Le privilège est aux Oeuvres de l'auteur, de l'imprimerie de PRAULT, Imprimeur du Roi, Quai de Gêvres.
En payant ce tribut à la mémoire d'un grand homme qui m'honorait de son amitié, j'ai rempli le premier de mes devoirs. Je crois m'acquitter du second, en vous, offrant cette pièce que le nom de M. de Voltaire et le souvenir de ce qu'on lui devait, ont fait accueillir au Théâtre. Si ce triomphe que la reconnaissance publique a décerné à ses mânes, n'a pas suivi de plus près celui dont nous avons vu jouir les derniers jours de fa vieillesse, vous savez, MADAME, quels obstacles m'ont arrêté. Vous n'ignorez pas aujourd'hui que cette pièce a été composée peu de temps après que nous réunies perdu (Elle était entre les mains de M. le Comte d'Argental, dans les premiers jours de Septembre, et c'est ce respectable ami de M. de Voltaire qui sans connaître l'Auteur des Muses rivales, a bien voulu prendre tous les soins nécessaires pour la représentation de la Pièce.). Vous vous rappelez les circonstances qui ont suivi sa mort et quelle réserve elles m'imposaient. Il fallait attendre et se taire. La patience et le secret étaient d'une nécessité indispensable ; et si l'une devint ensuite pour moi d'un usage pénible, l'autre , que je portais dans mon coeur, servait à me consoler de tout.
Cet hommage tout faible qu'il est en lui-même, intéressera sans doute la nièce de M. de Voltaire, celle qui fut trente ans sa compagne inséparable, et qui n'a point eu de sentiment plus cher et plus sacré que celui de la tendresse et de la vénération qu'elle lui portait. Personne n'a su mieux que moi, MADAME, combien les soins que vous aimiez à lui rendre, lui étaient précieux et nécessaires ; et qui peut ignorer qu'au milieu, des jouissances, de la gloire, on a souvent besoin des consolations de l'amitié ? On sait combien la vôtre fut active et courageuse. L'histoire de la vie de M. de Voltaire sera votre plus bel éloge, et vous rendra chère à tous ceux qui l'ont aimé. Une auguste souveraine qui lui avait donné les marques les plus flatteuses et les plus distinguées d'une bonté particulière y a cru ne pouvoir mieux honorer sa mémoire ; qu'en répandant les mêmes faveurs sur la plus tendre amie qu'il ait eue, sur celle qui a pris foin d'embellir la dernière moitié de sa longue carrière.
C'est aux habitants de l'heureuse Colonie qu'il a fondée et qui le pleure, à rendre témoignage à vos vertus bienfaisantes : c'est à eux à publier tout le bien que vous y avez fait avec lui. Le dernier présent dont Ferney vous est. redevable, et le plus beau sans doute, c'est, MADAME, votre, charmante élève (Madame la Marquise de Villette à qui Ferney appartient aujourd'hui.), que vous leur avez donnée pour protectrice. Formée sous vos yeux, adoptée par leur bienfaiteur, combien elle doit leur être chère ! Combien ils doivent aimer cette bonté naturelle dont le sentiment est dans son âme, et l'expression dans tous ses traits ! La reconnaissance quelle vous conserve est le garant de leur bonheur, et c'est à elle y c'est à son heureux époux y d'achever l'ouvrage de M. de Voltaire, et le vôtre,
Je suis avec un respect infini, MADAME,
Votre très humble et très obéissant serviteur,
Voici ce que dit un auteur Chinois, traduit en Espagnol par le célèbre Navarette.
Si tu composes quelque ouvrage, ne le montre qu'à tes amis ; crains le public et tes confrères ; car on falsifiera, on empoisonnera ce que tu auras fait, et on imputera ce que tu n'auras pas fait. La calomnie, qui a cent trompettes, les fera sonner pour te perdre, tandis que la vérité, qui est muette, restera auprès de toi. Le célèbre Ming fut accusé d'avoir mal pensé du Tien et du Xi et de l'Empereur Vang. On trouva le vieillard moribond qui achevait le panégyrique de Vang, et un hymne au Tien et au Li, etc. Volt...