poèmes d'Homère, et les scholiastes des temps subséquens blâment la hardiesse avec laquelle il rejeta les vers qui lui paroissoient luspects, en transposa d'autres, et en intercala même de sa façon Son disciple, ARISTOPHANE de Byzance, soigna aussi une édition d'Homère, et l'accompagna d'un commentaire aujourd'hui perdu ; mais la plus fameuse récension de l'antiquité est celle d'ARISTARQUE de Samothrace. Les scholiastes citent t à la vérité, deux éditions d'Homère arrangées par ce prince des critiques, et ils les distinguent sous les noms de ~Trpoéxâocriç et iirexSoaiç ; mais comme Ammonius, son successeur dans l'école d'Alexandrie, a écrit un traité exprès pour prouver que son maître n'avoit fait qu'une seulç édition ( traité cité dans une scholie. de Didyme), Villoison a supposé que la seconde édition a été faite, après la mort d'Aristarque, à l'aide des notes qu'il peut avoir laissées et des corrections qu'après la' publication de son édition il peut avoir communiquées à ses auditeurs.
1 Voici des exemples de vers que Zénodote extirpa entièrement de son édition de l'Iliade : I, 490. II, 181. VIII, 284. 37i. 372. 585 à 387. 528.
- 552 à 534. 553. 554, IX, 23 à 25. 416. G84. 6go. X, 24o. 253. 4g8. XI, 3,3. i4. 78 à 83. 179. 180. 556. 5i5. 704. XII, 175 à 180. 450. XV, 18 et tous les suivans où-il est question du châtiment de Junon, 55. 64 à 77.
XXI, 195. XXIV, 26g. M. Wolf soupçonne que les reproches qu'on fait à Zénodote, ne tombent pas sur ce grammairien seul, mais qu'il les partage avec les auteurs des copies antérieures à son temps, qu'Aristarque çorrigea ensuite.
------------------------------------------------------------------------
Cette hypothèse ingénieuse concilie des faits contradictoires en apparence.
Au reste, tous ces grammairiens ont commis la faute de ne pas remonter à l'origine de la langue pour rétablir les formes primitives de leur texte ; ils ont généralement regardé comme des anomalies et comme des licences poétiques tout ce qui n'étoit pas conforme à l'usage des temps où ils vivotent.
L'étude des langues latine, étrusque et osque qu'ils dédaignoient, leur auroit plus d'une fois fourni des analogies satisfaisantes.
Aristarque est probablement l'auteur de la division des deux poëmes d'Homère en vingt-quatre chants, nombre égal à celui des lettres de l'alphabet grec. Ce critique employa un signe particulier ( o&Aoç) pour marquer les vers qui lui paroissoient d'une authenticité suspecte ~( irapep6e&epevouç ) ou indignes d'Homère ou transposés ; car il retrancha entièrement ceux qu'il jugeoit évidemment intercalés1, sans toutefois se permettre d'en ajouter aucun de sa façon. Comme commentateur il fit preuve de jugement en rejetant toute interprétation allégorique des poésies d'Homère, en n'y cherchant aucune érudition profânde, en n'y reconnoissant au contraire que la simplicité des premiers âges.
Sous ce rapport il se trouva enTontradiction avec
1 Voici quelques exemples de vers du texte vulgate qu'Aristarque rejeta. lliao. IV, 117. IX, 684 à 690. XII, 75 à 181. XIV, 5oo. XV, 499 à 551. XVI, 613 ou les deux sui vans ; XVIII, 444 à 456, XXTV, 24 à êo. 556. 55j.
------------------------------------------------------------------------
CRATÈS de Mallos qui, à la même époque, avoit ouvert une école de grammaire à Pergame. Ce dernier vouloit qu'Homère fut non-seulement le premier des poètes, rang que personne ne lui contestait, mais aussi grand philosophe, mathématicien, astronome et géographe. Au reste, la récension d'Aristarque est celle à laquelle se rapportent la plupart des scholies qui nous sont parvenues. Cette édition, et le travail d'ApiON, grammairien du temps de Tibère , devinrent la base d'une dernière révision qui fut faite dans les troisième et quatrième siècles après J.-C. par des grammairiens pour ainsi dire éclectiques, qui choisirent, presqu'au hasard, des leçons de diverses éditions. C'est cette dernière édition qui seule nous est parvenue et qui constitue notre texte vulgate.
Il existe de l'antiquité plusieurs Vies d'Homère écrites en grec : l'une est attribuée à HÉRODOTE ; mais W éf selitig, un des éditeurs de cet historien, et d'autres savans après lui, ont prouvé que si l'auteur de cettç, biographie s'appeloit véritablement Hérodote, ce n'étoit pas le célèbre écrivain d'Ha-licarnasse. Une autre biographie d'Homère porte le nom de PLUTARQUE; il paroît en effet que cet historien avoit composé une Vie d'Homère, et Aulugelle en cite dés passages ; mais comme ils ne se trouvent pas dans celle qui nous reste sous le nom de Plutarque, il est vraisemblable que cet ouvrage est supposé. Quelques critiques ont cru reconnoître qu'il renferme des morceaux de deux écrivains dif-
------------------------------------------------------------------------
qu férens qu'on aura réunis en un seul. PROCLUS, philosophe platonicien du cinquième siècle après J.-C., est l'auteur de la troisième biographie d'Homère : elle faisoit partie de sa Chrestomathie. Il en existe trois autres dont les auteurs sont anonymes. Parmi ces dernières, il y en a une qu'on a trouvée dans un manuscrit de Madrid : .elle est fort courte, mais renferme quelques données que les autres n'ont pas.
- Les Vies d'Homère par Hérodote et Plutarque se trouvent dans les éditions de ces historiens. Celle qui a Proclus pour auteur, et deR "Vies anonymes, ont été publiées par l^èon, Allazzi (Allatius), dans SOD, traité De patria Homeri, Lugd.
1640, in-8°; et plus correctement par M. Tychsen, d'après un manuscrit de l'Esctirial, dans Bibliothek der alten Lit. und Kunst, n° 1. La petite Vie qui se trouve à Madrid a été placée par Jean Iriarte dans son Catal. mss. gr. bibl. Matrit., yol. 1, p. 233.
L'école d'Alexandrie nous. laissé d'excellentes Scholies sur Homère, toutes postérieures à Aristarque qui y est souvent cité. Les plus anciennes sont attribuées au grammairien DIDYMUS qui vécut
sous le règne dAuguste et qui composa des commentaires sur divers poètes grecs ; mais on croit que les scholies sur Homère qui portent le nom de ce grammairien, ne sont que des extraits de son ouvrage , faits par un grammairien plus récent qui aura aussi profité des scholies de quelques autres commentateurs. Elles sont connues sous le titre de
Scholia ~minora antiqua, XyoXta. tzoXclkx.
------------------------------------------------------------------------
'w Les petites scholies sur l'Iliade ont été imprimées pour làpremière fois à Rome, 1517, in-fol., sous l'inspection de Jear.
Lascaris, qui dirigeoit alors le collége fondé en cette ville par Léon X, pour l'instruction des jeunes Grecs. Les Aides, ou plutôt André d'Asold, et son fils François jles réimprimèrent en i52 i, en un vol. in-8", dont le titre annonce aussi les scholies sur l'Odyssée. Celles-ci devoient probablement former le second volume; parce que les éditeurs croyoient qu'il leur seroit facile de se procurer un manuscrit qui les renfermât. Ils se trompèrent, et ce ne fut qu'en 1528 qu'ils purent publier cette seconde partie des scholies. Elle fut réimprimée en 153o, in-So, à Paris. Les scholies sur l'Iliade et sur l'Odyssée se trouvent dans les éditio.'Homère qui furent publiées à Baie en 1535,1541, i543,in-fol., 1551 in-4°, par Camerarins et Micyllus. Elles furent imprimées sans le texte, mais avec les Questions homériques de Porphyre, par les soins de Jacq. Bodrot, Strasbourg, 1539, in-Su, Corn.
Schrevelius les joignit, mais tronquées, à son édition d'Homère, Amst. i656,in-4°, qui fut copiée plusieurs fois en Angleterre.
Il existe un autre recueil de scholies sur l'Iliade, provenant de l'école d'Alexandrie y lequel est connu sous le nom de Scholies de Venise, parce que le 1 manuscrit qui les renferme se trouve à la bibliothèque de. Saint-Marc. Ces scholies, écrites dans le dixième siècle, et peut-être copiées sur un manuscrit beaucoup plus ancien , sont extraites des éditions des villes, de celles d'Antimaque, d'Aristophane de Byzance, d'Aristarque et de Zénodote.
Elles sont chargées des astérisques, des obèles et de tous les différens signes par lesquels ces grammairiens désignoient les vers d'Homère qu'ils.
------------------------------------------------------------------------
m croyoient supposés, altérés ou transposés, et ceux dont l'authenticité étoit universellement reconnue.
Avec la publication de ces scholies a commencé une nouvelle époque pour la critique du texte d'Homère, dont elles offrent l'histoire la plus complète.
Cette publication est due à feu VMaison yA. a fait imprimer les scholies de Venise , avec le texte, en 1788, in-fol.
On a trouvé dans ces derniers temps, à la bibliothèque ambrosienne de Milan, des scholies sur PO- dyssèe que l'enthousiasme de celui auquel cette découverte est due, avoit annoncées comme pouvant être mises, sous le rapport de leur importance, à côté de celles de l'Iliade dont nous venons de parler. La publication de ces scholies a prouvé qu'il s'étoit fait illusion.
Ces scholies, tirées de trois manuscrits, ont été publiées par M. Ange Maio , dans un ouvrage dont nous parlerons plus bas, et réimprimées par M. Buttmann, sous le titre de: Scholia antiqua in Homeri Odysseam, maximam partem e codd. -Ambros. ab Ang. Maio prolata, nunc e cod. Pal. et r aliunde auctius et emendatius édita. Berol., 1821, in-8°. Le titre indique déjà que M. 'Buttmann ne s'est pas contenté de copier l'ouvrage de M. Maio : il a ajouté aux Scholies ambrosiennes, les extraits du manuscrit HarleÏen, publiés par Porson, et les scholies d'un manuscrit de Heidelberg.
PORPHYRE, célèbre philosophe du troisièmesiècle., a écrit plusieurs ouvrages sur Homère dont nous parlerons en soh temps : il en existe aussi des scholies -dont on fait grand cas.
------------------------------------------------------------------------
Il n'a été publié que des parties de ces scholies; savoir: par Valckenœr, dans l'ouvrage intitulé : Hectoris interitus, carmen Homeri, s. Iliadis lib. XXII, cum scholiis yeteribus Porphyrii et aliorum. Leoward. , 1747; par Wassemberg, dans Homeri Iliadis libri 1 et II ; cum paraphrasi gr. hucusque inedita. Franeckeræ,. in-8.°, et enfin, par M. Mathœi, à la suite de son Syntipa, ou l'on trouve les scholies sur le dernier livre de l'Iliade.
EUSTATHE, archevêque de Thessalonique dans le douzième siècle, a laissé un Commentaire savant sur Homère ; il est intitulé HapexSoXoà ou Extraits.
Quoique cette compilation renferme beaucoup de choses inutiles, elle est cependant indispensable pour l'intelligence du poète.
Le Commentaire d'Eustathe a été réuni à l'édition d'Homère qui a paru à Rome en 1542 , 1548, 155o, en 5 vol. in-fol., et réimprimé à Baie, en 1560, aussi en 3 vol. in-fol. C'est la dernière édition complète qui en existe; car celle qu'Alex.
PoUtas a commencé à donner en 17^0, avec une version latine, au moins inutile, n'a pas été achevée. Les trois volumes qui en ont paru à Florence, 1730 à 1735, in-fol. ;
ne s'étendent que sur les cinq premiers livres de l'Iliade.
MM. J.-A. Miiller et Baumgarten-Crusius ont donc fait une II.
chose utile en publiant, pour les personnes qui s'appliquent à l'étude du-grec, des extraits du commentaire d'Eustathe , avec les'textes de l'Iliade et de l'Odyssée. Nous parlerons lout-à-l'heure de ces éditions.
JEAN TZETzÈs, grammairien célèbre du douzième siècle , a beaucoup travaillé sur Homère.
Indépendamment d'un ouvrage intitulé Allégories homériques, poème en huit mille vers, et d'une
------------------------------------------------------------------------
É^Tyr/rtç ou Itletaphrase de l'Iliade qui n'ont pas encore été imprimés, nous avons de cet écrivain un Commentaire sur f Iliade, et les Iliaques, ouvrage formé de la réunion de trois poëmes qui font suite l'un à l'autre et qui portent les titres Antehome- rica, Homerica, Posthomerica, TOC NPO OFT^POU, TOC OjxfpûOy xaà Ta xa3"' Opipo'j.
Le Commentaire de Tzetzès a été publié pour la première fois par M. G. Hermann, en 1812, à la suite de son Dracon de Stratonicée. Quant aux Iliaques" nous en parlerons dans le chap. LXXIX, à l'article de Tzetzès.
Un ouvrage important pour l'intelligence d'Homère est le Lexique d'APOLLONUS le Sophiste, contemporain d'Auguste. Nous en parlerons en son lieu.
Il existe dans les bibliothèques d'autres scholies et paraphrases, ouvrages d'anciens grammairiens et des savans grecs qui, dans le quinzième siècle, se réfugièrent en Italie. Ces commentaires n'ont pas encore vu le jour.
Les HOMÉRIDES formoient, à ce qu'il paroh, une famille ou école particulière 1 de rhapsodes qui, outre les ouvrages d'Homère, faisant pour ainsi dire le fonds de leur patrimoine, chantoient aussi ceux des anciens poëtes cycliques e.eurs
1 Des écoles du même genre ont existé chez d'autres nations. Telles sont les écoles des prophètes dont parlent les lierres de l'Ancien Testament; telles sont encore les institutions des Bardes, des Druides et des S cal des chez les peuples du Nord. -
------------------------------------------------------------------------
propres compositions, toujours en s'accompagnant de la cithare, ou préludant seulement de cet instrument. Dans cette institution et d'autres du même genre, on enseignoit la poétique avec l'art de fixer dans la mémoire un grand nombre de vers, et celui de les réciter d'une manière agréable et de les chanter avec grâce. Ainsi s'établit une espèce de tradition à laquelle les poésies anciennes, quoiqu'en passant par la bouche d'un si grand nombre de chantres, durent l'avantage de ne pas éprouver des altérations aussi considérables qu'on seroit tenté de le croire.
De l'île de Chios les Homérides se répandirent dans la Grèce. Le plus célèbre parmi eux étoit CYNÆTHUS, contemporain d'Eschyle 1, que l'on accuse d'avoir fréquemment corrompu la pureté des anciens textes, en y intercalant des vers de sa façon.
Mais revenons aux anciens Homérides dont quelques-uns sont de quatre ou cinq siècles antérieurs à ce rhapsode. Ils introduisirent, ou perfectionnèrent peut-être seulement, un usage qui donna naissance à un nouveau genre de poésie. Avant de réciter un morceau de longue haleine, soit de l'Iliade, soit de l'Odyssée , soit de quelque autre poën:w, ils avoient l'habitude de chanter la gloire de quelque divinité dans des morceaux que ,.d'après cette destination, on appela des Proèmes, TTpootpa,
l 01. LXIX, 5oo ans av. J.-C.
------------------------------------------------------------------------
mais d'après leur contenu, des Hymnes, Ypjoi.
Ces hymnes différoient aussi bien de ceux qu'avoient composés les anciens poëtes religieux, que des chants lyriques auxquels on donna par. la suite le même nom. Les hymnes homériques sont soit de simples proèmes ou introductions à de grands morceaux épiques , soit de véritables épopées, composées de trois parties distinctes, d'un-prologue, d'une fable épique , et d'un épologue ou épod-e ( i'KCfjâoç ). Nous avons trente et quelques hymnes des deux genres , qui, dans les manuscrits, sont r attribués à Homère lui-même. La critique sévère ou le scepticisme de nos jours a élevé des doutes sur leur authenticité; le célèbre Ruhnken'en a donné l'exemple sur lequel Mrs Groddecks et Aug.
Matthiœ 3 ont renchéri. Le plus souvent ces. critiques refusent derecorinoître ces hymnes pour des ouvrages d'Homère, parce qu'ils n'y retrouvent pas le génie de ce poëte : mais en même temps ils sont obligés de convenir que ces morceaux sont de la plus haute antiquité. C'est ainsi que Ruhnken, après avoir prouvé par des raisonnemens de ce genre que l'hymne à Cérès n'est pas du chantre de l'Iliade, ajoute : Tout lecteur de goût conviendra que cet hymne est couvert de ce duvet d'antiquité ( àpyacQTziWiq ) 4 qui nous force à admettre
Dans son Epist. crit. in Homeri Iiymnos eL Hesiodum. Lugd. Bat., 1749, in-8°.
a De Hymn. Horoeric. reliquiis. Gœtt. 1785 , in-8°.
5 Ammadversioues in hymnos Homericos. Lips. 18007 in-8°.
* Ou de la rouille du temps.
------------------------------------------------------------------------
qu'il a été composé immédiatentenl après Homère et Hésiode. Nous avouons qu'il nous paroît difficile que la critique tire une ligne si subite entre ce qui est d'Homère et ce -qui a été composé immédiatement après lui. Nous faisons plus de cas d'une observation métrique faite par M. God. Hermann, un des hommes qui ont le mieux approfondi les règles de la versification grecque. Ce savant remarque que Phiatus, en apparence si fréquent dans l'Iliade et l'Odyssée , se rencontre moins souvent dans les poésies -des successeurs d'Homère, parce que la légère aspiration du digamma commençoit déjà à dispafroître dans ta prononciation. Or, cet hiatus est plus rare encore dans l'hymne à Mercure que dans les autres hymnes homériques ; d'où M. Hermann conclut que cet h ymne est le plus moderne de tous.
Une observation de ce genre nous paroît plus utile que des raisomiemens qui se fondent sur le goût; elle peut donner lieu à des recherches ultérieures et conduire à un résultat général, c'est-à-dire à un principe.
Peu d'ouvrages de l'antiquité ont été interpolés d'une manière si multipliée et si évidente que les hymnes homériques, principalement le premier sur Apollon, et celui qui chante les exploits et les tours d'adresse de Mercure. Dans ce dernier, les mor- 1 ceaux ajoutés par des mains étrangères sont si fréquens, qu'il en a perdu ce qui caractérise les hymnes homériques, l'unité de la fable. L'hymne à Apollon se compose évidemment de deux poëmes
------------------------------------------------------------------------
que peut-être l'inadvertance des copistes a réunis: le premier qu'on peut iufituiler, tlymize à Apollon Délien, se compose d'un -prologue ( v. 1-18 ), de la fable ou de l'épopée ( v. 1-9 - i4o ) et de l'épode ( 141 - 177): avec le vers 178 commence un second hymne en l'honneur d'Apollon Pythien. Les couches de Latone dans l'île ide Délos sont le sujet du premier; le second rapporte les courses et les aventures d'Apollon cherchant sur toute la terre un point .li puisse être établi son culte et fondé son oracle, et se fixant eIJiin à Delphes. L'auteur du premier s'appelle lui-même, dans le v. 1^5 l'aveugle de Chios. Pour l'enlever à Homère, il faut rejeter l'autorité de Thucydide 1 , et dire que cet historien manquait de critique littérairescience presque inconnue aux anciens. Nous serons moins étonnés .qu'on la .refuse à Thucydide, quacnd nous verrons que nos sceptiques modernes ne traitentpas mieux Aristote.
Renchérissant sur Ruhnken qui le premier a fait remarquer que nous avions deux hymnes à Apollon, M.Groddeck veut encore partager chacun d'eux en plusieurs morceaux. M. Hermann s'y .prend autrement. il y trouve, non deux-hymnes séparés, mais un hymne primitif, .servant de texte à un second travail ou à une interpolation dans laquelle il est fondu. 11 fait voir que d'autres hymnes homériques ont été retouchés d'une manière semblable.
1 HIst. lib. III, c. 104.
------------------------------------------------------------------------
Le morceau le plus pur , sous ce rapport', est celui qui est intitulé Hymne à Vénus , morceau aussi simple que gracieux, et que M. Hermann déclare digne d'Homère, sans toutefois se prononicer sur son authenticité. Au reste, le titre d'hymne à V énus ne lui convient guère; c'est un petit poëme composé en l'honneur des Enéïdes, nous voulons dire des descendans d'Anchise : il raconte la visite que l'amoureuse déesse fit à ce Troïen dont elle eut Enée. «
Dans l'hymne à Cérès qui est le quatrième, ou le cinquième si l'on coupe en deux l'hymne à Apol- , lon, le poëte raconte les courses de Cérès cherchant sa fille Proserpine.
Les autres hymnes, au nombre de vingt-neuf, sont d'une moindre étendue : quelques-uns d'entre eux n'ont rien de la forme épique ; ce sont de simples proèmes par lesquels les rhapsodes ont préludé à leurs chants. Parmi ces morceaux il y en a un d'une espèce particulière : c'estl'hymne à Mars.
Il se compose d'une suite d'épithètes entassées l'une sur l'autre. 11 a quelque rapport avec une quatrième espèce d'hymnes, l'hymne philosophique, dont nous verrons des exemples lorsque nous parlerons du stoïcien Cléanthes et du Néo-platonicien Proclus.
Parmi les ouvrages attribués à Homère se trouve la Batrctchomyomachie ou la Myobatrachomachie, c'est-à-dire la Guerre 4es grenouilles et des souris, petit poëme de 294 hexametres, qui est une parodie de la manière et du langage d'Homère :
------------------------------------------------------------------------
"peut-être est-ce la satire d'une de ces querelles qui.
étoient si fréquentes entre" les petites républiques de la Grèce. Ce poëme appartient probablement à.
une époque postérieure; quelques auteurs l'attri- huent à PIGRÈs de Carie -.
On dispute aussi sur l'authenticité des Epigram-, mes qui portent le nom d'Homère. Une des plus re marquables d'entre elles étoit un petit poëme satirique , intitulé Margitès, qui, d'après. Aristote , avoit avec la comédie la même analogie que l'Iliade et l'Odyssée avoient avec la tragédie. Le même poète dit encore, en parlant du Margitès, et d'autres poésies de ce genre, quel le mètre iambique leur appartient A. Il n'est pas clair qu'Aristote ait voulu.
dire ici que l'auteur du Margitès s'est servi de ce mètre ; mais l'incertitude disparoît si l'on compare à ce passage d'Aristote deux passages d'Harpo-
>' M. Richard Payne Knight remarque qae daus le troisième jiers iL est question de tablettes ,~' (JA-roi , sur lesquelles le po.ëte écrit: d'où il conclut que l'auteur étoit Athénien, et non originaire d'Asie, parce quedans cette partie du monde on écrivoit sur des peaux, b <îi!p0/paiç. Il cite pour preuve le possige d'Hérodote, V, 58. Il fait ensuite une autre observation ingénieuse. Au v. 291 il est question du chant matinal du coq , comme d'une chose généralement connue. Cette circonstance prouve, dit-il, que le poëme ne remonte pas aux temps d'Homère , car il n'est pas croyable que les anÂens pôëtes n'eussent jamais parlé de cet instinct du coq, s'il leur avoit été connu"et il leur auroit été connu si le coq s'étoit trouvé en Grèce. Cet oiseau est indigène de l'Inde et ne paroît avoir été introduit en Europe qu'au sixième siècle avant J.-C. Alors on le trouve sur les monnoies des Samothraces et des habitais d'fiimère. Voyez Payne Knight, Prolegomena , ed. Lips. p. 6.
------------------------------------------------------------------------
cration par lesquels nous voyons que le Margitès renfermoit effectivement des vers iambiques.
Ces vers n'y alternoient pas avec l'hexamètre; ils y étoient entremêlés sans autre règle que le caprice de l'auteur. Il est vrai qu'en citant le Margitès , Harpocration doute de son authenticité : le Margitès, dit-il, qu'on attribue à Homère 1. Il ne nous reste que quatre vers de ce petit poème ; mais nous en avons un autre très-remarquable; c'est une espèce de chanson de mendions > intitulée , Irésioné, On appeloit ainsi une branche d'olivier, entourée de laine , qu'avoient coutume de porter à la main ceux qui alloient féliciter leurs amis ou leurs patrons de l'anniversaire de quelque événement heureux, ou du retour d'une fête, telles que les Pyanepsies, solemnité qu'on célébroit en l'honneur de Thésée et de l'heureux succès de sou voyage en Crète. Le nom d'Irésioné a été donné ensuite par extension aux chansons qui étoient récitées dans ces occasions, et est finalement devenu synonyme de chant de mendians. L'irésioné d'Homère nous a été conservée par le Pseudo- Hérodote et par Suidas 3.
On n'a connu jusqu'à ces derniers temps aucun Manuscrit des poésies d'Homère qui soit antérieur au dixième siècle ; mais M. Ange Maio a décou-
» Elle est l'objet d'un mémoire de M. Ilgen qui se trouve daus ses Opusc. philol. vol I, p. 12g.
------------------------------------------------------------------------
vert, il y a quelques années, un manuscrit, ou plutôt cinquante-huit fragmens d'un manuscrit de Plllade, qui refonte au cinquième ou même au quatrième siècle. Ils se trouvent à la bibliothèque Ambrosienne de Milan, et appartiennent aux débris de la bibliothèque PineUi Nous allons donner quelques détails sur ce manuscrit. Il consistoit, à ce qu'il parott, en feuilles détachées de parchemin ; év. tjête de chaque feuille U y avoit une peinture en miniature, après laquelle suivoit la partie du texte qui s'y rapportoit. Celui-ei étoit écrit en lettres capitales. Le format des feuiiles étoit grand in-foEo.
Un possesseur de ce manuscrit, qui probablement n'attachoit de prix qu'aux vignettes, et vouloit les préserver de la destruction, commença par couper là partie inférieure des feuilles pour lemy donner 1» grandeur d'un in-4°: Il effaça ensuite les vers écrits Sur le verso, de manière qu'il ne resta du texte qu'e ce qu'il avoit laissé subsister sur la première page.
Sur le revers ainsi lavé ; il colla un papier de soie
1 leau-Viucffl PineliL, noble Génois , étaMi a- Pàcloue dépms l'-aoïvetf i558 , avoit rassemblé rassemblé une riche collection. de manuscrits et de- livras.
Après sa mort, arrivée ea- 1601, sa famille, établie alors à N-aplei, résolut d'y faire transporter cette magnifique bibliothèque. Elle forma cent caisses qu'on eut la précaution de charger sur trois bâtimens : deux arrivèrent à leur destination, le troisième fut capturé par des pirates. Ceuxci ne trouvant daus les caisses que des livres, en jetèrent une partie- dans la mer et dispersèrent le reste sur la côte de Fermo. Les pêcheurs des en virons en employèrent les feuilles aux usages les plus vulgaires , jusqu'à ce que l'évêque de Fermo eut soin d'en sauver les débris qui furent envoyés à Naples. La bibliothèque Pinelli fut ensuite achetée par le cardinal Frédéric Borromeo fondateur de la bibliothèque Ambrosienne. Voy. Bcsca de orig. et statu biblioth. Ambros.
------------------------------------------------------------------------
três-mince, pour donner plus de consistance aux feuilles de parchemin. Il arriva ensuite qu'un autre possesseur écrivit ,- dans le IDe siècle, des scholies qui se rapportenLà l'Odyssée , sur le papier de soie qui couvroit les peintures.
Le P. Montfaucon avoit vu ce manuscrit, mais fort à la hâte; il n'avoit pas fait attention à. la différence de l'écriture employée au bas des vignettes, d'avec celle des scholies; et il avoit jugé que l'une et l'autre étoient du 11e siècle.
Ces feuilles ainsi mutilées n'existent plus en totalité : il n'en a été sauvé que cinquante-huit du naufrage de la bibliothèque de Pinelli, de quatorze ou quinze cents qu'il doit y en avoir eu dans le principe. Ces cinquante-huit vignettes se rapportent à dix-huit des vingt-quatre chants de l'Iliade. Le nombre des vers de l'Iliade qui s'y lisent, est de près de huit cents.
Les fragmens de l'Iliade dont nous venons de parler ont été publiés, avec les scholies de l'Odyssée, sous le titre suivant : Iliadis fragmenta antiquissima cum picturis, item Scholia vetera ad Odysseam, edente Angelo Maio. Mediolani, 1819, in-fol. De cette grande édition M. Phil. Butbmann a extrait les leçons qui offrent quelques différences avec les textès imprimés, savoir, avec ceux d'Ernesti et de M. Wolf, et les a jointes à sa réimpression des Scholies de Milan.
THÉODORE GAZA, grammairien ou savant du quinzième siècle , a fait une métaphrase de l'Iliade et de la Batrachomyomachie d'Homère.
------------------------------------------------------------------------
Quoique, littérales, elles sont écrites dans une espèce de prose poétique. Il existe dans un manuscrit d'Amsterdam une paraphrase pour ainsi dire interlinéaire de l'Iliade, par un anonyme. Démétrius ZENUS, Grec du quinzième siècle, qui est l'auteur du roman d'Alexandre , en vers politiques , a fait une paraphrase de-la Batrachomyomachie, en grec moderne et en vers politiques.
La paraphrase de Démétrius Zenus a été publiée en grec et en latin, par Martin Crusius, dans sa Turco-Grajcia., Baie, 1584, in-fol.; par Mich. Lange, dans sa Philologia barbarogrseca, Altdorf. 1707, in-4.0, et par M. C.D. Ilgen, dans son édition des Hymnes et de la Batrachomyomachie d'Homère.
La méta phrase de la Batrachomyomachie, par Théodore Gaza, a été publiée à Leipzig, i8o4, in-4°, par Franç. Fontani, bibliothécaire de Florence. Le texte d'Homère est imprimé en noir; la métaphrase interlinéaire, en lettres rouges.
Les deux premiers livres de la paraphrase de l'Iliade, dont le manuscrit est à Amsterdam, ont été publiés en.1783, par Ev. Wassenbergh, à Franecker, in-8°. La paraphrase entière de l'Iliade, par Théodore Gaza, a été publiée pour la première fois par M. Nicolas Iheseus, à Florence, 1811, en 4 vol.
in-8°. Il y a joint aussi la Batrachomyomachie.
Après avoir parlé d'Homère et de ses poésies, ainsi que de celles de son école, des biographies anciennes de ce poète , des commentaires et des scholies auxquels l'Iliade et l'Odyssée ont fourni matière, il est temps de faire connoîtreles éditions qui en ont été publiées depuis la découverte de rimprimerie.
------------------------------------------------------------------------
Les poésies d'Homère ont été imprimées pour la première fois à Florence, en 1488, en 2 vol. in-fol., par Démétrius de Crète, mais sous la direction de Démétrius Chalcondylas qui y professoit alors la littérature grecque. Dans là-préface, Chalcondylas parle de cette édition comme de la première production typographique en caractères grecs, et en effet, Démétrius de Crète se servit d'un caractère qu'on avoit fait graver à l'imitation des manuscrits. Néanmoins l'on remarque que ces mêmes types avoient déjà été employés pour l'impréssion du Pseautier grec de Milan de 1481. L'Homère de 1488 n'étoit donc pas le premier livre grec imprimé en Italie. On avoit un Dion Chrysostôme, imprimé à Milan, en 1476, le Pseautier de 1481, de Milan , et la Batrachomyamachie de Venise, de 1486.
L'édition de Florence fut réimprimée par Alde l'Ancien, à Venise, çn i5o4, en 2 voL in-8°., et, avec quelques
changenpens faits par un inconnu, qui ne sont pas toujours des corrections, en 1517; enfin, sous la direction de Michel Bentio, en 1524. De ces trois éditions Aldines, celle de 1517 est la meilleure. Toutes les éditions d'Homère qui parurent depuis cette époque jusqu'en 1554, à Florence , Strasbourgr Louvain et Bâle, ne sont que des répétitions des Aldines.
Leurs entrepreneurs ont tous négligé de consulter les variantes et les scholies des anciens critiques qui sont conservées à Venise. Ils ne firent pas même usage des ressources qu'ils auroient trouvées dans les lexiques anciens. Ces reproches tombent aussi sur la plupart de leurs successeurs jusqu'à nos jours.
Dans cette foule d'éditions , nous distinguerons les suivantes : les unes, à cause de leur rareté qui les fait rechercher par les bibliographes, les autres, parce qu'elles ont quelque mérite particulier aux yeux des amateurs de la littérature classique.
Les héritiers de Phil. Giunta copièrent à Florence, en
------------------------------------------------------------------------
1019, en a- vol. in-8.° , la seconde Aldine, sans y rien changer. Antoine Francinus soigna cette édition.
Une édition plus estimable parut à Lomrain, 1523, en 2 vol. in-4.°, elaez 'Fhéodoric Martin d'Alost: l'éditeur inconnu a fait dans le texte des corrections, d'après celle de 1488. Rutger Rescius de la même ville, la réimprima en 1-535. Les éditions de Strasbourg, imprimées en ] 525 JI 1534, i542, et 1550, chaque fois en vol. in-8.° , par Wolf Ce- phalœus, et soignées par Jean Lonicerus 3 sont estimées.
Cet éditeur a pris pour base le texte de la seconde Aldine , mais il l'a corrigé d'après la princeps de 1488. La quatrième a- une préface de J. Winter y et un index.
11 existe du milie. du seizième siècle deux classes d'éditions de Bâle; les'unes , imprimées en un vol. in-folio, par Jean Hervag, em 1535, 1541, et 1551, et soignées par Joach. Camerarius et Jacq. Moltzer dit Micyllus , sont des copies de.l'édition de Strasbourg de 1525; mais elles se distinguent ea ee qu'elles renferment les Petites scholies dites de Didyme, que les Aides avoient publiées séparément en 1521 et 1528; les autres, sans les scholies, mais avec le, traduction, ont été imprimées par Bryltnger, in-folio, en 1551, 1561 ( cette fois-ci, sous La direction de Séb. Çikâtillun ( Castalio ) , 1567 ( cette fois-ci, d'après l'édition de Henri Etienne ) , et _i582.
A la même épocpe, il parut une suite d'éditions à Venise : la première, soignée par Ant, Francinus, fut publiée en 15^7, en 2 vol. m-8.°, par Luc.-Ant. Giunta.1 Elle suit l'édition de Florence de 15 19, de manière cependant que son texte est corrigé d'après celle de Strasbourg de 1525. J. Fcrreas la réimprima en i542 ; Pierre de Nicolini, de Sabio , en 1551 1 Dans la période antérieure à l'édition de Henri Etienne tombe encore celle qui parut à Rennes, chez Antoine Bladus, depuis i542 jusqu'en i55o, en 4 vol. in-folio. C'est une
------------------------------------------------------------------------
- édition très-recherchée et très-précieuse. Non-seulement le texte de la seconde Aldine y a été corrigé par Nie. Majoranus, à l'aide de manuscrits; mais on y trouve aussi, et pour la première fois, le commentaire d'Eustathe. La table est de Math. Devarius., célèbre Grec de Corfou.
Adrien de Jonghke ( Junius ) donna en i558 , en un vol.
in-folio , chez Jér. Froben ; à Bâle, un extrait du commentaire d'Eustathe., sous le titre de Copiœ cornu, s. Oceanus enarrationum homericarum , ex Eustathii in eundem commentario. Mais l'année suivante, il réimprima tout l'ouvrage, en 3 vol. in-fol., en substituant seulement à la table détaillée de Devarius, une plus courte , que Séb. Guldenbech avoit rédigée. Ces deux éditions , celle de Rome etcelle de Bâle, appartiennent aux ouvrages les plus recherchés par les amateurs de livres utiles.
