MACADAM JOURNAL - Mars 2002 - Page 4567 Une première de l'Insee le vrai visage des Sans domicile fixe Étonnant, près d'un tiers des sans-domicile fixe ont un travail. C'est ce qui ressort de l'enquête que vient de publier l'insee (Institut national de la statistique et des études économiques). Une première que cette enquête qui dresse un portrait précis des sdf. Parmi les sans domicile, 43% sont chômeurs, 29 ont un emploi et 28% sont inactifs (ils ne cherchent pas ou plus d'emploi). Par le métier exerce aujourd'hui ou dans le passé, la population étudiée appartient majoritairement aux classes populaires. Quand ils travaillent, plus de neuf sans-domicile sur dix sont ouvriers ou employés, très majoritairement non qualifies. Parmi ceux qui ne travaillent plus, huit sur dix occupaient des métiers d'ouvriers ou d'employés. Mais certains appartenaient aux professions intermédiaires, étaient cadres (11%) ou indépendants (5%). Des hommes jeunes Les deux tiers des sans-domicile usagers de services d'aide sont des hommes. Cette surreprésentation masculine augmente régulièrement avec l'âge. Par ailleurs, deux sans-domicile sur trois vivent seuls. Ces personnes sont également plus jeunes que la moyenne de la population. Plus d'un tiers ont entre 18 et 29 ans, contre un quart de la population adulte française. Le faible taux de personnes âgées de plus de 60 ans est dû en partie à leur prise en charge par des institutions d'hébergement spécialisées (hospices ou maisons de retraites). Par ailleurs, la part des étrangers est de 29%, soit quatre fois plus élevée que dans l'ensemble de la population française. La proportion aurait été encore plus forte si l'enquête ne s'était pas limitée aux francophones. D'une manière générale, les étrangers en France sont plus nombreux parmi les plus pauvres: dans les agglomérations de plus de 20 000 habitants, on compte 22% d'étrangers parmi les adultes vivant en dessous du seuil de pauvreté (fixé à 50% du revenu médian). En outre, la situation très précaire de ceux qui sont en France depuis peu de temps s'explique en partie par l'impossibilité légale de travailler. Et les femmes? Les institutions d'hébergement sont plus tournées vers les femmes et les jeunes. Les femmes ne dorment pratiquement jamais dans la rue. Parmi les sans domicile ayant dû séjourner plus d'un an dans la rue ou dans un abri de fortune, on ne compte que 3% de femmes. Alors que les sans-domicile dans leur ensemble sont plutôt jeunes, le risque de dormir dans la rue ou dans un abri de fortune croît avec l'âge. Les lieux d'hébergement où la prise en charge est la plus personnalisée et la plus stable sont réservés en priorité à certains types de publics. Cette priorité est parfois inscrite dans leur définition institutionnelle comme les accueils mère-enfants; mais le plus souvent, elle resulte du mode d'admission. Les jeunes sans domicile sont deux fois plus souvent accueillis à l'hôtel alors que les plus âges sont majoritairement hébergés dans les centres, en chambre individuelle ou collective (70% des plus de soixante ans). Les personnes accompagnées d'enfants sont plus fréquemment orientées vers les hébergements les plus stables et les plus compatibles avec la vie familiale: les trois quarts sont hébergées en appartement, les autres sont dans des centres où elles peuvent rester dans la journée, si elles le souhaitent. Les femmes sans enfant ont des conditions d'hébergement moins précaires que les hommes. Elles sont hébergées deux fois plus souvent en appartement et trois fois moins dans des centres qu'elles doivent quitter le matin. Par ailleurs, les étrangers sont deux fois plus souvent hébergés dans des structures collectives avec départ obligatoire te matin. Et avant? Un quart des sans-domicile n'ont jamais eu de logement personnel. 60% sont des moins de 30 ans. Les sans-domicile qui n'ont jamais eu de loge, ment ont, pour 4 sur 10, été élevés par un seul des parents, placés dans une famille d'accueil ou dans un foyer de la Ddass, contre 2 sur 10 pour ceux qui ont déjà disposé d'un logement.Les trois quarts des sans-domicile ont déjà occupé un logement personnel, principalement comme locataires. Environ 40% l'ont perdu dans les 12 derniers mois. Au cours de l'année 1999, les enquêteurs de l'Insee ont relevé qu'un sans-domicile sur deux a effectué une démarche pour trouver un logement. Les autres mettent en avant l'insuffisance de leurs revenus (43%), mais aussi le manque de documents administratifs ou encore, pour 14%, le souhait de ne pas changer de mode d'hébergement. En particulier parmi ceux qui travaillent, beaucoup n'ont pas un revenu ou des garanties suffisants pour pouvoir louer un