LOUIS, par la Grâce de Dieu, Roi de France et de Navarre : À nos amés et féaux Conseillers, les Gens tenants nos Cours de Parlement, Maîtres des Requêtes ordinaires de notre Hôtel, Grand Conseil, Prévôt de Paris, Baillifs, Sénéchaux, leurs Lieutenants Civils et autres nos Justiciers qu'il appartiendra ; SALUT. Notre bien amé PIERRE PRAULT, Libraire et Imprimeur de nos Fermes et Droits, à Paris, Nous ayant fait remontrer qu'il souhaiterait faire imprimer ou imprimer, et donner au Public, Nouveau Recueil de Pièces du Théâtre Italien; le Diable boiteux; Histoire d'Osman, Premier du nom ; la Vérité triomphante de l'Erreur, s'il Nous plaisait lui accorder nos Lettres de Privilège sur ce nécessaires, offrant pour cet effet de les imprimer ou faire imprimer en bon papier et beaux caractères, suivant la feuille imprimée et attachée pour modèle sous le contrecel des présentes. À CES CAUSES, voulant favorablement traiter ledit Exposant, Nous lui avons permis et permettons par ces Présentes d'imprimer ou faire imprimer lesdits Livres ci-dessus spécifiés en un ou plusieurs volumes, conjointement ou séparément, et autant de fois que bon lui semblera, et de les vendre, faire vendre et débiter par tout notre Royaume, pendant le temps de neuf années consécutives, à compter du jour de la date desdites présentes. Faisons défenses à toutes sortes de personnes de quelque qualité et condition qu'elles soient, d'en introduire d'impression étrangère dans aucun lieu de notre obéissance: comme aussi à tous Imprimeurs Libraires, et autres, d'imprimer, faire imprimer, vendre, faire vendre, débiter ni contrefaire lesdits Livres ci-dessus exposés, en tout ni en partie, ni d'en faire aucuns extraits, sous quelque prétexte que ce soit, d'augmentation, changement de titre, ou autrement, sans la permission expresse et par écrit dudit Exposant, ou de ceux qui auront droit de lui, à peine de confiscation des exemplaires contrefaits, de Six mille livres d'amende contre chacun des contrevenants, dont un tiers à Nous, un tiers à l'Hôtel-Dieu de Paris, l'autre tiers audit Exposant, et de tous dépens, dommages et intérêts : À la charge que ces présentes seront enregistrées tout au long sur le Registre de la Communauté des Libraires et Imprimeurs de Paris, dans trois mois de la date d'icelles; que l'impression desdits Livres sera faite dans notre Royaume et non ailleurs, et que l'Impétrant se conformera en tout aux Règlements de la Librairie, et notamment à celui du 10 Avril 1725. et qu'avant que de l'exposer en vente, les Manuscrits ou Imprimés qui auront servi de Copie à l'Impression desdits Livres, sera remis dans le même état où les Approbations y auront été données, ès mains de notre très cher et féal Chevalier Chancelier de France, le Sieur Daguesseau, Commandeur de nos Ordres, et qu'il en sera ensuite remis deux Exemplaires de chacun dans notre Bibliothèque publique, un dans celle de notre Château du Louvre et un dans celle de notre très cher et féal Chevalier le Sieur Daguesseau, Chancelier de France, Commandeur de nos Ordres, le tout à peine de nullité des présentes : Du contenu desquelles vous mandons et enjoignons de faire jouir l'Exposant ou ses ayants cause, pleinement et paisiblement, sans souffrir qu'il leur soit fait aucun trouble ou empêchement. Voulons que la Copie desdites présentes, qui sera imprimée tout au long au commencement ou à la fin desdits Livres, soit tenue pour dûment signifiée, et qu'aux Copies collationnées par l'un de nos amés et féaux Conseillers et Secrétaires, foi soit ajoutée comme à l'Original: Commandons au premier notre Huissier ou Sergent, de faire pour l'exécution d'icelles tous Actes requis et nécessaires, sans demander autre permission, et nonobstant Clameur de Haro, Charte Normande et Lettres à ce contraires. Car tel est notre plaisir. Donné à Versailles le vingtième jour de Décembre, l'an de Grâce mil sept cent trente-sept ; et de notre Règne le vingt-troisième.
Par le Roi en son Conseil. Signé, SAINSON.
Registré sur le Registre IX. de la Chambre Royale des Libraires et Imprimeurs de Paris, No 561. fol. 524. conformément aux anciens règlements, confirmés par celui du 28. Février 1723. À Paris le 24. Mars 1737. Signé, G. MARTIN, Syndic.
J'ai lu par ordre de Monseigneur le Chancelier, une Comédie qui a pour Titre l'École de la Raison, et je crois que le Public en verra l'Impression avec autant de plaisir qu'il en a vu les représentations. Ce 31 Mai 1739.
Signé, CRÉBILLON.
Cette Comédie n'est pas imprimée précisément telle qu'elle a été Jouée. La Représentation d'une pièce de théâtre étant bornée à un certain espace de temps, j'ai été obligé de retrancher quelques scènes que je rétablis ici. Ce sont celle du Petit Maître qui se trouvera la troisième, et les deux qui composent la petite intrigue de la fin. Ce n'est qu'avec beaucoup de regret que j'ai consenti à la suppression de ces deux dernière scènes, où le principal personnage vaincu par les discours de la Raison, revient du préjugé où il était.
Je pressentais le reproche qu'on m'a fait, de n'introduire sur la scène aucun Personnage qui se corrigeât. Pour le prévenir, j'avais tâché de conserver le même point moral, en mettant les Vers suivants dans la bouche de la Raison, à la place de ceux qu'on verra dans l'impression.
Mais on a jugé avec justice que cette espérance était trop vague. On lira aussi dans la scène du Bourgeois quelques vers qui n'ont point été récités sur le théâtre ; elle est un peu longue à la vérité ; mais je n'ai pas pu faire autrement, c'est la matière de deux scènes que j'ai réduite en une seule pour éviter de faire paraître deux personnages différents ayant les mêmes motifs, qui sont l'établissement de leurs enfants.
Je donne cette Comédie telle que je l'ai faite, et dans le même ordre de scènes pour conserver la variété nécessaire en pareil cas; c'est au Public à décider si je fais bien d'oser mettre sous ses yeux des Vers sur lesquels il n'a pas encore porté son jugement ; je ne le fais que par l'avis de personnes éclairées, que des auteurs consommés se font gloire de consulter.