Par grâce et privilège du Roi, donné à Paris le 16 Avril 1644. Signé Par le Roi, en son Conseil, DU PILLE. Il est permis à TOUSSAINT QUINET, Marchand Libraire à Paris, d'imprimer ou faire imprimer, vendre et distribuer une pièce de Théâtre intitulée, Perside ou la Suite de l'Ibrahim Bassa, Tragi-comédie, durant le temps et espace de cinq ans, à compter du jour qu'il sera achevé d'imprimer. Et défenses sont faites à tous Imprimeurs, Libraires et autres de contrefaire ladite pièce, n'y en vendre ou exposer en vente, à peine de trois mil livres d'amende, de tous ses dépens, dommages et intérêts, ainsi qu'il est plus amplement porté par lesdites Lettres, qui sont en vertu du présent Extrait, tenues pour bien et dûment signifiée, à ce qu'aucun n'en prétende cause d'ignorance.
Voici la plus généreuse et la plus Illustre de toutes les femmes qui se vient jeter aux pieds du plus Illustre et du plus Généreux de tous les hommes ; Elle sait que votre Maison est le Temple de la Vertu, et qu'elle a été de tout temps l'Asile de ceux que la fortune expose aux atteintes du ma-heur. Cette vérité quelle à apprise aux extrémités de la Terreur et en des Régions où vos Ancêtres ont signalé glorieusement et leurs armes et votre nom, la fait résoudre à venir chercher en France, et dans votre protection le repos qu'elle n'a pu trouver en son Pays. Le sort de la guerre qui fit succomber sa Patrie la rendit prisonnière d'un Monarque dont elle se fit un esclave ; et maintenant un destin plus favorable la rend volontairement esclave d'un Prince pour qui elle a autant d'inclination et de respect, qu'elle eut pour l'autre d'aversion et de sévérité. Aussi faut-il avouer, MONSEIGNEUR, que quelque grand que fut Soliman, il ne posséda jamais si avantageusement que vous tant d'admirables qualités, qui vous rendent aujourd'hui hui la merveille de notre siècle, à la honte du passé, et au désespoir de l'avenir. Peut-être qu'en parlant ainsi de votre GRANDEUR, j'offense votre modestie ; Mais, MONSEIGNEUR, permettez que je combatte une de vos vertus pour faire éclater toutes les autres, et ne me forcez point d'écouter cette ennemie de ses propres louanges dans le dessein que j'ai de publier des choses que l'envie même ne saurait désavouer sans injustice, ni la France oublier sans ingratitude. Toutefois ce serait vouloir comprendre dans une lettre ce qui mériterait des volumes entiers ; de si hautes merveilles ne se peuvent exprimer par des termes ordinaires. Aussi veux-je qu'en une si noble matière l'admiration soit toute mon éloquence, et que l'aveu de mon impuissance soit le crayon de votre GRANDEUR, c'est assez que l'on sache que vos devanciers ont toujours été les plus fermes colonnes de cette Monarchie, et qu'étant vieillis dans les charges les plus considérables de cette Couronne, ils ont laissés un héritier qui achève aujourd'hui ce qu'ils ont autrefois si généreusement commencé. De quelque côté qu'on jette les yeux dans votre Illustre Famille, on n'y voit que des marques célèbres, et partout de glorieux témoignages de fidélité, de prudence, de générosité, et de valeur. Vous ajouterez, s'il vous plaît, MONSEIGNEVR, à tant de célèbres actions le secours que vous demande cette belle Perside, que je vous présente, quelque aimable qu'elle puisse être, elle n'est pas sans ennemis, et comme autrefois sa beauté causa la perte de sa vie ; peut-être que désormais on tâchera de lui ravir la gloire qu'elle espère de sa vertu ; mais si votre Grandeur entreprend sa défense, elle redoutera peu les traits de l'envie, et ses ennemis seront faibles si vôtre bonté se déclare en sa faveur. C'est de quoi elle vous conjure avec tout le zèle et toute la passion dont elle peut être capable, et j'espère que vous lui accorderez cette grâce, bien qu'elle vous soit demandée, par la personne du monde qui mérite le moins, mais qui désire plus passionnément d'être toute sa vie,
MONSEIGNEUR,
De votre GRANDEUR,
Le très humble très obéissant et très affectionné serviteur,