«  Et Rimbaud ? (Échos) », L’Ordre nouveau, 4e année, nº 27, 15 janvier 1936, p. 47

{p. 47} Nul n’ignore qu’une revue « de jeunes » doit parler de Rimbaud et du surréalisme. Tout le reste est charabia. L’ON, par exemple, qui « parle de politique », et même d’économie, brouille absolument « le jeu ». M. Léon Pierre-Quint en prend volontiers son parti. M. Brasillach, lui, le déplore. De son temps, les jeunes parlaient de Rimbaud et allaient au Vieux-Colombier. Faire de la politique, c’était porter une canne ferrée et louer la « rigueur » de Maurras. Hélas. Tout change !

Tout change ! comme disait avec beaucoup de simplicité cette vieille princesse russe à qui l’on racontait que sa maison de campagne, aux environs de Moscou, avait été transformée en bordel aux premiers jours de la révolution : puis rasée par les communistes, et qu’à la place on élevait maintenant des milliers de poulets kolkhoziens. Elle souriait gentiment : tout change !…

Il y a tout de même certaines choses qui ne changent pas. Rimbaud sera toujours jeune, même si M. Brasillach en parle. Il y aura toujours des chroniqueurs qui auront besoin de parler de Rimbaud pour faire jeune. Il y aura toujours des conservateurs qui trouveront commode de vanter les révoltés de l’autre siècle. Et il y aura toujours quelques hommes pour trouver ça plutôt nigaud.

Mais puisqu’on nous invite à parler de Rimbaud, saisissons l’occasion pour dénoncer sa participation à l’un des plus grands crimes de l’Histoire, ce crime contre la civilisation latine que représente la résistance des Éthiopiens. L’on se souvient en effet que Rimbaud vendit des fusils au Négus, — et cela en temps de paix, comble d’hypocrisie !