Adrien Tournebeuf ou Turnebus donna à Paris, en 1554, in- 8°, une belle édition de l'Iliade seulement, qui est comptée parmi les plus correctes, et commence une nou1 velle époque. Tournebeuf commença aussi à publier l'Odyssée; mais il ne donna pas suite à l'entreprise J. Son Iliade fut contrefaite deux fois à Genève, par J. Crispin ; il l'imprima en 1559, sans version , et en i56o , avec une version, et ajouta en, 1567, aux deux éditions, une Odyssée; le tout in-12.
Henri Etienne adopta le texte de Tournebeuf, mais le corrigea. Il le fit entrer ainsi dans sa collection poétique de 1566. Depuis ce temps, les textes de Tournebeuf et de Henri Etienne ont servi de base à toutes les éditions suivantes.
Celle de Strasbourg de 1572, en 2 vol. in-S-o', chez Théod.
Richet, a été soignée par Obertus Gifanius. Elle a peu de mérite.
Celle de J. Spondanus, Bâle, 1583, in-fol., a ceci de 1 Voy, Renouard, Catal. de la biblioth. d'un amateur, vol. Il, p.145.
------------------------------------------------------------------------
remarquable qu'elle est la première où l'on se soit occupé de l'interprétation du texte : elle est, en effet, accompagnée d'un commentaire. Elle fut réimprimée en' 1606.L'édition de Henri Etienné, 1588, 2 vol. in-12, est correcte et accompagnée de la traduction. Elle fut encore réimprimée en i6o4, par Pierre Etienne, et en 1622 in-So, à Paris, par Libert.
Celle que Corn. Schrevelius donna en i656, chez les Elzevirs, en 2 vol. in-4. °, est très-belle, mais remplie de fautes , ce qui n'a pas empêché qu'elle n'ait été réimprimée plusieurs fois en Angleterre. Schrevelius y a joint les scho- lies attribuées à Didyme , ce que , depuis plus d'un siècle , aucun éditeur n'avoit eu le bon esprit de faire ; malheureusement il les a tronquées, interpolées et défigurées.
Une édition plus correcte , mais toujours entreprise sans l'aide de manuscrits, est celle de J. Lederlin qu'Etienne Bergler acheva, et qui fut publiée par Wetstein, à Amsterdam, en 1707 , en 2 vol. in'12;J et répétée avee moins de soin en 1743, ainsi qu'à Padoue , en 1744, Deux Anglois ont bien mérité d'Homère dans le dix-huitième siècle, Jos. Barnès et Sam. Clarke. Le premier en donna une belle édition à Cambridge, en 1711, en 2 vol.
in"4.0 , pour laquelle il consulta avec plus de soin que n'en avoient mis ses devanciers , les matériaux qui se trouvent dans les lexiques et les scholies; mais il fit aussi des changemens arbitraires et qui ont été réprouvés comme étant trop hardis. Sam. Clarke en purgea de nouveau le texte, et, fit aussi une récension qui est ce qu'on peut appeler le texte vulgate de toutes les éditions ordinaires de l'Iliade et de l'Odyssée. L'édition de Clarke parut pour la première fois à Londres, en 1729 et 1732, en 2 vol. in-4°. Le second volume fut même publié après sa mort par le fils qu'il laissa.
Celui-ci- y ajouta aussi l'Odyssée en 1740, également en 2 vol. in-40. L'édition de Clarke a été réimprimée fort souvent en Angleterre. Parmi ces réimpressions, celle de Glasgow ,
------------------------------------------------------------------------
«teiy56 et 1758, en 4 vel. in-fol. , exécutée par Foulis, se distingue .par sa'correction. Jean-Aztg. Emesti la c®jpia en Allemagne; mais il ajouta les variantes d'un manuscrit qui -est à Leipzig, ainsi que les hymnes , les 4pigrammes et les fragmens. Son édition parut à Leipzig de 3769 à 1764, en 5 vol. in-Bo, Parmi les éditions qui ont suivi Clarke , il faut aussi compter, outre l'édition d'Oxford de 1780 , en 4 vol. in-8°, qui est une copie exacte du rtes.te de Clarke ( sans version ) , et des soholies-de Scbrevelius , la magnifique édition que les lords Grenville ont fait exécuter à Oxford, en î&oo, .en 4 vol. in-4°. On l'attribue communément à Rich. Porson, mais à 4ort : -tout ce que ce savant a fourni est Ja collation d'un manuscrit de l'Odyssée , connu sous le nom de Codex Harleianus, laquelle est jointe à cette édition, comme supplément. Le texte de Giarke n'y a pourtant pas été suivi servilement : les noibles éditeurs y ont fait quelques changemens indiqués pa-r Ernesti et rüloison. Le texte de cette édition a été élégamment réimprimé À Oxford, ] 810, en 4 vol. in-32; Sédition de 1780 'l'a-étéen 181G, en 4 vol. in- 8°.
I Les éditions de M. FnéeL-Awg, T4folf commencent une nouvelle époque. Il en a domné -trois. La première qui parut à Halle, en 1784 et ] r85, en 4 vol. in-8.° , est annoncée sur le titre comme simple réimpression de celle de Glasgow; néanmoins le nouvel éditeur y avoit fait plusieurs corrections, surtout dans lUiade et-dans les hymnes. Trois années après, parut l'édition de Vilioison, faite sur un manuscrit de Venise, et accompagnée -des -scholies dont nous avons .parlé. Elles firent naître le sys-tème de M. Wolf. Sa.seconde édition d'Homère fut publiée en 1794, en 2 vol. in-8°rElle porte le titre suivant : Homeri et Homeridarum opera et reliquise ex veterum critieorum notationibus optimorumque exemplarium fide recensuit F.-A. Wolf. Dans cette édition, l'Odyssée parut aussi très-corrigée. Cependant M.'Wolf n'a pas encore voulu s'éc&r ter -beaticouili <la texte reçu. C'est en tête Je cette
------------------------------------------------------------------------
édition que se trouvent les fameux Prolégomènes, où l'auteur développe son hypothèse sur Porigine des poésies attribuées à Homère.
L'édition de 1794 étant épuisée, le libraire tile Halle la réimprima en i8o5 et 1806, en 2 vol. in-#0. Non-seulement M. Wolfne prit aucune part à cette réimpression, mais il i'avoit même désavouée d'avance en annonçant uce nouvelle édition critique d'Homère , dont une partie avoit déjà paru en 180.. C'est sa troisième édition qui porte ce titre : Homeri et Homeridarum opéra et reliquise. EK recensione F.-A. Wolf, Lipsiæ, 1804 - 1807 , 4- vol. pet. ii><8.° {du' format appelé en France in-12).
S'il faut renoncer à l'espoir de jamais rétablir le texte primitif d'Homère , M. Wolf a reconnu que ies scholies de Venise, publiées par Villoison , fournissent des matériaux suffisans pour remonter au moins a celui qui se trouvoit entre les mains d'Aristophane dé Byzance. Il fallut pour cela faire disparoître du texte vulgaire, les interpolations, corrections ou corruptions qu'Apion et les grammairiens postérieurs, ainsi que les copistes, y avoient fait entrer. Dans la priface, M. Wolf établit les principes dJaprès lesquels il a exécuté son travail ; mais le commentaire qui seul peut rendre raison des motifs qui, dans chaque cas particulier, ont fait donner la préférence à une leçon , ainsi que la source où la leçon choisie a été puisée, n'ayant pas paru, on est obligé de s'en rapporter aveuglément à la sagacité bien connue et au goût de cet éditeur , sur l'usage qu'il a fait des l iches matériaux que -lui offroient la collation des variantes et les observations des grammairiens anciens et modernes.
M. Gœschen, imprimeur-libraire à Leipzig , a - en même Jlemps publié une édition de luxe in-fol., de l'Iliade seulement, d'après les corrections de Wolf. Elle est supérieurement exécutée.
1 les deux premiers volumes ont éLé réimprimés eu 1817.
------------------------------------------------------------------------
De tout ce que nous venons d'exposer, il suit que nous avons deux espèces d'éditions d'Homère, celles qui suivent le texte reçu de Clarke et Ernesti, et les éditions qui auront adopté le texte de M. Wolf. llv paroît même qu'il existe une troisième classe d'éditions , ou plutôt une édition qui s'écarte des deux textes. C'est celle de M. Richard Payne Knight.
Ce savant a fait imprimer , il y a plusieurs années , un Homère au nombre.de cinquante exemplaires seulement. Dans v les Prolégomènes qu'il a placés en tête , il prétend avoir rétabli, non-seulement le véritable texte du poète, mais jus■- qu'à l'orthographe primitive des mots. Ces Prolégomènes furent réimprimés , avec des corrections , dans les vol. VII et VIII du Classical journal, London , 18i3, et ensuite séparément à Leipzig , en un vol. in-8°. M. Payne Knight les plaça aussi dans sa seconde édition d'Homère qui a paru à Londres , 1820, in-fol. Nous ne la connoissons que par des annonces; mais nous voyons par un article du Quarterly Review1, que M. Payne Kiiight, tout en réformant à sa guise le texte vulgate , rejette absolument le système de M. Wolf.
Indiquons encore quelques éditions d'Homère qui appartiennent à ce que nous avons nommé la première classe, c'est-à-dire qui renferment le texte reçu.
Feu Heyne donna en 1802 les huit premiers volumes d'une édition complèie d'Homère, sous le titre suivant: Homeri carmina cum brevi annotatione. Accedunt variae lectiones et observationes veterum grammaticorum, cum nostrae aetatis critica. Curante Ch.'G. Heyne, Lips., 1802, 8 vol. in-8°. Ces huit volumes, auxquels il faut joindre un neuvième qui a paru en 1822 seulement et contient les tables-, rédigées par M. E. A. G. Grafenhan, renferment l'lliade seulement. C'est le travail le plus complet et le plus savant qui existe sur ce poëme. Heyne y a rassemblé tout ce qui est disséminé
1 Vol, XXVII, p. 4o.
------------------------------------------------------------------------
dans les scbolies, dans les glossaires et'commentaires des anciens, aussi bien que tout ce que les modernes ont fait pour la critique du texte et pour son interprétation. Il a adopté le texte vulgaire ouj-eçu ( celui qui existoit lorsque l'édition fut publiée), mais il l'a soumis à une nouvelle récension, pour,laquelle il s'est servi de plusieurs manuscrits et'de notes inédites de Bentlei, de Hermann Tollius et d'autres. Un abrégé de cette édition , en 2 vol. in-8.° Leipzig, i 8o4 )•, ne renferme que les notes sans le commentaire critique et sans les variantes. Les volumes qui devoientcontenir l'Odyssée n'ont pas paru; mais nous savons que, depuis plusieurs années, un helléniste distingué d'Allemagne s'occupe du projet de compléter l'édition de Heyne.
En 1789 et 1794, Franç. Charles Alter donna, en 4 vol.
in-8.°, l'Iliade et l'Odyssée 3 d'après un manuscrit qui se trouve à Vienne , mais qui est sans grand mérite.
Bodoni, à Parme, imprima en 1808, en 3 vol. in-fol , une édition de luxe de l'Iliade, soignée par M. Lamberti-, qui étoit alors directeur du dépôt qu'on appeloit la bibliothèque royale. Ce savant avoit promis, dans sa préface, de rendre compte, dans un ouvrage particulier, des motifs qui Pavoient guidé dans le choix des leçons. Nous avons lieu de douter que cet ouvrage ait paru. On n'a tiré de l'édition, vraiment magnifique, de Parme, que 100 exemplaires indépendamment de deux sur peau vélin, dont l'un fut donné à Buo- naparte, l'autre à son fils adopttf.
Telles sont les principales éditions renfermant le texte reçu ou vulgate. Une réimpression très-correcte a été soignée par M. Schæjêr, pour la collection de M. Tauchnitz, en' 5 vol.
in-i8. On trouve dans le cinquième volume la collation du Codex Harleianus de l'Odyssée, que Rich. Porson avoit publiée avec l'édition d'Oxford de 1800. Cette collation doit faire préférer l'édition de M. Tauchnitz, en 5 vol. in-18, à' celle qu'il a stéréotypée , en 4- vol., en un format un peu pltis grand , et où ces variantes manquent.
------------------------------------------------------------------------
En 1788, un professeur de Meissen, Jean-Aug. MUXler, commença à publier dans des cahiers séparés le texte des 24 livres de l'Iliade , avec des extraits du Commentaire d'Eustathe et des Petites Scholies, entreprise dont l'utilité a été reconnue dans les hautes écoles d'Allemagne , où ce poëme est expliquée Ne s'astreignant à aucun ordre, il commença par le 21. e, donna la même année le 22. e, et en 1789, le i. er chant. Comme à cette époque l'Homère de Villoison parut, M aller en tira parti pour joindre aux 21 chants qu'il avoit à publier encore, des extraits des scholies de l'édition de Venise.
Il mourut, après avoir fait imprimer successivement vingttrois chants; le 24.e fut publié en 1813, par M. Gust.-Fred.
Ilentsch, également professeur à Meissen. Mais comme dans ces vingt-cinq années quelques-uns des chants publiés isolément avoient été épuisés, M. Aug. Weichert qui aussi professe la littérature classique au gymnase de Meissen , se •chargea d'en diriger la réimpression , et il réunit les 24 brochures en deux volumes in-8.° qui portent le titre général: Homeri Ilias, cum excerptis ex Eustathii commentariis et scholiis minoribus in usuip schol. ed. J.-A. Müller. Denuo edidit A. Weichert. Misenae, 181g, 2 vol. in-8°. Le texte de cette édition est celui de M. Wolf, de 1784.
Un professeur de Dresde fit pour l'Odyssée ce que Müller avoit fait pour l'Iliade , en donnant des extraits d'Eustathe, de Didyme et des scholies de M. Maio , sous le titre suivant : Homeri Odyssea, cum interpretationis Eustathii et reliquorum grammaticorom delectu suisque commentariis; edidit DelLCar.-Gu. Baumgarten Crusius. Le premier volume qui a paru à Leipzig ? J 822, in-8°, contient les huit premiers chants , c'est-à-dire le texte d'après la dernière récension de M. Wolf, et les extraits des scholies ; car le commentaire annoncé par l'éditeur se trouvera dans des volumes particuliers.
Nous ne pouvons passer sous silence une édition des quatre premiers livres de l'Iliade seulement,, qui a été imprimée à Paris , par les soins ou au moins sous la surveillance d'un
------------------------------------------------------------------------
helléniste célèbre : celui-ci cependant s'est caché sous la signature Z. A. apposée à quelques courtes notes. Ce premier chant porte Je titre suivant : Opjpou ÏXiaiïoç poc^tùSix ce, [l.i,:' s~'y~o'SMV 7radcuwv xai vs'cov. Ejafaffjç BoXicrcta.. Ev Jlapwi'otç , awta.
(1811 ) ., in-8°. Le texte est précédé de Prolégomènes qui sont datés de Bojissos, le 13 janvier 1811. M. Z. A.
dit que le manuscrit lui a été envoyé par un ami qui habite l'île de Chios, et dans une autre note, il cite un passage d'Etienne de Byzance qui dit que Bolissos est une ville de l'Eolic sur la 'hauteur près de Chios, et qu'on prétend que c'est là qu'Homère a composé ses ouvrages. Cette ville étoit donc située sur la pointe que le mont Mimas forme en face de Chios, et nous sommes surpris que M. Mannert n'en fasse pasmention dans sa Géographie ancienne. Le texte du premier livre de l'Iliade est accompagné des'observations d'Eustothe et des scholies dites de Didyme) ainsi que de quelques remarques sur ces scholies , provenant de l'éditeur Bolissien , qui signe X. L'éditeur parisien a orné le volume d'une bçllc gravure représentant le buste d'Homère , et de deux gravures au trait d'après Flaxman. Le second chant de cette édition aparu en 1817, le troisième en i818, et le quatrième en 1820.
Nous trouvons encore dans un journal le titre suivant d'une édition de l'Iliade , avec un commentaire en grec vulgaire :
Il est nécessaire de dire encore un mot des éditions des ilymnes cPHomère, et de celles de la Batrachomyomachie.
M. Christ.-Fréd. Matthhœi, ayant découvert dans la biblio- , thèque du St. Synode de Moscou, un hymne inédit d'Homère, celui qui s'adresse à Cérès, en transmit une copie au célèbre Ruhnken. Celui-ci publia ce morceau eu 1780, avec des corrections, et l'accompagna d'une version latine, faite par M. Jean-Henri T^oss qui depuis a traduit Homère en hexa-
------------------------------------------------------------------------
mètres allemands, ainsi que de notes critiques. Comme dans la copie qui lui avoit été envoyée; il manquoit vingt vers et qu'on ne s'aperçut de cette omission que lorsqu'il fut trop tard pour y remédier, Ruhnken fit tout ce qui dépendoit de lui pour détruire les exemplaires de son édition , et la -fit réimprimer plus complète, en 1782. M. Christophe-Guillaume Mitscherlich donna en 1786 une édition de cet hymne conforme gu .manuscrit, et par conséquent avec toutes les fautes que celui-ci renferme; mais en 1787, il en publia à Leipzig une édition savante et critique. - Dans une réimpression de l'édition de Rubnken, qui parut à Leyde en 1808 , on a réuni les travaux du savant Hollandois à ceux de M. Mitscherlich.
L'attention des érudits ayant de cette manière été fixée de nouveau sur les hymnes d'Homère en général, il en parut, dans l'espace de dix ans , trois éditions en Allemagne ; savoir : celle de M. Charles-David Ilgen, à Halle , en 1796 ; celle de M. Aug. Matthiœ, à Leipzig , en i8o5 , et celle de M. Godefr. Hermann, dans la même ville; toutes les trois in-8°. La seconde a ceci de,particulier qu'il y a été joint un commentaire qui avoit paru dès 1800. Chacune de ces éditions a son mérite qui la distingue : celle de M. Hermann est la plus critique.
La Batrachomyomachie est le premier de tous les poëmes attribués à Homère qui ait été imprimé. Elle le fut en 1486, à Venise, in-4.° en lignes alternativement rouges et noires.
Laonicusde Crète soigna cette édition. Gilles Gourmont imprima la Batrachomyomachie en 1507, in-4.°, et ce fut le second livre grec imprimé en France. L'édition de 1486 fut imitée dans celle que Maittaire donna de la Batrachomyomachie, à Londres, 1721, in-8°. Une édition remarquable de la Batrachomyomachie est celle de Fontani, Leipzig, 1804, in-4..°, qui est la copie d'un manuscrit de Florence.
Aug. Matthiœ en a fait réimprimer le texte à la suite de son édition des hymnes d'Homère.
------------------------------------------------------------------------
La première traduction latine d'Homère fut faite par Léonce Pilate j savant Grec dont nous aurons occasion de parler à la fin de cet ouvrage. Il fut engagé à l'entreprendre par le Boccace: celui-ci en fit lui-même une copie pour Pétrarque. C'est cette traduction qu'on a appelée par erreur la version de Pétrarque. Marsupini, plus connu sous le nom de Carolo Aretino, fit une traduction de l'Odyssée, qui existe manuscrite à la bibliothèque du roi de France. Le même savant traduisit en vers latins la Batrachomyomachie.
Cette dernière fut imprimée vers 1500, in-4. ° , sans date.
Vincent Obsopœus et Nicolas della Vaile, Romain, traduisirent en vers latins quelques chants de l'Iliade, qui furent imprimés dans le î J.e et le i6.e siècle. La première traduction complète de l'Iliade en vers est de Helius Eobanus : elle parut à Baie, en 1540, in-40. Simon Lemchenou Lemnius} surnommé Emporius, qui est connu par sa brouillerie avec les réformateurs de Wittemberg > traduisit en vers l'Odyssée et la Batrachomyomachie qui parurent à Baie, en 1549, in-80.
Nous passons sous silence les tentatives postérieures faites pour rendre Homère en hexamètres latins. Les plus anciennes traductions en prose sont de Laurent, Valla et de Raphaël de Vola terra : l'un traduisit l'Iliade ; t-c l'autre, l'Odyssée : l'Iliade fut imprimée pour la première fois, à Brixen, en 1414, in-fol. ; l'Odyssée, à Rome, 15]0, in-fol. Andreas Divus retraduisit ces deux poëmes : son y travail parut à Venise , en 1537 , en 2 vol. in-8. ° , chez Luc.Ant. Giunta 1, avec une traduction des hymnes, par Georga Dartona. C'est cette version littérale et assez mauvaise qui se ¿ trouve dans nos éditions vulgaires grecques-latiues, néan- * moins avec plusieurs corrections qui y ont été faites successL- c vement par les divers éditeurs.
1 Et non chez Paul Maiiuce, comme ou dit ordinairement. Voyct Renouard, Anna), de l'impr. des Aides, vol. 1 , p. 208.
------------------------------------------------------------------------
Revenons aux poëtes cycliques qui nous avoient conduit à parler d'Homère. Ceux de ces poëtes qui étoient ses contemporains, ou qui ont vécu après lui, préféroient dans la règle au cycle mythique le cycle troyen, auquel les chants d'Homère avoient donné la plus grande vogue, et qui offroit un vaste champ à cultiver à ceux qui voudroient s'emparer de cette foule d'événemens d'un ordre secondaire que ce grand poète avoit négligés, ou qui n'étoient pas entrés dans son cadre.
CRÉOPHYLE de Samos avoit composé sous le titre de Destruction d'Œchalie OiyaXlaq aXwmç, un poëme épique destiné à célébrer les exploits d'Hercule.
D'après une tradition ancienne, Homère lui-même étoit l'auteur de ce poëme; il en avoit fait cadeau, disoit-on, à Créophyle en reconnoissance de l'hospitalité qu'il avoit trouvée chez ce Samien. Ce fut chez ses descendahs que, d'après le récit de Plutarque, Lycurgue trouva l'Iliade et l'Odyssée.
SYAGRUS OU SYAGER qu'on place aussi avant 'Homère, ou du temps de ce poëte, avoit composé une Guerre de Troie, TOC ~Tpcojxa.
STASIUUS de Chypre, ou, selon d'autres , un cer- , tain HEGESIAS de Salamis, est l'auteur des Chants - Cypriques, TdcK'&Trpta eirvj, en onze livres, qui alloient depuis les noces de Pélée et de Thétis jusqu'à la résolution prise par Jupiter de faire naître entre Achille et Agamemnon cette dispute par laquelle commence l'Iliade. On voit par un passage d'HéroJote que dès la plus haute antiquité on attribuoit
------------------------------------------------------------------------
cette épopée à Homère : car l'historien croit nécessaire de réfuter cette opinion 1. L'hymne à Vénus qui se trouve parmi les ouvrages d'Homère, faisoit peut-être partie des Chants Cypriques. Ce poème est d'ailleurs perdu, à quelques vers près , et nous n'en connoissons avec exactitude le sujet que par un fragment de la Chrestomathie grammaticale de - Proclus qui n'a été publié qu'en 1786 a. Nous li-( sons dans les Scholies d'Homère 3 que Stasinus ra-l contoit au commencement de ces Chants Cypriques, que la naissance d'Hélène avoit été décidée dans un conseil tenu entre les dieux qui savoient qu'elle' occasionneroit entre l'Europe et l'Asie une guerre sanglante, mais nécessaire pour faire cesser les plaintes de la Terre qui se trouvoit trop surchargée , par l'excès de la population. Cette tradition sur les] causes de la guerre de Troie est fort curieuse.
■ CERCOPS de Milet chanta les exploits d'Ægimius, roi des Doriens, dont les fils , Pamphyle et Dymas se joignirent à Hyllus pour la fameuse expédition en Péloponnèse. Valckenœr4 pense que la guerre des Lapithes , dans laquelle Ægymius assista Hercule a été proprement le sujet de cette épopée; mais il paroît que le poëme de Cercops avoit une bien plus grandie étendue, et qu'il célébroit trois entreprises
1 Lib. II, c. 117.
a Voy. Bibliotli. der allen Lileiatur und Kunst, no. I.
3 Il. 1. v. 5. Je dois cette cilalion à Clavier, Histr. des premiers icmy;," de la Grèce, sec. éd, , vol. I, i>. 17.
4 Ad Phoeniss. p. 755.
------------------------------------------------------------------------
glorieuses des Doriens, savoir : la rentrée des Héraclides dans le Péloponnèse, l'établissement d'une colonie dans l'île de Théra et la fondation de Cyrène en Libye. Ce cadre fournissoit au poëte l'occasion de parler des Argonautes, puisque les descendans de plusieurs de ces aventuriers se trouvoient parmi les fondateurs de Théra, ainsi que de la fable d'Ion , dont descendoit Libye. On voit en effet, par les citations des scholiastes d'Euripide et d'Apollonius de Rhodes, qu'il étoit question de ces objets dans l'^Egimius. Nous ajouterons encore que quelques-uns parmi les anciens ont attribué ce poëme à Hésiode 1, tout comme, de l'autre côté, les Pythagoriciens du temps de Cicéron regardoient Cercops comme l'auteur des poëmes Orphiques a.
CARCINUS de Naupacte chanta les héroïnes, c'està-dire les demi-déesses et les autres fejnmes célèbres de la mythologie. A l'honneur de sa ville natale , il intitula son poëme Naupactiques, No.:u'ITcxx'!"!: xa. Le scholiaste d'Apollonius de Rhodes, qui appelle l'auteur NÉOPTOLÈME, en cite cinq vers d'une belle simplicité homérique.
*~i On attribuoit une Théogonie et une Œdipodie à CINÉTHON de Lacédémone, qui a fleuri à la troisième Olympiade.
..,;f-;tUGIAS de Trézène chanta les Erreurs, Naroc,
Voy. Groddeck über die Argonaulica des Apollonius v. Rhodus, daps PiblJ der alten Lit. und Kunst, nO. 11, p. 85.
? Voy. Cic. de N. D. 1,38.
------------------------------------------------------------------------
des héros grecs , vainqueurs d'Ilion, retournant chez eux.
ARCTINUS de Milet, qui vivoit entre la cinquième et la neuvième Olympiade, laissa deux épopées, une Ethiopide, ~AîSriomç, rapportant les exploits de Memnon , l'allié des Troyens après la mort d'Hector, et une Destruction de Troie, l Àtou ~Tlepmç, en deux chants qui embrassoient tout ce qui s'est passé depuis la construction du cheval de bois jusqu'au départ des Grecs. Il est question de ces deux ouvrages dans la Chrestomathie de Proclus.
Asius de Samos, dont on ne connoît pas l'époque précise, est un des plus anciens auteurs de Généalogies en forme de poëme épique.
EUMÈLE de Corinthe, de la famille royale des Bacchiades, et contemporain d'Arctinus, composa plusieurs épopées, une Europie, une Titanomachie, (que quelques-uns attribuent à Arctinus) et surtout des Corinthiaques, renfermant l'histoire ancienne de sa ville natale , et, par forme d'épisode, l'expédition des Argonautes. Il en reste huit vers que le scholiaste de Pindare nous a conservés. Eumelus faisoit partie de la colonie qu'Arhias conduisit enSicile, et qui fonda Syracuse, 735 avant J.-G.
LESCHÈS de Lesbos fut l'auteur de la Petite Iliade, iÀtaeç pxpoc, en quatre chants, qui alloit depuis lai mort d'Achille jusqu'à la prise de Troie. C'est encore Proclus qui nous a fait connoître le sujet d ce poème.
------------------------------------------------------------------------
PISANDRE de Camiros 1 composa une Heracléide. Les critiques d'Alexandrie lui assignèrent le - premier rang parmi les poëtes héroïques après Ho- j mère et Hésiode. Reiske croyoit que deux fragmens qui se trouvent parmi les Idylles de Théo- crite, savoir la 24e et la 26e Idylle, intitulées le
jeune Hercule- et Hercule vainqueur du lion, et un troisième morceau qui se rencontre dans les œuvres
de Moschus, appartenoient à l'Héracléide de Pisandre; mais ces morceaux ne sont pas écrits avec cette simplicité qui caractérise la haute antiquité.
Macrobe prétend2 que Pisandre avoit réuni dans Éun poëme épique toute la mythologie des Grecs, depuis les noces de Jupiter et de Junon, jusqu'au siècle où il a vécu lui-même, et que Virgile en a emprunté mot à mot une partie du second livre de son Enéide. Il paroît que Macrobe a confondu Pisandre de Camiros avec Pisandre de Laranda; mais dans ce cas, le copiste n'est pas Virgile.
Enfin, on peut placer ici quelques épopées dont les auteurs sont inconnus. Tel est le poëme intitulé.
les Epigones, ~E/m^ovor, qui est peut-être identique avec la Minyade de PROBICUS de Phocée, que Pausanias cite plusieurs fois comme un très-ancien poëme ,'mais dont l'auteur n'est nommé par aucun autre écrivain de l'antiquité. Telle est encore une Thébaïde, que le même Pausanias préféroit à toutes
1 650 ans av. J.C.
- SaLurn. V, 2.
------------------------------------------------------------------------
les poésies, excepté toutefois l'Iliade et l'Odyssée 1, et que, de son temps, beaucoup de personnes croyoient d'Homère. Elle est différente de celle d'Antimaque, dont nous parlerons au chapitre XV.
La suite de ces poèmes cycliques formoit une histoire poétique de la Grèce, depuis les temps les plus reculés jusqu'à la destruction de Troie et à la mort des héros qui se sont illustrés dans la.
guerre d'Ilion. Il nous en reste à peine quelques vers cités dans des ouvrages que le temps nous a conservés, et cette perte doit être infiniment regrettée. Car indépendamment du mérite qui peut avoir distingué une partie de ces ouvrages, composés à l'époque brillante de la poésie grecque, ils furent la source où puisèrent les poëtes tragiques, lyriques et épiques des temps postérieurs. Virgile y trouva la matière des premiers livres de son Enéide; Ovide, celle de ses Métamorphoses. Les Grecs du moyen âge qui entreprirent encore une fois avec plus de témérité que de succès, de célébrer la guerre de Troie, exploitèrent cette mine féconde.
Tout ce qu'outre quelques vers détachés, nous savons de quelques-uns de ces poèmes, nous le puisons dans les Argumens qu'en a donnés Proclus dans sa Chrestomathie grammaticale, ouvrage dont nous parlerons au chap. XCIII.
C'est d'après ces poèmes qu'a été confectionnée la Table iliaque, carré de marbre ou plutôt d'un lx, 9.
------------------------------------------------------------------------
mastic très-dur, où la guerre de Troie, la prise et j la destruction d'Ilion et les événemens qui l'ont immédiatement suivie, sont représentés par de petites ifgures en relief très-bas, auxquelles les noms sont ajoutés. Une espèce d'inscription ou de
titre dit que c'est une représentation de l'Iliade d'Homère, de la .Prise de Troie de Stésichore, de l'Ethiopide d'Arctinus , et de la Petite Iliade de Leschès. A en juger d'après la forme des carac- tères, la table a été travaillée après l'époque de Virgile. Il est probable qu'elle servoit à quelque rhéteur qui expliquoit Homère à ses disciples. On l'a trouvée dans les ruines d'un temple antique, situé sur la Voie Appienne , à Fratocchio, dans les - terres des princes Colonna. On la voit aujourd'hui au Musée du Capitole Une institution ou école semblable à celle des Homérides en Asie, se forma, neuf ou huit cents ans avant J.-C., dans la Grèce européenne. On place à sa tête HESIODE de Cames en Eolide, mais surnommé VAscréen, du long séjour qu'il fit à As- crée, en Béotie, au pied du mont Hélicon. Suidas nomme ses parens Dios et Pyrimène. Il avoit un 1 frère qui s'appeloit Perses. On prétend que les poésies d'Hésiode eurent un sort pareil à celui des rpoëmes d'Homère, et qu'elles furent arrangées et
* ï Elle a été savamment commentée, d'abord par Raphaël i"abrefti à la suite de sou Syntagma de columna Trajana. Romæ; iGb3, in-fol., ensuite par Visconti dans le Museo Pio-Clenienlino, et d'après celui-ci par Milliri, duos sa Galerie mythologique.
------------------------------------------------------------------------
falsifiées par des mains étrangères. Nous avons de ce poète : ,f ,(, l"' l 1 °. Epy<x xocc He FÉPoci *, les Travaux et les Journées y c'est-à-dire des préceptes sur l'éducation, l'éco* nomié rurale, la navigation et le choix des journées. C'est probablement un fragment, reste d'un ouvrage plus considérable, ou, selon certains critiques, un composé artificiel de morceaux originairement détachés, et réunis par quelque diascevaste. M. Twesten à Kiel a essayé de reconnoître et de distinguer ces morceaux isolés. Il trouve dans c ce poëme d'abord deux petites épopées, savoir la .A fable de Prométhée (v. 42 à io5) et la tradition sur la dégénération du genre humain (v. 108-205); ensuite trois morceaux didactiques, étrangers aux l deux épopées, savoir 1 °. une exhortation à la vertu et au travail l~v. 10—4i. 202—526), 2°. un mor- ceau sur l'industrie, l'agriculture et la. navigation (v. 583-695) et 5°. la doctrine des jours heureux j et malheureux (v. 724—828). Tous les autres passages ont été, d'après ce savant, ajoutés pour éta- 4 blir la liaison entre des parties hétérogènes, et les c £ v. 327-382, 692-7-764 renferment encore deux petits poëmes particuliers
La partie morale de ce poème ou de cette aggré- t, gation de poèmes, le rend surtout intéressant; en regardant les Travaux et les Journées comme P: n'ayant été dès l'origine qu'une seule composition,
1 Voy. Aug. Twesteni Commentatio critica de Hesiodi carminé quod r inscribitur : Opera et dies. Kiliae, 1805, in-8°.
V
------------------------------------------------------------------------
on peut croire que l'auteur a été le premier qui ait entrepris un poeme éthique de cette extension. Si ses principes ne sont pas toujours en harmonie avec nos mœurs, son poème est au moins un monument historique de l'état moral et social de l'époque où
il a vécu. Les Grecs n'avoieiit encore rien perdu de cette simplicité naïve qui caractérise le premier âge de la société. Cependant les sorties fréquentes oontre les rois et contre les femmes (p. ex. v. 517-574) qu'on trouvé dans ce poème, indiquent un siècle postérieur à celui d'Homère : elles portent l'empreinte de cette espèce de fermentation qui précède immédiatement la chute du pouvoir monarchique, et l'établissement des gouvernemens populaires (voy. v. 196—220.) Quintilien1 regarde Hésiode comme le premier qui ait composé des fables du *" genre qui par la suite fulrnommé ésopique. En effet, un apologue digne du philosophe Phrygien se trouve v. 185-1g5. Hésiode aime beaucoup les proverbes; son poëme en abonde; aussi Jsocrate2 lui assigne-t-il une place parmi les poëtes gnomiques.
2°. Le second ouvrage attribué à Hésiode, est une Théogonie; mais du temps de Pausanias5 on doutoit déjà qu'il fût l'auteur de ce poëme 4. C'est un fragment sur la généalogie des dieux et sur leurs
1 Inst. or. V, c. il.
2 Or. ad Nie.
3 PAUS. VIII, 18. IX, 5i.
4 De la Barre a écrit un mémoire pour prouver que la Théogonie est d'Hésiode. Voy. Mém. del'Acud. des Inscr. et Belles-Lettres, vol. XV , .pag.5.
