Ce fut aux eaux de Forges que Voltaire composa ce petit acte dont « l'impitoyable M. de Richelieu » se montrait assez content. Il fut représenté, avec la Mariamne, le 1er août 1725. « Cette petite pièce fut représentée avant-hier avec assez de succès, écrit Voltaire; mais il me parut que les loges étaient plus contentes que le parterre. Dancourt et Legrand ont accoutumé le parterre au bas comique et aux grossièretés, et insensiblement le public s'est formé le préjugé que les petites pièces en un acte doivent être des farces pleines d'ordures, et non pas des comédies nobles où les moeurs soient respectées. » Marais, avant de l'avoir vue, rapportait ainsi le sentiment public: « Voltaire vient de donner une petite comédie de l'Indiscret, à la suite de sa Mariamne; on dit qu'il y a beaucoup d'esprit cependant elle a déplu à la chambre basse, qui y a trouvé peu de règles du théâtre, et à la chambre haute, qui s'y est trouvée trop bien dépeinte. » La chambre haute, ce sont les loges, la haute société, la cour, un peu mécontentes des libertés que prenait l'auteur.
L'indiscret n'eut que six représentations en 1725, et fut imprimé la même année. Voici l'approbation du censeur: « J'ai lu, par l'ordre de monseigneur le garde des sceaux, l'Indiscret, comédie, par M. de Voltaire: cette pièce, où règne un comique noble et épuré, qui instruit en amusant, m'a paru très digne de l'impression. Ce 3 septembre 1725. Secousse. » Ce ne fut qu'en 1752 que l'auteur, ainsi qu'on le verra dans les variantes, fit quelques corrections à sa pièce.