logement. Sans domicile depuis combien de temps? L'absence de domicile peut être durable ou récurrente: en moyenne, la population étudiée avait été sans domicile durant 7 mois au cours de l'année 2000. Certaines formes d'hébergement rudimentaires peuvent constituer un mode d'habitation durable. Les sans-domicile accueillis dans les centres avec départ obligatoire le matin ont séjourné dans le réseau d'hébergement en moyenne 4 mois au cours des 12 derniers mois. Dépassant souvent les durées de séjours réglementaires, 20% des personnes hébergées dans des centres avec depart obligatoire le matin y habitent depuis plus de 2 ans. Autrement, ils sont obliges d'aller d'un centre à un autre. Ainsi, la moitié des sans-domicile hébergés dans ce genre de structure y séjournent au moins pour ta deuxième fois. Mais la vie dans les institutions d'hébergement ne convient pas à tous. Ceux qui dormaient dans la rue ou dans un abri de fortune en janvier 2001 avaient fréquente le dispositif d'hébergement pendant un mois et demi, en moyenne, au cours de l'année précédente et séjourné presque 6 mois dans la rue. Tous ne font pas appel au système d'hébergement. Ainsi, la moitié de ceux qui dormaient dans la rue en janvier 2001, ne voulaient pas se rendre dans un centre. Les principales raisons invoquées étaient par ordre d'importance décroissante: le refus de fréquenter les autres hébergés, le manque d'hygiène, l'insécurité, le caractère jugé inadapté de la réglementation. Souvent à l'hôpital Près d'un tiers de la population étudiée a effectué un séjour à l'hôpital d'au moins une nuit au cours de l'année. Ce séjour peut précéder l'admission dans un centre d'hébergement. C'est, par exemple, le cas des femmes battues. Les motifs d'admission les plus courants sont les traumatisme causés par des agressions, les accidents sur la voie publique et, enfin, les tentatives de suicide. Les sans-domicile, du fait de leurs conditions de vie déclarent des maladies et des problèmes de santé spécifiques, tels des problèmes respiratoires, des maladies de peau, des dépressions. Les etats des dépressifs ou les cas de nervosité très fréquents chez les sans-domicile peuvent s'interpréter comme une manifestation du stress amené par la précarité de leurs conditions d'existence. Près d'un quart des sans-domicile se sentent très souvent tendus ou nerveux et près de la moitié éprouvent des difficultés à s'endormir. quels revenus? Près d'un quart ne perçoivent ni revenu du travail, ni pension sociale. Environ un sur dix ne vit que de dons monétaires (hors mendicité). Un sur dix déclare "faire la manche", très souvent en complément d'autres sources de revenus. 13% des sans-domicile usagers des services d'aide vivent uniquement des revenus de leur travail ou de celui de leur conjoint. Par ailleurs, 60% des sans-domicile reçoivent au moins une restation sociale (y compris l'allocation chômage) et pour 28% elle constitue leurs seules ressources. Les trois quarts des sans-domicile qui n'ont pas entrepris de démarches pour obtenir le Rmi expliquent leur choix par le fait qu'ils n'ont pas le droit d'en bénéficier. La faible proportion d'allocataires du Rmi s'explique en partie par les conditions de ressources, mais également par le fait que le droit au Rmi n'est ouvert qu'à partir de 25 ans, sauf si le demandeur a la charge d'un ou plusieurs enfants nés ou a naître. De ce fait, 5% des sans-domicile sont titulaires du Rmi. Enfin, l'accès au Rmi n'est ouvert aux étrangers, qu'après trois ans de séjour régulier en France (sauf pour les réfugiés). Ainsi, seuls 15% de la population de nationalité étrangère perçoivent le Rmi. Enfin, 60% des personnes sans domicile déclarent être bénéficiaires de la Couverture maladie universelle. D'une manière générale, les contacts avec les organismes sociaux diminuent avec la récarité de l'hébergement, L'es personnes sans domicile peuvent ne plus être en contact avec les organismes sociaux, en l'ayant souhaité ou non. Ainsi, un tiers des sans-domicile hébergés dans les centres avec départ obligatoire le matin et la moitie des sans-abri n'ont rencontré ni assistante sociale ni éducateur au cours des 12 derniers mois. Et les dettes? Pour 43% des membres de la population étudiée, l'endettement s'ajoute à la faiblesse des revenus: un endetté sur deux doit plus de 1200 euros (8000 francs), et 1 sur 4 plus de 3810 euros (25000 francs). Les dettes sont bien plus élevées pour ceux qui dorment dans la rue, atteignant plus de 4570 euros (soit 30 000 francs) pour la moitié d'entre eux. A l'inverse 30% attendent des remboursements: de la part d'amis (6 sur 10), de membres de leur famille (2 sur 10), d'un employeur ou d'une administration (1 sur 10).Qui fréquente les foyers ? Au cours d'une semaine mois de janvier 2001, en France métropolitaine, 86 5 adultes ont fréquenté moins une fois, soit un servi d'hébergement soit une distribution de repas chauds Parmi ces usagers de service d'aide, 63 500 étaient priv d'un domicile propre ; 16 000 enfants de moins de 18 ans les accompagnaient. On peut ajouter les personnes hébergées dans les centres d'hébergement pour demande d'asile (CADA), les centre provisoires d'hébergement (CPH) et les centres de tan soit 6 500 personnes environs. Le champ de l'étude se limite aux personnes francophones usagers des services d'ai dans les agglomérations plus de 20 000 habitantsParmi ceux-ci, la veille, les sans-domicile qui ont eu un contact avec un travailleur social n'en sont pas nécessairement satisfaits.36% se déclarent plutôt mécontents ou très contents (contre 17% des sans-domicile hébergés). où ils ont été interviewés, 22% avaient dormi dans des lieux non prévus pour l'habitation (rue, gare, centre commercial, voiture, cage d'escalier) ou dans des centres qu'ils avaient dû quitter le matin, 36% avaient été accueillis en chambres individuelles ou collectives dans des établissements accessibles en journée, 5% hébergés en chambres d'hôtel et 37% dans des logements dépendant d'associations ou d'organismes publics. Les conditions d'existence de ces sans-domicile sont très diverses mais ils partagent des difficultés similaires et aucun ne dispose d'un lieu de vie personnel de manière durable. Dans des abris de fortune En janvier 2001, parmi les sans-domicile usagers de services, 8% dormaient dans un lieu non prévu pour l'habitation. La moitié d'entre eux occupaient un lieu privé (cave, usine, voiture, cage d'escalier), dans un cas sur trois le propriétaire étant au courant, l'autre moitié dormaient dans l'espace public, dans des lieux fermés (station de métro, gare, centre commercial), ou dans des lieux ouverts (rue, jardin public). Les trois quarts des sans-abri ont la possibilité de recevoir du courrier, la plupart étant domiciliés par une association. Les personnes qui dorment dans la rue ou dans des abris de fortune peuvent connaître des modes d'hébergement alternatifs sur de courtes périodes: un tiers des sans-domicile dans la rue depuis plus d'une semaine déclarent ne pas y dormir tous les jours, ils se font héberger ponctuellement par de la famille, des amis ou recourent au dispositifs d'hébergement. Mais plus du quart des personnes sans-abri la veille de l'enquête ont expliqué qu'elle sont arrivées trop tard au centre, qu'il était complet, ou qu'elles avaient dépassé la durée réglementaire de séjour. En centre ou à l'hôtel Dans les centres d'hébergement, la moitié des personnes sont admises par l'intermédiaire d'un service social, l'autre moitié arrivent de leur propre initiative ou sous la conduite de pompiers, d'une équipe de rue ou de la police. Les conditions de vie des hébergés sont très différentes selon qu'il doivent partir ou non le matin. Pour les premiers, ils ne sont pas sûrs de trouver une place pour la nuit suivante. Les seconds, qui ne représentent que 36% des sans-domicile aidés, sont libres de rester dans la journée. L'hébergement en studio ou en appartement concerne 37% des sans domicile fixe usagers des services d'aide. Par ailleurs, 5% sont hébergés à l'hôtel. Le revenu médian des personnes vivant seules (67%) s'élève à 380 euros (25000 francs). Un quart de ces personnes seules perçoivent moins de 180 euros (1200 francs). Et un quart plus de 580 euros (3800 francs). les inégalités de conditions de vie dans la zone euro Dans la zone euro, les ménages ne sont pas égaux en termes de bien-être matériel, que ce soit par leurs conditions de logement, leur équipement en biens durables ou leur consommation. En 1997, 46 % des ménages ne subissent aucun manque sur tes 17 critères utilisés pour évaluer ce bien-être. Les autres ménages connaissent des privations qui diffèrent d'un pays à l'autre, à la fois par leur intensité et dans leur nature. Dans ta zone euro, 12 % des ménages sont considérés comme " pauvres en conditions de vie ". Cette proportion varie de 7 % aux Pays-Bas à plus de 16 % au Portugal, la France se situant dans la moyenne. Ces ménages ont tous, par rapport à leurs compatriotes, des conditions de vie significativement moins favorisées. La pauvreté des conditions de vie se concentre, dans presque tous les pays étudiés, sur les mêmes types de ménages : personnes isolées, familles monoparentales, et familles nombreuses. Enfin, ils sont aussi plus souvent pauvres -en termes monétaires - que la moyenne, sans toutefois que ces deux formes de pauvreté se confondent.