------------------------------------------------------------------------
combats, ou, selon l'opinion d'un savant allemand, une espèce de mélange formé par la réunion de plusieurs poëmes du même sujet, et que les copistes ou les grammairiens ont assemblés1. Il y règne une imagination exaltée qui produit un tableau gigantesque. Ce poëme est, au reste , le plus ancien mo-l
nument que nous ayons de la mythologie grecque, t et ce document est également important, soit qu'on considère la mythologie hellénique* comme symbolique et allégorique, soit qu'on y voie un fond historique : car ce sont là les deux systèmes qui partagent les savans 2.
Enfin 5°. nous avons, sous le nom d'Hésiode , le fragment d'une Héroogonie, c'est-à-dire d'une fi-|
1 M. God. Hermann a avancé cette hypothèse dans une lettre adressée à M. Ilgen, et que celui-ci a placée en tête de son édition des Hymnes d'Homère. M. Hermann croit avoir reconnu sept différens exordes 1 composés des vers sui vans: le premier des v. 1. 22-24, 26—52 , le deuxième des v. 1-4, 11-21; le troisième des v. 1. 2. 5 à 21, 75-93; le quatrième des v. 1, 55—64 , 68-74; le cinquième des v. 1 , 53—61 , 65. ê6.
Dans le sixième les v. 60 et 61 étoient immédiatement suivis de 67. Le septième des v. 1,94-103. Nous observons que les vers 66 et 67 manquent tout-a-fait dans un manuscrit de la bibliothèque du roi de France qui porte le n°. 2708, ainsi que nous le voyons par la collation de ce manuscrit faite par M. Gregorios Gregoriades Zalykos qui se trouve en têle du deuxième volume de la collection de M. Gaisford.
s Voy. Fr. Creuzer Symbolik und Mythologie der alten Vœlker , besonders der Griechen. Zweyte Ausgabe. Darmstadt, 181g, u. f..4 vol.
iu-Sa. — Gortf;-. Hermanns und Fr. Creuzers Briefe iiber Homer uud Hesiodus , vorzüglich über die Theogonie. Heidelberg, 1818, iD-Sa. Friedr. Sichlers Kadmus oder Forschungen in den Dialekten des Semitischen Sprachslammes zur Entwickeluug der Elemente der aeltesleu Sprache und MyLhe der Hellenen. Erste Abiheilung : Erklaerung der Theogonie des Hesiodus. Gœttingen, 1818, in-40.
------------------------------------------------------------------------
liation et d'une histoire des demi-dieux. A ce poëme un rhapsode inconnu a rattaché un. morceau sur le combat d'Hercule et de CYCDUS, renfermant la description du bouclier du héros. C'est d'après ce morceau que le poëme en question porte le titre de Bouclier d' Hercule, ACKIÇ ~H paxXzovq. Les critiques modernes pensent qu'à l:Héroogonie d'Hésiode appartenoient deux ouvrages que les anciens citent, l'un souè le titre de Catalogue des femmes, ~KardcAo-yoç yovaixwv, c'est-à-dire histoire des mortelles qui sont devenues mères de demi-dieux; et l'autre sous celui de Grandes Eœées, ~H0(0.1 [xeyaXoci, ainsi nommées parce que l'histoire de chacune des femmes ou héroïnes qui y étoit rapportée commencoit, comme le Bouclier d'Hercule, par ces mots : ri orn, ou telle que. Le Catalogue se composoit de cinq chants dont les Eœées formoient le , quatrième'.
Hésiode a employé le dialecte ïonien entremêlé de quelques éolismes. Sa diction est pleine de douceur et d'une harmonie qui a fait dire à un ancien que les Muses ont nourri de leur lait le poëte d'A-
1 M. G. E. Groddeck (Uber die Argonautica des Apollonius Rhodins ; dans Biblioth. der alten Lit. und Kunst n° 1, p. 80) manifeste des doules contre cette opinion vulgaire. Comme le scholiaste d'Apollonius de Rhodes cite le Catalogue et les Eœées à l'appui de traditions qui se contredisent , M. Groddeck pense qu'on ne peut pas les regarder comme deS parties d'un même ouvrage. Il suppose que ces poésies généalogiques sont de divers auteurs, mais que les grammairiens les ont, à cause de la similitude de leur contenu, réunies en un seul corps d'ouvrage, auquel ils auioient donné le nom du poëLe le plus célèbre en ce genre.
------------------------------------------------------------------------
crée. Il règne dans ses poésies une admirable vérité et une grande simplicité, ainsi qu'une naïveté qui indique leur haute antiquité. Quelques passages peuvent être cités comme une preuve de l'imagination et de la sensibilité de cet auteur. Quintilien porte ce jugement d'Hésiode : « Raro assurgit Hesiodus, magnaque pars ejus in nominibus est occupata; tamen utilis circa prœcepta sententiae, lenitasque verborum et compositionis probabilis j daturque ei palma in illo medio genere dicendi 1.)) Manilius trace le tableau suivant de ses ouvrages : Hesiçdus memorat Divos Divûmque parentes,
Et Chaos enixum terras, orbemque sub illo Infantem; primum titubantia sidera corpus , Titanas juvisse senis cunabula magni, Et sub fratre viri nomen, sine fratre, parentis, Atque iterum patris nascentem corpore Bacchum, Omniaque immenso volitantia numina mundo.
Quin etiam ruris cultus legesque rogavit, Militiamque soli, quos colles Bacchus amaret, Quos fœcunda Ceres campos, quod Bacchus atrumque, Atque arbusta vagis essent quod adultéra pomis, Sylvarumque Deos, sacrataque numina, Nymphas, Pacis opus magnos natura condit in usus.
Le fameux Combat poétique entre ffomère et Hésiode, dans lequel ce dernier doit avoir remporté le prix , est une invention des temps suivans.
Le morceau de poésie qu'on a publié sous ce titre,
1 Instit. Orat. lib. X, cap. 1.
S MANIL. Astrpn. lib. II, v. 12 sqq.
------------------------------------------------------------------------
Âyçbv ~Ôfwpov xaà ilaco"dou , est un composé de centons tirés des ouvrages des deux poëtes : il a été compilé dans le second ou troisième siècle après J.-G. ,
et peut-être plus tard encore.
11 existe des scholies sur Hésiode par Pnocujs, JEAN TZETZÈS, MOSCHOPULUS, et JEAN PROTOSPATHARIUS. On doit regretter la perte-du commentaire d'ARISTOPHANE de Byzance.
La version latine d'Hésiode que nous possédons est de Nicolas Valla.
La première édition d'Hésiode est celle de Milan, in-folio, qui a paru vers 1493. Isocrate et Théocrite y sont ordinairement joints; mais peut-être cette réunion est-elle un pur effet du hazard. En 1495, Alde Manuce imprima sa collection de poëtes gnomiques, bucoliques et géorgiques, où Hésiode
est compris.
Les Œuvres et les Journées seulement furent imprimées à Paris, en 1507, in-4.°, par Gilles Gourmonfi. et c'est le troisième livre grec imprimé en France.
Philippe Giunta donna , en 1515, à Florence., in-8.°, la première édition oomplète d'un Hésiode détaché, en supposant qu'Isocraie et Théocrite appartiennent à celle de Milan.
L'édition de Florence a été soignée par Euphrosyne Bonini: -elle est très-rare 1, aussi bien que celle que Bernard Giunta publia en 1570, , avec Theôgnis, les Oracles Sibyllins, Musée, Orphée et Phocylide. Elle a été contrefaite, mais d'une manière incorrecte, par Farrea, à Venise, en 1543, in-8"5. Dans le seizième siècle, Hésiode2 fut souvent réimprimé
1 C'est celle que, dans notre Introduction, p. Ixix , nous avons nommée Collection guomique de Phil. Giunta.
3 Nous ne parlons surtout que d'éditions des œuvres complètes d'Hésiode.
------------------------------------------------------------------------
avec d'autres ouvrages ; il se trouve dans les collections de Froben, de Giunta, de Henri Etienne, qui a donné une nouvelle récension dn texte, de Lectius, Crispinus, HTin- terton. Nous remarquerons quelques autres éditions du même siècle.
Celle de Venise de 1537 , in-4. ° , soignée par Victor Trincavelli, et imprimée par Zanetti, donne une nouvelle récension , faite à l'aide de manuscrits ; on y trouve pour la -première fois les scholies.. On les a plus complètes, mais beaucoup moins correctes dans une édition que publia J. Birchmann, libraire, à. Cologne, 1542, in-8°.
L'édition de Jér. Commelin, 1591, in-8.°, est estimée à cause des variantes qu'elle renferme.
Parmi les éditions qui ont paru dans le dix-septième siècle les suivantes méritent une mention particulière.
Celle d'Erasme Schmid, Wittemberg , 1601 , in-8.% I réimprimée plusieurs fois; Celle de J.-F. Possel, Leipzig, 1603; in-8.°; Celle de Daniel Heinsius, Leide, i6o3, in-4.°, qui se distingue parce qu'elle donne les scholies plus complètes que l'édition d'Alde, et plus correctes que celle de Bâle de 15 12: elle a été réimprimée, mais sans les scholies , en 1613 et y 1622, in-80.
Viennent ensuite les éditions de Pasor, Amsterdam, 1632, et Leide , 1646, in-80.
L'édition de Corn. Schrevelius, Leide, 1650 et 1652, 1 in-8.° , est plus belle que bonne.
Celle des Elzevirs , 1657, in- 8.0, est recherchée à cause de sa netteté. Elle a des notes de Jos. Scaliger et de Fr. Guiet.
Og. y joint ordinairement Îe commentaire de Lambert van Baarle ( Barlœus ) qui jouissoit anciennement d'une grande réputation. Les Elzevirs l'imprimèrent en 1658, in-8°.
On doit à ces mêmes artistes une des bonnes éditions d'Hésiode : c'est celle de Jean-George Grœfe ( Grœvius ) qu'ils publièrent à Amsterdam, 1667;in-8.°; elle renferme un
------------------------------------------------------------------------
texte revu et des notes fournies par Jos. Scaliger et Fr.
Quiet. L'édition de Graevius, réimprimée à Amsterdam, en 1701, in-8.°, par les soins de Jean Leclerc , appartient à la collection des Variorum, et est la base de toutes les éditions du dix-huitième siècle, antérieures à Brunck.
(Th. Bobinson publia à Oxford, en 17^7, in-4.° , une magnifique édition d'Hésiode , renfermant le texte de.Graevius, corrigé d'après des manuscrits. Cette édition fut réimprimée à Leipzig, in-B. 0, en 1746, par les soins de J.- 'l'ob.
Krebs xj et en 1778, par ceux de Ch.-Fr. Lœsner qui y joignit les observations de Dav. Buhnhen. Ou trouve des exemplaires de cette édition portant hl date de Koenigsberg, 1787.
L'édition RAnt. Zanolini, Padoue, 1747, in-8.°, est une assez belle réimpression de celle de Schrevelius.
Bodoni, à Parme, a donné trois éditions de luxe d'Hésiode, toutes in-4. °, et offrant le texte de Leclerc. La première 3 de 1785, est accompagnée de la version latine métrique de Berru Zamagna; la seconde, de 1787 , est sans version ; la troisième , de 1797, renferme , outre le travail de Zamagna, la version italienne de Jos. Pagnini. Cette dernière édition est distribuée en trois parties séparées.
L'abbé Louis Lanzi donna en 1808 , à Florence, in-4.° , une nouvelle édition des Œuvres et Journées seulement, pour laquelle il avoit consulté trente-six manuscrits qui n'avoient pas été conférés, sans compter dix-huit autres qui avoient servi à Robinson , Lœner, et Brunck; mais la critique sévère ne sauroit être satisfaite de son travail.
Les oeuvres d'Hésiode forment le premier volume du recueil de M. Gaisford. Il faut y joindre les variantes d'un bou manuscrit de Paris, que ce savant a données dans le second
1 En 1778, on a donné un nouveau Une à cette édilion.
------------------------------------------------------------------------
volume de son recueil; et surtout la collation des scholies publiées par Heindius , avec plusieurs manuscrits de Paris , Florence et Oxford, qui forme le troisième volume.
La dernière édition d'Hésiode est celle de M. Fr.-Aug.Guil. Spohn, qui parut à Leipzig, i 8ig, in-8°. Elle renferme une nouvelle récension, mais des Œuvres et Journées seuJement. Cette édition est destinée aux jeunes gens ; mais M. Spolin en annonce une qui sera accompagnée d'un commentaire critique.
Vers la fin de la première période de la littérature grecque , et au commencement de la seconde, vivoit EPIMÉNIDE de Crète, célèbre poëte et espèce de prophète dont Solon se servit pour préparer les Athéniens à recevoir les lois qu'il se proposoit de leur donner. Nous passons sous silence les fables qu'on a débitées sur le compte de ce poète ; elles 1 doivent sans doute leur origine à une fausse idée qu'on s'est faite de la vie ascétique et contemplative à laquelle Epiménide s'étoit voué. On peut ranger parmi ces fables l'histoire de son sommeil de quarante ans, et ce qu'on rapporte de la durée de sa vie qu'il doit avoir prolongée jusqu'à deux cent quatre-vingt-dix-neuf ans..
Indépendamment de ses Oracles ~( Xpeapo) ) et de ses Cantiques d'expiation ~( KxOapuo} ), les anciens parlent de divers poëmes de longue haleine qu'Epiménide a composés, d'une Théogonie Cretoise où étoit racontée l'origine des Curètes et des Corybantes, en cinq mille vers, et d'Argonautiques en six mille cinq cents vers. De tout cela il ne nous reste
------------------------------------------------------------------------
que quelques vers détachés, nommément celui des Oracles que rapporte saint Paul :
ce que la Vulgate a traduit ainsi : Cretenses semper mendaces, malse Lestiae, ventres pigri 1. Nous observons en passant que le reproche de mentir a été fait aux Crétois par des amis zélés de la religion ou mythologie grecque, parce qu'ils prétendo,ent que Jupiter, avant son apothéose, avoit régné clans leur île, et qu'au scandale des croyans ils montroient Iaux étrangers la tombe où reposoienf les cendres de ce mortel déifié.
* Ejïître à Tite, I, V. 12.
------------------------------------------------------------------------
CHAPITRE Y.
i
De l'origine de la poésie lyrique et élégiaque 1. - Du scoliê. — De la poésie érotique.
LES changemens qu'éprouvèrent dans cette période les constitutions des états de la Grèce, furent favorables à la poésie ; ils lui ouvrirent un nouveau champ. Un genre inconnu jusqu'alors. prit naissance : c'est celui de tous qu'on peut regarder comme le plus sublime. En effet, la poésie lyrique, dont nous youlons parler, est celle où le poètes peut s'abandonner à l'enthousiasme le plus exalté.
et exprimer la sensibilité la plus profonde. L'épo- péè avoit été la poésie des rois; la poésie lyrique' sortit du tumulte des républiques : le génie dé la , liberté inspira les poètes ; ils chantoient la prospérité dont jouissoit leur patrie, les devoirs du ci toyen , les charmes de l'amitié j en prêchant le respect pour les dieux et la soumission à leurs décrets, ils versoient le baume de la consolation sur les
1 Voy. Discours de Pabbé Souchay sur les Elégiaques grecs (Mém. de Il l'Acad. des Inscr., vol. VIII ). — Corir. Schneider uber das elegisèhe Gediclit der Griechen dans Daub u. Creuzer Studien , vol. IV.— J. raZ. Franckii Callinus s. quaestionis de origine carminis eleg. tractatio criticn.
Altonæ, 1816, in-8°.
------------------------------------------------------------------------
malheurs que le destin rend inévitables, et peignoientles vices sous leurs formes hideuses. La musique, perfectionnée par l'invention du barbiton , b sortit de l'humble rôle de suivante de la poésie; et devint un art particulier, sans cesser pour cela de prêter son aide à la première pour donner de la force et de l'expression aux paroles. Selon les sujets qu'il chante et selon les objets ou les circonstances qui l'inspirent, le poëte varie le rhythme ou le mètre de ses vers, et le musicien invente des mélodies nouvelles. Une fois établis et appropriés chacun à un genre particulier de poésie, les mètres dirigèrent à leur tour la marche du poète, et servirent à distinguer les différentes poésies; c'est •. linêmë* d'après eux qu'on dénomme quelques-uns de Jfces genres, tels que l'élégie et les ïambes.
(. L'histoire de la poésie élégiaque, c'est-à-dire celle de son origine , offre quelques difficultés, - Horace dit-déjà : Versibus impariter junctis querimonia primum, Postetiam inclusa est voti sententia compos.
Quis tamen exiguos elegos emiserit auctor, i Grammatici çertant, et adhuc sub judice lis est. L.
En partant de la supposition que l'élégie étoit f dans le principe un chant de guerre, et que Calli»/hus d'Ephèse en a été l'inventeur ( et nous verrons - 'd 1
r que cette double hypothèse approche de la certitude historique ) , un savant et spirituel critique de nos iours, M. Ch. Aug. Bœtliger 1 a cru en trouver
J Attisches Muséum, vol. I, fasc. 2, p. 293 et 335,
------------------------------------------------------------------------
l'origine dans la double flûte lydienne. C'est un passage d'Hérodote qui lui a suggéré cette idée.
Le père de l'histoire dit qu'Alyattès., roi de Lydie, animoit ses troupes au combat par le son de la double flûte masculine et féminine 1, c'est -à-dire < droite et gauche. M. Boettiger a pense que les élégies guerrières de Callinus étoient accompagnées de ces deux instrumens, savoir , l'hexamètre de la flûte masculine et le pentamètre de la féminine: Ainsi un genre particulier de poésie auroit éft inventé en faveur d'une musique existante, au lieu que la musique devoit plutôt s'accommoder à la poésie. L'hypothèse de M. Bœttiger, qui est aussi ingénieuse que spécieuse, a été réfutée par d'autres philologues, qui ont fait voir que la flûte n'a pas été , même dans le principe, l'accompagnement obligé de l'élégie, et que les chants de guerre de/ Callinus et de Tyrtée n'étoient pas exécutés pen-j dant le combat, comme le fut la musique militaire , d'Alyattès 2.
Il paroît que la question sur l'origine de l'élégie fut surtout, litigieuse entre les grammairiens d'A- 1 lexandrie ( car c'est sans doute de ceux-ci que parle Horace), parce qu'ils ont confondu et les temps Let les termes. Elle deviendra plus claire aussitôt quei
"* v » 1 Liv. I, cli. 17. AULUGELLE (Noct. Att. 1, 10 ), s'est laissé induire en eïreur par ce passage. Il reproche à Alyattès le luxe barbare d'avoir traîne à, la suite de ses armées des joueuses de flûtes ( feminas tibicinas).
s Voy. F. A. Schlegel, Athenæum, vol. II, p. 88. Conr.Schneider, 4 dans les Studien, vol, IV A p. i3. Voy. principalement sur l'hypothèse de M. Boettiger, l'ouvrnge cité de M. J. Val. Franck.. e
------------------------------------------------------------------------
nous aurons assigné aux mots leur véritable SlgIllfication. D'abord il faut distinguer entre l'ancienne ; élégie de Callinus et le nouvel elegus dont l'invention est attribuée à Simonide. La première n'étoit autre chose qu'un poëme lyrique, et surtout un chant de guerre, composé de distiques, c'est-àdire d'une suite d'hexamètres et de pentamètres alternans : telle est la forme que la poésie lyrique prit chez les Ioniens. Ainsi cette élégie est aussi bien'une poésie lyrique que le genre qui a conservé exclusivement ce nom. Il faut seulement observer que cette ancienne élégie n'a pas été nommée ainsi dans le principe; on désignoit cette espèce de chant par le terme général d'eiroç, qui, par la suite, est - devenu propre à la poésie héroïque. Le mot d'eAeyoç, et ses dérivés expriment l'idée d'une plainte. Ainsi ftout poëme lyrique dont le sujet étoit triste et lup gubre étoit un elegus. Lorsqu'Athènes eut des poë- tes, ils prirent l'habitude d'employer aux sujets plaintifs les distiques composés d'un hexamètre et d'un pentamètre, qui jusqu'alors avoient préférablement servi pour les chants de guerre. Ce fut à cette
époque que ce mètre fut nommé élégiaque. C'est là < l'élégie dans sa seconde époque.
Il s'ensuit que l'élégie est plutôt le nom d'un mètre que celui d'un genre de poésie, mais que ce 1"-e mètre n'a reçu le nom sous lequel il est connu, que 1 lorsqu'il commença à être presque exclusivement appliqué aux poésies plaintives et lugubres. Cepen-
------------------------------------------------------------------------
dant les grammairiens, sans distinguer les genres, ont également donné ce nom aux anciennes poésies guerrières, parce qu'elles étoient faites sur le même mètre'. Dans la seconde époque, on se servit du mot ~d'|/U-yoç, pour désigner un poème lugubre de longue haleine composé de distiques : nous disons de longue haleine, parce que l'épigramme composée également de distiques, peut aussi exprimer une simple idée lugubre, sans être pour cela une élégie. Nous disons un poëme composé de distiques, parce qu'un poème lugubre pour lequel on auroit fait usage d'un autre mètre, n'auroit pas été un elegus. Telle est la signification grecque de ce mot. Les Romains l'altérèrent en nommant elegus tout poème écrit en distiques, quel qu'en fût le su- 4 jet. Ils confondirent ainsi et rendirent synonymes les termes d'elegus et d'elegia : car les Grecs appe- 1 loient du dernier mot èAe-yecoc, un poème de longue i haleine composé dans le mètre de l'elegus; mais n'ayant pas un sujet triste. Le mot d'eÀeysTbv étoit donné à chaque distique formé d'un hexamètre et d'un pentamètre.
CALLINUS dUEphese est l'inventeur de l'ancien elegus , ou du poëme pour lequel on se servoit du mètre élégiaque : car nous regar d ons comme l'inventeur de ce genre le premier poëte connu qui l'a employé. D'après l'opinion commune, Callinus a
C'est ainsi que TERENTIANUS MAURUS dit : Pentametrum dubitant guis priinus fioxerit auctor ; Quidam non dubitant diccre Callinum.
------------------------------------------------------------------------
vécu vers la 24e. Olympiade, 684 ans avant J. C.
L'abbé Souchay et M. Conr. Schneider le croient plus ancien d'un siècle. Ils se fondent sur deux passages, l'un de Strabon, l'autre d'Orosius. Le premier cite Callinus comme ayant vécu à l'époque où les Cimmériens détruisirent Sardes 1 j l'autre place l'irruption de ce peuple à l'an 3o avant la fondation de Rome, tandis que Larcher, en suivant Hérodote, lui donne la date de 654 avant J.-C. Un autre savant, M. Franck, le croit plus ancien encore ; d'après lui, Callinus doit avoir vécu entre Homère et Hésiode. Stobée nous a conservé un fragment de ce poëte : il appartenoit à un morceau par lequel Callinus excitoit ses compatriotes à combattre vaillamment contre les Magnésiens, leurs ennemis. Il leur rappelle la honte qui est le partage de £ lâches, et la gloire dont se couvre celui qui, par la force de son bras, défend sa patrie, sa femme et ses enfans. Ce morceau a été quelquefois, mais par erreur, attribué à Tyrtée.
Le fragment de Callinus se trouve dans la plupart des éditions de Tyrtée, dans les Analecta de Brunch, et dans les collections de Gaisford et M. Boissonnade. Il a été imprimé séparément avec Tyrtée, par Klotz, et seul par G. Suendrup, Copenhague, 1795, in-8°.
C'est à l'exemple de Callinus que , dans la seconde guerre de Messène, 684 ans avant J:-C., TYRTÉE,
- 1 Liv. XIV, cb. 1, 6. 4o.
» 1, 21.
------------------------------------------------------------------------
envoyé par les Athéniens au secours des Spartiates, leur inspira par ses poésies Fenthousiasme guerrier. On n'est pas d'accord sur la patrie de ce poète.
L'opinion commune le fait Athénien; mais Suidas dit qu'il étoit Lacédémonien ou Milésien. On a tâché de concilier ces versions en apparence contradictoire, il étoit y a-t-on dit, Milésien de naissance, mais domicilié à Athènes ; néanmoins appartenant à une famille dorienne, il regardoit les Lacédémoniens comme ses compatriotes,- et alla les joindre lorsqu'il les vit enveloppés dans une guerre dan-j gereuse. - On prétend que ce fut par haine pour les Lacédémoniens qu'Athènes leur envoya un général incapable de les commander; mais tout ce jrécit a bien l'air d'une fable. C'est sans doute par méchanceté aussi que , faisant allusion au pentamè tre qu'il mit en vogue, on a dit qu'il boitoit. J, Il nous reste plusieurs fragmens de ces élégies par lesquelles Tyrtée excitoit les Spartiates à la valeur.
Ce sont desmorceaux pleins d'enthousiasme et de patriotisme écrits en dialecte ionien, quoiqu'adressés à des Doriens. Il ne faut pas les confondre avec les véritables Chants de guerre, MiXnnmhiuçrpia., que Tyrtée a composés pour les Spartiates, et que ceux-ci chantoient en allant au combat. Ils étoient en dialecte dorien, et composés d'anapestes; le mètre que le poëte y suivit étoit celui qu'on appelle messéniaque ou embaterion. Les chants de guerre de Tyrtée formoient cinq livres; il ne nous en reste qu'un fragment.
------------------------------------------------------------------------
Aristoté et Pausanias 2 parlent d'un poëme de • Tyrtée intitulé Bonne Législation, Euvop/a : il le composa pour calmer les esprits du peuple de Sparte, qui, dans une disette causée par la guerre de Messène, se portoit à la révolte. Peut-être les huit vers cités par Plutarque dans la Vie de Lycurgue, comme étant de Tyrtée 3 et qui renferment pour ainsi dire toute la constitution de Sparte, sont-ils empruntés de l'Eunomie.
La première édition des fragmens de Tyrtée est celle qui se trouve à la suite du Callimaque de Baie, de 153a. Les recueils de Henri Etienne, Winterton, Brunch , Gaisford et Boissonnade., les renferment.
Quatre éditions particulières de ces fragmens ont paru dans
le dix-huitième siècle. La première porte ce titre : Spartaa lessons or the praise of valour in the verses of Tyrtæus.
t , Ex tûv toû Tvprcâox) nolsfAiçYipicov aeaWj[1.i1iiX. Observations on the greek texte. Tyrtaei de virt. bell. carm. reliquiae. Glasg.
Foulis 175g, in-4°.
La seconde , à laquelle Callinus est réuni, est fort estimable ; elle est de Ch.-A. Klotz., et a paru à Altenbourg, 1767, in-8°.
Chr. Dahl et Frœlich ont fait réimprimer Tyrtée sous la forme d'une dissertation philologique, à Upsal, 1790 ; in- 40.
1 Polit. V, 6.
2 Lib. IV, c. 18
il Vie de Lycurgue, ch.6. Dom. Ricard a traduit ainsi ces vers ; -- Il nous ont rapporté la réponse sacrée Que prononça du dieu la prêtresse iuspirée : Que dans Sparte toujours on laisse les deux rois Présider le Sénat qui propose les lois ;, Et que les citoyens, pleins de respect pour elles,.
De ces oracles sa iras soient les tchos fidèles.
------------------------------------------------------------------------
Enfin, M. J.-Val. Franck donna une récension toute nouvelle du texte à la suite de son Mémoire sur Callipus : il y a rangé les fragmens dans un nouvel ordre.
On ne tarda pas à s'apercevoir que le mètre des vers de différentes mesures alternant entre eux convenoit encore à exprimer des sentimens plus doux et plus analogues au coeur de l'homjne, que les élans de l'ardeur militaire. Il paroissoit propre à peindre les calamités qui accablent les malheureux mortels, et particulièrement les peines de l'amour. MIMNERME de Colophon cn Ionie, donna, dit-on, vers 5go avant J.-C., le premier exemple de ce nouvel emploi du mètre élégiaque. La poésie de
Mimnerme étoit si suave et si harmonieuse, qu'on lui donne le surnom de Ligystade (de ~hybç, sonore). j Les vers qui nous restent de ce poëte ( ils sont en petit nombre ), respirent une douce mélancolie : il y déplore la brièveté de la vie et la rapidité avec laquelle la jeunesse s'évanouit , ainsi que les maux qui affligent l'humanité. Les anciens parlent avec admiration de son Elégie à Nanno, joueuse de flûte qu'il aimoit éperdument et qui lui préféra des rivaux plus jeunes et plus beaux.
Les fragmens de Mimnerme se trouvent dans les collections de Henri Etienne Qrsini, Winterton, Brunck, Gaisford , Boissonnade.
Une branche de poésie qui prit encore naissance dans cette période est le Scolie , aXOAJOV oarpwc. L'ex-
------------------------------------------------------------------------
plication de ce mot abeaucoup tourmenté les grammairiens ; aussi Hésychius, Eustathe , les scholiastes d'Aristophane, Proclus et Plutarque ne sont-ils pas d'accord sur ce point. Ce qui est hors de doute, c'est que les scolies étoient dans l'origine des chansons populaires et des chansons de table ; il est encore évident que ce nom indique quelque chose d'irrégulier, ou, comme disent les grammairiens, quelque chose de détourné ou d'oblique : en effet, le chant scolien étoit .opposé au chant régulier ~( vdpoç opQioç). Mais en quoi consistoit soit cette irrégularité, soit cette obliquité? D'après Suidas, les Grecs avoient trois sortes d'airs de table : d'abord tous les convives, formant chorus, chantoient en l'honneur de quelque divinité un péan qu'accompagnoit la cithare ; après quoi on présentoit l'instrument au convive qui occupoitla première place, ou qu'on vouloit distinguer ; on l'invitoit à chanter à son choix quelque morceau de Simonide, de Stesichore , d'Anacréon ou de tel autre poëte qu'il préféroit. Après avoir ainsi contribué aux plaisirs de la société, ce convive remettoit la cithare à son voisin, avec invitation de suivre son exemple, et ainsi cet instrument passoit de main en main. Si quelque convive ne savoit pas en jouer, il chantoit sans accompagnement, tenant à la main une branche de myrte, plante qui ne manquoit à aucun banquet grec. Telle étoit la seconde manière de chanter. La troisième, plus artificielle, exigeoit absolument l'accompagnement de la cithare, et il
------------------------------------------------------------------------
paroît qu'elle demandoit aussi un chanteur exercé.
Comme le nombre des artistes étoit naturellement borné, et que ceux qui assistoient à un banquet étoient assis quelquefois à côté de personnes moins habiles, il en résultait, dans l'ordre des chants, une espèce d obliquité. Le convive qui s'étoit-acquitté de son devoir en chantant quelques couplets, présentoit la branche de myrte ou de laurier à un ami qu'il savoit en état de continuer. Celui-ci reprenoit la chanson où le premier l'avoit laissée, et après avoir à son tour régalé la société de quelques couplets, il remettoit la branche à un troisième, et ainsi de suite. Avec le myrte on présentoit au chanteur le bocal qui, d'après cet usage , est nommé (o$oç. Or on appeloit scolie l'espèce de poëme qu'on récitait de cette manière. Telle est l'explication que nous donne Suidas.
Plutarque, au contraire , nous apprend 1 que le chant des scolies étojt accompagné des sons- de la lyre ; que cet instrument étoit présenté à chacun des convives, et que ceux qui ignoroient l'art de 4e marier avec la voix, pouvoient refuser de l'accepter: de là, ajoute cet écrivain, le scolion a été nommé ainsi parce qu'il n'étoit ni général ni facile.
Il ajoute sur-le-champ une seconde explication, d'après laquelle la branche de myrte alloit de lit en lit, de manière que le premier convive -du premier lit l'envoyoit à celui qui tenoit la même place
1 Sympos. lib. I. Qu. i, p. i cg2 Steph. (vol. VIII, p. 42G, Reisl. )
------------------------------------------------------------------------
au secondait ; celui-ci au premier du troisième lit; -de là elle retournoit au premier lit; celui qui y occupoit la seconde place, après s'être acquitté de son devoir, engageoit le second du deuxième lit à suivre son exemple, et ainsi de suite. C'est de la variété et de l'obliquité de cette espèce de manœuvre que, d'après Plutarque, les airs de table ^ingi chantés s'appeloient scoliens
Nous craignons bien que nos lecteurs ne soient peu satisfaits de ces différentes explications ; on est en effet tenté de lés régarder comme des subtilités imaginées par les grammairiens d'Alexandrie. Elles partent toutes de la supposition que le mot de GY.O)MV indique quelque chose d'oblique; mais nousl'avons déjà remarqué, ce chant étoit opposé au voj\ioç vpSioç ou chant régulier le scolion étoit donc tout simplement un chant irrégulier. En quoi consistait son rrregularité ? On n'a qu'à jeter un coup d'oeil sur les divers scolies qu'Athénée nous a conservés à la fin de son quinzième livre, pour s'apercevoir que l'irrégularité étoit toute entière dans la liberté du mètre qui étoit le privilège du scolie.-il la devoit à sa destination primitive, qui étoit de se conserver dans la bouche du peu-pie*.,
1 Voy. De la Nauze, Mém. sur les chansons de l'anc. Grèce , dans les Mem. del'Acad. des 'Inscript., roi. IX, p. 315. Remarques de Burette sur le dialogue de Plutarque, touchant la musique, dans le même recueil, vol. XV, p. 311 ; et pricipatement C. D. flgen, 2xohct, h. e. caimina convivalia Græcorum, metris suis resiituta et animadversion bus illusr trata. Jenœ, 179b , in-8°.
s Quoique celLa explication soit. contredite par Suidas , Plularque et
------------------------------------------------------------------------
^es scolies pe célébraient pas seulement les plaisirs du "fin et les jouissances de la table. Souvent ils traitoiept <~es sujets plus sérieux et s'élevoient à la louange des dieux. Ils ne cessèrent toutefois pas d'être des chansons populaires, et l'on continua d'appeler ainsi celles par lesquelles on égayoit les travaux de la yie civile ou domestique. C'est ainsi qu'il y eut des chansons de bergers , de moissonneurs , de meûpiers , de tisserands y de nourrices , appartenant toutes au genre de scolies 1.Le plus ancien auteur connu de scolies , ou, d'après un passage de Plutarque y l'inventeur d'une musique convenable pour ce genre 2, est TERPANIERE
Athénée, elle mérite peut-être la préférence par sa simplicité." Voyez H, H. Cludius von den Skolien der Griechen, clAus Biblioth. der altcn Litleratur und Kunst, no i, p. 54. -
1 Voici les dénominations de quelques-uns de ces genres de poésies : nt 1/01, chants des tisserands, ~irrtç-cxà ou rrrsupal , chansons de ceux qui broyoient le fropient pour le réduire en farine; ~Aum'paoci, les chants des moissonneurs; ils étoient ainsi nommés .en commémoration de Lytiersse, fils de Midas , roi de Phrygie, qui avoit coutume de forcer ses convives à moissonner ses champs ; tfjwua, chants de ceux qui puisoient de l'eau; Éirtf/Ajiia, des meuniers; ~ÈpeTtxà, des rameurs ; TroifiEVtxoc , des bergers; Bovxohd^o) , des vacbers; trjSca-nxa, des pâtres; e'!r( , de ceux qui pressoient le vin ; jappai , des laboureurs ; 'X('J.'t'Cf.bC(VXrt.À'¡)crw;, des nourrices. On nommoit 'u),oyv'p[zot, les chansons par lesquelles on déploroit quelque malheur ; ~xaXuxcti et àpiraXiixat étoient des chansons, les premieres pour les femmes mariées , les autres pour Jes vierges, en commémoration d'une certaine Cçtlycé chaulée par Slésichore , et d'Harpalycé, qui l'une çt l'autre avoient péri victimes d'une passion malheureuse. iQviTiç ao-px é;oit une chanson d'escarpolette. Les chansons des meijdiaus sont nommées elptiriiàVOLI f xtXi^ctfvt'crfAaTa , xopom'cpaeia.
