publié par Paul FIEVRE août 2013
Je mets la présente édition sous la sauve-garde des lois et de la probité des citoyens. Je déclare que je poursuivrai devant les tribunaux, tous contrefacteurs, distributeurs ou débitants d'édition contrefaite ; j'assure même au citoyen qui me fera connaître les contrefacteur, distributeur ou débitant, la moitié du dédommagement que la loi accorde.
ON aurait tort d'imaginer qu'en traitant Étéocle, j'aie eu la ridicule prétention de lutter avec Racine. Sa Thébaïde, ouvrage de sa première jeunesse, est généralement regardée comme une tragédie où, malgré des beautés, il est encore loin d'être lui-même; je n'ai donc pas lutté avec Racine. D'ailleurs j'ai été soutenu par Euripide qui m'a fourni le sujet, l'idée de la différence du caractère des deux princes, enfin plusieurs détails de ma pièce. Il n'entrera jamais dans ma pensée de sortier de cette vénération qu'inspire legénie des modèles, et à laquelle l'inimitable Racine a le plus de droits.
Comme cette tragédie a réussi, on juge qu'elle a été critiquée. Quelques censeurs ont attaqué sur-tout le sujet comme défectueux. Je conçois qu''ils l'aient trouvé austère; mais a-t-il dû leur paraître vicieux, lorsqu' Aristote, le père Brumoi et Racine lui-même, le présentent, dans leurs écrits, comme le plus tragique de l'antiquité ? Les avis ont été partagés sur le dénouement, qui a fait frémir au théâtre. Ceux qui l'improuvent prétendent qu'il est contraire à l'histoire et trop cruel.
Le dénouement n'est pas contraire à l'histoire, puisqu'elle raconte que Polinice perça le premier Etéocle, et que, vainqueur, il fut ensuite frappé par son frère expirant à ses pieds, au moment où il se baissait imprudemment vers lui. Je n'ai fait d'autre changement que de séparer ces deux actions par un plus grand intervalle; je n'ai mis que la seconde sur le théâtre; et en cela j'ai usé du privilège du poète dramatique, qui peut, quand il reste fidèle aux caractères et à l'événement principal, modifier une circonstance pour obtenir plus d'effet. Le dénouement n'est pas trop cruel, puisque la tragédie entière, où la terreur domine, prépare le spectateur à un tableau effrayant pour conclusion. D'ailleurs personne n'ignore que la haine entre deux frères est plus furieuse qu'entre les autres hommes et l'on ne peut être surpris que celle d'Étéocle et Polinice amène une catastrophe qui surpasse les horreurs communes. Enfin on a vu, sans en être révolté, dans le cinquième acte de Gabrielle de Vergy, le coeur sanglant de Raoul présenté à sa maîtresse: le spectacle de deux frères ennemis s'entrégorgeant n'est-il pas moins horrible ?
Page Ière. de l'avertissement, ligne 12, de sortir de cette vénération, lisez de m'éloigner de cette vénération.
Page, 9, vers 8, renassait, lisez renaissait.
Page 20, vers 11, mais, malgré vos desirs, lisez mais, quoique l'on s'en flatte.
Page 25, ligne 3, POLINICE, lisez POLINICE sous l'habit d'un soldat.
Page 34, vers 6, est devenu, lisez es devenu.
Page 36, vers 12, c'est peu qu'avant qu'un roi m'ait paru favorable, lisez c'est peu qu'avant l'hymen à mes voeux, favorable,
Idem. vers 20, des viles, lisez des vils.
Page 60, vers 14, élevant, lisez élevaient.