Par grâce et privilège du Roi donné à Roye, en date du dernier septembre 1636, et signé par le Roi en son conseil, De Monceaux. Il est permis à Antoine de Sommaville marchand libraire à Paris, d'imprimer ou faire imprimer, vendre et distribuer une pièce de théâtre, de la composition du Sieur de Rotrou, intitulée la Célimène durant le temps et espace de sept ans, à compter qu'elle sera achevée d'imprimer. Et défenses sont faites à tous imprimeurs, libraire et autres de contrefaire ladite pièce, ni en vendre ou exposer en vente de contrefaite, à peine de trois mille livres d'amende, et de tous dépens, dommages et intérêts ainsi qu'il est plus amplement porté par lesdites lettres, qui sont en vertu du présent extrait tenues pour bien et dûment signifiées, à ce qu'aucun n'en prétende cause d'ignorance.
Le dit Sommaville a associé au privilège ci-dessus Augustin Courbé, aussi marchand-libraire, pour moitié, suivant l'accord fait entre eux.
Il y a dix-huit ou vingt ans que feu Monsieur de Rotrou ébaucha cette Pastorale, qu'il se proposait dès lors de donner au Théâtre. Mais comme ce genre Dramatique n'était guère du temps, il s'avisa de l'habiller en Comédie, et la fit depuis mettre au jour sous le nom de Célimène. Depuis la mort de ce célèbre Auteur, quelques-uns de ses Amis ayant rencontré le premier crayon de la Pastorale imparfaite, ont cru que c'était un Ouvrage qui pourrait plaire au public pourvu qu'il fut achevé par quelque agréable plume. Un bel esprit à leur prière, fit les stances les scènes des satyres, et quelques autres endroits que vous verrez. Si bien que c'est ici un Tableau où deux différents Pinceaux ont contribué, et fait une union assez belle, puisque généralement le Peuple et la Cour, y trouvent beaucoup de divertissement, et confessent que c'eût été dommage que cette Pastorale n'eût point été mise en lumière. Ce bruit m'a persuadé qu'elle méritait bien d'être imprimée, et je vous l'offre, afin que votre curiosité soit entièrement satisfaite. Adieu.