1 Yoy. Pc mnsica, vol. X. p. 680 Reisk. Plutarque cite son autorité: c'est Pindare.
------------------------------------------------------------------------
d'Antissa dans l'île de Lesbos, qui vécut vers 670 avant J. C. Il perfectionna, dit-on, la manière de réciter les vers d'Homère : on lui doit l'invention du barbiton et de la lyre à sept cordes , Ai5pa 1 Q.' iiTTacpSoyyr).
Après lui on cite dans cette période une Lacédémonienne, CLITAGORAS ; un certain TÉLAMON , si toutefois ce ne fut pas plutôt le titre d'un scolie que le nom d'un poète 1, et ARCHILOQUE, sur lequel nous allons revenir.
Il nous reste un scolie d'HYBRIAS de Crète: c'est l'expression naïve de l'insolence d'un soldat qui se croit le maître de la terre, parce qu'il porte une épée. Nous avons un autre scolie, qui est un péan à
la Santé, par ARIPHRON de Sicyone, et enfin une espèce d'invective ou de boutade contre Plutus, l'auteur de tous les maux dont souffre l'humanité, par TIMOCRÉON de Rhodes. Ce poëte , contemporain de Simonide , étoit un vigoureux athlète et renommé pour sa gourmandise , ainsi que nous le voyons par une épigramme de Simonide qui se trouve dans l'Anthologie et dans Athénée :
1 ATHÉNÉE , Deipn.-XI, p. 5o4, cite un passage d'Antiphaue, le poète comique, ou l'un des interlocuteurs dit à un autre : Ne chante pas, je te prie, une de ces chansons qui courent les rues , tels que le Télamon, le Péan ou l'Harmodius. Il est probablement question du Péan d'Hybrias, et de l'Harmodius de Callistrate : le Télamon est donc, ici au moins, le titre d'une chanson.
------------------------------------------------------------------------
« Ci-gît Timocrate de Rhodes, qui a beaucoup bu, « beaucoup mangé, beaucoup médit. » On lit dans Plutarque une épigramme mordante que Timocréon fit contre Thémistocle. --t C'est Athénée qui nous a conservé les deux morceaux d'Hybrias et d'Ariphron; le premier, au livre XV, p. 695 ; l'autre, p. 702. Fréd. Morel publia le péan à la Santé , avecdeux autres hymnes en l'honneur de la même déesse et d'Esculape, qui sont attribués à Orphée, sous le titre d'Orphei et Ariphronis hymni in Æsculapium; Paris. 1615, in-S'°.; Il se trouve aussi dans le recueil de Mich. Maittaire.
Le scolie de Timocréon nous a été conservé par le scholiaste d'Aristophane. On le trouve dans le commentaire de Casaubon sur Athénée, et dans les notes de M. Schweighœusor. À
La branche de poésie à laquelle fut particulière..!.
ment affectée l'épithète de lyrique, fleurit surtout dans les contrées habitées par des colonies é oli ennes et doriennes : elle fut propre à ces deux races., et les poëtes lyriques chantoient en dialecte éolien ou dorien, comme les élégiaques s'astreignirent à celui des Ioniens.
Le plus ancien poëte lyrique dont nous trouvions une trace, est THALÉTAS d' Elyrum en Crète,.
contemporain de Lycurgue 1. Celui-ci le trouva
1 Suidas connoît un second Thalétas de Crète, na rhapsode, natif de Cnossus ; Pausanias parle de Thalétas de Gortyna. Ces trois individus ne furent probfiblemént qu'un seul : néanmoins Ed. Simson ( Chron. Cathol. ) admet deux poëtes de ce nom', l'un contemporain de Lycurgue, l'autre d'Archiloque..
------------------------------------------------------------------------
dans l'ile cte Crète et l'engagea à aller se fixer à Sparte. cc Il y avoit alors en Crète, dit Plutarque ', un homme, renommé par sa sagesse Pl sa science politique, à qui Lycurgue persuada, par des prières et par ses témoignages d'amitié , d'aller s'établir à Lacédémone. Il se nommoit Thalétas et étoit poëte lyrique ; màis en ne paroissant composer que des pièces de chant, il se conduisoit réellement en habile législateur. Toutes ses odes étoient autant d'exhortations à l'obéissance et à la concorde, sou, tenues du nombre et de l'harmonie. Pleines à la fois de douceur et de véhémence , elles adoucisSoient insensiblement les esprits des auditeurs, leur inspiroient l'amour des choses honnêtes et faisoientcesser les haines qui les divisoient. Il prépara ainsi en quelque sorte les voies à Lycurgue pour l'instruction des Lacédémoniens. » Aussi Aristote et Strabon donnent-ils à Thalétas la qualité de législateur; le premier dit que Lycurgue fut son discif le a ; l'autre l'appelle un œjrtp ç xa1 vofioSsrtxdç 3. Il est * souvent question dans le Traité de la Musique de Plutarque, des inventions que cet art lui doit, et des chants ainsi que des nomes qu'il introduisit à Lacédémone, nommément pour la fête des Gymnopédies où deux chœurs de danseurs nus; l'un de jeunes gens, l'autre d'hommes faits, chantoient les poésies lyriques de Thalétas et d'Alcman, ainsi que
1 Vie de Lycurgue > traduction de Ricard.
3 Polit. II., c. 10.
5 Strabo, X, 482. (Ed. Tzschuçl., vol. IV, p. 391)..
------------------------------------------------------------------------
les péans de DIQNYSOPOTE , poëte lacédémonien qui ne nous est connu que par le passage d'Athénée où il est question de ces Gymnopédies Plusieurs autres écrivains de l'antiquité parlent des changement que Thalétas introduisit dans la musique.
Environ un siècle après Thalétas2 fleurit ARCHILQQUE de Paros, fils de l'esclave Enipo et de Télésiclès, un des citoyens les plus considérés de cette île. Ce poëte a employé préférablement le vers ïambique : car, si l'on dit communément qu'il l'inventa, cela paroît peu conciliable avec le degré de perfection auquel ce mètre est porté dans les productions d'Archiloque. D'ailleursle vers ïambiqueparoît si naturel àla langue grecque ; il coule tellement de source, qu'on a de la peine à se persuader que ce rhythme soit moins ancien que l'hexamètre qui est beaucoup plus artificiel, et nous avons vu -5 en parlant du Margitès d'Homère , que ce petit poëme renfermoit quelques vers ïambiques. Il est donc probable que si l'invention des ïambes est attribuée à Archiloque par les anciens, il s'agit moins d'un rhythme que d'un genre de poésie. Mais quel est ce genredont Archiloque fut l'auteur ? On ne nous l'apprend pas ; on dit seulement que ses ïambes ressembloient aux traits satiriques d'Aristophane r et
1 XV, p. 682. ( Ed. Schweigh, V, p. 470 ).
s La naissance d'Archiloque répond à peu près à l'an 700 av. J.-C. Voy.
Recherches sur la vie et sur les ouvrages d'Archiloque , par l'atjaé Sevin dans lea Mém. del'Acad. des Inscr. et Belles-Lettres, vol. X, p. 56.
------------------------------------------------------------------------
Horace se vante de les avoir imités dans ses Epocles.
Parcos ego primus iambos Ostendi Latio, numéros animosque secutus Archilochi *.
Cette imitation s'étendoit donc à la fois au mètre ( numéros ) et à l'esprit satirique ( animos), et nous pouvons nous faire une idée des originaux, d'après les copies que nous possédons.
Archiloque a été généralement regardé par les anciens comme un des plus grands poëtes que la Grèce ait produits. Cicéron voulant désigner les plus beaux génies en divers genres, nomme Homère , Archiloque, Sophocle et Pindare 3. Nous pourrions alléguer d'autres témoignages des' anciens , mais une seule observation peut tenir lieu de tous : c'est qu'il faut bien que sa supériorité ait été g é néra l ement reconnlie, été généralement reconnue, pour que dans une épi..
gramme conservée par l'Anthologie , l'empereur Adrien ait pu dire que les Muses, craignant pour la gloire d'Homère , inspirèrent à Archiloque l'idée de chanter plutôt en ïambes. Anacréon, Eschyle, Cratinus et Aristophane parmi les Grecs, Horace parmi les Romains, l'ont fréquemment imité.
Les circonstances que les anciens nous rapportent de la vie d'Archiloque paroissent en grande partie fabuleuses. n. est certain que jeune encore, quoique sorti de l'âge de l'enfance, il accompagna
1 Lib. I, Ep. 19, v. 23.
sOnt. c. J. ,
------------------------------------------------------------------------
son père qui, l'année 720 avant J.-C., conduisit une colonie parienne à Thasos, et que sa vie fut une suite de malheurs qui paroissent avoir - exaspéré son caractère , et donné à sa poésie cette sévérité que les anciens lui attribuent. Parmi les historiettes qu'on débite sur son compte, la plus connue est celle de la vengeance qu'il doit avoir exercée contre une maîtresse infidèle , nommée Néobule : il flétrit, dit-on, l'honneur de cette fille, par des vers calomnieux, et la poussa à un tel point de désespoir qu'elle termina sa vie par la corde. Lycambus, père de cette infortunée, la suivit au tombeau.
Toutes ces anecdotes scandaleuses paroissent avoir été inventées dans les temps postérieurs, et le scholiaste d'Horace remarque que Néobule ne se tua pas à cause des vers d'Archiloque ; mais que ce fut la mort funeste de son père qui la porta à cet acte de désespoir Ce qui est certain ?
parce qu'il l'avoue lui-même dans des vers qui nous restent, c'est que dans une bataille que les Thasiens livrèrent à un peuple de Thrace , Archiloque se sauva par la fuite en jetant son bouclier. Cette foiblesse ou cette lâcheté lui attira un affront sanglant; étant arrivé à Sparte, il reçut l'ordre par les magistrats de quitter sur-le-champ cette ville. 11 fut tué, dit-on , dans une bataille, par un certain Callondas de Naxos.
Les anciens attribuent à Archiloque l'invention
* Vid.. HORAT. Epod. VI, 13.
------------------------------------------------------------------------
d'un grand nombre de mètres sur lesquels on peut consulter le grammairien Victorinus 1. Plutarque dans son Traité sur la Musique, rapporte tout ce que cet art lui doit a. Ses poésies, parmi lesquelles on vante surtout un Hymne en l'honneur d' Hercule , hymne qu'il avoit chanté lui-même aux jeux olympiques , faisoient l'admiration des Grecs. On célébroit l'anniversaire de sa naissance, comme on fai soit pour Homère. Les rhapsodes récitoient également ses poésies,comme celles du chantre de l'Iliade.
On blâmoit généralement aussi bien l'amertume qui régnoit dans ses vers , que leur indécence , et c'est probablement à ce défaut qu'il faut attribuer la perte de ses ouvrages dont nous n'avons que les vers qui se sont conservés par des citations dans les écrits d'Athénée, de S. Clément d'Alexandrie , de Stobe'e, desscholiastes, etc. Si les anciens parlent des fables dArchiloque , ce n'est pas qu'il ait publié un recueil d'apologues, "mais c'est parce qu'il avoit l'habitude de donner de la vie et du mouve-
1 VICTORINUS dit ( L. IV, 2588, éd. de Putsch): <(. Adeo fecuudus varietate carminum et singularis artificii iu excogilandis novis metris hic auctor est, ut et ceteris vatibus immutationis suse in componendis metris observautiam parem studiosa acmulatione piaesliterit. Nam plerique sequentis asvi informationibus et quibusdam vils auctore Archilocho varias numerorum species et ipsi commenti postcris tradiderunt, unde immemorabilis iticomprehensibilisque vemt in manus copia. » Parmi les inventions d'Archiloque se trouve l'Epode , espèce de vers mr lesquels il fau t consulter la dissertation de M. Vanderbourg, dans sa traduction des Odes d'Horace, vol. II.
1 Voy. aussi le Mémoire de Burette, ou ce traité dans le vol. X de, ME M. de l'Acad, des Inscr.
------------------------------------------------------------------------
ment à Bel; ïambes , en y mêlant ce genre de composition. C'est par suite d'un malentendu qu'on a cru anciennement qu^Archiloque avoit écrit un ouvrage d'histoire et de chronologie : cette opinion erronée a engagé le fameux faussaire Annius de Viterbe à fabriquer, sous le nom de ce poëte , un traité sur les Temps.
Les fragmens d'Archiloque ont été recueillis par Henri Etienne et Froben, dans ieurs coneerions, et par Brunek, dans les Analecta. Un professeur de Vienne, M. Ignace LieBel, en a fait un recueil plus complet, accompagné d'un commentaire critique. Il a paru à Leipzig en 1812, et augmenté en 1819 , in-8°.
La poésie erotique est une des^branches de la lyrique , - qu'on. cultiva dans cette période avec un succès brillant.
ALCMAN ou ALCMÉON de Sardes en Lydie, ou peut-être né à Sparte d'une esclave lydienne, car il vécut dans cette ville et est nommé par Suidas, Lacédémonien de Messoas (un des cantons de la Laconre ) , fleurissait "670 ans avant J.-C. Il est regardé comme le père de la poésie érotique (ipcorcxàc pl)"Yj). La plupart de ses ouvrages étoient du genre de ceux qu'on appeloit Parthênies, ou éloges des filles. Un recueil de chansons d'Aleman , en six livres, faisoit les délices des anciens. Elles étoient écrites en dialecte dorique , et les Spartiates les
1 Alcmona Laconcs falso sibi vindicant) dit VELLElUS PATERCULUS , lîb. I, c. 18.
------------------------------------------------------------------------
chantoierit à table avec les chansons de Terpandre.
Son nom même, qui étoit proprement Alcméon, AAxpxicov, prit la terminaison dorique et fut changé en Alcman. Ce poëte partageoit sa vie entre les plaisirs de la table et ceux de l'amour. Il mourut de la maladie pédiculaire. Il ne nous reste que des fragmens de ses poésies.
.Les fragmens d'Alcman-se trouvent dans les recueils de Henri Etienne et Orsini. M. Ferd.-Théoph. Welcker en a publié une collection plus complète, Giessen, 1815, in-8".
ALCÉE de Mitylène fleurit soixante ans après Alcman. Ayant aidé Pittacus à délivrer sa patrie des tyrans qui l'opprimoient, il se brouilla avec cet ami , lorsque les Mityléniens remirent entre ses mains l'autorité absolue, dont ils espéroient que ce sage n'abuseroit pas. Alcée ayant déchiré Pittacus dans des vers virulens, le prince le chassa de Mitylène , lui et tous ses adhérens. Ils formèrent alors un parti, et essayèrent de rentrer par force dans leur patrie. Ils succombèrent dans l'entreprise, et Alcée tomba entre les mains du vainqueur qui, se rappelant plutôt leur ancienne amitié que le mal que ce fier républicain lui avoit fait, lui fit grâce de la vie et de la liberté.
Dans ses Odes, Alcée traitoit des sujets fort variés. Tantôt il invectivoit contre la tyrannie, déplorant les malheurs dont il avoit été frappé et les ennuis de l'exil; et l'on peut supposer que les vicissitudes de la fortune qu'il avoit éprouvées dans.
------------------------------------------------------------------------
une vie agitée, donnèrent à ses poésies la teinte grave et patriotique que les Romains admirèrent surtout'. Tantôt montant sa lyre sur un ton plus gai, il célébroit Bacchus, Vénus, et les jouissances que ces deux divinités accordent aux mortels pour les consoler de leurs peines.
Ses poésies étoient - écrites en dialecte éolien.
Denys d' Halicarnasse loue le grandiose,~ [j.eyxÀocpveç, et la concision de son style, la clarté de ses images.
Il l'appelle un poëte admirable. On sait qu'Horace l'a souvent imité, quelquefois traduit. Aristarque et Aristophane de Byzance avoient fait des éditions de ses oeuvres, dont il ne nous reste que des fragmens; car l'hypothèse de M. lnier$ch qui lui attribue la 29e idylle de Théocrite, ne paroît pas pouvoir se soutenir2.
Les fragmens d'Alcée se trouvent dans les collections de Henri Etienne et de Fulvio Orsini. Chr.-Dav. Jani, un des éditeurs des Odes d'Horace, publia de 1780 à 1782 trois Prolusiones, renfermant ceux des fragmens d'Alcée que le poëte latin a imités. En 1812, M. Stange réunit ces opuscules dans un volume qui parut à Halle sous le titre d'Alcaei poëtae lyrici fragmenta, Une collection. plus complète il été insérée dans le Museum criticum de Cambridge, vol. i, p. 492. Elle est de M. Blomfield.
SAPPHQN de Lesbos fut contemporaine d'Alcée.
.1 C'est à tort qu'ou lui a attribué le Scolie sur Harmodius et Aristogiton , puisqu'il est antérieur à ces deux jeunes, enthousiastes.
2 Voy. Fr. Thierschii Specimen editiouis Symposii Platonici. Gœtt. ,
1808, w-4o, et A- Matthias de carminé Theocriteo XXIX. Altenbwgii.
18151. in-4a. -
------------------------------------------------------------------------
l'histoire ~j~e femme célèbre a été mêlée de l'histoire~ elle-même a été l'objet des calomnies les plus atroces : mais, comme le remarque l'auteur du Voyage du jeune Anacharsis, tout ce qu'on raconte des mœurs dissolues de Sapphon ne se trouve que dans des écrivains fort postérieurs au temps où elle a vécu. Le célèbre Visconti pensoit que les grammairiens et les lexicographes qui nous ont conservé ces ipfamies, ont confondu deux femmes du même nom, dont l'une, qui a vécu du temps d'Alcée, a été un des grands poëtes de l'antiquité, tandis que l'autre, beaucoup moins ancienne , a été cette fameuse courtisane qui a fini sa vie en se précipitant dans la mer'.
Peut-être aussi tous les bruits injurieux à la réputation de Sapphon doivent-ils être mis sur le compte des poëtes de l'ancienne comédie, portés à couvrir de ridicule la passion tragique d'une femme dont les ouvrages, écrits en dialecte éolien, prêt oient à la plaisanterie attique2.
Sapphon de Lesbos étoit l'épouse de Ceroolos dont elle eut une fille qui, dans un de ses fragmens est nommée Oeis ~( KAetç). Elle composa des poésies lyriques dont il a existé neuf livres, des Elégies, des Hymmes, des Hexamètres. L'admiration que
1 Iconographie grecque, vol. I, p. 5o de l'édition in-4°. Avant V^sconti, on a voit déjà distingue deux Sapphon, l'une de Lesbos, l'autre d'Ere trie. Voy. ÆLIANI V. H. XII, 19.
2 Voy. Fr. G. Welcker Sappho , von einem herrscbenden Vorurtheii hefreyt. Geemagen, 1816, in-So.
------------------------------------------------------------------------
ces ouvrages inspiroient étoit universelle parmi les anciens y ses contemporains la poussèrent jusqu'au dernier degré de l'enthousiasme, et virent dans cette femme un être extraordinaire : les Lesbiens placèrent sur toutes leurs médailles son image comme celle d'une divinité.
Sapphon avoit réuni autour d'elle une troupe de jeunes filles de Lesbos, qu'elle instruisoit dans la musique et la poésie. Elle en étoit révérée comme une bienfaitrice. Cette institution a été le prétexte des-calomnies qui ont terni sa réputation. Parmi ses compagnes, Sapphon chérissoit surtout DAMOPHILE de Pamphylie, qui, à son exemple, fit des poésies érotiques et -des hymnes à Diane, et s'occupa de l'instruction de jeunes filles. ANAGORE de Milet étoit une autre des compagnes favorites de Sapphon.
On a prétendu qu'Alcée et Anacréon avoient aimé cette femme célèbre ; mais de tout ce qui a été rapporté de ses prétendues amours, le seul fait avéré est sa passion malheureuse pour le jeune Phaon. Elle l'exhala dans des vers que Plutarque compare aux oracles que prononce la Pythonisse, lorsque le dieu qui s'est emparé d'elle parle par sa bouche 1. Les vers de Sapphon qui nous restent confirment ce jugement -et justifient com plètement l'admiration de l'antiquité. Denys d'Halicarnasse nous a conservé sa beile Ode à Venus; une seconde,
1 Amator. Vol. IX, p. h , ed. Reiske.
------------------------------------------------------------------------
plus parfaite encore, est rapportée par Longin, dans son traité du Sublime. Boileau l'a traduite en beaux vers françois. Indépendamment de ces deux morceaux, il ne reste de Sapphon que.quelques épigrammes et des vers détachés.
Les fragmens de Sapphon se trouvent dans les collections de Henri Etienne, de Commelin et d'Orsini, ainsi que dans plusieurs éditions d'Anacréon. J.-Chr. Wolf les a recueillis avec le plus, grand soin, et publiés séparément, à Londres, 1733, in-4°. Brunch les a fait passer au creuset de la critique pour les placer dans ses AnaJecta. En 1816, M. H.-Fr.-M.
Yolger les a fait réimprimer séparément en un vol. in-8°, surchargé d'excellentes notes. L'édition la plus critique de ces .poésies est celle de M. Blomfield, qui se trouve au volume 1 du Muséum criticum or Cambridge classialresearches, 1814, in-8°.
Alcman, Alcée et Sapphon ont donné leurs noms à des mètres particuliers.
Un disciple du premier, ARION de Methymne, est devenu célèbre par le récit qu'Hérodote fait de sa conservation miraculeuse par un dauphin. On lui attribùe l'invention du dithyrambe et du genre trao ( , , )C ,. , A' gique ~(Tpocyixoç TpoTToç ) Ce n'est pas qu'avant Arion on n'ait pas connu le dithyrambe ou cette espèce d'odes pleines d'enthousiasme qui étoient chantées par des choeurs nommés x6xX 101, parce qu'ils dansoient autour de l'autel de Bacchus. Le dithyrambe faisoit originairement partie du culte de ce Dieu qui, de l'Orient, fut porté par la Thrace en Grèce; mais Arion est nommé l'inventeur de cette poésie
------------------------------------------------------------------------
parce que le premier il lui a donné une tonne régulière. Quant au genre tragique , dont il est également nommé l'inventeur, comme il ne s'agit pas ici d'une pièce de théâtre, on voit qu'avant la tragédie de Thespis il existoit une tragédie lyrique qui étoit un simple chant sans action , ou , pour dire la même chose en d'autres termes , n'avoit rien de dramatique.
Elien nous 1 a conservé deux morceaux d'Arion , mais qui probablement sont beaucoup plus modernes. L'un est un hymne à Neptune pour lui rendre grâce de la conservation de sa vie ; l'autre est l'inscription d'un monument qu'il avoit érigé à Tenare. Arion a vécu 625 ans avant J.-C.
Les deux morceaux conservés par Elien ontété places par Brunch dans ses Analecta.
Après ces poètes1 ueurit SiMONîDE RAmo/gos 5 aïeul d'un poëte du même nom, qui le surpassa en célébrité et dont on le distingue par l'épithète d'iambographe. On lui attribue un fragment que Sto bée nous a conservé; c'est un morceau satirique , recommandable par sa simplicité et son clegahcc. Il est intitulé des Femmes, yjvarxoov.
Ce morceau se trouve dans les collections, de Winterton, Brunck et Gaiiford, et a été publié' séparément par' Kœler, Gœltingen, 1781 , in-81.
1 Hist. nat.. XII, 45.
1 L'époquc de Simonide est fixée par la Chronique de Paros, qui le fait mourir ktfinns av. J.-C.
à Une des îles Sporades.
------------------------------------------------------------------------
, -: J CHAPITR~ VI.
, CHAPITRE VI.
Dp quelques législateurs célèbres de cette époque. -De finveation „ de l'art d'écrire en prose.
U~RAN'E cette période , la législation fit un grand pas versson perfectionnement. Dans les petites républiques qui couvroient le sol de la Grèce, il se présenta plus- d'une occasion où l'intervention d'un chef de gouvernement ou 'd'un homme renommé par sa sagesse^ devint nécessaire pour fixer sur de nouvelles bases les droits et les devoirs des citoyens.
Plusieurs cités recurent: des constitutions qui ne contribuèrent pas peu par la suite à faire monter quelques-un,de ces.états au faîte de la grandeur.
Les lois que L YCqRG-UE donna à -Lacédémone ne fur entamais rédigées par éçrit • aussi les nommoiton des ora;cles, pr-pcti. Dracoh fut le premier législateur d'Athènes .Ses lois furent, jugées trop sévères. Celles <le Zalêucus et de Charondas 5 eurèht polif^fincipal'objet le maintien des moeurs dans des états ou le luxe et la corruption commenda ns étei états o ù çoient déjà à se manifester. Le premier fut le légis-
1 8S6 ans avr J.-C.
* 624 ans av. J.-C.
■S 660 ans av. J.-C.
------------------------------------------------------------------------
lateur des Locriens d'Italie , qu'on dOtJunoit Epizréphyriens, et le second des Catanéens. Stobée nous a conservé les prologues des lois dé Zaleucus et Charondas L'un et l'autre commencent par établir la nécessité d'une religion dans un état bien' gouverné : telles étoient les professions que des législateurs païens placèrent à la tête des chartes qui établissoient les devoirs des citoyens.
La célébrité de ces trois hommes d'état fut moins grande que celle qu'acquit SôLoN, le législateur d'Athènes: il commence pour nous une ri duvelle époque. 1 La liberté politique dont jouissoient les peuples de la Grèce influa nécessairement sur leur langue.
Les discussions publiques auxquelles tout citoyen d'un état ire peut pr d'un état populaire peut prendre part, firent naître' l'éloquence ; on sentit de bonne heure l'avantage que donnoit le talent de bien parler, vrai et unique moyen pour parvenir au pouvoir et satisfaire l'ambition aussi bien que l'avidité. Ce nouvel art polit et perfectionna un idiome naguère sorti de la barbarie.
L'écriture destinée à conserver la mémoire des productions littéraires , facilitée par la découverte de matériaux propres à y tracer des caractères, se répendit en Grèce vers la fin de cette période. Elle donna lieu à une autre découverte qui caractérise cette époque : jusque-là on n'avoit pas pensé qu'on
1 Sermon. XCII.
------------------------------------------------------------------------
pût parler au cœur des hommes sans employer le langage de l'imagination; et on ne connoissoit d'autres ouvrages d'esprit que la poésie. Ld philosophe PHÉRECYDE de Scyros et l'historien CADMUS de Milet, dont il sera question par la suite , firent les premières tentatives de parler le langage du raisonnement, d'écrire en un mot en prose (ireÇoç Aoyoç); mais pendant long-temps cette prose même fut une espèce -de poésie affranchie seulement des lois de la versification, et le passage dè l'une à l'autre se remarque dans quelques écrivains qui s'illustèrent au commencement de la période où nous allons entrer.
*
m
------------------------------------------------------------------------
LIVRE TROISIÈME.
Histoire de la Littérature grecque depuis la législation de Solon jusqu'au règne d'Alexandre-le-Grand; de 594 à 336 ans avant J.-C. — ÉPOQUE BRILLANTE DE LA LITTÉRATURE GRECQUE ; Athènes en est le siégeK
'- —GGJG' — CHAPITRE VII.
De l'état de la Grèce. — Origine du dialecte attique. -,Inscriptiou,s, de cette époque.
L'ASIE-MINEURE et les îles qui lui appartiennent avoient été le principal théâtre de la littérature grecque jusqu'à l'époque où Solon prépara par sa législation la grandeur d'Athènes : dès lors la Grèce européenne proprement dite, ainsi que la GrandeGrèce et la Sicile, partagèrent cette gloire avec les contrées qui avoient vu Homère et son-école.
Les Grecs étoient divisés en un grand nombre de tribus et d'états indépendans , foiblement réunis, par les seuls liens d'une origine, d'une langue et d'une religion communes ; par des jeux solennels auxquels toute la nation prenoit part ; par le conseil des Amphictyons qui formoit en certains momens une espèce de centre politique •_ par le souvenir de ces expéditions ëntreppises au
------------------------------------------------------------------------
moyen des forces combinées de tous; enfin par cet orgueil national qui étoit flatté de se parer de ce que l'histoire de chaque peuple en particulier offroit de plus glorieux. Les guerres des Perses apportèrent quelque changement à cet état des choses; le danger.obligea les différentes petites républiques à réunir leurs forces pour les opposer à un ennemi qui menaçait l'indépendance générale.
Les succès qu'ils obtinrent dans cette lutteportèrent leur pays au plus haut degré d'illustration.
Athènes donna d'abord un exemple mémorable de l'instabilité de toutes ces constitutions qui, au lieu d'être sorties de la succession des temps, sont l'ouvrage des hommes, et au lieu d'être gravées dans le cœur des citoyens , sont imprimées à leur mémoire par le secours de l'écriture Le premier ambitieux renverse des lois qui n'ont pas pris racine dans des institutions politiques, dans les mœurs des citoyens, dans leur éducation. A peine promulguée, la législation de Solon, chef-d'oeuvre de l'esprit philosophique , fut ébranlée. par Pisistrate ; ou plutôt ce chef de parti connut et pratiqua l'art de régner en maître à la faveur de lois toutes populaires.
Après l'expulsion de sa famille, les élémeps démocratiques qui, dans la législation de Solon, balancolent le pouvoir aristocratique, prirent le dessus et renversèrent les barrières salutaires que ce philosophe avoit voulu opposer au despotisme toujours absurde de la multitude, Clisthènes, chef de la faction populaire ? opéra ce changement, 509 ans
------------------------------------------------------------------------
avant J.-C. Athènes fut alors agitée de ces troubles qui sont inséparables de la liberté et qui, dans un petit état, peuvent favoriser l'élan du génie. Sous l'administration du vertueux Aristide et surtout sous celle de l'entreprenant Thémistocle qui lui créa une marine , elle se mit à la tête de la confédération hellénique. Sous le gouvernement brillant de Péricles, cette ville parvint au faîte de la grandeur.
La vivacité naturelle des Athéniens, l'habileté avec laquelle ils surent s'emparer des inventions d'autrui, et les perfectionner, l'aménité de leurs mœurs, leur industrie active, et les richesses que leur procura le commerce maritime; enfin, la pompe de leurs fêtes politiques et religieuses et l'encouragement qu'ils accordèrent à tous les arts , firent regarder à cette époque Athènes comme le centre du monde civilisé , et le foyer des lumières.
En effet, tandis que dans les autres états de la Grèce les lettres étoient sans récompense et sans honneurs , parce que l'ambition de leurs habitans ne connoissoit rien de plus noble que le prix que l'agilité et la force corporelle remportoient dans les jeux solennels , les Athéniens seuls paroissoient sentir qu'il pouvoit exister une plus belle lutte , celle des talens et du génie. A Athènes, l'éloquence conduisoit au pouvoir ; là seulement on voyoit les plus illustres citoyens prendre part à des concours poétiques qui leur promettoient des couronnes non moins brillantes que les victoires remportées aux jeux nationaux, et même sur le champ de bataille.
------------------------------------------------------------------------
La perfection à laquelle cette émulation porta l'art dramatique, influa de la manière la plus heureuse sur l'esprit et sur le goût du peuple ; les honneurs dont étoient comblés les vainqueurs, excitèrent l'étinoelle du génie et formèrent cette succession de poëtes dramatiques du premier ordre, à laquelle rien ne seroit comparable , si la France, au siècle d'or de sa littérature, n'avoit renouvelé ce phénomène. Pendant qu'Athènes brilloit de tout l'éclat qui entoure les beaux-arts, l'Ionie qui en" avoit été le berceau , tomba dans une décadence absolue.
Théâtre des guerres entre les Grecs et le Grand Roi, elle vit ses villes dévastées, ses monumens détruits, ses citoyens massacrés ou emmenés en oaptivité. Les Muses abandonnèrent un sol où l'on n'entendoit plus que le cliquetis des armes. Ce fut en vain que le grand Cimon donna une liberté éphémère 1 aux villes grecques de l'Asie*-Mineure ; elles ne surent ni en jouir ni la conserver. La période de L'illustration et du bonheur étoit passée pour ne plus revenir.
Personne ne pouvoit disputer aux Athéniens le uang de premier peuple du monde sous le rapport des lettres et des arts : cette gloire ne suffisoit pas à leur ambition, s'ils n'étaient: en même temps le premier peuple de la Grèce sous le rapport de la puissance. Les efforts qu'ils firent pour maintenir re rang parmi leurs coétats) et pour prolonger cette
1 449 "T av. ,,,
------------------------------------------------------------------------
espèce de suprématie, f^ovioc, qui ne leur étoit accordée que par condescendance ou tout au plus par transaction, et. qu'on leur avoit laissé prendre plutôt comme une charge que comme un droit ; les abus que fit de son pouvoir un peuple qui croyoit exercer la souveraineté, parce que, dans ses assemblées,il n'était gouverné que par ses passions et par les intrigues de ceux qui les flattoient; le mécontentement universel excité parmi les états confédé rés par le despotisme de maîtres ivres de leur puissance; la jalousie qui exisioit entre les républiques ioniennes et doriennes, les unes, démocratiques, les autres gouvernées par un régime où entroient quelques élémens aristocratiques; tous ces motifs réunis engàgèrent plusieurs états d'origine dorienne à former, sous la direction de Sparte une, ligue opposée aux desseins ambitieux des Athéniens. De là une longue lutte, riche en événemens sanglans ; la victoire arracha enfin la suprématie aux Athéniens, pour la placer daus les mains des Lacédémoniens.
-Mais les confédérés s'aperçurent bientôt qu'ils n'avaient fait que changer de maîtres, et que la domination d'une ville aristocratique n'est pas plus douce que l'empire d'un gouvernement populaire.
La dureté qui caractérisoit les Lacédémoniens et la perfidie de leur politique , appesantirent un joug que l'urbanité des Athéniens avoit souvent allégé.
Pelopidas et Epaminondas se chargèrent du soin jile délivrer la Grèce de cette tyrannie. Sparte fut dépouillée du premier rang qui, pendant la vie
------------------------------------------------------------------------
seulement de ces deux grands hommes, devint le partage de Thèbes, leur patrie. Si la valeur guerrière des habitans de Sparte et les vertus des deux illustres. citoyens de Thèbes inspirent de l'intérêt au philosophe, l'ami des lettres voit sans regret le sceptre de la domination arraché aux mains de deux républiques qui, soit dédain, soit ignorance, ont méconnu le prix des sciences et des beaux-arts. Athènes fit des efforts pour ressaisir le pouvoir; mais de nouveaux troubles s'élevèrent dans le sein de la Grèce, et précipitèrent sa chute.
La décadence avoit été préparée , et elle fut accélérée par les révolutions qui changèrent les constitutions de ces républiques, surtout celle d'Athènes et de Sparte. A la place des anciennes familles qui étoient investies de la puissance souveraine à Lacédémone, et des citoyens opulens aux mains desquels Solon l'avoit confiée à Athènes, le gouvernement de ces deux états devint la proie,de tout ce que les classes inférieures renfermoient de moins instruit et de plus vicieux. Le triomphe de la démocratie sur les principes aristocratiques fit prévaloir un système de corruption qui ébranla les bases de la société. Philippe de Macedoine, profitant enfin des dissensions de ces républiques et de la vénalité de leurs chefs, s'empara de la suprématie à la suite de la bataille de Chéronée ', et la transmit en héritage à son fils Alexandre.
338 ans a-v. J.-C.
------------------------------------------------------------------------
: Tel étoit dans cette période l'état de la Grèce européenne orientale. Dans l'occident, en GrandeGrèce , les colonies fondées dans les temps héroïques, continuèrent à fleurir en une parfaite indépendance , quoique souvent troublées par des guerres et des factions. Cumes seule, la plus ancienne de toutes, tomba, peu d'années avant l'avénement d'Alexandre, sous-la domination de Rome. Sybaris.qui^ pendant quelque temps, avoit joui d'une grande prospérité , fut détruite.peu de temps après l'expulsion des Pisistratides d'Athènes, par Crotone, sa rivale. Celle-ci, Tarente , Locres des Epizéphyriens, Thurium, étoient les plus puissantes de ces républiques sur le continent que nous appelons aujourd'hui Italie-. En Sicile il y avoit Zancle, nommée par la suite Messana, Naxus, Hybla, Leontium, Catana, Gela, mais surtout les deux rivales de puissance , Agrigente et Syracuse. La dernière, jouissant de la paix sous le gouvernement de ses optimates, g'étoit plusieurs fois déchargée du surcroît de sa population en fondant elle-même des colonies à Acrse, Casmenœ, Himère, Sélinonte et Camarina. Par suite des troubles excités dans plu
sieurs de ces villes par le combat des factions dont l'une, possédant le pouvoir, vouloit conserver l'état des choses existant, et l'autre -" avide de richesses plutôt que de domination, renverser le gouvernement des familles, il s'éleva des princes , ou, pour parler le langage du temps, des tyrans. Tel étoit Gélon, prince de Gela : il rétablit à Syracuse le
------------------------------------------------------------------------
parti des optimates que les démagogues en avoient expulsés ; mais soumit cette ville à sa domination et en fit sa résidence 1. La défaite des Carthaginois, qui entreprirent à cette époque la conquête de la Sicile, le fit regarder comme le sauveur et le bienfaiteur de cette île. Il transmit son pouvoir à son frère Hiéron a, auquel il avoit abandonné Gela.
Le nom de ce prince appartient à ceux que les Muses ont célébrés ; Pindare, Eschyle, Simonide , Bacchylide, vivoient à sa cour. Thrasybule, son frère et successeur, fut expulsé, et les Syracusains rétablirent la démocratie qui amena la véritable j tyrannie.
Les démêlés entre Syracuse et Egesta servirent , aux Athéniens de prétexte-pour se mêler des affaires de la Sicile. Après leur défaite, les Egestains appelèrent les Carthaginois à leur secours. Dès lors l'île devint le théâtre d'une suite de guerres désastreuses avec ce peuple, que les habitans ne purent empêcher de s'y fixer. A la faveur de ces révolutions, un tyran sanguinaire s'empara de l'autorité souveraine à Syracuse 3. Ce fut Denys r Son fils, Denys II, lui succéda 4. Les Syracusains essayèrent de secouer le joug de ce forcené, et ils y réussirent à l'aide de Timoléon, que les Corinthiens leur .avoient envoyé. La liberté fut rétablie à Syracuse
4 484 ans ay. J.-C.
3 478 ans av. J.-C.
5 405 ans av. J.-C.
à 568 ans av. J.-C.
------------------------------------------------------------------------
et dans le reste de la Sicile ; à l'orient de l'Halycus; la partie occidentale fut abandonnée aux Carthaginois. Ces événemens sont des dernières années de la période où nous entrons.
1 L'Europe et l'Asie ne furent pas les seules parties du monde où pénétrèrent les Grecs et où fleurit leur littérature. Les colonies de la Cyrénaïque en Africjue appartiennent au septième siècle avant J.-C.
Pendaiit deux siècles Cyrène fut gouvernée par une suite de rois qui portèrent alternativement les noms de Battus et d'Arcesilas, et dont le dernier est célébré dans les odes de Pindare..Après l'expulsion des Battiafes, cette ville jouit pendant cent onze ans de tous les orages d'une prétendue liberté, jusqu'à ce que les Ptolémées d'Egypte l'incorporèrent à leur empire a.
C'est dans cette époque turbulente que la-langue et la littérature des Grecs parvinrent à leur plus grande perfection. Le dialecte attique qui étoit celui des Ioniens, perfectionné par de grands écrivains, devint la langue classique pour tous les ouvrages en prose.
Avant de parler des ouvrages de littérature que cette période a produits, nous dirons un - mot des inscriptions anciennes que le temps nous a conservées. Leur nombre est très-grand, mais il y en a
1 631-432 ans av. J.-C.
* 3ai ans av. J.-C.
------------------------------------------------------------------------
peu auxquelles on puisse assigner une date certaine.
Nous en devons la connoissance à Fourmont, à Chandler, au comte de Choiseul-GouJJîer, à lord JElfrin et à d'autres voyageurs. Nous ne ferons mention ici que de quelques-uns de ces monumens, soit parce qu'on peut déterminer l'époque où ils ont été posés, soit parce qu'ils offrent quelque intérêt particulier sous le rapport de l'histoire, de la critique ou de la philologie , soit enfin parce que leur découverte étant récente , ils ne sont pas i l s ne sont p,-~is encore assez généralement connus.
Dans le recueil de Robert If/olpole 1, on trouve la représentation d'un monument très-ancien, situé près du village de Doganlu, dans la Phrygie-Epictète, probablement dans la proximité de l'ancienne Nacoleia, à trente-trois lieues à l'est de Cutarah ( l'ancien Cotyœum ). Il a été dessiné par le général Kœhler et décrit par le lieutenant-colonel Leahe.
C'est un monument sépulcral creusé dans le roc et orné d'une façade d'une construction très-singulière , qui est haute de soixante-dix pieds. Elle porte deux inscriptions écrites de gauche à droite, et dont la première paroît tronquée au commencement. Elles sont écrites, à ce qu'il paroît, en lettres pelasgiques, et les voyageurs n'en ont pu déchiffrer que quelques mots parmi lesquels ceux de MIAAI et de FAJNAKTEI, au roi Midas, paroissent indiquer le tombeau d'un des rois de ce nom. Or les
1 Travels in vaiious contrics of the east.. London , 1820, in-4°., pag. 207.
------------------------------------------------------------------------
princes qui l'ont porté ont régné entre les années 757 et 56o avant J.-C. Lesnoms de Midas èt de Gbrdius paroissent avoir alterné parmi les rois de Phrygie.
Ce qui est singulier, c'est que, sur la pointe en laquelle se termine la façade du monument dont nous parlons, on voit un ornement d'une grandeur considérable , qui représente une espèce de nœud, et rappelle involontairement le nœud gordien-. Ce nœud auroit-il été un symbole des rois de Phrygie? -
La plus ancienne inscription après celle de Midas, et le monument paléographique le plus célèbre qui existe, est Vinscription Sigéenne. Elle a été gravée au sixième siècle avant J.-C., sur un piédestal de neuf pieds qui portoit la statue d'un certain Phanodicus, Ce piédestal a été trouvé au promontoire Sigée, dans le village de leni-Hissari, nommé aussi Gaurkioï, par Guillaume Shératd, consul anglois à Smyrne : il étoit placé à la porte d'une église grecque et servoit de siège public. Aujourd'hui il
est ii Londres, dans la collection. de lord Elgin.
L'inscription qui indique le nom de l'homme auquel là statue a été érigée, et teux des artistes, est écrite à la boustrophédon. Les artistes sontlesfrères Esope. Ce qu'il y a d'extraordinaire dans l'inscription, c'est qu'elle est répétée deux fois sur la même face et à différentes hauteurs. Celle qui est placée en bas est là plus ancienne et paroît écrite 'du vivant de Phanodicus 3 la seconde , c'est-à-dire celle d'en haut, après sa mort : la dernière ne renferme
------------------------------------------------------------------------
pas tous les détails qu'on lit dans la première. Vis- 1 conti pênsôit qu'on ayoit voulu diminuer la hauteur de la pierre en en enfonçant la partie inférieure dans le pavé, et-qu'an avoit gravé alors l'inscription supérieure, parce que celle d'en bas n'étoit
plus visible1. Clavier, au contraire, étoit d'avis !
que la répétition avoit été ajoutée pendant que les Athéniens étotent m-aîtres du promontoire Sigée dont ils" s'emparèrent l'an 555 avant J.-C., mais dont ils n'étoient plus en possession du temps d'Es- 4 cliyle. „
Cette inscription a été publiée pour la première fois par Chishull, dans un livre, intitulé : Inscriptio Sigaea, Lond.
1721 , in-fol., et répétée dans ses Antiquitates asiaticse. Ibid t 1728, et dans le Nouveau Traité de Diplomatique, vol. 1, p. 629. On la trouve aussi dans R. Chandler Inscriptiones antiquae.'Oxon., 1774, in-fol., et dans l'Histoire des premiers temps de la Grèce, par Clavier J sec. édit., vdl..3, p. 15.
L'inscription Dêlienne est ainsi nommée parce que Fourmont l'a trouvée dans File de Délos : elle n'est que de huit mots en dialecte éolien : on Pestime aussi ancienne que celle de Sigée. La pierre sur laquelle elle est gravée servoit de base à une statue d'Apollon.
C'est le P. Montfaucoh qui a fait confaoître pette inscription dans la Palaeogr. gr. Lib. II, c. 1 , p. iai. Voy. aussi Chishull, Antiq. asiat., p. 16. Nouveau Traité de diplomat.
1 Voy. Catalogue raisonné des insc. gr. de là collection de inyloi-él comte Elgiu , nO, 53.
------------------------------------------------------------------------
"Vol. I, p. 632 j et Musetlll\critlcum de Cambridge , n° VI, p. 3go.
Nous plaçons, au. quatrième rang la Malédiction des Téïens, Teiorum dirœ. Par cette inscription gravée sur ùne*pierre gisant dans les environs de Bodrion, l'ancienne Téos, les habitans de cette ville vouent aux. divinités infernales quiconque feroit du tort aux Téïens en opposant de la .résistance aux ordres de leurs magistrats, en commettant des déprédations sur leur territoire, en empêchant les étrangers de leur apporter du froment. Ce monument p«roît avoir été posé immédiatement après le retour des Téïens dAbdère où ils s'étoient retirés l'an 4g6 avant J.-C. Un des anathêmes est lancé contre ceux Tjui effaceront l'inscription même, et il est remarquable que les lettres sont appelée~$>ôt",!x'/¡cC(, au substantif, des Phéniciennes.
Cette inscription a été puhjiée par Chishull, 1. c.
En 1678 , Antoine Galland et Giraud découvrirent dans une église d'Athènes deux grandes tables de marbre perftélique que le marquis de Noiiitel, ambassadeur du roi de France à la Porte , fit transporter à Paris, circonstance qui a-fait donner le nom d'Inscription de Nointel à celle qu'on y lit.
Quelquefois On cite aussi ce monument sous la dénomination de Marbre de Baudelot, parce qu'il a appartenu pendant quelque tentps à cet antiquaire.
Aujourd'hui ces tables se trouvent au Musée royal, sous le-ri0 222. L'inscription, qui est de l'année 458
------------------------------------------------------------------------
environ avant J.-C., a été posée en l'honneur de guerriers morts pour la patrie, en Egypte, en Chypre , èn Phénicie, à Halies, à Egine et à Mégare.
On trouve cette inscription dans le Nouveau traité de diplomatique , vol. 1, p. 633, et dans le Muséum criticum de Cambridge, n" YI, p. 394. Voyez aussi Description des antiques du Musée royal, par Visconti et le comte de Clarac, Paris, 18205 in-Ba., p. io5.
En. Quir. Visconti nous apprend 1 que parmi Les marbres que lord Elgin possède, il y a un fragment précieux appartenant à un traité qui eut lieu entre les Athéniens et les habitans de Rhegium, ville des Bruttiens, sous l'archontat d'Apseudès, qui répond à Fan 455 avantJ.-C. Nous voyons par-Thucydide 0 qu'à la suite de ce traité, les Athéniens envoyèrent, dans la cinquième année de la guerre du Péloponnèse , une flotte en Grande-Grèce pour défendre les colonies Chalcidiennes contre les tentatives des SyTaèusains. Ainsi ce marbre éclaircit et confirme la narration de l'historien. Nous ne croyons pas que l'inscription ait déjà été publiée. - Le savant que nous venons de citer fit connoître, par un Mémoire lu au mois de septembre 1815 à l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, une Inscription en l' honneur des Athéniens morts sous Potidèe s où leur général, Callias, défit, l'an ~5a avant J.-C., les Corinthiens, commandés par Aris- -
1 Catalogue raisonné, etc. , u°. 39.
* L. 111, cli. M.
------------------------------------------------------------------------
téus, et paya la victoire de sa mort. L'inscription , en six distiques, appartient également à lord Elgin.
Le Mémoire de Visconti fut imprimé en 1816 , dans l'ouvrage intitulé: Lettre du chev. Antonio Canova el deux mémoires sur les ouvrages de sculpture dans la collection de mylord "comte d'Elgin , par E. Q.Visconti, Londres, 1816 , A la même époque, cette inscription fut aussi publiée dans le Classical Journal, vol. XIV, p. 1-85; etM. F. Thiersch la fit imprimer à Munich ; enfin M. Eichstœdt la copia dans un programme académique. M. Fr. Jacobs l'inséra dans son édition de l'Anthologie Palaiine, yol. III, p. 971 , accompagnée d'observations critiques.
Le Càtalogue des guerriers athéniens morts dans la bataille de Deltum, 424 ans avant J.-C., gravé sur une grande table de marbre, appartient à lord Elgin. Tisconti devoit la publier ; nous ignorons s'il a tenu parole avant sa mort Nous réunissons plusieurs inscriptions qui sont importantes peupla connoissance ders firianees'athé- niennes. La plus ancienne a été découverte par Chandler à la citadelle d'Athènes. Les lettres sont disposées stœchédon, c'est-à-dirë tellement ali-* gnées, que l'une se trouve exactement sous l'autre ; niais la pierre qui servoitde pavé au portique d'une mosquée, est très-mutilée; une moitié de la tabie manque entièrement. Le fragment restait à été acquis par lord Elgin et porté en Angleterre. L'inscription donne le détail des dépensez que les tré-
1 Yoy. Catalogue raisonné , etc. , ul'. 25.
------------------------------------------------------------------------
soriers deTe'tat avoient faites, d'après les décrets du peyple, pendant une année révolue. Cette année est, d'après M. Boeckh, la 5e. de la XCle Olympiade, la 414 e. avant J.-C.j d'après Visconti la 424e. *
Cette inscription a été fautivement publiée par Chandler, laser, ant., part. II, n°2 ;mais plus correctement par M. -dug.
Bœckhm Staatshaushaltung der Athener, Berlin, 1817, vol. II, ip. 182..
La seconde de ces inscriptions est connue sous le nom de Marbre de Choiseul, parce qu'elle a appartenu au comte de Choiseul-Gouffier. M. -Gaspari, vice-consul de France à Athènes, l'a envoyée à Paris en 1778 : on l'appelle aussi Marbre de Barthé.
lemy. Elle renferme le compte des finances de la république pour la 5e. année de la XCiie Olympiade , 4io avant Jésus-Christ. Le marbre se trouve aujourd'hui au Musée royal, sous le n°. 597.
Le célèbre Barthélémy a publié cette inscription dans les Mémoires de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres WI. XL VIII, p. 536, et avec un titre particulier, Paris, 1792, in-4°. M. Aug. Bœckh l'a de nouveau publiée et commentée, 1. c. p. 161.
Le marbre de Choiseul renferme sur son revers deux autres inscriptions dont Tabbé Barthélémy ne s'étoit pas aperçu. Elles se rapportent également à des comptes ; l'une paroît antérieure àl'anaée 4io, l'autre postérieure 2.
1 Catalogue raisonne, etc , n°. 35.
2 Crsdeux inscriptions sont inédites. Voy sur le Marbre de Clioi»eui Ja
------------------------------------------------------------------------
Cinq autres inscriptions relatives aux finances d'Athènes, sont du nombre de celles que l'on doit à Fourmont; l'une a été trouvée à Carbasus en Attique, et renferme un décret du peuple ordonnant que les aeniers sacrés soient versés par les càisses de l'état dans celles du temple; les quatre autres ont été trouvées à Athènes mêmé. Toutes les quatre sont antérieures à l'année 393 avant J.-C., à en jugll' d'après la forme des caractères; l'une comprend la comptabilité pendant toute la CXIe Olympiade - elle est par conséquent de la 332e année , et un peu postérieure à notre période.
Ces quatre inscriptions ont été publiées par M. Ang.
Bœcklz, L c. p. 198, 206 , 210 j 212, 243.
Il existe quatre autres inscriptions relatives aux fiQanees, non de l'état, mais de quelques établissemens particuliers.
La première est une espèce de procès-verbal dressé la troisième année de la XCIIe. Olympiade, 410 ans avant J.-C., sur l'état où se trouvoit. alors la bâtisse de FErecthéum ou dù temple de Minerve Polias à Athènes, qui étoit achevé jusqu'à la toiture.
Cette inscription a-été incorrectement publiée par Chandler, Inscr. ant.., part. II, n° 4, et avec plus de soin par M. Guillaume JViLhins, dans ses Atheniensia , or.. rcmarks on the topography and building of'Athens. London , 1816, p. 192 ,
Notice intéressante qu'on trouve dans la Description des Antiques du Mll«e royal de Visconti et M. de Clarac, p. 233.
------------------------------------------------------------------------
et dans Robert Walpol's Memoirs relating to European and Asiatik Turkey, second edition, London., 1818, P. 520.
Cest d'après-M. Wilkins que M. Charles-Geoffroi Mullier l'a placée dans Minervæ Poliadis sacra et ædes. Golting. , ,820, in-4Q, p. 46. -
Des trois autres inscriptions, la première, qui est de la 2®. année de la XCIVe Olympiade, représenté le tableau des trésors du temple Hæcatompedon à Athènes, les deux autres celui des trésors du Parthénon , dressé par les gardiens, la 4e. année (Via XGYe. Olympiade, et la ite. de laXCIX", 597 et 584 avant J.-C.
Elles ont été publiées par Chandler, 1. c. p. 5, et, et les deux dernières par M. Boeckh , 1. c. p- 287 et 311.
Une inscription connue sous le nom de Marbre de Sandwich, et qui se trouve en Angleterre, présente la comptabilité des Amphictyons athéniens pour le temple d'Apollon à Délos, pendant la Ce. Olympiade : ainsi elle a été posée 076 ans avajatnotre ère.
Cette inscription a été publiée par Taylor sous le titre de Commehtar. ad marmor Sandwicense. Cantabr. ; 1743, in-4.% et copiée par Scipion Maffei, dans son Muséum Ve-.
ron., 1749, in-fol. Corsini l'a donnée d'une manière incorrecte dans son traité De notis Graecorum. Elle a été commentée par M. BœckJi, 1., c., p. 2i4Lord Elgin possède une inscription en 'dialecte éolique-biéotien, cc Elle est singulière, dit Yisconti 1. On y découvre des formes, soit gramma-
i Catalogue raisonné, etc., n°. 44.
------------------------------------------------------------------------
ticales, soit paléographiques, ignorées de tous ceux qui ont écrit sur les dialectes de la langue -grecque et sur la paléographie. On y trouve des mots qu'on ne connoissoit pas, ainsi que des noms de mois et de magistrature qui paraissent pour la première fois.
Le sujet de l'inscription dont il reste jusqu'à cinquante-cinq lignes, est un traité entre les villes rf Orchomène delà Béotie, et cFElatèe de la Phocide, relatif aux redevances des Orchoméniens envers les citoyens d'Elatée. Ces redevances tiroient leur origine de la permission accordée aux Orchoméniens de faire paître leurs troupeaux dans les pâturages des Elatéans. L'inscription qui a été tracée à Orchomène, constate le paiement des sommes convenues, et la prolongation du traité de pâturage, ~) , durant l'es p ace de quatre ann é es. L'ins~* annees. Inscription doit appartenir à une époque très-peu antérieure à l'an 570 avant J.-C., année où les Thébains assujettirent les Orchoméniens. »
Cette inscription a été publiée par Meletios, dans sa Géographie (en grec) dont la première édition a paruà Venise en 172S, in-fol, et la derniere, soignée par M. jinthimos Gazes, en 1809. Son texte fourmille de fautes et est inexplicable. LordByron l'a aiissi, ajoutée à sou Child Rarold's Pilgriroage.
■ M. Boeckh l'a publiée et commentée , 1. c.p. 355.
J
On a trouvé en 1810;,près d'Athènes, deus inscriptions remarquables, dont l'une est antérieure a Alexandre-le-Grand , et l'autre d'une date incertaine. Elles sont toutes les deux en vers. La première, gravée sur un cippe de marbre, conserve ta-
------------------------------------------------------------------------
mémoire d'un brave, Python de Mégare, qui , 1 après avoir tué de sa main sept ennemis, ramena !
de Pèges à Athènes, à travers la Béotie hostile, trois tribus athéniennes qui le reconnurent pour leur sauveur. L'événement dont il s'agit se rapporté, d'après la conjecture de Visconti, à la troisième guerre sacrée , qui commença 356 ans avant J.-C., et dura pendant dix ans, mais plus particulièrement à une des cinq dernières années de cette période.
L'inscription se compose de neuf hexamètres2 d'un pentamètre et d'un fragment d'un vers héroïque.
Si l'on peut se fier à la copie envoyée à Paris par M. - EauvEl, consul de France à Athènes, les vers ne forment pas des lignes séparées : les mots même sont tracés l'un à la suite de l'autre, sans aucune séparation.
La seconde inscription est tracée sur une feuille de plomb fort mince, pliée en quatre, sur la hauteur, et en trois sur la largeur. Cette feuille de plomb, dont M. Fauvel n'a pas donné les dimensions , a été trouvée dans un tombeau près d'Athènes. L'inscription présente une formule d'enchons tement dirigée contre un certain Ctésias et sa famille , qu'on dévoue aux divinités des enfers. Il est probable que le tombeau où cette inscription a été renfetméé, étoit celui d'une personne qui avoit à se plaindre de Ctfsias. Yisconti déclare n'avoir rien trouvé dans les recueils paléographiques qui ressemble à ce singulier monument : il s'est rappelé çependant que Tacite, en parlant des indices d'après
------------------------------------------------------------------------
lesquels Pison fut accusé d'avoir fait mourir Germanicus, rapporte qu'on avoit trouvé, autour de la' maison de ce prince, plusieurs traces de maléfices employés contre lui, des làmbeaux de cada.vres humains arrachés.des sépulcres, des cendres sanglantes et à demi-brûlées, le nom de Germanir cus gravé sur des tablettes de plomb "Ces- deux, inscriptions ont été publiées par feu Visconti, dans les Mémoires de l'Académie des Inscr. et Belles-Lettres, yol. I, p. 230. Il faut voir, quant à la première 7 les observations critiques de Jacobs , dans son. édition de l'Anthologie Palatine, vol. III, Addenda, p. CI.
A quatre ou cinq lieues de la forteresse russe de Phanagori, dans l'île de Taman , on voit les ruines d'une ville fort ancienne, et à quelque distance, sur une colline, les débris d'un monument dont ia partie supérieure est tombée dans le lac de Teml'ouk sur les bords duquel la ville étoit-placéeTout ce qui s'est conservé de cet édifice est un socle portant une inscription grecque de cette teneur : <! Çomosarye, la fille de Gorgippe et l'épouse de Pairisades, * aux divinités puissantes Anergé et Astara, sous Pairisades, archonte du Bospore et de Theodosie, et roi des Sindes, de tous les Métes (Méotes) et d'autres peuples 2.» Cette .inscription est
1 Voy. TACIT. Ann. II, 69.
1 Eu admettant, avec M, de Kœhler, que Je mot de 0ATEQN doit être corrigé en eATEPQN, c'est-à-dire d'autres, M. Raoul-Roche tte, au contraire, défend la première leçon , et veut, d'après elle, corriger le mot de Thaii, peuple que Pline (H. N. VI, c. 5 ) nomme parmi ceux. du BOi pore , et qui ainsi doivent être appelés Thati.
------------------------------------------------------------------------
antérieure à Alexandre- le-Grand ; car Pairisades dont il y est question, vivoit du temps de Démosthène, et est connu pour avoir fourni des grains aux Athéniens Ml a gouverne depuis 34g jusqu'en 3i 1 avant J.-C. Les divinités auxquelles Camosarye, son épouse, a consacré le monument, ne sont pas grecques.: elles paroissent originaires de la HauteAsie 2. Toutefois un savant français, M. RaoulRochette, croit que leurs noms sont grecs :.il est vrai que a pour soutenir cette opinion, il suppose qu'ils ont été altérés, soit par l'effet du temps, soit par la négligence du copiste, et qu'au lieu de LEXYPOI OEIOIX ANEPrEI KAI A2TAPAI, que M. de- Koehler a corrigés en ajoutant un 2 au premier mot, il faut lire : IIXYPlli ©EIQI EKAEPrEI KAI AITEPIAI. Hécaergos est un ancien surnom d;Apollon, et Asteria, servoit à désirer Pile de Delos ; M. Raoul-Rochette pense qu'ici ce mot désigne Diane-5.
Cette inscription a été publiée et commentée par M. de Kœh1er, dams sa Dissertation sur le monument de la reine Comosarye, St. Petersb., i8i5, in-81, et copiée dans le Classical Journal, vol. XIII, p. 129.
Le nom de Pairisades, fils de Leucon, est encore exprimé dans une autre inscription de l'île de Ta-
I Voy. STRABO, lib. VII , (Ed. Tzschucke, vol. II, p. 4oi ). De- « MOSTHEN. aftv. Lept. ed. WOlf, p. 58..
s Vey. Karl Ritters Vorhalle europarischer Voetkergcschtchtcn vor Herodolus. Berlin, 1820, in-80, p. 216.
5 Antiquités grecques du Bosphore Cimerien, p. 45.
------------------------------------------------------------------------
man, posée par un certain Xénoclide, où on lui donne le titre de roi des Sindes, des Torètes et des Dandariens. Comme sur l'inscription de Comosarye, ce prince est nommé roi de tous les Méotes, on peut supposer qu'à l'époque de la seconde inscription le roi des. Sindes n'avoît encore soumis que deux peuples Méotes, les Torètes et les Dandariens, d'oo il s'ensuivrait quelle est antérieure à celle dé Comosarye.
Publiée par M. Raoul-Rochetle, Ant. grecques du Bosphore Cimmérien, Paris, 1822, in-8°, p. 25.
Nous terminons cette notice par une inscription qui se rapporte encore aux finances d'Athènes. Elle est due aux recherches de Fourmont.
M. Aug. Bœckh a rendu très-probable que cette inscription, ou plutôt ce fragment, est lé compte que, d'après la Vie des dix orateurs, Lyeurgue rendit de toute son administration, pendant laquelle il avoit reçu et dépensé 15,900 talens, ou près de 99 millions de francs C'est ce compte que l'orateur soutint contre Menessechmus dans un discours, 1 Ci /KS/KQXITÉ\J(JT<XI. "Cette inscri ption est par conséquent des dernières années de cette période.
M. Aug. BœckJi l'a publiée, 1. c. p. 249.
• Nous avons vu, à la fin de la période précédente
1 D'après Wurm, De ponderum; inensurarum , ac de auni ordioandi rationibus apud Rom. et Gr. Sumg. 1821, in-80, le talent équivaloit à fr. 5332. 11c.
------------------------------------------------------------------------
naître le style prosaïque : nous serons dorénavant dans le cas d'établir deux classes d'écrivains , les poëtes et ceux qui ont écrit en prose.
Nous trouvons dans cette période huit genres de poésie sur lesquels les auteurs grecs se soient. exercés; ce sont la poésie élégiaque, la poésie didaciÏque, la fable ou l'apologue , la poésie lyrique, la poésie dramatique, la poésie mimique, l'épopée et l'épigramme. Nous leur consacrons les neuf chapitres suivans ; neuf autres s'occuperont ensuite des écrivains en prose de la même époque.
------------------------------------------------------------------------
CHAPITRE VIII. ItDe la poésie élégiaque en général; de la poésie gnomique, et dr l'élégie en particulier.
IL a été dit que la poésie- élégiaque, dans son principe , ne forme un genre particùlierque par rapport au mètre qu'elle s'appropria. La période précédente nous en a fait connoître deux espèces , les chants de guerre de Callinus et de Tyrtée , et lès plaintes amoureuses de Mimnerme ; dans celle où nous entrons, nous la verrons se développer en deux autres branches , savoir : la poésie gnomique, et l'élégie dans l'acception moderne de ce mot.
JLa poésie gnomique convenoit à un peuple placé aujîremier degré de là culture intellectuelle, comme l'étoiefit les Grecs du sixième siècle avant J.-C. où elle fut en vogue. Son but étoit le même que se proposoit l'apologue d'Esope, savoir d'instruire la multitude. On appeloit gnomes, l'Jwp.w, des sentences détachées dans lesquelles des hommes d'une sagesse reconnue et - d'une expérience consommée exprimoient avec sensibilité et Concision le résultat de leurs observations morales. La forme métrique qu'on choisit pour ces préceptes , contribuoit à lies imprimer plus fortement à la mémoire.
------------------------------------------------------------------------
Voici les poëtes dont il nous reste des poésies de ce genre.
SOLON, né à Salamine est plus célèbre comme législateur d'Athènes que comme poète ; mais sous le premier rapport il n'entre pas dans le cadre de cet ouvrage , parce que ses lois ne sont pas un objet de littérature 2. Il composa divers poèmes, et l'on cite entre autres celui par lequel il engagea les Athéniens à faire la guerre aux Mégariens. Mais excepté huit vers de cette élégie , cités les uns par Çlutarque, les autres par Diogène de Laerte, il ne nous reste que ses poésies gnomiques dont ces deux écrivains, ainsi que Phiion? Aristide , S.' Clément d'Alexandrie , Eusebe et Stobée nous ont conservé des fragmens. Ils renferment, dans un style noble et simple, des exhortations à la vertu et il cette modération des désirs qui assure le bonheur de la vie; ils peignent l'inconséquence des hommes dans la recherche de la fortune. Dans un morceau de dix-huit vers que nous devons à PhiIon , Solon conduit Fhomme par les dix stations de
l L'époque de ea plus grande célébrité répond à l'année 594 av. J.-C.
a Nous observerons seulement que dans ces derniers temps où la lit térature de l'Orient est devenue un des objets dont s'tst occupée la critique, on a remarqué une analogie frappante entre quelques parties de k législation de Solon et celle des anciens Indiens. Sir William Jones, dans un ouvrage intitulé : Instituts of Hindoolaw , Calcula 1 Íg4, iu-4° , en avoit, le premier peut-êtie, feil la remarque. Un jeune jurisconsulte allemand } M.Bunsen, a bonne suite à celle observation, en l'appliquant yiarii— culièrement au droit de succession des Athéniens. 11 a-publié son travail sous le titre : De jure Alhenipnsiuui heredilario disquisilio philologica.
Gottiog. 1815, in-40.
------------------------------------------------------------------------
la vie; mais le plus beau morceau que nous ayons de ce poëte philosophe, est sa Prière adressée aux Muses. Elle est de soixante-seize vers.
Les fragmens de Solon furent pour la première fois réunis dans l'édition de Callimatjue, de Bâle, 1532, in-4% et plus complets dans le Liber scholasticus de Joach. Camerariue, Bâle, i550, in-8°. Ils se trouvent dans les collections de Hertel, Néander, Henri Etienne, Winterton, Brunch, Fortlage, Gaisford et Boigsonnatle.
-" THÉOGNIS de Mégare en Achaïe, ou? selon d'autres, de Mégare. en Sicile, ayant été exilé de sa pqtrie , vécut à Thèbes Nous avons sous son nom environ quatorze cents sentences intitulées Ilapatv«7etç, Exhortations. Une partie de ces vers est peut-être d'une époque beaucoup plus récente : elles ont plus de mérite sous le rapport de la morale que sous celui de la poésie. Ces sentences sont adressées à un jeune homme auquel le poète donne des conseils paternels, pour se maintenir dans la voie deia vertlol et de la sagesse. Il l'exhorte à la piété religieuse et filiale, et lui montre la nécessité de choisir avec prudence ses amis. Il ne lui interdit pourtant pas les jouissances de la vie; au contraire il lui fait remarquer que la jeunesse s'envole promptement, et que la mort moissonne tout le geare humain.
La première édition de Théognis fut publiée par Alde l'anrien, dans sa collection gnomique. Ce poëte fut réimprimé sur
1 Vers 55o av. J.-C.
------------------------------------------------------------------------
manuscrit par Paul Venetusf Paris, 1543, ln-Bo. 11 en ira ensuite dans les collections de Joach. Camerarius, Nécindtr, Crispin, Hertel, Giunta, Frobenius Henri Etienne, Sylburg et Winterton.
Un savant allemand , Wolfgang Seber, en fit successivement deux éditions, l'une en 1605, el l'autre en 1620; tontes ment deux éditions, l'une en 1 6 o3 , et 1-'autre en i62o i totites les deux ont paru à Leipzig , in-'8°. La seconde est très-complète et accompagnée d'une traduction.
■ Les poésies de Théognis se trouvent aussi dans l'édition des Hymnes de Callimaque, donnée par Bentley) Londres , 1741 et 17^1.
On estime l'édition de Ch.-Fréd. Kretschmann, qui fait suite à celle du Traité de Plutarque de l'éducation des enfans, Dresde et Leipzig, 1750, in-8°.
Brunch donna une nouvelle récension du texte, dans ses Poetae gnomici; elle fut copiée dans la collection de Gaisflrd.
Toutes ces éditions doivent être regardées comme incom- plètes, depuis celle que M. Imm,. Bekker a publiée à Leipzig) en 1815 , in-Bo. Ce savant a conféré ou fait conférer trois manuscrits de Paris, de Hambourg et de Modène ; le dernier lui a fourni cent cinquante-neuf vers qui manquoient à toulps les éditions antérieures. Indépendamment des notes de Sylburg et de Brunck, il a donné un extrait de celles d'Epl:em(t qui se trouvent dans le vol. IV des Acta Societatis Trajeotinse, et a ajouté des remarques fournies par MM. Hermann, Seidelerj Passow. Son texte est accompagné de la traduction de Hugo Grotius. On est fàché que M- Gerh. FJeischer , libraire à Leipzig, qui, en 18, a réimprimé les Gnoiuiques de Brunck, se soit tellement attaché à copier son original, qu'il n'y a pas même ajouté les 159 vers de Théognis , que Brimck ne connoissoit pas. L'omission de ces vers doit d'autant plus étonner, que l^édileur inconnu ne s'est pas toujours tenij à son original, et qu'il y a ajouté quelques bonnes observations. La même omission n'a pas été commise par M. Boissonnade, dont le recueil renferme Tbéognis complet.
------------------------------------------------------------------------
Phocylide de Mïlet ou, selon d'autres, de Chios, contemporain de Théognis. Ses poésies étoient si renommées qu'on les faisoit, chanter par les rhapsodes avec celles d'Homère, d'Hésiode , d'Archiloque et de Mimnerme. Il en reste un petit nombre de fragmens ; mais on lui attribue aussi, quoiqu'à tort, un poème, en deux cent dix-sept hexamètres, que nous possédons sous le titre d'Exhortation, I voyQeTtxov. C'est probablement l'œuvre d'un chrétien du deuxième ou troisième siècle.
Le poëme faussement attribué à Phocylide .a été imprimé pour la première fois par Alde l'Ancien, en 1495, in-4° , avec les Vers dorés de Pythagore ; et c'est le premier livre grec imprimé par ce typographe. Il se trouve , avec les fragmens authentiques, dans les mêmes collections que nous avons citées aux articles de Solon et Théognis. Jeati-Ad.
Sckier en a donné une édition particulière, Leipzig, 1761, Schier en a donné une édition particulière, Lei p z i g, 1 7 51, XÉNOPHANE de Colophon dont nous aurons encore plus d'une occasion de parler, se distingua aussi comme auteur d'élégies gnomiques : Athénée nous en a conservé quelques fragmens estimables, tels que des distiques sur la préférence que la sagesse mérite, lorsqu'on la compare à la 'f6rce physique et aux exercices gymnastiques; un charmant morceau plein de gaîté et d'une douce morale sur les plaisirs de la table , et six vers sur le luxe des Lydiens. Nous devons au même compilateur la conservation d'un fragment de vingt-huit vers d'une élégie-
------------------------------------------------------------------------
composée par CRITIAS, fils de Callisthène, et un des trente tyrans d'Athènes. Dans ce morceau , le poëte célèbre la sobriété des Spartiates et la sévérité de leurs moeurs. Sextus Empiricus rapporte quelques ïambes de Critias.
PYTHA&ORE de Samos, dont nous dirons davantage , lorsque nous aurons à parler des philosophes de cette période. Ses sentences, connues sous le nom de Vers dorés, xpuad: ETT/J, ont été recueillies par ses disciples, et principalement par Empedocle, peut-être même par un Pythagoricien de la période suivante. Ils ne sont pas écrits dans le mètre élégiaque
Tels sont les poètes gnomiques de la Grèce : ce genre dut expirer avec le raffinement de la civilisation. Passons à la seconde branche de la poésie élégiaque, au genre proprement ainsi nommé , que les Romains ont surtout affectionné , et qu'ils ont cultivé avec un si grand succès que peut-être est-il permis de dire qu'ils ont surpassé leurs maîtres.
Gelui qui s'y distingua principalement fut SIMO- NIDE de Céos, fils de Léoprepès, et petit-fils de Simonide d'Amorgos l'ïambographeaj il naquit à lulisdans la LVII Olympiade 3. Il parvint à un âge fort avancé, de manière qu'il a été contemporain non-seulement de Pittacus et des Pisistratides, mais aussi de Pau-
à Nous indiquerons les éditions des Vers dorés au chap. XXI, OÙ il est J question des philosophes. J
Il Voy. p. 209.
5 558 ans av. J.-C.
------------------------------------------------------------------------
sanias , roi de Sparte : il est nommé l'ami de tous ces hommes célèbres. On l'aimoit et le fêtoit à la
cour d'Hiéron I, roi de Syracuse 1. Il fut le médiateur entre ce prince et Théron, roi d'Agrigente, et réconcilia ces deux souverains, au moment où leurs armées alloient en venir aux mains. Platon l'appelle un homme sage a, et Cicéron, en parlant de lui, dit : Non enim poeta solum sua vis, verum etiam cœteroquin doctus sapiensque traditur z. 11 a été le maître de Pindare.
Simonide est regardé comme l'inventeur de l'élégie moderne, ou de l'élégie lugubre. Ce n'est pas, nous le répétons, qu'il ait été le premier qui s'avisât d'employer les distiques composés d'un hexamètre et d'un pentamètre, ou le mètre inventé par Callinus, pour exprimer des idées mélancoliques ; car nous avons vu qu'avant lui Mimnerme en avoit donné l'exemple ; mais c'est Simonide. auquel ee mètre doit son nom, soit qu'il le lui ait imposé , soit que le mètre l'ait reçu à cause de l'emploi qu'en faisoit ce poëte; en un mot c'est depuis Simonidf qu'on nomme élégie un poème de longue haleine en distiques sur un sujet mélancolique.
Les anciens vantent beaucoup la sensibilité qui régnoit dans les élégies de Simonide. cc Personne, a dit un écrivain aussi savamt qu'éloquent, personne
1 Voy. Bist. de Simonide et du siècle où il a vécu, par de Boissy.
Paris, 1788, iD-Ua
2 De RepubI. I, p. 4i 1.
5 De Nat. deor. 1, 21.
------------------------------------------------------------------------
n'a mieux connu l'art sublime et délicieux d'intéresser et d'attendrir j personne n'a peint avec plus de vérité la situation et les infortunes qui excitent la pitié 1.» On a de la peine à concilier cet éloge avec l'avidité et la sordide avarice qui sont reprochées au même individu par des auteurs d'une époque postérieure. Plutarque rapporte que quelqu'un lui ayant reproché ces vices, il s'excusa en disant que l'âge l'ayant privé de toutes les autres jouis-1 sances, l'amour de l'argent étoit la seule passion qu'il pût satisfaire 2.
Stobée nous a conservé le commencement d'une élégie de Simqnide : ce fragment n'est que de treize ou quatorze vers, et déplore la mortalité du genre humain ; mais nous avons plusieurs épigrammes de ce poëte qu'on pourroit appeler de petites élégies.
Il y célèbre la mémoire de ses amis, celle des hé-
ros morts pour la patrie , les victoires des Grecs sur les Perses. j Nous avons dit plus haut 5 que les Grecs dûrent à Simonide le perfectionnement de leur alphabet. On lui attribue aussi l'invention d'une Mnémonique ou I mémoire artificielle (TO pvwpovcxov) 4, si toutefois on j
1 Voyage du jeune Anacharsis.
2 An seni sit gerenda respubl. ( TOI IX, p. 142 tle l'éd. de Reisle ).
S Voy. p. 87.
4 CICÉRON", de Orat. If, 84, dit : « Invenisse fertur ordinem esse maxime qui mémorisé lucem afferret. Itaque iis qui hanc partent ingenii exerce- ient, locos esse capiendos et ea quœ memoria tenere velleat, effiugenda animo, atque in bis locis collocanda : sic fore ut ordinem rerum locorum ordo conservaret, res autem ipsas rerum effigies notaret atque ut locis
------------------------------------------------------------------------
n'a pas confondu le fils de Léoprepès avec le fils de sa fille, qui portoit également le nom de SIMONIDE.
de Cëos : nous le distinguerons de son aïeul par le surnom du Jeune. 11 a écrit Des inventions., IIsp) soprifjtaTUîv, et un ouvrage en trois livres sur les Généalogies 1.
Les fragmens de Simonide, fils de Léoprepès, se trouvent dans les collections de Henri Etienne, Orsini:, H^interion^ Brunck:, Gaisford et Boissonnade.
ANTIMAQUE de Colophon, dont il sera question au chapitre des poëtes épiques, doit être nommé ici comme auteur d'une élégie érotique qui étoit célèbre dans l'antiquité.. 11 l'avoit intitulée Lydè d'après le nom ou la patrie de sa maîtresse dont it y chantoit les charmes. Cette élégie qui formoit plusieurs livres, et dont les anciens. parlent comme d'un chef-d'œuvre, est entièrement perdue.
On pourroit encore compter dans le nombre des poëtes élégiaques- de cette période , EURIPIDE , le célèbre tragique, à cause de quatorze vers élégiaques qu'il a placés dans sa pièce d'Andromaque-.
Dans les derniers. temps de cette période et au commencement de la suivante, sous.Philippe et sous
( pro cera, simulacris pro literis uteremur. » Voy, anssi PLIN. H. N. VU , 24. QUINTiL. Inst. Or. XI. z. §. i j. sqq.
1 Voj. Burette, dans les Mém. de l'Académie des Inscr. et Belles-Lettres , vol. XIII , p. 257. Van G cens de Simoiiide Ceo et philosopha.
Traj. ad Rhen. 1768, in-4.
m V. 103 et suit".
------------------------------------------------------------------------
son fils Alexandre, vécut le poëte HERMESIANAX de Colophon. Il composa trois livres d'élégies et intitula ce recueil Léontiurn, ~AEOVTIOV, en l'honneur de sa maîtresse qui est peut-être cette belle et spirituelle courtisane qu'Epicure et son disciple Mé- trodore aimèrent, et qui donna à celui-ci un fils nommé Epicure. Athénée nous a conservé un fragment de près de cent vers d'Hermesianax; ce morceau doit faire regretter ce qui est perdu.
Ce fragment a été publié à part avec une version latine en vers, et avec des corrections par Et. TVeston, sous le titre de Hermesianax s. conjecturae in Athenaeum. Lond., 1784, in-Bo , et dans le premier volume des Opuscula varia philologica d'Tlgen. Erfort, 1797, in-Bo , p. a48.
------------------------------------------------------------------------
CHAPITRE IX.
De la Poésie didactique et de l'Apologue.
LEs poëtes gnomiques cessèrent proraptement ; mais le genre qu'ils avoient inventé, fut perfectionné et devint une branche particulière de poésie.
Au lieu de versifier des sentences morales isolées, on conçut l'idée de réunir en forme de poëme une suite de vérités philosophiques, .ou , en d'autres mots, de traiter poétiquement un sujet philosophique. Telle fut l'origine de la poésie didactique, qui tient à la fois de la poésie et de la philosophie. La nature des choses étoit le sujet intarissable des premiers poëmes de ce genre. XÉNoPHANE de Colophon, son disciple PARMEINIDE cUElée, et EMPEDOCLE d'Agrigente , trois philosophes sur lesquels nous reviendrons, s'emparèrent de cette matière. Il ne nous reste rien du premier ; Simplicius et Sextus Empiricus nous ont conservé environ cent cinquante vers du second ; mais c'est Empedocle surtout qui perfectionna ce genre. Il composa en dialecte ionique (quoique Dorien par sa naissance) un poëme de la Nature, Ilepl cpucrswçen trois livres et en vers hexamètres ; plus de trois mille vers de Purgations, Koc^apno) ■ un poëme intitulé Livre de,-
------------------------------------------------------------------------
médecine, ~I arptxoç Aoyoç en six cents hexamètres, et , d'autres ouvrages. Nous connoissons mieux ce poëte 1 par l'imitation de Lucrèce que par le peu de fragmens qui en sont venus jusqu'à nous : car un poème en cent soixante-huit vers ïambiques , intitulé la Sphère,~ Scpaîpa , qui existe sous son nom, est sans doute apocryphe.
Les fragmens de Parmenide ont été recueillis d'abord par Henri Etienne, dans sa Poesis philos. , et publiés ensuite séparément par George-Gust. Fullehorn, Zullichan, 1785, in-8°.
Ceux d'Empedocle l'ont été par M. Fr.-Guill. Sturz, Leipzig, i8o5 , en 2 vol. in-8°. Ces deux éditions sont accompagnées de commentaires. Beaucoup de morceaBx des poésies de ces deux philosophes ne nous ont été conservés que parce que Simplioius les a insérés dans son Commentaire sur Pouvrage d'Aristote du Ciel et du monde. Ce commentaire-a été imprimé par Aide, à Venise , en 15a6 ; mais il s'en trouve à la bibliothèque royale de Turin un manuscrit qui ; dans toutes les lignes , diffère tellement du texte imprimé, qu'on ne sauroit attribuer ces variantes à la négligence des copistes. On est plutôt obligé d'en rechercher une autre cause, M. Amédie. Peyron, professeur des langues orientales à Turin., est l'auteur de l'hypothèse suivante, On sait que Guillaume de Moerbek fit, dans le treizième siècle, une traduction latine du commentaire de Simplicius, laquelle est fort mauvaise.
Un copiste grec, chargé peut-être par un amateur de lui procurer un exemplaire de l'original, et ne pouvant se le procuref, s'avisa de le forger, en retraduisant en grec la version latine , et c'est d'après cette mauvaise version faite sur une.
très-mauvaise traduction latine, que fut imprimée l'édition de Venise. Le manuscrit de Turin, au contraire, donne le véritable texte sur lequel Mœrbek avoit travaillé. Il deviendi^
------------------------------------------------------------------------
donc nécessaire île faire une nouvelle édition du commentaire de Simplicius. En attendant que quelque savant se charge de cette entreprise, M. Peyron a publié à Leipzig, en 1810, in-8", une édition corrigée des fragmens d'Empedocle et de Parmenide que ce commentaire renferme. Il faut joindre à cette édition, comme supplément, le commentaire de M. Sturz sur Empedocle.
Le poëme de la Sphère a été publié en i584, sur une seule feuille 1n-4°, par Fréd. Morel , comme étant l'ouvrage de Demetrius Triclinius, qui probablement étoit l'auteur de la copie tombée entre les mains de Morel. Celui-ci imprima, en 1587 j in-40, une traduction latine de ce poëme en vers ïambiques , rédigée par Florent Chrétien. L'original et la traduction furent réunis dans l'édition que Benj. Hederich donna en 1711, à Dresde, in-4°. L'un et l'autre se trouvent aussi dans Fabricii Bibl. gr. , vol. 1, p. 816 ( ed. Harles. ).
Quelque brillans que fussent peut-être les commencemens de la poésie didactique, que nous ne connoissons qu'imparfaitement, ce genre de-composition n'eut pas une vogue bien durable. On s'aperçut bientôt que le langage de l'imagination est moins propre que la prose à énoncer des propositions de physique et des dogmes philosophiques qui exigent une démonstration formelle et plus de raisonnement que n'en comporte la poésie. Ce ne fut qu'à l'époque de la décadence du goût que ce genre reprit une nouvelle vogue.
La Fable ou l'Apologue,~ ^û3"oç, oc;voç, Xoyoq, ocjroAoyoç, Trapotfjua, sans former un genre particulier de littérature , étoit depuis long-temps employée par les orateurs et les poëtes comme un excellent moyen
------------------------------------------------------------------------
de captiver l'attention et de diriger l'esprit d'hommes simples placés au premier degré de la civilisation. La plus ancienne fable grecque qui se soit conservée est celle de l'Epervier et de l'Alouette qui se trouve dans HÉSIODE1. Philostrate cite une fable (l'ARCHILOQùX; intitulée l'Aigle et le Renard ", qui est une de celles que ce poëte composa, dit-on, contre Lycambé ; Eustathe 5 une seconde qu'il dit très-célèbre : elle étoit intitulée le Renard et le Singe i.
On connoît par Conon 5 celle de STÉSICHORE du Cheval et du Cerf qu'Horace a imitée 6. Telles sont les plus anciennes fables dont on trouve des traces.
C'est ESOPE, esclave phrygien 7 qui, d'un commun accord, est regardé comme le créateur de ce genre. Il y a peu d'hommes sur le compte desquels on ait débité plus de choses absurdes. On nous l'a présenté comme un bouffon insipide et comme un être dégradé par la nature : tous ces contes se lisent dans une Biographie dont l'auteur est inconnu. Les anciens ne font aucune mention de ses prétendues saillies. En général nous ne savons d'Esope que
1 Op. etdies, v. 202-212. Voy. QUINT. Inst. or. V. 2.
1 Imag. I, c. 3.
5 Ad Odyss. XIV , p. 1768.
* Ces deux apologues sont probablement le fond primitif de deux fablu en prose que M. Imm. G. Huschle a trouvées dans un manuscrit d'Augsbourg, dont nous aurons occasion de parler. Voy. Diss. de fabulis ArchiJochi, réimprimée dans Aug. Matthice Miscell. philol. Lips., 1809, vol. 1 , p. 1.
S XLIlf récit.
6 Epist. 1, 10.
7 570 ans av. J.-C.
------------------------------------------------------------------------
le peu qu'Hérodote nous en a rapporté J. 11 étoit d'abord esclave d'un Samien nommé Xantlius. id- mon , auquel il fut vendu, lui donna la liberté.
Crésus, roi de Lydie , aimoit à s'entretenir avec lui, et l'envoya à Delphes. Les habitans de cette ville Paccusèrent calomnieusement de sacrilège, le condamnèrent à mort et le précipitèrent de la roche Hyampée.
Dans les apologues simples et instructifs qu'Esope composa, probablement en prose, à mesure que les événemens en faisoient naître l'occasion, il répandit une excellente morale et des principes de politique et de philosophie qui étoient à la portée de ses contemporains. Long-temps ces fables ne furent conservées que par une tradition orale. Platon raconte dans son Phédon que dans les derniers jours de sa vie Socrate s'amusoit à versifier des fables d'Esope. Celui-ci trouva une foule d'imitateurs ; leurs productions étoient nommées fables ésopigues, etmises indistinctement sur le compte de celui qu'on regardoit comme ayant imaginé ce genre. Ainsi le nombre des fables d'Esope alla toujours en augmentant. DÉKLÉTRIUS cle Phalère en fit un recueil : on ignore si quelqu'un avant lui avoit déjà pensé à rédiger une pareille collection £
Entre les années 150 et 5o avant J-C., un certain BABRIUS , nommé quelquefois par corruption GAERIAS, fit un nouveau recueil de fables ésopiques ;
* II, 134.
* Voy. DIOG. LAEFT., Y, 80.
------------------------------------------------------------------------
mais il eut la bonne idée de les versifier, et choisit pour cela le vers choliambe , assez propre à ce genre de composition : mais tel fut le mauvais goût des grammairiens postérieurs qu'ils détruisirent la forme métrique des fables de Babrius et les remirent en prose. Nous devons à leur ineptie la perte de ce joli recueil, dont une foible partie a été retrouvée de nos jours, ainsi que nous le dirons lorsque l'ordre des temps nous-eonduira à parler de Babrius.
Quelques fables en prose furent placées par les rhéteurs des temps sui vans, tels qu'ApHTHONius et THÉMISTIUS , dans ces exercices qu'ils publièrent sous le nom de Progymnasmata. 1IL Il nous est parvenu plusieurs recueils de fables ésopiques, tous en prose, parmi lesquels six surtout ont obtenu une certaine célébrité. Le plus ancien d'entr'eux ne paroît pas remonter au-delà du treizième siècle 5 son auteur est inconnu : cette collection, que nous nommerons recueil de Florence, renferme cent quatre-vingt-dix-neuf fables et une Vie d'Esope, assez absurde, qu'on a longtemps attribuée à MAXIMUS PLANUDES.
Le second recueil que nous connoissontf a été fait dans le treizième ou quatorzième siècle par un inconnu. Le moine Maximus Planudes, qui a vécu au quatorzième siècle y a fait la troisième collection d'apologues ésopiques : il en existe deux éditions ou classes de manuscrits qui offrent plusieurs différences entre elles.
La quatrième collection est d'un auteur anonyme.
------------------------------------------------------------------------
Nous l'appellerons recueil de Heidelberg. Celui qui l'a rédigée, s'est beaucoup servi des fables de Babrius , délayées en mauvaise prose.
On ne connoît également pas les auteurs de la cinquième et de la sixième collection que nous nom- merons recueils d'Augsbourg et du Vatican. On y trouve, comme dans le recueil de Heidelberg , beaucoup de fables de Babrius.
Indépendamment de ces collections et de celles qui peuvent encore exister dans les bibliothèques, nous en possédons une d'un genre tout-à-fait différent des autres : c'est une traduction grecque faite dans le quinzième siècle par MICHEL ANDREOPULUS sur un original syriaque, qui, toutefois, n'étoit aussi qu'une traduction du grec, faite par un Persan nommé Syntipa.
Ce n'est qu'après avoir fait connoître ces divers recueils , que nous pouvons parler des éditions qui ont été publiées des fables d'Esope; mais auparavant, nous indiquerons quelques traductions latines dont la publication précéda celle du texte grec.
La première est en vers , et a pour auteur Hildebert, ar- f» chevêque de Tours, mort en îiHg. Elle parut, sans le nom 1 du traducteur, à Rome, chez J.-Ph. de Lignamine, en 14^3, in-40. Une seconde, qui probablement est en prose, fût mise au jour par jiug. Zarotus , à Milan, en I4-74- J jet une troisième, par Vendellinus de uuila, Rome, 1475, jn-4°.
Quant au texte grec, le recueil de Maximus Planudes fut imprimé d'abord. Nous avons dit que ce recueil existe en deux éditions ou classes de manuscrits. Le premier de ces manus-
------------------------------------------------------------------------
crits est celui dont se servit Buonaccorso ou Bonus Accursiwt de Pise; pour la publication de cent-quarante fables d'Esope qu'il mit au jour à Milan , sans date, vers 1479, in-4° } avec la traduction latine qu'un certain Rinicius ou Rinucius en avoit faite une vingtaine d'années auparavant. Par les signatures , cette édition se trouve divisée en trois parties. La troisième fut réimprimée en 1487 ou , d'après une autre notice, en 1497 , in-40, à Reggio , en Lombardie, par Denya Bertochus, sous le titre d'JEsopi fabulae selectse, gr. lat. Toutes les trois furent réimprimées à Venise, en 1498, in-4°, Barth.
Justinopolitani, Gabr.Bracii, Jo. Bissoli, et Ben.- Mangei suintibusAlde l'Ancien plaça ces fables dans la collection qu'il publia en 1505, in-fol. Son édition servit d'original à plusieurs réimpressions qui parurent à Bâle dans le seizième siècle et qu'il seroit inutile de détailler ici1.
Le second manuscrit de la collection dé Planudes appartient à la bibliothèque du Roi de France. Il est plus complet que celui d'Accursius. C'est d'après ce manuscrit que Robert Etienne publia, en i546 , à Paris, in-4°, une belle édition des fables d'Esope, contenant vingt apologues qui manquent dans l'édition Aldine.
Coinme ce manuscrit renfermoit aussi cette Vie fabuleuse d'Esope dont nous avons parlé, on l'attribua à l'auteur du recueil, c'est-à-dire à Planudes.
Le recueil de Heidelberg fut publié ensuite ; nous l'appelons ainsi parce qu'il fut trouvé à Heidelberg en cinq manuscrits qui s'accordent tellement entre eux qu'on peut les regarder comme copiés l'un sur l'autre ou sur un original commun.
Ce fut Isaac-Nic. Nevelet qui le publia à Francfort, en 1610, in-8°, sous le titre de My tbologia sesopica. On y trouve deux cent quatre-vingt-dix-sept fables , ainsi cent trente-trois de
1 Nous ferons mention seulement comme d'une curiosité bibliographique, de l'édition des fables d'Esope Cil grec vulgaire, qui parut à Venise chez les frères Ntcolini de Sabio, 1545, in-4°.
------------------------------------------------------------------------
plus que dans l'édition de Robert Etienne. En 1660 , on imprima pour la Mythologia aesopica un nouveau titre portant : Fabulae variorum auctorum. Nous avons fait connoître cette collection dans notre Introduction, p. lxxxj.
Ces trois éditions premières, savoir celles de Buonaccorso Robert Etienne et Nevelet, furent la source de toutes les suivantes jusqu'en 1809 où commence une nouvelle classe d'éditions des apologues d'Esope. Avant d'en parler , nous dirons quelques mots encore de celles qui copièrent les trois premières.
Jean Hudson, se cachant sous le nom de Marianus, soigna, à Oxford, en 1718, in-80, une jolie réimpression de l'édition de Nevelet, avec quelques augmentations. L'édition de Hudson est moins correcte que les réimpressions qui en ont été faites à Eton, en 1749 et 1755.
L'édition de Hudson servit de base à celle de Jean-Godefroi Hauptmann, Leipzig, 1741, in-Bo; mais cet éditeur ne se contenta pas de faire réimprimer les fables recueillies par Planudes et par le rédacteur de la collection de Heidelberg.
Il y joignit toutes celles qui, rapportées par les anciens, avoient échappé à ces compilateurs : ainsi il porta à trois cent soixante-un le nombre des fables Esopiques. Il plaça dans le même volume une traduction de l'excellente Vie d'Esope par Bechet de Meziriac.
Jean-Michel Heusinger suivit un plan tout opposé. Son édition qui parut pour la première fois à Leipzig, en 1741 y in-Bo , ne renferme que cent-quarante-neuf fables , mais son texte est corrigé sur le manuscrit d'Augsbourg dont il sera question plus bas, et accompagné d'observations critiques et d'un index très-copieux. On donna un nouveau frontispice à cette édition en 1756, mais on la réimprima en 1770, 1776 et 1799.
L'édition de J.-Ch.-Théoph. Ernesti, Leipzig, 1781, in-8° , renferme les fables de celle de Nevelet, accompagnées d'observations interprétatives.
------------------------------------------------------------------------
Ce fut dans ce que nous avons nommé second recueil, qtri est à la bibliothèque du Roi de France, dans un manuscrit numéroté 1277, que M. de Rochefort trouva vingt-huit apologues qui manquent dans les recueils de Planudes et de Heidelberg. Il les publia dans le volume II des Notices et extraits des manuscrits de la bibliothèque du Roi, qui parut à Paris , en 1789 , in-4°. On trouve ces mêmes apologues dans le recueil que M. Gail fit paroître à Paris , en 1797, en 3 vol.
in-8°, sous le titre : Les Trois Fabulistes.
Ils furent aussi ajoutés aux réimpressions de l'édition de Heusinger qui parurent en 1810 et i8ig. M. God.-Henri Schoefer, qui les soigna , accompagna le texte de notes critiques et d'une table très-complète.
En 1811, M. Volgerpublia à Leipzig une très-bonne édition des fables d'Esope, mais il se borna à cent quarante-neuf apologues du recueil de Planudes , parce que ce nombre lui paroissoit suffisant pour le but qu'il s'étoit proposé , qui étoit de mettre entre les mains des jeunes gens un ouvrage à leur portée. L'excellence des notes et la manière dont la table est rédigée, peuvent faire regarder cette édition comme le modèle d'un livre élémentaire. Nous regrettons pour nos jeunes lecteurs qu'elle soit rédigée en allemand.
Toutes ces éditions, quoiqu'en partie postérieures à l'année 1809, appartiennent à la première classe d'éditions.
La seconde classe commence à la publication du recueil de Florence. Le manuscrit appartient à la bibliothèque du Montr Cassin de cette ville, et est célèbre sous plus d'un rapport. Il contient, non-seulement un recueil de fables d'Esope, mais aussi l'unique texte des romans de Xénophon et de Chariton, "et le seul complet de celui de Longus. Comme il renferme aussi la Vie d'Esope, vulgairement attribuée à Maximus Planudes , celui-ci ne doit plus être regardé comme l'auteur de ce roman insipide , car le manuscrit de Florence lui est antérieur d'un siècle. Le P. Montfaucon parle de ce manuscrit dans son Diarium italicum : il vouloit en tirer parti pour une
------------------------------------------------------------------------
nouvelle édition d'Esope. Ce projet, successivement repris et abandonné par Salvini, Coqphi, Lq.nzi} et Cober, a été exécuté par M. de Furia, garde de la bibliothèque de Florence.
Ce savant ne se borna pas à publier les seules fables de ce manuscrit; il y joignit encore celles du recueil 4""V atican, qui est le sixième de ceux. dont nous avons parlé. Le manuscrit de Florence ne renferme que cent-quatre-vingt-dix-»- neuf fables, mais toutes différentes de celles qui se trouvent dans le recueil de Planudes; elles forment le premier volume de l'édition de M. de Furia, qui parut à Florence, en 2 vol. in-8°. Le second volume contient deux cent vingt- quatre autres apologues , pris dans divers ouvrages, soit imprimés soit inédits. En faisant ce choix , M. de Furiq s'est approprié toutes les fables qui diffèrent entièrement, pour l'invention , des cent quatre-vingt-dix-neuf de son manuscrit, en négligeant celles qui, identiques pour le fond, c'est-à-dire.
pour l'invention, sont seulement revêtues d'autres formes.
Ainsi ce volume renferme vingt-trois fables , que l'éditeur a tirées de celles d'Aphthonius, trente-sept dp la collection publiée par Accursius; soixante-dix des fables publiées par Nevelet, et dix-sept de celles que M. Matthœi a données sous le nom de Syntipa. Viennent ensuite trente-six fables tirées du recueil du Vatican qui, comme nous l'avons dit, renferme beaucoup de fables de Babrius; en effet, ces trente-six apologues sont en vers et appartiennent à Babrius, circonstance dont M. de Furia ne s'est pas aperçu. Enfin il a placé dans ce volume quarante-une fables qui ont été conservées par divers auteurs, tels que Plutarque, Lucien , Maxime deTyr, etc.
Les notes de M. de Furia- s'étendent sur la critique et sur l'interprétation, tant sous le rapport de l'histoire naturelle, que sous celui des antiquités et des mœurs grecques.
Quatre tables terminent le second volume : elles indiquent les auteurs qui font mention d'Esope et de ses fables, ceux qui sont cités dans l'ouvrage; enfin les choses et les fables.
------------------------------------------------------------------------
A peine l'édition de M. de Furia a voit-elle paru , qu'an des plus grands hellénistes de nos temps ne dédaigna pas de s'occuper de la révision de son texte qui paroissoit exiger un nouveau travail critique. C'est de M. Coray que nous voulons parler. Son édition qui parut à Paris en t8io, in-8°, forme le second volume des Parerga de sa Bibliothèque hellénique.
Elle renferme un très-grand nombre de corrections ingénieuses ; M; Corciy a, entre antres, restitué la forme métrique aux. fables de Babrius que le bibliothécaire de florence àvoit cru écrites en prose.
Pendant que M. Coray travailloit à cette révision du texte de florencè, un libraire de Leipzig le fit réimprimer, du consentement de M. de Furia, avec quelques légères corrections, indiquées par cêlur-ci ( Leipzig, en 1810, in-8°. ). Le savant qui dirigea cette réimpression , M. Gad.-Henri Schoe- fir, l'enrichit fié quelques augmentations qui peuvent faire préférer l'édition allemande à celle de Florence. Elle est d'ail leurs très-bien exécutée.
Outre tout ce que renferme l'édition de Florence, ôn trouve dans celle de Leipzig : 1° le chapitre de la Bibliothèque grecque de Fabricius, qui traite d'Esope ; 2.0 la dissertation de Bentley sur les fables d'Esope ) 3,° celle de Tyrwhit sur Babrius; 4.° celle de Huschke sur les fables d'Archiloque 5.° un Index graecitatis critique et très-complet, rédigé par M. Ch.-Ern.-Christ. Schneider ; 6." des corrections et des chàngemens communiqués par M. de Furia pendant l'impression.
Avec cette grande édition, le libraire, M. Wtigel, en publia une petite ( Leipzig, 1810 , in-81 ) , qui ne contient que les prolégomènes et la préface de M. de Furia , le texte grec, les notes de F éditeur de Florence , sans les morceaux de Fabricius , Bentley, Tyrwhit et Huschke, qui se trouvent dans la première, et sans la traduction des fables.
Enfin, -voulant faire plus encore, M. Weigel chargea le même jeune savant, qui avoit rédigé l'Index graccitatis, du
------------------------------------------------------------------------
soin d'arranger une édition des fables d'Esope à l'usage des écoles. M. Ch.-Em.-Christ. Schneider s'aperçut, pendant son travail, que le texte de M. de Furia n'est rien moins que correct, ainsi qu'à 1a même époque M. Coray en avoit fait la remarque ; en conséquence , il y ajouta un grand nombre de notes critiques qui, à la vérité, .donnent du mérite à son édition ( Leipz., 1B10, in-8° ) , mais la font sortir de la classe des éditions destinées à la jeunesse. L'Index graecitatis est entièrement différent de celui des deux autres éditions.
Pendant que Florence et Rome concoururent ainsi à enrichir la littérature grecque de fables jusqu'alors inconnues, l'Allemagne ne resta pas èn arrière. Nous avons dit qu'il existe à Augsbourg un manuscrit des fables,dEscope différent <le tous ceux dont nous venons de parler. Jean-Michel fleuSLnger l'avoit découvert, et Heiske en avoit fait une copie qu'il céda à Lessing. Ce célèbre littérateur, un des restaurateurs dtL bon goût en Allemagne , l'enrichit d'observations marginales. C'est d'après cette copie que Jean-Gotllob Schneider publia à Breslau, en t 812, in-8°, un volume qui renferme deux cent irfcnte-une fables d'Esope et cinquante fables ou fragmejas de Babrius , les maes e les autres accompagnées de -notes critiques.
Il s'ensuit, en derpier résultat, que, malgré le grand nombre d'éditions des fables d'Esope, qui ont été publiées depuis 1809 , elles attendent un dernier éditeur qui réunisse les fables des six recueils publiés par Buonaccorso, Robert Etienne , Revelet, Rochefoit, Furia et J.-Gottl. Schneider, én faisant usage, pour la correction du texte, des observations de MM. Coray, Schsefer e Ch.-Ern,-Ch.ist. Schneider.
Nous parlerons à une autre occasion des éditions des fables de Babrius ( au chap. LU), ainsi que de celles de jSyntipa (au chap. XCIV
------------------------------------------------------------------------
CHAPITRE X.
De la Po'ésie -lyrique.
DANS cette période la poésie lyrique parvint à son plus grand lustre. L'enthousiasme de la liberté qui enflammoit les cœurs de tous les Grecs, les fêtes et les solennités nationales et religieuses qu'on célébroit avec toute la pompe qui pouvoit en relever l'éclat les victoires brillantes que ce peuple remporta sur les barbares qui avoient menacé son indépendance , fournissoient aux poètes de nombreuses occasions, soit pour inviter leurs compatriotes à la jouissance des plaisirs d'une vie dont aucun revers ne troubloit la tranquillité, soit pour vanter la prospérité publique , ,- pour célébrer les exploits des guerriers, bu pour remercier les Dieux des bienfaifs que-leurs mains avoient répandus sur la Grèce.
Aussi la- poésie lyrique se divisoit-elle en plusieurs branches, dont chacune porte un nom particulier, mais dont nous ne pouvons pas toujours indiquer le caractère distinctif, parce que le temps ne nous a conservé qu'un petit nombre de ces ouvrages.
La poésie lyrique fut principalement vouée à la gloire des dieux; mais XHymne (upoç), mot par lequel on désigne particulièrement le genre d'odes
------------------------------------------------------------------------
qui s'adressoit à la divinité , se partage oit en plusieurs espèces, tels que le Péan ( 'Tt'CX[dV), le Nomos si eurs esp è ces y tels que le P ~xTz ) , le j b~os (vofjLoç), et VHyporchéma ( ) ; ce dernier accompagnoit la danse. Le Péan étoit originairement un hymne adressé à Apollon; mais par la suite ce nom fut étendu à des poèmes en l'honneur d'autres divinités. Le Dithyrambe (S&6p<xp.(>o<;) mot dont l'étymologie est obscure , étoit une ode en l'honneur de Bacchus : beaucoup de poëtes attiques s'exercèrent en ce genre qui permettoit des métaphores hardies , des transitions brusques , des expressions neuves et inusitées: D'autres 5des, en l'honneur des dieux étoient nommées Prosodes (irpocroSta ') ;onles chantoit dans les processions religieuses. Les Daphnéphoriques (aoccpw¡%p"'èx) étoient récitées par des vierges portant des branches. de laurier dans une fête-particulière ( SoKpvrîcpopca, daphnèphorie ) que- les Béotiens célébroient tous les neuf ans en l'honneur d'Apollon. A certaines solennités on portoit en pompe des trépieds sacrés, et les odes qu'on chantoit étoient nommées Tripodèphoriques ( ~Tpiiro&rjcpoptxar ). Les Ithyphalliques ( r'3"ucpotAAîxoc) appartiennent à un genre semblable.
Les Athéniens honoroient Minerve par une fête nommée Skira (axi Ipoc) à cette occasion les enfans des citoyens les plus considérés portoient des bran, ches de vigne en chantant des Oschophoriqaos (OIJ'~yoyopixà ). Les Epilœmies ~( sTnÀotpua) étoient - des
1 Ce mot, qui vient de ôiîoç y chemiu, n'a rieu de commun avec celui de TrpooxfSia prosodie.
------------------------------------------------------------------------
hymnes par lesquels on remercioit la divinité d'avoir fait cesser quelque maladie épidémique. Ceux par lesquels on lui demandoit une grâce étoient nommés Euctiques ( fjjctikoc). Les Philêliacles (cpcÀTI haècu) étoient certaines odes en l'honneur d'ApolIon) dieu du jour. Diane étoit célébrée par des Oupingues ( ob'Ktyya ) • on imploroit par des Calabides (xaXo&fàeç) son assistance en faveur des femmes qui étoient dans les douleurs de l'enfantement. Les Toiiles ( iQuAot ) étoient des odes en l'honneur de Cérès, comme les Iobacques ( jcoêax^oj) s'adressoient à Bacchus : ces poésies étoient probablement ainsi nommées d'après certaines exclamations ({'ou, t'ou'tco Bdcx^s) qui en formoient le refrain.
Toutes ces différentes espèces d'hymnes constituent le genre desliymneslyriques qui est le troisième dans l'ordre des temps, et diffère essentiellement, par sa forme et par la variété de ses objets, des deux genres plus anciens , savoir des hymnes mystiques d'Olen, d'Orphée et de Musée, et. des hymnes épiques des Homérides Ceux-ci ne célèbrent ordinairement qu'une seule action d'un dieu , une seule fable, tandis que le poëte lyrique dont l'imagination ne s'arrête jamais long-temps sur le même objet, passe promptement d'un fait à l'autre, d'une image à l'autre.
Trois espèces de poésies lyriques, composées en l'honneur des particuliers, étoient désignées par les noms d' Encomion~ (ryxa>p,!Ov), d'Epénos ~(eiratvoç) ou
v p. i45.
------------------------------------------------------------------------
d'Epinicion~ ( çthv&iov ), selon qu'elles relevpient de préférence sçitles feits, soit les vertus, soit les victoires des héros qui en étoient l'objet. Danç les cérémonies du piafiagç on chantoit. dps Hyménèes ( vpevau'oi ) et des Qamèlies (^xpfttçc) : des Harmaties ( /xpftotTtca ) accompagnaient Le char sur lequel la jeupe épouse - étoit cpnduite dans sa nouvelle demeuve.. Auprès du lit nuptial pn entonpoit des Epitfoilaifies ( eVi^ocÀocpLîoc ).
Le Thrènos ~( 3"pvîvQç ) et E^picèdion ( imxrfyoy) 5 se rapprochoient du genre de l'élegie. Le nom d'lambe resta particulièrement affecté à la poésie satirique.
Lg. poésie mélique ou erotique fut pn des genres cultivés .aveç prédilection : les Scolies, dont nous avons parlé ailleurs 1, les Pegnieç (nwyv'çc) ou poésies légères, par lesquelles on chantait le vin et l'amour, font partie de çe genrç, aipsi quç les Pé- clica ( irat&xà) et les Parthénies (ipgp0ev«c) : ces derniers étoient chantés par des choeurs de vierges.
Enfin Athénée et Eustathe nous ont conservé deux espèces de chants de niendians; l'une appelée ^eAtâo'vjoc., OKgjiXs çle l'hirondelle, étoit cliaptée dans l'ile de Rhodes dans une fête qui y étoit célébrée en souvenir d'une contribution que les Lindjens avoient volontairement payée-à Çléobule, leur prince, qui étoit un des sept sages ; il avoit demandé cet argent pour les hirondelles revenues des pays méridionaux. De même que dans ces vers on demandoit l'aumône au nom des hirondelles, on la
1 Page 1QL.
------------------------------------------------------------------------
demandoit dans une autre espèce au nom des corneilles ; ces vers étoient appelés xopwv{afLær'cx, Chants de la corneille 1.
De nouveaux mètres qu'on inventa, contribuèrent à varier les formes de la poésie lyrique. Le rhythmeAsclépiade fut introduit dans cette période, ainsi que le Phaleque et le Glyconique, tous les trois ainsi appelés d'après les poëtes qui s'en étoient servis les premiers. Ibycus et Ancicrèon donnèrent aussi leur nom à des espèces de vers particuliers ; enfin on attribue à Hipponax l'invention des Choliambes.
Avant de passer à la nomenclature des poëtes lyriques qui ont illustré cette période, observons que comme il y en a plusieurs dont les ouvrages n'existent plus, nous ne sommes guère en état de bien apprécier leur mérite, et que nous devons mous en rapporter aux jugemens qu'en portent les anciens 2.
STÉSICHORE d'Himère en Sicile, le plus ancien parmi ces poètes, florissoit environ 570 ans avant J.-C., à l'époque de Phalaris, tyran d'Agrigente, dont il fut un des adversaires. Il fit des poésies lyrico-épiques, telles qu'une Destruction de Troie, ( Î-Àiou ~rrepacç) et une Orestiadey aussi Quintilien dit-il5 que ce poëte célébra les plus grandes guerres
1 Voy. Ilgen opuscula, YO1. I, p. i64. I
s Voy. QUlNTIL. Inst. or.X. 1. HOHAT. Carm. II. 15. 14. IV. 9- 7- 1 Ep. I. 6. 65.
5 lnst. or. X. 1, 62.
------------------------------------------------------------------------
et les plus célèbres chefs, et qu'il soutint par la lyre le fardeau de l'épopée ; epici carminis onera lyra sustinentem ; il auroit pu , ajoute le critique, égaler Homère, s'il avoit su se tenir dans des bornes.
Stésichore chanta en dialecte dorique1 des hymnes en l'honneur des dieux, et des odes en celui des héros (a3"Aa). On le regarde comme l'auteur des premiers poëmes nommés Tra:<5:xa, genre dont la vingt-neuvième idylle de Théocrite fournit un exemple. Quelques auteurs ont prétendu que son vrai nom étoit TISIAS, et que celui de Stésichore lui fut donné, parce qu'ayant ajouté la lyre à la musique dont étoient accompagnés les chœurs, qui, avant l'invention de l'art dramatique, faisoient le principal charme des fêtes politiques et sacrées, il fut regardé comme le véritable inventeur des chœurs, ou comme celui qui leur avoit donné leur forme caractéristique (de ~xopo7; ~çrwç). Ses concitoyens lui érigèrent une statue qui le représentoit courbé par l'âge et tenant un livre à la main. Cicéron en parle comme d'un chef-d'œuvre Stobée nous a conservé quelques fragmens de Stésichore.
Ce qui nous reste de Stésichore, Ibycus et des autres poëles lyriques, se trouve dans les collections de Henri Etienne , Ursinus, etc. Les poésies de Siésichore ont aussi été publiées à part par Suelfort, Goettitigen, 1771, in-4°. Une collection beaucoup plus complète par M. Blomfleld) se trouve dans le Muséum Criticuin Cantabr. n°. VI.
1 C'est sans doute par une taule d'impression qu'on lil clans l'uuvugc ,le M. Mohnicke (p. 5ii) que son dialecte étoit iaUlquc.
2 Or. in Vcrrein 11. Sect. 55.
------------------------------------------------------------------------
Son contemporain fut lBYCUS de Rhegium, un des poëtes lyriques du canon des Alexandrins. Il fut tué par des voleurs dont le crime fut trahi par des grues, événement ou fable dont le souvenir nous a été conservé par une épigramme d'Antipater de Sidon. La chaleur qui régnoit dans les poésies érotiques d'ibycus, lui a fait donner par Suidas l'épithète d'ipcuTQftxveç-an-Qç, en ragé-amoureuse. Cicéron dit : Maxime omnium flagrasse amore Rheginum Jbycum, apparet ex scriptis1. Ilnous reste de foiblcs fragment de ces poésies.
Il s'est conservé une petite collection de chansons ou poésies méliques attribuées à Ál'IAcRÉoN de Téofl 1. Toute l'antiquité parle avec admiratioo de , ce chantre de Bacchus et de l'Amour. D'Abdère où ses parens, fuyant la domination de Crésus, l'avouent conduit dans son enfance, il se rendit à la cour de Polycrate, prince de Samos. Celui-ci, et Hipparque, maître d'Athènes, l'honoroient de leur amitié. Il parvint à un âge de quatre-vingt cinq ans, et passa les dernières années de sa vie à Téos ou à Abdère, sa seconde patrie. Son ami Simonide lui fit deux épitaphes qui se trouvent dans l'Anthologie.
Ajnacréon ne composa pas des poésies érotiques seulement ; il s'exerça en divers genres , l'hymne, l'élégie, l'épigramme et les ïambes ; mais il excella surtout dans la poésie légère ( THxiyvtot ), pour la-
1 Tusc. IV, 35.
a Né l'an 559 avant J.-C. Moit en 4y4.
------------------------------------------------------------------------
quelle le premier il se servit d'un mètre particulier que les grammairiens appellent ionique majeur il est le modèle de ce genre qui depuis fut nommé d'après lui.
Une collection de chansons anacréoDtiques, formée de son temps ou au moins dans une haute antiquité , et composée de cinq livres, a péri ; celje que nous possédons a été compilée au dixième siècle par Constantin Cephalas, qui, en rangeant dans son Anthologie les épigrammes par classes, y a donné une soixantaine de petits poëmes qu'il in-, titula : Chansons de table d'Anacréon et de poètes
même n'attribuoit pas tous ces morceaux au chantre de Téos. Aussi lij diversité de leur mérite et celle des dialectes dans lesquels ils sont écrits prouvent qu'ils sont de différentes époques. Cependant il ne paroît pas douteux qu'une partie au moins de ces poésies n'ait Anacréoa pour auteur, et Cephalas a bien mérité de la postérité en sauvant de la perte ces précieux monumens de la littérature grecque. La gaîté, la naïveté la simplicité et Les grâces qui règnent dans ces Muettes, onffait d'Anacréon un des poètes favoris de son temps et des siècles sui vans.
« Une longue suite de poètes, dit M, Manso se sont occupés jusqu'à nos jours des mêmes sujets qu'Anacréon. La légèreté, la simplicité, l'abandon
1 Charaklere der voinelimsteu Dicluer aller Nat. Bd. VI.
------------------------------------------------------------------------
qui caractérisent la manière de ce poète aimable, ont été étrangers à tous les poëtes qui l'ont pré- ■ cédé et à la plupart de ceux qui ont cherché à l'imiter. Anacréôn est inspiré par une gaîté franche et par Itl sentiment d'un contentement intérieur qui .s'épanche toujours avec douceur. Le plaisir que lui font éprouver le vin et les femmes est si pur, qu'on voit bien qu'il ne peut qu'embellir la vie. Les impressions qu'il reçoit des objets qui l'entourent ne troublent jamais le calme de son âme ; il rit et ba- • dine avec la naïveté d'un enfant dont l'innocence nous charme. Quand il accompagne de ses chants les accords de sa lyre, ce n'est pas parce qu'il veut plaire ou qu'il veut célébrer quelque objet : il chante, parce qu'il y trouve du plaisir, et qu'il sent le besoin d'exprimer ce sentiment. Ses poésies ne brillent pas par l'invention ; on n'y trouve pas d'allégories artificielles, point de tours recherchés ni d'allusions cachées, ou ce n'est en quelque sorte qu'à son insu. Rien de superflu dans ses vers ; ils sont faciles, délicats et doux, sans art et sans apprêt. L'ode d'Horace la plus gaie donne plus à penser et procure une jouissance plus exquise au lecteur que la chanson la plus sérieuse d'Anacréon.
La lecture de ce poëte laisse dans l'esprit la même impression que celle qu'on emporte en quittant une société où règnent la gaîté et la grâce modeste. On n'y a pas entendu de ces mots profonds qui restent dans l'âme , mais on en conserve des souvenirs agréables et un certain sentiment de bien-être. »
------------------------------------------------------------------------
Lorsque Henri"Etienne fit, le premier, connoître Anacréon par l'édition qu'il en donna à Paris" i554 , in-e , avec Alcée et Sapphon, en annonçant qu'il s'étoit servi de deux manuscrits , on crut ces poésies supposées, parce que. le savant imprimeur ne s'expliqua pas sur l'origine et le mérite de ces manuscrits, et qu'on ne connoissoit pas alors le célèbre manuscrit de l'Anthologie qui est à Heidelberg. Henri Etienne donna un texte plus correct dans sa collection lyrique qui parut deux 'ans après. Quant aux deux manuscrits dont il se servit, ils ne se sont jamais retrouvés, et on prétend qu'il les a détruits; mais indépendamment de l'Anthologie de Heidelberg /il existe un manuscrit d'Anacréon à Leide. On n'en connoît pas d'autre. On peut joindre-à l'édition de 1554, Anacreontis odae lat. factae ab Helia Andrea, Paris. 1555 , in-4".
L'édition de Henri Etienne fut copiée par -,-F, milius Portus, (Heidelberg, 1598, in-8°); par Taneguy Lefebvre ( Saumur, 1660, 1680, 1690 , in-12 ); par madame Uacier, sa fille, ( Paris, 1682, Amsterd., 1693, 1699 et 1716, in-12), et par Longepierre (Paris, 1680, 1684, 16,92:1 in-8° ). Une des plus célèbres éditions du dix-septième siècle est celle que donna, en 1639, in-8°, à l'âge de douze ans, Armand-Jean BoutlziUier, le réformateur de l'ordre de la Trappe, qui est plus connu sous le nom d'abbé de Rancé. Elle est accompagnée ^de notes grecques 1..
Le premier qui s'écarta notablement du texte de Henri Etienne , fut Guill. Baxter. Ses éditions d'Anacréon parurent à Londres, en 1695 et 1710 , in-8°. Il corrigea et changea le texte arbitrairement d'après de simples conjectures.
Ce n'est pas ainsi qu'en agit Josué Barnès qui donna en 1705, à Cambridge, in-12, une édition faisant époque. Elle renferme une nouvelle révision du texte d'après les conjec-
1 Voy. une noLice curieuse sur celte édition , dans les Mélanges de critique et de philologie de Chardon la Rochette, vol. I, p. i44.
------------------------------------------------------------------------
tares des meilleurs critiques , mais surtout d'après une collation dd iricmiisïîritde Heklelberg qui étoit alors au Vatican.
Elle fut réimprimée avec de nouvelles corrections à Cambridge, 1721, et à-Londres, 1734.
En 1725, Michel Wfdîiiaire donna à Londres, in-'4°, une belle édition d'Anàcréon qui ne fut tirée qu'à cent exemplaires, sur chacun desquels Maîttairé corrigea à la plume les fautes (l'impression qui lui avoient échappé. Elle contient un choix de notes tirées de tous les commentaires antérieurs, à-l'exception des schoTies de l'abbé de Rancé. Cefles-ci furent ajoutées' à la réimpression qui se fit en 1740, aussi in-4°, s et au nombre de cent' exemplaires seulement ; cette édition est pourtant moins complète que celle de 1725.
L'édition de Jean- Corn. de Pauw ( Utrecht 1792 , in-4° ) n'est pas sans mérite, quoique cet éditeur ait fait des changemens téméraires dans le texte.
La traduction angloise d' Anacréon et de Sapphon, par Addissorz, Londres, i735, in-8°, est accompagnée du texte grec.
On estime les éditions de Jos. Trapp, Londres, 1733 et 1742, in-8°. Celle de J. Lami, Florence, 1742, in-12, ayant été défendue, est devenue un livre rare et recherché.
Le texte de Henri Etienne a servi aux éditions de Foulis à Glasgow, savoir: in-80, xjVi, 1757, 1770, 1783, 1801; et in.-32, en 1761, Monsignor Jos. Spaletti fit imprimer en 1781, in-fol., à Rome, une copie ou pour mieux dire un fac simiie, gravé sur cuivre , du célèbre manuscrit de Heldelberg. Les planches gravées manquent dans les exemplaires portant la date de 1785. Jean-Ludolphe Holst a sui vi Baxter, dans son édition de 1782 , Leipzig, in-go, où se trouvent aussi les fragmens de Sapphon.
Bodoni à Parme, assisté de l'abbé Valperga de Caluso ,
------------------------------------------------------------------------
donna quatre éditions de luxe d'Anacréon; la preinicre en 1784, pet. in-4°, en lettres cltnives; la seconde, en 1785, gr. in-4°, en lettres capitales ou majuscules ; la troisième , 1791 , en 2 Toi. pet. in-BO ou-tn-re, dn petites capitales, et la même année , in-i 6 , en lettres cursives.
Les éditions de R.-Ph.-Fr. Brunck commencent une fton vellc époque. Il avoit d'abord donné line révision du texte dans ses Analecta, 1776, et une édition .particulière d'Anacréoh en 1778, Strasb*, in-16, avec d'excellentes notes , parmi lesquelles il y en avoit d'inédites de Saumaise. Sa seconde et Sa troisième éditions parurent le même-jour de la même année 1786, l'une in-39, l'autre 111-16 l. Elles diffèrent entre elles, tant pour le texte que pour les notes. Brtinck s'y est rapproché du manuscrit de Heidelberg. Ces éditions sont la bage de la plupart des éditions suivantes ; comme de Jean-Fréd. Degen ( Erlangue, 1786, Altenbourg, 1781 et 1808, in-8° ); de Fr.-Gottt. Born ( Leipzig, 1789 et 1809, in-8°, avec Sapphon ) ; de J.-H. van Reeneri ( Amsterdam , 1807 , 10-4° et itf-So ) • et dé M. God.-I:lenri Schœfer ( collection de Tauchnitz ), Leipz., 1 811 et 1818, in-18.
Jean-Fréd. Fisûher donna en 1754, Leipzig in-8° une édition d'Anacréon et de Sapphon, aved les commentaires de tous ses devanciers. Elle fut réimprimée en 1776 et 1793 , chaque fois avec de nouvelles augmentations. On trouve dans ce gros volume tout ce qui a été dit sur Anacréon , excepté les corrections de Bfunck ; car Fischer a conservé le texte de Baxter.
M. J.-B. Gail donna , en 1795 , Anacréon , avec des traductions latine et francoise, en 4 vol. in-t8. En 1799, il publia un Anacréon ,'in-4°, avec traduction , dissertations , musique, etc. ; et in-Bo avec la version latine seulement.
1 L'édition in-16 est nommée sur le frontispice des exemplaires sur papier ordinaire : Editio III ; mais seulement Editio nova , sur celui des exemplaires en papier d'Annonay.
------------------------------------------------------------------------
L'édition de M.Fr.-Henri Bothe , Leipz., i8o5, in-i G, a son propre texte arrangé par l'éditeur qui est un critique ingénieux, mais fort hardi. Ce texte a été copié par Bliss à Oxford , pour son édition in-32 , faisant suite aux poëtes grecs que cet imprimeur publie.
Une autre édition angloise, publiée à Londres en 1802, in-80 , par les soins d'Edouard Forster, est ornée de beaucoup de vignettes.
Celle de M. Em.-Ant. Mœbius, Halle, 1810, in-8°, se distingue, parce que ce savant y a appliqué, peut-être avec un peu de superstition , au texte de Brunck , les principes de
métrique de M. God. Hermann. Cette édition a un excellent index, mais elle fourmille de fautes typographiques.
M. de SainUVictor a joint le texte de Brunck à sa traduction en vers françois qui a paru en 1810 et 1818. La préface et les notes de Brunck s'y trouvent également.
M. Boissonnade a également pris le texte de Brunck pour base de son édition d'Anacréon, Paris, 1823, in-32; mais il a souvent rétabli les leçons du manuscrit du Vatican que ce critique avoit extirpées. Cette édition fait le premier vol ume de la collection intitulée : Poetarum graecorum sylloge., que M. Lefevre, libraire de Paris, a commencé à publier.
Dans les lettres de Pline le jeune , il est question .-. d'un ïambographe , nommé HÉRODE, que cet écrivain paroît avoir regardé comme le premier poëte en ce genre'. Quelques éditeurs de Pline l'ont confondu avec Hérodes Atticus; mais cet orateur naquit seulement vers le temps où Pline écrivit la lettre dont il s'agit : d'autres ont pensé que le passage est corrompu, et qu'il faut lire Archiloque ou Piiilétas, ou Eratosthène. M. Gierig, à qui nous
1 Epist. IV, ep. 5.
------------------------------------------------------------------------
devons une bonne édition des lettres de Pline, est du même avis, parce que, dit-il, le poëte Hérode n'est nommé dans aucun ouvrage ancien qui nous reste. Cette assertion n'estpas tout-à-faitexacte : dansun vers d'Hipponax cité par.le scholiaste des Thériaques de Nicandre, il est question d'un Hérode dont le poëte se moque. C'est ainsi au moins que ce mot se lit dans l'édition Aldine 1 ; mais le manuscrit suivi par M. Schneider a une leçon différente qui, en faisant disparoître le nom d'Hérode, offre un meilleur sens 2. Toutefois le poëme hémiambique d'Hérode , intitulé le Sommeil, est cité ailleurs par le même scholiaste5, et Zenobius allègue également le poète ïambique Hérode 4. Athénée le nomme Hérondas 5, ce qui est la forme dorique d'Hérode, ainsi que l'ont observé Saumaise et d'autres après lui 6. Enfin il est -probable qu'il faut lire Hérode, à la place d'Hésiode dans les Sermones de Stobée où sont cités plusieurs vers ïambiques qui paroissent appartenir à ce poète 7. On n'a d'ailleurs aucune donnée ni sur sa patrie, ni sur l'époque ou il a vécu ; mais on doit faire remonter celle-ci
2 Au lieu d'IÍ_p<JSd'ov, ce manuscrit a Éptilcttov. Voy. NICANDRI Ther. ed.
Schneider, p. 82.
5 Ed. Ald. p. 4i. Ed. Schneider, p. y5.
4 Adag. Cent. VI. 10. p. 154.
5 Lib. III. p. 86 B. ( Ed. Schweigh. vol. I, r. 337 ).
6 Vid. ATHEN. Schweigh. vol. VII, p. 79.
7 Serm. LXXI,, p. 43g. LXXXVI, p. 453. XCV7, p. 53o. CXVJIJ , p. 5gi.
------------------------------------------------------------------------
à la plus haute antiquité, et comme il seroit possible que là leçon du scholiâste où ce poëte est nommé dans un vers d'HippûnaX fût bonne, nous le flacons avant celui-ci.
Le petit nombre de fragmens d'Hérode l'ïambographe ont été placés par Fiorillo à la suite de son édition d'Hérodes AtticuS. ( Voyez chap. LVï. )
Païmi les poëte's ïambiques de cette période, l'antiquité nomme HIPPONAX d'Ephèse 1, dont la franchise, ou plutôt la médisance, est devenue proverbe. Bupalus et Anthermus, deux sculpteurs de Chins, ayant fait une caricature d'Hipponax qui étoit fort laid, le poëte qui n'étoit pas moins susceptible, composa contre eux un poème si mordant, que les scholiastes d'Horace s disent que de «désespoir ils se pendirent; mais Pline 5 nomme plusieurs ouvrages qu'ils firent après cet événement. Hipponax employa de préférence le choliambe Du skazon qui convenoit au genre satirique tle ses poésies. Oti attribue l'invention de ce vers soit à lui-même, soit à son contemporain ANANIUS.
11 se servit aussi de l'hexamètre dans une parodie d'Homère, et Athénée, ou plutôt Polémon, cité par Ce compilateur, le nomme l'inventeur de la parodie 4.
-1 53o ans aiaDt J.-C.
* Ad Epod. 6. v. i4.
1 Hist. uat. Lib.KXXVI, c. 5.
Lib. XV, p. 6g8. c. (Ed. Scaweigh. vol. Y , p. 555 ).
------------------------------------------------------------------------
Les fragmeas (Fllipponas. et d'Ananius ontété recueillis par M. Théoph.-Fréd. Welcker, Gœttingen, 1817, iti«4°4 Un célèbre poëte dithyrambique; LASUS et Hermione, ville de l'Achaïe, a, le premier1, introduit le dithyrambe dans les jeux publics, et obtenu qu'il fut décerné des prix pour ceux qui primeroient dans un genre qui, depuis Arion, n'avoit guère été connu qu'à Gorinthe et à Thèbes. Les dithyrambes etoient chantés- par deS cliœurs qui, différeiis de ceux qui marchaient en procession, exécutoient leurs danses autour de l'autel de Bacchus : on les appeloit cycliques ~( xuxÀjoç xopoç ). Le premier aussi il a écrit sur la musique. Il fut un des maîtres de Pindaree.
PRATÏNA# de Phlionte, qui est célèbre Comme auteur de tragédies et de drames satyriques, appartient aussi aux poètes dithyrambiques. H a fleuri vers l'an .600 avant J.-C. Athénée cite son dithyrambe les Dyrvènes -ou les Caryatides, et nous a conservé un fragment d'une vingtaine de vers d'un hyporchema de -ce -poëte.
PINDARE de Thèbes naquit à l'époque la plus glorieuse de la Grèce 3, et il regardoit cette circonstance comme un grand bienfait des dieux :" aussi ^voit-il l'habitude de se rendre à Delphes chaque fois qu'on y célébroit les jeux Pythiques, pour chan-
1 5o8 ans avant J.-C.
3 Voy. Burette, dans les Mém. de l'Acad. des Inscr. vol. XV p. 5i4.
3 D'après M. Bceclh, 01. LXJV, 3. = 522 avant J.-C. D'après le même, Pindare mourut 01. LX-XXI1, 3i. = 44a. ans av. J.-C.
------------------------------------------------------------------------
ter un péan à Apollon en action de grâces. Il eut pour instituteurs et guides de sa jeunesse, Lasus, Simonide, Myrtis, femme distinguée par ses talens, et la brillante Corinne. Il composa beaucoup de poésies lyriques, des parthénies, des thrènes, des hyporchèmes, des prosodes, etc. 1 Il ne nous reste -que quelques fragmens de tous ces ouvrages; mais nous avons de ce poëte quarante-cinq hymnes ou Chants de victoire, ETTIVIXJOC OCaparoc, composés en l'honneur des vainqueurs qui remportèrent les prix aux jeux de la Grèce et des divinités qui présidoient à ces fêtes.
Ces odes, telles qu'elles nous sont parvenues, sont distribuées en quatre sections, intitulées Chants Olympiques, au nombre de quatorze; Victoires Pythiques, au nombre de douze ; Victoires N eméennes, dont il y en a onze ; Victoires Isthmiques, qui se déduisent à huit. Cette division n'ést pas de Pindare. Le recueil de ses poésies renfermoit, dans sa forme primitive, toutes sortes d'ouvrages, des péans, des chants de victoire, des chansons de table et des poésies plaintives que nous appellerions élégies, si, comme nous l'avons dit, l'usage n'avoit prévalu de désigner par ce mot un genre de poésie astreint à un rhythme déterminé qui, probablement, n'étoit pas celui de Pindare. C'est dans cette collection générale, qui reraontoit peut - être à Pindare même , que le
1 Voy. l'explication de tous ces mots, p. 261.
------------------------------------------------------------------------
grammairien Aristophane de Byzance choisit un certain nombre de morceaux où il étoit plus ou moins question de victoires remportées aux jeux solennels que la Grèce célébroit périodiquement à Olympie, à Delphes, à Némée et à Corinthe. Il ne sufiisoit pourtant pas, aux yeux de ce critique , qu'une ode chantât quelque victoire remportéeda-w ces assemblées, pour qu'il la jugeât dignfr d'entrer dans son recueil ; car il nous reste - des fragmens de morceaux de ce genre qu'il en a exclus. D'un autre côté, son recueil renferme une ode qui ne se rapporte pas à une victoire particulière ( c'est la seconde Pythique), et quelques autres qui chantent bien- des hauts faits d'armes, mais non des exploits dont l'une des,quatre grandes réunions helléniques ait été le théâtre. Enfin on yremarque des morceaux où il n'est question, que pour ainsi dire en. passant, d'un combat et d'une victoire.
Le triomphe des vainqueurs aux jeux, publics.
étoit célébré dans la soirée même qui suivoit la lutte, et comme il ne se trouvoit sans .doute pas toujours sur les lieux des poëtes d'une verve assez, féconde pour composer des espèces d'impromptus,, il est probable que les personnes chargées d'exécuter les fêtes, c'est.,à:-dire les Choristes, savoient par cœur un certain nombre d'odes qui pouvoient s'appliquer à toute espèce de vainqueurs, et qu'on pourroit appeler bannales. Parmi les poésies de Pindare, il y en a peut-être quelques-unes de cette
------------------------------------------------------------------------
catégorie. Une seconde fête étoit préparée au vainqueur, et celle-ci devoit avoir plus de charme pour lui, parce que sa famille, ses amis, ses concitoyens, les compagnons de son enfance y prenoient part.
C'est celle qui l'attendoit au retour dans sa ville natale. Plusieurs odes de Pindare ont été composées pour ces solennités subséquentes. Enfin on remarque que dans le recueil il y a des odes qui ne peuvent avoir été écrites que long - temps après l'événement qui en a fourni le sujet : ce qui indique que la mémoire des victoires étoit célébrée à des époques périodiques. Dans les odes destinées à être chantées aux fêtes de ce dernier genre, l'exploit dont il s'agit est à peine mentionné, et le poëte use de la liberté la plus étendue pour parler de la gloire des ancêtres de son héros et pour rappeler les fables qui entourent le berceau de sa naissance.
Que Pindare soit entré en verve pour chanter les victoires d'un Hiéron ou d'un Théron, à la cour desquels il étoit couvert d'honneurs et de présens , rien de plus naturel ; mais on demande ce qui l'avoit engagé à consacrer son talent pour immorta-
liser des citoyens obscurs dont le nom seroit resté à jamais inconnu, s'il n'avoit été proclamé dans les jeux publics. On se croit d'autant mieux autorisé à élever cette question que divers passages de ses odes lui ont fait la réputation de n'avoir pas été très-désintéressé. On peut répondre que dans quelques-unes de ses odes, Pindare nomme en effet l'ami ou les amis du vainqueur qui avoient mis le
------------------------------------------------------------------------
poële en verve y ou , CQmpie il s'exprime une frus,.
qui (ivoient attelé pour le vainque le quadrige deq Piérides. Mais chaque vainqueur nç trouyoit pas un ami si généreux - il paroît dopç que, dans les cas ordinaires, les magistrats qui présidoient aux fêtes aboient coutume d'ouvrir un concours pour lespoëtes disposés à fourpir un poème, - et que Pindare ne répugnoit pas de prendre part à çes combats, poétiques aussi lucratifs qqhonorablçs. L'usage de ces concours est prouvé par une inscription qui fait mention des vainqueurs daps les çonpours pour des odes de victoire
Ces odeg étoient chantées par des choeurs composés tantôt d'hommes d'un eertain âge, tantôt de jeunes gens exercés à cet emplpi.. La ipusique étoit açcqmpagnée de danses. Comme Pipdarç paroît s'être fait une occupation particulière du soin de célébrer les vainqueurs dans les jeux publics, on peut supposer qu'à l'ipstar des poëtes tragiques, il avo.it à sa disposition et à sa solde un choeur qq'il transportent dans les différentes réqnions qù les Grecs se donnoient cet amusement. La représentation de~ odes, si par apalogie il est permis d'appeler aussi une récitation accompagnée de toute la pompe des spectacles, étoit exécutée par la procession qui se rendoit au temple pour remercier les dieux;.
c'étoit une des dernières parties de la fête qui, immédiatement après, étoit terminée par pn banquet.
Bœckh Smatshaushalt der Ath.ener, vol. II, l'. 555.
------------------------------------------------------------------------
Le lieu de la scène étoit l'enceinte réservée du temple qu'on nommoit tenienos, ~refxevoç, ou, si le vainqueur étoit Athénien, le Prytanée où dès lors il étoit entretenu aux frais de l'état. Si quelques-unes des odes pindariques étoient exécutées au banquet même, ce n'étoit pas à ce repas qui se donnoit immédiatement après la cérémonie reliligieuse; c'étoit au banquet par lequel les parens et amis du vainqueur fêtoient son retour dans la maison paternelle. Toutefois ce cas ne doit pas être arrivé fréquemment, car les odes de Pindare ont pour la plupart, un caractère trop solennel et pour ainsi dire trop public pour qu'on puisse supposer qu'elles fussent destinées à être représentées dans des maisons particulières
En effet, en lisant ces poëmes on est frappé du ton grave et sérieux qui y règne d'un bout à l'autre : souvent ils s'élèvent jusqu'à l'onction de la prière religieuse et à l'enthousiasme le plus exalté. Composées, non pour être lues dans le cabinet, mais pour être récitées, déclamées, chantées devant une multitude nombreuse, les odes de Pindare respirent cette dignité qui convient à des monumens publics et à des spectacles nationaux. La suite régulière des strophes, des antistrophes et des épodes alternant entre èlles, leur donne quelque chose de majestueux. Elles tiennent un peu de l'épopée, parce qu'à l'éloge du vainqueur le poëte rattache
i Voy. la préface que M. Thiersch a mise en tête de son édition.
------------------------------------------------------------------------
celui de ses ancêtres, de sa famille et de sa patrie; mais leur principal caractère est lyrique, et c'est dans cette partie, surtout que le génie du poëte domine par des mouvemens fougueux, fiers, irréguliers ; ses images sont grandes et sublimes, ses métaphores hardies, ses pensées fortes, ses maximes étincelantes de traits de lumière. Son style est souvent obscur à force de concision. « Novem lyricorum longe Pindarus princeps, dit Quintilien 1, spiritusmagnificentia, sententiis, figuris, beatissimus rerum verborumque copia, et velut quodam eloquentiae flumine. »
Si nous examinons ensuite ces poésies dans Fintention d'y reconnoître le caractère personnel de Pindare, il y a une chose qui nous choquera d'abord, parce qu'elle est contraire à nos mœurs et à l'hypocrisie qui nous est devenue habituelle : nous voulons parler de cet orgueil avec lequel il se proclame lui-même le premier des poëtes; et de ce dédain avec lequel il regarde ses rivaux et ses jaloux qu'il compare à des corneilles osant lutter contre l'aigle. On pardonne toutefois cette franchise au génie. L'enthousiasme qui lui arrache l'aveu de sa supériorité , le lave du soupçon de vanité. C'est le dieu dont il est plein qui a prononcé par sa bouche. D'ailleurs le sentiment de son mérite le préserve de sentimens haineux. Tout en effet dans les vers de Pindare respire la douceur, la bonté, l'in--
» Inst. Or. X, 1.6.
------------------------------------------------------------------------
nocence des moeurs. Il se plaît surtout a peindre la vertu et l'amitié ; il soutient les droits sacrés de l'bospitalité; il prêcha la justice et la bienfaisance.
Son respect et sa reconnoissance pour la divinité sont sans bornes ; il adresse aux dieux des péans et des actions de grâces; il demande leur protection pour lui-même et pour ceux dont il chante les triomphes. Ce qu'on pardonne plus difficilement à Pin dare , c'est l'amour des richesses qui paroît son penchant dominant et qu'il ne se donne aucune peine de masquer. line connoît pas de mortel plus heureux que celui auquel les dieux ont donné beaucoup d'or. La force corporelle et les richesses étoient regardées par les Grecs comme les premiers des biens; les anciens poëtes les vantent comme tels, et ce ne fut que lorsqu'on fut parvenu à un haut raffinement de moeurs , qu'on connut des biens préférables à ceux-là, ou qu'on apprit l'art de cacher des sentimens dès lors regardés comme ignobles. Il faut donc -attribuer en partie à l'esprit du siècle où Pindare a vécu, l'avidité qui nous choque dans ses vers; toutefois on ne peut nier qu'elle se montre trop souvent à découvert pour que nous ne soyons forcés d'en mettre une partie sur le compfe personnel du poëte 1.
On dit ordinairement que Pindare s'est- servi du dialecte dorien. M. God. Hermann a fait voir, dans une dissertation publiée en 1809 que le fond
1 Voy. Car.-Wilh.-Theoph. Camenz Piudavi iugenium. Misenae, in-4°.
,¡ De dialecto Pindari obsertationes. Lips., 1809, in-4°.
------------------------------------------------------------------------
de la diction de ce poëte est du dialeete épique, mais qu'il a employé lesformes doriennes toutes les fois qu'elles lui paroissoient plus expressives ou plus commodes pour son mètre; quelquefois il leur a préféré celles que lui fournissoit le dialectè éolique qui étoit son idiome national. M. Hermann remarque que les vers de Pindare abondent en hiatus, sans qu'il paroisse avoir fait usage du digamma, qui, de son temps, avoit disparu du langage épique, et çue même les deux principaux poëtes éoliens , Alcée et Sapphon, n'avoient guère employé. A l'exemple des anciens poëtes épiques, il fait longue la syllabe qui précède une consonne muette, suivie d'une mouillée. L'opinion de M. Hermann sur le mélange des dialectes par Pindare a été adoptée par le dernier éditeur, M. Aug. Bœckh, qui remarque que les copistes ont souvent fait disparoître les dorisjnes dans les odes olympiques, tandis qu'ils ont été conservés plus fréquemment dans les autres ouvrages de ce poëte 1.
Avant qu'Aristophane de Byzance eût rédigé la collection des poésies de Pindare, CHAMÉLÉON d'Héraclée, au Pont, contemporain de Théophraste, -avoit écrit sur ce poëte. Dans la période suivante , ZÉNODOTE d'Ephèse, CALpIMAQUE, ARISTARQUE, AMMONIUS, DIDYMUS et plusieurs autres savans Alexandrins le commentèrent et en firent des éditions ou récensions. Leurs travaux ont péri, mais
f Praef. p. XXXII. et vol. 1 , P. 2, p. 288sqq.
------------------------------------------------------------------------
il existe trois recueils de scholies qui en sont tirées.
L'un est de THOMAS MAGISTER, grammairien du quatorzième siècle , et c'est le meilleur. Le second est de MANUEL MOSCHOPULUS Vaînè, le troisième de DÉMÉTRlus TRICLINIUS du commencement du quinzième siècle.
Une Fie de Pindare par un anonyme qui renferme un petit fragment de ses odes qu'on ne trouve pas ailleurs, existe dans un manuscrit de la bibliothèque de Breslau.
Feu J. Gottl. Schneider a publié cette Vie dans son édition des Thériaques de Nicandre.
Les manuscrits de Pindare ne sont pas très-nombreux, et aucun ne remonte au-delà du quinzième siècle.
La première édition de Pindare est celle d'Alde l'ancien , Venise j 1513, in-8°. Feu Heyne la louoit pour la partie des Pythiques et des Néméennes, qu'Alde avoit copiées sur un bou manuscrit; mais il la jugeoit mauvaise pour les Olympiques et les Isthmiques. Ce n'est pas l'opinion de M. Boeckh. Ce savant admet deux classes de manuscrits. Les uns suivent une ancienne récension, les autres proviennent de grammairiens modernes. Heyne se trompoit, dit-il, sur le mérite des corrections faites par ces grammairiens. L'édition Aldine et celle que Zacharie Calliergus , Crétoia, publia à Rome , en 1515, in-4°, avec les scholies, furent la base de toutes les réimpressions suivantes dont voici les principales.
Bâle, i5is6, in-8°, par André Cratander, avec une préface de Huldric Zwingli. Edition très-correcte.
Bâle, 1535, in-8", par André Cratander, avec une traduction latine. Cette édition a été plusieurs fois réimprimée.
------------------------------------------------------------------------
Francfort, 1542, in-4°, par Pierre Brubach, avec les scholies.
Sans les schalies, Paris, i558 , in-4°, par Guill. Morel.
Edition très-estimable.
Henri Etienne publia Pindare avec les autres huit poëtes lyriques, Paris , 1560, in-4°. La.traduction latine est jointe à cette édition qui a été souvent réimprimée , entre autres en 1566, et par Plantin, à Anvers, en 1576.
« Aucune de ces éditions n'est comparable, pour l'érudition et la critique, à celle qu Erasme Schmidt donna en 1616 à Wittenberg, in-40. Il y a joint une nouvelle traduction obscure, quoique littérale. Jean Benoit fit réimprimer cette édition à Saumur, en 1620, in-If, avec de très-bonnes observations et une paraphrase latine.
Richard West et Rob. Welsted prirent ces deux éditions pour base de celle qu'ils publièrent à Oxford en 1697, in-fol.
Elle a été l'original des différentes éditions qui ont paru depuis en Angleterre, quoiqu'elle soit inférieure, sous le rapport de la critique, à celles de Schmidt et Benoît. Les variantes de cinq manuscrits qu'elle renferme, sont peu importantes, et la table est incomplète et inexacte. Cette édition a été réimprimée par Foulis, à Glasgow, 1744, en 2 vol. in-8% et en 1754, en 4 vol., ainsi que par Gu. Bowyer, Londres, 1^55, in-12.
Après Schmidt et Benoît, Pindare avoit peu gagné jusqu'en 1773, que le célèbre Hfyne en donna, à Gœttingue, une édition en 2 vol. in-8°, dont le premier contient le texte d'après l'édition d'Oxford, avec les variantes des anciennes éditions. Le second renferme la version latine corrigée.
Quelques années après, en 1776, Jean-Gottl. Schneider publia à Strasbourg, in-40, un excellent mémoire sur les fragmens de Pindare, qu'il divisa eu certaines classes. Ce savant travail servit beaucoup à Heyne pour sa seconde édition, qui parut en 1798, en 3 vol. in-8°. Cette édition est classique, surtout sous le rapport de l'interprétation. Outre
------------------------------------------------------------------------
le commentaire et les variantes, elle donne la traduction et lesseholies, avec un excellent traité de M. Hermann-sur le mètre de Pindare. Elle a été réimprimée à Oxford, chez Bliss, 1805, et après la mort de Heyne, en 1817, à Leipzig.
Une édition savante commencée en j 792, par M. Ch-Dan.
Beck, n'a pa's été achevée; il n'en a paru que 2 vol. in-8".
La principale, la plus savante et la plus complète de toutes les éditions de Pindare ,.cid: celle que M. Jug., Bœckh a publiée à Leipzig, depuis 1811 jusqu'en 1821, en 4 -parties formant 2 vol. in-40. Le texte a été corrigé à l'aide de trentesept manuscrits. Il forme la première partie du premier volume ; la seconde iest consacrée : 1° au système de l'auteur sur lamétrique, dont il avoi t fait connoitre les élémens dans un écrit allemand inséré dans Wolf et Buttmann's Muséum für Alterthumswissenschafft; et 2° aux notes critiques. Les scholies remplissent la première partie du second volume; dans la seconde on trouve une nouvelle traduction latine littérale, des explications grammaticales, philologiq nes et historiques, et enfin des tables fort utiles.
V oici la liste de quelques éditions manuelles.
Petite édition de Heyne, Gœtt. 1798, petit in-8°, et Oxford, chez Bliss, 1808, 2 vol. in-52, et i8i5 , in-8'.
Edition de M. G.-H. Schaj'&r pour la collection de Tauchnitz, Leipz. 1810, in-18. .Edition de H. Huntingford, Londres, 1814, in-8°, renfermant le texte et les notes de Heyne, la paraphrase de Benoît et un Lexicon Pindaricam.
Edition de M. Fred. Thiersch, accompagnée d'une traduction allemande, Leipz. i8a3, 2 vol. in-8°. Elle a un texte critique qui diffère plus d'une fois de celui de M. Bœckh.
Edition de M. R. Tourlet, avec une traduction françoise, Paris, ibi 8, a vol. in-8°.
Petite édition 4e M. Ch.-Guïl.Ahlwardt, Leipz. 1820, in-So.
Le même savant en annonee une grande. Il s'est élevé entre lui et M. Bœckh, une contestation sur la priorité de l'inven-
------------------------------------------------------------------------
tion du nouveau système métrique, que chacun d'eux réclamé.
Nous sommes fâchés de ne pas pouvoir recommander leurs écrits polémiques comme des modèles d'urbanité.
L'émule de Pindare étoit BACCHYLIDE d'Iulis, dans l'ile de Céos. Il étoit neveu de Simonide, et partagea avec Pindare la faveur du roi Hiéron, et les suffrages de la cour de Syracuse. Il chanta dans f le dialecte dorique , et s'exerça en plusieurs genres.
Ses odes, dont il s'est conservé plusieurs fragmens, se distinguent par la profondeur des pensées et par la beauté de la diction. Dans le nombre , il v a un Dithyrambe et un Hymne à la paix. L'Anthologie * nous a conservé quelques-unes de ses Epig rammes.
Les fragmens de Bacchylide se trouvent dans les collec» tions de Néander, de Henri Etienne, Orsini et Brunch; M. Christ-Frid. Neue en a publié un recueil plus complet, sous le titre de BaccliylidisCei fragmenta, Berolin. 1822, in-8°.
Les anciens parlent quelquefois de Neuf poêles lyriques. Ils entendent par-là Alcman , Alcée-, Sapphon, Stésichore , Ibycus, (Anacréon, Simonide, I Pindare et Bacchylide. Ils ne furent pourtant pas L les seuls qui se firent une réputation. 11 y en a trois i autres dont nous ne savons que peu de chose , mais qui ont assez marqué pour donner leurs noms ii autant de mètres. Ce sont ASCLÉPIADE, GLYCON et PHALÆCCS.
Il nous a été conservé du commencement de cette période, un Scolie extrêmement fameux dans l'antiquité. Athénée l'a préservé de l'oubli. Il a pour
------------------------------------------------------------------------
but de célébrer l'action à'Harmodius et d'Aristo giton, les assassins d'Hipparque le Pisistratide.
L'esprit de parti qui dominoit à Athènes, avoit fait à ces jeunes gens une réputation qu'ils ne méritoient pas , en transformant en action vertueuse ce qui n'étoit que l'effet du fanatisme et de la vengeance ; mais on voit par la-manière dont Hérodote et Thucydide parlent de cetévénement, commentles hommes sensés l'envisageoient. Quoi qu'il en soit, un certain CaIJIJISTrate 1 composa, en l'honneur de ces jeunes patriotes, un Scolie qui eut une si grande vogue, qu'il n'y avoit guère de banquet où il ne fût chanté , et qu'aller chanter un Harmodius avec quelqu'un étoit devenu synonyme d'aller dîner chez lui.
Athénée ne nomme pas l'auteur de ce morceau; c'est l'évêque Lowth qui en a trouvé le nom dans Hesychius s. Ce poëte est d'ailleurs parfaitement inconnu; mais il a vécu avant Aristophane , puisque celui-ci parle du Scolie, et se sert de l'expression proverbiale que nous avons signalée 3.
11 nous reste à parler de quelques poètes-musiciens qui se sont illustrés dans la poésie lyrique.
Deux d'entre eux ont porté le nom de MELANIPpide. Le premier, qui fleurissoit environ 5oo ans avant J.-G..Ç étoit fils de Criton, et matif de l'île de Mélos ou peut-être de la ville de Milet. Le second,
1 Peut-êtré Callistrate de Samos qui a fait connoître à Alliènes le perfectionnement de l'alphabet par Simonide. Voy. p. 88.
a Poesis sacra hebr. p. 12 de l'édition de Leipzig.
3 Acharn. v. 972.
------------------------------------------------------------------------
qui a vécu vers 446, à la cour de Perdiccas II, roi de Macédoine, étoit petit-fils du premier, par sa fille. On leur attribue diverses poésies dont il seroit difficile de faire le partage entre eux. Ils composèrent des dithyrambes, des épopées, des élégies , des cantiques, etc. Le jeune Mélanippide est mis, par Plutarque, au nombre de ceux qui corrompirent l'ancienne musique , par les nouveautés qu'ils y introduisirent. Il composa aussi des tragédies.
Un autre poëte, célèbre comme auteur de dithyrambes et comme musicien, est TIMOTHÉE de Milet, né âzt6 ans avant J.-C., et mort en Macédoine, deux ans -avant la naissance d'Alexandre-le-Grand. Nous rapportons cette circonstance afin qu'onne confonde pas cet artiste-auteur avec ce Timothée, joueur de flûte, qui accompagna Alexandre en Asie. Celui dont nous parlons, est aussi cité parmi les poètes tragiques; mais il paroît que c'est par suite d'une erreur, et que les pièces que , d'après leurs titres, on a prises pour des tragédies , étoient des dithyrambes. Timothée perfectionna la cithare en y ajoutant quatre cordes, innovation qui parut assez dangereuse aux Lacédémoniens pour qu'ils jugeassent nécessaire de la condamner par un décret qui ordonnoit à Timothée de quitter la ville l. L'instrument sur lequel il avoit joué à Sparte lui fut enlevé
i Le psephisma des Lacédémoniens contre Timothée, conservé par BOECE (.De Mus., lib. 1, c. i ), a été corrigé et commenté par Jaq. Gronove ( voy. Préf. du vol. V du Thes. ant. gr. ). On le trouve aussi dans Chishul Antiq. Asiat. p. 129 et dans le commentaire de Casaubon sur Athénée; éd. Schweigh. vol. IV, p. Gu.
------------------------------------------------------------------------
et suspendu à la voûte d'un édifiée public , où Pausanias le vit encore Les connoisseurs enfnusique ne furent pas de l'avis des Lacédémoniens. Plutarque rapporte que Timothée ayant été hué un .jour, par la multitude ignorante, Euripide qui étoit présent, lui cria à haute voix : Courage, Timothée, sous peu tu seras le maître du théâtre a 5 anecdote qui rappelle un fait connu de la vie de Molière.
Parmi les dithyrambes de Timothée, le plus célèbre -est sa Sémdlé ou la Naissance de Bacchus, non à cause de son mérite poétique, mais parce que la manière peu convenable.dont il y avoit fait paroître Bacchus , pleurant dans le ventre de sa mère , étoit un des motifs. du décret que les Lacédémoniens portèrent contre le poète. On cite un autre dithyrambe , intitulé les Perses ou Nauplius y son Phinidas, son Laerte et sa Niobè, poèmes dithyrambiques selon les uns , dramatiques selon les autres.
Timothée passa pour un poëte froid et même quelquefois insipide. Nous, ne pouvons que nous en rapporter au jugement des anciens; mais il nous sera, permis de placer ici un vers de ce poète, qui mérite'd'être la devise des jeunes militaires :
« Conservez la modestie , fidèle compagne de la « bravoure 3. »
1 L. III, c. 12,
~a An seni sit gerenda resp., ed. Reiske , vol. IX, p. l'jb.
5 Voy. Remarques de Burette sur le Dialogue dePlularque de la Musique, dans les Mém. de l'Acad. des Inscript. et Belles-Lettres ; vol. X , p. 234.
------------------------------------------------------------------------
TELESTÉS de Selinorite a fleuri vers laXCVe Olympiade. Athénée a conservé quelques fragmens de ses dithyrambes intitulés Argo, ESfJAtlape .et Hymenêe. Les 'œuvres de Tèlestès faisodeat partie de la petite bibliothèque de voyage d' Atexaudvele-Grand 1. -.' - Les anciens font le plus grand cas de PHILOxÈNE, poëte dithyrambique, de Cythère, capitale de l'île de ce noma. Les Lacédémoni ens ayant réduit en servitude les habitans de cette île , Philoxène, jeune encore, devint l'esclave d'un Spartiate et ensuite de Melanippide 3 qui, après lui avoir inspiré le goût de la poésie, lui donna la liberté. Plus tard, il vécut à la cour de Denys l'ancien, où il se fit la réputation d'un homme aimant la bonne chère et les saillies.
Ce fut par un trait de franchise qu'il s'exposa à la vengeance du tyran de Syracuse. Ayant été invité à corriger une pièce de théâtre de Denys, car ce prince avoit la prétention d'être poëte , il la biffa en entier. Ce trait lui valut un séjour -de quelques mois dans les carrières ( Aoero/jua) où les Syracusains enfermoient leurs malfaiteurs. Il y composa, dit-on, la-meilleure de ses tragédies, intitulée le Cyclope; car il travailloit aussi pour le théâtre. Elien rapporte 4 qu'onmontroitaux étrangers visitant les carrières de Syracuse, la caverne où Philoxène composa son Cy-
1 Plut, in vita Alex. ed. Reiske, vol. IV. p. 20.
* 439 ans avaut J.-C. Il mourut eu 380.
5 C'est-à-dire le jeune, voy. p. 289.
4 Var. hist. XII, 44.
------------------------------------------------------------------------
clope. Le scholiaste d'Aristophane'raconte la chose un peu différemment Philoxène, dit-il, avoit excité la jalousie du prince, en faisant la cour à une de ses maîtresses, nommée Galatée. Ayant trouvé moyen de s'échapper de sa prison, il composa une pièce de théâtre, (le scholiaste, peut-être par une erreur de mémoire, la nomme Galatée), dans laquelle parut le Cyclope amoureux de cette nymphe.
L'allusion étoit d'autant plus méchante que Denys avoit la vue très-foible.
Philoxène acquit une réputation beaucoup plus grande par ses dithyrambes que par ses pièces de théâtre. Il ne nous reste que quelques fragmens de ses poésies. Athénée nous a conservé deux passages de son Banquet,~ Aenrvofl, poëme comique et même burlesque. Ces passages corrompus ont encore besoin , même après la dernière édition d'Athénée, de la main d'un critique qui les rétablisse.
Lorsqu'on parle des neuf poétesses lyriques grecques , on entend, outre Sapphon, les poëtes qui suivent : Erinne , Myrtis , Corinne , Télésille , Praxille, Myro ou Moero, Nossis et Anyte. Les cinq premières seulement appartiennent à cette période.
ERINNE etoit regardée comme la première de toutes les femmes poëtes grecques, après Sapphon.
Quoique née à Téos, elle est communément regardée comme Lesbienne, parce qu'elle a vécu auprès de Sapphon, sa maîtresse et son amie. Une épigramme
? In Pluto, v. 29°.
------------------------------------------------------------------------
de l'Anthologie F appelle Erinne de Mitylène. Elle mourut à l'âge de vingt ans. Si jeune, elle parvint à une telle célébrité que les anciens la comparoient à Homère et l'égaloient à Sapphon. Une autre épigramme dont Léonidas est l'auteur lui donne le surnom d' Abeille, MsAtua-a. Elle composa en dialecte éolique un grand poëme qui portoit le titre de Fuseau, HAaxaryj, soit.parce qu'il étoit destiné à être chanté par les fileuses, soit pour indiquer que la jeune Erinne, élevée par une mère laborieuse, ne pouvoit consacrer aux amusemens poétiques que leS momens qu'elle déroboit au. travail. Ce poêlée est perdu; mais il existe dans l'Anthologie plusieurs épigrammes d'Erinne. On lit dans Stohée .une petite ode en vingt vers, Ecç rr/v ~Pcopjv, qui est un des plus, beaux morceaux de l'antiquité. Ce poëme ayant été publié comme étant d'Erinne, a donné lieu à une discussion critique assez singulière. Si le titre doit être traduit : Sur Rome, l'ode ne peut être d'un auteur contemporain de Sapphon. Cette circonstance est cause que quelques écrivains ont placé Erinne à l'époque d'Alexandre -'le-Grand - et Eusèbe est de ce nombre. Mais quand, il seroit vrai qu'il a vécu spus ce prince un poëte du nom d'Erinne , Rome n'étoit pas parvenue alors à un point de splendeur qui lui méritât les épithètes et les éloges qui lui sont prodigués par l'auteur du poëme en question. Poursortir de cet embarras, plusieurs commentateurs, et parmi eux Olearius,J. Ch. poIJ;K œp pen et Volger, ont supposé que le mot de pfolinétoit ici
------------------------------------------------------------------------
équivalent~ tl'àv<Sps:3c, valeur, et que c'étoit de la Valeur, fille de flfars, ceinte d'un diadème d'or, à laquelle la Destinée a donné la domination des villes, qu'il est question dans l'ode. Ainsi une magnifique prosopopée (magnifique si l'ode s'adresse à Rome ) ne seroit qu'une insipide allégorie ! Quel homme de goût le croira ?
Cherchons un autre moyen de résoudre la difficulté , et prenons M. Welcker pour guide En examinant sur quoi se fonde l'opinion qui attribue cette ode à Erinne de Lesbos , on trouve que dans le manuscrit de Stobée d'où elle est tirée , que lqu'un a mis en mar g e : MsA tvvco y jiaAAov H ptvvyj que qu un a miS en marge: êl.'WW Yi P.a.MOV r!WYJ Ae<7&a, de Melinno ou plutôt d'Erinne de Lesbos: c'est ainsi au moins qu'on a traduit cette note marginale, mais on auroitmieuxfait de la traduire de cette manière : Ode de Melinno qui seroit digne d'Erinne même. On cessera de trouver cette interprétation forcée, si l'on fait attention que Photius, en donnant la nomenclature des poëtes dont parle Stobée , ne fait aucune mention d'Erinne, mais qu'il nomme bien MELINNO ou MELINO. Si cet auteur nous est inconnu comme le sont beaucoup d'autres, le défaut de renseignemens ne nous autorise pas d'en nier l'existence , en rejetant un témoignage si positif.
L'enthousiasme pour Rome que respire cette ode, rend probable qu'elle a été composée 195 ans avant J.-C. , lorsque les Romains , vainqueurs de Philippe
1 Voy. F. Ch. Welclcer De Erinna et Corinna , dans F. Creuzer Melete.
mata discipl. antiq. , part. II) p. 18.
------------------------------------------------------------------------
d^e Macédoine, annoncèrent aux Grecs une liberté illusoire. C'est un .des plus beaux momens de l'histoire romainne, et il étoit bien fait pour inspirer la poétesse Méliiip que nous plaçons à cette époque.
Les fragmens d'Erinne et des autres poétesses grecques se trouvent dans les recueils d' Orsini, de J.-Chris t. olf et A. Schneider.
MYRTIS êHAnthèdon en Béotie étoit la maîtresse de Pindare et de Corinne. Il ne nous reste aucun fragment de ses poésies.
CORINNE étoit fille d'Archélo.don de Thèbes, bu selon Vautres, de Tanagre, et une des belles femmes de son temps. Cinq fois elle vainquit le jeune Pindare dans des combats poétiques ; toutefois Pansanias 1 nous fait entendre que les juges qui Jui décernèrent le prix , ne furent pas insensibles ajux
charmes de sa beauté. Corinne donna ensuite de sages conseils à son émule, pour l'engager à modérer la fougue de son imagination 2. On la surnomma IVIuTcx, la Mouche, comme Erinne avoit été appelée
OX,22.
a Voy. PLUTARCH. de glor. Ath. p. 619. Steph. ( ed. de- Reiské-, vol. YIl, p. 52o). Comme quelques-uns de nos lecteurs n'ont peut-être pas sous la main un Plutarque, qu'il nous soit permis de placer ici le-passage dont il est question. Nous le donnons d'après là traduction de l'abbé' Ricard: « Pindare dans sa jeunesse donnoit trop au brillant d'une éloculion hardie. Corinne lui représenta qu'il étoit encore novice dans son art, puisqu'il 11e mettoit dans son ouvrage aucune de ces fictions qui font l'âme de la poésie; que l'élocution, les-figures, les richesses du style, le nombre et le rhythme même ne devoiem être que l'ornement, et pour ainsi
------------------------------------------------------------------------
l'Abeille. Stace 1 fait allusion à cette épithète en l'appelant tenuis Corinna, ce qui, dans ce passage, paroît équivalent à mollis ou dulcis. La dénomination de Mouche donnée à Corinne, a trompé St.Clément d'Alexandrie qui parle d'une célèbre poétesse nommée MYIA A.
Les poésies de Corinne étoient toutes en dialecte éolien et dans un genre qui tenoit plus de l'épopée que de la poésie lyrique des Doriens. Elles formoieiit un recueil de cinq livres. On cite son Iolas et ses Sept devant Thèh.es, plusieurs Cantiques lyriques ~(Noj*ot), des Parthénies et des Epigrammes.
Le petit nombrè de ses fragmens se trouve dans le recueil de J.- Ch. Wolf.
TELESILLE d'Argos se rendit célèbre par le courage avec leqitel elle se mit à la tête d'une troupe d'Argiennes, dans la guerre que sa ville natale avoit à soutenir contre Sparte , sous le règne
dire l'assaisonnement des choses. Pindare, vivement frappé de cette leçon, composa l'ode qui commence ainsi : Chanterai-je Isménus ou la belle Mélie Tournant ses fuseaux d'or ? Cadmus et ses guerriers?
Hercule qui.marqua tous les jours Je sa vie Par de nouveaux lauriers ?
Il la lut à Corinne qui lui dit en riant : Il faut jeter la semence avec la main, et non la verser à plein sac. C'est que Pindare, dans cette pièce , avoit semé sans choix toutes sortes de fictions.) Nous ajouteicms seulement que l'ode citée par Plutarque ne s'est pas conservée.
I Silv, V, 5.
s Stromat. IV, ig.
------------------------------------------------------------------------
de Cléomène I, fils d'Anaximandre, 5o8 ans avant J.-C. C'est Hérodote qui nous a conservé ce fait.
On lui érigea une statue, et les femmes d'Argos célébroient annuellement une fête où elles jouissoient de la prérogative de paroître en habits d'hommes.
Les anciens comparent Télésille à Alcée et à Tyrtée. Il ne<nous reste de ses poésies qu'un seul fragment grec, en dialecte éolien; mais Censorin nous en a conservé un autre dans une traduction latine.
PRAXILLE de Sicy one, Dorienne tomme Télésille, chanta cinquante ans après elle, en dialecte éolique, des Dithyrambes, parmi lesquels on cite celui qui portoit le titre d'Achille. Nous n'avons que de foibles fragmens de ses ouvrages.
Voyez tous ces fragmens dans les- collations dorsini, J.- Ch.
Wolf et A. Schneider.
<1. En terminant l'article des poëtes lyriques et élégiaques de cette période , nous devons parler de ZOROASTKE. Ce philosophe persan , dont le vrai nom en langue zend, étoit Zeritoschtro, est l'auteur ou le restaurateur de la religion des Mages.
On croit qu'il a vécu 620 ans avant J. -C. Sous le nom de ce législateur célèbre et sous le titre d'Oracles, Maytxà )..c{)lca, il existe une suite de maximes et de préceptes dans le genre mystique qui a été en vogue quelques siècles après J.-G. Avant la découverte des anciens livres religieux des Perses ou du Zendavesta, la critique rejetoit absolument ces oracles comme étant la production de quelque Néo-
------------------------------------------------------------------------
Platonicien. On est moins positif aujourd'hui, et l'on distingue entre la forme qui est moderne, et le fond qui est identique avec celui des livres de Zend, sauf les altérations que le temps opère nécessairement dans tout ce qui sort de la tête ou des mains des mortels.
JAMBDIQUE commenta les oracles de Zoroastre ; PROCUJS réunit deijx cent quatre-vingts de ces hexamètres .qui forment des tetrastiques ou couplets-de quatre vers. Plus tard, GEMISTUS PLETHO y ajouta -des scholies.
Trente couplets ou iétrastiques de Zoroastre, avec les scholies, furent publiés à Paris, 1538, in-4°. Obsopœus les joignit à son édition des Oracles Sibyllins, -avec les commentaires de MICHEL PSELLUS, Paris, 1589, in-Bo, édition répétée plusieurs fois. Franc. Patrizzi rassembla environ trois cent vingt de ces vers, qu'il publia à Ferrare, i5gi, in-fol., et à Venise, 1593, in-fol. On les trouve à la suite des Sibyll. Oracula de Thom. Gale, Amst. 1689, in-4°. Voy. aussi :
Tiedemanni Qusestio quae fuerit artiuj»—magi^arum origo.
Mapburg. 1787, in-4°.
------------------------------------------------------------------------
TABLE -. DES MATIÈRES ;
CONTENUES DANS LE PREMIER VOLUME.
DÉDICACE, p. j. PRÉFACE, p. iij.
INTRODUCTION, p. xvij. Sur la littérature anoienne en général, et sur la littérature grecque en particulier , ibicl.
— Division de -son.Histoire, xxviij. - Ouvrages qui en traitent, xxxij.
COLLECTIONS D'AUTEURS GRECS, CITÉES DANS CET OUVRAGE, xliv.—Table de ces collections, xcvij.
LIVRE PREMIER.
Histoire de la littérature grecque, depuis les temps les plus reculés jusqu à la prise de Troie, 1270 ans avant J.-C. TEMPS FABULEUX.
CHAP. I l'Origine de'la population de la Grèce; 1° les Pelasges, 1. - Double hypothèse sur leur origine, 2.— Degré de civilisation auquel ils étoient parvenus, '8. 20 Les colonies étrangères: Jnachus, 9. Danaiis, 11, Cécrops, 12. Cadmus, i5.*— 3° "Les Hellènes, i5.— 4° La colonie de Pélops, 20. -Système de M.-"Mallnert' - Prem i ères r é un i ons des sur l'origine, des Grecs, 21. - Premières réunions des
------------------------------------------------------------------------
tribus grecques pour des expéditions militaires, les Argonautes et la guerre de Troie, 26. — Circonstances favorables à la civilisation des Grecs, 27.
CHAP. II. De la poésie sacrée des Grecs, 50. - Premiers poètes : Linus, 32..Pamphos, Olen, 53. Olympus, Cratès Hiérax , les d eux , Cratès, Hiérax , les deux Eumolpe, Melampils, 54.
Philammon, Tharnjris, Melanopus, 55. Palephate, 36. — Rapport entre la musique et la poésie , ibid. — Orphée, 58.' Editions de ses ouvrages, 45.— Musée, 46. — Les Sibylles , 51. — Amphilytus, Bacis, Diopithès, Xénoclée, les Péléades, Phaenno, P lzérrionoë, 57. Boeo, 58. Hermès Trismégiste, 5g. Invention de l'hexamètre, ib.
LIVRE SECOND.
Histoire de la littérature grecque, depuis la prise de TroieJusquà la législation de Solon, 12J0 — 5,94 ans avant J.-C. COMMENCEMENT DE LA LITTÉRATURE * GRECQUE.
CHAP. III. Etat de la Grèce; invasion des Héraclides, 61.
- Origine de la Grèce Asiatique, 63. — Origine de la Grande-Grèce et des établissemens grecs en Sicile, 67.
— Origine des républiques grecques, 70. — De la langue grecque et des dialectes éolien et ionien, 7 1. — Dialecte dorien, 75. — Dialecte poétique , 74. Dialecte commun, ibid. Observations sur l'emploi des dialectes, 75. - Origine de l'alphabet grec, 81. Son perfectionnement par Simonide et Callistrate, 87.Différentes manières d'écrire, 89. Matériaux sur lesquels on traçoit les caractères, tji.
— Les plus anciennes inscriptions : d'Amycles, 92, au-
------------------------------------------------------------------------
tres de Fourmont, 93; du palais Nanni, g5- ; d?01ympie, ibid.
CHAP. IV. Origine de la poésie ionienne et épique, 97.— Des rhapsodes et des cycles mythique et troyen , 98. —
Homère. 101. — Deux paradoxes relatifs à ce poëte, 103. — Des Diascevastes, 113. — De l'authenticité du dernier chant de l'Odyssée, 117. - Du plan de l'Iliade, 126; de celui de l'Odyssée, 128. — Du caractère des poésies homénqués 130.—De la versification d'Homère, i31. — Histoire de ses poésies, i32. — Anciennes éditions ou récensions alexandrines, i34.— Vies d'Homère, 138. — Scholies : anciennes, i3g ; de Venise, 140; de Milan , 141; de Porphyre, ibid. — Commentaire d'Eustathe , 142. — Travaux homériques de Tzetzès, ibid.
— Lexique d'Apollonius, 143.— Des Homérides et de Cynaethus, ibid. — Des Hymnes d'Homèrè, 144.- De la Batrachomyomachie et de Pigrès, 148. — Des Epigrammes homériques, 149. - Manuscrits des poésies d'Homère, i5o. — Paraphrases de l'Iliade et de l'Odyssée, ib-,). - Editions des poésies d'Homère, i54. — Des Poëtes cycliques; Créophyle, Syagrus, Stasinus , Hegesias, 166; Cercops, 167; Carcirius, Cinéthon , Augias, 168; Arctinus, Asius, Eumèle, Leschès, 169 ; Pisandre, Prodicus, 170, — De la Table iliaque, 171.
— Hésiode, 172. - Editions de ses poésies , 173.Epimènide, 181.
CHAP. V. Origine de l'élégie, 183. Callinus, 187; Tyrtée, 188; Mimnerme, 191. — Du Scolie, ibid. Terpandre, 1 g5 ; CLitagoras, Tèlamon, Archïloque, Hybrias, A riphron , Timocréon, 196. — De la poésie lyrique.Tha~ letas, 197, Archiloque, 1 99. - De la poésie érotique.
------------------------------------------------------------------------
Alcman, 2O3 ; Alcêe, 2o4; Sapplion, 2o5 ; Arion, 208; Simonide d'Amorgos,2og.
CHAP. VI. De quelques législateurs célèbres de cette époque.
Lycurgzte, Dracon, Charondas, Zaleucus, 210; Solon, 211. Invention de l'art de composer en prose.
Phérecyde, 212; Cadmtis de Milet, ibid.
LIVRE TROISIEME.
Histoire de la littérature grecque; depuis la législation de Solon jZtsqu/au règne d'Alexandre -le- Grand, 594-336 an& avant J. -C. EPOQUE BRILLANTE DE LA LITTÉRATURE GRECQUE. Athènes en est le siège.
CHAP. VII. Aperçu des événemens politiques, 2j5.— Origine du dialecte attique , 221. — Inscriptions de cette époque : du roi Midas, 222; de Sigée, 223 ; de Delos, 224; Malédiction des Téïens, 226; Inscription de Nointel, ibid.9 m Traité entre Athènes etRhegium, 22.6; Inscription de Potidée, ibid. ; Inscription de la bataille de Delium , 227 ; Marbre de Choiseul et inscriptions relatives aux finances d'Athènes, ibid. ; Marbre de Sandwich, 23 o; Traité entre Orchomène et Elatée , ibid.; Inscription de Python, 231 ; Formule d'enchantement gravée sur une fep-ille de plomb. 232 ; Inscription de la reine Comasarye, 233 ; de Xénoclide, 254; de l'orateur Lycurgue, 235.
CHAP. VIII. De la poésie gnomique, 257 ; Solon, 238 ; Tlzéognis, 23g ; Phocylide, 241 ; Xénophane, ibid.; .Pythagore, 242. — De la poésie élégiaque proprement ainsi nommée, Sid.$les deux Simonides de Céos, ibid. ;
Antimaque, 245 ; Euripide , ibid. ; Herinésianax , 246.
------------------------------------------------------------------------
CHAP. IX. De la poésie didactique, 247 ; Xènophane, Parménide, Empedocleibid. — De là Fable, 24g ; Hésiode, Archïloque, Stésichore, 25o; Esope, ibid.
CHAP. X. Des diverses espèces de poésies lyriques, 260; Stésichore, 264; Ibycus, 266 ; Anacrèon, ibid. ; Hérode liambographe, 272 ; Hiprjonax, 274; Ananius, ibid. ;
Lasus, Pratinus, 275 ; Pindare, ibid.', Bacchylide, 287; Asclêpiade, Glycon, Phalœcus, ibid.; Callis8 8; Timothée, 2 89; 7"etrate , ibid. ; Melanippide , 288; Timothée, 289 ; 7 elestèsj 291; Philoxène, ibid. ; Erinne, 292 ; Melino, 293 ; Myrtis, 2g5 ; Corinne, ibid.; Télésille, 296; Pra-
xille,. 297. — Du faux Z oroastre, ibid
FIN DU PREMIER VOLUME.